La traque de Patrick Haemer _ Documentaire Crime District

  • il y a 6 mois
La traque de Patrick Haemer _ Documentaire Crime District

Category

Personnes
Transcription
00:00:00 Un fourgon cellulaire a été attaqué par des malfaiteurs qui ont libéré Patrick Amers.
00:00:07 J'avais réussi à avoir un peu d'argent avant de partir, mais on ne s'est pas travaillé là-bas.
00:00:13 C'est ici, à son domicile, avenue Franklin Roosevelt, que Monsieur Paul Vanden Bujans aurait été enlevé.
00:00:20 Allô ? Monsieur Gérard Latorre ? C'est moi.
00:00:23 Êtes-vous prêt à collaborer ? Oui. Je suis Monsieur Léon.
00:00:27 Il y a cette indication technique qui nous dit que les contacts téléphoniques proviennent de la ville de Rio.
00:00:33 L'enlèvement de Paul Vanden Bujans, pour vous, c'était le dernier coup, le grand coup ?
00:00:39 Pour moi, c'était le grand coup, le coup de la finale.
00:00:44 Je vois ça à son interview à Merse. C'est certain qu'il ne va pas être extradé.
00:00:49 Il est en train de se faire un coup de poing. Il est en train de se faire un coup de poing.
00:00:53 Il est en train de se faire un coup de poing. Il est en train de se faire un coup de poing.
00:00:58 Il est en train de se faire un coup de poing. Il est en train de se faire un coup de poing.
00:01:03 Il est en train de se faire un coup de poing. Il est en train de se faire un coup de poing.
00:01:08 Il est en train de se faire un coup de poing. Il est en train de se faire un coup de poing.
00:01:12 Il est en train de se faire un coup de poing. Il est en train de se faire un coup de poing.
00:01:15 Il est en train de se faire un coup de poing. Il est en train de se faire un coup de poing.
00:01:20 Il est en train de se faire un coup de poing. Il est en train de se faire un coup de poing.
00:01:25 Il est en train de se faire un coup de poing. Il est en train de se faire un coup de poing.
00:01:30 Il est en train de se faire un coup de poing. Il est en train de se faire un coup de poing.
00:01:35 Il est en train de se faire un coup de poing. Il est en train de se faire un coup de poing.
00:01:40 Quelques heures plus tôt, le malfaiteur se trouvait dans un fourgon cellulaire
00:01:45 qui devait l'emmener au palais de justice de Bruxelles.
00:01:48 C'est lors de ce transfert que ses complices l'ont libéré.
00:01:52 Un fourgon cellulaire a été attaqué par des malfaiteurs qui ont libéré un détenu particulièrement dangereux, Patrick Amers.
00:02:00 Brusquement, une voiture Audi fait une queue de poisson à un fourgon cellulaire qui vient de la prison de Louvain et l'oblige à s'arrêter.
00:02:07 Le fourgon est éventré. Trois hommes arrivent, extraient Patrick Amers, l'embarquent dans une voiture et Amers disparaît.
00:02:15 Une attaque en main armée sur un fourgon cellulaire qui était gardé par la gendarmerie, à l'époque c'était tout à fait exceptionnel.
00:02:24 Il y avait des touristes allemands qui suivaient ce qu'on voit sur l'autoroute, qui ont insisté à tout ça.
00:02:30 Je crois qu'ils ne reviendront pas souvent à Belgique en vacances.
00:02:33 Lors de l'attaque, un gendarme est grièvement blessé. C'est Denise Thiac, l'épouse du truant, qui a organisé l'évasion.
00:02:42 J'étais à la prison, je devais prévenir du transfert. Donc je suis allée à la prison le voir. Il m'a confirmé son heure de transfert. J'ai prévenu les autres.
00:02:55 Surnommé le Grand Blond, Patrick Amers avait été arrêté suite à dix violents hold-up commis avec ses complices de 1982 à 1986.
00:03:05 Ses attaques d'une extrême violence en font l'ennemi public numéro un.
00:03:11 C'est un truant spécialisé dans les vols à main armée, pour les banques ou surtout les transports de fonds.
00:03:20 Ou à la fin de cette série, il fait usage d'explosifs. Il aime ce côté adrénaline, ce côté aussi pognon, parce que par la force des choses, il y prend beaucoup d'argent.
00:03:35 En faisant usage de la violence, la bande Amers a causé la mort de trois personnes.
00:03:40 C'est l'attentat contre le fourgon postal à Verviers, avec deux agents des postes qui sont assassinés. Henriette Genet, 30 ans, et son collègue Yves Lambier, 31 ans, sont morts, tués sur le coup.
00:03:56 Patrick Amers avait déjà commis d'autres méfaits auparavant, mais c'est le début d'une longue série meurtrière. Il devient d'ailleurs l'ennemi public numéro un.
00:04:06 En s'évadant, Amers se doute que toutes les polices de son pays sont à ses trousses. S'il a choisi de fuir directement vers Paris, ce n'est pas pour s'installer en France.
00:04:17 Accompagné de sa femme et de son fils, Amers sort à l'aéroport de Roissy le soir même, après son évasion.
00:04:25 -Il a des papiers avec une fausse identité. Une fausse identité pour lui, mais une fausse identité pour sa femme et une fausse identité pour son fils.
00:04:33 -Il allait être très rapide parce qu'il allait être signalé tout de suite, donc on peut juste se dire qu'en espérant qu'on n'ait pas été signalé.
00:04:39 Le contrôle des passeports est l'ultime étape avant d'embarquer dans l'avion.
00:04:44 -Ils nous ont trouvé très sympathiques et ils nous ont souhaité un bon voyage et de bonnes vacances.
00:04:56 Mission accomplie. Le détenu le plus dangereux de Belgique a réussi à disparaître des radars. Il part se cacher au Brésil.
00:05:05 -Elle arrivait à Rio, elle était plus stressante parce que Patrick est passé très très bien, mais moi, ma photo, il trouvait qu'elle correspondait pas bien parce que la coiffure avait un peu changé, donc c'était un peu embêtant.
00:05:23 Rio de Janeiro, la vie au soleil loin de la grisaille belge. Voilà ce qui attend Patrick à Merse. Avec sa famille, il s'installe dans une villa des beaux quartiers.
00:05:38 Le détenu en fuite a besoin de décompresser tout en restant sur ses gardes.
00:05:47 -Au début, c'est un stress permanent. C'est assez difficile de se détendre. Patrick sortait quand même d'un an de prison et il faut quand même quelques jours pour qu'il se réhabitue.
00:05:59 A Bruxelles, une équipe d'enquêteurs est constituée pour retrouver le dangereux fugitif.
00:06:06 -Il y a un signement national qui a été mis par le juge de coup et en même temps que le signement national, il y a un signement international et interpol avec un mandat d'arrêt international.
00:06:17 Mais pour l'instant, ces enquêteurs n'ont pas le moindre indice leur permettant de localiser le malfaiteur.
00:06:23 -Quand il est dans l'Amérique du Sud, Patrick à Merse voyage beaucoup. Il a peur d'être pris, il se sent surveillé, il change de place tout le temps.
00:06:30 -On s'était dit qu'on allait descendre jusqu'à cette frontière puisque c'était le Paraguay, l'Uruguay et l'Argentine et que là, on allait voir ce qu'on faisait.
00:06:39 Pendant ce temps en Belgique, les enquêteurs concentrent leurs investigations sur Denise Thiac, l'épouse du truand.
00:06:45 Ils se doutent qu'elle a joué un rôle dans l'évasion.
00:06:48 -Et on trouve que le 11 août 87, deux jours avant l'évasion, elle loue une voiture, une Peugeot 309 qu'elle ne rend pas à l'agence de location et qu'on retrouve en face de l'hôtel Meridien à Paris.
00:07:03 Les enquêteurs ont la preuve que le couple à Merse et leur fils sont arrivés à Paris le soir de l'évasion.
00:07:14 Mais avec quel objectif ? Ont-ils pris l'avion ? Dans les aéroports de la région parisienne, les listes des voyageurs sont passées au crible sans résultat.
00:07:24 L'usage de faux passeports par le couple à Merse complique les recherches.
00:07:30 -Il fallait sortir tous les trois mois du pays.
00:07:33 -Donc on est allé un peu en Argentine en restant quelques jours puis retourner.
00:07:38 -Après il a fallu revenir en Europe aussi parce que le passeport n'était plus bon.
00:07:43 L'ennemi public numéro un est forcé de retourner en Belgique et pas uniquement pour changer de passeport.
00:07:51 Aussi incroyable que cela puisse paraître, Patrick à Merse effectue des séjours dans son pays pour commettre de nouveaux hold-up.
00:07:59 Il a besoin d'argent pour financer sa vie au Brésil.
00:08:03 -J'avais réussi à avoir un peu d'argent avant de partir mais c'était pas pour vivre toute une vie et on s'est pas travaillé là-bas.
00:08:13 -C'était très compliqué en fait. Avec des faux noms et tout c'est pas très évident.
00:08:19 A Merse multiplie les attaques. Aussitôt le hold-up terminé, il repart incognito au Brésil.
00:08:27 Pour l'instant les enquêteurs ignorent tout de ces curieux allers-retours mais ils avancent dans leurs recherches.
00:08:34 En octobre 88, ils ont enfin une piste.
00:08:39 Une femme impliquée dans l'évasion de Patrick à Merse leur fait des révélations.
00:08:45 -Elle déclare qu'en effet elle l'accompagne de Nistiak le 12 août 87 à Paris.
00:08:54 Elle se rend avec la famille à Merse, c'est-à-dire Patrick à Merse, de Nistiak et le fils Kevin à Merse à l'aéroport de Roissy.
00:09:02 Où ils prennent l'avion pour Rio à 23h20 du soir.
00:09:08 Nous faisons une enquête à Roissy et effectivement ils étaient partis à 23h20 du soir sous les faux noms d'Alain Trodoux pour A Merse, Brigitte Doye pour Thiac et Kevin Trodoux pour le fils de Kevin à Merse.
00:09:27 Mais les enquêteurs s'interrogent. Ils n'ont pas la certitude que le dangereux fugitif est resté à Rio.
00:09:36 Car ce qui les intrigue, c'est un nouveau braquage portant la signature de la bande à Merse.
00:09:43 -Le 4 novembre 88, la bande à Merse commet un hold-up sur un fourgon postal aux Pays-Bas, notamment à Almer.
00:09:52 Cette attaque est commise par Patrick à Merse avec l'aide d'un malfrat d'origine yougoslave, un certain Bassri Bajrami.
00:10:02 Les deux hommes sont signalés dans les boîtes de nuit d'Amsterdam mais une fois encore, A Merse échappe aux recherches policières.
00:10:09 -J'attendais dans une cabine qui m'appelle pour savoir comment il allait. J'avais pas un coup de fil tous les jours, j'avais un coup de fil tous les 2-3 jours.
00:10:19 Donc c'était quand même fort stressant.
00:10:27 Fin novembre 88, A Merse rentre au Brésil. Il dispose à nouveau de liquidités pour payer les frais de sa villa.
00:10:35 -Pour passer inaperçu, de toute façon, vous avez une villa, vous avez d'office une bonne parce que c'est une normalité là-bas.
00:10:42 Vous avez pas de bonne, ils vont même trouver ça bizarre quand vous êtes dans des quartiers bien.
00:10:46 Tout cela coûte beaucoup d'argent et A Merse commence à se lasser des attaques de fourgons.
00:10:53 Alors pour disposer plus rapidement d'un important pactole, le fugitif échafaude un plan plus ambitieux, l'enlèvement d'une riche personnalité.
00:11:03 -C'était pour ne plus faire d'attaques après, c'était ça le but.
00:11:09 Bruxelles, le 12 janvier 1989, Patrick A Merse passe à l'action.
00:11:16 L'homme qu'il a choisi d'enlever est un ancien premier ministre, Paul Van Den Boeinens.
00:11:23 A Merse et ses complices l'attendent dans le garage de son immeuble.
00:11:27 Le lendemain, les journalistes sont informés d'une inquiétante disparition.
00:11:34 -Le bruit commence à circuler dans l'après-midi, Paul Van Den Boeinens ne serait pas rentré chez lui, aurait disparu.
00:11:42 Au fur et à mesure de la journée, l'information se précise et le soir, on commence déjà à parler d'enlèvement.
00:11:51 -Le ministre d'Etat a disparu depuis hier soir.
00:11:56 -C'est ici, à son domicile, avenue Franklin Roosevelt que M. Paul Van Den Boeinens aurait été enlevé hier soir.
00:12:04 -On dispose encore de très peu d'éléments sur cette affaire.
00:12:07 -Jamais on n'avait enlevé de la sorte un ministre en Belgique, c'était quelque chose d'assez inouï.
00:12:15 A Merse a jeté son dévolu sur une personnalité politique de haut rang, ancien chef du gouvernement mais aussi homme d'affaires.
00:12:23 Le malfaiteur a lu dans la presse des informations sur la fortune supposée de Van Den Boeinens.
00:12:29 -On sait que Van Den Boeinens a la réputation d'avoir de l'argent, on le sait d'autant plus que quelques années auparavant, il y a eu un procès en fraude.
00:12:39 Trois ans plus tôt en effet, l'homme politique a été condamné à trois ans de prison avec sursis pour fraude fiscale, faux et usage de faux.
00:12:47 Ce qui ne l'a pas empêché de maintenir ses activités.
00:12:51 -C'est un homme encore puissant politiquement tout de même, il connait beaucoup de gens, il est dans les affaires, il est dans la politique, il est dans les parkings, il est dans la viande.
00:13:02 -Papa !
00:13:05 *-Si tu m'entends ou si tu me le dis, tu dois savoir que nous sommes avec toi.
00:13:18 Ni la famille ni la justice ne se doutent que Patrick Amers est l'instigateur de cet enlèvement.
00:13:25 D'ailleurs les enquêteurs qui traquent le malfrat sont mis à l'écart des investigations.
00:13:34 -Nous savons uniquement ce qui a été publié dans les journaux. Nous ne savons rien d'un lien entre la bande Amers qui était une bande de braqueurs et l'enlèvement de VDB.
00:13:47 Amers et ses complices envoient à la rédaction du journal Le Soir des lettres de revendication.
00:13:53 Ils se font passer pour un groupe politique, les Brigades Socialistes Révolutionnaires et ils apportent la preuve que leur otage est en vie.
00:14:03 -A la rédaction du quotidien bruxellois comme ailleurs, depuis le rapte de VDB il y a 10 jours, c'est la première fois qu'on a reçu une preuve qu'il s'agit bien des ravisseurs.
00:14:12 La photocopie de la carte d'identité de Paul Van den Boenans se trouvait dans l'enveloppe.
00:14:17 De même que deux pages d'une lettre manuscrite écrite très probablement de la main de l'ancien premier ministre.
00:14:29 Le Touquet en France, c'est ici à 300 km de Bruxelles que la bande Amers retient son otage.
00:14:36 Une discrète villa a été louée pour le séquestrer mais les discussions entre les ravisseurs et l'homme politique sont plus compliquées que prévues.
00:14:46 -Ils espéraient avoir le maximum en lui faisant peur. T'as cette attitude, du caractère.
00:14:53 Amers négocie la rançon par téléphone avec un ami de Paul Van den Boenans. Le malfrat se fait appeler Monsieur Léon.
00:15:01 -Monsieur Jean Lattorre ? -C'est moi.
00:15:04 -Êtes-vous prêt à collaborer ? -Oui.
00:15:08 -Je suis Monsieur Léon. -Oui, je suis capable techniquement de faire la transaction. Vous devez quand même vous rendre compte qu'il faut du temps.
00:15:15 -Dans quel délai ?
00:15:18 -Il me faudrait disons une dizaine de jours, facilement.
00:15:23 -Je vous rappelle mardi à 12h30. -Parfait, mardi 12h30, parfait.
00:15:32 En attendant de trouver un accord, les ravisseurs se détendent. Le soir, ils font la tournée des bars du Touquet.
00:15:43 -Est-ce qu'ils ont bu du champagne ? -Non. -Non. -Qu'est-ce qu'ils buvaient ? -Whisky et bon ben c'était Monsieur, je sais pas son nom.
00:15:52 -Les noms ? -Amers. -Amers. -Whisky c'était lui. -Il collait beaucoup lui ? -Six ou demi heures de temps, pas moins.
00:15:59 -C'était 5, 6, 7, 7 whisky. -Mais on n'a pas fait attention, ils étaient là dans le coin, ils étaient à 4 et on n'a pas fait attention.
00:16:07 -Est-ce que c'est plutôt ce qu'on appelle des beaux garçons comme dans les films de Truand ou bien sympathiques ? -Oui c'est peut-être des beaux garçons sympathiques.
00:16:13 Les ravisseurs s'impatientent. S'ils ont besoin rapidement de la rançon, c'est parce qu'ils sont à court d'argent.
00:16:23 Alors ils décident de commettre un braquage sur un fourgon. L'attaque est commise au nord de Bruxelles. Elle est extrêmement violente et fait un mort.
00:16:34 Aucun enquêteur n'imagine un instant que ce fait divers sanglant puisse avoir un lien avec l'enlèvement de VDB.
00:16:41 Quelques jours plus tard, l'ami de Paul Van Den Boeinans se rend à Genève pour remettre la rançon.
00:16:53 Deux millions et demi de francs suisses ont été déposés dans une valise. L'otage est libéré.
00:17:02 Une édition spéciale de notre journal pour ce qui est l'événement de la journée. Paul Van Den Boeinans est libéré.
00:17:09 Dès l'annonce de la bonne nouvelle, de nombreux bouquets de fleurs ont été portés chez Paul Van Den Boeinans. Ses amis ont voulu ainsi lui témoigner immédiatement leur sympathie.
00:17:19 Plusieurs proches ont également pu le rencontrer. Tous ont confirmé que Paul Van Den Boeinans était très éprouvé mais que son état de santé n'inspirait aucune inquiétude.
00:17:30 J'ai pensé à ceux, à tous ceux que je voulais absolument revoir. J'ai pensé à tout ce que je pourrais encore faire.
00:17:40 J'ai dit, et je vous l'ai dit comme j'ai dit parce que je me suis dit la phrase à mi-voix. VDB, tu ne vas pas crever ici.
00:17:51 Je ne sais pas d'où je viens, mais je viens de loin.
00:17:57 Le morceau qui m'a enlevé est diffusé en boucle sur la bande FM. Le disque s'écoule à 50 000 exemplaires.
00:18:04 Mon loden déchiré, ma pipe, résultat des courses, je suis resté en chemise et en caleçon.
00:18:11 Loin de ce buzz musical, les membres de la bande Amers se réparent à la chambre de la BD.
00:18:18 Résultat des courses, je suis resté en chemise et en caleçon.
00:18:22 Loin de ce buzz musical, les membres de la bande Amers se répartissent l'argent de la rançon.
00:18:28 Mission accomplie, ils sont riches.
00:18:32 Mais l'un d'eux va commettre une erreur.
00:18:35 Sébastien Bajrami recherché pour le hold-up commis aux Pays-Bas. Ses proches sont surveillés par la police.
00:18:44 Bajrami fait l'erreur en fait, il revient avec sa part de rançon.
00:18:48 Et il fait l'erreur de contacter sa femme, de lui demander de venir le chercher à la gare.
00:18:53 Alors qu'il savait qu'elle était filée, qu'elle était sous surveillance et tout.
00:18:57 Bajrami se doute que ses proches sont sur écoute.
00:19:00 Mais la Saint-Valentin approche et le malfrait a un désir pressant de revoir sa compagne.
00:19:05 Allo ? Allo ? Oui ? Ça va mon petit coeur ? Ça va.
00:19:09 Je te confirme exactement l'heure, normalement c'est à 4 heures. Ça va.
00:19:13 À endroit avec 4 lettres là.
00:19:16 Ouais.
00:19:18 Devant les gros trucs là.
00:19:19 Ouais ouais.
00:19:20 Mardi hein.
00:19:22 Ça va.
00:19:23 Ciao, je t'embrasse.
00:19:24 Ok, moi aussi.
00:19:25 Ciao.
00:19:26 Les 4 lettres font référence à la ville de Metz en France.
00:19:31 La cellule chargée de retrouver Patrick Amers se rend sur place.
00:19:36 Très tôt le matin, le 14 février 89,
00:19:41 sur l'autoroute vers Metz, nous entendons à la radio
00:19:44 que VDB a été libéré la veille par ses ravisseurs à tourner.
00:19:49 Ça nous dit rien du tout, on s'est dit c'est une bonne chose, on continue sur Metz.
00:19:55 Arrivé à Metz, Basri Bajrami ne se doute pas que les policiers scrutent les lieux
00:20:02 où il a donné rendez-vous à sa compagne.
00:20:04 Du coup là, tout était encerclé, il s'est fait arrêter.
00:20:08 Et là après, ça c'est la dégringolade un peu pour tout.
00:20:11 Deux jours après la libération de Paul Van Den Boenheins,
00:20:18 une piste pour les enquêteurs qui recherchent les auteurs de l'enlèvement.
00:20:21 Basri Bajrami, un ressortissant yougoslave âgé de 34 ans,
00:20:25 a été arrêté à Metz mardi soir.
00:20:27 Dans ses poches, 198 000 francs suisses environ.
00:20:31 Cet argent est-il lié à la rançon remise par la famille de Paul Van Den Boenheins ?
00:20:35 On n'en sait encore rien.
00:20:36 - Vous connaissez Mr Van Den Boenheins ?
00:20:38 - Absolument pas monsieur.
00:20:39 - Vous connaissez Patrick Amers ?
00:20:40 - Je ne connais personne monsieur.
00:20:41 Dans la villa du Touquet, c'est la panique.
00:20:46 Le lieu de séquestration n'a pas encore été complètement nettoyé par les ravisseurs,
00:20:52 mais il faut faire au plus vite.
00:20:54 Les enquêteurs accumulent les indices en fouillant Bajrami.
00:20:58 - Il trouve sur lui une note de paiement d'un hôtel à Paris.
00:21:03 Et il trouve qu'à partir de sa chambre d'hôtel, Bajrami a fait des coups de fil.
00:21:08 Il a téléphoné à gauche et à droite.
00:21:10 Et entre autres, il a téléphoné à une villa au Touquet.
00:21:14 Le 18 février 89, une descente est effectuée dans cette villa.
00:21:23 Est-ce un lieu d'hébergement des malfrats ?
00:21:26 Abrite-t-elle des armes pour commettre des braquages ?
00:21:30 Lorsqu'ils pénètrent à l'intérieur, les policiers font une toute autre découverte.
00:21:34 - Ils y trouvent un lieu de séquestration qui n'avait pas été nettoyé.
00:21:38 Donc les hôteurs s'étaient enfouis en toute précipitation.
00:21:44 - On retrouve encore sur place des cagoules, on retrouve des armes, diverses choses,
00:21:48 mais plus la moindre trace de quelqu'un.
00:21:50 - Pour eux, c'était clair, il y avait eu un otage dans cette villa.
00:21:55 - Ils trouvent aussi des sérengs, des injections, des médicaments,
00:22:00 et finalement des documents au nom de Van den Beunen.
00:22:03 À Bruxelles, les autorités judiciaires n'en reviennent pas.
00:22:11 Durant le kidnapping, aucune piste sérieuse n'avait permis d'identifier les ravisseurs.
00:22:16 C'est finalement une autre enquête consacrée au braquage de la bande à mers qui apporte la réponse.
00:22:22 - Le lendemain, je suis appelé à Bruxelles par le magistrat national.
00:22:26 On décide de créer une cellule d'enquête spéciale.
00:22:29 Et cette enquête aura comme mission de chercher les autres membres de la bande.
00:22:37 Le chef de la bande rejoint au plus vite son pied-à-terre sur le continent sud-américain.
00:22:43 Mais en Belgique, il n'a pas eu le temps d'effacer des indices.
00:22:48 En fouillant un box de garage à Hucle, les enquêteurs ne tardent pas à retrouver l'arsenal utilisé par les malfrats pour commettre des attaques.
00:22:57 - Dans ce box, on découvre une BMW qui a servi à commettre l'attaque sur le fourgon blindé du 31 janvier 89 sur l'autre route de la mer.
00:23:07 - Ce qui fait encore plus troublant de cette affaire, c'est que précisément,
00:23:11 sur la voiture BMW qui se trouvait dans ce garage,
00:23:14 il était à poser des plaques fausses, bien sûr, mais dont le numéro minéralogique était l'un de ceux qui se trouvent sur l'une des voitures de M. Paul van den Boenen.
00:23:24 Alors, entre toutes ces affaires, y a-t-il un lien ?
00:23:27 Il est bien sûr trop tôt pour le faire, mais c'est pour le moins troublant, si pas inquiétant.
00:23:31 Les enquêteurs cherchent également des indices à la Côte d'Azur.
00:23:35 L'un des complices de Patrick Amers, Philippe Lacroix, avait un pied-à-terre à peau.
00:23:42 - Philippe, il habitait sur la Côte d'Azur, à ce moment-là. Il louait une belle villa avec... Ils habitaient là, tranquilles, avec leurs filles.
00:23:50 En fouillant dans un box de garage de la famille de ce complice, les policiers français vont trouver un indice capital qui va faire basculer l'enquête.
00:24:01 - Dans ce box de garage, ils détectent pas mal de choses, notamment une machine à écrire.
00:24:12 Ils ont l'intelligence d'enlever le ruban et d'analyser le ruban sur la machine à écrire.
00:24:19 - Les anciennes machines à écrire, vous savez, c'est avec un ruban qui permettait l'impression sur le papier.
00:24:26 A l'analyse de ce ruban, on découvre effectivement une adresse au Brésil.
00:24:32 Et plus précisément, celle d'une villa à Rio de Janeiro.
00:24:37 L'étau se resserre autour de Patrick Amers. C'est peut-être là que se cache l'ennemi public numéro 1.
00:24:44 Et pour le savoir, les policiers vont recevoir une aide inespérée d'un proche en contact permanent avec le fugitif.
00:24:52 C'est le père du malfrat, Achille Amers.
00:24:56 - C'est un type qui a... Il a une affaire qui marche, il a de l'argent, il est bien considéré jusqu'à un certain point.
00:25:04 - Achille avait rendez-vous tous les jours avec la brigade Gamma.
00:25:08 Et il a réussi à convaincre Patrick de lui téléphoner.
00:25:12 - Il dit qu'il a effectivement régulièrement des nouvelles de son fils parce que son fils lui téléphone.
00:25:16 Mais il lui téléphone dans des cafés, dans différents bistrots. Et chaque fois dans un bistrot différent.
00:25:21 - Mon beau-père a posé plein de questions sur où on était, mais on lui a pas dit précisément.
00:25:26 Il savait pas le quartier où on habitait.
00:25:29 En analysant les relevés téléphoniques, les policiers découvrent que Patrick Amers est bel et bien au Brésil.
00:25:36 - Il y a cette indication technique qui nous dit que les contacts téléphoniques proviennent de cette ville-là, de la ville de Rio, au Brésil.
00:25:46 Il n'y a plus une minute à perdre. L'enquêteur belge Paul Van Tielen prend le premier vol pour Rio de Janeiro.
00:25:56 Arrivé sur place, il est reçu par les policiers brésiliens.
00:26:02 Van Tielen leur communique les noms d'emprunts utilisés par Patrick Amers sur les faux passeports.
00:26:09 - Ils ont pu consulter directement sur l'écran en donnant un nom.
00:26:15 Ils savaient en quelques secondes, nous donner, OK, il est passé, il est entré au Brésil à cette date-là.
00:26:24 Il est ressorti à cette date-là. Ça, c'est le point de sortie, le point d'entrée, Rio ou ailleurs.
00:26:31 - Il fait des voyages en Amérique du Sud. Il va voir en Colombie, il va voir en Uruguay, en Argentine
00:26:41 pour se trouver un endroit où il pouvait passer ses jours sans être inquiété.
00:26:47 Il savait pas où il allait rester, si c'était le Brésil ou un autre pays.
00:26:54 Et il va en Uruguay, notamment à Montevideo, à Punta del Este, pour aller placer son argent dans des banques.
00:27:03 Les enquêteurs belges connaissent désormais tous les déplacements réalisés par le fugitif depuis son évasion.
00:27:11 Ils veulent maintenant passer à l'action et cueillir Patrick Amers à l'adresse retrouvée sur le ruban de Machina Écrire.
00:27:19 Mais la collaboration avec les autorités brésiliennes est compliquée.
00:27:23 - Au niveau de l'enquête, ils leur manquent de moyens, jusqu'à y compris les voitures.
00:27:29 Donc ils nous demandent de louer à nos frais des voitures pour pouvoir faire l'enquête.
00:27:34 Les Belges acceptent de mettre la main au portefeuille.
00:27:38 Enfin, ils peuvent se rendre dans la ville à supposer du fugitif.
00:27:43 Mais en arrivant sur place, les enquêteurs découvrent un lieu inoccupé.
00:27:48 - De l'extérieur, nous voyons que la maison est vide, que la pelouse n'est pas faite, etc., etc.
00:27:55 Donc, manifestement, c'est vide.
00:27:57 Contacté, le propriétaire explique que les locataires ont quitté précipitamment les lieux il y a quelques semaines.
00:28:04 Mais il révèle une information capitale.
00:28:07 Denys Thiac, l'épouse du malfrat, a un cheval.
00:28:11 Et elle l'a placé dans un manège du quartier.
00:28:14 - Les enquêteurs sur place se posent la question de savoir ou bien on encercle le manège et on voit si par hasard Patrick Amerset est dedans,
00:28:22 ou bien est-ce qu'on attend un autre moment propice parce que si on arrête Thiac et qu'Amerset n'est pas là, c'est foutu.
00:28:30 Ils n'auront plus Amerset parce qu'il sera parti.
00:28:32 - Qu'est-ce qu'on va faire ? On attaque le manège, on y va ou on attend ?
00:28:37 On avait une bonne raison d'attendre.
00:28:40 On savait de par l'enquête en Belgique qu'un coup de téléphone allait se donner de Patrick Amerset à sa famille, à son père, le samedi.
00:28:51 Achille Amerset attend en effet un coup de téléphone de son fils.
00:28:56 Les enquêteurs disposent de l'heure précise du contact téléphonique, mais ils ignorent tout du lieu d'où l'appel sera passé.
00:29:05 A Rio, il y a 5 cabines téléphoniques qui permettent de donner des appels internationaux.
00:29:11 - Parmi les 4-5 endroits, il y a un endroit qui ne se situe pas trop loin de la maison initiale et donc pas très loin du manège.
00:29:20 Ils ne savaient pas le quartier où on habitait, mais Patrick leur a expliqué qu'il y avait un grand centre commercial, etc.
00:29:26 - Patrick Amers avait dit lors d'un de ses contacts téléphoniques qu'il faisait les courses à un supermarché où il y a des gardiens sur les toiles, des gardiens armés.
00:29:38 La description faite par Patrick Amers correspond au Barra Shopping, un grand centre commercial de Rio.
00:29:48 Et cerise sur le gâteau, il y a sur place une cabine téléphonique équipée pour les appels internationaux.
00:29:55 - Je dis ça fait déjà pas mal, on est le mercredi, ça reste 2 jours de patience, on fait rien jusqu'à samedi, on met tout notre jeu sur le contact téléphonique.
00:30:11 Durant ces 2 jours, policiers et enquêteurs repèrent les lieux en toute discrétion. Ils n'ont jamais été aussi près du but.
00:30:19 Le fugitif vit peut-être ses dernières heures de liberté.
00:30:24 - On se met d'accord pour voir comment on va attaquer, ils font très probablement une reconnaissance d'un lieu pour voir comment ça se présente, etc.
00:30:32 En Belgique, les journalistes ignorent tout de la chasse à l'homme qui est en cours.
00:30:37 - On l'a vu à Mers, absolument partout dans le monde, en France, en Espagne, aux Etats-Unis, partout, les journaux sont pleins de spéculations.
00:30:46 Les policiers prennent toutes les précautions car le malfaiteur n'a aucun scrupule à tuer si la situation l'y oblige.
00:30:53 - C'est pas toujours évident d'arrêter une personne dans un grand complexe, il peut prendre des gens en otage, il peut être armé, pas armé, il peut se passer beaucoup de choses.
00:31:06 Nous sommes samedi, le jour se lève sur Rio, les policiers arrivent discrètement sur le parking du centre commercial avant son ouverture.
00:31:16 - On fait semblant d'être les premiers visiteurs, on se promène un peu à gauche et à droite, essayons de ne pas faire remarquer.
00:31:24 Soudain, un homme ressemblant fortement à Patrick Amer se dirige vers la cabine téléphonique et il n'est pas seul.
00:31:32 Axel Zeyen, l'un de ses complices, l'accompagne.
00:31:35 - Axel habitait avec nous, chez nous, donc il est allé avec Axel. Je crois qu'Axel espérait parler aussi à sa femme.
00:31:44 - Ils sont parmi les premiers clients, je les vois venir, ils sont à deux, je ne reconnais pas tout de suite le deuxième, mais je reconnais tout de suite Patrick Amers.
00:31:53 L'homme le plus recherché de Belgique est à quelques mètres de Paul Van Thielen, la chasse à l'homme va bientôt prendre fin.
00:32:02 - C'est Patrick Amers seul qui rentre dans une des cabines téléphoniques. Je crois pas que les collègues lui donnent l'occasion de téléphoner.
00:32:11 - Je crois qu'une fois qu'il est dans la cabine, il saute dessus à deux. Il y a deux autres qui sautent sur son compagnon Axel Zeyen.
00:32:19 Les deux hommes sont menottés et fouillés par les policiers brésiliens.
00:32:25 - Il n'y a pas de violence pour ainsi dire, bien sûr il les fouille, il les menottent, mais Patrick Amers lui-même ne donne pas de résistance, aucune rébellion de sa part, donc tout se passe relativement calme.
00:32:40 Les enquêteurs belges prennent la décision de photographier Amers menotté.
00:32:48 Avant de prendre l'avion pour le Brésil, l'enquêteur Paul Van Thielen a reçu les confidences d'un agent du FBI. Celui-ci la mise en garde sur la corruption qui règne au Brésil.
00:33:00 - Ils ont la preuve qu'effectivement il a été arrêté et que s'il disparaît, c'est à cause des brésiliens.
00:33:08 L'ex-fugitif est embarqué dans le véhicule des policiers locaux et là tout s'arrête pour les enquêteurs belges. Ils sont priés de rejoindre leur hôtel.
00:33:18 - Pourquoi pas accepter qu'on soit dans leur environnement, on peut les aider à faire certaines suggestions etc.
00:33:27 - Ca c'est frustrant de devoir quitter le dispositif, de voir partir les collègues brésiliens à leur bureau avec les deux détenus, sans trop savoir comment ils vont procéder.
00:33:38 - Il y a une chose que les enquêteurs belges craignent, c'est que Amers s'échappe. Puisque dans un premier temps c'est bien entendu dans des geôles brésiliennes que Patrick Amers va être enfermé.
00:33:50 Amers est au courant de la corruption qui touche le pays. Dans le véhicule, il demande aux policiers de le libérer en échange d'une grande somme d'argent.
00:34:00 Et pour prouver sa bonne foi, il leur communique sa dernière adresse et la cachette du butin. Dans cette maison, Denise attend le retour de son mari. Il n'est toujours pas rentré du centre commercial.
00:34:15 - Au moment donné, il y a la police fédérale qui arrive, mais ils me disent "Madame Tiac", je dis "Il n'y en a pas, il n'y a pas de Madame Tiac ici".
00:34:23 - Et puis ils insistent, et puis ils me disent "On a votre mari", je fais celle qui ne comprend pas, puis ils me montrent le trou sauté de voiture, donc je dis "D'accord, ok, entrez".
00:34:33 - C'était assez clair.
00:34:41 - J'en ai dit "On va essayer de négocier peut-être, c'est le moyen de négocier", et puis ils m'ont dit "Oui".
00:34:50 - Ils ont trouvé la cachette où il y avait un peu d'argent, c'est déjà un peu raté. Donc il n'y a plus rien à négocier. Ils m'emmènent au poste et ils me retirent mon fils et ils me mettent en prison.
00:35:06 - Le couple Amers est derrière les barreaux. L'information fait l'effet d'un tremblement de terre dans les médias belges.
00:35:12 - Patrick Amers, l'homme le plus recherché du royaume pour son palmarès de truand hors du commun, et parce qu'il est sans doute l'instigateur de l'enlèvement de Paul Van den Buynhans, a été arrêté à Rio de Janeiro, au Brésil.
00:35:27 À Rio, les enquêteurs belges doivent attendre de longues heures avant d'être enfin recontactés par les policiers locaux. Ceux-ci les emmènent au dernier domicile du fugitif. Mais pour les Belges, il y a quelque chose qui cloche dans le comportement des Brésiliens.
00:35:44 - Ce qui nous surprend, mon collègue et moi, c'est qu'au début de la perquisition, en entrant dans la maison, en fait, les collègues brésiliens vont directement à la chambre à coucher. Ils n'hésitent pas, ils soulèvent le matelas.
00:36:09 Ils trouvent comme par hasard un attaché caisse. Ils ouvrent, l'attaché caisse est ouvert. Il y a une liasse de dollars, un billet de 100 dollars. Ils prennent la liasse et nous demandent explicitement à nous trois, au consul général et aux deux policiers belges de compter. Tous les trois doivent compter. C'était 8000 dollars.
00:36:37 - La police belge a retrouvé la mallette sous notre lit alors qu'elle n'était pas du tout là. Je pense qu'ils se sont servis.
00:36:44 Les policiers brésiliens auraient-ils profité des informations que leur a données Patrick Amers ? Les enquêteurs belges se doutent qu'on leur cache quelque chose, mais ils préfèrent ne pas poser de questions.
00:36:59 - Je n'ai pas osé le faire parce que pour nous ce qui est prioritaire est l'extradition et le maintien en état d'arrestation de Patrick Amers. Ça c'est ce qui prime. Priorité numéro un, ça. Et si jamais il y a une question de corruption, ok, ça c'est pour après.
00:37:17 Les enquêteurs belges n'ont toujours pas pu interroger le couple Amers, incarcéré dans une prison de Rio.
00:37:25 - On était dans notre cellule mais on sortait ni le matin ni le soir. On voyait pas le jour. En fait c'est un endroit de transit qui était assez surpeuplé parce qu'ils avaient arrêté des gens des favelles et il risquait une tentative d'évasion.
00:37:38 - Donc du coup personne ne pouvait sortir au préau tant qu'eux étaient là, qu'ils n'avaient pas été jugés.
00:37:44 A Rio, un avion vient d'atterrir avec à son bord de nombreux journalistes belges. Ils se rendent immédiatement à la prison de Rio.
00:37:54 - On n'a pas été fouillé, on a simplement dit nous sommes journalistes, nous venons de Belgique et le directeur a dit très bien, assieds-vous, café, voilà, pas de problème. C'était vraiment très simple.
00:38:07 Le couple Amers voit la porte de la cellule s'ouvrir. Un gardien les invite à se rendre dans une salle où sont rassemblés des journalistes.
00:38:19 - Ca fait assez bizarre parce que déjà vous êtes halluciné, on vous a retiré votre enfant, il y a tout votre monde qui s'écroule et puis vous vous retrouvez avec des flashs, des caméras et tout.
00:38:30 Patrick Amers, son épouse et un complice qui ont été arrêtés hier à Rio de Janeiro ont été présentés aujourd'hui à la presse par la police brésilienne. Patrick Amers a eu l'occasion de répondre à quelques questions.
00:38:43 - J'ai participé à l'enlèvement de M. Paul Van den Buynhans, j'ai organisé l'affaire, j'ai enlevé M. Paul Van den Buynhans, j'ai séquestré M. Paul Van den Buynhans.
00:38:54 - Pourquoi avez-vous choisi Paul Van den Buynhans ?
00:38:58 - Parce que dans le monde belge par la presse on a entendu dire que M. Paul Van den Buynhans avait une fortune estimée à 2 milliards. Alors forcément M. Paul Van den Buynhans était intéressant mais M. Paul Van den Buynhans ne possède pas 2 milliards.
00:39:14 - L'enlèvement de Paul Van den Buynhans pour vous c'était le dernier coup, le grand coup ou c'était un autre ?
00:39:20 - Pour moi c'était le grand coup, le coup de la finale.
00:39:24 - Après ça vous seriez resté au Brésil ?
00:39:27 - Après ça je tranquille.
00:39:28 - A Rio ?
00:39:30 - A Rio, autre part.
00:39:32 - Il paraît un petit peu fatigué mais pas plus que ça, il donne globalement l'impression de quelqu'un et il le dira d'ailleurs "j'ai joué et j'ai perdu".
00:39:46 - Ce qui était aussi surprenant c'est peut-être l'attitude de Patrick Amerski, effectivement parle de ses attaques pour lesquelles il n'a aucun regret, parle des personnes qui sont mortes mais qui a l'air de considérer ça comme une sorte de fatalité.
00:40:04 - Moi j'avais besoin de techniciens pour ça, j'en ai fait confiance et ils n'ont pas fait le travail comme il devait être fait.
00:40:11 - Et la conséquence, la conséquence c'est celle qu'on connait, c'est des hommes qui sont morts et des femmes qui sont mortes.
00:40:17 - Et dans l'affaire des tueries du Brabant Wallon vous êtes impliqué, vous connaissez des gens qui ont participé à ces tueries ?
00:40:23 - Non je ne connais personne, je ne suis pas impliqué, je n'ai rien à voir avec les tueries du Brabant Wallon et je ne connais personne appartenant à ce milieu là.
00:40:33 A Bruxelles, les magistrats sont surpris par les propos de Patrick Amerski.
00:40:38 Le dangereux malfrat offre des aveux complets dans la bonne humeur et avec le sourire.
00:40:44 - C'est la première fois que je vois un tel comportement, quelqu'un qui avoue aussi facilement et autant de faits en même temps, sans être mis sous pression.
00:40:54 - Combien de coups vous avez fait au total ?
00:40:58 - Je compte sur la police pour me rafraîchir la mémoire parce que j'ai oublié beaucoup d'affaires mais si on m'en parle je pourrais peut-être me souvenir, certainement, enfin beaucoup, je ne sais pas, 30, 40, 50.
00:41:14 - Amers est certain qu'il ne va pas être extradé, je vois ça à son interview.
00:41:21 Amers a-t-il déjà échafaudé un nouveau plan pour retrouver sa liberté ? Les autorités belges le craignent.
00:41:28 - C'est la crainte des policiers belges, c'est que cette prison ne soit pas véritablement bien sécurisée.
00:41:36 - Il est enfermé dans une prison à Rio mais ça ne se passe pas comme on voudrait donc on n'a pas confiance, c'est un nid de fourmis la prison de Rio, on a des rumeurs qu'il y a des plans d'évasion, ils veulent payer les gardiens.
00:41:55 Les autorités belges expriment leurs inquiétudes à leurs homologues brésiliens. La justice belge ne veut pas d'une nouvelle évasion.
00:42:05 - Les mœurs pénitentiaires sont très différentes là-bas à l'époque, bien qu'on parle toujours d'émeutes dans les prisons brésiliennes, de prisons surpeuplées, on voit ça souvent à la télé, il y a des émeutes, des massacres, des morts, etc.
00:42:19 - Et la justice belge demande à la justice brésilienne de l'évacuer dans un endroit plus sûr, plus calme que Rio. Et ainsi à partir de l'été 89, il est donc déplacé dans une caserne de la police fédérale brésilienne à Recife.
00:42:37 Mais avant d'être transféré, le couple Amers doit dire au revoir à Kevin, leur fils, qui est récupéré par ses grands-parents paternels.
00:42:51 - Kevin avait été venu avec mon fils pour voir mon mari, mais pas pour moi. Et quand il m'a vu, il a couru et ma belle-mère m'a annoncé de but en blanc qu'il repartait directement. Ils avaient réussi à obtenir l'autorisation d'emmener mon fils en Belgique grâce à l'ambassade de Belgique. Donc voilà, ça, c'était assez hard. Vraiment, c'était assez dur.
00:43:18 Pour revoir leur fils au plus vite, Patrick Amers et son épouse doivent être extradés du Brésil. En attendant, ils s'installent dans leur nouvelle cellule aménagée spécialement dans une prison de Recife.
00:43:31 - Ce n'est pas vraiment une prison comme on connaît les prisons en Belgique. C'était une caserne de la police fédérale brésilienne, mais fortifiée. Donc il y a un mur autour. Il faut franchir 2-3 portes avant d'arriver au sein de la caserne.
00:43:51 Amers bénéficie de conditions de détention plus souples qu'à la prison de Rio. Sa femme est même autorisée à se détendre dans la cour intérieure.
00:44:00 - C'est vraiment particulier parce qu'on passait notre temps préo après. Moi, je vivais en maillot de bain. Patrick aussi. Quand on voulait téléphoner à l'étranger, on pouvait. Je mettais un baréo et j'allais dans leur bureau, dans ce qui est vraiment spécial.
00:44:14 - C'est tellement rien à voir avec ici. - Ils ont droit à la nourriture d'un restaurateur local. Ils ne sont pas obligés de manger la nourriture de la prison.
00:44:24 - Vous avez des toilettes, une douche et tout dans votre cellule. Elle est nettoyée régulièrement. Pas par les détenus. Par des gens qui viennent nettoyer, mettre des désinfectants et tout. Comme tout est ouvert pour pas avoir trop de bestioles.
00:44:42 Bref, en cet été 89, Amers n'est pas pressé de rentrer en Belgique. Et il va volontairement faire traîner l'extradition.
00:44:52 - C'est long. On peut en fait aller plus vite si on veut, si on accepte tout de suite. Mais sans doute qu'il n'est pas très heureux de rentrer en Belgique.
00:45:03 - La justice belge espère une extradition dans le courant de l'été. Mais il y a des problèmes. Ça ne va pas vite. Ça traîne, ça traîne.
00:45:13 Amers et ses avocats mettent en avant un premier élément pour justifier son refus d'être extradé. La peine de mort.
00:45:21 - En Belgique, on a toujours, en 1989, toujours la peine de mort inscrite dans nos textes de loi. Or, le Brésil n'applique plus la peine de mort, a supprimé la peine de mort dans ses textes.
00:45:32 - Le Brésil ne veut donc pas que... Extrader quelqu'un qui serait susceptible d'être condamné à une peine de mort. Même si cette peine de mort est automatiquement commuée en prison en perpétuité.
00:45:45 Pourtant, l'argument de Patrick Amers est pris au sérieux par la justice brésilienne. Elle décide de le garder sur son territoire.
00:45:53 Le couple Amers continue de profiter du confort de la caserne de Récif. Le 31 décembre 1989, un somptueux repas de nouvel an leur est offert.
00:46:07 - On a eu plein de plats brésiliens avec des poissons, des scampis, enfin, vraiment très très bons. On a juste pas eu le droit de boire de l'alcool. Enfin, on a eu le droit à une bière. Chacun.
00:46:19 Quelques jours après le réveillon, les enquêteurs belges sont enfin autorisés à rencontrer Patrick Amers. Ils espèrent le ramener à Bruxelles, mais le truand a échafaudé un nouveau plan pour rester au Brésil.
00:46:36 - L'idée, c'était de brouiller les pistes au niveau de VDB, faire croire à un enlèvement plutôt politique. Donc après, il a essayé de s'en servir pour ne pas être extradé. Parce que si on avait été politique, on nous extradait pas, on restait au Brésil.
00:46:53 Amers se présente donc comme un réfugié politique. Et pour appuyer sa demande, il rappelle que c'est sous le nom des BSR, les Brigades Socialistes Révolutionnaires, que son organisation a revendiqué l'enlèvement de VDB. BSR, trois lettres qui désignent également un service judiciaire.
00:47:14 - Tu me dis... Tu te fous de ma gueule ? Nous, nous sommes la BSR. On n'a jamais entendu parler de la BSR, soit disant les Brigades Socialistes Révolutionnaires. Ça, ils avaient fait à l'époque pour se moquer de nous. Mais maintenant, ils utilisent ça comme moyen de ne pas être extradés. C'était soit disant un délit politique.
00:47:37 Alors les magistrats belges font le déplacement dans la capitale, Brasilia. Ils apportent les garanties que le prisonnier sera correctement traité dans son pays d'origine. Au printemps 1990, le Brésil accepte enfin le transfert.
00:47:53 - Patrick Amers, il sera en Belgique dans les prochaines semaines. Le Brésil devant donner son feu vert à l'extradition du truand dans les jours qui viennent.
00:48:01 - La Cour suprême du Brésil devrait en effet accepter très rapidement son extradition. Et si tout se passe normalement, Patrick Amers sera derrière des barreaux belges dans une bonne semaine.
00:48:11 - On peut l'emmener, M. Amers, en sachant qu'il est aussi un spécialiste non seulement des méfaits, mais aussi des évasions. Et donc on ne peut pas risquer ni qu'il s'évade, ni d'avoir un incident de procédure qui pourrait le libérer pour des raisons de forme.
00:48:28 - Si on prend l'avion classique, on va voir les journalistes qui seront là comme passagers, qui vont prendre des interviews, des photos, qui vont filmer. Et ça, le juge n'en veut pas.
00:48:38 - Je décide d'affrêter un avion militaire, un avion de l'armée belge, pour aller le chercher.
00:48:45 Pour le couple Amers, l'aventure brésilienne s'achève. A la prison de Récif, les détenus VIP font leurs adieux.
00:48:56 - Le justice fédéral pleurait, l'avocat pleurait. Vraiment, il pleurait. C'est très brésilien. C'était triste pour nous. Pour eux, on allait à la mort. Parce que dans leur livre de loi, c'est marqué l'exemple de la Belgique pour la prison.
00:49:09 C'est fait "shahado", ça veut dire le régime le plus fermé. Ils nous ont bien dit au revoir et tout. Et puis ils nous ont conduit aux hélicos.
00:49:17 - On atterrit avec le C-130 de la force aérienne belge sur l'aéroport militaire.
00:49:25 On est sur le tarmac et on voit arriver trois hélicoptères. C'était un peu comme "Apocalypse Now". Trois hélicoptères de la police fédérale.
00:49:37 A côté de chaque hélicoptère en plein vol, un policier brésilien qui était debout sur les patins à l'extérieur de l'hélicoptère.
00:49:47 Et là je vois la réaction d'Amers lorsqu'il voit le drapeau belge sur le C-130. Je vois sa tête change quand même.
00:49:54 Et là à mon avis, il se dit "ils viennent peut-être bien me chercher".
00:50:00 - On y a aménagé une forme de cellule, une espèce de cage dans laquelle ont été mis Amers et son épouse.
00:50:10 - Je leur ai donné des bananes, mais ils sont pas contents évidemment. Ils tirent la tête en disant "qu'est-ce que c'est que ça ? Tu nous prends pour un singe ?"
00:50:17 - C'était une cage comme vous mettez pour les chiens, vous savez les chenilles ? C'est comme un chenille.
00:50:22 Mais il y avait des bancs. Donc en fait, plutôt que de rester menotté tout le voyage, c'est beaucoup plus confortable.
00:50:29 La cage doit surtout empêcher toute initiative de Patrick Amers qui pourrait perturber le bon déroulement du vol.
00:50:38 - Dans un C-130, c'est pas comme dans un avion de ligne. Il y a des câbles électriques, il y a des câbles de circuit hydraulique partout.
00:50:45 - Ce qu'ils craignent, c'est que Amers dans un coup de folie puisse d'une manière ou d'une autre arracher un fil,
00:50:53 prenne quelque chose qui serait susceptible de... bah il faut éventuellement faire tomber l'avion parce qu'il y aura un court-circuit ou n'importe quoi. Donc ils ont très peur.
00:51:01 - Il m'a expliqué d'ailleurs qu'il y avait des costauds à côté de lui, notamment une femme qui l'avait subjuguée par son physique, qui était donc prête à sauter dessus.
00:51:11 Mais il ne bougeait plus naturellement.
00:51:13 Toutes les précautions sont prises pour l'arrivée sur le sol belge.
00:51:17 Par mesure de sécurité, le C-130 n'atterrit pas à l'aéroport militaire de Melsbrook, mais sur le tarmac de la base aérienne de Coxyde.
00:51:25 - On a mobilisé la moitié de la police belge pour l'accueillir parce qu'on pensait qu'il allait être... que des complices pouvaient essayer de le libérer, etc.
00:51:33 Donc on n'a jamais vu un luxe de précautions appareils pour le ramener à la prison.
00:51:37 - Et de là, on remonte à nouveau dans un hélicoptère de la gendarmerie, un hélicoptère Puma, et on fait un vol Coxyde jusqu'à Halles, où l'hélicoptère atterrit dans la cour de la gendarmerie de Halles.
00:51:50 Et alors là, à la gendarmerie de Halles, il y a une seconde équipe des unités spéciales de la gendarmerie qui nous attend, où Amers est amené devant le juge d'instruction, qui le place vraiment sous mandat d'arrêt et le fait emprisonner à la prison de Forêt.
00:52:05 C'est bien sûr sous escorte particulière que Patrick Amers, Denise Thiac, sa femme, et Alex Zayen sont arrivés à la prison de Forêt.
00:52:12 Il était 17h30. On va apercevoir ici Patrick Amers en rouge.
00:52:18 - On n'avait plus le droit de se voir ni de... Pour communiquer, c'était uniquement par écrit et c'était lu par la police avant.
00:52:28 3 ans après s'être évadé d'un fourgon cellulaire, Patrick Amers est à nouveau derrière les barreaux d'une prison belge.
00:52:35 Il doit répondre d'un nombre élevé d'attaques sanglantes commises avec ses complices dans les années 80.
00:52:41 - Mon sentiment, c'était que c'était inadmissible ce qui s'est passé et je ne suis pas gênée pour lui dire en lui parlant de rémission, qu'il a encore le temps de faire quelque chose de sa vie et de réparer, autant qu'on puisse réparer ce genre de choses tragiques.
00:52:58 7 mois se sont écoulés depuis le retour en Belgique du couple Amers.
00:53:05 En novembre 1990, Denise Thiac est libérée de prison.
00:53:11 Elle peut désormais s'occuper de Kevin, leur fils.
00:53:15 Bien qu'en liberté, la femme de Patrick Amers est poursuivie pour des faits de recel et l'usage de faux documents, son mari, lui, reste en prison et il vit très mal ses conditions de détention.
00:53:28 - Les conditions de détention de Patrick Amers sont des conditions très dures parce que ce que l'on craint bien évidemment, c'est qu'une fois de plus, il tente de s'évader.
00:53:37 - Chaque fois qu'on y allait, on le sortait de sa cellule et il entrait à la porte à côté où on avait mis une machine à écrire, une table et des chaises pour l'auditionner.
00:53:51 Il reçoit plein de lettres de femmes d'admiratrices à la prison.
00:53:54 - Le fils de mon oncle, il m'explique. Il est toujours très amoureux de sa femme, mais il reçoit pas mal de lettres d'admiratrices qu'ils l'ont vues lors des interviews au Moïse.
00:54:06 - Trois psychiatres sont désignés pour faire une analyse, une expertise mentale pour savoir s'il est bien en possession des moyens nécessaires pour comparer devant les juges et il pourrait être éventuellement condamné.
00:54:19 - C'est très intéressant de lire leur rapport parce qu'ils expliquent que c'est un garçon qui a une spiritualité, qui a des tendances tout à fait bien et qui malheureusement a échoué à faire des choses absolument inadmissibles.
00:54:35 À Rio, Patrick Amers avait reconnu de nombreux méfaits devant les journalistes belges.
00:54:41 - Je suis rentré au petit matin et j'ai attendu que tout le percepteur principal s'amène, qu'il ouvre les coffres et puis après on est parti.
00:54:51 Depuis lors, le malfrat adopte un tout autre comportement.
00:54:56 - Il me dit "je ne vais rien dire, je n'ai rien fait, tout ce que j'ai pu raconter au Brésil c'était du mensonge, mais je ne dirai rien".
00:55:06 - Il essaye de minimiser sa part dans les hold-up, dans l'enlèvement, là où on le coin sur une empreinte digitale, sur une arme, sur une voiture.
00:55:16 - Il essaie d'expliquer qu'il travaillait pour une bande de truands, qu'il a déplacé des véhicules, qu'il a nettoyé des armes.
00:55:24 En l'auditionnant, les enquêteurs sont interpellés par l'état de santé du détenu.
00:55:34 - Il était très amégré, il est devenu une loque à un certain moment.
00:55:39 - Ça n'avait plus rien à voir avec le beau Patrick Amers dont toutes les femmes étaient amoureuses.
00:55:46 Pour Amers, l'heure est venue de préparer une nouvelle évasion.
00:55:52 Il demande à sa femme de l'aider.
00:55:58 - Il m'a demandé si je pouvais essayer de le faire évader de nouveau, mais je devais choisir mon fils ou lui. Mon fils était devenu plus grand.
00:56:05 - Donc je ne pouvais pas, c'était fini.
00:56:08 Amers doit se rabattre sur ses autres complices.
00:56:13 Le problème, c'est qu'ils sont également sous les verrous.
00:56:17 Jusqu'à ce jour de mai 93, où il apprend l'évasion de ses lieutenants.
00:56:27 Mutinerie d'abord, évasion collective ensuite.
00:56:30 C'était le branle-bas de combat ce matin à la prison de Saint-Gilles.
00:56:33 Et la chasse à l'homme est toujours ouverte dans tout le pays.
00:56:36 Trois dangereux malfrats sont dans la nature.
00:56:39 Mais son lieutenant, Philippe Lacroix, est retrouvé après quatre jours.
00:56:46 - Il s'est fait reprendre directement et du coup, alors là, Patrick, ça lui a complètement cassé le moral.
00:56:51 Parce qu'il espérait, il s'est dit peut-être qu'il viendrait me chercher.
00:56:54 Enfin, dans sa tête, dans sa logique, c'était que son ami allait venir le chercher.
00:56:59 Amers comprend qu'il restera encore longtemps derrière les barreaux.
00:57:04 Déjà fort affaibli, son état de santé continue de se dégrader.
00:57:08 - On sait que Patrick Amers est alcoolique.
00:57:12 Et depuis son arrestation, c'est bien évidemment des médicaments de substitution qu'on lui donne.
00:57:20 - Sa femme m'a téléphoné un dimanche en me demandant d'aller le voir.
00:57:26 Elle m'a dit qu'il souhaitait me voir.
00:57:28 Donc je vais le lundi.
00:57:29 Et le gardien revient en me disant qu'il ne veut pas venir.
00:57:31 Il ne veut pas venir.
00:57:32 J'ai téléphoné à M. Denis Bosquet, qui plaidait avec moi, en lui disant "va le voir d'urgence".
00:57:38 Puis il me téléphone de la prison en me disant "il ne veut pas me voir".
00:57:41 Ils ont dit que de toute façon, il était déprimé, qu'il allait certainement se remettre.
00:57:46 Et que de toute façon, il était le détenu le plus surveillé au monde.
00:57:50 Donc il ne peut rien lui arriver.
00:57:52 Et pourtant, le 13 mai 1993, Patrick Amers parvient à bloquer l'accès à sa cellule.
00:58:03 Le détenu est à bout.
00:58:06 Pour lui, tout est fini.
00:58:09 Il s'étrangle en passant une cordelette dans les fentes de son radiateur.
00:58:14 Le radiateur qui est au ras du sol, il y reste simplement quelques centimètres.
00:58:17 Il est dans un état physique épouvantable.
00:58:20 Qui fait que, dit-on, le moindre choc aurait entraîné la mort.
00:58:27 Lorsque les surveillants parviennent à l'entrée de la cellule,
00:58:32 les deux gardiens se retrouvent sur le sol.
00:58:34 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:36 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:38 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:40 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:42 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:44 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:46 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:48 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:50 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:52 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:54 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:56 Et ils ont fait un coup de feu.
00:58:58 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:00 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:02 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:04 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:06 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:08 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:10 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:12 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:14 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:16 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:18 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:20 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:22 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:24 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:26 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:28 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:30 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:32 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:34 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:36 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:38 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:40 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:42 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:44 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:46 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:48 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:50 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:52 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:54 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:56 Et ils ont fait un coup de feu.
00:59:58 - De toute manière, s'il n'y avait pas eu le fil de la radio,
01:00:00 il y a des couvertures, il y a des draps de lit,
01:00:02 il y a des vêtements, c'est finalement quelque chose
01:00:04 qui arrive relativement couramment, si l'on veut,
01:00:06 pas trop heureusement.
01:00:08 - La polémique n'ira pas plus loin.
01:00:10 Patrick Amers est mort.
01:00:12 Il ne sera jamais jugé pour ses méfaits.
01:00:14 - Il faut jamais oublier aussi que c'est quelqu'un
01:00:16 qui avait beaucoup de sang sur les mains.
01:00:18 C'est pas seulement, entre guillemets,
01:00:20 un sympathique truand qui fait des coups.
01:00:22 C'est aussi quelqu'un qui a fait des coups
01:00:24 et qui a fait des coups.
01:00:26 C'est pas seulement un sympathique truand
01:00:28 qui fait des coups, c'est aussi un type
01:00:30 qui tue des gens.
01:00:32 - C'est quelqu'un intelligent, audacieux,
01:00:34 qui ose.
01:00:36 S'il avait pu mettre tous ses atouts
01:00:38 au service d'une bonne cause,
01:00:40 c'était un grand monsieur.
01:00:42 Malheureusement, ce fut pour...
01:00:44 pour des forfaits
01:00:46 qui ont entraîné
01:00:48 des morts d'hommes et de femmes.
01:00:50 - Patrick Amers aura marqué les esprits
01:00:52 bien au-delà de la saga criminelle.
01:00:54 Symbole des années 80,
01:00:56 il rêvait de s'enrichir
01:00:58 sans se fatiguer.
01:01:00 Le truand incarnait un style flamboyant,
01:01:02 celui d'un playboy cool
01:01:04 et charismatique.
01:01:06 Mais son côté sex-appeal
01:01:08 ne pourra jamais faire oublier
01:01:10 ces violentes attaques
01:01:12 qui ont causé la mort de personnes innocentes.
01:01:15 Sous-titrage Société Radio-Canada
01:01:18 ...
01:01:42 ...
01:02:10 [Musique]

Recommandations