Robert Ménard : "Et pourquoi pas la prison pour les mineurs ?"

  • il y a 5 mois
Avec Robert Ménard, maire de Béziers

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##L_INVITE_POLITIQUE-2024-04-18##

Category

🗞
News
Transcript
00:00 (Générique)
00:07 - Bonjour, bonjour à toutes et à tous.
00:09 Vous voulez savoir ?
00:11 Alors parlons vrai ce matin avec Robert Ménard, le maire de Béziers.
00:14 Robert Ménard, bonjour.
00:15 - Bonjour.
00:16 - Alors, nous allons beaucoup parler de délinquance des mineurs, notamment.
00:19 Vous connaissez bien, vous êtes maire d'une grande ville,
00:22 vous êtes confronté à cette nouvelle réalité,
00:25 cette délinquance et cette violence des mineurs.
00:28 Gabriel Attal, Premier ministre et Premier ministre depuis 100 jours.
00:33 Nous publions un sondage, IFOP fiducial pour Sud Radio,
00:37 49% des Français sont satisfaits ou plutôt satisfaits
00:40 de Gabriel Attal, de son action,
00:42 et 51% mécontents ou plutôt mécontents.
00:45 Alors, est-ce que vous êtes satisfaits ou mécontents de son action ?
00:49 Difficile de juger en 100 jours ?
00:51 - Oui.
00:52 - Je trouve qu'il a fait des choses plutôt bien sur l'agriculture,
00:55 honnêtement il s'en est pas si mal sorti que ça.
00:58 Moi, j'avais été séduit par sa façon d'être ministre de l'Éducation nationale.
01:04 C'est un peu plus compliqué, quand t'es quand même sur un seul créneau,
01:06 tu peux avoir un peu de suite dans les idées.
01:08 Et ensuite, il faut dire qu'il a un chef de l'État
01:11 qui ne lui laisse pas d'espace pour respirer.
01:13 Tu as quand même le sentiment, on n'a pas le sentiment,
01:14 la certitude qu'Emmanuel Macron,
01:17 le premier qui lui fait un peu de l'ombre,
01:20 ça va mal se passer.
01:22 Je pense qu'il est coincé sur ça.
01:25 Moi, j'ai plutôt un a priori sympathique.
01:28 Maintenant, il faut faire comme il a fait à l'Éducation nationale,
01:31 il faut prendre des mesures et les appliquer.
01:34 - Mais à l'Assemblée nationale, c'est plus facile.
01:37 - Ah, l'Assemblée nationale.
01:38 - À l'Éducation nationale, c'est plus facile
01:40 parce qu'on gouverne par décret à l'Éducation nationale.
01:44 D'ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué,
01:46 mais depuis que Gabriel Attal est Premier ministre,
01:48 il y a très peu de lois votées à l'Assemblée nationale.
01:51 - Honnêtement.
01:52 - Comme il n'y a pas de majorité, il y a très peu de lois.
01:54 - Moi, je serais député, ça m'exaspérerait,
01:56 et ça exaspère ma femme qui est députée.
01:58 Mais en même temps, je serais à sa place, je ferais la même chose.
02:01 Qu'est-ce que tu fais si tu risques de te faire casser la fille
02:03 à chaque fois que tu rentres dans l'hémicycle ?
02:05 Tu te dis "comment j'évite ça ?"
02:07 - Bien, Gabriel Attal s'attaque à l'affaiblissement d'autorité.
02:11 C'est une priorité ?
02:14 Affirmer l'autorité de l'État, l'autorité républicaine,
02:19 c'est aujourd'hui une priorité ?
02:20 - Ah ben, c'est pas aujourd'hui,
02:21 c'est que ça fait un paquet d'années que c'est une priorité.
02:24 Le problème, c'est que...
02:26 Attends, ils ne sont pas au pouvoir depuis hier !
02:28 M. Macron, ça fait 7 ans qu'il est au pouvoir,
02:32 et il découvre aujourd'hui,
02:34 mais moi je l'amène chez moi,
02:35 et en une journée, il aurait mesuré à quel point c'est un problème.
02:38 C'est un problème de tous les jours, de l'abruti.
02:41 Hier, j'étais en voiture, il y avait un mec devant moi,
02:43 il se mouchait, il jette son mouchoir dans la rue.
02:46 Vous allez me dire "c'est ridicule",
02:48 mais c'est tout ça qui est insupportable.
02:50 Plus personne ne respecte plus personne.
02:52 La police, ben attendez, moi,
02:54 quand j'étais petit, j'aurais été arrêté par la police,
02:57 ou la police m'aurait interpellé, j'aurais eu peur.
02:59 Peur, juste un sentiment "quel bêtise j'ai fait".
03:02 Tu as le sentiment, tu as pas le sentiment,
03:04 tu as la certitude que c'est pas vrai.
03:05 Mais moi, je peux vous raconter 50 anecdotes chez moi,
03:09 où tu te dis que des jeunes garçons et des jeunes filles
03:11 se contrefoutent de tout le monde, de tout le monde.
03:14 De leurs parents, des fois, de temps en temps,
03:16 les parents, ils se sont déjà comportés à peu près de la même façon
03:19 avec leurs propres parents,
03:20 jusqu'à moi-même, quand je les convoque à la mairie,
03:23 je convoque à la mairie des gens, vous savez, pour des rappels à l'ordre.
03:26 Vous savez ce que c'est un rappel à l'ordre ?
03:27 Un maire, il a le droit de convoquer un gamin
03:30 qui a fait une bêtise quand ça relève pas de la justice.
03:33 Je vous le dis 10 fois,
03:34 je suis sidéré par l'arrogance des gamins,
03:37 mais l'arrogance, mais honnêtement,
03:38 je vais pas dire que je leur mettrai 2 gifles,
03:40 je l'ai déjà dit, à chaque fois, je me fais engoler là-dessus.
03:42 Mais en fait, t'as juste envie de lui en coller 2.
03:44 Et il y a les parents à côté,
03:46 et les parents à côté qui disent rien,
03:48 quand ils défendent pas les conneries qu'ont fait les enfants.
03:50 Mais où on en est là ?
03:53 - Alors justement, le Premier ministre se rend à Vierichâtillon,
03:56 où a été tué Chemchédine, pour parler d'autorité.
03:59 Je rappelle, hein, Lynch est tué pour avoir échangé avec une jeune fille.
04:03 Dans l'actualité, il y a plusieurs faits divers,
04:06 mettant en scène des mineurs à Grande-Synthe.
04:09 Un homme de 22 ans a été frappé, tué,
04:11 deux mineurs interpellés.
04:13 Là, j'ai vu à Marseille,
04:16 une directrice d'école,
04:18 une directrice d'école qui a été frappée par
04:21 une mère d'élève,
04:24 et la sœur de l'élève,
04:26 parce que l'élève a été privé de sortie scolaire.
04:28 On en est là !
04:30 Alors, Emmanuel Macron demande une grande concertation
04:33 sur les violences des mineurs,
04:35 à l'instar du Grenelle sur les violences conjugales.
04:39 Bon, je ne sais pas si ça sera utile ou pas.
04:42 Mais quelles sont les mesures d'autorité qu'il faudrait prendre
04:45 vis-à-vis des délinquants mineurs et vis-à-vis des parents ?
04:48 - Et si on appliquait la loi ?
04:50 - Oui.
04:50 - Attendez, je vais vous donner un exemple.
04:56 On nous dit "tiens, il faudrait sanctionner les parents
04:58 en gros qui ne font pas leur boulot de parent,
05:00 pour simplifier les choses".
05:02 Mais il y a la loi pour le faire !
05:03 Alors on va en rajouter, là, vous avez vu,
05:06 au lieu de deux ans, ce sera trois ans de prison,
05:07 au lieu de je ne sais pas combien d'amendes, 45 000 euros d'amende.
05:10 Mais pourquoi on n'applique pas la loi déjà ?
05:12 Alors ils ont commencé à l'appliquer.
05:15 Pourquoi on n'applique pas la loi ?
05:16 Vous savez pourquoi on fait des grands Grenelles ?
05:19 Parce que c'est quand même une façon de rouler des mécaniques.
05:23 C'est tellement moins sexy de dire "mais on pourrait appliquer la loi".
05:27 Un autre exemple, on dit pourquoi il y a l'excuse de minorité ?
05:31 L'excuse de minorité, en gros, vous risquez deux fois moins
05:34 quand vous avez moins de 18 ans que la peine prévue.
05:37 Mais aujourd'hui, les magistrats peuvent le faire.
05:39 Pourquoi ils le font pas ? Pourquoi ils le font pas ?
05:42 Et je peux vous prendre un certain nombre d'exemples comme ça,
05:44 mais si on commençait à faire les choses en France,
05:47 mais en France, et vous savez, tout à l'heure, vous parliez des lois,
05:49 en France, on invente toujours une loi de plus, une loi de plus.
05:53 Je vous donne un autre chiffre, je ne veux pas vous assommer de chiffres,
05:55 mais quand même, parce que je l'ai lu et ça m'a sidéré.
05:57 Il y a eu un peu plus de 1600 mineurs, on parle des mineurs, là,
06:01 1600 mineurs qui ont été arrêtés, vous savez, après les émeutes.
06:05 Vous savez combien il y en a qui ont été condamnés ?
06:08 10 %, 1 sur 10 a été condamné.
06:11 Autre question que j'aimerais savoir, c'est combien dans ces condamnations
06:15 ont été appliquées ?
06:17 Appliquées, juste ce chiffre-là, ce serait encore moins de 10 %,
06:20 mais voilà, appliquons la loi.
06:22 - Mais oui, mais alors ces mineurs condamnés à quoi ?
06:26 On parle des condamnés à la prison immédiatement,
06:28 on va les envoyer dans des internats,
06:30 j'ai vu qu'il y a des propositions placées dans des établissements
06:34 de protection judiciaire. - Mais pourquoi pas la prison ?
06:36 - Ah bon ? Ok. - Pourquoi pas la prison ?
06:38 - Alors, donc la prison. - Attendez, aujourd'hui,
06:39 t'as moins de 13 ans, tu peux pas aller en prison ?
06:41 - Non. - Non, en tout cas...
06:43 Attendez, tu peux même pas avoir de... Pourquoi ?
06:46 Parce que vous pensez qu'il y a cette tombe de gamins,
06:48 enfin, vous vous promenez dans la ville,
06:50 moi je vois des gamins qui ont 10, 11, 12 ans
06:53 qui sont des dangers publics,
06:56 qui quand ils sont à 3 ou 4 peuvent faire peur à n'importe quelle fille
07:00 qu'ils croisent dans la rue.
07:03 Pourquoi ? On parlait d'excuse minoritaire parce qu'à 17 ans,
07:06 aujourd'hui, tu es pas un adulte.
07:08 T'es un adulte pour plein de choses,
07:10 sauf devant la justice.
07:12 Pourquoi on met pas un certain nombre de gens en prison ?
07:15 Et pourquoi, dès que vous faites...
07:17 Jean-Jacques Bourdin, quand vous êtes condamné pour une première condamnation
07:21 à une peine de prison de moins de 6 mois,
07:24 tu ne vas pas en prison. Pourquoi ?
07:27 Pourquoi tu ne vas pas en prison ?
07:28 Attendez, c'est pas une dictature, je vais pas vous prendre l'exemple de Poutine.
07:31 Aux Pays-Bas, les Pays-Bas c'est un pays libéral,
07:33 vous êtes connois, vous pensez pas que c'est une dictature.
07:36 Aux Pays-Bas, tu prends un mois de prison, tu fais un mois de prison.
07:39 Tu prends deux mois, tu fais deux mois de prison.
07:41 Vous faites à quoi vous êtes condamné.
07:45 En France, encore une fois, si tu prends moins de 6 mois de prison,
07:48 tu ne vas pas en détention.
07:50 C'est des choses aussi simples que ça, pourquoi on le fait pas ?
07:53 - Bien, à la Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre,
07:58 le ministre de l'Intérieur est là-bas.
08:00 Il y a une délinquance terrible à Pointe-à-Pitre,
08:03 et le maire est confronté à cette délinquance des mineurs.
08:06 D'ailleurs, des mineurs.
08:08 Couvre-feu pour les mineurs.
08:09 Est-ce qu'il faut instaurer dans certains quartiers ou dans certaines villes ?
08:13 Vous avez réfléchi à ça ?
08:14 - Vous me dites ça ? Moi, je suis maire en 2014,
08:18 je prends un arrêté municipal hyper simple,
08:21 que n'importe, vous êtes père de famille, je suis père de famille, tu prends.
08:24 Je prends un arrêté municipal.
08:26 Un gosse de moins de 13 ans, il ne peut pas être dans la rue tout seul après 23h,
08:32 après 11h du soir.
08:33 Quand vos enfants avaient 10 ans, à 2h du matin,
08:36 ils se promenaient dans les rues tout seuls.
08:38 C'est du bon sens.
08:39 Je suis poursuivi par la Ligue des droits de l'homme
08:42 sur atteinte à la liberté de se déplacer pour les gosses en question.
08:46 Vous vous rendez compte s'il faut être chaud ou pas ?
08:48 J'ai été condamné par le Conseil d'État.
08:53 Ça ne vous semble pas du bon sens ?
08:55 Vous, vous accepteriez que vos enfants à 8 ans,
08:58 ils soient dans la rue à 10 ans tout seuls ?
09:00 - Est-ce qu'on devrait instaurer un couvre-feu ?
09:01 - On devrait interdire aux petits d'être tout seuls le soir dans les rues.
09:05 Honnêtement, leur place, elle est où ?
09:07 À 11h du soir, leur place, elle est où ?
09:09 D'un gosse de 10 ans, elle est dans la rue tout seul ou à la maison ?
09:12 Ou à la maison ?
09:13 - Mais un couvre-feu, c'est facile à faire respecter ?
09:16 - Ah ben moi, j'arrive à le faire respecter.
09:19 Vous savez ce qu'on faisait ?
09:20 Dès qu'on voyait un gosse, on l'amenait au commissariat
09:23 et les parents venaient le chercher au commissariat.
09:25 Moi, j'ai entendu des familles,
09:26 tenez, on parle tout le temps des familles monoparentales,
09:28 moi j'ai vu des mamans venir me dire,
09:31 alors elles caricaturaient, c'était pas tout à fait ça,
09:33 elles disaient, moi je dis à mon gosse,
09:35 si tu sors sans mon autorisation le soir,
09:37 le maire il va te mettre en prison.
09:39 C'était pas vrai, le maire il met personne en prison.
09:41 Et j'étais content de ça.
09:42 Pourquoi on prend pas des mesures aussi simples que ça ?
09:45 Pourquoi ? Moi je vais vous donner un exemple.
09:46 - Couvre-feu pour les mineurs, dans les quartiers,
09:49 partout en France, couvre-feu pour les mineurs,
09:53 à partir de quel âge ?
09:56 - Puisque les moins de 13 ans, ils sont irresponsables.
09:58 - Donc couvre-feu pour les moins de 13 ans, à quelle heure ?
10:01 - À partir de 23h, à 11h du soir, t'es pas tout seul dans la rue.
10:04 - Il faut généraliser cette mesure ?
10:06 - Mais bien sûr, moi vous savez ce que j'ai envie ?
10:08 J'ai envie de la reprendre,
10:10 pour voir si je suis de nouveau condamné.
10:12 Pour voir si aujourd'hui...
10:13 - Vous allez la reprendre en baiser ?
10:14 - Je vais reprendre un arrêté,
10:16 en disant comment vous allez me...
10:18 Ils m'ont condamné à 5 000...
10:19 Enfin, ils ont condamné la ville à 5 000 euros d'amende.
10:21 Je vais vous donner un deuxième exemple,
10:22 moi je suis pas pour des...
10:23 Je pense pas qu'on ait besoin de révolution.
10:26 Je vais régulièrement dans les prisons, comme mère.
10:29 Pourquoi on montre pas ce qu'est une prison ou gosse ?
10:33 Vous êtes allé dans des prisons, comme Joël, vous êtes allé...
10:36 - Bien sûr.
10:36 - Ça te fait pas peur la prison ?
10:39 Quand tu vas dans une prison, comme Joël, c'est moi comme mère,
10:41 tu te dis, "Mon Dieu, que je ne sois pas un jour."
10:46 Et pourquoi on leur montre pas ça ?
10:47 Pour leur dire, "Regardez ce que c'est."
10:51 - Et les parents ?
10:54 - Ah mais moi je suis...
10:54 - Des mesures seront annoncées aujourd'hui sur les parents.
10:57 - Attendez, mais moi je veux bien les mesures.
10:58 Je vous prends un exemple.
10:59 Ils ont annoncé, après les émeutes,
11:01 ils, M. Macron a annoncé, après les émeutes,
11:05 que les mères pourraient virer les familles des logements HLM
11:09 quand elles sont de près ou de loin mêlées au trafic de drogue.
11:13 Mais je vous propose d'essayer.
11:15 Demandez à un maire.
11:16 Pas que moi, si vous ne me croyez pas, vous demandez à une autre mère.
11:19 Mais c'est un, j'allais dire une grossièreté,
11:21 un parcours du combattant, on n'en peut plus finir.
11:24 Alors moi je veux bien des mesures.
11:25 Je veux bien des mesures, mais qu'on puisse appliquer.
11:28 Il y a des gosses, je vous donne un exemple,
11:30 qui ont été arrêtés quand ils faisaient des conneries,
11:33 enfin pas des conneries, ils mettaient le feu dans des quartiers de baisiers.
11:37 Ils ne sont toujours pas jugés.
11:39 Comment vous pouvez expliquer aux voisins
11:43 qu'il y a une justice quand là, ils seront jugés en septembre prochain.
11:48 Plus d'un an après.
11:50 Mais il faut juger tout de suite.
11:52 Sinon la peine, elle n'est pas exemplaire.
11:55 Enfin je ne sais pas, moi j'ai l'impression face à vous,
11:58 d'ouvrir des portes, d'enfoncer des portes ouvertes,
12:00 tant ça me semble des trucs tellement de bon sens.
12:03 - Robert Ménard, je change de sujet.
12:05 L'université de Lille a annulé la conférence d'Horima Hassan et Jean-Luc Mélenchon.
12:10 Conférence qui était en soutien à la Palestine,
12:13 la conférence aura lieu ailleurs.
12:15 Est-ce que c'est une entrave au débat démocratique ?
12:18 - Il faut interdire rien du tout.
12:19 Je suis contre l'interdiction.
12:20 Totalement contre.
12:22 Vous imaginez, ne me posez pas de questions,
12:25 sur Jean-Luc Mélenchon ou sa tête de lit.
12:28 Je ne peux pas les supporter.
12:29 Je pense qu'ils sont aujourd'hui un danger
12:32 pour tout ce que je chéris dans ce pays.
12:34 Qu'ils sont eux-mêmes des gens qui ne rêvent que d'interdire tout le monde,
12:38 y compris d'un certain nombre de télévisions, si j'ose dire.
12:41 Pas si j'ose dire, que tout le monde connaît.
12:44 Ils ne rêvent que de faire...
12:46 Et ils font leur militant quand ils peuvent interdire
12:48 Alain Finkielkraut de s'exprimer dans Telfac et tout.
12:51 Mais il ne faut pas être aussi con que,
12:53 aussi sectaire que.
12:54 Je suis contre les interdictions.
12:57 Quelle que soit la personne.
12:58 Attendez, on est à Paris là.
13:00 Vous avez vu Transmania, le livre sur les transsexuels ?
13:05 Je ne sais pas ce qu'il y a dans ce livre.
13:07 Enfin, je sais un petit peu, je fais l'idiot.
13:09 Je sais ce qu'il y a, c'est des gens qui pensent qu'il faut interdire,
13:11 par exemple, les opérations sur les mineurs et tout ça.
13:14 Vous avez vu qu'ils ont enlevé l'affichage ?
13:16 Mais attendez...
13:17 - La mairie ?
13:17 - La mairie.
13:18 Mais il ne faut pas accepter ça.
13:20 Donc il ne faut pas le demander.
13:21 Moi je suis toujours sidéré des gens,
13:23 ils sont de gauche,
13:25 ils rêvent que d'interdire l'extrême droite,
13:26 ils sont de droite.
13:27 Allez Mélenchon, on va le faire taire.
13:29 Non !
13:30 Moi j'ai passé ma vie à défendre des gens
13:33 dont je pensais que la moitié de ce qu'ils disaient
13:35 étaient des choses invraisemblables.
13:37 - Alors, puisque vous parlez d'interdiction,
13:39 faut-il interdire la venue
13:41 de Vladimir Poutine aux 80 ans
13:44 du débarquement en Normandie ?
13:46 - Là on n'est pas dans le même cas de figure.
13:48 Là ce n'est plus un débat d'idées.
13:49 Il est en guerre.
13:50 Il a envahi un pays qui s'appelle l'Ukraine.
13:53 Non, non.
13:53 Moi je suis pour que sur le débat d'idées,
13:56 vous voyez, vous interdire d'accéder dans votre studio
13:59 à qui vous refuseriez d'entendre.
14:01 Oui, un mec qui ferait l'apologie de je ne sais pas quoi.
14:04 Mélenchon, vous ne pouvez pas dire...
14:05 Attends, il est insupportable,
14:07 il a des propos qui frisent l'antisémitisme,
14:10 mais il faut le recevoir, débattre avec lui,
14:13 s'engueuler avec lui,
14:14 mais pas le faire taire de façon autoritaire.
14:16 - Dites-moi, à propos de l'Ukraine et de la Russie,
14:19 Robert Ménard, pourquoi l'Occident...
14:21 Je vous pose cette question parce que je me la pose,
14:24 et puis beaucoup se la posent.
14:25 Et Volodymyr Zelensky a mis le doigt dessus.
14:28 Pourquoi l'Occident intercepte-t-il
14:31 les missiles et drones tirés sur Israël par l'Iran
14:35 et ne le fait pas pour les missiles et drones russes
14:37 tirés sur l'Ukraine ?
14:39 - Mais il a raison.
14:40 Mais moi, je suis pour qu'on leur donne
14:41 tous les moyens de gagner.
14:43 Et sur ce point-là, vous voyez,
14:44 avec tout ce que je veux dire du gouvernement,
14:46 c'est Emmanuel Macron qui a raison.
14:48 C'est Emmanuel Macron qui a raison.
14:50 Il faut sauver l'Ukraine.
14:52 En plus, vous voyez qu'en ce moment,
14:53 ils reculent sur tous les fronts.
14:54 Vous avez vu, ils ont perdu 5 km.
14:56 - Vous pensez que l'Occident est en train,
14:57 doucement, sans le dire, d'abandonner l'Ukraine ?
15:01 - Et je pense que le chef de l'État ukrainien
15:04 est tellement en train de s'en rendre compte
15:06 que vous avez vu que pour la première fois,
15:07 il commence d'une paix acceptable pour tous.
15:11 Je crois qu'il a compris.
15:13 Il recule sur le front.
15:14 Il sent bien que les Occidentaux
15:16 ne sont pas prêts à prendre un certain nombre de risques
15:19 pour défendre son pays.
15:20 Puis je ne vous dis pas si Donald Trump est élu,
15:23 dans quelle situation ça va le mettre.
15:25 Ça voudrait dire que l'Europe serait obligée,
15:28 à ce moment-là, de prendre la part
15:30 des Américains sur le conflit.
15:32 Mais elle ne le fera pas, l'Europe.
15:33 Elle ne le fera pas parce que les guerres,
15:35 ça lasse tout le monde.
15:37 Mais regardez même en ce qui se passe
15:39 entre Israël et le Hamas.
15:42 Au début, tout le monde prend
15:44 "Oui, on va tout faire", vous vous rappelez même,
15:46 "on va tout faire pour les défendre,
15:47 le chef de l'État, on va mettre une coalition."
15:49 Et puis six mois après, ou tu te lasses,
15:51 ou à force de voir des morts tués à Gaza,
15:54 tu commences à changer de camp.
15:56 Et sur l'Ukraine, il y a une espèce de lassitude.
15:59 On est des Occidentaux gavés de bonheur.
16:01 On est des Occidentaux gavés de paix.
16:04 On est des Occidentaux gavés de tout un tas
16:07 d'une société de consommation
16:09 où la seule chose qui compte c'est vous,
16:11 vous, vous, vous, moi, moi, moi et moi.
16:14 Et là, il faut s'oublier un petit peu,
16:16 on n'est pas capable.
16:17 On le fait à un moment donné.
16:18 Moi je vois même pour l'accueil des réfugiés,
16:20 tu les accueilles un mois, six mois, un an,
16:23 puis après, je parle des réfugiés ukrainiens,
16:25 après tu te dis "Ouh, ça va, j'ai pris ma part du fardeau."
16:28 Et non, les guerres, ça dure.
16:30 - Les guerres, ça dure.
16:31 Les européennes, vous avez changé votre intention de vote ?
16:35 - Ben non, mais vous m'aviez posé la question.
16:37 - Ben je vous ai posé la question, Robert Menard, oui.
16:39 - Moi si je vous dis, il y a une liste sur la ruralité,
16:41 moi c'est plein de mes potes et tout ça,
16:43 je dis "Tiens, c'est pas que je suis d'accord avec eux,
16:45 mais je vais aller voter pour eux."
16:47 Attendez, on leur donne quoi, 0,5% ?
16:50 - Oui, 0,5% ou 1%.
16:51 - Rien du tout.
16:52 Ils trouvent le moyen de se disputer.
16:54 Ils se sont séparés, engueulés,
16:56 traités de tous les noms d'oiseaux les uns les autres.
16:58 Je me dis, même si eux, qui d'habitude moquent tout le monde,
17:02 disent "Regardez la classe politique, leur égo, ils ne pensent qu'à eux."
17:06 Moi je pensais qu'on allait parler des choses qui me touchent,
17:08 de la défense des paysages, de la tauromachie,
17:12 vous savez que dans le Midi, on y est attaché.
17:14 On ne va pas parler, je suis d'accord, de tauromachie tout de suite,
17:16 c'est une autre chose.
17:17 D'aimer tout ce qu'on aime.
17:18 Moi j'aime le rugby, je défends mes viticulteurs,
17:22 enfin j'aime les chasseurs, je ne chasse pas,
17:25 mais nom de Dieu qu'on leur foute la paix,
17:26 ils ont mis le droit de chasser, tout ça.
17:28 Moi je pensais qu'on allait se contenter.
17:30 Et non, ils se disputent entre eux, alors je dis,
17:33 si même eux se disputent...
17:35 - Bon, alors vous allez voter ?
17:36 - Non, mais attends, j'attends, je répondrai une autre fois à votre question là,
17:39 parce que j'attends de voir, moi je n'ai pas voté à gauche.
17:42 - Vous avez dit que vous ne voteriez plus pour le RN, ni Reconquête.
17:46 - Ah non, non, non.
17:47 - Ça, toujours, c'est toujours ?
17:48 - Ah non, mais attendez, j'entends,
17:50 Eric Zemmour, vous avez vu, ils ont voulu lui interdire de parler,
17:54 finalement il a parlé, c'était en Belgique,
17:57 - Oui, en Belgique, oui.
17:58 - Et je le soutiens, il a le droit de parler évidemment,
18:00 mais il parle du califat qui règne à Bruxelles.
18:04 Eric, Eric, pèse tes mots un peu, c'est pas le califat,
18:08 il y a des... comment ça s'appelle ?
18:10 Alors, oui, c'est des communes, les arrondissements,
18:12 - Oui, des communes.
18:13 - C'est des communes à Bruxelles.
18:14 Oui, tu peux dire qu'il y a des maires jobards,
18:16 qu'il y a un certain nombre de gens qui sont des dangers publics,
18:20 mais n'en rajoutons pas.
18:23 Sérieusement, je pense qu'il faut faire attention.
18:26 Je pense qu'il y a une telle anxiété,
18:28 vous citiez les faits d'hiver, et vous en avez cité,
18:31 vous avez vu dans Le Gard, je choisis Le Gard parce que vous connaissez bien,
18:34 vous avez vu, un type a tué son oncle, l'oncle il a 25 ans,
18:38 - Ah oui j'ai vu ça, ouais.
18:39 - Pour, parce qu'il lui devait 30 euros.
18:42 Il tue pour 30 euros.
18:46 Mais qu'est-ce qu'il a dans la tête ?
18:47 Alors déjà, si on aligne tous les deux,
18:50 tous les faits d'hiver de la journée,
18:51 mais c'est à vous flinguer.
18:54 Le rôle c'est de dire ça,
18:56 mais il faut aussi proposer un peu d'espoir aux gens.
18:59 Moi quand je vous dis sur la jeunesse et tout,
19:02 je dis pas qu'il ne faut rien faire,
19:03 je dis si on appliquait, si on faisait déjà ce qu'on douterait, vrai frère,
19:07 on pourrait avancer.
19:09 C'est compliqué, moi je vois bien à quel point c'est compliqué.
19:11 Des fois t'as envie de baisser les bras,
19:13 mais il ne faut pas en rajouter,
19:15 ne jetons pas de l'huile sur le feu,
19:16 essayons de trouver quelques solutions pour améliorer la vie des gens.
19:20 - Député européen, vous auriez voté pour ou contre le pacte ?
19:24 - Asile et immigration.
19:25 J'aurais voté pour.
19:26 - Vous auriez voté pour ?
19:27 - Parce que c'est mieux que rien.
19:29 C'est ce que j'ai appris comme maire,
19:30 vous savez c'est aussi bête que ça.
19:32 Bien sûr qu'il y a des limites,
19:33 qu'il y a des choses qu'il ne faut pas.
19:35 Pourquoi j'aurais gueulé ?
19:36 Parce que vous avez vu que l'idée à l'ESM c'est de faire un...
19:40 - Un genre de spot aux frontières,
19:43 aux frontières prioritaires pour trier en quelque sorte.
19:45 - Il y a eu près d'un million de demandeurs d'asile,
19:49 en France t'en as 60% et partout pareil,
19:51 60% qui ne sont pas plus demandeurs d'asile que vous ou moi.
19:54 Donc c'est faire ça.
19:55 Alors vous pouvez vous dire, moi je retiens ça,
19:58 je dis c'est mieux qu'une fois qu'ils sont en Europe,
20:01 tu ne peux plus, même si le mec n'est pas demandeur d'asile,
20:03 c'est fini, il y restera.
20:05 En même temps les gens te disent,
20:06 ah oui mais regardez les mineurs non accompagnés
20:08 ne sont pas visés par ça.
20:10 D'accord, qu'est-ce qui vaut mieux ?
20:12 Quelque chose qui va un petit peu dans le bon sens,
20:16 où on fait de la politique à bon compte et on dit,
20:18 regardez c'est mes ennemis qui disent ça,
20:20 alors je vais voter contre.
20:22 Je suis systématiquement opposé à ces refus de principe,
20:26 parce que c'est l'autre qui a l'idée.
20:28 Si c'est mieux que rien, c'est mieux.
20:30 - Je vous pose une dernière question,
20:31 Bardella est en tête de tous les sondages,
20:33 pourquoi est-ce que vous ne voteriez pas Bardella ?
20:36 - Parce que sur deux ou trois questions,
20:38 je suis vraiment en désaccord,
20:39 mais ça ne date pas aujourd'hui.
20:41 Avant j'ai même appelé à voter pour eux,
20:43 pour Marine Le Pen,
20:43 alors que j'avais les mêmes désaccords.
20:45 J'ai un désaccord fondamental sur toute la politique sociale.
20:48 Je ne supporte plus les gens qui font des promesses
20:51 dont ils savent pertinemment qu'elles ne seront pas tenues.
20:53 Aujourd'hui tu pouvais être pour la retraite à 60 ans pour la gauche,
20:59 ou la retraite à 62 ans pour les reines,
21:01 personne ne reviendra sur la retraite aujourd'hui à 63, 64 ans.
21:04 C'est mentir aux gens de leur faire croire.
21:06 Dire aux gens, on va arriver, on va augmenter le SMIC comme ça,
21:10 ce n'est pas vrai, ce n'est pas aussi simple que ça.
21:12 Je le mesure tous les jours comme maire.
21:15 Ça c'est le premier gros désaccord.
21:17 Et le deuxième gros désaccord, c'est pour la politique extérieure.
21:20 Pardon, aujourd'hui, oui, par rapport à Éric Zemmour,
21:25 dont vous parliez tout à l'heure,
21:26 ils ont soutenu le Rassemblement National, l'Ukraine,
21:29 mais c'est toujours du bout des lèvres et tout.
21:32 Il y a une fascination pour les hommes forts,
21:35 ça a été Poutine, Orban, vous vous rappelez le président hongrois,
21:41 tout le monde allait là-bas se prosterner devant Orban,
21:45 c'était une espèce de la Mecque de la droite et de l'extrême droite,
21:49 il fallait avoir l'onction d'Orban.
21:51 Vous avez vu, il est pro-russe,
21:53 il attend à tout un tas de libertés, y compris à celle des homosexuels.
21:57 Attendez, vous pouvez quand même penser que tout ça,
21:59 c'est des acquis de la démocratie.
22:01 Donc pour ces raisons-là, je ne peux pas.
22:04 J'ai envie d'avoir une droite ferme, mais réaliste,
22:08 et qui ne nous raconte pas des cracks,
22:09 le sachant et sachant qu'elle ne le fera pas.
22:12 Vous savez pourquoi les gens n'aiment pas la politique ?
22:14 Parce qu'ils savent maintenant qu'il y a tout un tas de choses
22:17 qu'on leur dit pour leur faire plaisir,
22:19 dans le sens du poil, dont on sait pertinemment qu'on ne le fera pas.
22:22 Et ça, ce n'est pas possible.
22:23 Merci Robert Ménard, merci d'être avec nous ce matin, 8h57.
22:28 Vous réagissez à ce qui vient d'être dit, 0826 300 300.

Recommandée