• il y a 7 mois
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Éric-Emmanuel Schmitt, écrivain et membre de l'Académie Goncourt, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils rendent hommage à Bernard Pivot, décédé ce lundi à l'âge de 89 ans.

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Transcription
00:00 Bon début de journée, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'écrivain Eric Emmanuel Schmitt.
00:04 Bonjour Eric Emmanuel Schmitt.
00:06 Bonjour.
00:07 Merci d'être avec nous ce matin sur Europe 1 pour rendre hommage à Bernard Pivot, mort hier à l'âge de 89 ans.
00:14 Il venait de fêter son anniversaire la veille ce dimanche, c'est assez incroyable.
00:18 Bernard Pivot, c'est celui que toutes les rédactions appelaient pour réagir à la mort d'un grand écrivain.
00:22 D'ailleurs, il en plaisantait lui-même en disant que le jour où il mourrait,
00:25 sans doute que les radios l'appelleraient pour une réaction.
00:28 Vous l'avez bien connu Bernard Pivot, Eric Emmanuel Schmitt,
00:31 ça remonte à quand la dernière fois que vous l'avez vu ?
00:34 C'était il y a quelques mois.
00:36 Il nous a fait le bonheur de revenir à la table du Goncourt,
00:41 cette table qu'il a présidée et moi à laquelle il m'a fait élire.
00:45 On l'a vu avec à la fois bonheur et une profonde nostalgie parce que
00:53 on le sentait diminuer, on savait au fur et à mesure toutes les maladies qu'il rencontrait,
00:58 toutes les luttes qu'il devait mener.
01:00 C'était un Bernard affaibli mais il y avait toujours l'œil qui brillait,
01:06 la curiosité, l'envie de rire parce que c'était quelqu'un qui était extrêmement rieur.
01:11 Et il ne riait pas en se moquant, c'était un rire un peu tendre pour dire vraiment
01:16 on est tous des cons, on est tous un peu minables.
01:20 C'était un rire attendri par rapport à l'humanité, c'était un rire très chaleureux.
01:25 On va remonter le temps avec vous Erick Emmanuel Schmitt,
01:28 vous nous avez dit que vous avez été ensemble juré de l'Académie Goncourt,
01:32 c'est lui qui vous a fait entrer.
01:33 Il était quel genre de président ?
01:35 Lui le premier non-écrivain à rejoindre la prestigieuse institution du Goncourt.
01:40 Oui, il était d'abord très soucieux qu'on ne dise pas qu'il était écrivain
01:46 et il ne voulait pas non plus qu'on dise qu'il était critique.
01:50 Il disait qu'il était journaliste littéraire.
01:53 Et journaliste littéraire, ça voulait dire qu'il s'intéressait à l'actualité littéraire
01:59 et qu'il savait écrire parce qu'il devait être un bon journaliste.
02:02 Alors il a vraiment apporté beaucoup de choses au Goncourt.
02:06 Il a vraiment coupé les liens incestueux qu'il y avait entre certains jurés et les maisons d'édition.
02:14 Il a vraiment nettoyé avec François Chander-Nagor et Didier Decoin.
02:20 Il a vraiment nettoyé le Goncourt.
02:22 En fait, il s'est donné au Goncourt plutôt qu'il n'a donné le Goncourt à lui-même.
02:29 Il a voulu que ce soit propre.
02:32 C'était un homme de devoir.
02:34 C'était un homme qui ne s'aimait pas beaucoup lui-même
02:37 mais qui pouvait éventuellement aimer un peu de ce qu'il avait fait
02:41 quand il pensait qu'il l'avait bien fait.
02:43 C'était quelqu'un d'infiniment modeste.
02:46 Il disait "je ne suis pas intelligent, je ne suis pas intellectuel, je ne suis pas un écrivain".
02:52 En fait, il se définissait modestement comme un passeur d'intelligence, un passeur de culture.
02:59 Alors il a aussi Bernard Pivot, c'est l'image qu'en retiendront beaucoup de Français je pense.
03:03 Il a porté pendant 15 ans ce qui sûrement restera comme la plus importante émission littéraire,
03:09 émission culturelle de l'histoire de la télévision française.
03:12 Apostrophe sur antenne 2 pour les plus jeunes qui nous écoutent.
03:15 Il faut s'imaginer que c'est 2 millions de téléspectateurs tous les vendredis soirs à 21h30
03:20 pour écouter les grands penseurs de notre temps, les grands écrivains, les grands artistes.
03:25 Vous regardiez ça vous Eric Emmanuel Schmitt, Apostrophe, quand vous étiez jeune ?
03:29 Mais bien sûr, mais avec passion. Je ne ratais jamais Apostrophe, c'était le rendez-vous.
03:34 Et puis il était répercuté dans les librairies.
03:36 Il y avait la table des livres qui allaient être présentés à Apostrophe la semaine d'avant et les semaines suivantes.
03:42 En fait, avec cette émission, il inventait l'intellectuel à la télévision.
03:48 Il inventait aussi l'écrivain contemporain.
03:51 Parce qu'au fond, je me souviens, j'étais un lycéen qui lisait les manuels de littérature,
03:58 qui n'avait affaire qu'à des morts.
04:00 Et tout d'un coup, grâce à lui, je voyais qu'il y avait des écrivains vivants.
04:04 Je pense que ça a même joué dans mon destin dès l'enfance.
04:08 Il y avait des écrivains vivants, c'est beau ce que vous dites Eric Emmanuel Schmitt.
04:11 Moi ce qui me frappe aussi, quand on regarde Apostrophe avec l'œil d'aujourd'hui,
04:17 c'est qu'il y a un goût du débat.
04:20 On se régalait des confrontations d'intellectuels.
04:24 Et c'était parfois violent, c'était parfois très dur.
04:26 Mais ça avait lieu.
04:28 Oui, mais comme vous dites, c'est le débat, ce n'est pas le duel.
04:33 Il y avait quand même, au milieu, deux oreilles qui écoutaient.
04:39 C'était Bernard Pivot, qui faisait en sorte que ça puisse rebondir.
04:43 C'était vraiment l'échange d'idées.
04:46 Avec la noblesse de l'échange et la noblesse de la confrontation.
04:52 C'est vrai qu'aujourd'hui, on est plutôt dans des affrontements sourds.
04:56 Chacun gueule de son côté et aucun n'écoute l'autre.
04:59 Là, il y avait la nécessité, ne serait-ce que pour être brillant et pour faire un mot d'esprit,
05:03 d'écouter ce que disait son adversaire.
05:06 Je voudrais, pour terminer cet entretien avec Emmanuel Schmitt,
05:09 en hommage à Bernard Pivot, son célèbre questionnaire de Proust.
05:12 Vous l'avez soumis, je crois.
05:14 Oui, oui.
05:16 Il m'a beaucoup soutenu dans le début de ma carrière.
05:20 Je vous le fais, le questionnaire, très rapidement.
05:23 Votre mot préféré, Eric Emmanuel Schmitt ?
05:26 Moi, c'est "tilleul".
05:29 Parce que c'est droit comme un T et doux comme un Yule.
05:34 Le mot que vous détestez ?
05:38 "Buzz".
05:40 Votre bruit préféré, Eric Emmanuel Schmitt ?
05:45 Le bruit de la machine à espresso le matin.
05:50 Pas mal. La plante, l'animal dans lequel vous aimeriez être réincarné ?
05:55 Ma chienne.
05:58 Le juron, le gros mot, le blasphème que vous préférez ?
06:03 Heu...
06:05 "Mince".
06:10 C'est mon seul accès à la minceur, je dis "mince".
06:13 Vous êtes d'une grande politesse.
06:15 On ne vous imagine pas dire des grossières.
06:18 Non, c'est vrai, je ne jure pas.
06:20 Le métier que vous n'auriez pas aimé faire, Eric Emmanuel Schmitt ?
06:24 Heu...
06:27 Greffier.
06:29 Vous, une femme, pour un nouveau billet de banque, vous avez le droit de dire Bernard Pivot.
06:33 Merci. Merci de m'avoir soufflé.
06:36 Et enfin, cette dernière, c'était la question toujours, il y avait des réponses exceptionnelles.
06:39 Si Dieu existe, Eric Emmanuel Schmitt, qu'aimeriez-vous après votre mort, l'entendre vous dire ?
06:45 Heu...
06:47 Il y a du monde qui t'attend.
06:50 Merci beaucoup, Eric Emmanuel Schmitt, d'avoir été avec nous pour partager ces instants d'émotion à la mémoire de Bernard Pivot
06:56 qui nous a donc quittés hier à l'âge de 89 ans.
06:59 Je vous souhaite une excellente journée, Eric Emmanuel Schmitt.
07:01 Merci d'avoir été avec nous sur Europe 1 ce matin.

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