Anne Fulda reçoit Martin Lichtenberg pour son livre «La Roche» dans #HDLivres
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00:00 - Bienvenue à l'heure des livres, Martin Lichtenberg.
00:02 Alors vous êtes dans la vie civile, dans votre jeune vie civile,
00:06 vous êtes régisseur au cinéma,
00:08 et vous venez de publier votre premier roman qui s'appelle "La Roche",
00:12 un livre qui est publié aux éditions Héloïse d'Ermesson,
00:14 un livre qui est indéfinissable,
00:16 un peu entre la littérature d'anticipation et le conte poétique.
00:21 On imagine en lisant ce livre de science-fiction,
00:26 quand même d'une certaine façon, assez particulier,
00:28 vous avez dû être bercé dans votre enfance, dans votre jeunesse,
00:31 par des écrivains qui ont plus important que d'autres.
00:35 Quels étaient-ils ?
00:37 - Oui, effectivement, j'ai été bercé par les mots
00:39 dès ma plus tendre enfance.
00:42 D'abord par les contes de Claude Ponty, beaucoup,
00:45 qui jouent également énormément sur les mots.
00:49 Donc je pense que ça, ça m'a vraiment beaucoup inspiré.
00:54 Et également, un petit peu plus tard,
00:56 à travers le cinéma, par les dialogues de Prévert
00:59 dans "Le Roi et l'Oiseau".
01:01 Également, enfin à nouveau, énormément de pirouettes avec les mots.
01:06 Et plus tard, jusqu'à il y a peu,
01:10 par des écrivains comme Boris Vian, Alain Damasio.
01:15 Et dans tous ces exemples-là, on retrouve cette idée de...
01:18 Enfin, ces petits jeux de mots,
01:22 enfin, cet amour du langage, en fait.
01:25 - Alors, dans votre livre, vous avez inventé un monde,
01:29 un monde assez sombre, assez particulier, régi par des castes.
01:32 Ce monde, c'est la roche.
01:33 Comment vous définiriez ce monde
01:36 où les castes, d'ailleurs, ont toutes des noms en lien avec le minéral ?
01:39 - Oui, pour moi, en fait, c'est un monde qui est effectivement très minéral.
01:43 Et selon moi, il incarne un petit peu, d'une certaine façon,
01:49 l'enfer que pourrait être notre monde
01:52 si on prenait les mauvaises décisions, si je puis dire,
01:57 avec cette idée de dédale urbain où la ville est partout,
02:03 le bitume est partout, il n'y a plus de nature,
02:05 il n'y a plus du tout de question de...
02:07 Il y a un problème d'eau, en l'occurrence,
02:09 il n'y a plus de question de végétaux, de plantes.
02:11 Les animaux sont extrêmement rares.
02:14 Et en fait, il y a cette omniprésence de l'urbain
02:18 qui devient suffocante et qui nous envahit complètement.
02:25 Je pense que c'est un peu la hantise
02:28 qu'on peut ressentir aujourd'hui, à notre époque,
02:32 quand on se projette dans un avenir sombre.
02:35 - Oui, c'est une préoccupation assez propre à des personnes de votre âge.
02:42 Enfin, ça ne devrait pas être que contenu à ceux de votre génération,
02:45 mais il se trouve que ça l'est.
02:46 Alors, il y a ces castes dont on parle,
02:48 il y a les rocheux, il y a les rocailleux, les carriéreux.
02:51 Et puis surtout, il y a la garde qui contrôle l'eau,
02:56 puisque c'est ça l'enjeu.
02:59 Et la garde qui instaure un monde, finalement,
03:03 où l'art est prohibé et liberté limitée.
03:08 Est-ce que...
03:10 Qu'est-ce qui vous a inspiré ?
03:11 C'est une dictature douce, en fait.
03:13 - Oui, c'est ça.
03:15 C'est un joli groupe nominal pour le définir.
03:17 Pour moi, il y a cette idée, effectivement, de dictature douce,
03:21 parce que je ne voulais pas une répression frontale,
03:23 physique et violente.
03:25 Je voulais vraiment construire un monde
03:30 dont la population serait aliénée,
03:33 psychologiquement, si je puis dire, avec le travail avant tout,
03:39 le manque de ressources qui conduit à la nécessité.
03:45 Et également, en fait, l'orientation de l'esprit critique,
03:51 l'orientation de la liberté d'expression
03:54 vers la capitale, en l'occurrence dans le livre.
03:58 Et donc, voilà, il y avait cette idée de créer une population
04:02 qui est subrepticement asservie, en fait.
04:07 - Oui, subrepticement et presque sans s'en rendre compte.
04:10 C'est ça, ce que vous voulez dire par là.
04:12 - Bon, évidemment, on pourrait y voir un parallèle
04:15 avec l'asservissement de certains aux réseaux sociaux,
04:19 qui est une forme de manipulation.
04:21 On peut le voir et on a raison de le voir.
04:23 - Oui.
04:23 - Alors il y a quand même un espoir, une seule lueur d'espoir.
04:27 Elle passe par une forme de quête de la beauté, finalement,
04:31 qu'on voit à travers l'un de vos personnages.
04:33 Et c'est ça le salut.
04:36 Il passe par là, l'art et la beauté ?
04:38 - Oui, je pense qu'il passe par l'art beaucoup,
04:40 parce que c'est là que l'individu s'incarne.
04:42 C'est là que l'individu s'extrait de la masse, justement,
04:45 et existe en tant qu'individu, en tant qu'esprit unique.
04:50 Il passe par la quête de beauté dans les choses simples aussi.
04:53 Dans "La Roche", il y a beaucoup ça,
04:54 cette idée de trouver une beauté qui peut être infinie
04:58 dans des petites choses de la vie,
05:02 et en l'occurrence, dans un cadre assez sombre.
05:06 Oui, je pense que ça passe par toutes ces petites choses-là
05:09 et il n'y a pas besoin forcément de se compliquer la vie
05:12 pour trouver de la joie.
05:16 - En tout cas, merci.
05:18 C'est à lire.
05:18 Donc ça s'appelle "La Roche",
05:19 c'est paru aux éditions Héloïse d'Ormesson.
05:21 Merci, Martin Lichtenberg.
05:23 - Merci beaucoup.
05:24 (indicatif musical)
05:27 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org