Jacques Hogard.

  • il y a 5 mois
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00:00Et à la volée, je suis très très heureuse de recevoir aujourd'hui Jacques Augar, bonjour
00:20Jacques Augar.
00:21Bonjour.
00:22Merci beaucoup de me recevoir.
00:23Jacques Augar, colonel, expert en intelligence stratégique et géopoétique et vous avez
00:28travaillé maintenant et depuis longtemps sur les questions géopolitiques et internationales.
00:33Est-ce qu'il est intéressant, et vous le rappelez dans votre prélude, vous avez un
00:38passé qui fait que vous avez travaillé dans les rangs otaniens, c'est bien cela ?
00:41J'ai servi sous le fanion américain en Somalie en 92 déjà, c'est vieux, et j'ai servi
00:51sous le fanion de l'OTAN en 99 au Kosovo.
00:55Et vous le dites dans votre livre, c'est quelque chose qui vous a énormément marqué
00:59et qui vous a amené finalement aujourd'hui à interroger tout ce qui se passe sous un
01:07regard différent et averti on va dire.
01:09Et un regard assez critique en fait, vis-à-vis bien sûr de l'OTAN, mais l'OTAN c'est
01:14un appareil, c'est une organisation qui je rappelle avait été créée en 49 pour protéger
01:21finalement le monde libre, ce qu'on appelait à l'époque le monde libre, l'Occident,
01:25d'une éventuelle hypothétique invasion soviétique communiste.
01:30Seulement tout a changé évidemment avec la chute du mur de Berlin en 89, avec l'effondrement
01:38du RSS en 91, et moi j'ai réalisé tout ça, vraiment le changement de donne géopolitique
01:45en 94 au Rwanda, vraiment, parce que là on a, la France a été manipulée et la France
01:52a été victime en fait des Etats-Unis, de leur politique, et puis en 99 au Kosovo sous
01:59le fagnon de l'OTAN, où là je me suis dit mais on est vraiment du mauvais côté de l'histoire,
02:04nous Français, et on travaille contre nos intérêts et on engage la vie de nos soldats
02:09contre nos intérêts.
02:10Alors j'ai le sentiment de revivre tout ça aujourd'hui avec l'Ukraine.
02:13Et tout ça, vous le dites très bien dans votre livre, et vous montrez les liens avec
02:17la CIA, avec les Américains, derrière la guerre en Ukraine, et bien avant que nous
02:22autres commençions à ouvrir les yeux sur ce qui se passe en Ukraine.
02:25Mais avant qu'on arrive à là, d'ailleurs vous le dites, pour vous le bombardement au
02:30Kosovo en 99 c'est le point de rupture, il fait qu'on a basculé dans un autre champ,
02:35mais je voudrais, puisque justement qu'on commence par ça, qu'on commence par le Kosovo,
02:39puisque je le disais en introduction, nous avons dépassé une date anniversaire de quelques
02:45jours, triste anniversaire de ce bombardement du Kosovo par les bombes otaniennes.
02:50Je vérifie, ça a commencé le 23 mars, mais ça s'est fait sur plusieurs jours.
02:55Oui bien sûr, sur 78 jours exactement.
02:57Donc ça a commencé le 23 mars 99, donc il y a 25 ans exactement, ces bombes otaniennes
03:04bombardaient le Kosovo, et la Serbie, auquel le Kosovo appartenait, et appartient à mon avis de droit.
03:12Et moi j'étais sur place.
03:14Alors déjà, pouvez-vous nous raconter comment pour vous ça s'est passé sur place, à ce moment-là,
03:18qu'est-ce qu'on vous disait, quels étaient les ordres, etc.
03:21Et puis maintenant, votre interprétation, votre analyse.
03:23Si vous voulez, il faut remonter à septembre 98, quand toutes les chaînes de télévision européennes
03:30et occidentales montrent les malheureux réfugiés albanais qui quittent le Kosovo en rang serré,
03:37sous la pression en fait de l'armée et de la police serbe, qui sont en train de lutter contre la rébellion armée
03:45kosovare, albanaise, menée par Hashim Tachi, aujourd'hui détenu à la haie pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
03:52Et l'opinion occidentale est travaillée à ce moment-là.
03:57Et moi je suis au commandement des opérations spéciales à l'époque, comme officier.
04:02Je suis chargé de suivre ce dossier.
04:04Donc vous vous rendez sur place.
04:06Alors, je ne me rends pas encore sur place tout de suite, il y a évidemment toute une période de planification,
04:10entre septembre et j'irais janvier, même ce qui déborde largement au début 99.
04:16Mais je me rends sur place effectivement, début janvier 99, conjointement avec nos camarades britanniques,
04:23puisque à l'époque je les considère comme des camarades, c'est l'effort spécial britannique du 22e SAS.
04:30Je vais à Londres, on fait connaissance et on se projette sur le théâtre.
04:34– Pardon, j'ai une question pour bien comprendre là, vous n'êtes pas du tout méfiant, quoi que ce soit, vis-à-vis de l'OTAN ?
04:39– Si, je le suis déjà un peu parce que j'ai un père, officier général, qui a pris sa retraite pas mal d'années avant,
04:46qui est en train de mourir d'un cancer et qui m'explique un peu le dessous des cartes.
04:51Alors je lui dis, mon cher papa c'est très simple, je vais aller faire autre chose.
04:57Et il me dit non, certainement pas, dans la famille on ne se dérobe pas devant un obstacle,
05:01tu vas y aller parce que si tu y vas, tu auras la faculté de discernement
05:04que n'aura pas nécessairement l'officier qui te remplacera automatiquement si tu n'y vas pas.
05:09Donc c'est dans cet état d'esprit que je suis parti, mais j'avais tout à découvrir si vous voulez,
05:12j'avais pas de préconçus contre qui que ce soit, contre la communauté albanaise ou contre la communauté serbe.
05:21Et en fait j'ai été projeté dans cette affaire, 78 jours de bombardement, j'étais sur place,
05:27j'avoue que la veille je n'y croyais pas, je pensais que c'était du bluff.
05:32Parce que la veille, le bombardement a été annoncé ?
05:35Le 22 mars, oui, on avait des... bon j'étais pas dans le secret, j'étais à ce moment-là un lieutenant-colonel sur le terrain,
05:45en pleine action, etc, au force spéciale, mais j'étais pas, si vous voulez, le chef d'état-major des armées
05:52me téléphonait pas toutes les deux heures pour me dire ce qu'il se passait.
05:55Donc je suivais les événements et on les suivait aussi.
05:57Les événements, je rappelle pour tout le monde, parce que tout le monde n'a pas forcément ça en mémoire,
06:01vous dites que l'opinion a été travaillée.
06:04D'ailleurs je vous renvoie tous aux livres de Nicolas Mirkovic sur ce sujet qui est absolument formidable.
06:10L'opinion a été très travaillée, même manipulée, maintenant on le sait,
06:14et notamment avec ces images, c'est aussi le début de la guerre des images, du, entre guillemets, massacre de Ratschak.
06:20Guerre cognitive, alors désinformation majeure, massive,
06:24il y a le massacre de Ratschak, complètement retourné, instrumentalisé, etc, bien sûr...
06:29On a fait croire que c'était les serbes qui...
06:32Évidemment, évidemment, tout ça a été documenté, prouvé, etc, après, mais le mal est fait quand vous communiquez,
06:40quand vous désinformez massivement, voilà.
06:43Et puis il y a eu aussi cette fameuse affaire de plan fer à cheval,
06:46complètement inventée par les services bulgares et allemands,
06:49pour discréditer totalement la partie serbe.
06:52Donc tout ça...
06:52C'était quoi ce plan fer à cheval ?
06:53C'était finalement le plan du génocide...
06:58Prouver que les serbes avaient entrepris de planifier un véritable génocide et épuration ethnique des Albanais du Kosovo.
07:06Et le massacre de Ratschak, je le rappelle pour tous ceux qui n'auraient pas ça en tête,
07:09on a fait croire que les serbes avaient tout simplement massacré un village entier,
07:16il y avait des corps entiers, tout ça, et puis après on a prouvé, il a été prouvé officiellement,
07:20que ces corps n'étaient pas les corps de ces civils albanais tués par...
07:25Il a été prouvé, en fait, je vais vous dire, moi, alors je n'étais pas à Ratschak, évidemment,
07:30mais dans la suite de ma mission au Kosovo, plus d'une fois,
07:35quand on a découvert, parce que c'était aussi une partie de ma mission,
07:39c'était d'inventorier un peu les massacres éventuels, les charniers, etc.,
07:43plus d'une fois, des Albanais, des Albanais eux-mêmes,
07:47nous prenaient par la main en disant, à tel endroit vous allez trouver 30 corps dans le fond d'un puits,
07:54on va vous dire que c'est les serbes, ce ne sont pas les serbes, c'est l'UCKR,
07:57parce que ce village albanais ne voulait pas se soumettre à l'UCKR et payer l'impôt révolutionnaire à l'UCKR, etc.
08:05L'UCKR, c'est l'organisation terroriste albanaise qui, jusqu'en 1997, pour ne pas dire de bêtises,
08:14figure sur la liste des organisations terroristes dénoncées par les Etats-Unis d'Amérique,
08:19et qui d'un coup devient leur allié, leur proxy idéal.
08:23Et Hashim Tachi, qui en est le chef, aujourd'hui détenu à l'AE, comme je le disais tout à l'heure,
08:27Hashim Tachi est l'enfant chéri de Madeleine Albright.
08:32Madeleine Albright, que j'avais croisée, si je puis dire, sur le dossier Rwanda, il y a 5 ans auparavant,
08:40on la retrouve à ce moment-là aux affaires, comme secrétaire d'Etat, sur le Kosovo américaine.
08:48Elle a évidemment un successeur en la personne de Victoria Nuland, des années plus tard en Ukraine.
08:53Mais tout ça, pour moi, c'est extrêmement lié, et c'est lié finalement à l'hégémon américain,
09:00à la volonté absolue de l'Empire américain, comme le dit très bien effectivement Nikola Nikovic,
09:06dans ses ouvrages, dans le dernier en particulier, c'est la résistance de l'Empire américain
09:14qui n'entend pas céder la place à qui que ce soit, et qui veut garder la première place,
09:19et finalement s'ériger en espèce de gouvernement mondial.
09:22Mais ça, la conclusion, je pense qu'aujourd'hui, en tout cas chez nous, on est assez avertis sur toxin,
09:28et tout le monde arrive à peu près à cette conclusion, mais je voudrais savoir,
09:31vous qui connaissez le terrain, qui avez tout compris, tout vu, que vous nous disiez comment,
09:36peu à peu, les choses vous sont arrivées devant vos yeux, et surtout quels liens vous voyez aujourd'hui
09:42avec ce qui se passe en Ukraine, et pourquoi même l'attentat contre Moscou ?
09:46Donc là, vous êtes sur place, vous disiez, vous n'y croyez pas, et à ce moment-là, malgré tout,
09:53vous étiez en Serbie ? Vous étiez vraiment sur le terrain ?
09:57D'abord, on a été prépositionnés, si vous voulez, pour donner un mot barbare, en Macédoine du Nord,
10:02à la frontière de la Serbie en fait, frontière du Kosovo, mais frontière de la Serbie, à Koumanovo,
10:09et pendant plusieurs semaines, on va s'entraîner, on va s'entraîner en particulier de nuit,
10:14on va franchir la frontière, on va aller voir ce qui se passe de l'autre côté, avec des hélicoptères,
10:19et les moyens de vision nocturne, etc. On assiste à plusieurs incidents, on voit une équipe de G.I. américains
10:27qui franchit la frontière en meurs, et qui se fait attraper par les Serbes, qu'on retrouve à la télévision
10:33deux jours plus tard, avec le visage un peu amoché, avec quelques yeux un peu soulignés, on va dire,
10:42mais rien d'extraordinaire, sauf que les bombardements se poursuivent. Et quand les bombardements vont s'arrêter,
10:49c'est parce que Milošević abandonne la partie, en quelque sorte, parce qu'on ne lui a pas touché à son armée, en fait.
10:57L'armée serbe s'est très bien protégée de tout ça, mais il a quand même quelques milliers de morts civiles,
11:02en particulier des enfants, des enfants des écoles, des cars scolaires qui ont été bombardés, des ponts,
11:09les infrastructures économiques de la Serbie ont été gravement touchées, et donc Milošević accepte à ce moment-là
11:16une discussion, et ce sont les accords militaires de Kumanovo, fin juin 1999. Et à ce moment-là, nous, on était là-bas sur place,
11:26on ne savait pas très bien dans quelle posture on allait être utilisé. On aurait pu être utilisé dans une posture
11:30beaucoup plus guerrière, entre guillemets, mais on est, à ce moment-là, ma mission, c'est d'établir des contacts avec l'armée serbe,
11:40de permettre l'engagement de la brigade française qui est en arrière, PRETA, la brigade Leclerc, formée à partir de la 2e division blindée de l'époque,
11:51commandée par mon cousin, ce qui facilite quand même un peu les relations aussi, discuter avec les serbes de l'entrée de cette brigade,
11:59et puis se projeter dans le futur secteur français que je vais découvrir, je ne sais pas tout de suite, au nord du Kosovo, de la province du Kosovo,
12:10Kosovka Mitrovica, et puis cette espèce de point en triangle, si vous voulez, qui s'enchasse en fait dans la Serbie centrale.
12:19Voilà, et donc ça c'est toute l'aventure que je raconte dans mon petit livre précédent, L'Europe est morte à Pristina,
12:27c'est toute cette opération qui consiste à se déployer, prendre tous les contacts, régler nos problèmes,
12:34c'est-à-dire d'entrer dans un territoire souverain, qui est celui de la Serbie, pour en détacher, ça on ne le sait pas encore, sa province,
12:43parce qu'à l'époque, la résolution 1244 de l'ONU stipule que pour des raisons de paix dans la région, etc.,
12:54on autorise une intervention étrangère, mais que bien entendu, la Serbie reste souveraine sur le territoire du Kosovo,
13:01et qu'à un moment donné, elle reviendra, elle rétablira sa souveraineté totale à travers son administration, sa police, son armée, etc.,
13:10ce qui n'avait jamais été fait. Et bien au contraire, puisque en 2008, le pouvoir albanais du Kosovo, qui est en fait les héritiers directs de l'UCK,
13:21de la guérilla albanaise terroriste, reconnue en particulier par la France, et par certains pays, pas tous, de l'Union Européenne,
13:31cette guérilla va déclarer l'indépendance unilatéralement. Et c'est la naissance de la soi-disant République du Kosovo que nous subissons aujourd'hui,
13:41qui peut petit à petit se vider d'ailleurs de ses habitants, y compris... Alors serbes, d'abord, ça s'était voulu, mais aussi albanais,
13:48parce que les conditions de vie sont... C'est un non-État, sous perfusion européenne, avec vos impôts, les miens, etc.
13:55Oui, qui alimente toutes les corruptions... Et qui alimente évidemment tous les trafics, toutes les corruptions de la région.
14:01Donc vous dites que c'est la fin, finalement, de ce point de rupture, point de bascule, puisque depuis ce moment-là, on voit aussi comment est sous domination américaine, prise de pouvoir...
14:10Oui, effectivement, j'ai vu ça sur le terrain, pour vous répondre, parce que ma mission a été très courte au Kosovo lui-même. On est resté moins de 3 semaines, en fait,
14:18pour permettre l'engagement de la brigade française conventionnelle, etc. Mais pendant ces moins de 3 semaines, on a vu toutes les horreurs possibles et imaginables couvertes par l'OTAN.
14:28Les bombes, déjà, contre les civils ?
14:31Les bombes, mais les bombes avaient fait leur effet. En particulier, on peut en parler, parce qu'il y a l'uranium appauvri, qui a laissé des traces durables sur la population serbe dans son ensemble,
14:43puisque les bombardements avaient lieu aussi en Serbie centrale et dans le nord. Mais il y a aussi cette permanence des actions terroristes de l'UCK qui relève la tête avec l'arrivée de l'OTAN,
14:58et qui s'en prend aux populations civiles. Alors, moi, mes commandos des forces spéciales ont surpris, par exemple, un soir, dans une barre d'immeubles au nord de Kosovska-Mitrovica,
15:11des terroristes, parce qu'il faut les appeler ainsi, de l'UCK, en train de vider les immeubles de leurs habitants serbes, en général des gens âgés,
15:21le pistolet sur la tempe, en leur disant, vous avez 10 minutes pour faire vos bagages et dégager, sinon c'est une balle dans la tête, et vous nous laissez l'excès de l'appartement, parce que maintenant, c'est à nous.
15:30Donc, on a vu tout ça. On a vu aussi des maisons des Roms, il ne faut pas oublier le martyr des Roms, population abandonnée de tous, qui s'est retrouvée martyrisée par les Albanais de Kosovo.
15:44Donc, tout ça, c'est... Moi, j'ai vu tout ça. J'ai vu les incendies, j'ai vu les meurtres, j'ai vu les enlèvements, parce qu'il faut parler des enlèvements, parce que c'est ce qui va amener à la découverte du trafic d'organes épouvantable,
15:55couvert par M. Kouchner pendant les mois qui vont suivre, quand il sera nommé gouverneur de Kosovo. Il faut dire tout ça, parce que personne n'ose le dire.
16:03– M. Kouchner, j'avais oublié qu'il était gouverneur de Kosovo, lui. – Il a été nommé par... – Il a couvert le trafic d'organes.
16:09– Ah ben, il était très ami avec Hashim Tachi, qui est aujourd'hui détenu à l'AE. – Le grand défenseur des médecins...
16:15– Oui, et qui a renié toutes ses idéaux de jeunesse, si tant est qu'il les ait eues vraiment, mais qu'il les a tous reniés. Il faut regarder, parce qu'on la retrouve facilement sur Youtube
16:26ou sur Internet aujourd'hui, cette séquence où il est interrogé à propos du trafic d'organes par un journaliste, il est en fonction à ce moment-là au Kosovo,
16:36et il éclate de rire, un rire qui est un rire maléfique, qui est un rire satanique pour moi, et qui en dit long sur la connaissance que cet individu avait.
16:45Je le sais par ailleurs par une source judiciaire... – Oui, vous êtes sûr qu'il avait été au courant de ce trafic ? Il se passait quoi exactement ?
16:49C'était les enfants qui étaient enlevés ? – Alors, on enlevait des personnes de tous âges, mais des jeunes gens, des jeunes femmes en pleine condition,
16:58ou des adolescents, pour leur enlever, chirurgicalement, des organes qu'on revend, et qu'on revend très cher. – Oui, et donc eux étaient tués ?
17:11– Ah ben, c'est la mort assurée, et des choses horribles, puisque des gens ont été... on leur a prélevé des organes vivants. – C'était un réseau qui appartenait à qui ?
17:20– Pardon ? – C'était un réseau qui était tenu par qui ? – À l'UCCA. – Et donc, il est protégé par les Américains ? Sous alliance américaine, en tout cas ?
17:29– Ben bien entendu, sous par appui de l'OTAN, parce qu'au total... Ça a été dénoncé par le parlementaire suisse Dick Marty, qui a fait un rapport au Conseil de l'Europe.
17:39Il peut dire qu'il était un pavé dans la mare. Alors tout le monde fait un peu... On aime bien étouffer ces affaires-là, parce que c'est embêtant, et que ça mouille en plus des États étrangers.
17:51Donc voilà, moi, ce que j'ai vécu, vraiment... Alors, le trafic d'organes, quand j'étais sur place au Kosovo, j'en ai pas entendu parler.
17:59J'ai simplement entendu parler de beaucoup d'enlèvements, parce que les gens venaient nous voir en disant « mon fils a disparu », « ma fille a disparu à tel endroit »,
18:06« elle a été emmenée par des gens du C4 », etc. Et on a découvert à Mitrovica une villa où il y avait une cave qui était en fait une unité de détention, en fait une prison.
18:18Un laboratoire pour ce trafic ?
18:20Alors on les exfiltrait en fait en Albanie, puisque la fameuse Maison Jaune qui fait tanguire Kouchner dans cette interview,
18:29cette Maison Jaune existe bien en Albanie, et c'était en fait la clinique où on torturait ces gens pour enlever vivants leurs organes qu'on vendait très cher.
18:39Donc ce sont des choses qu'il faut dire.
18:42Je vous remercie de les dire ici à cette antenne. Et donc pour utiliser un terme moderne, finalement le Kosovo, aujourd'hui on dit c'est la pilule rouge,
18:49c'est l'éveil qui vous permet de comprendre aujourd'hui tout ce qui se passe et tout ce qui s'est passé, et vous le révélez au début de votre ouvrage concernant la guerre en Ukraine.
18:59Oui, absolument.
19:01Est-ce que vous pouvez nous dire justement quels sont les jeux ? Là vous parlez de Victoria Nuland notamment, sa présence depuis 2004 en Ukraine.
19:08Est-ce que vous pouvez nous dire quels étaient leurs jeux là-bas, qui correspondent et quels sont les liens à chaque fois, leurs modus operandi finalement, par rapport à ce qui s'est passé avant au Kosovo ?
19:17Si vous voulez, le cas général, c'est celui de la stratégie américaine. Elle a été très très bien décrite par Zbigniew Brzezinski dans un ouvrage qu'il faut absolument lire, si on veut comprendre,
19:28ce qui est le Grand Échiquier. À partir de là, les Etats-Unis n'ont jamais voulu considérer que la fédération de Russie qui remplaçait l'URSS, en partie, parce qu'elle ne s'est pas substituée en totalité à l'URSS,
19:43et pour cause, que cette fédération de Russie n'était pas du tout l'ennemi d'hier. Et à tel point d'ailleurs qu'il faut le souligner, et je le souligne, Gorbatchev, même Yeltsin,
19:56cet ivrogne de Yeltsin et Poutine ont demandé plusieurs fois l'adhésion de la Russie, de la fédération de Russie, à la maison commune européenne et même à l'OTAN, et même à l'OTAN.
20:08Et d'ailleurs, il y a peu de temps, vous vous le rappelez, il y a peu de temps, à l'interview de Tucker Carlson, Poutine revient dessus.
20:15Oui, bien sûr.
20:16Il en parle. C'était quand ? C'était en 2000, je crois, qu'il fait cette demande. Non ?
20:19Non, c'est plus ancien, c'est peut-être en 2000, ou en 2003 peut-être. Mais en tout cas, ça a été fait plusieurs fois. Et donc ce qu'il faut dire, c'est que les Américains,
20:30le premier objectif, c'est de faire tomber l'Ukraine dans le clan, ou le camp occidental, entre guillemets. Donc c'est l'échec...
20:38C'est pas pour sauver l'Ukraine de l'affreux grand frère russe, etc. C'est pour des... C'est intéressant aussi ce que vous dites, des objectifs, évidemment, économiques.
20:48Économiques, stratégiques et économiques, oui. Les terres arabes, en particulier.
20:52Les laboratoires, vous rappelez la présence des laboratoires.
20:54Les laboratoires, etc. Le juteux trafic de la famille Biden en Ukraine, il faut le dire, parce que...
21:02Au point que l'ambassadeur des Etats-Unis à Kiev appelle Washington pour dire, écoutez, il faudrait quand même tenir un peu le jeune Biden, parce que ça porte préjudice à l'image des Etats-Unis.
21:14Tout ça, c'est documenté, c'est clair. Mais ce que je voudrais dire, c'est l'échec de la révolution orange de 2004. En fait, échec dans le temps.
21:24Sur le moment, on pense que c'était une réussite, mais échec dans le temps. Et donc on met le paquet pour qu'en 2014, ça marche.
21:30Et c'est le putsch de Maïdan, orchestré en particulier par Victoria Nuland, qui avoue avoir dépensé plus de 5 milliards de dollars sur cette opération.
21:38Qui est secrétaire aux affaires étrangères, je crois, à ce moment-là.
21:40Qui est secrétaire d'État aux affaires étrangères, qui a remplacé en fait Madeleine Albright, qui tenait le même rôle quelques années plus tôt.
21:46Et elles sont de la même nature, l'une et l'autre. Et à partir de là...
21:52Le putsch, c'est qu'en fait, Yanukovitch devait être donné vainqueur. Et puis finalement, les Américains alimentent une rébellion face à cela.
22:00Il est vainqueur. Il a gagné l'élection. Mais alors, il est pris dans un dilemme. Est-ce que j'ai envie d'Europe ? Est-ce que j'ai envie de Russie ?
22:08Oui, je suis tenu avec la Russie parce qu'il y a toute l'histoire. Il y a l'économie. Il y a l'énergie. Il ne faut pas oublier tout ça. C'est fondamental.
22:15Mais l'Union européenne me fait les yeux doux, etc. Donc en fait, à ce moment-là, nous, Européens, on le met dans un choix cornélien.
22:26Parce que lui, il veut prendre les deux. Il dit qu'il va réussir à allier avec les Russes et réussir avec les Européens.
22:30Les Russes sont d'accord et donnent en plus l'argent qu'exige Yanukovitch.
22:36Et en fait, il voudrait un accord tripartite. Et les Européens disent non.
22:40Les Européens qui disent non à cet accord ou qui pourraient allier la Russie et les Européens. C'est ça qui est intéressant.
22:46On dit toujours méchant russe, etc.
22:48Et en fait, il y avait une occasion rêvée d'établir un pont avec la Russie qui ne demandait que ça depuis des années et des années pour l'intégrer en fait dans un discours.
23:02Au lieu de ça, les Américains derrière poussent à la guerre.
23:06Alors la guerre, c'est la guerre contre les populations russophones d'Ukraine.
23:11C'est l'armée ukrainienne qui bombarde pendant des années, pendant huit ans, sa propre population au motif qu'elle est russophone et orthodoxe.
23:20Et on voit apparaître des mesures aussi contre les écoles russophones, contre la langue, contre même l'orthodoxie.
23:31Bien sûr, ça prend un côté très fort, très nationaliste de base, si je puis dire.
23:39Et donc, les russophones de l'Est s'érigent en république autonome, Lugansk, Donetsk, que connaît très bien Nicolas, puisqu'on l'a cité tout à l'heure.
23:51Et finalement, ça devient une guerre civile. Et cette guerre civile, Poutine la regarde se développer avec beaucoup de retenue quand même, beaucoup de retenue.
24:02Parce qu'il a une forte pression des russophones de l'Est ukrainien qui disent, venez à notre secours maintenant, parce que nous, on se fait bombarder, nos enfants se font tuer.
24:10C'est quand même 16 ou 17 000 morts pendant toute cette période. Il y a des cimetières d'enfants à Lugansk et Donetsk aujourd'hui pour garder la mémoire de tout ça.
24:24Et nous, Français et Allemands, les accords de Minsk, si vraiment Hollande et Merkel ont raison, c'est-à-dire en disant que les accords de Minsk étaient un leurre, un stratagème,
24:39pour permettre la montée en puissance des forces autoniennes ukrainiennes et déclencher la guerre, c'est gravissime quand même.
24:47C'est gravissime, mais c'est réussi.
24:49Parce que finalement, Poutine déclenche cette opération spéciale, je ne sais pas si c'était le bon terme, mais peu importe, à l'époque, le 24 février 2022.
24:59Mais 8 jours avant, les forces ukrainiennes ont lancé une opération majeure sur le Donbass.
25:05Les bombardements ont été multipliés par 10 en quelques jours, etc.
25:09Donc on voit bien que l'initiative guerrière, contrairement à tout ce que tout le monde raconte, vient quand même de la partie ukrainienne, c'est-à-dire otanienne, en fait.
25:19Oui, c'est ça, mais sauf qu'on va vous dire que c'est l'Ukraine contre l'Ukraine, donc il y a un géant.
25:23Oui, mais bien sûr, mais si vous voulez, c'est aussi le vieux débat entre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ou le respect des frontières héritées de l'ordre international.
25:33C'est ce que vous racontez très bien. De toute façon, c'est une guerre d'influence et c'est une guerre de proxy. Et derrière, et vous le dites bien, je crois qu'il y a 5 milliards qui ont déjà été donnés en 2004.
25:43Au moins. Il y a des rumeurs, alors j'aimerais bien creuser d'ailleurs cette question parce qu'il semblerait qu'il y ait peut-être une enquête des services américains, FBI en particulier, en Ukraine actuellement,
25:58pour identifier où l'argent est parti et en particulier combien de milliards de dollars ont été dépensés initialement sur l'affaire de Maïdan.
26:10Donc tout ça, ça reste encore à écrire, mais ça viendra.
26:14Mais ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, parce que je fais un peu une avance rapide, les Américains se désissent plus ou moins de ce conflit.
26:22Aujourd'hui, ils mettent la pédale douce, comme ils le font pour la scène israélo-palestinienne.
26:26Comme toujours.
26:27Mais alors ils le font parce qu'ils ont leurs élections, ils ont autre chose à jouer. Est-ce qu'ils le font aussi parce qu'ils ont gagné finalement ce qu'ils voulaient peut-être ?
26:35Et on l'a rappelé avec notamment ce passage de Robert Kennedy Junior, celui qui est candidat aux élections américaines,
26:49qui a rappelé qu'aujourd'hui, je crois que 90% des terres ukrainiennes appartiennent déjà à des oligarques et à des groupes, des consortiums notamment américains.
27:02On pourrait dire que l'opération, d'une certaine façon, est réussie.
27:11Et la dette des Ukrainiens aujourd'hui, comme nous d'ailleurs, après le plan Marshall, nous avons une dette, nous devons rembourser aux Américains.
27:19Eux, ils ont une dette aussi là qui ne se terminera jamais.
27:24Alors si vous permettez, je pense que la question des terres arabes est un peu compliquée parce qu'il y en a une partie maintenant qui se trouve dans la zone conquise.
27:32Ah bah oui, alors évidemment, ça va remettre les choses en question.
27:35Cette affaire là, elle est... Par ailleurs, il y a eu aussi d'ailleurs des mesures prises par le gouvernement Zelensky contre les petits paysans ukrainiens qui sont fortement impopulaires aussi.
27:46Donc tout ça, ça va être remis sur la table dans la nouvelle Ukraine.
27:49Oui, très intéressant, vous le dites et on en avait déjà un peu parlé, cette mesure de Volodymyr Zelensky contre les petits propriétaires.
28:00Est-ce que vous pouvez nous rappeler exactement ce qui se passe et qui, finalement, ouvre encore une fois la possession d'oligarques ou de consorciements ?
28:08Oui, en fait, le but, c'est de détruire la petite paysannerie, en fait.
28:12Donc c'est une méthode très communiste, en fait. Une méthode très communiste qui vise à rassembler, à spolier, en fait, les petits paysans, à les organiser en coopérative, dominée, comme vous l'avez dit, par des consorciums étrangers.
28:28Alors ça, c'est une chose... Ce que je voulais dire surtout, c'est que l'objectif stratégique, à mon avis, parce que ça, c'est l'objectif économique, l'objectif stratégique des Etats-Unis a été atteint.
28:38On a repoussé la Russie avec des cris d'orfraie dans son coin. La russophobie est développée comme jamais aujourd'hui en France et en Europe.
28:49Quand vous prenez des positions médianes ou équidistantes, on vous accouche tout de suite de poutinoniatrie. C'est frappant.
28:56Mais l'effet majeur, là où les Américains ont réussi, c'est ça. Ils ont divisé l'Europe une fois de plus.
29:02Alors on le voit bien aussi entre les relations franco-allemandes aujourd'hui. Ce ne sont quand même pas les meilleures, etc.
29:08Mais là où ils ont échoué, quand même, sur le plan stratégique, c'est que finalement, ils font émerger une alliance contre nature chino-russe,
29:20parce que les Chinois et les Russes n'ont jamais été des amis et des alliés. Là, ils y sont contraints. Alors ils se rassemblent.
29:26Et puis, tant qu'à faire, on regroupe les BRICS autour de nous, l'Iran, etc. Et on en fait une puissance colossale avec les trois quarts de la planète
29:38qui frappent dans les mains de joie, qui applaudissent. Et ça, ce n'était pas prévu. Et je pense qu'on va voir ce qui va se passer avec les élections américaines.
29:48On va voir comment, si Trump est élu, ce qui semble probable, n'est jamais gagné. On va voir comment tout ça évolue. Mais en réalité, les Etats-Unis,
29:59c'est le livre d'ailleurs de Nikola Mirkovic. L'Empire américain est en train de s'effondrer. Divisé contre lui-même, tout royaume finit par périr. Voilà.
30:09— En tout cas, c'était très important, Jacques Augar. Et je suis très heureuse de vous avoir reçu en ce moment, justement, particulièrement.
30:15Donc on célèbre ce triste anniversaire du bombardement que vous avez pu nous raconter de l'intérieur. Et je pense que c'est très, très important.
30:21Il faut pas qu'on l'oublie. Et surtout, comme vous le dites, c'est le point de bascule.
30:26— Moi, je reviens de Belgrade, là, où j'ai passé 4 jours pour cette occasion. Et je dois dire que c'est 25 ans. Et c'est extrêmement fort et émouvant pour moi.
30:36Et puis surtout, ça m'a ouvert les yeux sur la suite. On peut pas regarder l'actualité de la même manière.
30:42— Oui. Voilà. Donc c'est vraiment une façon d'ouvrir les yeux. Et vous aussi, chers auditeurs, vous pouvez ouvrir les yeux à partir de 99,
30:50à partir de ce livre de Jacques Augar, « La guerre en Ukraine, regard critique sur les causes, une tragédie ». Merci encore, Jacques Augar.
30:56— Merci beaucoup. — Un livre chez Hugo Doc. Merci infiniment. Je vois beaucoup de petits cœurs pour vous. Alors n'hésitez pas.
31:01Vous mettez des pouces aussi. Les cœurs, c'est très bien. Mais vous mettez des pouces pour faire monter les algorithmes.
31:05Merci encore. En tout cas, mettez des pouces, en effet.