• il y a 7 mois
Anne Fulda reçoit Yves-Marie Le Bourdonnec pour son livre «La clé des champs» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 -Bienvenue à l'heure des livres, Yves-Marie Le Bourdenec.
00:03 Alors, vous êtes boucher,
00:05 vous êtes un boucher renommé,
00:07 on vous connaît depuis de longues années,
00:09 et vous venez de publier "La clé des chants",
00:12 "La nouvelle vie d'un boucher de légende",
00:14 un livre publié chez Michel Laffont,
00:16 un livre dans lequel vous racontez votre vie,
00:19 l'évolution de votre métier, les choix que vous avez faits.
00:23 Votre vie, il est écrit pour vendre le livre de "Boucher des stars",
00:27 mais vous me disiez que vous n'aviez pas cette appellation.
00:30 Vous ne vous sentez pas un boucher...
00:32 -Oui, j'aime pas être réduit à ça.
00:34 -En revanche, vous êtes un boucher,
00:36 l'un des premiers bouchers qui a été médiatisé,
00:39 dont on a parlé dans les journaux,
00:42 à cause de la qualité de la viande que vous faisiez.
00:45 -Et peut-être mon côté militant.
00:47 -Oui, c'est ça.
00:49 Alors, justement,
00:51 commençons déjà par comment vous est venue
00:53 ce que vous racontez dans le livre,
00:56 "L'évolution de la boucherie".
00:57 Vous racontez déjà votre enfance,
00:59 qui n'a pas été une enfance facile,
01:02 puisque vous avez été à la DAS,
01:05 puis vous avez été adopté par votre...
01:08 -Mon oncle et ma tante.
01:09 -Vous avez vécu en Bretagne.
01:11 Et c'est là-bas, en Bretagne,
01:13 que vous avez eu votre premier contact
01:16 avec ce futur métier, c'est ça ?
01:18 -Oui, mon oncle et ma tante étaient agriculteurs.
01:21 Ils vivaient dans une petite ferme au bord de la mer.
01:24 Ils avaient vécu une enfance merveilleuse.
01:26 Et il y avait un boucher qui venait une fois par an,
01:29 une ou deux fois par an,
01:31 pour abattre un animal, monsieur Cabel,
01:33 pour notre propre consommation.
01:35 Et quand ce monsieur venait,
01:37 je restais... Je n'allais pas à l'école, ce jour-là,
01:40 et je restais le regarder travailler,
01:43 et ses gestes m'ont fasciné tout de suite.
01:45 Je sais pas pourquoi.
01:47 Enfin, je l'ai su bien plus tard,
01:49 mais au début, je ne savais pas pourquoi.
01:51 Mais ce décalage entre ce monsieur très particulier,
01:56 un peu bourru, un peu brutal,
01:58 et ses gestes merveilleux, ses gestes très élégants...
02:01 -Très précis. -Très précis.
02:03 Tout ça, ça me fascinait.
02:05 Et très jeune, je devais avoir 9 ou 10 ans,
02:07 un repas de famille,
02:09 j'ai dit que je voulais faire le métier de monsieur Cabel.
02:12 -C'est assez original.
02:14 Souvent, très souvent, on dit que...
02:16 Enfin, ça a changé depuis quelques années,
02:18 mais pendant longtemps, on disait
02:21 que c'était un peu un 2e choix,
02:22 parce que ça ne marchait pas à l'école,
02:24 mais pas du tout.
02:26 -C'est un peu le malheur de nos professions.
02:28 On a un manque de...
02:29 -De reconnaissance. -De reconnaissance.
02:32 Et puis surtout, peu de gens sont attirés par ces métiers
02:35 parce que très souvent,
02:37 on les met dans les métiers manuels par punition,
02:39 parce qu'on a été mauvais à l'école.
02:41 Moi, c'était pas mon cas.
02:43 J'étais un élève moyen sans être un génie,
02:45 mais je passais normalement en seconde
02:48 pour aller vers le bac.
02:50 Mais non, je voulais faire ce métier,
02:52 et je savais qu'il fallait quitter le collège
02:54 après la 3e et aller en apprentissage
02:57 pour faire ce métier.
02:58 Donc j'ai dû persuader,
02:59 mais convaincre, je veux dire, plutôt,
03:02 mon oncle et ma tante
03:03 que je voulais faire ce métier.
03:05 -Vous avez décidé de faire ce métier,
03:07 qui est un métier quand même difficile.
03:09 On pourrait dire, moralement,
03:11 parce que tu es des bêtes aussi,
03:13 mais ça, ça a pas l'air d'être quelque chose
03:16 qui vous a arrêté.
03:17 -Je suis un enfant de la campagne.
03:19 -Mais physiquement, c'est un métier
03:21 très difficile.
03:22 -Il l'a été, mais il l'est plus.
03:24 On fait des horaires de bureau.
03:26 Il y a des moyens de manutention
03:28 qui permettent de ne plus transporter
03:30 les carcasses trop lourdes.
03:32 Aujourd'hui, le métier est très ouvert.
03:34 On a beaucoup de filles dans notre métier.
03:37 Non, c'est plus aussi difficile que ça l'a été,
03:40 à une époque.
03:41 Quand j'ai débuté, c'était très difficile.
03:44 -D'ailleurs, à propos de filles,
03:46 vous parlez d'une jeune apprentie,
03:48 qui est chez vous,
03:49 ce qui prouve qu'il y a de plus en plus de filles.
03:52 En quoi, sinon, le métier a-t-il beaucoup changé
03:55 ces dernières années ?
03:56 -Il a changé parce qu'il est en train de disparaître,
03:59 malheureusement.
04:00 Et donc, les derniers bouchers,
04:02 les derniers mouhicans de ce métier
04:05 doivent survivre et comprendre
04:07 comment ce métier doit évoluer.
04:09 On doit consommer de la viande
04:10 d'une façon différente, en conscience.
04:13 On peut plus consommer des quantités
04:15 comme on a consommé jusqu'à présent.
04:18 Aujourd'hui, on doit élever la qualité de nos produits.
04:21 Manger de la viande,
04:22 ça doit être quelque chose d'exceptionnel.
04:25 Il faut que ce soit formidable.
04:27 Et donc, ça a créé une nouvelle génération de bouchers,
04:30 beaucoup plus attentionnés
04:32 à toutes ces problématiques de consommation de la viande.
04:36 -Oui, donc, en fait, ce qu'on lit en filigrane,
04:39 c'est qu'on peut être bouché
04:40 pour la protection de la planète.
04:42 -Bien sûr. Et on peut être bouché
04:44 et amoureux des animaux, comme je l'ai toujours été.
04:48 -Ce qui est intéressant, c'est que ce que vous racontez,
04:51 c'est qu'après 35 ans d'activité intense à Paris, à Nièvre,
04:54 vous avez décidé de changer de vie,
04:56 enfin, pas complètement, de changer d'endroit
04:59 et de vous installer dans la Nièvre.
05:01 -Oui, j'ai quitté les beaux quartiers parisiens
05:04 pour m'installer dans un tout petit village
05:06 de 380 habitants, Bouy, dans la Nièvre,
05:10 où la dernière boucherie, à 40 km à la ronde,
05:13 allait disparaître.
05:14 Donc, j'ai décidé de la reprendre
05:16 pour ne pas qu'elle disparaisse.
05:18 En fait, je me suis donné une mission dans cette boucherie,
05:22 c'est de la transmettre à quelqu'un.
05:24 Camille est la bienvenue pour moi,
05:26 parce que c'est à elle que je veux transmettre un jour
05:29 cette boucherie.
05:30 Je suis là pour une petite dizaine d'années,
05:33 jusqu'à l'âge de ma retraite,
05:35 pour pouvoir confier cette dernière boucherie
05:38 de la région à Camille.
05:39 -Et revenir un petit peu au métier originel,
05:42 d'une certaine façon ?
05:43 -Oui, à Paris, j'avais un peu perdu le lien
05:46 avec la matière, la matière première,
05:48 car mon entreprise était devenue de plus en plus importante,
05:52 détenue par des financiers,
05:54 avec, je veux dire, moins d'attrait pour moi au quotidien.
05:59 Et donc, je voulais revenir au pied du billot,
06:02 travailler, mettre ma vitrine le matin,
06:05 servir mes clients directement,
06:07 former une apprentie.
06:09 C'est ça que je voulais faire.
06:11 -Vous le faites, donc c'est parfait.
06:13 Je vous conseille de lire ce livre,
06:15 "La clé des champs", "La nouvelle vie d'un boucher de légendes".
06:18 Merci, Yves-Marie Lebourg-Donec,
06:20 chez Michel Laffont. -Merci.
06:22 ...
06:27 [SILENCE]

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