Avec Agnès Pannier-Runacher, Ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-04-22##
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NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:07 Bonjour à tous, Sud Radio, parlons avec mon invité politique aujourd'hui,
00:10 la ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, Agnès Pannier-Runacher.
00:16 Bonjour !
00:16 Bonjour Benjamin Gleize.
00:17 Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:19 Il y a près de 100 jours, la colère des agriculteurs éclatait.
00:22 Depuis, le gouvernement a pris des engagements.
00:23 On va voir où on en est, très concrètement, de ces engagements, point par point.
00:27 Mais d'abord, l'actualité, c'est le gel avec un certain nombre de dégâts depuis plusieurs jours.
00:32 La nuit dernière a été très compliquée pour un certain nombre d'agriculteurs.
00:35 Elle le sera encore, a priori, demain, la nuit prochaine.
00:38 Est-ce que vous avez déjà un premier bilan de ces dégâts, ce matin ?
00:41 Non, pas de premier bilan, mais cette situation illustre les difficultés que traversent les agriculteurs.
00:48 Et une des causes importantes de la crise agricole ces dernières années,
00:51 qui n'est pas propre à la France, c'est le dérèglement climatique.
00:54 Ces quelques dernières années, nous avons des dégâts chaque année
00:58 qui sont liés à des facteurs climatiques nouveaux.
01:02 Inondations, gel tardif, canicules, sécheresse,
01:08 qui représentent plusieurs centaines de millions d'euros de pertes de récolte.
01:13 Là où, il y a 10 ans, ça ne représentait que quelques dizaines de millions d'euros.
01:17 Et c'est un des enjeux sur lesquels nous devons agir.
01:21 C'est pour ça aussi qu'il faut remettre en perspective cette crise,
01:25 qui n'est pas que française, puisque en Europe et dans le reste du monde,
01:29 les agriculteurs sont sous pression en ce moment.
01:31 Est-ce qu'on peut parler, en tout cas sur cette période de gel tardive,
01:34 d'un événement d'ampleur, en tout cas de dégâts d'ampleur exceptionnel ?
01:39 Est-ce que ce sera le cas ? Est-ce que vous vous attendez à cela ?
01:41 Est-ce que ça vous inquiète à ce niveau-là ?
01:43 Tout dépend de où vous mettez l'exception,
01:46 puisque nous avons cessé de battre des records ces dernières années.
01:50 Et donc, on ne sait plus très bien ce qui est exceptionnel de ce qui est du récurrent.
01:54 Ce qui est sûr, c'est qu'on sera aux côtés de nos agriculteurs
01:57 qui aujourd'hui agissent sur le terrain pour faire en sorte de sauver,
02:03 notamment en arboriculture, leurs récoltes.
02:07 Et qu'on fera le point avec eux, comme on le fait à chaque fois qu'il y a des épisodes,
02:11 pour pouvoir les accompagner au mieux.
02:13 C'est-à-dire que selon l'ampleur des dégâts,
02:14 il y aura une enveloppe financière exceptionnelle qui pourrait être débloquée ?
02:19 Écoutez, je ne vais pas lire dans le marc de café.
02:21 Ce que je sais, c'est que ces sept dernières années,
02:23 nous avons toujours été aux côtés des agriculteurs,
02:27 dans les temps et en tenant nos engagements.
02:29 Donc si l'ampleur des dégâts est importante, il y aura une aide en tout cas débloquée ?
02:32 Je n'annonce rien. Ce que je dis, c'est que pour le moment,
02:35 il faut être aux côtés des agriculteurs, faire en sorte qu'ils traversent ce cap.
02:40 Mais vous le savez, que ce soit sur la MHE cette année,
02:44 des enveloppes ont été débloquées.
02:45 Sur les pertes de betterave, l'année dernière,
02:48 des enveloppes ont été débloquées.
02:50 Et nous avons toujours été à la hauteur.
02:53 Maintenant, ce que je souhaite surtout, c'est qu'il y ait le moins de dégâts possible.
02:57 C'est peut-être la meilleure façon de répondre à la situation.
02:59 Pour cela, il y a aussi la possibilité d'équiper davantage les arboriculteurs,
03:04 les viticulteurs, pour éviter qu'ils soient victimes à ce point de ces gels tardifs.
03:09 Certains demandent justement qu'on les aide davantage à s'équiper.
03:13 Est-ce que c'est une possibilité envisagée par le gouvernement aujourd'hui ?
03:16 Je crois qu'un des grands enjeux dans les années qui viennent,
03:19 c'est de permettre aux agriculteurs de s'adapter aux dérèglements climatiques.
03:23 C'est-à-dire de pouvoir s'équiper effectivement
03:26 face aux nouvelles agressions que subissent leurs cultures.
03:31 Ça peut être ces différents événements.
03:33 On sait qu'on soutient aujourd'hui des agroéquipements en les développant
03:40 à travers du plan France 2030.
03:41 Donc on n'a pas attendu de constater cette situation
03:44 pour accompagner le développement de nouveaux équipements,
03:47 mais également d'apporter des soutiens aux agriculteurs pour s'équiper,
03:52 que ce soit contre les ravageurs, que ce soit contre des situations difficiles.
03:59 Un exemple qui a l'air d'être très éloigné,
04:02 mais en réalité qui peut faire partie de la panoplie, c'est la grille voltaïsme.
04:07 La grille voltaïsme permet de gagner 1-2 degrés en situation de gel,
04:11 c'est-à-dire c'est ces panneaux photovoltaïques
04:13 qui sont positionnés notamment au-dessus des arbres en arboriculture
04:18 ou des vignes en viticulture.
04:20 Elle permet de protéger aussi les cultures contre la grêle,
04:23 contre les pluies massives.
04:25 Elle permet de gagner quelques degrés en moins lorsqu'il y a des canicules.
04:30 Donc on le voit, on commence à multiplier la panoplie des réponses
04:34 face aux dérèglements climatiques.
04:36 C'est un des enjeux sur lesquels nous allons travailler avec Marc Reynaud.
04:40 Sur l'aide à l'investissement, je voyais 20 millions d'euros par an
04:44 pour aider à s'équiper face à ces aléas climatiques pour les agriculteurs.
04:48 Est-ce que c'est suffisant ? Est-ce que ces aides vont être augmentées ou pas ?
04:52 N'oublions pas que nous avons aujourd'hui 1,3 milliard d'euros
04:57 dans le budget du gouvernement pour accompagner le monde agricole
05:02 et le monde forestier à leur transition agroécologique.
05:06 Cette transition fait à la fois améliorer leur bilan environnemental,
05:10 baisser les émissions de gaz et de serre, préserver le picarbone
05:15 et diminuer l'utilisation des produits phytosanitaires,
05:18 mais c'est aussi leur permettre de s'adapter aux dérèglements climatiques
05:21 et donc d'être plus résistants.
05:23 Donc nous avons mis les crédits.
05:26 1,3 milliard d'euros, c'est une somme inédite dans l'histoire du budget de l'agriculture.
05:30 Ça va en plus de la politique agricole commune.
05:32 9 milliards d'euros dont je rappelle que c'est le premier budget de l'Union européenne.
05:36 Un tiers des finances de l'Europe viennent en soutien des agriculteurs européens.
05:42 On va revenir sur les produits phytosanitaires également.
05:45 Sur l'APAC déjà, pour parler de cette colère agricole
05:49 et des annonces faites par le gouvernement sur les aides liées à l'APAC,
05:52 on en est où aujourd'hui ?
05:54 Notamment sur les agriculteurs, pour les agriculteurs bio justement.
05:57 Est-ce que ces aides ont été versées ?
05:59 Alors, le gouvernement avait pris l'engagement de payer toutes les aides du premier pilier
06:05 au 15 mars.
06:07 Ça a été fait.
06:08 Donc ça, nous avons tenu nos engagements.
06:10 S'agissant des aides pour les agriculteurs bio,
06:13 vous le savez, ce sont des aides qui ne sont pas payées au moins de mars habituellement.
06:18 Vous avez un délai.
06:20 Notre objectif est de les payer entre mars,
06:23 puisque les paiements ont démarré entre mars et juin.
06:25 C'est-à-dire qu'on a une première estimation du nombre de ces aides
06:29 aujourd'hui débloquées pour ces agriculteurs bio ?
06:32 Les agriculteurs bio ont bénéficié de la première tranche d'aide
06:36 qui constitue une grosse partie des aides.
06:39 Ils vont bénéficier des aides complémentaires sur le bio.
06:44 Notre objectif, c'est de terminer tous les paiements d'ici le mois de juin.
06:49 En ce qui concerne le projet de loi agricole,
06:52 c'est l'une des réponses majeures du gouvernement
06:55 à cette colère des agriculteurs.
06:56 Ce projet de loi a été présenté début avril en Conseil des ministres.
07:01 Quand sera-t-il débattu à l'Assemblée ?
07:03 Et pour une application, une adoption, autour de quelle date ?
07:07 C'est quoi l'objectif ?
07:08 Passage à l'Assemblée nationale mi-mai,
07:11 passage au Sénat grosso modo mi-juin.
07:15 Si l'Assemblée nationale et le Sénat se mettent d'accord,
07:19 c'est un projet de loi qui pourrait être adopté avant le mois d'août.
07:24 Sinon, une deuxième lecture sera nécessaire.
07:28 Mais là encore, l'objectif est évidemment de l'adopter avant l'automne.
07:33 Entre temps, il y a eu la saisine du Conseil constitutionnel.
07:36 À l'initiative de la France insoumise, on en est où à ce niveau-là ?
07:39 Le Conseil constitutionnel a quelques jours pour se prononcer,
07:43 mais c'est une manœuvre politicienne de la France insoumise
07:46 qui n'aura aucun impact sur le calendrier,
07:48 puisqu'il pointe les défauts de l'étude d'impact,
07:51 dont le Conseil d'État reconnaît lui-même qu'elle est globalement satisfaisante.
07:57 Ce qui, dans la bouche du Conseil d'État, est plutôt un satisfait quitte.
08:04 Elle a été complétée sur les deux points sur lesquels le Conseil d'État souhaitait des compléments,
08:10 c'est-à-dire que la France insoumise laisse entendre qu'il manque des choses.
08:15 Nous l'avons complétée entre deux,
08:17 et le Conseil constitutionnel jugera, mais le calendrier préservé.
08:21 - J'ai l'espoir en tout cas que le calendrier soit préservé
08:23 et que la décision du Conseil constitutionnel aille dans votre sens.
08:27 - Je pense que les agriculteurs ne comprendraient pas que,
08:31 parce que nous avons remis une étude d'impact de 250 pages fouillées, détaillées,
08:35 certains groupes politiques essayent de faire dérailler ce projet alors qu'il est utile.
08:40 On est vraiment dans la politique politicienne...
08:43 - On est dans une décision politique qui fait du mal avant tout aux agriculteurs.
08:45 - Mais évidemment, puisque l'objectif c'est d'essayer de retarder l'examen d'un projet
08:50 qui est attendu par les agriculteurs et qui a été co-construit avec les agriculteurs.
08:54 - Sur ce projet de loi agricole, on vise notamment la souveraineté alimentaire,
08:58 l'émergence d'une nouvelle génération d'agriculteurs, c'est important,
09:01 et puis également la simplification de certaines normes du côté des ONG.
09:06 La gauche, globalement, dénonce un retour en arrière au point de vue de l'écologie,
09:11 on va dire des contraintes environnementales. C'est votre avis ou pas ?
09:15 - Non, la gauche confond être procédurier et être ambitieux climatiquement.
09:20 Nous, nous considérons que le climat est un objectif intangible,
09:24 la lutte pour la préservation de la biodiversité et la baisse des émissions de gaz à effet de serre.
09:30 C'est d'ailleurs ce gouvernement et cette majorité qui a eu les meilleures performances en la matière.
09:35 Je rappelle que l'année dernière, la France a baissé ses émissions de gaz à effet de serre de 4,8%.
09:41 C'est la performance de l'intégralité du mandat du président Hollande,
09:46 donc on n'a pas de leçons à recevoir de la gauche en matière de lutte contre le dérèglement climatique.
09:52 En revanche, nous avons une approche pragmatique.
09:56 Lorsque par la loi, par exemple, on impose de ne pas couper les haies après le 15 mars,
10:01 alors que, comme dans mon territoire de Pas-de-Calais, il n'a pas arrêté de pleuvoir,
10:05 et qu'il était parfaitement impossible d'entretenir les haies avant le 15 mars,
10:09 eh bien on est à côté de la plaque.
10:11 Et donc nous ce que nous faisons, c'est de tenir compte de la réalité du terrain,
10:17 de faire confiance aux agriculteurs parce qu'il faut rappeler qu'ils sont pleinement engagés
10:22 dans la lutte contre le dérèglement climatique.
10:24 Ils en sont, je le redis, les premières victimes.
10:26 Donc ils sont parfaitement engagés, et de faire en sorte de construire avec eux les solutions.
10:33 - Il faut peut-être être intransigeant sur cette question de l'écologie,
10:35 ne serait-ce qu'en faveur pour les agriculteurs.
10:37 - Mais c'est ce que nous faisons. C'est-à-dire que dans les financements que nous déployons aujourd'hui,
10:42 1,3 milliard d'euros, dans le plan éco-phyto sur lequel nous travaillons,
10:49 qui succède à deux précédents plans éco-phyto, pour réduire l'utilisation des phytosanitaires,
10:55 et je rappelle que les agriculteurs ont réduit de 96% l'utilisation des phytosanitaires,
11:01 classés comme étant les plus dangereux ces dernières années.
11:05 Ça, personne ne le dit, et ce n'est pas le parti socialiste qui nous a aidés à faire ça, malheureusement,
11:10 parce qu'ils ne sont pas sur le terrain, parce qu'ils ont une vision éthérée,
11:15 et qui ne correspond pas à la réalité de ce que vivent les agriculteurs.
11:18 - Donc si le plan éco-phyto a été suspendu, l'idée n'est pas de l'abandonner complètement,
11:23 c'est de l'améliorer même au niveau environnemental ?
11:25 - Non mais le plan éco-phyto n'a jamais été suspendu. Je suis très nette sur ça.
11:30 Aujourd'hui, nous travaillons tous les jours à baisser l'utilisation des phytosanitaires.
11:35 Ce que nous avons fait, c'est la nouvelle génération du plan,
11:38 nous avons décalé sa publication de quelques semaines.
11:41 Parce que précisément, nous voulons avoir le plan qui conjugue le meilleur niveau d'ambition,
11:47 mais le plus grand pragmatisme.
11:50 Parce que tous les donneurs de leçons qui ne comprennent pas que, par exemple,
11:56 empêcher l'adoption rapide de nouvelles solutions de biocontrôle,
12:02 en donnant des dérogations qui dénoncent par principe les dérogations que nous donnons,
12:06 ce n'est jamais en fait...
12:08 - Ces donneurs de leçons, c'est les écologistes ? C'est la gauche globalement ?
12:12 - On a vu que la gauche n'avait pas formulé beaucoup de propositions
12:17 qui soient réellement, je dirais, utilisables sur le terrain par nos agriculteurs.
12:22 Mais Marine Le Pen n'est pas en reste.
12:24 Je rappelle qu'en 2017, elle préconisait dans son programme la sortie du glyphosate
12:29 et des néonicotinoïdes, et que désormais, elle préconise l'utilisation du glyphosate
12:35 et des néonicotinoïdes. En réalité, elle ne sait pas du tout où elle habite.
12:38 Elle n'a aucun programme pour les agriculteurs.
12:41 - Sur le glyphosate, Emmanuel Macron aussi a changé d'avis.
12:44 Il avait fait une promesse, il est revenu dessus ensuite.
12:46 Il dit qu'il a regretté, certes, mais...
12:48 - La différence entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen,
12:52 c'est qu'Emmanuel Macron a tenu compte du terrain.
12:54 C'est-à-dire qu'il a dit qu'on reculait, qu'on enlevait le glyphosate,
12:58 là où on avait des alternatives.
13:00 Et la ligne de crête que nous voulons tenir, c'est de dire que
13:03 oui, il faut baisser l'utilisation des phytosanitaires,
13:06 oui, il faut interdire les molécules qui ont un impact sur la santé humaine,
13:10 sur l'eau que nous bougeons, sur la nourriture que nous mangeons,
13:13 et sur la santé des agriculteurs en premier lieu.
13:16 N'oublions pas que les premières victimes, historiquement, des phytosanitaires,
13:19 ce sont les agriculteurs.
13:21 Mais en revanche, on doit absolument accélérer la recherche des solutions,
13:25 sinon nous n'allons plus rien produire en France,
13:28 et nous allons importer des produits qui sont produits avec les phytosanitaires
13:32 que nous nous interdisons. Je vous donne un exemple sur le riz.
13:35 Il y a 31 produits phytosanitaires qui sont utilisés en Asie pour produire du riz,
13:40 dont 18 interdits en Europe.
13:42 Donc lorsque nous donnons, nous, des dérogations très spécifiques
13:45 sur des produits en voie d'autorisation, nous faisons le travail
13:48 de science et d'accompagnement des agriculteurs.
13:53 Et lorsque j'entends, là encore, les écologistes s'époumonner à côté de la plaque,
13:59 je dis qu'effectivement, ils ne répondent pas aux problèmes des agriculteurs
14:03 comme nous le faisons.
14:04 En tout cas, la baisse de 50% de l'usage des pesticides d'ici à 2030 est maintenue ?
14:09 Pardonnez-moi d'utiliser le terme de "phytosanitaire"
14:11 parce que "pesticide", c'est déjà qualifier les choses,
14:15 et la baisse de 50% de "phytosanitaire", c'est-à-dire de produits de santé
14:19 pour les plantes, est maintenue.
14:21 Avec l'idée pour le gouvernement toujours de trouver des solutions
14:24 puisque finalement on n'interdit pas un phytosanitaire
14:27 s'il n'y a pas de solution pour l'agriculteur.
14:29 Ça, ça reste l'objectif du gouvernement ?
14:31 L'objectif du gouvernement, c'est en fait d'anticiper sur les 75 molécules
14:36 sur lesquelles des revues scientifiques sont en cours
14:39 pour évaluer leur nocivité pour l'environnement et pour la santé humaine,
14:45 d'anticiper de possibles interdictions.
14:48 Aujourd'hui, la science ne les interdit pas, mais nous voulons être dans l'anticipation
14:53 et c'est pour ça que nous investissons 250 millions d'euros chaque année.
14:57 C'est inédit en Europe pour un pays pour trouver des alternatives.
15:02 Ces alternatives pouvant être de la sélection variétale,
15:06 ça peut être le recours à des technologies génomiques,
15:10 il faut accélérer dans ce domaine-là,
15:13 ça peut être des pratiques agronomiques,
15:16 par exemple des rotations de cultures qui permettent de mieux protéger
15:20 contre les ravageurs, contre certains types de maladies,
15:24 ou ça peut être encore le recours à des solutions de biocides et de biocontrôle,
15:29 c'est-à-dire utiliser des prédateurs, des prédateurs,
15:33 faire venir les coccinelles pour qu'elles mangent du sauron,
15:36 ce type de solution, et c'est ça sur lequel nous investissons massivement aujourd'hui.
15:39 Sur la question du revenu agricole, Emmanuel Macron s'était engagé
15:43 à mettre en place des prix planchers, on en est où à ce niveau-là ?
15:46 Alors, le calendrier est parfaitement...
15:49 Mesure que portait d'ailleurs la gauche.
15:51 Oui, alors c'est pas du tout à fait le même système,
15:54 puisque la gauche, une fois de plus, porte une vision qui est déconnectée du terrain,
15:58 puisque la gauche veut des prix réglementés
16:01 qui seraient arrêtés par le ministre de l'Agriculture.
16:04 Ça n'existe pas, ça ne fonctionne pas,
16:06 et d'ailleurs il y a eu des précédents dans l'histoire des prix agricoles
16:12 qui ont été absolument calamiteux pour les filières
16:15 qui ont été soumises à ce type de système.
16:18 Parce que toutes filières étaient différentes, et zones géographiques également.
16:21 Exactement, surtout pas des prix réglementés.
16:23 En revanche, nous avons confié une mission,
16:26 le Premier ministre a confié une mission à deux parlementaires
16:29 sur la loi EGalim pour voir de quelle manière
16:33 nous pourrions faire évoluer ce texte pour que son application soit plus immédiate.
16:38 Mais je veux dire ici que cette loi, qui est issue d'ailleurs d'un consensus
16:42 de la filière des Etats Généraux de l'alimentation en 2017,
16:47 a permis d'apporter beaucoup de revenus, et plus de revenus,
16:51 à la filière laitière ces dernières années, dans un contexte de crise majeure.
16:56 Donc on voit qu'elle fonctionne, et ce que veulent les agriculteurs...
16:59 C'est pas ce que disent les agriculteurs, pas assez de contrôle, ils le disaient jusqu'à présent.
17:02 Alors, je vais jusqu'au bout.
17:04 Dans la filière laitière, 90% de la filière est contractualisée aujourd'hui,
17:09 70% des exploitations, et on le constate, en termes de revenus,
17:15 bien sûr c'est une moyenne, et attention à ne pas dire que tous les agriculteurs
17:19 sont sous le même registre, mais une progression du revenu
17:23 disponible moyen depuis 2017 de l'ordre de 90%.
17:27 Donc ce n'est pas rien, ça cache évidemment des écarts-types,
17:31 des agriculteurs qui peuvent être en grande difficulté,
17:34 et d'autres qui se portent bien, je le dis avec beaucoup de précaution.
17:38 Mais grosso modo, il y a eu une progression.
17:40 Là où il faut qu'on avance, c'est que la filière viande, par exemple,
17:44 n'est contractualisée qu'à 25%, et avec des bonnes raisons,
17:48 tous les acteurs de la filière viande, et les agriculteurs au premier chef,
17:51 ne souhaitent pas être contractualisés, et puis il y a des filières qui sont
17:55 hors contractualisation, c'est leur souhait, c'est le cas des céréales,
17:59 c'est le cas des fruits et légumes, c'est le cas des oléos et protéagineux,
18:03 donc vous avez beaucoup de filières qui n'ont pas souhaité rentrer
18:06 dans cette démarche, et la question du revenu, c'est de regarder
18:10 quels sont les débouchés pour les agriculteurs, et de faire en sorte
18:13 que sur chacun de ces débouchés, ils aient du prix.
18:15 Je rappelle que le premier débouché des agriculteurs, c'est les exportations.
18:19 40%. Donc ceux qui vous disent qu'il faut arrêter tout le libre-échange,
18:25 veulent tuer notre agriculture, moi je ne permettrai pas
18:28 que l'on se prive de 40% des revenus des agriculteurs,
18:32 je pense notamment à la viticulture. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas
18:35 agir par ailleurs sur le revenu des agriculteurs, nous le faisons
18:38 sur la contractualisation, nous le faisons aussi en travaillant
18:42 sur les charges, la baisse des charges d'énergie par exemple,
18:45 et bien ça va se voir dans le compte des agriculteurs,
18:47 et j'espère que ça se verra dans les années qui viennent.
18:50 - Donc nouvelle loi Egalim ou pas ?
18:52 - Et bien ça sera au parlementaire de faire des propositions,
18:56 nous nous sommes prêts à examiner une nouvelle loi,
19:00 alors ce n'est pas une loi Egalim, c'est un ajustement d'un texte existant,
19:04 c'est toujours le même texte, nous sommes prêts à l'examiner cet été,
19:08 si la mission des deux parlementaires montre que c'est nécessaire,
19:12 mais d'autres mesures peuvent être envisagées, et aujourd'hui,
19:15 je veux le dire aussi très concrètement, nous avons décidé,
19:19 le gouvernement a décidé de tripler les contrôles sur la mise en oeuvre
19:23 de deux choses, la mise en oeuvre d'Egalim, mais également
19:27 l'origine des produits, parce que les agriculteurs
19:31 pointaient du doigt le mauvais étiquetage des produits,
19:34 et le fait que le consommateur était trompé,
19:36 souvent à dessein, entre produits français et produits étrangers,
19:40 et que c'était inacceptable, et nous avons fait aujourd'hui
19:44 plus de 3000 contrôles, nous en ferons 10 000 d'ici la fin de l'année.
19:49 - A l'échelon européen, on a la nouvelle PAC qui va être votée
19:53 par les eurodéputés bientôt, le 25 avril, donc jeudi,
19:57 elle prévoit notamment la fin de l'obligation des 4% de jacheres
20:01 pour les terres arables, on ne demandera plus, véritablement,
20:04 de contrepartie environnementale aux agriculteurs pour bénéficier des ZPAC ?
20:09 - Alors pas du tout, en revanche, on demandera des contreparties
20:12 qui soient, encore une fois, liées à la réalité du terrain.
20:17 Dans les contreparties qu'on mentionnait, dans les ZPAC qui étaient évoquées,
20:22 il y a ces notions de dates, je mentionnais sur les "et" le 15 mars,
20:27 mais j'ai dû demander à ceux qu'on prenne une décision
20:36 pour reconnaître l'impossibilité des agriculteurs du Pas-de-Calais
20:41 à avoir planté cet hiver pour protéger les sols.
20:45 Pourquoi ? Parce qu'ils étaient les pieds dans l'eau.
20:48 Et si nous n'avions pas fait cette reconnaissance de force majeure
20:52 qui a empêché les agriculteurs de planter cet hiver,
20:56 il aurait fallu qu'individuellement, ils demandent l'autorisation
21:00 à continuer à bénéficier des ZPAC alors qu'ils étaient les pieds dans l'eau
21:04 en repérant, parcelle par parcelle, les parcelles inondées.
21:07 Donc ça c'est surréaliste, c'est tubuesque, et effectivement,
21:11 nous voulons sortir de ça. Nous travaillons avec les agriculteurs
21:15 à avoir cette ambition climatique, le respect de cette vision
21:21 pour protéger nos terres, mais il faut le faire de manière pragmatique
21:25 et la manière pragmatique c'est de co-construire avec les agriculteurs,
21:28 en particulier ceux qui jouent le jeu.
21:30 Jordan Bardelal, tête de liste RN pour ces européennes,
21:34 dit qu'il est favorable à la PAC, à ces aides-là,
21:37 et pourtant il a voté contre le budget.
21:39 - Et alors, il a... c'est-à-dire que pour vous...
21:42 - Ça fait partie des gens qui ont des sincérités successives,
21:45 comme on dit. C'est-à-dire qu'il a, à quelques mois d'intervalle,
21:50 voté pour la PAC et voté contre le budget.
21:53 C'est un peu comme quand on dit qu'on est contre le glyphosate,
21:57 puis pour le glyphosate. Vous voyez, ça s'appelle une incapacité
22:01 en fait à prendre position. Je remarque que M. Bardela
22:05 a livré une interview confession de 4 pages dans un journal du dimanche,
22:11 mais que dans ces 4 pages, à aucun moment,
22:14 il n'évoque la situation des agriculteurs.
22:16 C'est-à-dire le peu de cas qui fait des agriculteurs,
22:18 de nos agriculteurs qui nourrissent les Français aujourd'hui
22:21 et qui sont en première ligne pour notre souveraineté agricole.
22:25 - C'est-à-dire que pour vous, Jordan Bardela n'est pas un allié
22:28 par rapport aux agriculteurs, pour les agriculteurs ?
22:30 - Non, M. Bardela fait des selfies avec les agriculteurs
22:33 et les visiteurs au Salon de l'Agriculture,
22:35 mais il n'a aucun programme pour l'agriculture.
22:38 Il ne sait seulement dire qu'il est à leur côté,
22:42 mais à leur côté pour quoi faire, alors qu'il a eu des votes
22:45 totalement incohérents au niveau du Parlement européen,
22:49 et que surtout il soutient, en tout cas il a une attitude
22:53 plus qu'ambiguë avec Vladimir Poutine et la Russie,
22:57 qui est une des causes de la crise agricole aussi actuelle,
23:00 et je veux le dire ici. C'est M. Poutine qui a utilisé
23:03 l'énergie comme arme de guerre et qui est à l'origine
23:07 ces deux dernières années de la flambée des prix de l'énergie.
23:12 Heureusement nous avons remis cela sous contrôle,
23:15 mais ça nous a pris quand même quelques mois.
23:17 C'est M. Poutine qui est à l'origine de l'impossibilité
23:21 pour l'Ukraine d'avoir accès à des débouchés en mer Noire
23:25 et qui pèse sur les marchés agricoles avec l'effondrement
23:29 des prix des céréales. Et là encore, nous sommes à l'action,
23:32 mais il ne faut pas se tromper d'ennemis sur ce sujet-là.
23:36 - Pour parler d'ennemis sur ces européennes,
23:39 qui est le rival ou la rivale de Valérie Ayé
23:42 à la tête de liste du camp présidentiel ?
23:45 Est-ce que c'est Jordan Bardella du RN qui caracole en tête
23:48 très largement devant la liste de Valérie Ayé,
23:50 ou est-ce que c'est Raphaël Glucksmann qui est juste derrière
23:53 pour l'EPS et Place Publique ?
23:55 - Valérie Ayé, elle a un bilan, elle a une expérience
23:59 et elle pèse au Parlement européen. On ne peut pas en dire autant
24:02 ni de Jordan Bardella ni de Raphaël Glucksmann.
24:05 Raphaël Glucksmann, c'est le candidat du PS français
24:09 qui se retrouve en situation de voter contre le PS européen
24:14 encore il y a quelques jours sur le pacte asile-immigration.
24:18 Ça montre à quel point il ne pèse pas au Parlement européen.
24:22 Donc on peut faire des grands discours sur l'Europe,
24:25 encore faut-il être capable de faire bouger l'Europe,
24:27 de faire changer l'Europe. Valérie Ayé, c'est celle qui a porté
24:30 au titre de la présidence d'un parti, d'un groupe politique Renew,
24:35 qui a pu peser sur les décisions qui ont été prises au niveau européen,
24:41 que ce soit sur les vaccins, que ce soit sur la PAC,
24:45 parce qu'elle est peut-être plus connue des Européens
24:48 pour son rôle majeur que Jordan Bardella,
24:51 qui a passé plus de temps sur les plateaux de TV français
24:54 et qui n'a pas cherché à aider les Européens.
24:57 Rappelons qu'elle aura besoin de l'engagement plein entier
25:00 d'Emmanuel Macron dans cette campagne,
25:02 qui fera d'ailleurs son discours sur l'Europe jeudi.
25:04 Mais Valérie Ayé, elle aura l'engagement de tout le gouvernement derrière elle,
25:08 parce que nous savons comment elle a réussi à infléchir l'Europe
25:12 sur les enjeux de souveraineté.
25:13 Rappelons que la souveraineté européenne, la souveraineté nationale,
25:17 c'était des gros mots il y a 6 ans au niveau européen.
25:20 Et que cette vision qui a permis de faire le plan de relance,
25:24 de faire des vaccins ensemble,
25:26 de lutter pour notre indépendance sur les minéraux critiques,
25:30 de lancer des projets de production de batterie électrique en France,
25:35 elle a été portée en premier lieu par la France
25:38 et elle a été permise parce que nous avons pu poser sur l'Europe.
25:43 Moi-même, j'ai négocié le retour du nucléaire en Europe
25:46 avec une alliance du nucléaire,
25:48 parce que j'avais un groupe qui s'appelait Renew,
25:51 qui était présidé par un français, à l'époque Stéphane Séjourné,
25:54 et qui a pesé sur le Parlement européen.
25:56 Cela n'aurait pas été possible avec Raphaël Glucksmann,
25:59 François-Xavier Bellamy ou Jordan Bardella.
26:02 D'ailleurs, ils n'ont pas été beaucoup en soutien.
26:04 Un mot pour conclure tout de même sur les Jeux Olympiques.
26:07 Quand on parle de souveraineté alimentaire,
26:09 justement quand on parle de défendre les agriculteurs français,
26:12 est-ce qu'on sait aujourd'hui si 100%,
26:14 ou en tout cas une grande majorité des repas servis aux athlètes,
26:17 seront préparés, sera préparé majoritairement avec des produits français ?
26:22 Oui, c'est le cahier des charges qu'a aujourd'hui le Comité Olympique National,
26:29 puisqu'ils ont un objectif qui est largement supérieur à 50%
26:34 d'approvisionnement en produits français,
26:37 avec un objectif de produits durables, locaux, bio aussi.
26:42 Et donc, ils prendront leur part justement du soutien aux agriculteurs.
26:47 Et cela me permet aussi de dire à tout un chacun
26:50 qu'on peut tous agir pour notre agriculture.
26:52 Agir pour notre agriculture, c'est regarder où sont approvisionnés les produits,
26:58 d'où vient la viande lorsqu'on l'achète,
27:00 et faire en sorte de plutôt privilégier le français que d'autres origines,
27:06 en particulier des origines hors Union Européenne.
27:09 Ceux-là, ces petits gestes, ils comptent aussi pour les agriculteurs.
27:13 Évidemment, chacun selon ses moyens, on en est bien conscients.