Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Virginie Calmels et Loïk Le Floch-Prigent
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00:00 On en parlait.
00:01 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:05 Après six mois de travaux, la commission d'enquête du Sénat sur le narcotrafic a
00:09 rendu aujourd'hui son rapport ce matin avec des propositions très concrètes qu'elle
00:14 souhaiterait voir appliquées en France.
00:15 Les victimes, eux-mêmes, de gens qui se font vraiment de l'argent, qui se font cacher
00:20 dans des paradis et qui les exploitent, les menacent, font courir des risques terribles.
00:23 En plus de ce parquet, l'OFAS, qui est l'Office Anti-Stupéfiant, devrait devenir une sorte
00:28 de DEA à la française.
00:30 Le trafic de stupéfiants génère beaucoup d'argent et que ça suscite des convoitises
00:34 et des tentatives des différents clans qui gèrent ce trafic de stupéfiants à Marseille
00:39 de prendre au contrôle d'autres points de deal.
00:42 Et donc la commission d'enquête sénatoriale sur le narcotrafic a rendu ses conclusions.
00:46 De nombreuses propositions ont été formulées, notamment la création d'un parquet national
00:50 anti-drogue.
00:51 Ils en appellent également à établir une liste noire des compagnies maritimes peu regardantes
00:56 pour faire face au tsunami blanc qui submerge les ports de l'Hexagone.
00:59 Philippe ?
01:00 Alors parlons vrai, est-ce une arme qui pourrait servir dans la lutte contre le narcotrafic?
01:04 Faudrait-il un droit beaucoup plus dur pour la drogue comme on l'a fait pour le terrorisme?
01:08 Les cartels sont-ils trop puissants pour être mis hors d'état de nuire?
01:11 Et à cette question, faut-il créer un parquet national anti-drogue?
01:14 Vous dites oui à 87%.
01:16 Vous voulez réagir ?
01:17 Au date en vos appels au 0826 300 300.
01:20 Philippe Bilger, vous en tant qu'ancien avocat général, est-ce que c'est toujours de dire
01:27 on va créer, créer, créer ?
01:28 Est-ce que ce que nous avons aujourd'hui est suffisant ou est-ce qu'ils ont raison de dire
01:32 que finalement il faudrait peut-être créer quelque chose qui soit ad hoc ?
01:35 J'ai tout ru sur ce plan, une position très très minoritaire.
01:42 Et je vais continuer et j'espère que la pénétration de nos invités nous permettra d'augmenter
01:51 l'intérêt du débat.
01:52 Plus sérieusement, il est clair que...
01:56 Ça va être facile.
01:59 Ce parquet est glissant.
02:05 Le rapport sénatorial est très intéressant.
02:11 Et en particulier lorsqu'il propose malheureusement ce que, à chaque fois qu'on est confronté
02:19 à une criminalité importante, on propose, c'est-à-dire la création d'un office spécialisé.
02:28 Et contrairement à ce qu'on croit, ça n'est pas une bonne idée parce que ça va démembrer
02:34 la justice.
02:35 Ça va la parcelliser.
02:37 Ça va la rendre fragmentaire.
02:40 Virginie, attention à la fessée.
02:42 Et donc, alors qu'il faudrait au contraire, plus sérieusement, ne pas systématiquement,
02:52 à chaque fois qu'on est confronté à une difficulté considérable sur le plan de la
02:57 sécurité, imaginer des offices spécialisés.
03:01 Il faut au contraire donner à la justice en général les moyens humains et matériels
03:08 qui lui permettront de répondre à tous les défis de l'insécurité.
03:13 En réalité, essayer d'imaginer la création de ces multiples offices qui vont absorber
03:20 un grand nombre de magistrats et de cermiteurs de la justice.
03:25 Qu'est-ce qui restera pour la délinquance et la criminalité au quotidien ?
03:30 - Loic Le Floch, président.
03:31 - Je pense que l'expérience faite par le Parquet national financier va dans le sens
03:35 de ce que dit Philippe Bidjerre.
03:36 Ça ne sert à rien.
03:37 Ce n'est pas ça le sujet.
03:39 Je suis complètement d'accord avec Philippe Bidjerre pour une fois dans ce domaine de
03:42 la justice où en général on n'est pas d'accord.
03:44 - Le PNF peut servir de désinguer un adversaire politique.
03:47 - Oui, c'est ça.
03:48 À part ça, non.
03:50 Donc je pense qu'effectivement, il faut se mettre avec de la volonté politique, lutter
03:57 contre les natotrafiquants.
03:59 Et cette volonté politique, aujourd'hui, de mon point de vue, n'existe pas.
04:03 Donc tant que la volonté politique ne sera pas là, ça ne sert à rien de créer des
04:07 trucs et d'augmenter le nombre de fonctionnaires.
04:09 Donc je suis complètement d'accord avec Philippe Bidjerre, ce qui l'étonnera beaucoup ce soir.
04:14 - Et qu'est-ce que j'ai pris ?
04:15 (Rires)
04:19 Fini Calvel !
04:21 - Alors je suis également assez d'accord avec cette démonstration magnifique de Philippe
04:26 Bidjerre pour une raison simple, c'est qu'on a un sujet de financement de la justice.
04:31 Aujourd'hui, dans une démocratie, avoir une justice qui dysfonctionne, faute de moyens,
04:37 c'est quand même un énorme sujet.
04:38 Et effectivement, créer encore un outil, si tenté, qu'il soit pertinent, il y aura
04:48 de toute façon un sujet de financement.
04:50 Donc on sent bien que si ce n'est pas avec des dotations budgétaires phénoménales,
04:56 ça se fera au détriment du reste.
04:57 Donc de ce point de vue-là, je suis d'accord.
04:59 Et j'ajouterai quand même que dans ce sujet de la lutte contre la drogue, il y a quand
05:04 même un sujet qui n'est pas sur la table et qui me semble fondamental, c'est pourquoi
05:09 on veut punir ceux qui importent de la drogue ou qui sont des dealers ou qui sont des trafiquants,
05:14 et jamais les consommateurs.
05:15 Alors moi, pardon, mais je suis peut-être asbine ou d'une génération étonnante qui
05:21 ne comprend pas ça.
05:22 Moi je ne comprends pas qu'on ne veuille pas, à un moment donné, du parallélisme des
05:27 formes et dire que le consommateur doit également être puni.
05:32 Peut-être que ça aurait d'autres conséquences sur le trafic qui ne cesse d'augmenter dans
05:37 notre pays.
05:38 - Certains évoquent votre point de vue, Virginie, sur cette répression de la consommation,
05:44 du consommateur.
05:45 Mais Loïc, je ne veux pas introduire faussement une dissidence entre nous.
05:51 Alors, vous vous êtes rapprochés de moi, mais moi je n'ai pas trouvé que le PNF, entendons-nous,
05:58 était une mauvaise idée.
06:00 Je ne suis pas contre tous les parquets spécialisés.
06:03 Quand il est orienté dans le bon sens, il est parfait.
06:08 Et deux, et dernier élément, et fini, je suis contre les offices spécialisés, mais
06:14 je pense, en revanche, qu'il serait fondamental de changer notre état de droit.
06:20 - Mais une question, il y a un truand, trafiquant de drogue bien connu, qui a été abattu hier
06:25 à Duniers, en Seine-Saint-Denis, il venait de Grenoble.
06:27 Il avait été libéré sous bracelet électronique parce qu'il avait payé en liquide, enfin
06:32 ses amis, avaient payé en liquide une caution de 500 000 euros.
06:35 Accrochez-vous bien, en billets de 500 euros.
06:38 Alors le parquet avait dit "bon là c'est quand même du blanchiment, parce que 500
06:41 000 euros en liquide c'est quand même une grosse somme".
06:43 Est-ce que le vrai courage ne serait pas de mettre le fisc sur tous ces gens-là ? Parce
06:48 que, excusez-moi, quand vous avez autant d'argent en liquide, là c'est même pas le parquet
06:51 national financier, c'est de mettre carrément les services fiscaux.
06:54 - Mais d'ailleurs je pense tout de même que, de manière officieuse, spontanée, c'est
06:59 fait.
07:00 - Ça fait partie des propositions, la question sur la femme.
07:03 - Mais c'est mis en place déjà.
07:05 - Je crois qu'il faut changer l'état de droit profondément, garder un socle intangible,
07:13 mais le reste du temps l'adapter à la montée d'insécurité au pluriel qui nous rend amateurs
07:20 face à...
07:21 - Et pourtant Philippe, eux ils parlent de la DEA qui est l'agence fédérale aux Etats-Unis,
07:26 qui fonctionne depuis pas mal de temps, qui a des résultats, parce qu'ils sont vraiment
07:29 spécialisés sur ce sujet-là.
07:32 - Oui, alors on peut...
07:33 - Parce qu'en plus c'est national et international.
07:35 - Vous avez raison, on peut aussi prendre l'exemple de l'Italie pour les repentis, mais il ne
07:41 suffit pas de transposer des lois pour avoir l'univers humain et matériel qui a fait
07:47 le succès de tout ça.
07:48 - Avant de donner la parole à Huclefocq-Prigent, il y a aussi une question, la DEA aux Etats-Unis,
07:52 des gros trafiquants de drogue, c'est de 150 ans de prison sans remise de peine.
07:55 En France, celui qui s'est fait descendre, gros trafiquant de drogue, il avait pris 10
07:59 ans.
08:00 On n'est pas tout à fait dans les mêmes peines non plus.
08:01 - C'est vrai.
08:02 - Huclefocq-Prigent.
08:03 - On a droit quand même à faire des retours d'expérience comme dans l'industrie, et
08:08 à regarder ce qui a été fait, qu'est-ce qui a marché ou pas, et je continue à penser
08:13 que c'est la justice dans son ensemble qui doit prendre en main cette question, quitte
08:18 à ce qu'elle définisse pour elle-même un certain nombre d'individus spécialisés,
08:24 ça n'a rien à voir.
08:25 - Et on va faire un retour d'expérience sur cette émission aussi, il y aura des choses
08:28 à dire.
08:29 - Nous sommes allés au fond des sujets.
08:30 - Nous sommes allés au fond des sujets, exactement.
08:32 Merci Philippe Bilger, merci beaucoup Loïc Huclefocq-Prigent, merci beaucoup Virginie
08:38 Calmel, c'est un bonheur d'être avec vous le vendredi, et un grand bravo à Thomas,
08:43 qui est notre réalisateur de la journée, et je peux vous assurer que l'émission est
08:49 très compliquée.
08:50 - Qui a réussi à garder son sérieux.
08:51 - Oui, il a gardé son sérieux.
08:52 En tout cas, bravo, on embrasse bien sûr Aude et toute notre équipe, on vous souhaite
08:56 un très très bon week-end, on vous retrouve demain lundi avec Philippe à partir de 17
09:00 heures.
09:01 - Et tout de suite, les incontournables de la gestion de copropriété, à 19 heures
09:04 le flash, et après on va parler rugby.