Lundi 15 avril 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) et John Plassard (Spécialiste en investissements, Mirabaud)
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00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h pour la grande édition si vous nous suivez en direct sur Bsmart TV
00:18 et en supplément le lundi à la mi-journée pendant une demi-heure pour balayer les enjeux du moment sur les marchés après un week-end marqué évidemment par un regain de tensions géopolitiques au Moyen-Orient et les attaques de l'Iran contre Israël.
00:35 C'est un risque géopolitique évidemment qui monte et qui doit être analysé par les experts de la géopolitique mondiale.
00:42 Quand on en vient au marché, les investisseurs ont toujours un peu de réticence à pricer des risques extrêmes en matière géopolitique et ça semble être le cas à nouveau aujourd'hui.
00:54 Le marché ne fait pas d'une escalade, d'un embrasement généralisé dans la région un scénario central à ce stade.
01:01 On voit des indicateurs de stress ou des indicateurs d'aversion au risque qui restent tout à fait mesurés d'autant que pour de nombreuses classes d'actifs, les tensions étaient déjà visibles avant même ce week-end de conflits et de tensions augmentées entre l'Iran et Israël
01:19 puisque l'étau était déjà à la hausse à plus de 4,50 sur le disant américain et on s'approche désormais des 4,60.
01:27 Le dollar était déjà sur une trajectoire haussière depuis de nombreuses semaines. Le dollar a signé même la semaine dernière sa meilleure semaine depuis septembre 2022.
01:36 Et les matières premières également que ce soit l'énergie, les métaux industriels ou les métaux précieux, le complexe des matières premières était lui aussi déjà sur une trajectoire haussière avant les attaques de l'Iran contre Israël.
01:48 On le trouve même d'ailleurs que les cours du brut ont plutôt tendance à se détendre en ce début de semaine et l'indicateur de volatilité du marché actions qui est remonté tout au long de la semaine dernière se stabilise autour de 17 pour le VIX américain.
02:02 Voilà pour la situation des marchés. Nous en parlons dans un instant avec John Plassard, spécialiste en investissement chez Mirabeau qui sera avec nous en visioconférence et puis chaque lundi à la mi-journée.
02:12 C'est notre rendez-vous américain. Nous retrouverons Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain pour notre quart d'heure américain hebdomadaire. Nous évoquerons évidemment la politique américaine et les enjeux business également avec une fusion controversée.
02:27 Le rachat de US Steel par Nippon Steel se fera-t-il ? Les actionnaires de US Steel sont très favorables à la fusion. A l'inverse, la sphère politique et l'administration Biden est prête peut-être à mettre son veto à ce rapprochement.
02:42 Les explications de Pierre-Yves Dugas dans quelques minutes au démarrage d'une semaine qui démarre positivement sur les indices actions.
02:49 Il faut le noter avec un rebond notamment des indices en Europe. Une semaine qui sera marquée par la poursuite et la montée en puissance des résultats d'entreprises ainsi que par la publication des ventes au détail aux Etats-Unis ce jour et du PIB chinois pour le premier trimestre dans les prochaines heures au cours de la nuit prochaine.
03:17 Mais d'abord la situation de marché au lendemain de ce week-end de tensions renouvelées entre l'Iran et Israël avec une attaque même inédite de drones, de missiles iraniens contre Israël.
03:29 Et John Placard qui est avec nous en visioconférence, spécialiste en investissement de la banque Mirabeau avec nous.
03:34 Donc en visio je le disais John, que dire de la situation évidemment quand on regarde et quand on écoute ce que nous disent les indicateurs de marché, les investisseurs n'ont pas envie de faire de l'embrasement généralisé au Moyen-Orient, un scénario central aujourd'hui.
03:51 Oui tout à fait et je pense que Grégoire il faut regarder la réaction des marchés non pas aujourd'hui mais ce qui s'est passé la semaine passée.
03:58 Vous l'avez dit on était dans une situation où je pense que sans être un géopoliticien c'était l'attaque la plus prévisible puisqu'elle avait été annoncée par le gouvernement israélien mais aussi par les services de renseignement américains et britanniques.
04:14 L'attaque la plus attendue je dirais de toute l'histoire dans la région.
04:22 Alors ça c'est la première des choses donc on s'y attendait et les mouvements de marché très important dont vous avez parlé notamment sur le prix du baril de pétrole ont eu lieu jusqu'à vendredi après-midi où le baril a fortement progressé avant de baisser sur les attentes de cette attaque.
04:41 La deuxième des choses c'est que ce qu'on peut dire aussi et ce qu'on relève ici c'est que la tendance sur l'or ne date pas d'hier et je dirais que ça a mis un nouvel échiquier dans la composition de tous les éléments qui poussent à un rachat pour l'or.
05:01 Et ce qui est très intéressant de noter ici c'est que l'or a progressé et progresse aussi ce matin malgré la hausse du dollar, dollar considéré aussi comme une valeur refuge.
05:13 Et juste une chose il faut le rappeler c'est que de nouveau on entendait plusieurs économistes affirmer que c'était la fin du dollar ces dernières semaines et on voit que évidemment dès qu'il y a des tensions géopolitiques et bien le dollar et bien continue à être une valeur refuge tout comme le franc suisse.
05:33 L'autre chose qui est aussi très intéressante de noter c'est les crypto devises, les crypto monnaies et le bitcoin alors pas ce matin mais vendredi aussi comme les autres et on a vu qu'il s'est effondré largement en perdant près de 10% avant de rebondir quelque peu et on a vu que le bitcoin fait office maintenant lorsqu'on y regarde de plus près vraiment d'un actif risqué.
05:58 Alors on va dire c'est évident mais il évolue je dirais vraiment comme un actif risqué ce qui n'était pas le cas avant on ne savait pas vraiment où le catégoriser.
06:08 Non certains parlaient du bitcoin comme de l'or numérique même à un moment John.
06:12 Exact tout à fait, tout à fait on voit que c'est pas le cas, dès qu'il y a certaines tensions entre guillemets les gens sortent des crypto devises avant d'y revenir comme on l'a vu ce matin mais il y a un lien.
06:24 Donc il ne faut pas oublier parce qu'effectivement c'est difficile de mettre ça en parallèle avec l'or et puis chose assez intéressante et vous l'avez dit Grégoire ça faisait depuis novembre 2023 que le VIX c'est à dire la volatilité ne bougeait pas du tout et enfin elle est sortie de sa torpeur, il est sorti de sa torpeur en arrivant sur les 17 alors il sera alimenté ou pas ces prochains jours par les tensions géopolitiques mais aussi ce qui va se passer sur les marchés.
06:53 Puisque évidemment on a d'un côté le début de la publication des résultats des entreprises et de l'autre côté la réunion de la fête la semaine prochaine donc la volatilité potentiellement pourrait trouver une souche dans ces trois éléments.
07:07 Oui effectivement alors au delà du facteur géopolitique qui peut toujours à la marge avoir un impact sur les prix des grandes classes d'actifs si on regarde les fondamentaux de l'économie américaine la réunion de la fête c'est 31 avril 1er mai la décision de la fête sera rendue le 1er mai John.
07:24 Est-ce que l'économie américaine peut permettre à la réserve fédérale américaine dans sa communication du 1er mai de continuer à signaler des baisses de taux à un certain point devant nous en 2024 ?
07:37 Alors c'est une question extrêmement compliquée et normalement elle ne devrait pas l'être. Pourquoi ? Parce que normalement évidemment les banques centrales ont une vision enfin on l'espère à 6 mois, 12 mois etc.
07:51 Donc savent ce qu'elles vont faire et là apparemment c'est un nouveau paradigme parce qu'ils ne veulent pas répéter les erreurs monumentales qu'elles ont fait en 2022 avec l'inflation transitoire donc elles ne veulent pas faire les mêmes erreurs de l'autre côté.
08:03 Donc on espère qu'on en aura plus mais si on regarde les messages et c'est ça qui est intéressant si on regarde les messages des membres de la fête ce week-end par exemple vous avez le président de Minneapolis,
08:13 Kashkari qui a dit qu'il ne s'attendait plus à des baisses de taux et de l'autre côté vous avez le président de la fête de New York, Williams qui lui dit qu'il s'attend à une première baisse en juin.
08:23 Donc on voit même là au travers de la communication des membres de la fête que on est complètement différent. On regarde aussi qu'on a une adaptation folle et on en avait déjà parlé ensemble Grégoire du consensus aux attentes.
08:37 On se souvient d'UBS en début d'année qui disait 11 baisses de taux et là je crois qu'ils en sont plus qu'à 2 donc il y a quand même une révision extraordinaire.
08:59 Ce qui est intéressant de noter c'est évidemment la fenêtre d'ouverture des baisses puisque faut pas oublier qu'on est dans une année électorale alors tout le monde, certains économistes vont dire que oui il n'y a pas de rapport historiquement entre l'année électorale et les banquiers centraux mais on imagine quand même qu'il y a une certaine pression et que évidemment baisser les taux en pleine élection ça va être un peu compliqué.
09:23 Donc ce sera ou avant l'été ou durant cet hiver après novembre donc c'est compliqué c'est très compliqué à ce niveau là et si on se fie fondamentalement aux data c'est ce qu'ils ont dit la data dépendance et bien on n'oublie pas de dire que les derniers chiffres de mars ont rebondi au niveau de l'inflation aux Etats-Unis le CPI bon on s'y attendait en début d'année mais on rebondit plus fortement que le consensus.
09:49 Et puisqu'on parlait avant de ce qui est en train de se passer en Iran et dans le détroit de Hormuz et bien potentiellement on peut avoir une inflation sur les prix des transports que regarde de très près la Fed et la banque centrale européenne et évidemment le prix de l'énergie et si le prix de l'énergie devait continuer à progresser, vous savez l'effet secondaire de la hausse du prix de l'énergie qui en fait se transmet à plusieurs pans de l'économie,
10:17 dont l'industrie chimique par exemple et bien on est dans une situation effectivement où c'est compliqué c'est compliqué de trouver cette porte ou fenêtre d'ouverture.
10:33 Oui fenêtre de tir serré effectivement pour la réserve fédérale américaine qui communiquera le 1er mai prochain on aura encore sans doute quelques discours de banquiers centro-américains d'ici là dans les prochains jours John si on en vient aux banques commerciales cette fois avec les premiers résultats publiés en fin de semaine dernière on a à l'instant les résultats de Goldman Sachs qui sont en train de tomber mais les investisseurs ont déjà pris connaissance vendredi des résultats de JP Morgan, Citigroup ou Wells Fargo.
10:59 C'est-à-dire que la banque qui a le plus de réactions de marché a été la banque dont les résultats ont été le plus salué on va dire vendredi John, à l'inverse JP Morgan plus grosse banque américaine a vu son cours de bourse baisser de plus de 6% vendredi après la publication de ses résultats.
11:15 Quels enseignements est-ce qu'on peut retirer de cette première salve de publication bancaire ?
11:19 Alors je dirais une chose la première chose elle est technique c'est-à-dire que JP Morgan l'action de JP Morgan était au quasi plus haut historique donc si vous décevez dans les guidance dans les prévisions et bien la sanction est très élevée et ça c'est important je pense pour aussi alors même si c'est pas du tout le même secteur mais pour le secteur de la technologie et j'imagine que si certaines entreprises notamment dans l'intelligence artificielle déçoivent quelque peu sur
11:48 leurs prévisions on pourrait avoir des sanctions très fortes alors ça c'est le premier enseignement technique.
11:53 Le deuxième enseignement ce qu'il y a c'est que le message de ces trois banques vendredi et je connais pas le message de Goldman mais ce sera certainement la même chose de dire que l'économie américaine continue d'être forte donc ça c'est important puisqu'on va avoir les on va avoir la réunion de la fête on va avoir les chiffres du premier trimestre qui vont être publiés ces prochaines semaines et on devrait être au-delà de 2% donc ça c'est important.
12:17 Mais ce qu'elle note ces entreprises ces trois banques que vous avez cité c'est que les taux d'intérêt commencent à peser sur leurs revenus qu'est ce que ça veut dire ça veut dire que historiquement lorsque les taux d'intérêt montaient on disait que ça faisait monter les revenus nets d'intérêt qui était boosté par les taux d'intérêt mais d'un autre côté et bien comme les taux d'intérêt
12:43 commence à être commencent à être conservé d'être très élevé qu'est ce que ça veut dire ça veut dire que vous avez de plus en plus de consommateurs et d'entreprises qui hésitent à emprunter et ça c'est des revenus moindres pour les entreprises et ça c'est un message très important pourquoi parce qu'il n'était pas là par le passé parce que on disait que notamment à travers l'argent qui avait mis de côté les américains
13:12 durant le covid et qui n'avait pas encore totalement utilisé et bien cette consommation était toujours très forte mais là on commence à voir les prémices des impacts négatifs des hausses de taux et il faut rappeler quand même une chose c'est qu'on a eu des hausses de taux extrêmement rapides beaucoup plus que ces derniers ces derniers cycles économiques.
13:34 Goldman Sachs qui publie aujourd'hui dans le sillage des grosses banques américaines vendredi et puis la montée en puissance de la saison de publication tout au long des prochains jours et des prochaines semaines on suivra ça évidemment avec attention merci beaucoup John, John Plassard avec nous en visioconférence pour ce premier rendez-vous de la semaine de Smart Bourse le lundi à la mi-journée John qui est spécialiste en investissement chez Mirabo.
13:57 Venons-en à l'actualité américaine c'est notre rendez-vous hebdomadaire notre quart d'heure américain hebdomadaire avec en visioconférence avec nous Pierre-Yves Dugas notre correspondant américain bonjour et bienvenue Pierre-Yves merci d'être d'être avec nous commençons peut-être par les affaires du congrès américain Donald Trump avant de se rendre à son procès était évidemment à Mar-a-Lago ce week-end il a reçu la visite du speaker réélu de la commission de la France.
14:26 Le speaker républicain de la chambre des représentants Mike Johnson et à l'issue d'une conférence de presse Donald Trump a estimé que Mike Johnson faisait un super job du très très bon boulot en tant que speaker de la chambre des représentants.
14:41 Pourquoi est-ce que Donald Trump apporte son soutien au speaker républicain de la chambre c'est un poste un peu chaud on va dire et que vaut ce support apporté par Donald Trump à Mike Johnson ?
14:53 Ecoutez vous n'allez pas me croire mais moi je suis convaincu que Donald Trump au fond de lui-même en dépit de son outrance de son exagération de son égocentrisme de tout ce que vous voudrez c'est un New-Yorkais et c'est un pragmatique et il regarde les chiffres il voit qu'il y a 218 élus républicains à la chambre des représentants
15:18 il y a 213 démocrates et il est impossible de trouver un speaker qui soit républicain qui fasse un meilleur job que ce qu'essaye de faire depuis l'avenir octobre.
15:29 Mike Johnson n'est pas parfait les plus Trumpistes des Trumpistes le détestent parce qu'il n'est pas assez à droite il n'est pas assez populiste et il ose faire des choses qui sont à leurs yeux inimaginables c'est-à-dire qu'il ose sur certains textes législatifs indispensables et incontournables faire appel à des voix démocrates pour faire passer des textes alors que certains républicains vont voter contre.
15:54 Le speaker est devenu au cours des dernières années non plus un personnage bipartite à la chambre des représentants mais il est devenu de facto le leader du parti majoritaire ce qu'il n'était pas nécessairement historiquement et à ce titre lorsque ce sont des républicains même par une courte majorité qui sont majoritaires à la chambre il voudrait que leur speaker soit leur leader incontesté et que tout se fasse avec des voix républicaines.
16:22 Ça n'est pas possible alors invité vendredi à Mar-a-Lago par Donald Trump Michael Johnson a échangé beaucoup de sourire et de poignée de main il a été couvert de louanges par Donald Trump qui a dit vous faites un très bon travail dans des circonstances difficiles et c'était un coup de pied donné à Marjorie Taylor Greene cette Trumpiste élue de Géorgie qui un petit peu isolée depuis quelques semaines.
16:51 Si Michael Johnson ose soumettre à un vote un texte de loi prévoyant 60 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine je mettrai en branle la procédure pour qu'il soit destitué elle peut le faire parce que les règles en place sont extrêmement souples en ce moment et que pratiquement n'importe qui peut demander la destitution et l'obtenir si le parti d'en face reste les bras croisés.
17:16 Le président Trump le futur président Trump peut-être en tout cas l'ex-président Trump a probablement sauvé la peau de Michael Johnson jusqu'au mois de décembre.
17:30 Qu'est-ce que ça implique pour notamment le sujet du package d'aide à l'Ukraine ? Alors on rappelle c'est l'Ukraine mais c'est aussi une aide militaire à Israël, une aide humanitaire à Gaza, une aide à Taïwan bref tous ces dossiers là sont bloqués pour l'instant au congrès et notamment à la chambre des représentants.
17:48 Est-ce que le soutien de Trump vis-à-vis de Michael Johnson est-ce qu'il y a derrière quand même le terrain d'une compromission, d'un compromis qui permettrait de faire avancer ce volet, ce package d'aide à la chambre des représentants ?
18:04 Oui probablement. Ce qui est important ce n'est pas tellement ce que Donald Trump a dit à ce sujet mais c'est ce qu'il n'a pas dit. Il a été questionné à ce propos dans la conférence de presse d'une trentaine de minutes qu'il a donné avec Michael Johnson à Mar-a-Lago vendredi et quand on lui a demandé s'il était contre l'aide à l'Ukraine il aurait pu dire oui, ce qui est la position de pas mal de gens sur la droite populiste du parti républicain.
18:30 Eh bien non. Donald Trump a dit on essaye de ficeler les choses de manière à ce que ce ne soit pas de l'aide mais que ce soit un prêt. Alors un énorme prêt, 60 milliards de dollars qui pourraient être remboursés dans quel terme et quand on ne sait pas mais ce serait un moyen de faire passer les choses.
18:50 Parce qu'il y a encore quelques républicains, on va dire régaliens, qui pensent que Vladimir Poutine est un dangereux impérialiste et qu'il n'est inimaginable que les Etats-Unis laissent tomber un allié comme l'Ukraine et laissent Vladimir Poutine gagner.
19:08 Sachant que si Mike Johnson aujourd'hui soumettait à un vote le texte qui a été adopté mi-février par le Sénat, il passerait avec une majorité de voix démocrate et probablement une courte majorité de voix républicaine aussi.
19:26 L'idée d'organiser effectivement un méga prêt à l'Ukraine, si cette idée là trouvait suffisamment de soutien au congrès de la Chambre des représentants, ce serait une victoire pour Trump définitivement ?
19:42 On est dans l'habillage électoral. Comment peut-on faire avaler aux plus populistes et aux plus isolationnistes le fait qu'il va falloir faire un chèque de 60 milliards de dollars à l'Ukraine ?
19:56 Un, on va dire que ce n'est pas un vrai chèque et que c'est des prêts. Deux, on va expliquer que les Etats-Unis se sont engagés, que ce n'est pas le moment d'abandonner un allié au milieu du guet.
20:12 Cette tactique comme marché. Rand Paul, qui est sénateur de l'autre côté et qui est un nationaliste farouchement opposé à l'aide à l'Ukraine, a soulevé un point important.
20:23 Il a dit que l'aide à l'Ukraine, 60 milliards, il a voté contre. On peut discuter de deux choses. Soit de l'aide à l'Ukraine. Est-ce qu'on a vraiment besoin, nous, les Etats-Unis, de donner 60 milliards à l'Ukraine ?
20:34 Deuxièmement, d'où vont venir ces 60 milliards ? S'il s'agit de les emprunter, à ce moment-là, je ne suis pas du tout d'accord. S'il s'agit de les trouver ailleurs, de réduire certaines dépenses pour les allouer à l'aide à l'Ukraine,
20:46 peut-être que ce serait un autre moyen de faire passer les choses. Dans quelle mesure les attaques de l'Iran contre Israël ce week-end peuvent avoir une influence sur les positions politiques, aujourd'hui, aux Etats-Unis et au sein du Congrès, Pierre-Yves ?
21:01 Alors, Donald Trump a trouvé le moyen de rendre Joe Biden responsable de la situation en disant « Jamais, jamais l'Iran n'aurait osé faire cela ». Si les Etats-Unis avaient fait preuve de crédibilité et avaient soutenu avec plus d'ardeur et plus de véhémence l'État d'Israël, c'est une fois de plus un signe de la faiblesse et du manque de crédibilité de Washington qui a poussé Téhéran à agir de la sorte.
21:28 Sur le fond, cette attaque qui n'a pratiquement pas fait de victime en Israël n'a pas fondamentalement changé la donne pour les présidentielles.
21:39 Peut-être est-ce que cela compliquera les choses pour Joe Biden si sur sa gauche, on continue de lui reprocher de trop aider Israël qui continue de s'engager dans sa guerre à Gaza, ce qui a coûté beaucoup de soutien à Joe Biden sur sa gauche et en particulier chez les jeunes.
22:00 Mais il semble qu'en s'abstenant de riposter, le gouvernement de Benjamin Netanyahou ait finalement ouvert une porte à des relations moins tendues avec l'administration Biden.
22:15 Dans l'actualité des affaires, Pierre-Yves, les actionnaires de US Steel sont massivement d'accord pour être rachetés par le japonais Nippon Steel. Ce serait le plus gros deal de ce genre, ce serait la plus grosse acquisition d'une entreprise japonaise aux États-Unis peut-être ever. Est-ce que ce sera suffisant, Pierre-Yves ?
22:39 Écoutez, les actionnaires votent leur portefeuille. Jusqu'en août dernier, l'action de US Steel valait 22 dollars. Nippon Steel leur en propose 55. À 98%, ils sont pour.
22:54 Le problème, c'est que le marché lui dit que cette action ne vaut pas 55 aujourd'hui, elle n'en vaut que 43, ce qui est un moyen de dire qu'on ne croit pas que cette transaction va se faire.
23:04 Et on n'y croit pas depuis que Joe Biden a dit, je cite, "US Steel doit rester dans les mains d'une société américaine".
23:13 Alors c'est assez stupéfiant parce qu'il a dit ça quelques jours avant de recevoir à la Maison-Blanche, c'était la semaine dernière, le Premier ministre japonais.
23:22 Le Japon est un allié des États-Unis. C'est un allié des États-Unis en particulier parce que le Japon a très peur de ce qui se passe en Chine.
23:32 Et malgré cela, l'impératif de ne pas froisser les milieux syndicalistes est un impératif qui domine dans les préoccupations du président Biden, qui cherche à se faire élire.
23:48 D'autant que de son côté, Donald Trump a lui aussi promis que dès le premier jour, s'il était élu, à son arrivée à la Maison-Blanche, il interdirait à une société étrangère de racheter US Steel.
24:01 Alors c'est assez stupéfiant cette situation parce que quelle est l'alternative ?
24:07 Nippon Steel promet non seulement d'acheter très cher une société qui est malade, US Steel,
24:14 promet d'investir 1,4 milliard de dollars dans les vieilles usines de US Steel pour en faire avec la technologie japonaise et les méthodes de production japonaises
24:23 un géant compétitif de l'acier sur le marché domestique de l'acier américain.
24:29 Et derrière l'opposition de Joe Biden, nous avons bien entendu US Steel Workers,
24:39 le syndicat qui représente 10 000 ouvriers de US Steel, qui est très puissant dans les diverses usines de US Steel dans le Midwest,
24:48 pas simplement en Pennsylvanie, un état pivot, mais aussi un autre état pivot dans le Michigan,
24:53 et qui a fait un deal lui avec Cleveland Cliffs, qui est le grand rival domestique de US Steel.
25:01 Le patron de Cleveland Cliffs est littéralement main dans la main avec le syndicat pour dire
25:08 "Nous allons racheter, nous américains, les actifs de US Steel et la société restera américaine".
25:14 Quel est l'objectif de Cleveland Cliffs ? De créer un monopole américain de l'acier qui sera protégé par les droits de douane
25:20 et le syndicat est dans le coup bien entendu parce que le niveau de salaire et les normes de travail de ce futur monopole
25:29 seront telles que les emplois seront sécures et les salaires seront solides compte tenu de la protection qui sera assurée par des droits de douane.
25:39 Donc on est loin de vouloir empêcher, de vouloir préserver la concurrence sur le marché domestique.
25:46 Ou bien de l'usage du prétexte de la souveraineté nationale pour empêcher un groupe étranger de venir casser un monopole syndical.
25:54 Oui, quand bien même ce groupe est un groupe japonais et que le Japon est un allié historique, stratégique des Etats-Unis.
26:03 Il n'y a pas de passe-droit pour les japonais de ce point de vue là ?
26:06 Le problème c'est qu'il y a deux grandes agences qui sont en train d'examiner la possibilité de cette transaction.
26:14 La première c'est le département de la justice qui doit se fier à des normes économiques assez simples de concentration sur certains marchés
26:21 et de préservation de la concurrence.
26:23 Et puis il y a le CIFIUS, ce fameux comité interministériel qui est dirigé par le trésor américain
26:31 et qui doit lui rendre un rapport sur les considérations de sécurité nationale.
26:35 Le problème c'est que US Steel ne fabrique pas d'acier pour le Pentagone.
26:39 US Steel ne fabrique pas d'acier pour les applications militaires.
26:44 Il fabrique de l'acier pour l'automobile, pour l'industrie de l'électroménager et pour les sociétés de construction.
26:51 Donc c'est au deuxième degré de la souveraineté nationale, la protection du marché national en cas de guerre.
26:57 Et on entend des républicains qui traditionnellement auraient été libre-échangistes
27:01 prendre fait et cause pour des thèses protectionnistes et ils ont en cela la protection,
27:06 c'est le cas de le dire, de Donald Trump qui a vraiment changé l'histoire américaine pour le parti républicain
27:12 et qui a accrédité l'idée qu'on peut être républicain et protectionniste.
27:16 Merci beaucoup Pierre-Yves, merci pour cet éclairage hebdomadaire sur les enjeux américains,
27:22 qu'ils soient politiques ou qu'ils appartiennent au domaine du business.
27:25 Pierre-Yves Dugas avec nous chaque lundi à la mi-journée pour ce quart d'heure américain
27:30 que vous retrouvez bien sûr en replay chaque semaine sur bismarck.fr
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