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Ancienne ambassadrice de France en Russie, à Londres et en Chine, Sylvie Bermann a présidé l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).
Regardez L'invité d'Yves Calvi avec Yves Calvi du 19 avril 2024

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Transcription
00:00 7h, 9h, RTL matin.
00:04 - RTL 8h23, bonjour Sylvie Berman. - Bonjour.
00:06 - Merci de nous rejoindre, vous avez été notre ambassadrice de France en Russie, à Londres, en Chine,
00:11 sans oublier votre présidence de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.
00:15 Mais avant de vous donner la parole et d'écouter vos analyses, nous allons revenir sur l'information de la nuit.
00:20 Israël a donc lancé une attaque contre l'Iran, en représailles aux frappes contre son territoire le week-end dernier.
00:25 Les toutes dernières informations avec vous Clément Terrat.
00:27 - Alors ce qu'on sait c'est que peu après 3h du matin heure française,
00:31 trois explosions ont été entendues près d'Isparan, au centre de l'Iran,
00:35 où se trouvent des installations nucléaires qui sont en sécurité selon le pays.
00:39 L'agence de presse iranienne IRNA annonce qu'il n'y a aucun dégât
00:43 et Téhéran affirme avoir abattu plusieurs drones grâce à sa défense aérienne.
00:46 Seulement voilà, outre-Atlantique, plusieurs télévisions citant des officiels américains font état de tir de missiles.
00:52 Le New York Times cite des officiels iraniens qui disent que la base aérienne militaire d'Isparan a été touchée.
00:58 Le pays reste en état d'alerte, le trafic aérien a repris peu avant 7h du matin après avoir été suspendu quelques heures.
01:05 Et pour l'instant, silence radio côté Israël qui dit ne pas avoir de commentaires à faire.
01:10 - Merci Clément. Alors Sylvie Berman, le président iranien, déclarait encore hier, je cite,
01:14 "Si le régime sioniste commet à nouveau une erreur et tente de mener la moindre attaque contre la terre sainte de la République islamique,
01:19 nous réagirons de manière à ce qu'Israël et ses partisans le regrettent."
01:23 Faut s'attendre à une réaction iranienne ?
01:25 - C'est l'habitude des Iraniens de menacer et en réalité, la frappe le week-end dernier a beaucoup étonné.
01:34 Que ce soit une frappe directe, alors qu'on beaucoup s'attendait à ce que ce soit par les proxies.
01:39 Donc les discours enflammés, Téhéran connaît.
01:44 Maintenant, l'événement de cette nuit est assez mystérieux. En réalité, on ne sait pas du tout ce qui s'est passé.
01:50 En général, quand Israël frappe, c'est plutôt avec succès.
01:53 Ce n'est pas quelques drones que les Iraniens peuvent arrêter. Donc je pense qu'il faut attendre.
02:00 Le dilemme pour Netanyahou, c'était ou de frapper fort avec un risque d'embrasement dans la région,
02:09 ou finalement de considérer, comme Joe Biden l'y invitait, que c'était une victoire défensive
02:17 et que la dissuasion a été rétablie en ce sens qu'ils avaient pu arrêter 99% des drones et des missiles.
02:26 - Est-ce qu'on continue à jouer de se faire peur ou la tension est réellement forte et la région plus qu'en danger ?
02:33 - Il y a un véritable risque, surtout qu'aujourd'hui, on ne sait pas si les États prennent des décisions
02:40 sur des bases essentiellement rationnelles, raisonnables, en fonction des intérêts.
02:45 La question de face joue. Israël a vécu, évidemment, le drame du 7 octobre comme non seulement une menace existentielle,
02:56 mais finalement une perte de face aussi. Et c'est le cas un petit peu... Les Iraniens, c'est différent,
03:04 parce qu'en même temps, c'est un succès pour eux, puisque pour la première fois, ils ont pu frapper directement Israël.
03:10 Et en même temps, c'est aussi un échec, parce qu'ils n'ont pas pu atteindre leur objectif,
03:15 qui n'était pas nécessairement, d'ailleurs, leur but, puisque les drones mettent plusieurs heures,
03:21 ils ont averti et ils ont pu être descendus. Donc c'était mesuré, tout ça est calibré pour le moment.
03:27 - Tout cela est calibré. Voilà pour les événements de la nuit. Partons en Ukraine maintenant, si vous le voulez bien.
03:32 Le patron de la CIA a prévenu hier que Kiev peut perdre la guerre contre la Russie cette année,
03:36 sauf si les États-Unis lui fournissent davantage d'aides militaires. Un avertissement à deux jours d'un vote crucial au Congrès américain.
03:43 C'est donc l'avenir de l'Ukraine qui se joue samedi à Washington ?
03:45 - Oui, tout à fait. D'ailleurs, Zelensky, qui avant tenait un langage très optimiste,
03:51 aujourd'hui met véritablement en garde contre ce risque s'il n'y a plus d'armes américaines.
03:57 Aujourd'hui, les Ukrainiens sont à 1 contre 10 en termes de munitions.
04:03 C'est d'ailleurs pour ça que les Russes peuvent progresser sur le front,
04:06 et même utiliser des blindés, ce qu'ils ne faisaient plus avant, puisqu'ils étaient menacés par les obus ukrainiens.
04:11 - Donc, les troupes de Vladimir Poutine, de fait, avancent en ce moment ?
04:15 - Alors, elles avancent, mais de manière un petit peu poussive.
04:18 Elles n'ont pas enfoncé le front. Il y a un système défensif qui a été mis en place par l'Ukraine.
04:26 Mais l'Ukraine est dans une position très inquiétante.
04:30 - Sylvie Berman, c'est une demande de Vladimir Zelensky.
04:33 La Suisse va organiser en juin une conférence pour la paix en Ukraine.
04:36 Plus de 100 pays invités, la Russie évidemment déclinée.
04:39 Le rôle actif de la Chine peut certainement accélérer nos progrès sur cette voie, selon le président ukrainien.
04:44 La Chine a vraiment un rôle à jouer ?
04:46 - Vous savez, elle a joué un rôle un peu inattendu dans la réconciliation entre l'Iran et l'Arabie Saoudite.
04:52 Donc, effectivement, elle a un poids et elle peut avoir une influence sur Vladimir Poutine.
04:57 Pas pour lui dire d'arrêter la guerre, parce que ce n'est pas l'intérêt de Poutine pour le moment,
05:02 mais d'essayer de trouver des solutions.
05:05 Et depuis le début, alors que Zelensky rejette tous les plans de paix,
05:09 y compris celui du Pape, de Lula et de l'Afrique du Sud,
05:13 en réalité, il a toujours ménagé la Chine, justement.
05:16 Le premier plan, qui ne demandait pas le retrait des troupes,
05:21 il a dit "je suis prêt à parler à la Chine".
05:23 - Pourquoi cette attitude du président ?
05:24 - Parce que la Chine est un pays essentiel, qui joue de plus en plus un rôle diplomatique.
05:31 Et c'est le seul pays qui peut être écouté par Poutine.
05:34 Ça ne veut pas dire qu'il peut faire pression, mais c'est le seul pays qui peut être écouté.
05:38 Et puis Poutine peut peut-être avoir confiance aussi, si la Chine lui dit que les intérêts du pays sont respectés.
05:45 Alors cela dit, la Chine n'a pas encore, à ma connaissance, accepté de participer à la réunion.
05:50 Elle a dit qu'il y avait encore beaucoup de travail avant cette réunion, mais c'est au mois de juin.
05:54 - Est-ce que le président Zelensky est d'une certaine façon en train d'ouvrir aux dentes,
05:58 ouvrir doucement la porte à des négociations ?
06:00 - Le président Zelensky pensait qu'il allait gagner la guerre,
06:05 mais il a été galvanisé par le soutien occidental.
06:08 Le soutien occidental, évidemment, qui a fortement diminué,
06:13 et qui est même risqué aujourd'hui à cause des positions américaines.
06:17 On verra demain quelle est la décision de la Chambre des représentants.
06:21 Mais il y a eu l'électrochoc Zaloujny, l'ancien commandant en chef,
06:27 qui a dit "c'est une impasse, ça ne va pas" depuis plusieurs mois.
06:30 Donc Zelensky l'a contesté, mais aujourd'hui la réalité s'impose.
06:35 Et si la situation sur le terrain n'est pas bonne,
06:39 ça veut dire qu'il ne va pas récupérer l'ensemble des territoires,
06:42 et qu'à un moment donné, il faudra bien négocier.
06:44 - Merci beaucoup Sylvie Berman, ancienne ambassadrice de France en Russie à Londres en Chine.
06:47 Je rappelle votre livre "Madame l'ambassadeur de Pékin à Moscou, une vie de diplomate" paru aux éditions.

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