L'édito de Paul Sugy: «Menace de censure LR : le prix de la trahison»

  • il y a 5 mois
Dans son édito du 04/04/2024, Paul Sugy revient sur la menace d'une motion de censure des Républicains à l'encontre du gouvernement.

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Transcript
00:00 Oui, c'est le jeu, Romain. En l'absence de majorité absolue, la vie parlementaire
00:03 était devenue un sport d'équipe depuis juin 2022.
00:05 Le gouvernement n'a pu trouver que chez les Républicains un allié de circonstance
00:09 avec leur appui que certaines lois ont été votées de justesse,
00:11 comme cet hiver, la loi immigration.
00:13 Alors, dans tous les jeux, il y a des cartes joker.
00:15 Il y en a une qu'on connaît bien, c'est le 49-3.
00:17 Quand il le brandit, l'exécutif dit à son partenaire
00:19 "tu me laisses faire ce que je veux ou alors il faudra me chasser".
00:22 On entre alors dans une partie de poker.
00:24 Pour garder la main, il faut bluffer et redire régulièrement au camp présidentiel
00:28 que le vote d'une motion de censure n'est pas exclu.
00:30 Alors, cette fois, la détermination de tous les ténors du parti Les Républicains,
00:34 d'Éric Sotia, Bruno Retailleau, en passant par Olivier Marlex,
00:36 même François-Xavier Bellamy, qui en fait presque un argument de campagne,
00:39 montre que la menace est à prendre au sérieux et on peut le comprendre.
00:42 Depuis deux ans maintenant, la droite danse avec la majorité, un tango précaire.
00:46 La moindre des choses, c'était de ne pas lui marcher sur les pieds.
00:49 Vous dites que le corps d'Emmanuel Macron a marché sur les pieds des Républicains ?
00:52 Oui, le mot est faible.
00:53 En fait, la menace de censure, c'est le prix de la trahison.
00:55 La trahison, on va laisser de côté les provocations purement politiques,
00:58 le débauchage par exemple récent de Rachida Dati au gouvernement,
01:01 mais rien que sur le travail parlementaire,
01:03 Les Républicains a été notamment magistralement dupé,
01:06 le parti a été magistralement dupé
01:07 lorsque il a joint une partie de ses voix à la loi immigration,
01:11 laquelle avait été initialement rejetée, on s'en souvient.
01:14 Élisabeth Borne avait ensuite négocié les articles l'un après l'autre
01:16 pour essayer de faire droit à leurs exigences.
01:18 Et dans le même temps, le président espérait à voix haute
01:21 que la loi serait censurée par le Conseil constitutionnel, en partie.
01:24 Ce qui n'a pas manqué quant au budget, c'était la goutte d'eau de trop.
01:26 Alors certes, LR ne l'avait pas voté,
01:28 mais le parti s'était abstenu de censurer le gouvernement
01:31 après les 49-3 budgétaires.
01:33 On a découvert quelques mois plus tard
01:35 que les débats parlementaires n'étaient pas sincères,
01:36 que les prévisions de croissance avaient été notamment
01:38 démesurément exagérées pour autoriser plus de dépenses
01:41 que ce que la raison exige.
01:42 Et surtout, surtout, et c'est vraiment là que le bas blesse,
01:44 que pour pallier sa gabegie,
01:46 les macronistes s'apprêtent à trahir l'une de leurs promesses
01:49 les plus fondamentales, les plus formelles,
01:51 celle de ne pas augmenter les impôts.
01:53 C'est quoi la morale des nuls ?
01:54 Déjà, on peut tromper une fois une personne, mais pas mille fois.
01:57 Bon, enfin, bref.
01:59 Vous citez la cité de la peur et vous avez des lettres.
02:02 Surtout là, je montre l'étendue de ma culture générale
02:05 la plus fondamentale.
02:07 C'est du bluff cette censure ou vous pensez que les Républicains
02:09 vont vraiment la voter ?
02:10 Bon, pour l'heure, c'est une menace.
02:11 La droite espère que la menace va suffire, en d'autres termes,
02:14 qu'en disant "faites gaffe, on vous surveille",
02:16 ça va contraindre le gouvernement.
02:18 LR n'a jamais voté la censure jusqu'ici.
02:20 Ça fait une dizaine de fois qu'ils le promettent
02:22 sans jamais joindre le geste à la parole.
02:23 Alors, ça affaiblit, bien sûr, la portée de la menace,
02:25 mais en même temps, on se doute que ça les démange.
02:27 Ça fait même depuis le début qu'ils en rêvent, certainement.
02:30 Et cette fois, il faut le prendre donc avec d'autant plus de sérieux.
02:33 Ce que montrent les sondages, c'est que l'idée serait hasardeuse
02:35 pour les Républicains, qui ne sont pas sûrs d'avoir autant de députés,
02:38 62 qu'actuellement, mais que par contre, ça serait ruineux
02:41 pour le gouvernement qui, lui, perdrait à coup sûr
02:44 une partie importante de ses députés.
02:46 En revanche, ça forcerait les Républicains à faire entrer
02:49 plus massivement encore, que ce n'est déjà le cas,
02:51 le Rassemblement national à l'Assemblée.
02:53 Et ça, ils en seraient comptables politiquement.
02:55 Évidemment, ça calme aussi un petit peu les ardeurs.
02:58 Merci.
02:58 [Musique]

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