Quand Bardella fait son «Élisez moi à Matignon»

  • il y a 5 mois
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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce lundi, il revient sur la campagne de Jordan Bardella en vue des élections européennes et de ses ambitions politiques nationales.

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Transcript
00:00 L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Vincent Trébolet de Villers.
00:05 Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07 Vincent, dans l'entretien qu'il a accordé au journal du dimanche ce week-end,
00:10 Jordan Bardella affirme que si les Français le placent largement en tête aux Européennes le 9 juin,
00:15 il demandera le soir même la dissolution de l'Assemblée Nationale.
00:18 Il a donc choisi de donner une portée politique nationale à un scrutin européen.
00:22 Pourquoi cette stratégie de Jordan Bardella selon vous, Vincent ?
00:26 Pour donner un enjeu décisif à une élection qui comme l'a rappelé François-Xavier Bellamy hier,
00:31 n'a pas d'autre objet que d'élire des députés au Parlement européen.
00:35 Et malheureusement le Parlement européen, c'est une perspective lointaine,
00:39 voire décourageante pour la grande majorité des électeurs.
00:42 "Quand j'entends le mot Europe, je sors mon oreiller", disait Claude Imbert.
00:46 Et dans l'imaginaire collectif, le Parlement de Bruxelles joue le rôle du somnifère.
00:50 C'est très agréable parce que c'est à Bruxelles que se configure une partie de notre avenir,
00:54 mais c'est un fait. L'enjeu central de cette élection désintéresse beaucoup d'électeurs,
00:58 et notamment le cœur de l'électorat RN.
01:02 Vous comprenez bien que ce n'est pas en 10 ans.
01:04 Il faut augmenter le nombre d'élus dans le groupe ID pour dépasser le groupe ECR
01:07 et fracturer le PPE tout en affaiblissant Renew,
01:10 que Jordan Bardella déplacera les catégories populaires aux urnes.
01:14 Dans ce même entretien du JDD, le candidat du RN dit qu'il a peur de décevoir,
01:18 et c'est à l'aune de cette crainte qu'il faut comprendre cet appel à la dissolution.
01:23 Il y a d'abord la peur de faire un score décevant comparé au sondage mirobolant.
01:27 Il faut se souvenir que lors des dernières élections régionales,
01:30 le RN avait été donné très haut et que les résultats finales furent pour lui une douche froide.
01:36 Toute la campagne, les enquêtes d'opinion, a promis un triomphe aux parties de Marine Le Pen.
01:40 Triomphe qui s'est changé en demi-échec.
01:43 Être au-dessus des 30% depuis si longtemps dans les sondages
01:46 oblige Jordan Bardella à ne pas finir à 25,
01:49 ce qui serait pourtant le meilleur score aux européennes de toute l'histoire du RN.
01:53 Et à cette peur du score décevant s'ajoute celle de la victoire inutile,
01:58 c'est-à-dire gagner très largement l'élection sans autre effet que le plaisir d'un soir.
02:03 Je vous rappelle qu'aux européennes de 2014, le RN était arrivé en tête avec 24,8% des voix,
02:09 et qu'en 2019, le RN était aussi vainqueur avec un peu plus de 23%.
02:13 Mais pour les électeurs, l'effet fut aussi éphémère qu'une victoire en match amical pour un supporter de football.
02:18 C'est donc pour dramatiser l'enjeu que Jordan Bardella a inventé sa version du célèbre slogan de Jean-Luc Mélenchon,
02:24 "Élisez-moi Premier ministre".
02:26 - Mais sur ce que dit aussi Jordan Bardella, vous pensez qu'en cas de victoire écrasante du RN, Emmanuel Macron peut dissoudre l'Assemblée ?
02:32 - À un mois des Jeux Olympiques de Paris, je n'y crois pas du tout.
02:35 Résultat, aux européennes n'imposent aucune décision aussi radicale,
02:38 et le chef de l'État déteste réagir à chaud à une crise politique.
02:42 Seule une motion de censure peut provoquer une telle décision,
02:45 et encore ce n'est pas automatique.
02:47 On imagine mal LR cherchant à faire tomber le gouvernement avant l'été.
02:50 Et puis du côté du RN, on reste très partagé sur l'intérêt de passer par Matignon
02:55 trois ans avant une élection présidentielle qui s'annonce très favorable.
02:58 Jordan Bardella, Premier ministre de cohabitation, ça peut aussi mettre fin à sa popularité exceptionnelle
03:03 et donc entamer les chances de Marine Le Pen.
03:06 L'histoire récente déborde d'exemples, Matignon rime rapidement avec déception.
03:11 - Alors sur le plan électoral, ce "Élisez-moi à Matignon", ça peut fonctionner ?
03:15 - C'est une arme à double tranchant.
03:17 D'un côté, cela peut mobiliser le vote sanction, et la défiance est forte dans le pays.
03:21 Je vous rappelle que c'est la dernière élection nationale avant que l'on passe à l'après Macron.
03:25 Mais d'un autre côté, cette menace de déstabilisation institutionnelle est contradictoire
03:30 avec le travail de normalisation, de lissage, d'apaisement que mène le RN
03:35 pour proposer notamment auprès des retraités une alternance sereine en 2027.
03:40 Pour Jordane Bardella, il faut à la fois mobiliser Hénin-Beaumont sans inquiéter le Cap-Ferret,
03:46 électriser les partisans tout en rassurant les hésitants.
03:50 C'est la nouvelle forme du "En même temps".
03:52 - L'édito politique sur Europe 1, merci Vincent Trémolet de Villers.

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