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Regardez L'invité d'Yves Calvi du 02 février 2024 avec Yves Calvi.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin jusqu'à 9h.
00:06 8h21 bonjour Michel Biairau.
00:09 Bonjour Yves Calvi. Vous êtes le président directeur général de L'Idol France. Merci beaucoup de prendre la parole ce matin sur RTL.
00:14 Selon Tom Puce que depuis le début de la crise du monde agricole on n'a pas beaucoup entendu les patrons de la grande distribution.
00:19 Vous aviez des choses à cacher ?
00:21 Alors moi non, moi je prends la parole depuis le début, j'assume totalement mes responsabilités
00:24 et j'ai aucun problème. Je suis dans trois semaines au Salon International de l'Agriculture
00:29 la plus grande ferme de France comme seul distributeur avec un jeudi stand.
00:33 Et vous y allez sereinement ?
00:35 Mais moi j'y serai neuf jours et neuf nuits, je dors sur place et bien sûr chaque année j'y vais sereinement et cette année j'y vais
00:41 tout aussi sereinement. Il faut échanger avec le monde agricole, il faut communiquer avec eux, il faut leur expliquer les choses et surtout il faut être
00:47 transparent avec eux. Quitte à se faire engueuler ?
00:50 Ah bah il y aura certainement quelques uns qui vont m'engueuler oui mais
00:53 mais encore une fois il faut leur montrer la transparence et ils comprennent parfaitement.
00:58 Qu'est ce que vous avez à leur dire, à nos agriculteurs en les regardant dans les yeux ?
01:01 Bah aujourd'hui alors c'est pas tant aux agriculteurs que j'ai envie de dire des choses même si on va passer neuf jours avec eux.
01:08 Tout ce qui a été annoncé hier je trouve ça très bien pour le monde agricole et c'était plus que nécessaire
01:14 entre les normes,
01:17 tout l'administratif qu'ils ont c'est juste impossible aujourd'hui.
01:20 Par contre le compte n'y est pas, on ne parle pas de rémunération parce que ce qu'ils ont besoin les agriculteurs
01:25 c'est juste vivre dignement de leur métier et aujourd'hui on ne parle pas de rémunération. Je ne comprends pas et j'ai écrit à Gabriel Attal
01:33 hier soir pour lui demander de revoir
01:36 dans la loi EGalim le sujet de la rémunération.
01:39 Pourquoi ne mettons pas dans la loi un prix minimum garantie ? Pourquoi ne mettons pas dans la loi les contrats tripartite ?
01:45 Quand on pose une question généralement c'est qu'on a une réponse. Quelle est votre réponse ?
01:50 Il faut que le législateur l'inscrive dans la loi. Un contrat tripartite,
01:56 l'éleveur donne son coût de production, on l'accepte avec l'industriel, on le signe, il sort de la discussion et je continue les négociations avec l'industriel.
02:03 Et l'agriculteur on n'en entendra plus parler.
02:06 - Oui mais est-ce que ça veut dire que les industriels ne jouent pas le jeu ?
02:08 - Je pense que déjà il y a des lobbyistes très forts du côté industriel pour ne pas inscrire ce genre de choses dans la loi
02:14 bien évidemment parce que
02:17 aujourd'hui on est dans l'opacité la plus totale. Quand vous avez toutes les multinationales qui dans la loi EGalim choisissent l'option 3 que je demande
02:24 de supprimer immédiatement. - De quoi s'agit-il ? - En fait dans la loi EGalim
02:28 vous avez trois options. L'industriel peut choisir l'option 1, totale transparence,
02:32 l'option 2, coussi-coussa et l'option 3, totale opacité. A votre avis tous les multinationales de ce pays ils ont choisi quelle option
02:40 dans EGalim ? L'option 3. - Parmi les mesures annoncées hier par le gouvernement pour répondre à la colère des agriculteurs il y a le contrôle
02:47 par la répression des fraudes de toutes les grandes chaînes de supermarchés
02:50 afin de garantir le respect des lois EGalim que vous évoquez depuis quelques instants. C'est donc une bonne chose ? - C'est une très bonne chose,
02:55 je salue cette initiative. Ils étaient chez nous vendredi dernier, ils vont certainement revenir la semaine prochaine.
02:59 J'ai aucun problème avec ça. - Vous n'aurez pas d'amende ? Vous en êtes sûr ? - On n'aura pas d'amende.
03:03 Je l'affirme sur RTL, on respecte à 100% la loi. - Tout est en règle transparent ? - Tout est parfaitement
03:09 transparent. Moi dans mes contrats il y a marqué le prix du lait que l'éleveur doit toucher.
03:13 Par contre il faut aussi que le gouvernement contrôle les industriels parce que la loi EGalim ne concerne pas que les distributeurs.
03:19 L'industriel, si moi je dis dans le contrat que je respecte EGalim et que je paye 470 de la tonne de lait,
03:26 bah qui me dit, et d'ailleurs c'est le cas,
03:28 l'industriel ne le donne pas aux éleveurs. - Quels industriels, faut nous dire, qui maintenant ? - Des grands industriels de ce pays donc il faut les
03:34 contrôler de la même façon qu'on nous contrôle. - Mais pourquoi j'arrive pas vous faire dire des marques ? - Non mais je...
03:39 des grands industriels. Aujourd'hui je me suis fâché par exemple avec Mondelaise. - Bon bah voilà. - Voilà.
03:44 Parce que j'accepte pas l'opacité dans laquelle on échange ensemble.
03:48 - Dominique Schellcher, le patron de System U, a expliqué hier sur France 2 que selon lui 30% des industriels jouent le jeu.
03:54 Ça fait donc 70% qui ne respectent pas les règles et qui les contournent, c'est ça ?
03:57 - Alors moi je suis un peu différent parce qu'on a 90% de marques de distributeurs. - C'est vrai. - Donc on travaille plus avec les PME.
04:03 Et aujourd'hui j'ai pas de problème. On est plutôt sur des baisses de tarifs,
04:06 des baisses de prix qui vont s'appliquer dans les rayons entre -3 et -5%.
04:10 Les multinationales qui sont très très peu présentes chez Lidl, on est plutôt sur du +3, +5.
04:16 - Comment arrivez-vous à pratiquer des prix aussi bas tout en rémunérant justement les producteurs ?
04:21 - Alors... - Vous comprenez ma question ? - Je comprends. J'écoutais tout à l'heure une publicité sur votre antenne, en attendant dehors.
04:28 Lidl vend des kiwis à 39 centimes. Et on peut se poser la question, est-ce que le producteur de kiwis vit de son métier ?
04:34 - Je me la suis posée cette question. - Très bien, je vais vous donner la réponse.
04:37 À 39 centimes, j'ai 10% de marge. Ça veut dire le minimum légal. C'est ce que Egalim m'impose. - 4 centimes donc.
04:44 - C'est ça. Donc pourquoi ? Parce que les producteurs de kiwis nous ont alertés en disant "il y a une surproduction de kiwis, il faut nous aider".
04:51 Donc on a enclenché une publicité radio, on a enclenché une publicité dans la presse pour dégager. C'est ce qu'on appelle le dégagement.
04:58 Donc oui, à 33 ou 34 centimes, les producteurs vivent.
05:02 - Mais vous nous dites que c'est du partenariat d'une certaine façon ? - Bien sûr, c'est du partenariat.
05:05 Mais c'est comme ça qu'il faut travailler. Et dans le fruits et légumes, ça fonctionne bien. Pourquoi ?
05:08 Parce qu'il n'y a pas d'intermédiaire entre la production et la distribution. - Ça se fait directement entre eux et vous.
05:14 - Exactement. Et dès lors qu'il y a un intermédiaire,
05:17 ça se complexifie et ça devient de plus en plus opaque.
05:20 - Les négociations commerciales se sont achevées hier. Le représentant des géants de l'alimentaire était ici même, dans ce studio.
05:25 Il nous disait que les prix allaient continuer à grimper en moyenne de 2 à 3%.
05:29 Il s'agit de Richard Pankio, qui représente les 100 plus importantes entreprises de l'agroalimentaire.
05:33 Il faut s'attendre à ça aussi dans vos rayons ?
05:35 - Sur les multinationales, mais j'en ai très peu, j'en ai que 10%.
05:38 Oui, il a raison, c'est entre 3 et 5%. C'est ce que nous avons conclu.
05:42 Par contre, sur les marques de distributeurs, où là ils sont beaucoup plus transparents,
05:46 ils viennent avec des éléments factuels et ils viennent nous proposer des baisses parce que
05:51 les céréales baissent, l'huile baisse, le chocolat baisse, le café baisse, etc.
05:55 - Et ce sera le cas sur tous les produits que vous venez de nous citer ?
05:57 - Exactement, oui tout à fait. On sera en moyenne sur -2, -5%.
06:02 - Une situation normale, c'est pour quand ?
06:04 - Ah bah la situation...
06:06 - Tu pensais que ce terme était en tour d'ascense ?
06:08 - J'allais dire, on reviendra pas bien évidemment, on est aujourd'hui encore à +20%, faut pas l'oublier.
06:14 Donc quand on dit qu'on baisse les prix, ça ne veut pas dire qu'on met K.O. le monde agricole.
06:18 Et surtout pas, il faut sauver le monde agricole et avoir cette souveraineté alimentaire française.
06:23 Et je le dis, on peut faire les deux, on peut proposer des prix,
06:27 au meilleur rapport qualité prix au consommateur,
06:30 tout en rémunérant correctement les éleveurs.
06:32 Et encore une fois, il faut mettre dans la loi, il faut que le législateur s'en empare de la rémunération des agriculteurs.
06:38 -Dégage.
06:39 [SILENCE]

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