• il y a 8 mois
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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Thomas Isle reçoit chaque jour un invité.
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Transcription
00:00 Avec votre invitée ce matin Thomas, vous recevez André Manoukian qui publie chez Harper Collins
00:05 "Les pouvoirs extraordinaires de la musique". La musique est le dernier phénomène qui nous rassemble tous.
00:10 Un livre que vous dédiez à Jean-Sébastien Bach, "Sans qui Dieu serait moins beau" dites-vous,
00:16 et vous racontez dans votre livre que vous avez joué Bach enfant jusqu'à ce que votre tante Philomène,
00:20 que vous qualifiez affectueusement de "terroriste de la joie", vous réclame les rois mages de chez elle.
00:27 Est-ce qu'on peut nous aussi vous réclamer les rois mages de chez elle ?
00:30 En réalité c'est un gospel.
00:34 Ah oui ?
00:36 Ah non, je me suis planté !
00:42 Mais ça ressemble !
00:44 C'est vrai que c'est la même !
00:46 On dirait les rois mages en Galilée verte.
00:50 J'avais jamais remarqué.
00:52 Comme les rois mages en Galilée !
00:58 Bien sûr !
01:00 Et en même temps c'est ça qui est beau dans la musique, c'est d'aimer à la fois Bach et Sheila.
01:04 J'ai l'impression que ça vous ressemble bien ça d'ailleurs finalement.
01:06 En réalité Sheila c'était ce que j'entendais à la radio, c'était ce qu'adorait ma nounou espagnole qui nous a élevés.
01:14 Et c'est important quand vous apprenez un instrument de musique de manière classique comme je l'ai fait,
01:20 de faire marcher les oreilles aussi.
01:22 Parce que l'enseignement de la musique classique, je trouve qu'il est beaucoup trop axé sur la lecture.
01:28 Infliger du solfège à un gamin avant qu'il touche un instrument c'est complètement débile.
01:34 C'est comme si vous disiez à votre enfant qui vient de naître "t'as pas le droit de parler, je te parlerai pas tant que tu ne sauras pas lire ou écrire".
01:40 Il y a une inversion perverse qui se passe.
01:42 Et moi j'ai eu la chance d'avoir une prof de piano particulière qui était très ouverte.
01:48 Et j'aimais bien reproduire ce que j'entendais à l'oreille.
01:52 Et c'est important de faire marcher l'oreille autant que la lecture.
01:56 Je ne suis pas du tout contre le solfège, au contraire c'est formidable, ça nous permet de lire les répertoires.
01:59 - Ça peut venir après quoi, c'est ça ce que vous dites ?
02:01 - Exactement, ouvrez-vous les oreilles parce que les gars, on dit "jouer" de la musique.
02:05 Jouer, jouer, s'amuser.
02:07 Quand on dit que l'enfant Mozart il composait à l'âge de 3 ans, mais bullshit !
02:12 Il cherchait sur son clavecin les notes qui s'aiment et c'est son père qui notait, il ne savait pas écrire.
02:17 Pourquoi son père notait-ce ? Parce qu'à l'époque il n'y avait pas de téléphone portable pour mettre ton gosse sur Instagram, tu vois ce que je veux dire ?
02:23 Donc l'idée c'était que tous les musiciens dits classiques aujourd'hui étaient de grands improvisateurs, mais ça c'est un autre sujet.
02:31 - Alors moi ce qui m'a amusé dans votre livre et qui m'amusait déjà au temps de la Nouvelle Star,
02:36 ce sont vos parallèles entre la musique et le contact charnel, pour ne pas dire le cul.
02:41 Vous écrivez par exemple dès la page 19 que la pratique instrumentale est un corps-à-corps entre le musicien et son instrument.
02:49 Le rapport est sensuel, presque sexuel, dites-vous. Il y a vraiment quelque chose comme ça ?
02:54 Notamment, vous parlez du violon par exemple, expliquez-nous ça.
02:57 - Alors le violoniste il a son violon coincé entre son menton et son corps, ça veut dire que le son du violon se répand dans son corps.
03:05 Avec son doigt sur la touche, il peut faire le vibrato.
03:09 Le vibrato c'est l'expression. Moi avec le piano je peux pas. J'ai beau faire ça, ça marche pas.
03:14 Donc c'est l'instrument j'allais dire le plus sensuel qui soit, avec son archet enduit de colophane, il frotte, il pousse, il tire, il vibre.
03:24 - Et l'instrument qui a la forme d'un corps de femme aussi.
03:27 - Tu vois il y a la flûte à bec aussi.
03:29 - Mais donc l'idée ça veut dire quoi ? Ça veut dire plus sérieusement, si vous enlevez la dimension sensuelle de la musique, vous voulez enlever la moitié de sa substance.
03:41 La musique est ce paradoxe qui rassemble à la fois de la spiritualité, parce que c'est sacré, parce que c'est avec la musique qu'on s'adresse au Dieu, c'est avec la musique compris.
03:53 Les égyptiens s'adressaient au Dieu en chantant, le chant a cette dimension sacrée et en même temps c'est extrêmement charnel.
04:02 C'est pour ça que cette opposition qui n'en est pas une en réalité est toujours problématique, c'est pour ça que les religieux ont toujours tenté.
04:10 C'est un moine qui a inventé le solfège en disant au 11e siècle, Guido d'Arezzo, en disant on va essayer de mettre un peu d'ordre dans le bordel là,
04:18 parce que la musique vous fait faire des trucs, elle vous provoque des émotions directement sans passer par la tête.
04:24 Et c'est pour ça que j'ai écrit ces livres, c'est parce que ça reste un mystère pour moi qui me fascine et j'essaye de l'analyser avec ce que je peux, avec des fréquences, avec des choses qui nous touchent.
04:35 - On apprend tellement de choses, notamment que la pratique du violoncelle était interdite pour les femmes, moi je ne savais pas en tout cas de la manière dont ça se pratique au 19e siècle.
04:43 - Bah oui parce qu'il fallait perter les jambes et voilà c'est ça ouais.
04:46 - Vous écrivez aussi sur l'instrument qu'est la voix, vous dites qu'il est très probable que l'homme ait chanté avant de parler.
04:52 - Bah oui parce que quand je dis chanter, ça veut pas dire chanter comme tout à l'heure vous l'avez fait chez là, mais ça veut dire moduler sa voix pour imiter, j'allais dire déjà le son des instruments, pour prévenir.
05:06 On sait très bien que quand on a des... la voix était le premier truc avec lequel on prévenait les congénères, c'est pas le son qui est dangereux, c'est le silence tout d'un coup dans la jungle qui est menaçant parce que le prédateur est là.
05:20 Donc c'était vraiment... il y a même une thèse qui veut que les premières grottes préhistoriques, on faisait des peintures dans les endroits qui sonnaient.
05:31 Donc la voix était, et le son était beaucoup plus important chez nos ancêtres préhistoriques que maintenant à la limite.
05:37 - Et voilà ça fait partie des choses qu'on découvre, mais vraiment c'est un bouquin qui est extrêmement riche en informations, et pour tous les passionnés de musique, tous ceux qui s'intéressent à la musique,
05:47 vraiment vous allez apprendre beaucoup de choses dans les pouvoirs extraordinaires de la musique d'André Manoukian, et on va continuer d'ailleurs à parler de musique dans un instant avec Joey.
05:55 - Ouais tout à fait, on va aller au théâtre ce soir ! - Ah bah pas possible !
05:58 - Impossible ! - Mais vous écoutez de la musique, vous allez voir !
06:00 - Très bien, et puis on va jouer avec les auditeurs au 3 au rien !

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