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00:00 [Musique]
00:09 Bonjour et bienvenue sur Investor TV, notre émission Business Angel, où les Business Angels viennent nous partager leur expérience d'investissement dans le site de l'Early Stage, comme on dit.
00:19 Aujourd'hui, c'est Romain Vidal que nous accueillons. Romain, bonjour.
00:22 Bonjour, merci de l'invitation.
00:23 Je vous en prie. Peut-être deux mots sur votre parcours avant de parler de votre expérience de Business Angel.
00:29 Bien sûr. Moi, à l'origine, je suis entrepreneur. Alors maintenant, on dit étudiant entrepreneur, parce que j'étais en école de commerce quand j'ai monté ma première boîte qui a marché.
00:38 Et à l'origine, c'était dans la filiation sur Internet avant l'arrivée de AdWords et toute la partie acquisition payante.
00:46 Et donc, le but, c'était d'être premier sur Google. Et pour moi, ça a bien marché. J'ai fait plus de 3 millions de chiffres d'affaires en 3 ans.
00:53 J'ai revendu un concurrent. Ensuite, j'ai fait un peu de banque d'investissement chez Natic6. J'étais dans l'équipe de Saleside Equity Research sur les semi-conducteurs.
01:02 Et en 2010, j'ai participé à la création d'un premier fonds qui s'appelle Caporn, chez qui j'ai passé 11 ans.
01:09 On a revendu en 2021 à Naxago. Et en 2021, du coup, j'ai vendu mes parts Caporn pour créer TeamPact, qui est un fonds d'investissement pour la motivation à l'origine
01:22 de la création de TeamPact. C'est que moi, je ne veux investir que dans des boîtes chez qui je serais content de voir mes enfants travailler.
01:27 D'accord. Ça englobe finalement une définition assez large de ce qu'on recherche, qu'on pourra peut-être détailler.
01:31 Tout dépend aussi de ce qui arrive à nos enfants, de leur inspiration.
01:34 Il y a un côté définition du bonheur qui est effectivement peu… chacun a son avis là-dessus.
01:43 Et ça, d'une part. Et puis, d'autre part, on fait ça surtout en collaboration avec un certain nombre de très grands sportifs
01:50 qui ont envie de s'engager sur des sujets de société, comme le climat et la santé, et qui veulent s'impliquer dans l'entreprenariat
01:57 et apporter leurs fibres, leur savoir-faire, leur expertise. Et dans le sport de haut niveau, c'est la performance individuelle,
02:03 la performance collective. Et il se trouve que ça tombe bien. C'est quelque chose qui nous paraît manquer un peu dans le monde business,
02:09 entrepreneuriat. Et donc, on essaie de créer un pont entre ces deux mondes.
02:12 Avec mon associé Benjamin Kaiser, qui est l'ancien talonneur du 15 de France.
02:15 D'accord. OK. Alors, grâce à l'argent que vous avez gagné, comme beaucoup, vous avez un peu réinvesti en tant que business angel.
02:21 Puis après, vous avez professionnisé dans les cas.
02:24 J'en ai fait un.
02:25 Voilà. C'est un profil assez classique que l'on voit passer ici. Alors déjà, depuis combien de temps vous investissez dans les startups ?
02:32 Dans combien de startups avez-vous investi ?
02:34 Alors, tout confondu, depuis 2010, et une cinquantaine d'entreprises. Après, effectivement, certaines plutôt en perso et sur des plus petits tickets.
02:44 En pro, où je suis au bord, au nom d'un fonds et sur des plus gros tickets. Mais l'ensemble du scope se fait sur, sauf quelques exceptions dernièrement,
02:54 mais l'ensemble du scope se fait sur des boîtes techno, Zid, Seria.
02:58 D'accord. Alors, quelle était votre motivation initiale ? Est-ce qu'elle a varié depuis les débuts ?
03:04 Ma motivation initiale était assez proche de ma motivation en tant qu'entrepreneur.
03:10 Je voulais trouver des modèles efficaces de génération d'indépendance financière.
03:18 Et donc, dans la filiation, c'est un modèle qui n'existe plus aujourd'hui, parce que le monde a changé,
03:23 mais où on pouvait, avec très peu de mises de départ, finalement, très bien réussir.
03:27 Et le VC, pour moi, c'était un peu l'extension de ça, en essayant d'identifier, mais pas en les opérant moi-même, mais en essayant d'identifier des gens qui…
03:38 D'accord, de pronopassage. C'est un peu le principe de la bonnes filiations.
03:41 … qui trouvaient des modèles, effectivement, où le ratio de mises de départ versus retour sur investissement était extrêmement significatif.
03:48 Donc ça, c'était ce côté aiguille dans la boîte de foin qui me plaisait beaucoup et qui m'a rendu amoureux de ce métier.
03:54 Et c'est vrai qu'au fil des années, et en devenant papa, et en interagissant avec un certain nombre d'entrepreneurs,
04:02 et de sujets, et d'industrie, et de réalité, et de scandales, et de tout ça, ma motivation, maintenant,
04:08 est très clairement beaucoup plus proche d'une logique de donner l'exemple et de faire bouger les choses dans la bonne direction,
04:16 et de trouver – je garde quand même mes fondamentaux – de trouver au sein de cet espace un peu plus restreint d'entreprises qui font les choses utiles.
04:27 Donc, grosso modo, c'est le climat, la santé, l'éducation, c'est les choses utiles à la société.
04:33 Et qui sont dirigées par des gens de qualité. Parce qu'encore une fois, moi, j'essaie de financer des boîtes qui méritent d'exister d'un point de vue social.
04:43 – Et les entrepreneurs qui ont besoin d'être soutenus. – Exactement. Et des boîtes chez qui, si mes enfants ne sont pas entrepreneurs,
04:48 je voudrais qu'ils travaillent dans des boîtes qui sont épanouissantes. Je pense que c'est la clé du succès pour faire des leaders.
04:54 Parce qu'il faut attirer, retenir et faire grandir des gens. Et que si on est un psychopathe fini, on peut les attirer, mais on ne les garde pas toujours si sous, si longtemps.
05:04 Donc le shift, il est vraiment dans cette direction-là. Où maintenant, je suis absolument convaincu que les leaders mondiaux de demain seront des boîtes
05:09 qui sont les meilleurs au monde pour attirer, retenir et faire grandir les gens. Et donc j'essaie d'identifier des entrepreneurs.
05:14 – Une aspiration plutôt financière. Donc ça a évolué un peu sur une inspiration un peu donnée du sens.
05:19 – Je pense que les deux sont tout à fait compatibles. En tout cas aujourd'hui, ce n'était pas le cas il y a 15 ans.
05:24 Et je pense qu'aujourd'hui, on est dans un moment de l'histoire où on peut et gagner beaucoup d'argent.
05:28 Et d'ailleurs même, je pense qu'on a plus de chances de gagner beaucoup d'argent dans ces sujets de société.
05:33 Parce que ça attire les meilleurs talents du monde. Que dans des sujets qui sont peut-être plutôt ceux de la décennie d'avant.
05:40 Et où je pense qu'on gagnera moins d'argent à l'avenir. – D'accord.
05:42 – Que sur les sujets climat, santé. Où vraiment, c'est des vagues de fonds qui sont extrêmement puissantes.
05:46 Et où il va y avoir des énormes acteurs. Donc, maximisation à la fois du retour sur investissement et du sens de pourquoi on fait ça.
05:52 – Alors pour vous aligner sur cette position, quels sont vos critères de sélection ?
05:56 Quels étiquettes moyens que vous y consacrez ?
05:58 – Alors en perso, moi je reste sur des étiquettes très faibles.
06:02 D'une part parce que je ne veux pas cannibaliser la partie pro. Je ne veux pas de conflit d'intérêts, etc.
06:09 Donc en perso, je fais des étiquettes qui sont plutôt hors thèse des fonds dans lesquels je travaille.
06:14 Et je fais d'ailleurs plus de tickets LP que Business Angel en tant que tel.
06:19 – D'accord. – Après, copain de copain, etc. ça m'arrive de mettre 10 000, 15 000 dans des entreprises.
06:25 – Autour moyen à Business Angel. – Mais de manière professionnelle,
06:28 moi les tickets que j'ai eu l'habitude d'investir depuis 15 ans sont plutôt entre 500 000 et 3, 4, 5 millions d'euros.
06:37 Jusqu'à peut-être 6 au total sur une seule entreprise, mais sur plusieurs tours.
06:45 – Et comment vous sélectionnez ? Quels sont vos critères de sélection ?
06:48 – Bah historiquement, je pense qu'on a tous les mêmes logiques de sélection.
06:55 Il y a une partie projet, puis il y a une partie équipe et marché.
06:58 C'est vrai que le shift que j'ai opéré, moi m'amène à être beaucoup plus maintenant sur des sujets équipe.
07:05 Identification des dynamiques entre les dirigeants, dynamique entre l'équipe et les dirigeants.
07:10 Et puis mission, pourquoi les gens font ça et grâce à quoi ils vont attirer finalement les meilleurs
07:16 et comment est-ce qu'ils vont les attirer, les retenir et les faire grandir.
07:20 Et après, pareil, sur les sujets qu'on adresse maintenant, moi je suis très concentré sur la partie santé
07:26 et mon associé Basile sur la partie climat.
07:29 Tout simplement parce qu'encore une fois, on considère que ce sont ces deux industries-là
07:32 qui vont réussir à capter la grande majorité des meilleurs talents.
07:36 À la fois des gens qui ont déjà une expérience professionnelle étendue
07:39 et qui nous appellent tous les jours en fait en ce moment pour dire
07:43 "C'est quoi les bonnes boîtes dans le climat ? C'est quoi les bonnes boîtes dans la santé ?
07:46 Moi j'ai fait 10 ans dans telle ou telle industrie, hop, comment est-ce que je fais pour switcher sur ces industries-là ? "
07:54 Et donc on va mettre beaucoup d'attention sur effectivement cette capacité
07:59 que les entreprises ont à attirer ces profils.
08:02 Et on a choisi de se limiter au climat et à la santé pour cette raison.
08:06 Pour être expert dans le domaine.
08:09 Et puis pour s'assurer qu'effectivement on ne sera pas exposé à des industries
08:13 qui potentiellement auront du mal à ce qu'elle est d'un point de vue talent.
08:17 D'accord.
08:18 C'est quand même le nerf de la guerre.
08:21 Vous cherchez à vous impliquer dans la vie d'entreprise ou uniquement si vous êtes sollicité ?
08:26 Oui, alors encore une fois sur les tickets plutôt perso, pas beaucoup.
08:32 Et c'est aussi pour ça que je fais plus de fonds que d'investissements en direct dans les entreprises.
08:40 C'est parce que l'implication, vu de chez moi, est quand même très chronophale.
08:44 J'ai peu de valeur ajoutée, aller en AGE etc. etc.
08:46 C'est pas des choses, enfin signer du docusign, c'est pas des choses sur lesquelles j'ai beaucoup de valeur ajoutée.
08:50 Par définition.
08:51 C'est pour ça que je préfère aller dans des fonds ou des clubs, des clubs sous forme de fonds.
08:58 Parce que je sais que potentiellement s'ils m'appellent c'est parce qu'ils savent que j'ai quelque chose à apporter.
09:03 Et après dans la vie pro avec TeamPact et puis ce depuis longtemps, moi assez naturellement du coup je me retrouve au board.
09:10 Après les enjeux sur lesquels j'espère avoir de la valeur ajoutée, qui sont les enjeux que j'ai le plus creusé,
09:18 ce sont les enjeux de go to market et de constitution de stratégie commerciale et d'équipe commerciale.
09:25 Avec une niche qui est vraiment celle qui m'intéresse le plus, qui est vraiment la vente complexe, la vente entreprise.
09:30 Les gens qui vendent des choses à plus de 500 000, 1 million d'euros, plusieurs millions d'euros par an.
09:34 C'est une vente qui est très spécifique avec des gens qui savent faire ça, qui sont très peu nombreux et très spécifiques.
09:39 Et donc j'essaye d'avoir un réseau et un entonnoir à ce type de profils qui sont rares pour essayer d'équiper nos boîtes
09:50 quand elles en ont besoin avec ce genre de profils qui sont durs à trouver.
09:53 D'accord. En termes de performance, on va passer sur l'ensemble du portefeuille parce que c'est assez compliqué.
09:57 Mais vous pouvez nous parler, il y a eu des exits, il y a eu des faillites. Vous pouvez nous partager des exemples.
10:03 J'ai peu de faillites. J'ai peu de faillites à date. Une principale pour des raisons réglementaires, une boîte qui a eu des...
10:14 qui a même pas eu d'ailleurs de vrais soucis, mais en tout cas qui a été accaparée par la CNIL sur tout un sujet de données personnelles.
10:21 - Le GPD. - Voilà. Et ils ont écrit toutes les règles de la CNIL finalement,
10:26 mais le fait de se retrouver en mise en demeure par la CNIL, pendant très longtemps, les a tués.
10:32 J'ai eu plusieurs exits. On a vendu des boîtes à Farfetch, on a vendu des boîtes à... enfin, j'ai eu 5 exits à date.
10:46 Et en gros, la performance moyenne sur mes exits à date est de l'ordre de 2x.
10:52 - D'accord. - Et c'est dans l'environnement classique du M&A en France.
10:57 C'est des ventes entre 10 et 50, 100 millions. Et après, si je fais le calcul plutôt sur l'ensemble de mon track personnel,
11:06 parce qu'en tant que fond, on est aussi contraints de faire ça pour nos amis les LP, en étant prudent, ça sortira 3x.
11:15 - D'accord. Celle-ci est la cible. - Les boîtes que j'ai pas vendues et qui sont encore en vie,
11:21 ce sont des boîtes qui sont quasiment toutes rentables à plusieurs dizaines de millions de chiffres d'affaires.
11:26 Donc à condition que le marché du M&A se détende un peu, ça sortira.
11:30 - Vous êtes très regardant sur la valo quand vous rentrez ou pas trop ?
11:34 - Je suis plus regardant que certains, moins que d'autres. Je suis regardant sur les dynamiques, sur la dilution, sur tous ces sujets-là.
11:45 Je pense que c'est une erreur d'essayer de valoriser dans l'absolu. Je pense qu'une valorisation, c'est une offre et une demande.
11:56 Donc il faut toujours prendre en compte un certain nombre d'éléments. C'est très difficile de dire ça, ça vaut tant à l'instant T.
12:01 - Surtout à ce stade d'avancement de maturité. Indépendamment du côté financier, vous avez connu des satisfactions, des déceptions, plutôt sous le plan humain ?
12:11 - Moi, mes déceptions, c'est celles qui m'ont mené à modifier un peu ma façon d'approcher tout ça.
12:16 Mes déceptions, c'est les écarts, les exagérations, les problèmes qu'on a eus sur les dernières années de la décennie précédente.
12:26 Avec tous les gros scandales, startups, surtout aux US, où vraiment on a l'impression qu'on a filé de l'argent à des gens qu'on devrait mettre en prison.
12:34 Et qui, pour certains d'ailleurs, sont en prison. Mais je suis très déçu qu'effectivement, cette industrie de l'investissement se soit un peu laissée emporter
12:44 dans cette fausse bonne idée de filer de l'argent à des gens qui sont franchement...
12:50 - Le gestionnaire, lui, ce qu'il veut, c'est déployer. Il essaie plutôt de jouer les purcents, ce qu'ils vont gagner, le prix de la réduction de paye que les toccards.
12:57 - La définition des purcents est compliquée. La frontière entre le gourou et le génie.
13:03 - Le jeu, ce que je dis, c'est que lui, il déploie. Il est peut-être moins regardant que quand c'est son propre argent.
13:09 - Oui, mais bon, il y en a beaucoup qui ont eu leur propre argent. Malheureusement, ceux dont c'est leur propre argent sont les plus victimes des arnaques.
13:19 Parce qu'ils sont moins professionnels, par définition. Terranos, c'était quasi exclusivement des personnes privées et des fonds non professionnels.
13:29 Parce que les fonds professionnels se laissent pas avoir par des gens qui n'ont pas d'éléments tangibles à mettre en avant.
13:35 Donc malheureusement, c'est encore pire pour les gens qui ne sont pas des fonds. Parce qu'encore une fois, c'est le plus facile à berner.
13:43 - Quand ils débutent, effectivement. Ils sont pas vaccinés encore.
13:46 - Donc ça, c'est mes déceptions. - Et sa distraction.
13:49 - Et cette façon, c'est l'évolution qu'on voit là, avec de plus en plus d'entrepreneurs,
13:55 pour qui la route vers un succès entrepreneurial et financier significatif est compatible avec le fait d'être un bon papa et un bon exemple pour ses enfants.
14:03 Et ça, ça me procure énormément de joie. Parce que je peux continuer à faire ce que j'aime, sans faire de compromis en particulier. Donc je trouve ça génial.
14:12 - Indépendamment des start-up, dans quel type d'actifs vous placez vos économies, votre patrimoine ?
14:17 - Je suis pas très diversifié. En réalité, ça me caractérise, mais il n'y a pas grand-chose qui m'intéresse, à part la tech et mes enfants.
14:29 - D'accord. C'est pas mal.
14:31 - J'ai pas la télé, je regarde pas la bourse. Alors on fait un peu d'IMO, mais sans logique. Plutôt résidence principale et puis un local commercial.
14:43 Mais le but du jeu, c'est vraiment d'avoir une exposition quasi intégralement tech.
14:50 - Pour vous contacter, proposer des dossiers, comment fait-on ?
14:55 - LinkedIn. LinkedIn, ça marche bien. Après, je pourrais donner mon mail, mais en réalité, c'est que je suis pas non plus le meilleur.
15:06 - Bon, on va se limiter à LinkedIn.
15:09 - LinkedIn, Romain Vidal.
15:10 - Romain, merci.
15:11 - Merci à vous.
15:12 - Merci à tous de nous avoir suivis. N'hésitez pas à donner votre avis sur cet échange avec le bouton « Donnez votre avis ».
15:19 Merci à tous de nous avoir suivis. Je vous donne rendez-vous très vite sur Investeur TV avec d'autres Business Angels.
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