Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
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00:00 Brigitte, il y a 48 heures, l'Agence du médicament a alerté sur l'usage abusif des opioïdes en France,
00:05 avec notamment des conseils sur l'utilisation du tramadol.
00:09 Mais pour commencer, rappelez-nous ce que sont les opioïdes.
00:12 Alors on parle des opioïdes médicaments, parce que notre organisme sécrète lui aussi des opioïdes.
00:19 On appelle ça des endorphines, quand on fait du sport par exemple, quand on mange du chocolat ou autre.
00:24 Vous savez que notre cerveau est un véritable labo et il fabrique comme ça des substances apaisantes.
00:30 Après il y a des médicaments, ce dont on parle aujourd'hui.
00:33 Les opioïdes, ce sont des médicaments très puissants.
00:36 Vous savez, on a beaucoup parlé de la crise des opioïdes aux Etats-Unis avec le fentanyl qui ont fait des milliers de morts.
00:42 On n'en est pas là heureusement, mais c'est vrai qu'on assiste à une augmentation de la consommation de ces médicaments.
00:50 Les derniers chiffres montrent que 12 millions de Français consomment ces médicaments.
00:58 C'est quand même énorme.
01:01 Donc quels sont ces médicaments ?
01:02 On va distinguer deux types d'opioïdes.
01:06 On va distinguer les opioïdes forts et les opioïdes faibles.
01:10 Je vous les ai mis là, on va les voir.
01:13 Les forts, tout le monde connaît je crois la morphine, le fentanyl, l'oxycodone.
01:20 Ça, c'est pour traiter de fortes douleurs.
01:23 Et les faibles, le tramadol, la codéine, la poudre d'opium.
01:28 Ces médicaments, en fait, vont agir à plusieurs niveaux dans le corps.
01:34 Ils vont agir au niveau du cerveau, ils vont agir au niveau de la moelle épinière,
01:39 mais ils vont aussi agir au niveau du système respiratoire et au niveau du système digestif.
01:47 Et c'est important de comprendre pour les effets secondaires qu'ils agissent à tous ces niveaux-là.
01:51 Donc ils vont agir en bloquant la douleur.
01:55 Ce sont des anthalgiques puissants.
01:57 Les forts, encore plus puissants évidemment que les faibles.
02:00 Donc c'est vrai que lorsque l'on souffre, c'est très important d'avoir des anthalgiques.
02:05 Donc on comprend bien l'utilité, la nécessité d'avoir des médicaments pour agir contre la douleur.
02:13 Mais le problème, c'est qu'ils créent très rapidement une dépendance.
02:18 Alors, ça dépendra, il y a des gens qui vont plus ou moins réagir,
02:22 pour lesquels il faudra un temps plus ou moins long pour devenir dépendant,
02:26 mais ils vont non seulement créer une dépendance,
02:28 mais aussi avoir des effets secondaires à plusieurs niveaux,
02:32 comme je vous le disais, sur le système respiratoire.
02:35 Donc ils peuvent créer des dépressions respiratoires, voire des arrêts cardio-respiratoires.
02:40 Ils vont agir au niveau du système digestif, où vous risquez d'avoir des problèmes de constipation, etc.
02:47 Donc il faut vraiment bien connaître tous les effets secondaires de ces médicaments avant de les prescrire.
02:53 Et donc ils agissent sur la douleur, mais ils agissent aussi en vous procurant une espèce d'euphorie.
03:01 Vous êtes bien quand vous les prenez, parce que ça libère de la dopamine, la sérotonine, en même temps, tout ça.
03:08 Et donc après, quand vous les arrêtez, vous êtes très mal.
03:11 Vous devenez totalement dépressif, ça ne va pas du tout.
03:15 Non seulement la douleur revient, mais en plus, vous êtes très mal psychiquement.
03:20 - On a envie d'en reprendre. - Voilà.
03:22 Et c'est ce qui crée comme ça cette dépendance.
03:24 Alors l'Agence a l'air...
03:26 En France, ça n'a rien à voir avec ce qui se passe aux États-Unis, et heureusement.
03:30 Mais on le sait, les épidémies n'arrivent pas du jour au lendemain.
03:33 Donc il vaut mieux être très prudent.
03:35 Vous le disiez, il y a 48 heures, l'Agence a alerté, mais elle avait déjà commencé en 2020
03:42 en limitant la durée de la prescription de ces médicaments à 12 semaines.
03:48 Donc déjà, depuis 2020, les durées de prescription sont beaucoup plus courtes.
03:53 Là, elle demande aussi aux fabricants de ces médicaments de limiter le nombre de comprimés dans les boîtes,
03:59 de faire des boîtes de 10 à 15 comprimés pour limiter l'utilisation aussi,
04:04 mais aussi pour éviter le stockage à la maison,
04:07 et au cas où quelqu'un aurait mal, "tiens, je te donne un médicament".
04:10 Parce qu'en plus, ces médicaments, on les connaît tous.
04:13 C'est, voilà, efferalgancodéiné, codoliprane,
04:17 parce qu'ils sont souvent en plus associés à du paracétamol.
04:20 Donc on a tendance à se dire "bon, c'est comme du paracétamol, c'est pas grave et tout".
04:24 Pas du tout.
04:25 L'X prime, le... Enfin, il y a tout un tas de médicaments comme ça.
04:30 Et d'ailleurs, sur le site de la NSM, de l'Agence du médicament,
04:34 ils donnent des conseils de prescription et de vigilance pour les médecins,
04:39 mais aussi pour les patients.
04:40 Donc moi, je vous conseille d'aller regarder le site de la NSM.
04:44 Et surtout, c'est vrai que la difficulté,
04:47 elle réside dans le fait de soulager les médecins en toujours.
04:51 On a tous envie de soulager quelqu'un qui souffre.
04:54 Donc il va falloir réellement comprendre,
04:57 à chaque fois qu'on prescrit un de ces opioïdes,
05:00 quels sont les bénéfices et quels sont les risques,
05:03 et expliquer aux patients que oui, on va le soulager,
05:06 mais que ce ne sera pas sans risque,
05:08 ce ne sera pas sans effet secondaire
05:11 et ce ne sera pas sans risque de dépendance.
05:13 Donc bien lui expliquer,
05:15 parce qu'on a quand même à peu près quatre morts par semaine à cause des opioïdes.
05:20 Donc c'est pas des... C'est loin d'être des bonbons, quoi.
05:23 Il faut vraiment que chaque prescripteur et que chaque patient
05:28 évalue à chaque prise les bénéfices et les risques.
05:31 Merci Brigitte pour cet avertissement, c'est important de le savoir.
05:35 Je rappelle que demain on vous retrouve à 10h30 pour Bonjour Docteur Millot.
05:38 Avec Sacha, vous nous parlerez des problèmes digestifs.
05:40 Et c'est important, et je vais être très attentif à ça,
05:43 des conseils pour les soulager.
05:45 Je crois que vous n'êtes pas le seul à avoir des problèmes digestifs.
05:47 On est nombreux, c'est le deuxième cerveau.
05:50 C'était la Chronique Santé.
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05:55 [SILENCE]