Avec Hamida Aman, fondatrice de Radio Begum et Romain Nigita journaliste et réalisateur
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NewsTranscription
00:00 Le 10h30 Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Anzmann.
00:05 Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles.
00:07 Bonjour Bébé Lee.
00:08 C'est une nouvelle semaine qui commence lundi 15 avril.
00:11 Notre invitée Amida Aman, bonjour, merci d'être avec nous.
00:15 Vous êtes la fondatrice de Radio Bégum, Bégum, Bégum, Bégum.
00:19 Bégum, je savais bien dire.
00:21 Comment on dit Bégum ?
00:22 C'est Bégum, c'est devenu un prénom féminin, mais à la base c'est un titre de noblesse
00:27 pour indiquer, comme Lady en anglais.
00:30 Et votre grand-mère s'appelait Bégum.
00:33 Exactement.
00:34 Ça voulait dire femme et en même temps il y avait un petit mot juste avant qui disait
00:37 Bas Bégum.
00:38 Bas Bégum, ça veut dire assez de femmes parce que déjà à l'époque, avoir une femme,
00:45 une fille en naissance c'était un drame.
00:48 En Afghanistan.
00:49 Oui en Afghanistan évidemment parce qu'on va parler des femmes afghanes, oui je ne l'ai
00:52 pas précisé.
00:53 La résistance renaissance c'est un livre dont vous êtes la coordinatrice de textes
01:00 qui parlent de ces femmes afghanes, des gens qui ont des liens particuliers avec l'Afghanistan.
01:06 On va en reparler avec vous et c'est au bénéfice de cette radio, Radio Bégum, et c'est pour
01:11 ça qu'on vous invite ce matin pour en parler, pour parler de ces femmes afghanes trop ignorées,
01:17 oubliées, qui sont peut-être les femmes les plus malheureuses aujourd'hui au monde,
01:22 les plus ostracisées.
01:23 On y revient avec vous dans un instant.
01:25 On passe au Zapping.
01:26 Sud Radio Média, l'instant Zapping.
01:30 Évidemment Valérie Hamida, l'actualité c'est l'attaque directe de l'Iran sur Israël.
01:35 Pourtant, il y a quelques années en arrière, les deux pays étaient les meilleurs amis
01:39 du monde, comme le rappelait Maris Burgo dans le 20h de France 2.
01:43 Iran et Israël, deux ennemis intimes depuis plus de 40 ans.
01:47 Pourtant, quand le Shah d'Iran est encore au pouvoir avant 1979, l'état hébreu est
01:54 l'allié de l'Iran.
01:55 L'Iran est même le deuxième pays musulman en 1950 à reconnaître l'état d'Israël.
02:02 Mais tout bascule en 1979 avec la révolution islamique à Téhéran.
02:06 Le nouveau régime des ayatollahs rejette l'impérialisme américain et son allié Israël.
02:12 C'est le début d'une longue guerre indirecte entre les deux puissances.
02:16 Il y avait une sorte de règle de jeu, mais non écrite toujours, qui est pas d'attaque,
02:21 pas d'affrontement direct.
02:22 L'Iran se fait mal, par des coups pas possibles, mais on ne tombe pas dans l'affrontement direct.
02:26 L'Iran a basculé comme un peu l'Afghanistan.
02:29 Comment vous expliquez que la religion soit si prignante en Afghanistan, que le moment
02:36 où ils ont eu de la liberté, ils ne s'en sont pas servis indirectement ?
02:40 Je parle de l'Afghanistan.
02:44 Bien sûr, mais c'est des pays où la religion et la culture sont extrêmement liées.
02:50 On n'est pas encore en mesure de séparer.
02:54 Aucun Afghan, même si on aura vécu 20 ans de démocratie, n'aura pas l'idée de séparer.
03:06 C'était beaucoup trop tôt pour nous, pour une société comme la nôtre.
03:10 Et on le voit même en Iran, c'est une société beaucoup plus éduquée, évoluée, riche,
03:17 mais en même temps extrêmement attachée à la religion parce que c'est imbriqué
03:22 de manière très directe avec la culture.
03:25 L'article de Anne Jouan sur le MeToo à l'hôpital n'en finit pas de faire réagir.
03:30 Dans cet article, le médecin Karine Lacombe dénonce les agissements de l'urgentiste
03:35 Patrick Pelou.
03:36 On va voir que Karine Lacombe a réagi aux propos de Patrick Pelou, qui se défend,
03:42 qui explique que c'était une certaine époque.
03:44 Je pense surtout qu'il faut qu'il y ait la prise de conscience parce que par exemple,
03:50 ce que Patrick Pelou a répondu à Anne Jouan, on rigolait bien, mais moi je suis tombée
03:54 de ma chaise quand j'ai lu l'interview hier.
03:56 Je me suis dit, mais finalement, qui rigolait ? Qui rigolait à part ceux qui justement
04:03 agressaient sexuellement, avaient ces propos grivois, pensaient que se frotter contre
04:08 une fille quand elle est de dos, c'est marrant.
04:11 Mais non, non, c'est pas marrant.
04:12 En fait, c'est pas marrant et c'est pas parce qu'à l'époque, on ne disait rien
04:15 parce qu'on était pétri de culpabilité, parce qu'on avait potentiellement peur de
04:21 la hiérarchie et des conséquences que c'était quelque chose de rigolo.
04:25 Pas du tout.
04:27 Et puis, évidemment, elle a déclaré aussi, enfin, il y a une association qui demande
04:34 aux femmes qui ont été victimes de Patrice Pelou.
04:37 L'association des médecins, des jeunes internes.
04:40 Absolument.
04:41 Yannis Roden, prof d'histoire dans un collège ZEP de la Seine-Saint-Denis, est revenu sur
04:47 la notion de laïcité qui peut varier selon les pays.
04:50 Écoutez bien, Midas, ça va vous intéresser.
04:51 On a abandonné le terrain en se disant c'est un acquis.
04:54 En fait, ce n'est pas un acquis.
04:55 On voit bien qu'il faut toujours remettre l'ouvrage sur le métier.
04:58 Face à ces jeunes, et il m'arrive moi de faire des interventions, évidemment, face
05:02 à mes élèves, mais aussi dans d'autres établissements, je crois qu'une des stratégies,
05:05 c'est de montrer comment on vit ailleurs sans la laïcité.
05:08 Comment on se marie ailleurs, comment on meurt ailleurs, comment on hérite ailleurs.
05:12 Je pense notamment à l'égalité femmes-hommes, par exemple.
05:14 Comment tout cela, comment on va à l'école.
05:18 Quand vous montrez ça aux élèves, je vous assure qu'ils ont des réactions un peu surprises
05:24 et ils disent "non mais en fait, nous on ne se rend pas compte, monsieur, que ailleurs,
05:26 oui, ça nous protège".
05:27 On pourra en parler, mais c'est vrai que le vécu musulman en France n'est pas le même
05:32 vécu musulman en Afghanistan.
05:36 Et on pourra reparler du voile, parce que les femmes afghanes essayent de retirer ce voile.
05:42 Non, les Iraniennes, elles ne font rien.
05:46 Les pauvres femmes afghanes, elles sont enfermées dans leur burqa.
05:49 Non, les femmes afghanes, leur avantage, ce n'est pas de retirer le voile.
05:53 C'est d'être simplement, avoir des droits, avoir accès à leurs droits fondamentaux
05:58 qui sont l'éducation, la santé.
06:01 C'est pas la même chose, le voile et la burqa.
06:04 Il ne faut pas tout confondre.
06:05 Le voile, c'est un voile qu'on met sur la tête.
06:07 La burqa, c'est quelque chose qui nous cache le visage.
06:09 La burqa, bien sûr, on n'est pas d'accord, parce que la burqa, c'est l'enfermement.
06:13 Et les femmes qui portent la burqa, ce n'est pas vraiment les plus ouvertes au monde.
06:18 Et ce n'est pas celles qui ont accès à l'éducation, à la santé et au travail.
06:22 Malheureusement, les femmes afghanes, ce qu'elles veulent, c'est simplement le droit d'exister
06:27 comme un être humain, avec leurs droits fondamentaux.
06:31 Les femmes iraniennes, effectivement, elles veulent plus de droits, ce qui est normal,
06:36 et elles veulent avoir le choix.
06:37 Il faut savoir que dans la constitution iranienne, il est indiqué, le voile est obligatoire.
06:43 Alors que, par exemple, ces 20 dernières années, avant l'arrivée des talibans en
06:49 Afghanistan, le voile n'était pas obligatoire.
06:51 Mais ils ne seraient jamais venus à l'idée de qui que ce soit de l'enlever ou de ne
06:56 pas le simplement le mettre.
06:57 Moi, quand je suis en Afghanistan, je porte le voile, je ne me pose même pas la question.
07:00 Il fait partie intégrante de mon identité d'Afghan quand je suis en Afghanistan.
07:04 Après, comme je vous ai dit tout à l'heure, la religion et la culture sont extrêmement
07:09 imbriquées et on n'est pas encore prêts à enlever le voile en Afghanistan ou à avoir
07:13 donné le choix.
07:14 Par contre, en Iran, on est beaucoup plus prêts à proposer ce choix aux gens et le gouvernement
07:21 serait bien inspiré de le faire.
07:22 Monsangat est toujours un son d'humour, en tout cas de détente, après cette actualité.
07:28 C'était Face à Baba dimanche.
07:30 Alors, ils ont eu une bonne idée dans Face à Baba.
07:33 Ils ont invité un médecin légiste qui a raconté les autopsies.
07:38 Je ne vous ai mis qu'un seul extrême, parce qu'il en a raconté plusieurs.
07:40 Les autopsies les plus originales ou les plus farfelues qu'il lui est arrivé d'avoir.
07:46 Vous allez voir, Valérie, que chez un mort, on peut trouver beaucoup de choses.
07:50 On peut trouver des objets improbables dans des corps.
07:52 Oui, des vierges de Lourdes.
07:53 Des vierges de Lourdes ?
07:54 Des vierges de Lourdes ?
07:55 Des petites statues de la vierge.
07:57 Une dame se poussait dans la vessie.
07:58 Elle n'est pas morte de ça.
08:00 Elle n'est pas morte de ça du tout.
08:01 Elle avait des infections urinaires et répétitions.
08:04 Elle a fini par mourir, mais pas de ça.
08:05 Elle s'est suicidée, elle s'est pendue.
08:07 Et quand j'ai fait l'autopsie, dans la vessie, j'ai trouvé ça, des épingles de nourrice,
08:12 des clous, toutes sortes de choses qui se poussaient dans la vessie.
08:15 Elle n'avait pas ouvert un bricorama ?
08:16 C'est une question, les gars !
08:21 La séquence était incroyable.
08:25 Il a raconté plein de choses.
08:26 C'était à la fois drôle, passionnant et étonnant de notre monde.
08:30 Et si on démarrait la semaine avec un slam, Valérie ?
08:33 Ça vous ferait plaisir ?
08:34 Non.
08:35 Non.
08:36 Je sais que vous ne l'aimez pas.
08:39 Moi, je l'aime bien.
08:40 Grand corps malade, il était invité en live de ses lebdos.
08:44 Au quotidien, je me prétends plutôt tranquille et patient.
08:47 Je ne crie pas, je marche doucement, je suis docile et pas chiant.
08:49 On peut très facilement m'accuser de nonchalance.
08:52 Pourtant, sur certains points, j'ai bien senti l'urgence.
08:54 L'urgence de choisir mes envies, l'envie de choisir mes urgences.
08:57 Choisir mes combats, mes refus, mes évidences.
08:59 Choisir pour mieux agir, ne plus contrater.
09:00 Mais vous qui aimez les poèmes et l'écriture, qu'est-ce qui vous gêne ?
09:02 Pour l'instant, j'ai fait des progrès stylés.
09:04 C'est loin et c'est pas pour moi que tu l'étudies.
09:06 - On se retrouve dans un instant pour parler de l'Afghanistan, des femmes afghanes,
09:11 des mouvements de résistance qui s'organisent depuis l'étranger.
09:16 On va parler avec vous, Amida Aman, de Radio Begum.
09:19 A tout de suite.
09:20 - L'invité du jour, c'est Amida Aman.
09:27 Vous êtes fondatrice de Radio Begum.
09:29 C'est pour ça qu'on vous reçoit ce matin.
09:31 Vous publiez un livre, un collectif, "Résistance Renaissance".
09:35 Les voix s'élèvent ici pour que la voix des femmes afghanes ne s'éteigne pas là-bas,
09:39 c'est aux éditions Labor et Fides.
09:41 Et c'est vrai que ces femmes afghanes, elles sont un peu les oubliées de notre société.
09:47 On en parle assez peu et pourtant, ce sont peut-être les femmes qui aujourd'hui souffrent le plus au monde.
09:52 Elles sont déniées et ostracisées parce que femmes.
09:56 - Tout à fait.
09:58 Et je suis inquiète parce qu'après ce week-end, je pense qu'on va encore en parler moins.
10:04 Parce que c'est vrai qu'il y a tellement d'autres conflits.
10:08 - Une actualité remplace une autre actualité.
10:10 - Voilà, une actualité très dense.
10:12 Et malheureusement, les femmes ne font pas, on le voit,
10:15 c'est quand même une des situations les plus chocantes au monde.
10:19 Et c'est fait en toute impunité.
10:23 - Parce qu'elles n'ont plus le droit, on va parler de la situation de ces femmes,
10:26 elles n'ont plus le droit à l'éducation, elles n'ont plus le droit d'aller à l'école.
10:29 - À l'école, à l'université.
10:31 - Elles ne peuvent plus accéder à un grand nombre de métiers de travail.
10:35 Et elles ne peuvent pas... L'espace public leur est interdit.
10:41 Elles ne peuvent plus aller dans les bains publics, dans les parcs.
10:44 Avant, on pouvait aller faire du sport, etc.
10:47 Là, les salles de sport aussi leur ont été tenues.
10:49 - Les salons de beauté, on a vu décapiter les mannequins en vitrine des magasins
10:54 pour qu'il n'y ait plus de visage de femme.
10:57 C'est une société où la femme...
11:00 - Elle n'existe plus.
11:02 - On enmure les femmes.
11:04 - Mais quelle est la signification pour ces talibans ?
11:08 Qu'est-ce qu'ils veulent montrer par là ?
11:10 - Ils veulent montrer que maintenant c'est eux les maîtres.
11:13 Et que l'occidentalisation, en tout cas la démocratisation
11:18 et donc l'occidentalisation du pays est bien terminée.
11:21 Et c'est une manière de marquer leur territoire à eux
11:25 et de remettre en avant, et de manière beaucoup plus dure,
11:29 les traditions ancestrales afghanes.
11:31 Parce que c'est ça, c'est au nom de ces traditions,
11:34 parce qu'ils mettent la religion en avant.
11:36 Mais ce n'est pas la religion qui impose ce genre de restrictions.
11:40 Pas du tout.
11:41 Ce sont des traditions très ancestrales
11:45 qui ont lieu dans des zones très rurales, très reculées de l'Afghanistan,
11:49 dans les zones sud ou ailleurs dans le pays.
11:52 Mais une ruralité, voilà, c'est la victoire
11:56 du monde des campagnes contre les villes une énième fois.
12:01 Je le dis dans le recueil d'ailleurs, dans la préface,
12:05 parce que ça c'est ce qu'on avait vu déjà il y a plus de 40 ans.
12:08 Lorsque les soviétiques ont envahi l'Afghanistan,
12:11 c'était des mojaïnids, c'était des gens, des paysans
12:14 qui ont pris des pelles, des pioches et des armes de chasse,
12:17 des fusils de chasse pour aller s'attaquer aux soviétiques.
12:20 Et actuellement, voilà, ça a duré plus de 10 ans
12:24 jusqu'à la défaite soviétique.
12:27 Et là, on a eu 2001-2002,
12:32 l'intervention de la coalition internationale,
12:36 les Nations Unies et de l'OTAN pour rétablir la paix
12:40 et chasser les talibans à ce moment-là.
12:43 Un processus démocratique a commencé
12:46 avec une grande application.
12:48 Jamais autant la communauté internationale
12:51 n'aura investi d'argent et de temps sur un seul pays.
12:55 Et le pays a bénéficié d'énormément de soutien, de lumière,
13:00 mais ça a aussi engendré énormément de problèmes.
13:05 C'est-à-dire que quand il y a trop d'afflux d'argent
13:07 dans un pays aussi exsangue de tout,
13:09 forcément ça crée de la corruption.
13:11 Et c'est ce qu'il n'y a pas manqué de faire.
13:14 Et toutes ces années-là, les femmes ont pu bénéficier
13:18 d'une grande largesse de liberté,
13:21 comme elles en ont bénéficié pendant les soviétiques.
13:23 Comment vous expliquez qu'on est revenu en arrière
13:26 et que les talibans soient revenus ?
13:29 Je pense que les talibans sont revenus
13:32 parce qu'on ne les a pas intégrés au processus de paix
13:36 ou au processus démocratique vers lequel allait le pays.
13:40 De toute manière, ces talibans ne sont pas des étrangers,
13:43 ils font partie du pays.
13:44 Et pourquoi, lorsque la coalition a pris le pouvoir,
13:47 au début des années 2000,
13:49 pourquoi ne pas avoir tendu la main vers ces gens-là ?
13:52 Je pense qu'à ce moment-là, c'était beaucoup les Etats-Unis
13:55 qui prenaient les décisions.
13:57 Ils étaient encore très en colère.
13:59 Il y avait le 11 septembre,
14:01 donc jamais, il n'y a rien qui a été fait.
14:03 Et à un moment, en 2020,
14:06 lorsque le gouvernement central était le plus affaibli,
14:11 et les talibans les plus forts,
14:13 le gouvernement Trump, à l'époque, a décidé de tendre la main aux talibans
14:18 et de dire "Basta, ça suffit, on va parler avec ces gens
14:21 et qu'ils trouvent une solution et que nous, on se barre."
14:24 Oui, c'est ça, qu'ils trouvent une solution entre eux.
14:26 Parlez-nous de Radio Begum.
14:28 Qu'est-ce que c'est ?
14:29 C'est une radio qui est faite par des femmes, pour les femmes,
14:32 qui est même en Afghanistan.
14:33 C'est possible aujourd'hui ?
14:34 Oui, parce qu'un des seuls domaines
14:37 où les femmes n'ont pas été interdites de travailler,
14:39 ce sont les médias.
14:40 Donc tant qu'on n'a pas interdit le travail des femmes,
14:43 on va être extrêmement restreint.
14:44 C'est-à-dire qu'il y a des femmes journalistes ?
14:46 Il y a des femmes journalistes, il y a des femmes présentatrices.
14:48 Journalistes, c'est beaucoup dire,
14:50 parce qu'elles ne sont pas en mesure
14:52 de vraiment d'aller sur le terrain, couvrir, etc.
14:55 Nous, on a des reporters pour la radio,
14:57 mais elles vont couvrir des sujets femmes.
14:59 Donc on va voir où les femmes travaillent,
15:01 où les femmes étudient, où s'instruisent,
15:04 parce qu'il y a quelques lieux, etc.
15:06 C'est ça qu'on couvre un petit peu.
15:08 Mais la radio Begum, pour en revenir à ça,
15:10 c'est une radio qui est faite en Afghanistan
15:12 par un groupe de 25 femmes.
15:14 On diffuse du Kaboul.
15:16 Clandestinement ?
15:17 Non, pas du tout, pas clandestinement.
15:18 Comme je l'ai dit, les médias sont autorisés à diffuser,
15:22 les médias télé, radio,
15:24 mais nous sommes très restreints.
15:26 Donc la radio Begum n'est pas une radio clandestine,
15:29 elle émet du Kaboul vers les provinces.
15:31 On a 18 antennes,
15:33 on couvre plus de la moitié du pays.
15:35 C'est 25 jeunes femmes qui font cette radio.
15:37 Elles ont des profils,
15:39 elles sont reportères,
15:40 elles sont "journalistes",
15:42 mais elles ne peuvent plus vraiment exercer.
15:44 Animatrices, surtout, profs.
15:46 Mais comment elles peuvent être profs, enseignées,
15:49 alors que l'enseignement est interdit ?
15:51 L'enseignement est interdit,
15:52 mais nous, depuis le début,
15:53 on fait des programmes radiophoniques,
15:55 des cours radiophoniques.
15:56 On emploie juste au moins des profs,
15:58 des profs d'histoire, des profs de géo, etc.
16:01 Mais comment les talibans tolèrent ça ?
16:03 Il n'y a pas un paradoxe à interdire les écoles
16:05 et à autoriser une radio
16:07 qui va finalement dispenser de l'éducation ?
16:09 Alors, nous dispensons cette éducation,
16:11 peut-être qu'ils pensent que c'est...
16:13 ça...
16:15 je ne sais pas.
16:17 Pourtant, ce n'est pas une radio cachée,
16:19 c'est une radio qui est...
16:21 Et dès le premier jour,
16:22 lorsqu'ils les talibans sont arrivés au pouvoir,
16:24 je suis allée les voir,
16:26 et je leur ai montré notre grille et nos programmes.
16:28 Donc, dès le premier jour, ils sont au courant.
16:30 Mais ils n'ont pas arrêté.
16:33 Il existe d'autres programmes,
16:36 par exemple des chaînes YouTube,
16:38 des groupes WhatsApp,
16:40 pour enseigner.
16:42 Donc, ce n'est pas tout noir ou tout blanc, ce régime.
16:46 Il y a des zones de grilles,
16:48 et nous, justement, on opère dans ces zones de grilles.
16:50 - Et qui sont les femmes qui vous écoutent ?
16:53 - Justement, Valérie,
16:55 moi, je vous ai mis un extrait de Radio Bigoum,
16:58 puisqu'il y a une libre antenne
17:00 où les femmes peuvent appeler
17:02 et expliquer leur mal-être.
17:04 Voici un extrait de Radio Bigoum.
17:06 - J'ai une fille de 15 ans.
17:08 Depuis que les écoles sont fermées et qu'elle n'y va plus,
17:10 elle est en dépression.
17:12 Elle n'arrive plus à se concentrer sur rien.
17:14 Cette situation me fait tellement de peine,
17:17 et je ne sais pas quoi faire.
17:19 Elles n'ont plus.
17:21 Et elles me demandent tout le temps
17:23 quel avenir elle peut bien avoir ici.
17:25 - Je comprends.
17:27 Elle a évidemment raison d'être inquiète pour son avenir.
17:32 - Voilà, c'est un extrait de Radio Bigoum.
17:34 Les femmes peuvent appeler Radio Bigoum
17:36 et discuter de leur mal-être.
17:38 - Je vous ai dit, on a des cours de classe radiophonique,
17:43 mais à côté de ça, nous avons tous les jours
17:46 deux heures de soutien psychologique.
17:49 Et là, ce qu'on vient d'entendre,
17:51 c'est justement un extrait de ces appels.
17:53 Pendant ces deux heures,
17:55 on a plus de 20-25 appels
17:58 de femmes qui consultent.
18:00 - Mais elles ont des portables ?
18:02 - Elles ont des portables, oui.
18:04 Elles ont des téléphones portables,
18:06 pas forcément des smartphones.
18:08 Des petits téléphones portables,
18:10 comme on en avait avant les smartphones.
18:12 D'ailleurs, beaucoup d'entre elles
18:14 écoutent la radio grâce à ces petits appareils,
18:16 parce que ça capte très bien,
18:18 comme un poste de radio.
18:20 Et pareil, elles appellent nos programmes
18:23 de soutien de santé.
18:25 Donc une femme gynécologue-abstractricienne
18:28 donne des conseils pour MULC,
18:30 et c'est des dizaines d'appels par heure.
18:33 Et idem, pour un programme religieux.
18:35 Donc à travers l'islam,
18:37 on parle des droits des femmes.
18:39 Donc c'est nos trois programmes phares, par exemple,
18:41 qui rencontrent énormément de succès,
18:43 et où on a beaucoup d'appels,
18:45 où beaucoup d'interactions.
18:47 Et pour le soutien psychologique,
18:49 les femmes qui appellent, ce sont
18:51 toutes sortes de femmes.
18:53 Au départ, lorsqu'on avait lancé la radio,
18:55 c'était principalement des citadines,
18:57 des femmes des campagnes,
18:58 prennent leur courage,
18:59 elles n'en peuvent plus.
19:01 Elles osent prendre la parole,
19:04 alors que ce sont des femmes
19:06 à qui on donne moins la parole.
19:08 - Et vous voulez lancer la télé, maintenant,
19:10 la télé Bégum.
19:11 Qu'est-ce que ça apporterait,
19:13 la télé par rapport à la radio ?
19:15 - Alors, nous avons lancé...
19:17 - Ah, c'est déjà lancé ?
19:18 - C'est déjà lancé, le 8 mars.
19:20 Nous avons lancé la télé Bégum, depuis Paris.
19:22 Alors ça, c'est notre organisation en France
19:24 qui l'a lancée.
19:26 Nous avons vraiment démarqué les deux initiatives.
19:28 Parce que la radio, c'est en Afghanistan,
19:30 et c'est par notre entité afghane.
19:32 Et la télévision, Bégum TV,
19:35 s'est lancée depuis Paris,
19:37 depuis nos bureaux ici.
19:39 Et nous avons enregistré, comme je vous ai dit,
19:41 on a les cours radiophoniques,
19:42 on a les programmes scolaires,
19:44 on les a enregistrés en vidéo.
19:46 Ce sont des milliers,
19:47 c'est plus de 8500 vidéos,
19:49 en deux langues.
19:50 Et nous diffusons ça,
19:52 à longueur de journée, en boucle.
19:54 Donc, pour pouvoir permettre l'image.
19:56 Parce qu'avec la radio, on était restreint.
19:58 Les sciences, les maths,
20:00 c'était pas possible.
20:01 On avait à peu près 5-6 branches
20:03 qui étaient enseignables à travers la radio.
20:06 - Et d'un point de vue technique,
20:07 comment elles reçoivent ?
20:08 Il y a des satellites, il y a des paraboles ?
20:10 - Tout à fait.
20:11 C'est une chaîne satellite.
20:13 Elle est...
20:15 On la reçoit dans un bouquet satellite
20:17 qui diffuse vers l'Afghanistan.
20:19 Et plus de 60, selon un dernier sondage BBC,
20:22 récemment, plus de 60% de la population afghane
20:25 est équipée de récepteurs satellites.
20:28 Donc, plus de...
20:29 Et ce chiffre-là va un peu...
20:31 Malgré la pauvreté,
20:32 les gens investissent quand même.
20:34 - Ils ont rien à manger et ils ont quand même la télé.
20:36 - Oui, ça on l'avait déjà avant.
20:38 Les gens étaient largement équipés en télévision.
20:40 Parce que les médias, c'était un peu le success story
20:43 de ces 20 dernières années.
20:45 Il y a eu un boom énorme.
20:46 Et comme c'est le seul moyen de distraction,
20:49 le seul moyen de s'informer,
20:51 les gens en ont.
20:52 Et il faut dire une chose,
20:54 c'est que lorsqu'on a une connexion satellite,
20:56 ça ne veut pas dire qu'on paye tous les mois.
20:58 C'est un investissement en une seule fois.
21:01 - Il y a de la publicité sur Radio Begum ?
21:03 Vous avez des annonceurs ?
21:04 - On a des annonceurs institutionnels,
21:07 des campagnes de vaccins, etc.
21:09 Pour l'instant, pas trop de commercial,
21:11 mais on espère en avoir un peu de téléphonie mobile.
21:13 - On peut parler du livre qui est très beau.
21:15 Les illustrations sont magnifiques.
21:17 Les illustrations, c'est une chose.
21:18 Et puis, il y a les textes
21:20 avec des personnalités engagées,
21:23 des personnalités pour qui l'Afghanistan a un sens.
21:27 Il y a Radha Gadem, qui est gynécologue.
21:30 Il y a Patrick Cohen, notre confrère.
21:33 Solène Chalvon, qu'on avait reçue ici
21:35 et qui a passé pas mal de temps.
21:37 Chacun a un angle et parle de ses femmes.
21:39 C'est très émouvant.
21:40 Ses textes sont tous assez bouleversants
21:43 parce qu'ils témoignent d'un attachement
21:45 pour un pays très attachant,
21:46 pour tous ceux qui ont eu à connaître
21:49 l'Afghanistan, ou en tout cas,
21:50 l'histoire de l'Afghanistan,
21:51 ou à connaître des Afghans.
21:53 On ne peut pas rester insensible à ce peuple.
21:55 - Exact. Je suis d'accord avec vous.
21:58 Et effectivement, il y a des personnes
22:00 qui ne sont jamais allées en Afghanistan,
22:02 mais qui ont quand même voulu y participer.
22:04 Je trouve ça beau parce que, justement,
22:06 c'est un regard neuf, un regard de distance,
22:08 mais aussi à la pâle du cœur.
22:10 Et puis, les personnes, mes amis proches
22:14 qui connaissent très bien l'Afghanistan,
22:16 on s'est toutes rencontrées sur le terrain.
22:18 Je pense à Manon Brunette-Kerouil,
22:22 Solène Chalvon, mais aussi...
22:25 - Il y a Sophia Aram.
22:27 - Sophia Aram, qui nous accompagne
22:29 depuis presque deux ans maintenant.
22:32 Mais Isabelle Romme, bien sûr.
22:35 Et toutes ces personnalités,
22:37 Sophia Aram, Gila Clara Gessous,
22:43 et Radha Atem aussi,
22:47 qui sont des personnes qui nous soutiennent
22:50 depuis plus de deux ans,
22:52 et qui ont voulu mettre par écrit
22:57 justement ce regard et cette sororité.
23:00 - Il y a cette phrase terrible,
23:03 justement, de Radha Atem, qui dit
23:05 "Comment peut-on passer du ministère
23:07 des Affaires féminines à un ministère
23:09 pour la promotion de la vertu
23:11 et la régression du vice ?
23:13 Dans quel cerveau tordu, voire vicieux,
23:15 ce concept a-t-il pu naître ?"
23:17 Il y a ce texte formidable aussi
23:19 de Patrick Cohen sur les cerfs-volants.
23:21 Pourquoi Dieu a inventé les femmes
23:23 et les cerfs-volants, vous l'irez.
23:25 Il y a énormément de...
23:27 Et franchement, les illustrations,
23:29 parce qu'elles sont très puissantes,
23:31 c'est une page, c'est un dessin,
23:33 et elles sont à chaque fois vraiment très très belles.
23:35 On peut citer Marc-Antoine Coulon,
23:37 on peut citer Marjane Satrapi,
23:39 franchement, très beau livre.
23:41 - Merci, c'est très coloré aussi.
23:43 - Les illustrations le rendent rejoué,
23:45 parce que les textes sont beaux,
23:47 peuvent être durs, touchants.
23:49 Il ne faut pas oublier aussi
23:51 que ce livre a justement
23:53 donné une grande place à la voix,
23:55 à celles qui font la radio.
23:57 Donc non seulement les journalistes,
23:59 les animatrices de la radio,
24:01 mais aussi ces jeunes filles, ces collégiennes,
24:03 qui viennent tous les jours enregistrer
24:05 des cours radiophoniques dans nos locaux,
24:07 et à qui j'ai voulu rendre hommage,
24:09 parce que souvent on me demande
24:11 "Mais qu'est-ce qui vous fait courir autant,
24:13 prendre autant de risques ?"
24:15 Et bien ce sont ces jeunes filles,
24:17 ces collégiennes, parce que moi je suis une mère
24:19 de deux enfants qui ont 15 et 13 ans,
24:21 qui ont exactement l'âge de ces filles,
24:23 à qui on prive de futur,
24:25 d'avenir et d'espoir,
24:27 et c'est ça qui me fait courir.
24:29 Pour moi c'était essentiel.
24:31 - Essentiel de faire ça.
24:33 - Et on ne les entend jamais, on ne l'entend pas,
24:35 d'être des femmes, mais pas ces petites filles.
24:37 - L'invisibilisation des femmes afghanes,
24:39 le parler, le dire, le rappeler à chaque fois,
24:41 résistance, renaissance,
24:43 c'est un collectif que je vous conseille,
24:45 des petits textes courts, très beaux, très puissants.
24:47 Merci à vous d'avoir été avec nous,
24:49 Amida Amman, et puis Radio Bégum,
24:51 évidemment, qu'on soutient
24:53 de toutes nos forces.
24:55 On se retrouve dans un instant
24:57 pour parler série télé, à tout de suite.
24:59 - Sud Radio, le supplément média.
25:01 - Le supplément média,
25:03 avec Romain Nijita,
25:05 bonjour, vous êtes critique série pour Téléstar,
25:07 on vous connaît bien sur Sud Radio,
25:09 on vous aime beaucoup parce que vous nous donnez
25:11 plein de bons conseils,
25:13 et de conseils aussi, de choses à ne pas regarder.
25:15 - Les bronzés, le Yann Canne.
25:17 - Oui, vous étiez à Canne Série,
25:19 et vous allez nous raconter
25:21 un petit peu ce que vous avez vu
25:23 là-bas, vous avez vu des vedettes ?
25:25 - J'ai vu des vedettes, il y avait Jason Prisley,
25:27 Kel MacLachlan, Michael Douglas.
25:29 - Des très bonnes séries,
25:31 et des moins bonnes.
25:33 - On va vous demander une liste,
25:35 qu'est-ce que ça s'est passé à Canne Série ?
25:37 C'était intéressant, il y a des choses...
25:39 Quelle est la tendance plutôt ?
25:41 - Il y a deux tendances,
25:43 il y a la tendance biopique, il y a beaucoup d'histoires vraies,
25:45 aussi bien dans les séries qui étaient
25:47 en compétition que hors compétition.
25:49 Par exemple, dans les séries
25:51 hors compétition, il y avait Franklin,
25:53 qui est une mini-série avec Michael Douglas.
25:55 C'est formidable, ça se fait sur Apple,
25:57 c'est déjà sur Apple TV.
25:59 C'est l'histoire de Benjamin Franklin,
26:01 l'un des pères de la Constitution américaine,
26:03 qui vient en France pour demander l'aide
26:05 du roi Louis XVI dans
26:07 la guerre d'indépendance contre les Etats-Unis.
26:09 C'est une grosse série historique, énorme décor,
26:11 costumes, tourné véritablement
26:13 à Versailles, c'est très impressionnant,
26:15 et en plus c'est très drôle.
26:17 Si vous vous souvenez du film "Ridicule", on est vraiment dans cette ambiance.
26:19 Ce côté, il faut un peu convaincre
26:21 tous les gens de la cour autour du roi,
26:23 mais avec son esprit, avec les mœurs
26:25 de l'époque, même s'ils sont parfois un peu étonnantes
26:27 pour cet Américain.
26:29 Vraiment, une très belle série.
26:31 On a vu également à Cannes
26:33 "Becoming Karl Lagerfeld",
26:35 qui sera diffusé à partir du mois de juin
26:37 sur Disney+, et c'est donc, comme le titre l'indique,
26:39 un biopic de Karl Lagerfeld, d'après le livre
26:41 de Raphaël Baquet, la journaliste du monde.
26:43 Oui, bien sûr, qui avait fait un très bon...
26:45 Qui s'appelait Kaiser Karl, le livre.
26:47 Autant le livre couvrait toute la vie de Lagerfeld,
26:49 là par contre la série ne se concentre que sur les années
26:51 70, vraiment sa rivalité
26:53 avec Yves Saint Laurent, rivalité autant
26:55 professionnelle qu'amoureuse, et c'est vraiment
26:57 l'époque où... - Oui, parce qu'ils ont un amant en commun,
26:59 tout à fait. - Ils se sont piqués.
27:01 Et à cette époque-là, Saint Laurent
27:03 émerge comme un nom très célèbre,
27:05 alors que Lagerfeld, lui, travaille pour d'autres.
27:07 Pour d'autres, et plus dans l'ombre.
27:09 Et c'est là qu'il se dit "mais il faut aussi que mon nom
27:11 soit connu". Ça c'est vraiment... - Donc ça c'est très bien.
27:13 Très réussi. On a
27:15 vu dans le même genre de biopic, "Maxima",
27:17 un peu plus curieux, c'est
27:19 l'histoire de la reine de Hollande,
27:21 qui est une jeune femme d'origine argentine,
27:23 elle rencontre le prince
27:25 à la fin des années 90,
27:27 c'est un peu vendu comme le nouveau "The Crown",
27:29 moi j'irais pas jusque-là, quand même,
27:31 ça fait plus télé-nouvella.
27:33 Ils sont mignons, ils sont charmants,
27:35 mais enfin voilà, ça casse pas à trois pattes, un canard.
27:37 - On vous déconseille "Maxima".
27:39 - Oh, ça peut se regarder en après-midi.
27:41 - Ça peut se regarder. - Voilà, c'est sympathique.
27:43 Et un peu plus
27:45 sérieux, on va dire, en compétition, il y avait une excellente
27:47 série serbe sur l'assassinat
27:49 du premier ministre serbe au début des années 2000,
27:51 et toutes les conséquences, l'enquête derrière
27:53 pour trouver qui l'a assassiné, il y a une collusion
27:55 entre l'ancien militaire et la mafia,
27:57 c'est un petit peu complexe, mais une fois qu'on est dedans,
27:59 - C'est sur quelle plateforme ?
28:01 - Pour l'instant, c'est pas encore distribué, c'était dans la compétition,
28:03 et c'est cette série-là qui a remporté le prix
28:05 d'interprétation pour toute la distribution
28:07 de la série. - Mais juste pour nos auditeurs,
28:09 quand vous êtes dans ce festival-là,
28:11 on vous diffuse un épisode, deux épisodes,
28:13 vous en voyez combien ? - On en voit deux.
28:15 - Ah d'accord. - On voit deux épisodes,
28:17 c'est la même chose pour le jury qui
28:19 remet les prix à la fin, c'est vrai qu'on voit pas toute
28:21 la saison, parce que déjà, ça serait malheureusement
28:23 trop long, mais c'est aussi là qu'on voit
28:25 si c'est une bonne série, parce que si on a envie d'en voir
28:27 plus, c'est bon signe. - Ça veut dire que ça fonctionne bien.
28:29 - Si on se dit "là j'en ai assez vu, j'en sais pas la peine d'en voir
28:31 la suite", là par contre... - Qui a remporté
28:33 le prix de la meilleure série ?
28:35 - Alors le grand prix, c'est une série allemande qui s'appelle
28:37 "The Zweiflers", c'est le nom de la famille,
28:39 c'est la famille Zweiflers,
28:41 c'est une comédie dramatique allemande,
28:43 très surprenante, puisque ça débute
28:45 lorsque le petit-fils
28:47 de la famille revient en Allemagne
28:49 avec sa fiancée qui est enceinte, et la fiancée
28:51 va découvrir cette famille qui est
28:53 un peu barrée,
28:55 le grand-père a fait fortune
28:57 dans la charcuterie, mais va vendre son affaire,
28:59 au moins il veut la vendre, on se rend compte qu'il y a
29:01 des trucs un peu louches qu'il a fricotés avec la
29:03 mafia, la mère, elle, est
29:05 très présente et essaye absolument
29:07 de se convaincre
29:09 elle-même que la fiancée du fils
29:11 va s'intégrer à la famille, mais elle est
29:13 vraiment trop présente, beaucoup trop,
29:15 donc on navigue comme ça dans un peu
29:17 un choc des cultures, ça revient un peu sur
29:19 l'histoire de l'Allemagne, puisque le grand-père a vécu
29:21 avec le low-cost,
29:23 donc c'est un mélange des tons, un mélange
29:25 des genres qui est très original, mais qui fonctionne.
29:27 - Et ça sera diffusé sur quelle plateforme,
29:29 on le sait ou pas encore ? - Pour l'instant, on ne sait pas, la plupart des séries
29:31 en compétition, lorsqu'elles sont diffusées au festival,
29:33 c'est vraiment des avant-premières, elles n'ont été diffusées
29:35 nulle part, à part peut-être dans leur pays d'origine,
29:37 et ça va convaincre peut-être
29:39 des chaînes françaises de les acheter, c'est ce qui se passe souvent
29:41 en général, six mois, un an après,
29:43 il y a des chaînes françaises qui vont diffuser les séries
29:45 de l'édition précédente. - Alors il y avait une
29:47 grande série française qui était attendue, puisque la
29:49 conférence de presse avait lieu,
29:51 KKAN, c'est Terminal, qui est
29:53 le nouveau, la nouvelle série
29:55 avec Djamel Debbouze, et moi j'ai lu
29:57 votre Facebook, vous avez écrit
29:59 "la conférence de presse est beaucoup plus drôle
30:01 que la série". - En effet, j'ai
30:03 pu voir tous les épisodes
30:05 que Canal+ a mis à disposition
30:07 de la presse, ils en avaient choisi
30:09 trois, et c'était pas les trois premiers, c'était
30:11 le un, le trois et le cinq, donc on peut dire
30:13 qu'on avait peut-être choisi les meilleurs,
30:15 donc ça laisse songeur sur les autres
30:17 épisodes, et c'est en effet une série
30:19 qui est co-créée et
30:21 co-réalisée par Djamel Debbouze,
30:23 il joue un petit rôle dans un épisode seulement, mais c'est pas lui
30:25 la vedette à l'écran, la vedette c'est Ramzy,
30:27 donc il le retrouve quasiment
30:29 25 ans après Hache,
30:31 en tout cas pour moi c'était une énorme déception,
30:33 j'étais vraiment très client de Hache. - Et c'est quoi, c'est censé
30:35 être comique ? - C'est une sitcom tournée en public,
30:37 comme l'était Hache, comme le sont
30:39 toutes les grandes comédies américaines, Seinfeld,
30:41 France, etc. - Donc pas au niveau.
30:43 - Et ça se passe dans un aéroport,
30:45 c'est l'équipe d'une
30:47 compagnie low-cost avec un
30:49 capitaine, un pilote joué par Ramzy
30:51 qui est complètement déjanté, il y a les
30:53 stewards, il y a les personnels au sol,
30:55 et c'est très caricatural, c'est
30:57 pas très drôle, certains acteurs
30:59 secondaires ne jouent franchement pas très bien,
31:01 notamment une jeune femme qui s'appelle Laurine, qui vient d'Instagram,
31:03 dont c'est le premier rôle, malheureusement ça se voit,
31:05 les seuls moments un peu
31:07 drôles ce sont les moments dont on sent qu'ils sont
31:09 clairement improvisés, il y a notamment un épisode
31:11 dans lequel Sherman Jamel apparaît, il joue le responsable
31:13 de la sécurité de l'aéroport, il fait good cop, bad cop
31:15 avec Ramzy, là c'est très drôle, on sent qu'il s'amuse
31:17 avec eux, mais le reste est quand même
31:19 francement poussif. - Un auditeur me dit
31:21 c'est Stéphane qui est fan de série,
31:23 il y a une polémique concernant Stallone
31:25 dans King of Tulsa.
31:27 - Tulsa King, qui est la série que Stallone
31:29 sur Paramount+ dans laquelle il joue un mafieux
31:31 qui se retrouve dans une petite ville au milieu des Etats-Unis,
31:33 oui il y a une polémique depuis quelques jours
31:35 dont on ne connaît pas trop les tenants et les aboutissants,
31:37 certains figurants
31:39 sur le tournage de la saison 2 qui se tournent en ce moment
31:41 se sont plaints parce que selon eux
31:43 le réalisateur de l'épisode et Stallone
31:45 auraient fait des commentaires désobligeants
31:47 sur ces figurants, disant qu'ils étaient
31:49 trop vieux, trop moches, trop gros
31:51 et qu'ils demandaient plutôt à voir autour d'eux
31:53 des jeunes femmes, des gens habillés à la mode
31:55 etc. Pour l'instant on n'a pas eu le son
31:57 de cloche de l'équipe de tournage de la série
31:59 - Et c'est bien ou pas ?
32:01 - La série, nonobstant,
32:03 j'ai adoré la première saison,
32:05 Stallone a un charisme
32:07 absolument intact, il joue
32:09 beaucoup avec l'humour, sur le côté
32:11 "j'impressionne les gens mais en fait dès que je suis tout seul
32:13 je suis un pauvre gars de 75 ans
32:15 qui n'arrive pas à coucher avec des femmes"
32:17 Il y a un peu cette histoire-là, il y a le côté romantique mais je suis vieux,
32:19 je n'arrive pas à recontacter ma fille parce qu'il sort de prison
32:21 Donc il joue un peu avec son image,
32:23 il joue avec sa légende, c'est
32:25 une belle comédie dramatique.
32:27 - Et puis il y a une série qui est en train d'être
32:29 il y a beaucoup de promotion autour d'elle,
32:31 sur Prime Vidéo, c'est Fallout, vous la conseillez ?
32:33 - Fallout qu'on a vu justement en avant-première
32:35 hors compétition à Cannes.
32:37 Je vous la conseille si vous êtes fan de science-fiction
32:39 un peu déjantée.
32:41 C'est l'adaptation d'un jeu vidéo, ça se passe dans le futur,
32:43 un futur post-apocalyptique
32:45 dans lequel il y a une jeune femme qui a vécu
32:47 toute sa vie dans un bunker,
32:49 son père est kidnappé par une bande de méchants
32:51 et donc elle va sortir pour la première fois de sa vie de bunker
32:53 et découvrir ce que sont devenus les Etats-Unis.
32:55 C'est un espèce de
32:57 Mad Max déjanté avec des gens qui se
32:59 prennent pour des cow-boys, d'autres qui se prennent pour des chevaliers robotiques
33:01 C'est un grand melting pot
33:03 de plein de trucs, c'est assez trash.
33:05 - Elle est restée enfermée le temps d'une explosion atomique
33:07 - Elle est 200 ans après l'explosion
33:09 donc elle a vécu toute sa vie dans ce bunker, elle n'a jamais connu
33:11 le monde extérieur. - Elle n'a pas vécu 200 ans.
33:13 - Non, elle n'a pas vécu 200 ans, mais elle fait partie des
33:15 groupes humains qui ont vécu sous terre pendant 200 ans
33:17 - Et elle revient à la...
33:19 - Elle découvre l'extérieur avec son regard un peu naïf
33:21 et va découvrir plein de choses dont elle n'a pas idée.
33:23 Donc voilà, si vous aimez la science-fiction,
33:25 l'action, le trash, l'humour un peu noir,
33:27 c'est pour vous. Si c'est pas votre truc, si c'est pas votre tasse de thé,
33:29 franchement, c'est pas la peine de commencer.
33:31 - On peut passer notre chemin. - Il y a une série française
33:33 qui vous a marqué ? - Ah, Cannes série ?
33:35 - Oui.
33:37 - Bah, Lagerfeld, c'est une série française,
33:39 c'est produit par Gaumont.
33:41 Pour Disney, ça se passe quasiment que à Paris.
33:43 Il y a une autre comédie
33:45 que Terminal, qui est un peu plus réussie,
33:47 qui s'appelle Fiasco, qui est avec Pierre Ninet pour Netflix.
33:49 - Vous allez rééprouver.
33:51 - Ah oui, je prends des notes.
33:53 - On pourrait dire que ça porte bien son nom,
33:55 parce que c'est pas une totale réussite, mais c'est plutôt pas mal.
33:57 C'est le faux making-of du tournage
33:59 d'un film qui tourne au fiasco, justement.
34:01 Il y a un jeune réalisateur inexpérimenté,
34:03 joué par Pierre Ninet lui-même.
34:05 Il y a des acteurs comme Geraldine Nakache,
34:07 comme Vincent Cassell dans cette série.
34:09 C'est plutôt drôle, sans être la comédie
34:11 dont on se souviendra. - Est-ce qu'il y a des suites
34:13 attendues, qui arrivent ?
34:15 Je pensais à Michael Douglas, la méthode
34:17 Kaminsky, qu'il y en aura d'autres ou pas ?
34:19 - C'est terminé, c'est pour ça qu'il a pris une tournée.
34:21 - Stéphane demande, est-ce que Cobra Kai,
34:23 Stranger Things et Sandman, il y aura des suites ?
34:25 - Alors, Cobra Kai, oui.
34:27 Ils sont en train de tourner l'ultime saison,
34:29 qui sera la saison 6, si je dis pas de bêtises.
34:31 Cobra Kai, c'est issu de Karate Kid.
34:33 En fait, on retrouve les personnages de Karate Kid, quand ils sont devenus adultes,
34:35 30 ans plus tard. Stranger Things, ils sont en train de tourner
34:37 la cinquième saison, qui sera la dernière,
34:39 et qu'on devrait voir, a priori, l'année prochaine.
34:41 Si vous êtes impatients, en ce moment, à Londres,
34:43 il y a un spectacle sur scène. - Ah, vous avez en parlé, absolument.
34:45 - C'est pas une comédie musicale, c'est une pièce de théâtre.
34:47 Ça se passe dans les années 50,
34:49 c'est un peu les origines des méchants
34:51 qu'on a un peu découvert dans la saison 4.
34:53 C'est mis en scène par Stephen Daldry,
34:55 qui est un grand metteur en scène de cinéma,
34:57 et c'est lui qui avait réalisé les premiers épisodes de The Crown.
34:59 Donc, c'est une énorme production.
35:01 Faut vous y prendre à l'avance pour avoir des places.
35:03 - Exactement, et ils ont eu hier,
35:05 des Oliver Awards,
35:07 justement sur tout le théâtre et les comédies musicales.
35:09 Et Stranger Things a eu
35:11 deux Oliver Awards hier,
35:13 sur cette pièce de théâtre qui est incroyable.
35:15 Je vais aller la voir au mois de mai,
35:17 je sais que vous vous en fichez Valérie,
35:19 mais je vous le dis,
35:21 je vais aller la voir.
35:23 - Dans les choses qu'il y a en ce moment sur les plateformes,
35:25 qu'est-ce que vous avez des coups de cœur,
35:27 des conseils ? - Oui, et moi je voulais vous demander
35:29 si l'Ukraine... - Il vient de poser une question.
35:31 - Oui, mais il va répondre, parce qu'on a travaillé l'émission.
35:33 - Je suis très bordé.
35:35 - Je voulais savoir si l'Ukraine, et du coup,
35:37 il va parler d'un truc sur les plateformes,
35:39 l'Ukraine et Israël, ce qui se passe là-bas,
35:41 et si on sait certaines séries. - Alors, sur ce qui se passe en ce moment
35:43 en Israël, il n'y a pas encore,
35:45 ils n'ont pas encore eu le temps de produire des séries, mais il y a des séries qui existent déjà,
35:47 que vous pouvez voir, qui rappellent ce qui se passe en ce moment.
35:49 Sur Apple TV+, il y a une série
35:51 qui s'appelle "Téhéran", sur une espionne
35:53 israélienne qui est infiltrée
35:55 en Iran. Dans la saison 2,
35:57 il y a même Glenn Close. - C'est très vieux.
35:59 - C'est une série un peu façon "Homeland",
36:01 si vous aimez ce genre-là. Il y a Fauda aussi,
36:03 qui parle beaucoup des relations justement.
36:05 - Et sur l'Ukraine, vous m'avez parlé de quelque chose sur la plateforme.
36:07 - Ils ont eu le temps, ça y est, de tourner
36:09 deux séries, tournées en Ukraine,
36:11 qui parlent du conflit. Les deux sont
36:13 visibles sur France.tv, donc c'est gratuit.
36:15 La première s'appelle "In Her Car",
36:17 donc "Dans sa voiture", c'est l'histoire d'une psychiatre
36:19 qui va aider des gens à aller d'un bout à l'autre
36:21 du pays avec sa voiture, et qui va un peu
36:23 parler avec eux, parler de leur trauma.
36:25 Chaque épisode, ça va être un passager
36:27 différent. Et encore plus réussi,
36:29 une autre qui s'appelle "Ceux qui restent".
36:31 Ça porte bien son nom, ça parle des gens qui sont restés à Kiev.
36:33 Pareil, chaque épisode, c'est une situation
36:35 différente. L'une, ça va être un groupe de SDF,
36:37 un père avec son fils. L'autre,
36:39 c'est une famille recomposée.
36:41 Un autre épisode, c'est carrément les employés du zoo
36:43 de Kiev. Voilà comment ils font pour se débrouiller
36:45 quand il n'y a plus d'eau, plus d'électricité, plus de nourriture pour
36:47 les animaux. Donc moi, je vous conseille
36:49 vraiment "Ceux qui restent" sur France.tv.
36:51 - Et alors, vos coups de cœur à vous, en ce moment ?
36:53 - Coups de cœur actuel ? Sur France.tv,
36:55 justement, je suis désolé, c'est le hasard, mais
36:57 il y a une très jolie série québécoise qui s'appelle "À propos
36:59 d'Antoine". Antoine, c'est
37:01 un jeune garçon autiste et
37:03 handicapé moteur. Et en fait,
37:05 ça va être un peu le coup de cœur d'une jeune femme
37:07 qui, en fait, la nouvelle petite amie du père d'Antoine,
37:09 elle va devoir intégrer cette nouvelle famille, découvrir sa nouvelle
37:11 belle-mère, l'ex de son nouveau copain
37:13 et ses enfants, dont ce petit Antoine.
37:15 C'est très touchant, c'est très drôle
37:17 par moment. Ça parle frontalement
37:19 du handicap. Donc vraiment,
37:21 ça, c'est une très belle série.
37:23 - Sur Arte, il y a des bonnes séries aussi.
37:25 - Sur Arte, il y a des très bonnes séries. Alors, j'en ai pas
37:27 noté, là, actuellement. - Non, moi non plus, ça me revient pas,
37:29 mais il y a des trucs très bien. - Récemment, ils ont mis
37:31 en ligne, par exemple, la nouvelle saison de
37:33 "The Split", qui est une série judiciaire
37:35 britannique sur une avocate qui est spécialisée
37:37 dans les divorces. Et dans cette nouvelle saison,
37:39 la troisième saison et la dernière,
37:41 elle va elle-même passer par un divorce.
37:43 - C'est génial, c'est une série formidable.
37:45 - Et je peux vous en conseiller une,
37:47 qui est un coup de cœur, mais très, très, très
37:49 dark. Donc, réservée
37:51 aux plus adultes de vos auditeurs
37:53 et auditrices, sur Netflix,
37:55 une série britannique qui s'appelle "Mon petit renne".
37:57 C'est un titre pareil, on peut dire que c'est un truc pour enfants.
37:59 Pas du tout. "Mon petit renne", c'est le surnom
38:01 que donne une stalkeuse
38:03 à un jeune barman dont elle tombe amoureux.
38:05 Mais une stalkeuse qui est... - Je sais pas ce que c'est une stalkeuse.
38:07 - Une stalkeuse, c'est une harceleuse, pardon.
38:09 Qui va le suivre partout, lui envoyer des messages.
38:11 Et ce harcèlement va réveiller
38:13 chez ce jeune homme un trauma qu'il a vécu
38:15 quelques années auparavant. Voilà, je vous en
38:17 dis pas plus. C'est très surprenant, mais
38:19 très, très sombre. Donc, vraiment, il faut avoir le cœur bien
38:21 accroché. - Très bien. Moi, j'ai pris des notes,
38:23 en tout cas, pour viendre. - Du vide, j'ai vu.
38:25 - Romain Nijita, merci beaucoup. Téléstar
38:27 toutes ces semaines. - Toujours aussi brillant.
38:29 - Et on se retrouve, nous, pour les commentaires de l'actualité.