"Guerre civile" en Nouvelle-Calédonie : une recolonisation ?

  • il y a 4 mois
Avec Nicolas Metzdorf, Député Renaissance de Nouvelle-Calédonie, rapporteur du projet de réforme constitutionnelle du corps électoral provincial et Arthur Delaporte, Député PS du Calvados, Responsable PS sur ce texte, a défendu la motion de rejet juste avant la discussion du texte à l'Assemblée (pas adoptée)

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos Parlons vrai chez Bourdin : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQkzX4JBcyhPDl9yzBynYbV

##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2024-05-16##

Category

🗞
News
Transcript
00:00Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:02Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de devis gratuits.
00:06Vérissure présente...
00:08Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:139h32, nous avons besoin de comprendre, parce que nous connaissons mal la situation en Nouvelle-Calédonie.
00:19Donc pour comprendre, j'ai la chance de recevoir ce matin,
00:23vous savez que nous sommes jeudi, et le jeudi matin nous recevons des députés ou des sénateurs,
00:28j'ai la chance de recevoir ce matin, par ordre alphabétique, Arthur Delaporte, qui est député PS du Calvados, bonjour.
00:34Bonjour.
00:34Vous êtes responsable PS sur le texte, le texte qui a été adopté à l'Assemblée Nationale,
00:41mardi, à propos de la Nouvelle-Calédonie, je vais y revenir évidemment.
00:45Et avec nous, Nicolas Metzdorf, bonjour.
00:48Bonjour.
00:48Vous êtes député Renaissance de Nouvelle-Calédonie, rapporteur de ce projet de réforme constitutionnelle du corps électoral.
00:56Bien, d'abord la situation, Nicolas Metzdorf, quelles sont les dernières informations ?
01:02Il est quelle heure en Nouvelle-Calédonie ? Il est fin d'après-midi là.
01:05Il est début de soirée, il est 9h là, donc ça fait 18h30.
01:1018h30, la nuit est tombée en Nouvelle-Calédonie, la nuit est en train de tomber.
01:15La nuit dernière a été un peu moins dure que les deux nuits précédentes, mais la situation est encore extrêmement tendue.
01:23Quelles sont les dernières informations que vous avez ?
01:26Elles sont pires que d'habitude, c'est-à-dire qu'on est en train de gravir un nouveau stade où on échange des tirs à balles réelles un peu partout.
01:35Aujourd'hui, en Nouvelle-Calédonie ?
01:37Ce soir là, maintenant, tout de suite.
01:39Ce soir là, en ce moment ?
01:40Oui, les dernières informations que j'ai, c'est que, du ministère de l'Intérieur en tout cas, c'est qu'il y a trois nouveaux policiers blessés et deux gendarmes, apparemment.
01:47Par balles ?
01:49Par balles, évidemment, donc ça tire de partout, la situation se tend, se retend.
01:55Donc voilà, c'est un peu compliqué, je reçois énormément de messages de gens sur place qui sont en panique, qui pleurent, qui ne savent pas quoi faire.
02:02Je pense que les renforts étaient attendus, j'ai envie de dire qu'il en faudrait encore, parce qu'aujourd'hui la sécurité même des personnes et même des forces de l'ordre est totalement menacée.
02:13Oui, état d'urgence ?
02:15La Nouvelle-Calédonie est sous état d'urgence ?
02:18Nicolas Metzner, vous-même, à titre personnel, vous êtes de la famille, évidemment, vous êtes là-bas, comment sont-ils, comment réagissent-ils, que vous disent-ils ?
02:27J'ai pas envie de parler de ma famille, parce que ça serait déplacé, tous les Calédoniens sont en danger.
02:34Et vous-même, vous êtes menacé de mort ?
02:36Oui, moi ça fait longtemps, je suis un responsable politique, je suis habitué à ça, j'ai une protection particulière, donc tant que ça reste sur les leaders politiques,
02:45c'est notre responsabilité et on assume notre choix de vie de toute façon, mais là c'est directement les citoyens.
02:53J'ai une question, j'ai beaucoup entendu, nous avons eu plusieurs témoignages sur l'antenne de ce radio, j'ai beaucoup entendu ces mots prononcés par nos témoins,
03:04la haine anti-blanc, la haine anti-blanc s'exprime librement et ouvertement, Nicolas Metzner.
03:14La haine anti-blanc, je sais que c'est un sujet qui est tabou en métropole, mais nous on a grandi avec ça, on vit avec ça au quotidien.
03:21Il n'y a pas un blanc en Nouvelle-Calédonie qui ne s'est jamais fait insulter de sale blanc, voire de pire grossièreté que je n'ai pas cité à l'antenne.
03:28Vous savez, quand vous avez le président du congrès de la Nouvelle-Calédonie qui dit dans un rapport officiel de la délégation aux Outre-mer de l'Assemblée Nationale,
03:36le seuil de tolérance des blancs est atteint en Nouvelle-Calédonie, c'est le président du congrès, la troisième assemblée délibérative de France,
03:43le congrès de la Nouvelle-Calédonie, et c'est son président qui dit ça.
03:46Donc il y a un racisme institutionnel qui a été exacerbé, entretenu depuis ces 30 dernières années, alors je tiens à dire,
03:52ce n'est pas tous les indépendantistes qui portent ce discours-là, bien évidemment, il y a des indépendantistes modérés qui veulent le vivre ensemble avec tout le monde,
03:58et avec eux on travaille bien, on les salue, et on a envie de construire avec eux, et ça nous rassure,
04:03mais aujourd'hui il y a une frange radicalisée des indépendantistes, nationalistes, xénophobes,
04:09qui s'appuient sur le discours du fait colonial pour justifier que des Calédoniens sont plus légitimes que d'autres dans le pays,
04:18et donc ils remettent en cause toute forme de démocratie, puisque de toute façon, quoi qu'il arrive, il y a des gens plus légitimes que d'autres.
04:24Il y a un terme qu'on utilise régulièrement en Nouvelle-Calédonie, c'est le peuple premier.
04:28Mais quand on dit un peuple premier, ça veut dire qu'il y a des seconds et il y a des troisièmes.
04:32Et donc, non mais c'est vécu comme ça, je vois M. Delaporte qui réagit, mais c'est vécu comme ça,
04:36et c'est-à-dire que les gens qui n'ont pas la connaissance universitaire de dire, bon le peuple premier c'est ceux qui étaient installés là depuis avant,
04:43dans la tête des jeunes générations, ça veut dire qu'ils sont plus légitimes que les autres.
04:48Bien sûr, tous ne le comprennent pas comme ça, c'est pas le sujet, mais aujourd'hui ceux qui cassent, ceux qui pillent,
04:53ceux qui attaquent et ceux qui menacent les Calédoniens, qui ne demandent qu'à travailler et vivre chez eux,
04:58en toute harmonie, en toute paix, et qui sont là juste pour payer des impôts et payer des cotisations,
05:03ces gens-là qui attaquent les Calédoniens sont des gens extrêmement racistes.
05:07Arthur Delaporte.
05:09Ecoutez, moi je pense que la responsabilité collective qu'on doit avoir aujourd'hui, c'est pas d'accuser les uns ou les autres de racisme.
05:15Parce que, ce que je sais...
05:17Il existe, ça existe le racisme.
05:19Evidemment qu'il ne faut pas nier qu'il existe du racisme.
05:21Mais je pense, Jean-Jacques Bourdin, qu'il faut aussi se rendre compte de ce qu'est la Nouvelle-Calédonie,
05:27c'est-à-dire une ancienne colonie, avec un fait colonial qui a perduré.
05:32Parce que, alors que les femmes avaient le droit de vote en France, en Nouvelle-Calédonie, jusqu'en 1957,
05:37vous aviez encore une partie de la population, les Kanaks, qui n'avaient pas le droit de vote.
05:42Il a fallu attendre la loi cadre de fer.
05:44Et donc oui, il y a des inégalités qui ont perduré.
05:46Oui, il y a eu des logiques de peuplement.
05:48L'Algérie et la Nouvelle-Calédonie étaient les deux seules colonies de peuplement.
05:51Et donc, si on ne se remet pas dans ce contexte-là,
05:54si on veut faire abstraction de ce qui a causé des inégalités extrêmement fortes,
05:59qui fait qu'aujourd'hui, les descendants de Kanaks représentent 90% des gens qui peuplent les prisons,
06:04qu'aujourd'hui, vous avez évidemment une extrême pauvreté,
06:08que ce sont eux qui sont les moins diplômés, qui accèdent le moins à l'enseignement supérieur.
06:12Donc ça génère évidemment du ressentiment, des tensions.
06:15Ça peut se traduire évidemment par des formes de racisme, oui.
06:18Mais le racisme, il n'est pas univoque. Il y a des formes de racisme, oui.
06:22Mais notre responsabilité en tant que leader politique,
06:24ce n'est pas d'accuser les uns ou les autres de racisme,
06:26c'est d'appeler au calme et de ne pas attiser les braises.
06:29Et moi, ce que je constate, c'est qu'aujourd'hui,
06:31cette situation insurrectionnelle de guerre civile, il faut dire les choses.
06:34Il faut dire ce qui se passe aujourd'hui.
06:36On a des citoyens qui tirent sur d'autres citoyens,
06:40qui s'autodéfendent, qui organisent la défense de leur quartier parce qu'ils ont peur.
06:44Et s'ils ont peur, ils tirent, ils se sentent menacés.
06:47Moi, j'ai encore entendu hier soir des gens qui se rendaient faire leurs courses,
06:51même si c'est très compliqué de faire ses courses.
06:53Aujourd'hui, la plupart des magasins ont été soit détruits, soit sont pillés.
06:56Et donc aujourd'hui, quand on se rend faire ses courses,
06:59on peut se faire tirer dessus si on a l'air d'être un canaque.
07:04Et ça, c'est ce qui s'est passé des gens qui n'étaient pas menaçants,
07:06qui se sont pris des tirs de chevrotines.
07:08Donc vous voyez, aujourd'hui, ce qui se passe, c'est que ça s'est traduit par des drames.
07:12Là, le haut-commissaire disait, il y a trois personnes qui sont mortes en dehors du policier.
07:18Et je tiens vraiment à rendre hommage aux policiers qui font ce qu'ils peuvent
07:21pour essayer de rétablir l'ordre républicain.
07:24L'ordre républicain, c'est-à-dire substituer le droit de la République à l'autodéfense individuelle.
07:30Eh bien, il y a trois personnes qui sont mortes, et ces trois personnes, c'est des jeunes canaques.
07:34C'est des jeunes canaques qui sont morts.
07:36Et donc, moi, je tiens à dire aujourd'hui que le sujet, aujourd'hui,
07:39ce n'est pas la question des uns ou des autres racistes, c'est comment on rétablit le calme.
07:43Et comment on rétablit le calme ? On le rétablit à la fois avec des mesures d'ordre public
07:48et aussi avec des solutions politiques.
07:51Parce que ce qui manque aujourd'hui, c'est vraiment ça.
07:54Donc, mesures d'ordre public et solutions politiques.
07:57Mesures d'ordre public et solutions politiques pour rétablir le calme.
08:01Oui, je partage ça. Je veux dire que ce n'est pas parce que j'analyse la situation
08:05qui explique la violence que je n'appelle pas au calme, mais évidemment qu'on appelle tous au calme.
08:09Toute ma famille est là-bas, mes amis sont là-bas, je n'ai pas envie qu'ils meurent sous les balles.
08:13Donc, évidemment qu'on appelle au calme et à la responsabilité.
08:16Simplement, j'essaie d'expliquer pourquoi on en arrive là.
08:19Parce que, je reviens sur ce qu'a dit M. Delaporte, et c'est important,
08:22parce qu'on a une divergence de fond sur l'analyse.
08:25Et je suis content qu'il soit là, d'ailleurs, pour pouvoir y répondre.
08:28M. Delaporte dit qu'il y a un fait colonial.
08:30Il a raison, il y a eu un fait colonial en Nouvelle-Calédonie.
08:33Ça a été en 1853.
08:35Depuis 1853.
08:37Oui, mais attendez.
08:38Jusque dans les années 70, le Premier ministre à l'époque, Pierre Messmer,
08:41disait qu'il fallait inverser les équilibres démographiques.
08:44Oui, mais M. Delaporte, pourquoi vous...
08:46Pour remplacer, en gros, faire qu'il y ait moins de mélanésiens.
08:48Pourquoi vous oubliez toujours, dans votre développement,
08:50les accords de Matignon et les accords de Maillard ?
08:52Pas du tout.
08:53C'est les socialistes qui les ont portés.
08:55Oui, justement, regardez où ça a mené.
08:57Les descendants de colons.
08:59On a accepté de reconnaître le fait colonial.
09:01Il y a eu des redistributions de terres en Nouvelle-Calédonie.
09:04Les terres privées en Nouvelle-Calédonie,
09:06colonie-peuplement, qui appartiennent aux colons,
09:08ne représentent que 16% de la superficie du pays.
09:10Deux fois moins que les terres coutumières.
09:12Et dix fois moins que les terres publiques.
09:14Mais ça, c'est parce qu'il y a eu un processus de décolonisation.
09:16Voilà, merci !
09:17Très bien, c'est là où je voulais vous amener, M. Delaporte.
09:19Il y a eu un processus de décolonisation.
09:21Moi, je dis que le processus de décolonisation, il est en cours.
09:23Non, mais vous pouvez me laisser développer ?
09:25Parce que c'est important ce que je dis.
09:27Il y a eu un processus de décolonisation.
09:29Les terres ont été redistribuées.
09:31Le pouvoir politique et économique a été redistribué aux indépendantistes.
09:35Des transferts de compétences de l'État vers la Nouvelle-Calédonie ont eu lieu.
09:38La Calédonie est compétente en matière de développement économique,
09:40de sécurité sociale, de santé, d'enseignement, d'éducation, d'environnement depuis 30 ans.
09:46D'accord ?
09:47C'est nous qui gérons nos propres affaires.
09:49Et la majorité des élus en Nouvelle-Calédonie sont d'origine kanak.
09:52Ou sans kanak. D'accord ?
09:53On a eu trois référendums sur notre avenir.
09:56Trois référendums avec un corps électoral gelé.
09:58C'est-à-dire qu'on a exclu de ces référendums des personnes arrivées après 1998.
10:05Et leurs enfants, ces personnes arrivées après 1998, n'ont pas pu voter,
10:09même s'ils étaient nés sur le territoire.
10:11Donc on a fait un processus de décolonisation
10:13comme jamais il n'en a existé dans l'histoire des décolonisations.
10:16Donc on ne peut pas rester uniquement sur le fait colonial du XIXe siècle.
10:20Ce n'est pas possible. On a réparé les choses.
10:22Aujourd'hui, ce qu'on dit, nous, c'est que la Nouvelle-Calédonie,
10:25ça doit devenir une terre universaliste et démocratique
10:28où tous les citoyens naissent libres et égaux en droit
10:31et où la démocratie doit s'appliquer comme dans tous les pays normaux et modernes du monde.
10:35Donc il faut dépasser...
10:37Ce que je veux dire là, c'est qu'on ne peut pas justifier la violence par le fait colonial.
10:41En Nouvelle-Calédonie, nous avons réparé les choses.
10:43Et si...
10:44Nicolas Demorand, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
10:46C'est-à-dire que toute violence est injustifiable.
10:49Vous allez vous expliquer, je vous promets.
10:51Vous allez avoir la parole juste après la pub,
10:53parce qu'il faut que je fasse la pub, je suis un peu bousculé par le temps.
10:57Arthur Delaporte, vous allez avoir la parole pour répondre
10:59à ce que vient de dire Nicolas Metzner. Enfin, tout de suite.
11:15Il est 9h47.
11:17Arthur Delaporte, à vous.
11:18Oui, je voulais répondre parce que Nicolas Metzner disait
11:21en gros, la décolonisation est derrière nous, il faut passer à autre chose.
11:24Un processus de décolonisation,
11:26ça ne se décrète pas comme ça du jour au lendemain que c'est fini.
11:29C'est quelque chose qui est mis en place,
11:31et en particulier depuis les accords de Matignon
11:33qui ont été portés par Michel Rocard dans un contexte, je le rappelle,
11:36extrêmement compliqué à l'époque, en 1988.
11:39Il y avait eu une prise d'otages de gendarmes.
11:42Ils s'étaient soldés par la mort de 19 canaks,
11:45de deux gendarmes,
11:47qui avaient fait un traumatisme immense
11:49à la veille du second tour de l'élection présidentielle.
11:52François Mitterrand redevient président de la République.
11:55Il nomme Michel Rocard, premier ministre,
11:57qui remplace Jacques Chirac, qui avait donné l'ordre de l'assaut.
11:59Et Michel Rocard décide d'envoyer une mission du dialogue.
12:02Cette mission du dialogue, pendant un mois,
12:04elle rencontre tous les acteurs,
12:06elle met tout le monde autour de la table.
12:07Ils viennent à Matignon,
12:08et là, poignée de main entre Jean-Marie Djibahou, Jacques Lafleur,
12:11qui aboutit à ce qu'on puisse se dire
12:13qu'il faut évoluer, qu'il faut se mettre d'accord,
12:15qu'il faut aller vers des processus d'autodétermination.
12:17Mais attention, vous souliez une chose,
12:18c'est qu'il y avait deux leaders à l'époque.
12:20Deux leaders entendus, écoutés.
12:22Oui, mais aujourd'hui,
12:24il y a encore des leaders politiques locaux sur place.
12:27Je les côtoie,
12:29moins que Nicolas Mecksdorff, évidemment.
12:31Et il y a des leaders politiques.
12:32Mais oui, et des leaders de grande qualité.
12:34Moi, je tiens à dire que,
12:36quel que soit leur positionnement politique,
12:39aujourd'hui, on a une élite en Nouvelle-Calédonie politique
12:42qui est extrêmement compétente,
12:44qui connaît bien ses sujets,
12:46qui est très politique.
12:47Il faut se dire quand même que c'est l'équivalent
12:49d'un département de 300 000 habitants en France.
12:51Dans quel département a-t-on autant de leaders identifiés ?
12:54Il y a une passion politique en Nouvelle-Calédonie.
12:56C'est aussi ce qui participe à ce débat,
12:59aujourd'hui, qui est compliqué.
13:01Mais juste pour finir sur le processus de décolonisation
13:03qui était quand même le sujet initial.
13:05Nicolas Mecksdorff, un mot,
13:07puis je voudrais venir sur le texte qui a été voté.
13:09La Nouvelle-Calédonie reste quand même
13:11dans la liste des territoires de l'ONU
13:13qui sont des territoires à décoloniser.
13:15Ça veut dire que ce n'est pas fini.
13:17C'était en route la décolonisation.
13:19Mais jusqu'où la décolonisation ?
13:21La décolonisation, c'est un processus.
13:23Pour les socialistes, la décolonisation,
13:25tant qu'il n'y a pas l'indépendance,
13:27ce n'est pas décoloniser.
13:29Est-ce que la décolonisation doit aller jusqu'à l'indépendance ?
13:32Vous savez ce que dit l'ONU ?
13:34L'ONU donne trois solutions pour la décolonisation.
13:36Soit l'intégration à l'ancienne puissance administrante.
13:39Donc si on choisit de devenir un département souverainement,
13:42eh bien on est décolonisé.
13:44Soit on est dans une libre association.
13:46Soit on est indépendant effectivement.
13:48Ou tout autre statut librement négocié.
13:52Donc en fait, la décolonisation,
13:54ce n'est pas forcément l'indépendance.
13:56Mais ce que met la gauche dans la tête des indépendantistes,
13:59peut-être pas M. Delaporte, j'attends ce qu'il va dire,
14:01c'est qu'il met dans la tête des indépendantistes
14:03que tant qu'il n'y a pas l'indépendance,
14:05la décolonisation n'est pas finie.
14:07Et quand bien même on a voté trois fois non
14:09contre l'indépendance,
14:11il faudrait quand même continuer.
14:13Vous vous rendez compte ?
14:15Je rappelle le processus de l'accord de Nouméa
14:17qui a été fait par les socialistes.
14:19Vous savez c'était quoi la fin de l'accord de Nouméa ?
14:21Si on vote une fois oui,
14:23c'est l'indépendance.
14:25Pour éventuellement rester français,
14:27il fallait voter trois fois non.
14:29Trois fois non.
14:31Donc on voit bien que depuis le début, les dés sont pipés.
14:33Est-ce que pour vous,
14:35est-ce que pour vous,
14:37la décolonisation c'est l'indépendance ?
14:39La décolonisation, ce n'est pas forcément l'indépendance.
14:41La décolonisation,
14:43ça peut faire partie de mes...
14:45Est-ce que ça doit conduire à l'indépendance ?
14:47Je pose toujours la question.
14:49Je considère aujourd'hui que c'est aux calédoniens
14:51de décider de leur sort.
14:53C'est le principe de l'autodétermination.
14:55C'est aux calédoniens de décider de leur sort.
14:57Mais qui peut voter ?
14:59Il y a deux choses. Il y a trois corps électoraux.
15:01Il y a le corps électoral général
15:03qui s'applique comme on peut l'avoir
15:05à Perpignan ou à Carcassonne.
15:07C'est les élections municipales, législatives.
15:09C'est la France.
15:11Bien sûr.
15:13C'est la même pour tous.
15:15Le code électoral s'applique.
15:17Ça, c'est le premier truc.
15:19Pour les présidentielles législatives européennes.
15:21Il y a le corps électoral pour les élections référendaires.
15:23Lui, il est restreint. Il comporte des critères
15:25qui sont proches même s'ils ne sont pas exactement les mêmes
15:27du corps électoral
15:29des élections provinciales.
15:31Pour déterminer à la fois les régions...
15:33Il y a trois provinces
15:35en Nouvelle-Calédonie
15:37et le congrès de la Nouvelle-Calédonie.
15:39D'ailleurs, Nicolas Mesdorff est élu
15:41en Nouvelle-Calédonie locale.
15:43Ce corps-là, il est différent.
15:45C'est de ce corps-là dont on parle.
15:47Il s'agit de le réformer.
15:49Il y a des inégalités dans cette liste.
15:51Il y a des absurdités dans cette liste.
15:53Ce que disent l'accord de Nouméa
15:55en 1998, c'est que
15:57on ne pourra réformer
15:59le corps électoral des élections provinciales
16:01que si on le réforme dans un ensemble.
16:03Dans une évolution du statut de la Nouvelle-Calédonie.
16:05Parce qu'aujourd'hui, on arrive après
16:07les trois référendums à une période où il faut
16:09écrire la suite. On a une page blanche.
16:11Il faut se mettre d'accord entre les différents acteurs locaux
16:13pour inventer ce statut institutionnel
16:15et dire comment on votera demain.
16:17Le problème, c'est que le gouvernement a choisi
16:19de dire comment on votera demain
16:21avant de dire pour qui, comment et avec
16:23quelles compétences.
16:25On pourrait avoir le même temps de parole.
16:27Allez-y, allez-y.
16:29Nicolas, vous avez beaucoup parlé...
16:31Il y a une sorte d'équilibre.
16:35Pourquoi il faut dégeler le corps électoral
16:37en Nouvelle-Calédonie ? Parce que
16:39le corps électoral des élections provinciales
16:41aujourd'hui, il est figé. C'est-à-dire que
16:43malgré le fait qu'on ait choisi trois fois la France,
16:45toutes les personnes arrivées
16:47après 1998 ne peuvent pas voter
16:49aux élections locales. Elles payent des impôts,
16:51elles payent des cotisations sociales, mais elles ne peuvent pas
16:53voter pour leurs représentants.
16:55C'est un accord partagé par tout le monde
16:57indépendantiste et non indépendantiste
16:59Après, vous savez, si vous respectez les Calédoniens,
17:01il y a une règle au congrès de la Nouvelle-Calédonie, c'est que
17:03quand un élu parle, l'autre écoute.
17:05C'est ma faute.
17:07C'est ma faute. Allez-y.
17:09Donc, tous ceux qui sont arrivés après 1998
17:11ne peuvent pas voter aux élections locales.
17:13S'ils ont eu des enfants nés
17:15en Nouvelle-Calédonie, qui ont grandi en Nouvelle-Calédonie,
17:17qui vivent en Nouvelle-Calédonie et qui ne sont
17:19même jamais sortis de la Nouvelle-Calédonie, ces enfants
17:21aussi ne peuvent pas voter dans leur propre
17:23pays. D'accord ?
17:25Donc, l'idée du gouvernement, c'était
17:27de dire, non pas on retrouve
17:29le suffrage universel direct, parce qu'il faut
17:31prendre aussi en compte
17:33l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, mais il faut
17:35mettre 10 ans de présence sur le territoire pour voter
17:37aux élections locales. Les 10 ans de présence, c'était l'équilibre
17:39initial qui avait été trouvé
17:41lors des accords de Nouméa.
17:43C'est là où il y a une divergence. Alors, ça, c'était l'article
17:451 du projet de loi. Redonner le
17:47droit de vote à des gens nés en Nouvelle-Calédonie
17:49et à des gens qui sont présents
17:51depuis plus de 10 ans. Aujourd'hui, si j'ai 25 ans,
17:53si je suis né en Calédonie, je ne peux pas
17:55voter. Si vous avez 25 ans
17:57et que vous êtes né
17:59de parents
18:03arrivés en Nouvelle-Calédonie
18:05après 1998, vous n'avez pas le droit
18:07de voter. C'est inadmissible.
18:09Si vous avez
18:1125 ans et que vos parents
18:13sont calédoniens, les enfants de Nicolas
18:15Mesdorff, ils ont le droit de voter. Je suis très content d'entendre
18:17Monsieur Delapporte défendre le droit du sang.
18:19Deuxième chose. L'article 2 de la loi
18:21vient de dire
18:23que même si
18:25la réforme constitutionnelle
18:27était adoptée au Congrès de Versailles,
18:29s'il y avait un accord
18:31entre calédoniens sur le corps électoral
18:33et sur tout le reste qui intervenait
18:35après le vote du Congrès de Versailles, c'est l'accord des
18:37calédoniens qui s'appliquerait et la loi
18:39constitutionnelle serait caduque. Qu'est-ce que ça veut dire ?
18:41Ça veut dire que la loi constitutionnelle qu'on a votée
18:43finalement place l'accord
18:45des calédoniens au-dessus
18:47de la constitution de la République française. Donc on voit
18:49à travers l'article 1 des 10 ans de présence
18:51de l'article 2 de l'accord des calédoniens que le gouvernement
18:53a fait quelque chose d'équilibré et de récompensé.
18:55Pourquoi il n'y a pas eu d'accord ?
18:57Je vais finir là-dessus. Pourquoi il n'y a pas eu d'accord
18:59sur ce texte ? Parce que les
19:01indépendantistes se sont fait
19:03accaparer par la branche la plus
19:05radicalisée du mouvement indépendantiste,
19:07par les racistes, par les xénophobes
19:09qui de toute façon considèrent que
19:11seuls les canaques sont légitimes en Nouvelle-Calédonie
19:13et que toutes les autres communautés sont accueillies
19:15et que de toute façon seuls les canaques
19:17sont légitimes à décider de l'avenir de la Nouvelle-Calédonie.
19:19Voilà ceux qui ont embarqué le mouvement
19:21indépendantiste à s'opposer à ce texte-là.
19:23Voilà. Donc c'était une affaire
19:25de démocratie contre de la xénophobie.
19:27C'était ça le sujet.
19:29Je vais essayer de répondre, parce que je crois qu'il nous reste à peu près 2 minutes
19:31maximum, sur ce point.
19:33En fait, là on parle d'une réforme
19:35et ce que j'ai commencé à essayer de dire,
19:37qui n'est qu'une petite partie
19:39d'un ensemble. Sauf que c'est une carte
19:41du château de cartes qui a été patiemment construite.
19:43C'est un édifice qui est fragile, l'accord de Nouméa.
19:45Et en fait, en prenant juste
19:47le corps électoral qui, oui, comporte des injustices
19:49et qui doit être revu, en fait
19:51s'effondrait tout le reste. Parce que l'enjeu,
19:53c'est la négociation d'un accord global.
19:55C'est comment on met des gens autour de la table. Et ce qui a marché
19:57pour retrouver la paix civile depuis
19:5935 ans, c'est qu'on a mis des gens autour d'une table
20:01et qu'à chaque fois, quand il y a eu des accords, on les a
20:03respectés jusqu'au bout. Et ils ont été adoptés
20:05de façon quasi unanime à chaque fois
20:07par l'Assemblée Nationale, par le Sénat
20:09parce qu'il y avait un accord local. La première fois
20:11depuis 35 ans qu'on fait quelque chose
20:13contre l'avis d'une partie des Calédoniens,
20:15c'est aujourd'hui. C'est ce qui se passe
20:17avec cette réforme qui est une rupture
20:19dans une méthode historique qui a été portée par
20:21Lionel Jospin, qui a été portée avant lui par Michel Rocard
20:23qui a été portée par Édouard Philippe en 2018
20:25et le problème, c'est que les premiers
20:27ministres, depuis Édouard Philippe, ont abandonné
20:29le dossier calédonien. C'est Gérald Darmanin
20:31qui le porte, qui aujourd'hui est discrédité
20:33parce qu'il a fait dire à des acteurs calédoniens
20:35ce qu'il n'avait jamais dit. Il a dit que les indépendantistes
20:37sont d'accord de façon absolue avec ce projet
20:39de loi, alors qu'ils avaient dit qu'on était d'accord
20:41C'est dans un cadre global, si c'est évalué
20:43et donc finalement, si on peut partir
20:45sur un projet consensuel et positif
20:47Je pense qu'aujourd'hui, le rôle du Président de la République
20:49c'est de nommer une mission pour retrouver les bases
20:51de ce consensus. Il faut surtout retirer ce projet
20:53parce que sinon, on va continuer à avoir
20:55des tensions si on n'a pas le sorti politique
20:57Le projet sera retiré ou pas ?
20:59Mais c'est bien ça le problème. Il ne faut pas faire de la politique nationale
21:01sur le dossier calédonien.
21:03Ça aurait pu être Gérald Darmanin, Gabriel Attal ou ma grand-mère
21:05ça n'aurait rien changé. Pour trouver
21:07un accord en Nouvelle-Calédonie, il faut être deux.
21:09Le problème aujourd'hui, c'est la mauvaise foi
21:11comme je le disais, de la branche radicalisée
21:13des indépendantistes.
21:15Je suis désolé, quand on ne respecte pas
21:17les résultats des trois référendums
21:19quand on s'oppose à des Calédoniens qui veulent
21:21voter en Nouvelle-Calédonie, je suis désolé
21:23il y a un combat de valeurs. Et moi, vu ce qui se passe
21:25en Nouvelle-Calédonie, la première question que je poserai aux indépendantistes
21:27quand je les reverrai, c'est
21:29est-ce qu'ils veulent vivre avec nous et nous considérer
21:31comme des égaux ? Parce que
21:33le problème aujourd'hui, c'est ça. La question
21:35qui est posée, c'est celle-là.
21:37Finalement, tout le monde comme partie du peuple calédonien
21:39la citoyenneté calédonienne n'est pas réservée au Canada.
21:41Messieurs, je suis obligé de vous interrompre, c'est dommage
21:43parce que je serais bien resté une heure avec vous
21:45pour écouter vos arguments
21:47mais nous avons pu
21:49comprendre beaucoup mieux la situation
21:51en Nouvelle-Calédonie.
21:53Pas simple. Pas simple.
21:55Merci à tous les deux. 9h57
21:57vous êtes sur Sud Radio. Dans un instant
21:59juste après les infos
22:01Sud Radio Média
22:03avec Christine Bouillot et Gilles Gansman. L'invité sera
22:05l'animateur Aurélien Letex.

Recommandée