• il y a 7 mois
Un déjeuner partagé avec Bruno Millienne, député Démocrate des Yvelines pour parler du "fait maison". Une proposition de loi devait obliger les restaurateurs à signaler sur leur carte les plats qui étaient déja préparés et non pas élaborés dans les cuisines...mais le label « non fait maison » ne verra finalement pas le jour. Au menu également: la pomme, le fruit préféré des Francais, pour tenter de comprendre le casse-tête de la souveraineté alimentaire entre concurrence déloyale et normes contraigantes.

Brigitte Boucher et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.

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00:00 [Musique]
00:17 Bonjour à tous et bienvenue dans Politique à table sur LCP, l'émission où on parle alimentation, agriculture, environnement, mais aussi politique.
00:26 Et cette semaine nous recevons Bruno Milienne. Bonjour.
00:29 Merci d'avoir accepté notre invitation. Et avec moi pour présenter cette émission, Jean-Pierre Montanay. Bonjour Jean-Pierre.
00:34 Bonjour Brigitte. Bonjour Bruno Milienne. Bonjour.
00:36 Vous êtes député démocrate, c'est-à-dire modem des Yvelines, journaliste de profession, personne n'est parfait, vice-président du groupe, c'est votre deuxième mandat.
00:46 Vous avez été élu en 2017. Après avoir soutenu Alain Juppé à la primaire, vous vous tournez vers Emmanuel Macron.
00:52 Vous êtes proche de François Bayrou depuis 2007, date à laquelle vous adhérez au Parti centriste. Vous êtes un visage connu de cet hémicycle où vous avez parfois le verbe "o" pour défendre vos convictions.
01:04 Connu, oui, et assidu, vous êtes selon un classement du Parisien le député le plus actif des Yvelines.
01:11 Spécialiste des questions agricoles et d'alimentation, ça tombe bien, mais aussi très attaché à l'environnement, vous qui siégez à la Commission du développement durable.
01:19 On aurait pu donc s'attendre à un menu très politique, Jean-Pierre.
01:22 Pas du tout, rien que du plaisir, avec des saveurs du Maroc, une pastilla aux pigeons et en dessert une tarte au citron meringuée.
01:29 Dans le dessous des plats, le fait maison fait-il recette ? Les députés ont échoué à imposer plus de clarté sur la carte pour les consommateurs.
01:37 Reportage au Flaubert, un bistro exemplaire.
01:40 Dans les pieds d'empla, on va s'intéresser à la pomme, le fruit préféré des Français, pour tenter de comprendre le casse-tête de la souveraineté alimentaire
01:47 entre concurrence déloyale et normes contraignantes.
01:51 Allez, on passe à table, tout de suite, cuisine et confidence.
01:56 Bruno Milienne, parfois je vous imagine triste dans vos habits gris de député.
02:07 Chez vous, le costume a remplacé la veste multipoche de votre jeunesse lorsque vous étiez journaliste.
02:12 Certes, vous arpentiez davantage les grines et les cours de tennis que les terrains de guerre,
02:16 mais quand même, vous brandissiez entre deux avions votre carte de presse comme passeport universel.
02:21 Vous, à l'enfance, d'expat dans les bagages de vos parents à la découverte déjà du monde.
02:26 Laos, Maroc, Côte d'Ivoire, l'Afrique, l'Asie, qui laissent des empreintes indélébiles dans le palais.
02:31 Alors, au moment de choisir ce plat du jour, ce n'est pas le chou farci, ni la blanquette façon grand-mère qui vous travaille des papilles.
02:37 Non, c'est la réminiscence des saveurs exotiques d'hier.
02:40 Vous avez longtemps hésité, pourquoi pas un mix à eau qui vous rappelle vos années indochinoises,
02:44 ces fines pâtes sautées vietnamiennes, croustillantes, qui craquent sous les baguettes que l'on déguste assis sur un petit tabouret dans une ruelle du vieil Hanoi.
02:52 Pourtant, au dernier moment, vous avez opté pour une pastilla aux pigeons, plat de fête, sucré-salé.
02:57 C'est le souvenir des souks marocains où se mêlent l'odeur de cumin, de cannelle et aussi du cuir des babouches, qui l'a donc emporté ?
03:05 Non, mais c'est le choix, je vais être honnête avec vous. Le choix est compliqué à faire, parce que vous voyez bien, Asie, Afrique du Nord,
03:11 le mélange subtil des saveurs, des odeurs, des épices, tout ça, c'est compliqué de faire un choix là-dessus.
03:18 Le mix à eau, le vrai, effectivement, et croustillant, c'est peut-être un peu compliqué de l'amener sur la table.
03:24 Il n'est pas super présentable, on va être honnête, mais c'était effectivement, pour moi, un des plats emblématiques,
03:30 évidemment avec l'énème, mais ça tout le monde connaît, mais un des plats emblématiques quand on était en Asie du Sud-Est avec mes parents.
03:36 Et la pastilla de pigeons, on aurait pu choisir un tagine ou un couscous.
03:41 La pastilla de pigeons, pour moi, c'est des souvenirs vraiment de Marrakech, où la pastilla de pigeons est faite d'une manière remarquable.
03:48 Et celle-là, je vous remercie, parce que je n'ai pas pu m'empêcher de la sentir.
03:52 - Vous retrouvez toutes les saveurs de votre enfance. - On retrouve les saveurs et les odeurs, et ça, c'est des souvenirs qui remontent,
03:57 et c'est des souvenirs heureux. Quand on a une enfance aussi heureuse que j'ai pu la voir, on la souhaite à tout le monde.
04:02 - Vous aviez quel âge, à peu près, quand vous avez visité ces différents pays ?
04:06 - Écoutez, ma mère m'a pris sous le bras, je crois que je devais avoir 6-8 mois, et elle est partie au Laos, direct, 10 000 km,
04:14 pour des raisons familiales sur lesquelles je ne reviendrai pas, mais donc elle s'est expatriée très loin de la France, 10 000 km.
04:20 - À l'époque, c'était un pays encore un peu pauvre, enfin c'est toujours un peu un pays pauvre, le Laos.
04:24 - C'est pas pareil qu'aujourd'hui. - Non, mais c'est un peu la carte postale de l'Asie.
04:28 - On est resté 10 ans à Vientiane, 10 ans au Laos, donc de 1960 à 1970, on est parti au moment où ça commençait à se tirer dessus,
04:36 entre les patates laos issues des Khmer rouges et puis les forces royalistes, puisque c'était un royaume.
04:42 - Moi, ce que j'ai aimé au Laos, ce que j'ai aimé de la philosophie, qui est toujours la même d'ailleurs, c'est ça qui est assez extraordinaire,
04:47 des Laotiens, au Laos, il y a un mot, un seul, qui définit l'ensemble des Laotiens, c'est "bopényan", et "bopényan", ça veut dire "ça fait rien".
04:54 - Ça fait rien. - En gros, rien n'est grave, tant que vous ne touchez pas à leur famille.
04:58 - Ah oui, ça se fait un peu très régulièrement. - Voilà, exactement, rien n'est grave, tant que vous ne touchez pas à leur famille,
05:02 du moment qu'ils ont de quoi se nourrir, rien ne peut arriver. C'est pour ça que d'ailleurs le régime communiste s'est implanté assez facilement au Laos,
05:10 parce que pour eux, si ça ne change pas trop leur quotidien, il n'y a pas de problème.
05:14 - Donc vous quittez le Laos après à l'âge de 10 ans ? - Oui, pour aller en Côte d'Ivoire, c'est peut-être la période qui a été la plus difficile à vivre.
05:22 Non pas parce que c'était la Côte d'Ivoire, non pas parce que les Ivoiriens, mais on était en plein centre-ouest de la Côte d'Ivoire,
05:28 en plein milieu de la forêt vierge à Gagnois, 97% de taux d'humidité, 3 douches par jour.
05:33 Quand vous êtes en panne d'eau, ça peut provoquer des crises, je vous l'assure.
05:37 Moi, j'étais le seul blanc du collège, ça c'est aussi une expérience assez unique, avec comme prof principal ma mère, ce qui n'est pas simple non plus.
05:45 - Double peine ! - Non, double peine, non, parce que...
05:48 - Comme eux, ils étaient un petit peu en retard et moi j'étais un peu en avance, en plus j'étais le premier en maths,
05:52 elle était prof de maths et ma prof principale, il a fallu qu'elle s'évisce.
05:55 - Vous avez une vie de prof à domicile. - Un jour, elle m'a mis une bonne tarte en classe,
05:59 je ne sais pas ce que j'avais fait, mais du coup ça a réconcilié tous les élèves de la classe avec moi,
06:04 après j'avais des copains et tout allait bien.
06:06 - On dit que ça forme la jeunesse, ça vous a formé, ces voyages très tôt, sur deux continents différents, dans des circonstances un peu...
06:14 - Ce qui est extraordinaire, c'est surtout, moi je ne remercierai jamais assez mes parents pour ça,
06:18 parce qu'en plus ils nous ont éduqués dans le respect de l'autre et de la culture de l'autre.
06:23 Donc ça amène une ouverture d'esprit, je pense, qu'on n'a pas quand on reste tout le temps dans son village.
06:29 - Tolérance aussi, vis-à-vis des autres. - Oui, et ça c'est quand même extraordinaire,
06:32 parce que ça vous permet de vous ouvrir sur plein de choses, sur plein de sujets,
06:35 et d'être effectivement plus tolérant sur les avis des uns et des autres.
06:38 - Bon, vous nous avez donné envie de goûter cette pastilla.
06:41 - Après l'odeur, on va faire le test gustatif.
06:44 - Par à Marrakech. - Attention, parce que là...
06:46 - Elle est belle, hein. - Là vous allez, à mon avis, avoir un palais critique, mais...
06:52 - Alors...
06:54 - C'est pas du pigeon Hidalgo, hein.
06:57 - Pendant ce temps-là, Jean-Pierre, trois choses à savoir sur la confection des pastillas,
07:02 si vous avez fini de manger.
07:04 - J'ai un mot à dire, mais je laisserai l'expérant pastilla brunomilienne de nous dire,
07:09 mais je la trouve excellente, moi. - Elle est très bonne.
07:12 - Elle est très bonne. Alors, l'origine de la pastilla remonte à plusieurs siècles.
07:15 Elle était réservée à l'origine au festin des rois.
07:18 C'était un mélange de culture arabe et berbère.
07:20 Aujourd'hui, encore, cela reste un plat de fête religieuse, de célébration, de mariage.
07:25 Et, comme l'a dit Bruno, milienne, c'est l'un des totems de la gastronomie marocaine.
07:30 La fabrication de la pastilla est un art qui se transmet de génération en génération.
07:34 Traditionnellement, elle se prépare avec des feuilles de briques, de viande de pigeon émincées.
07:39 C'est un peu le must.
07:41 On peut aussi y mettre du poulet, il y a des amandes, des oeufs, des herbes et des épices.
07:45 Et une fois passée au four, la pastilla croustillante est recouverte de cannelle en poudre et de sucre glace
07:51 et quelques amandes pour obtenir cette inimitable saveur sucrée-salée.
07:56 Au fil des siècles, la pastilla a changé, évolué.
07:59 Aujourd'hui, elle est plurielle, j'allais dire, aux fruits de mer, aux légumes ou encore au fromage.
08:03 Elle se déguste aussi bien sur une nappe blanche dans un grand restaurant
08:07 que dans la rue, sur les doigts, emballée dans du papier.
08:10 - Emballée dans du papier. Comment vous la trouvez ?
08:12 - Ça, c'est la vraie. Merci.
08:14 - C'est la vraie ?
08:16 - Je dis que ce sont nos amis des bonnes saveurs, Ruclère, qui est un traiteur marocain,
08:20 très sympathique et qui fait cette excellente pastilla.
08:23 - Je vous la féliciterai de ma part parce que franchement...
08:25 - Ça vous rappelle des souvenirs ?
08:26 - Ah oui, elle est excellente.
08:27 - Excellent.
08:28 - Elle est franchement excellente et c'est la pastilla originelle, c'est-à-dire celle aux pigeons, évidemment.
08:32 Ça, c'est la tradition berbère.
08:34 C'est pour ça que je vous parlais de la pastilla de Marrakech,
08:36 parce que Marrakech est une région du Maroc qui est berbère à l'origine.
08:40 Et donc, on retrouve toute cette saveur.
08:42 Là, merci, je suis à nouveau dans les souks.
08:44 - C'est forcément aux pigeons ?
08:46 - C'était à l'origine aux pigeons.
08:49 Et vous l'avez très bien expliqué.
08:51 Alors, j'y sais dévoyé.
08:52 On peut faire ce qu'on veut.
08:54 Après, avec la cuisine, bien évidemment, la cuisine ne doit pas rester statique
08:57 et doit s'enrichir de nouvelles ingrédients.
09:00 - Mais l'authentique, c'est celle-là.
09:02 - C'est vrai que quand on la fait à la maison, c'est plus facile de faire du poulet.
09:06 Mais on peut tout à fait acheter n'importe quel boucher du coin de rue des pigeons
09:11 et vous les faites cuire très longtemps.
09:13 Ensuite, il faut émietter toute cette chair à pigeons,
09:15 parce qu'il y a plein de petites os.
09:17 Et ensuite, on la prépare avec des épices.
09:19 Il y a des oeufs et des herbes et beaucoup d'oeufs.
09:21 - Oui, on le sent à l'intérieur. Les amandes aussi.
09:23 - Ah oui, il y a des amandes.
09:24 - Et ça croustille.
09:25 Vous savez la préparer ou est-ce que votre maman la faisait ?
09:28 - Pas du tout.
09:29 - Pas du tout, du tout, du tout.
09:30 - Vous l'achetiez toute près de la maison ?
09:32 - Ça ne fait pas très populaire de dire ça,
09:35 mais au Maroc, les incopérants avaient les moyens d'avoir du personnel.
09:40 Et nous, on avait une femme qui s'occupait à la fois de mon frère et de moi,
09:44 mais aussi de la cuisine.
09:46 C'est elle qui faisait la cuisine.
09:47 Et franchement, il y avait la cuisine de tous les jours,
09:49 ce n'était pas extraordinaire,
09:50 mais quand elle s'attelait à faire de la cuisine marocaine,
09:53 c'était toujours un instant de fête.
09:55 - Donc elle faisait la pastilla aussi ?
09:56 - Elle faisait la pastilla.
09:57 - Et alors c'était fréquent ? Vous en mangez régulièrement ?
09:59 - Là, on en mangeait assez régulièrement.
10:01 Je ne vous dirais pas qu'on en mangeait toutes les semaines,
10:03 parce qu'on mange normalement, mais régulièrement.
10:06 Une ou deux fois par mois, on y avait droit.
10:09 - Et sinon, c'était quoi ? C'était tagine, couscous ?
10:12 - Tagine, couscous, et puis la cuisine européenne,
10:14 parce qu'il y a beaucoup de cuisine européenne à Marrakech,
10:17 même à l'époque où on y était.
10:19 Et donc, voilà, c'était un mélange de tout ça.
10:21 - Un peu de fusion ?
10:22 - Oui, un peu de fusion entre toutes les traditions.
10:26 - Et petites salades d'orange aussi, ça c'est très bon.
10:28 - Salades d'orange, bien sûr.
10:29 - Mais là, on a l'impression que ça faisait longtemps que vous n'en aviez pas mangé, non ?
10:32 - Ça fait très longtemps que je n'en ai pas mangé.
10:34 - Vous n'avez pas de temps en temps un petit moment régressif
10:37 où vous vous dites "tiens, je vais manger une pastilla".
10:39 - Vous n'en trouvez pas forcément dans tous les restaurants marocains,
10:43 parce que c'est un peu long à faire.
10:46 Je ne suis pas persuadé que la notion "pastilla de pigeon",
10:49 enfin, le pigeon, ce n'est pas forcément quelque chose
10:52 vers lequel les gens vont traditionnellement.
10:54 - Souvent, on fait référence aux pigeons de ville qu'on voit au-dessus de nos têtes.
10:58 - On se demande si ce n'est pas les pigeons parisiens.
11:00 - Non, je ne crois pas. Assurez-vous.
11:02 - Souvent, c'est le pigeon, et souvent, à la table des étoilés,
11:05 les grands restaurateurs et les grands chefs adorent travailler le pigeon.
11:08 - C'est assez fin.
11:09 - C'est un des plats emblématiques du Maroc, vraiment très fin,
11:13 vous pouvez le constater, très goûteux,
11:16 et plein de saveurs qui rentrent dans le palais
11:18 avec toutes les épices qui sont mises dedans.
11:20 C'est vraiment un bonheur.
11:21 Il y a des tagines extraordinaires aussi, bien évidemment,
11:23 on ne va pas se mentir.
11:24 La cuisine marocaine est quand même une...
11:26 Moi, avec les trois cuisines que je préfère dans le monde,
11:29 c'est évidemment la cuisine du Sud-Est asiatique.
11:32 Toujours pareil, c'est toujours une notion de saveurs,
11:35 d'odorat, d'épices, de ce mélange de tout ça
11:40 qui excite les narines, mais aussi les papilles.
11:44 Donc, la cuisine du Sud-Est.
11:45 La cuisine nord-africaine, et plus spécialement celle du Maroc,
11:49 et la cuisine française.
11:50 On ne va pas oublier la cuisine française.
11:52 - Vous la placez où, la cuisine française, parmi les cuisines du monde ?
11:55 - Avec le parcours que j'ai eu, c'est compliqué.
11:57 J'aurais presque tendance à placer ces trois-là à égalité
12:00 pour des raisons différentes.
12:01 Chacune de ces cuisines a sa spécificité,
12:04 sa grande qualité,
12:06 et des saveurs différentes les unes des autres
12:09 qui interpellent et qui donnent envie d'y retourner systématiquement.
12:13 - Est-ce que vous mangez plus souvent cette cuisine du Sud-Est asiatique
12:16 que vous affectionnez ?
12:17 Parce que vous nous dites "je ne mange pas très souvent de pastillas".
12:20 - Oui, le Sud-Est asiatique, je fais beaucoup à Paris, parce que c'est simple.
12:22 - C'est simple, c'est facile.
12:24 - Oui, mais au restaurant ou chez vous ?
12:26 Vous allez acheter les produits et vous faites...
12:28 - Vous achetez les produits en général chez les traiteurs.
12:29 - Je n'ai pas bien compris, vous êtes bon ou fourneau ou pas ?
12:31 - Je suis plutôt pas mauvais sur la cuisine française,
12:35 sur les plats traditionnels,
12:37 et pas très bon sur la cuisine que vous aimez.
12:39 - C'est très long à faire.
12:41 - Ça, c'est très long à faire en confection,
12:43 et l'asiatique, ils font beaucoup de produits.
12:45 - L'asiatique, il faut beaucoup de produits, et c'est long à faire.
12:47 Faire de mon hème, c'est compliqué aussi à faire.
12:49 C'est un peu plus compliqué en termes de préparation,
12:52 et il faut trouver les ingrédients, on ne les a pas toujours.
12:55 Pour les bons plats traditionnels français, c'est beaucoup plus simple.
12:58 - Alors, qu'est-ce que vous faites ?
13:00 Jean-Pierre et moi, on vient dîner chez vous.
13:02 Comme plat traditionnel français, qu'est-ce que vous pouvez nous préparer ?
13:05 - Un truc pas très compliqué, mais il est très bon, paraît-il.
13:08 Mon pot-au-feu est absolument goûteux.
13:10 - Pot-au-feu.
13:11 - Évidemment, blanquettes,
13:13 les plats en sauce, d'une manière générale,
13:15 c'est des choses où on se met à les préparer avec envie,
13:22 et tout le cérémonial qu'il y a avant, toute la préparation...
13:25 Alors, moi, je ne suis pas du tout cuisinier, mais j'aime bien être organisé,
13:28 donc je prépare tous mes ingrédients, tout ce que je dois faire,
13:31 tout ça est pré-sélectionné sur le plan de travail,
13:35 et on y va au fur et à mesure, et on range au fur et à mesure,
13:38 comme font les grands chefs, sauf que je n'en suis pas un.
13:40 Et puis, il y a toute cette partie où, au moment où vous lancez les cuissons,
13:43 surtout sur les cuissons longues, où vous allez y retourner pour goûter,
13:46 pour assaisonner, améliorer l'assaisonnement,
13:49 tout ça qui sont des plaisirs...
13:51 Ben, c'est des plaisirs de... Voilà.
13:53 -Mais est-ce que vous faites du marché jusqu'à la table ?
13:59 C'est-à-dire, est-ce que vous allez acheter vos produits,
14:02 choisir les meilleurs légumes, les meilleurs fruits,
14:06 préparer après votre cuisine ?
14:08 Vous faites tout, tout, tout, ou...
14:10 -Non.
14:11 -Ou vous déléguez à votre femme ? -Non, non, c'est obligatoire.
14:14 Non, non, non, non.
14:15 En général, quand on fait les courses avec ma femme, on les fait ensemble.
14:18 Mais évidemment, si c'est moi qui choisis de faire le plat,
14:21 c'est moi qui vais choisir.
14:23 Donc c'est important, le choix.
14:25 Le choix des viandes, quand vous faites un plat en sauce,
14:28 le choix des légumes, le choix des aromates, tout ça, c'est important.
14:31 -C'est un plaisir pour vous d'aller au marché ?
14:33 -Oui, absolument.
14:34 C'est un plaisir pour moi d'aller au marché,
14:36 c'est un plaisir pour moi d'aller chez mon boucher,
14:38 chez mon fromager...
14:39 -Bah, échangez avec les commerçants sur la nourriture.
14:42 -Chez mon charcutier.
14:43 C'est beaucoup plus un plaisir de faire ça
14:45 que d'aller en supermarché acheter des trucs tout fait.
14:48 -C'est certain. -Voilà.
14:49 -Et vous avez des enfants aussi.
14:51 Est-ce que vous leur avez appris les saveurs de ces cuisines-là
14:55 qui ont fait, vous, votre...
14:57 Qui ont formé votre palais ?
14:59 -On les a évidemment amenés dans les restaurants
15:01 qui faisaient ces cuisines-là,
15:03 que ce soit la cuisine nord-africaine
15:05 ou la cuisine asiatique,
15:06 parce que c'est compliqué à faire soi-même,
15:08 parce que c'est long.
15:09 Ils aiment bien ces deux cuisines-là,
15:11 il y a pas de problème.
15:12 Ils savent très bien qu'on est acculturé à ça,
15:14 aussi bien mon frère que moi.
15:16 Donc à la fois mes enfants et mes neveux et nièces
15:19 sont aussi acculturés à ça.
15:20 -Quand vous allez dans les restaurants asiatiques,
15:22 chinois, vietnamien, laotien, il n'y en a pas beaucoup,
15:24 mais pourtant il y a quelques particularités très laotiennes.
15:27 Est-ce que vous retrouvez les saveurs de là-bas ?
15:29 Vous trouvez que ces restaurants ont tendance quand même à...
15:32 -Occidentaliser. -Occidenter leur poule.
15:34 -Oui, il y a une tendance.
15:35 -A faire en sorte que les palais français...
15:37 -Forcément. -Vous le regrettez ?
15:39 -Je me souviens plus des noms,
15:40 mais il y a des plats emblématiques du Laos,
15:43 notamment des salades.
15:44 Il y a beaucoup de salades à base de viande cuite,
15:47 mais que vous mangez froide,
15:48 qui sont excessivement épicées, il faut être honnête.
15:50 Il faut avoir un palais un peu costaud pour supporter ça.
15:54 Je vous en ai retrouvé dans quelques restaurants,
15:56 j'en ai un ou deux sur Paris,
15:57 ça fait longtemps que je n'y suis pas allé.
15:59 Ils sont obligés d'apprivoiser un petit peu les occidentaux.
16:04 C'est un petit peu comme les restaurants indiens,
16:06 où ils vous donnent trois niveaux différents...
16:08 -D'épices, c'est pas bon de faire trop épicé.
16:10 -Et je peux vous garantir que le dernier niveau,
16:12 le plus épicé, c'est encore pas ce qu'ils mangent eux.
16:15 -C'est ça.
16:16 -Au Laos, j'ai le souvenir d'avoir mangé aussi
16:18 beaucoup de plantes, et parfois même presque des morceaux de bois
16:21 qu'ils vont chercher dans la forêt.
16:23 -C'est souvent pour aromatiser.
16:25 Vous pouvez les sucer.
16:26 -Oui, mais après, on se retrouve avec...
16:28 -Vous pouvez les sucer.
16:29 -Assez fort.
16:30 -Oui, c'est assez costaud.
16:31 La cuisine laotienne en tant que telle n'est pas forcément...
16:34 -La plus raffinée.
16:35 -La plus raffinée du Sud-Est asiatique.
16:37 -On parle souvent de la Thaïlande.
16:39 La cuisine thaïlandaise est exceptionnelle.
16:41 -La Thaïlandaise et vietnamienne, c'est exceptionnel.
16:44 Thaïlandaise, c'est un petit cran au-dessus de la vietnamienne,
16:47 je dirais, parce que la Thaïlandaise,
16:49 il y a vraiment ce mélange d'épices, de plantes,
16:52 la présence de la coriandre, qui est très présente.
16:55 On mélange ces espèces de plantes aromatiques
16:58 qui sont assez fraîches, finalement,
17:00 avec des saveurs qui sont plus cuisinées, plus chaudes,
17:03 et ça donne des parfums...
17:05 Quand vous vous mettez à table et que le plat arrive,
17:08 c'est plus fort par la vue et l'odorat du plat
17:11 que par le goût qu'il aura.
17:13 -Le Vietnam, il y a une influence chinoise,
17:15 alors que peut-être que la Thaïlande,
17:17 peut-être une influence indienne, avec le curry, les pâtes d'épices.
17:20 -Il y a du maça mam en Thaïlande.
17:22 -Il y a aussi beaucoup de musulmans en Thaïlande
17:25 qui ont aussi développé des recettes particulières.
17:28 -Et Jean-Pierre parlait de la street food aussi.
17:31 Vous avez été habitué à manger comme ça, dehors ?
17:34 -Ca n'a rien à voir avec notre street food à nous.
17:37 C'est pas le tacos plein de gras.
17:39 On a cette image, effectivement, sur les marchés,
17:42 notamment thaïlandais, partout en Thaïlande.
17:45 Vous mangez dans la rue.
17:47 Évidemment, c'est cuit beaucoup frit, beaucoup à l'huile,
17:50 mais c'est quand même un peu épongé avant.
17:52 C'est pas les 4 couches de maillots de machin de truc qu'on met.
17:55 Ca reste quand même assez fin.
17:57 -Et c'est pas forcément du sandwich ?
17:59 -C'est pas du sandwich.
18:01 -C'est des plats cuisinés.
18:03 -On peut manger un riz frit.
18:05 -Les autorités de Bangkok voulaient interdire la street food
18:08 pour des raisons d'hygiène, car c'est dans la rue.
18:11 Mais ça avait été un tollé.
18:13 Ils avaient dû reculer.
18:15 C'est l'un des vecteurs de tourisme pour la Thaïlande.
18:18 On vient en Thaïlande pour se régaler avec cette street food.
18:21 -Cet hygiénisme occidental qui est vécu à l'étranger,
18:24 je supporte pas.
18:26 -On n'est pas souvent malades en Asie.
18:28 -Je supporte pas.
18:30 J'ai passé les 17 premières années, 17 ans et demi, à l'étranger,
18:33 je vais pas se dire qu'on se lavait les mains 10 fois par jour.
18:36 -Vous n'étiez pas malade ?
18:38 -Pourtant, on bouffait les trucs qui nous tombaient sous la main.
18:41 Des fois, quand ils étaient tombés par terre.
18:43 -Justement, ça peut-être.
18:45 -Je dis à mes copains de ne pas aller chez le médecin.
18:48 Je pense que je suis immunisé contre tout.
18:50 J'ai appris à nager dans le Mekong.
18:52 J'ai bu la tasse dans le Mekong.
18:54 -Vous venez dans la Seine.
18:56 -Je peux y aller. Je pense que c'est moins pire.
18:59 -Macron va vous dépêcher, il va vous envoyer à sa place.
19:02 -Vous allez lui donner pas de mauvaises idées.
19:05 -Sinon, est-ce que vous aimez l'abistronomie,
19:07 les restaurants écoliers ?
19:09 -L'abistronomie, c'est intéressant,
19:11 parce que ça met une partie de la gastronomie
19:13 que les gens ne peuvent pas forcément s'offrir
19:16 au rang de gastronomie qu'on peut s'offrir.
19:24 Là, on pourrait pas aller sur une étoile ou deux étoiles.
19:27 C'est quand même une déclinaison de la gastronomie
19:31 qui est pas un truc mal fait.
19:34 C'est vraiment ce qu'on peut retrouver
19:36 dans les grands restaurants gastronomiques,
19:38 présentés de manière différente, avec des quantités différentes,
19:41 peut-être un tout petit peu moins de soins,
19:43 mais qui veut vraiment garder
19:45 cette qualité gastronomique qu'ont les étoilés.
19:48 C'est intéressant, l'abistronomie,
19:50 pour les gens qui n'ont pas forcément les moyens
19:52 d'aller dans les restaurants une étoile ou deux étoiles.
19:55 Des deux étoiles, je vais pas vous dire que j'en fais souvent,
19:58 mais de temps en temps, ils m'arrivent d'en faire.
20:01 Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
20:03 -Dites-nous ! -C'est excellent !
20:05 -On a quand même en France cette chance
20:07 d'avoir des chefs, des restaurateurs exceptionnels.
20:11 De la vue du plat à l'odeur jusqu'au goût,
20:15 ils vous font des trucs que vous ne pouvez même pas imaginer,
20:19 et c'est souvent excessivement délicieux.
20:22 Mais moi, je suis un fan de toutes les émissions culinaires.
20:25 -Vous regardez beaucoup...
20:27 -Je les ai ratées hier, en plus, je me suis fait battre dans l'hémicycle.
20:31 -Je reviens sur les deux étoiles et le dernier cru Michelin.
20:34 Même le patron de Michelin s'en est un peu ému.
20:37 Il n'y a pas tellement de femmes étoilées.
20:39 Comment vous analysez ce phénomène ?
20:41 -Je ne l'analyse pas, c'est une question.
20:43 Est-ce que tout l'apprentissage pour monter à ce niveau-là...
20:47 -Dans les brigades, il y a beaucoup d'hommes.
20:50 -D'exigence est trop difficile ?
20:52 Est-ce que ce milieu est encore resté trop misogyne pour les accepter ?
20:56 -Quand je disais "trop difficile", ça voulait dire ça.
20:59 -Il y a quelques femmes étoilées, Anne-Sophie Picq.
21:02 -Il y en a, et elles sont excellentes.
21:04 -C'est vrai que dans la proportion, c'est assez...
21:07 On est très loin de la parité.
21:09 -Je ne sais pas.
21:10 Est-ce que la façon d'appréhender la nourriture...
21:13 Je ne sais pas.
21:14 Je vais dire un truc complètement misogyne,
21:17 je vais me faire attaquer par toutes les associations.
21:20 Est-ce que le fait que, dans les gènes,
21:22 depuis des siècles, la femme est au fourneau et pas l'homme,
21:25 à l'origine, l'homme chasse et la femme cuisine,
21:28 et du coup, il y a cette espèce de génétique
21:31 qui fait que la femme est plus sur la cuisine du quotidien,
21:35 alors que l'homme, quand il se met au fourneau...
21:38 -C'est le concept.
21:39 La bonne femme sait faire la cuisine du jour des coquillettes,
21:42 et l'excellence est réservée aux hommes.
21:44 -Est-ce que ça ne perdure pas dans...
21:46 -Il y a des modèles qui changent.
21:48 -C'est en train de changer, on le voit de plus en plus.
21:51 -Pas longtemps.
21:52 -Ca va venir de plus en plus.
21:54 -Il faut former aussi toute une génération.
21:56 -C'est dur, c'est excessivement dur.
21:58 Je ne veux pas dire que les femmes sont moins résistantes
22:01 que les hommes, mais pour les hommes comme pour les femmes,
22:04 le métier de chef, notamment quand vous visez les étoiles,
22:07 c'est excessivement dur.
22:09 C'est dur physiquement, c'est dur économiquement,
22:12 c'est dur psychologiquement, c'est tout un art.
22:15 Quand il y a un retour de la salle sur un plat,
22:19 on ne peut pas dire...
22:21 J'imagine pas un plat raté, mais un plat qui est un peu moins bien fait
22:25 que les autres, pour eux, ça les prend aux tripes.
22:28 Ils ne supportent pas quelque chose qui n'est pas parfait.
22:33 Cette exigence-là, vous avez cette forme de pression en permanence.
22:37 Moi, je les admire, franchement.
22:39 Ils font des trucs exceptionnels.
22:41 Rentrez dans un Une Etoile ou dans un Deux Etoiles
22:44 et regardez les plats qu'ils vous envoient.
22:47 C'est un grand voyage.
22:49 - Je ne suis pas du tout amoureux de la bouffe.
22:52 - Assez épicé, quand même.
22:54 Vous nous avez demandé un vin corse qui s'appelle Granit,
22:58 qui est un vin, c'est une AOP, Ajaccio,
23:01 Agriculture Biologique pour la certification.
23:05 Un vin rouge, bien sûr.
23:07 Le cépage, vous allez mieux le prononcer que moi,
23:10 c'est un Tchatcharel.
23:12 Sa particularité, c'est que c'est un vin assez complexe et pur.
23:17 Comment vous connaissez ce vin-là ?
23:20 - Ce vin-là, je l'ai connu par un ami oenologue
23:23 qui a été à l'origine des premières foires à vin,
23:26 je ne citerai pas de marque, mais dans les grandes surfaces,
23:30 qui l'a découvert en Corse, dans un restaurant.
23:33 Les vins corse gagnent en qualité année après année.
23:36 Ils sont de mieux en mieux travaillés.
23:38 Il est tombé sur celui-là, qui est une très petite production,
23:41 une production ajaccienne, très peu d'hectolitres,
23:45 réservée aux épicies fines, surtout en Corse,
23:48 c'est pour ça qu'on a du mal à en trouver à Paris.
23:51 Il y a quelques amis restaurateurs.
23:53 L'anecdote est amusante, car ça peut très bien être
23:56 un restaurant gastronomique, comme ça peut être
23:59 le bistrot de la place du village, dans un village perdu de la montagne.
24:03 Pourtant, la bouteille n'est pas donnée, puisque prix restaurant,
24:07 je crois qu'elle est aux alentours de 70 euros, la bouteille.
24:10 Ce n'est pas n'importe quoi.
24:12 Mais cet ami oenologue, qui connaît bien les Camerous de la Corse,
24:15 connaît bien les vins corse, les voit monter en gamme
24:18 de plus en plus, et nous a fait goûter ça un jour.
24:21 C'est fantastique, ça vaut un très, très, très bon Bordeaux,
24:27 un très bon Bourgogne.
24:29 Franchement, cette production est très petite,
24:32 et les gens se battent pour l'avoir.
24:34 Dès qu'il y en a un qui a un filon, qui sait où il peut en récupérer,
24:37 parce qu'il n'en trouve plus dans son épicerie fine,
24:39 il faut avoir quelques copains qui savent vous procurer
24:42 un ou deux cartons, mais ça se compte en carton de 6,
24:44 ce que vous pouvez récupérer.
24:45 - Nous avoir fait découvrir, en tout cas, ce vin corse
24:48 qui va forcément très bien avec ce plat épicé.
24:52 Maintenant, on va voir si vous êtes vraiment incollables,
24:54 parce que vous m'avez l'air de bien vous y connaître en cuisine.
24:57 C'est le quiz.
24:58 - Ouh là !
24:59 C'est bon.
25:02 - Alors, vous avez passé une partie de votre enfance,
25:03 vous l'avez dit, en Côte d'Ivoire, donc sans doute que vous avez goûté
25:07 à cette période, le mafé, qui est un plat totémique de l'Afrique noire.
25:11 Sauriez-vous nous dire si ces affirmations sont vraies ou fausses ?
25:14 Le mafé, ce ragout à base d'arachide est né au Sénégal.
25:18 Vrai ou faux ?
25:19 - Mali ?
25:22 - Oui, voilà, Mali, c'est le plat national.
25:25 La première mention du mafé en Afrique remonte au XIIIe siècle.
25:30 Piège.
25:33 - Un piège ?
25:35 - Oui.
25:36 - Un piège est faux.
25:37 - Alors faux parce que les arachides ont été introduits en Afrique dans les années 1560,
25:41 c'est-à-dire au XVIe siècle par les Espagnols et les Portugais.
25:43 Et sans arachides, pas de mafé.
25:45 - Exact.
25:46 - En Côte d'Ivoire, on revient chez vous, la viande est souvent remplacée
25:49 par des œufs durs dans le mafé.
25:51 Vrai ou faux ?
25:52 - Oh non, je vois pas pourquoi.
25:55 - Faux.
25:56 C'est au Ghana qu'il y a des œufs durs et en Côte d'Ivoire,
26:00 on le remplaçait par des légumes verts.
26:02 - D'accord.
26:04 - Enfin, quand les esclaves africains sont arrivés en Amérique du Nord,
26:07 ils ont apporté le mafé avec eux, devenu là-bas le Virginia Peanut Soap.
26:13 Vrai ou faux ?
26:15 - C'est possible, ça.
26:16 - Exactement, c'est vrai.
26:17 - Bravo.
26:18 - Virginia Peanut Soap, qui était le mafé pour les Américains.
26:21 - Pour aller sur la cuisine de Côte d'Ivoire, c'est un plat malien, le mafé.
26:27 On en mange en Côte d'Ivoire, je suis d'accord avec vous.
26:30 - Voilà.
26:31 - C'est le plat traditionnel.
26:32 - Il y a tous les pays autour du Mali, mais c'est vrai que...
26:34 - Le plat traditionnel de Côte d'Ivoire ?
26:36 - Le plat traditionnel de Côte d'Ivoire, c'est le foutu.
26:38 - Oui.
26:39 - Le foutu, c'est un agouti.
26:40 - Foutu, c'est parce qu'on fout tout dedans ?
26:42 - Non, c'est parce qu'il s'appelle foutu.
26:44 C'est un agouti.
26:46 L'agouti, c'est une espèce de gros rat, assez gros quand même,
26:50 qu'on fait cuire longtemps, la viande est cuite longtemps,
26:53 avec une sauce spécifique de là-bas.
26:56 Et c'est le plat traditionnel ivoirien.
26:58 - C'est bon ?
26:59 - C'est assez bon.
27:00 - Le foutu serait incollable sur la Côte d'Ivoire,
27:02 donc j'ai préféré prendre la tangente.
27:04 - C'est pour donner...
27:05 En plus, le foutu, je ne sais pas si c'est très connu,
27:08 parce que ce n'est pas forcément un plat emblématique
27:10 de l'Afrique noire, pour le coup.
27:12 Il y en a plein d'autres, comme le Maffay,
27:14 mais c'est leur plat de prédilection.
27:17 - Alors, pour les téléspectateurs, il faut qu'ils sachent
27:19 que vous êtes un farouche opposant à l'huile de palme.
27:22 Vous aviez voté un amendement, mais enfin un avantage fiscal
27:25 pour l'importation d'huile de palme.
27:27 Alors, sauriez-vous nous dire si ces affirmations sont vraies ?
27:30 En Afrique occidentale, l'usage alimentaire de l'huile de palme
27:34 est attesté dès 500 ans avant notre ère.
27:38 - Dès 500 ans avant notre ère ?
27:39 - 500 ans avant notre ère.
27:42 - Non.
27:43 - Faux. 5000 ans.
27:45 Jusque dans les années 1880, le commerce de l'huile de palme
27:49 avec l'Europe privilégie les usages non alimentaires de l'huile.
27:53 - Jusqu'à quelle époque ?
27:55 - Jusque dans les années 1880.
27:58 - L'usage non alimentaire ?
28:01 - L'usage non alimentaire de l'huile.
28:03 - Ils s'en servaient, donc du coup...
28:05 Je vous dirais vrai, mais j'en suis pas sûr.
28:07 - C'est vrai. Pour la savonnerie,
28:09 - Ah oui, exact !
28:10 - la lubrification mécanique.
28:11 - Exact.
28:12 Ca vous donne une idée de ce que vous avez dans cette patate tartinée.
28:15 - On l'utilisait pas pour la nourriture, et c'est après.
28:18 - Donc on va peut-être plutôt éviter de l'utiliser dans la nourriture.
28:21 Au début du XXe siècle, l'huile de palme arrive sur les terres
28:24 de Malaisie et de Sumatra, à la place des plantations d'Evea.
28:28 - Vrai ou faux ?
28:29 - Ah oui, vrai.
28:30 - Oui, c'est vrai.
28:31 Et après l'indépendance de l'Inde, l'huile de palme tente de concurrencer
28:35 le ghi, le beurre clarifié, d'où l'opposition de la Ligue de protection
28:41 des vaches, qui mobilise l'opinion publique contre son importation.
28:45 Je suis pas sûre d'avoir compris ce que je viens de lire.
28:48 - En Inde, il y a du ghi, qui est du beurre clarifié,
28:51 c'est-à-dire qu'on enlève tout ce qui est un peu lacnose.
28:54 Mais quand les Indiens ont vu l'huile de palme, ils étaient pas contents.
28:57 Et est-ce que c'est vrai ou faux ? La protection des vaches s'est élevée
29:01 pour dire non à l'importation d'huile de palme.
29:03 Vrai ou faux ?
29:04 - Moi, je dirais vrai, ça me ferait rire.
29:06 - Oui, moi j'avais un peu rire.
29:08 - C'est vrai.
29:09 Alors c'est souvent autour de la table que se racontent les meilleures histoires,
29:14 que se fait aussi parfois la petite et la grande histoire,
29:17 et c'est la brève de comptoir.
29:20 (Bruit de l'eau)
29:22 - Alors Bruno Milienne, on vous a demandé de réfléchir
29:26 à une anecdote politique autour d'un repas.
29:29 Est-ce que vous avez un souvenir à nous raconter ?
29:32 - Je sais pas si.
29:38 Non, mais c'est vrai que c'est souvent autour des repas
29:41 que peuvent se dénouer des situations peut-être un peu compliquées.
29:45 En général, quand la situation est bloquée avec des alliés
29:49 ou même avec des opposants sur un projet, tel ou tel projet,
29:52 on se dit bon, allez, on va faire une réunion de travail,
29:55 on sait ce que ça veut dire, réunion de travail,
29:57 on va aller se faire une bonne bouffe,
29:59 et on pense bien qu'on va résoudre les problèmes comme ça.
30:01 Donc j'ai pas d'anecdote en particulier,
30:03 mais souvent certains problèmes, pas les plus graves, je vous rassure,
30:06 se résolvent autour d'une table, parce que, bah voilà,
30:09 gastronomie, vin, bonne chair,
30:13 vont bien avec justement le fait qu'on puisse...
30:16 - Et ça arrive qu'au groupe démocrate, on se réunisse souvent
30:19 autour de la table avec des présidents de groupe...
30:22 - On le fait pas assez, c'est un message que j'envoie à Jean-Paul Matéi.
30:25 Jean-Paul, il nous faut plus de soirées autour de la table.
30:28 - Allez, le message est lancé.
30:30 On va parler maintenant d'un label, le Femaison,
30:32 qui existe depuis 10 ans, mais que se cache-t-il
30:35 véritablement derrière cette étiquette ?
30:37 C'est le Dessous des Plats.
30:39 (Générique)
30:44 Oui, Brigitte, parce qu'une proposition de loi devait bientôt obliger
30:47 les restaurateurs à signaler sur leur carte les plats
30:50 qui étaient déjà tout préparés et non pas élaborés dans les cuisines.
30:53 Mais ce label non Femaison, qui devait indiquer ça sur la carte,
30:58 ne verra finalement pas le jour.
31:00 Le chef, entre autres Thierry Marx, patron de l'UMI, s'y est opposé,
31:03 aux grandes dames de certains qui, eux, jouent à fond la carte du Femaison.
31:07 C'est un reportage au restaurant Le Flaubert
31:09 de Maïté Frémont et de Cléa Joanneau.
31:12 - Le 100% Femaison, c'est la pâte de qualité du cuisinier.
31:22 C'est la touche en plus d'un cuisinier.
31:25 - C'est une évidence pour ce chef.
31:28 - On ne se pose pas la question, est-ce qu'on va acheter
31:30 du topinambour congelé ? À aucun moment, ça ne nous vient à l'esprit.
31:33 - Le topinambour, encore en cagettes et frais.
31:36 - Comment ça va ? - Ça va.
31:38 Tout comme les asperges qui arrivent dans ce restaurant.
31:42 - OK, trop bien. Merci beaucoup.
31:44 Des produits sans aucune transformation,
31:46 travaillés et assemblés par Erwan et son équipe.
31:50 Mission du matin, lever les filets,
31:54 couper les herbes, éplucher les asperges
31:58 et même écosser les petits pois à la main.
32:00 - Après, voilà, ça nous demande plus de temps,
32:02 ça demande un peu plus de personnel.
32:04 Forcément, ça met des prix un peu plus chers.
32:06 Moi, je vais être plus cher que certains restaurateurs
32:08 qui vont recevoir des paquets de petits pois déjà tout écossés.
32:12 - Le menu complet ici coûte 38 euros par personne.
32:17 La qualité a un prix et les clients en ont conscience.
32:21 - On s'aperçoit vite si c'est du fait maison ou pas,
32:23 si ce n'est pas indiqué en tout cas.
32:25 - Alors, comment vous faites pour détecter ?
32:27 - C'est la façon dont c'est cuisiné, cuit.
32:30 Le non fait maison, c'est souvent emballé, prêt à cuire.
32:35 Du coup, toutes les saveurs sont plutôt...
32:38 C'est d'ailleurs souvent un peu trop salé,
32:40 avec des plats en sauce, voilà, pas très bien mijotés.
32:43 - Une liste de produits est autorisée à ne pas être préparée
32:46 dans l'établissement, comme le beurre, les charcuteries,
32:49 les fromages ou encore le pain.
32:51 Mais alors, faut-il plus d'informations
32:53 quand un plat n'est pas préparé sur place
32:56 ou qu'il est totalement transformé ?
32:59 - Des surjons avec zeste de citron,
33:01 oeufs de brochet de la maison, pétrocien,
33:03 avec un fumet de poisson et jus d'oseille.
33:05 - Un logo "non fait maison" serait-il une bonne solution ?
33:09 - Peut-être que c'est pas mal de ressortir un nouveau label,
33:13 mais le "non fait maison", c'est...
33:15 Ouais, c'est violent, c'est vrai.
33:17 Mais sinon, c'est une bonne idée.
33:19 - C'est discriminant de mettre "non fait maison".
33:21 Et c'est vrai que je pense que c'est une...
33:23 À mon avis, ce serait une très bonne manière
33:25 d'inciter les gens,
33:27 plutôt que de mettre "non fait maison".
33:29 - Mais qui cuisine vraiment du 100 % fait maison
33:32 sur les 175 000 restaurateurs de France ?
33:35 Cela dépend des organismes et des modes de calcul,
33:39 de 5 % pour certains à 54 % pour d'autres,
33:43 ce qui prouve la difficulté de contrôle.
33:46 - On a pu voir que vous saviez très bien parler de la nourriture,
33:49 vous aviez un fin palais.
33:51 Soyez honnête, quand vous allez dans un restaurant,
33:53 vous savez tout de suite si c'est du non fait maison,
33:56 du fait maison à l'oeil et au palais,
33:58 ou vous arrivez parfois de vous faire avoir ?
34:01 - Non, je pense que je n'y arrive pas à l'oeil.
34:03 On peut y arriver un petit peu au palais,
34:05 mais je n'y arrive pas à l'oeil.
34:06 Et puis je fais confiance aux restaurateurs
34:08 depuis que la loi est passée sur la signalisation du fait maison.
34:10 Là, pour le coup, on a un oeil plus critique, d'ailleurs,
34:13 sur le plat qui arrive, parce qu'on sait qu'il est
34:15 soi-disant fait maison, donc on va quand même...
34:17 - On va voir si ça tient.
34:19 - Le problème, c'est qu'il n'y en a pas tant que ça,
34:21 des faits maisons sur la carte, ça veut dire qu'en gros,
34:23 tout le reste n'est pas fait maison.
34:25 C'est moins violent qu'avoir écrit "non fait maison",
34:27 mais c'est quand même un peu stigmatisant,
34:29 d'avoir ça sur la carte.
34:31 - À l'origine, ils voulaient même mettre "précuisiné".
34:33 Vous imaginez l'effet sur la carte ?
34:35 - Là, ça ne donne pas très envie de manger.
34:37 - Ils auraient pu mettre "préingéré" aussi.
34:39 - Vous n'auriez pas voté le "non fait maison",
34:41 si c'était passé ?
34:43 - Non, parce qu'aujourd'hui, ça fonctionne assez bien,
34:45 l'histoire du fait maison.
34:47 Les gens sont habitués plus ou moins dans les restaurants.
34:49 Ça a été expliqué par le restaurateur du Flaubert.
34:51 Il le dit, si vous faites tout maison,
34:53 c'est plus important.
34:55 - Plus de main-d'oeuvre.
34:57 - Plus de main-d'oeuvre, donc les plats plus chers.
34:59 Lui, il ne perd pas de clientèle,
35:01 parce que les gens vont là-bas.
35:03 Mais quand vous allez au restaurant,
35:05 comme c'est un peu notre cas, quasi tous les midis,
35:07 vous n'avez pas forcément les budgets
35:09 pour aller manger que du fait maison tout le temps.
35:11 Il y a des produits industriels qui sont plus ou moins bons.
35:13 Il faudra regarder la qualité des produits industriels,
35:15 de l'agroalimentaire.
35:17 Peut-être qu'il faut refaire la définition du fait maison,
35:19 qui inclut quand même...
35:21 - La nomenclature des produits autorisés.
35:23 - Par exemple, il peut y avoir du congelé.
35:25 - Oui, absolument.
35:27 - Est-ce que c'est normal ?
35:29 - Si Richard Rameau se met en temps, il va me tuer.
35:31 Mais il y a certains poissons, je suis désolé,
35:33 congelés,
35:35 quand vous les cuisinez
35:37 comme il faut,
35:39 bon, alors ce n'est pas du poisson frais,
35:41 je suis d'accord,
35:43 mais ils ne sont pas mauvais au goût.
35:45 Voilà, en termes de caractéristiques.
35:47 - Sous vide aussi.
35:49 - Pour revenir sur ce que vous dites,
35:51 je reprends les propos de Stéphane Manigault,
35:53 qu'on a invité ici à cette table,
35:55 du groupe Eclor, il dit que ce n'est pas aux restaurateurs...
35:57 - C'est le plaubert, justement.
35:59 - Oui, c'est chez lui. Aux restaurateurs vertueux
36:01 de montrer qu'ils sont vertueux, en mettant "fait maison",
36:03 c'est aux restaurateurs qui ne sont pas vertueux
36:05 de montrer qu'ils ne sont pas vertueux
36:07 avec cette signalétique non fait maison.
36:09 Ça, vous n'êtes pas d'accord avec ce raisonnement ?
36:11 - Je trouve que...
36:13 - C'est violent, mais c'est peut-être efficace.
36:15 - C'est excessivement violent. Moi, je préfère un peu
36:17 dans cet état d'esprit, de revoir
36:19 la nomenclature du fait maison pour que
36:21 il y ait moins
36:23 d'agroalimentaires qui rentrent
36:25 dans le fait maison, pour valoriser
36:27 justement ceux qui vont au bout
36:29 de la démarche, en appuyant aussi
36:31 sur les produits locaux,
36:33 sur le côté localisme et
36:35 durabilité des produits traités.
36:37 Moi, je vous prends un exemple.
36:39 J'ai à côté de chez moi,
36:41 je le salue, Fabrice, un agriculteur
36:43 qui fait de l'agriculture raisonnée.
36:45 Il ne fait pas d'agriculture bio.
36:47 Il fait de l'agriculture raisonnée, il fait du petit légume,
36:49 du vieux légume.
36:51 Il ne peut pas garantir aux restaurateurs
36:53 ce qu'il va leur livrer le matin
36:55 en fonction de ce qui a poussé dans ses champs.
36:57 Ça veut dire que les restaurateurs sont obligés d'attendre
36:59 que Fabrice passe pour faire leur carte.
37:01 Il fournit quelques
37:03 bonnes tables à Paris, pas que dans les Yvelines,
37:05 il fournit quelques bonnes tables à Paris.
37:07 Je ne suis pas persuadé que
37:09 Fabrice, qui fait de l'agriculture raisonnée,
37:11 simplement comme la faisaient ses ancêtres,
37:13 c'est pas de l'agriculture bio.
37:15 Je ne suis pas persuadé qu'il ait une cote énorme
37:17 si on met une nomenclature autour de ses produits.
37:19 Et pourtant, il est sur les plus
37:21 grandes tables de France.
37:23 Donc, il faut faire attention avec ça sur les nomenclatures.
37:25 Il faut privilégier le localisme,
37:27 il faut privilégier, j'allais dire
37:29 l'artisanat agricole, ce n'est pas ce que je veux dire,
37:31 mais en tout cas, les produits agricoles qui sont bien
37:33 travaillés. - Plus que le bio ?
37:35 - Oui, parce que le bio,
37:37 ce n'est pas forcément la panacée.
37:39 Surtout, je ne devrais pas vous le dire,
37:41 dans la bouillie bordelaise,
37:43 vous avez du cuivre.
37:45 C'est beaucoup utilisé en Anglais, la bouillie bordelaise
37:47 dans le bio. - Sauf que ça dépend de...
37:49 - Le cuivre, c'est un métal.
37:51 - Oui, mais ça dépend de la quantité.
37:53 - Oui, mais vous le retrouvez, même en petite quantité.
37:55 Bien sûr que le bio, s'il est fait...
37:57 Ce n'est pas ce qu'on entend par bio.
37:59 Bio avec des intrants...
38:01 Je me pose la question.
38:03 Bio travaillé traditionnel... - On ne peut pas tout faire sans intrants.
38:05 - Travaillé de manière traditionnelle,
38:07 comme le faisaient nos arrières-grands-parents
38:09 ou même avant,
38:11 qui nécessitaient quand même beaucoup de personnel
38:13 sur les exploitations.
38:15 Là, c'est du total...
38:17 Je préfère parler d'agriculture naturelle,
38:19 pas lui coller une étiquette
38:21 d'agriculture naturelle.
38:23 Faites comme c'était fait avant,
38:25 avec effectivement, en termes d'engrais
38:27 et de tout ce que vous aviez,
38:29 c'était en fait des sous-produits de la ferme que vous utilisiez.
38:31 Là, on peut y aller les yeux fermés.
38:33 Ça n'a pas besoin d'être bio-labellisé,
38:35 vous voyez ce que je veux dire ?
38:37 J'ai une ferme à côté de chez moi, à Jumoville.
38:39 Le gars, il fait de la cueillette,
38:41 il fait tout de manière à peu près traditionnelle.
38:43 La vente à la ferme marche formidablement bien.
38:45 - Alors, pour les chefs
38:47 qui voulaient que leur travail
38:49 soit valorisé par ce fait maison,
38:51 pour les consommateurs comme nous trois,
38:53 qui aimons savoir ce qu'il y a dans notre assiette,
38:55 d'un point de vue législatif, puisque cette proposition
38:57 nous a été abandonnée, on en est où ?
38:59 Qu'est-ce que va devenir le non-fait maison
39:01 ou le fait maison dans l'hémicycle ?
39:03 C'est arrêté ? C'est remis de côté ?
39:05 - Est-ce qu'on pourrait un jour
39:07 essayer de réfléchir
39:09 en pas forcément légistique ?
39:11 - Vous voulez dire par la réglementation ?
39:13 - Par la réglementation.
39:15 - Forcément changer la loi.
39:17 - Je pense que revoir la réglementation du fait maison
39:19 aujourd'hui, telle qu'elle a été définie...
39:21 - Ça, c'est une bonne idée.
39:23 - Il faut s'y mettre avec les restaurateurs.
39:25 Je pense que Thierry Marx, là-dessus,
39:27 pourrait être un très bon conseil.
39:29 Moi, ce qui me fait peur dans la loi, des fois,
39:31 c'est qu'on ouvre un peu la boîte de Pandore
39:33 et on court l'épine de l'idée la plus con,
39:35 si vous me permettez.
39:37 - C'est un législateur qui parle.
39:39 - C'est un constat. On n'a pas l'abri de voir
39:41 apparaître un amendement qui va être adopté
39:43 et qui peut avoir des conséquences
39:45 sur le secteur assez néfaste.
39:47 Vous le savez comme moi,
39:49 le métier de restaurateur,
39:51 et là, on prend toute la restauration
39:53 dans son ensemble,
39:55 pas seulement les chefs étoilés.
39:57 C'est compliqué en ce moment pour eux.
39:59 Il y en a beaucoup qui ferment.
40:01 Si la profession pouvait s'organiser entre elles
40:03 pour redéfinir le fait maison,
40:05 l'afficher peut-être en plus gros,
40:07 moi, jeter l'opprobre sur des gens qui n'ont pas
40:09 les moyens de faire autrement que de prendre
40:11 de l'agroalimentaire, peut-être voir aussi classifié
40:13 dans l'agroalimentaire ce qui est bon ou pas,
40:15 trouver un système.
40:17 Franchement, je sais, Richard Ramos,
40:19 encore une fois, va m'en vouloir,
40:21 parce qu'il veut reprendre la loi.
40:23 - C'est vrai que c'est important que le consommateur
40:25 soit quand même bien informé.
40:27 Il y a toute cette réflexion autour de la traçabilité,
40:29 l'origine des produits.
40:31 - Vous l'avez, la traçabilité, normalement, dans les restaurants ?
40:33 Elle existe, la traçabilité. Vous avez les tic-tacs,
40:35 vous avez tout ça.
40:37 - Sur la carte, il n'y a pas toujours assez d'advocats.
40:39 - On pourrait imaginer, sur les cartes, demain,
40:41 une idée que je lance comme ça, d'avoir pour chaque produit
40:43 une espèce de code-barre afflachée,
40:45 qui vous donnera...
40:47 - Un QR code.
40:49 - Un QR code, qui vous donnera la provenance,
40:51 l'origine, par qui ça a été travaillé, etc.
40:53 - Voilà, une idée de Bruno Milian,
40:55 mais ça ne passera pas par la loi.
40:57 - C'est ça, c'est ça.
40:59 - Ça passe par où ils veulent, mais sans stigmatiser
41:01 forcément le restaurateur.
41:03 Parce que, imaginez, non fait maison, sur une carte,
41:05 c'est violent, quand même.
41:07 Moi, ça me fait penser à pré-ingérer.
41:09 - D'accord. On n'a plus envie de manger.
41:11 - Ben non.
41:13 - Alors, on va parler de souveraineté alimentaire.
41:15 Comment l'assurer en France ?
41:17 C'est l'objectif que s'est en partie donné
41:19 le ministre de l'Agriculture.
41:21 Peut-on réduire nos importations ?
41:23 On en parle et on met les pieds dans le plat.
41:25 ...
41:29 La pomme polonaise vient concurrencer
41:31 la pomme française sur son propre marché
41:33 en cause des coûts de production
41:35 moins chers en Pologne
41:37 et une distortion de concurrence
41:39 qui pénalise aussi nos propres exportations.
41:41 Alors, dans ce contexte, comment assurer
41:43 notre souveraineté alimentaire ?
41:45 Clément Perrault s'est rendu dans des vergers du Limousin.
41:47 ...
41:49 - Rémi Gibault a bichonné
41:51 pendant 40 ans
41:53 ses 9 hectares de verger.
41:55 Mais aujourd'hui, c'est un tout autre
41:57 traitement qui attend les pommiers.
41:59 ...
42:01 Découragé par l'absence
42:03 de rentabilité de son exploitation,
42:05 l'arboriculteur a décidé de prendre
42:07 sa retraite et n'a trouvé aucun repreneur.
42:09 - C'est quand même triste
42:11 de finir une vie de production
42:13 comme ça.
42:15 J'aurais préféré que mes enfants
42:17 le reprennent ou même quelqu'un d'autre.
42:19 - Augmentation des charges,
42:21 prix de vente trop bas,
42:23 ces pommes ne rapportaient plus.
42:25 - Les dernières années, je perds
42:27 5 000 euros par hectare.
42:29 Donc c'est plus viable.
42:31 Il faut arrêter.
42:33 C'est dommage pour tout.
42:35 Ca fait quand même une économie locale,
42:37 ça fait travailler du monde,
42:39 c'est des pommes de proximité,
42:41 c'est tout positif.
42:43 - La France vient ainsi de perdre
42:45 500 hectares de verger en un an.
42:47 Une situation alarmante pour la filière.
42:49 Rémy vendait ses fruits
42:51 à la coopérative Limbdor,
42:53 à 3 km de ses vergers.
42:55 21 000 tonnes de pommes
42:57 y sont chaque année stockées,
42:59 conditionnées et vendues,
43:01 essentiellement à la grande distribution.
43:03 Aujourd'hui, Limbdor patine
43:05 pour écouler toute la production.
43:07 La pomme française est soumise
43:09 à la concurrence de pommes moins chères
43:11 importées de Pologne.
43:13 - Aujourd'hui, on est en distorsion de concurrence.
43:15 Ils arrivent à protéger leurs vergers
43:17 et leurs produits.
43:19 Avec une main d'oeuvre qui est moins chère,
43:21 ils sont capables de produire
43:23 à des prix défiants de toute concurrence.
43:25 On pourrait dire deux solutions.
43:27 Soit c'est les mêmes règles pour tout le monde
43:29 ou alors il ne faut accepter aucun kilo de pommes
43:31 qui rentre sur notre territoire
43:33 qui n'est pas respecté
43:35 les mêmes règles de production que nous.
43:37 - La pomme polonaise séduit particulièrement
43:39 les industriels qui produisent les compotes.
43:41 Star des supermarchés,
43:43 91 % des foyers français en consomment.
43:45 A l'heure où le gouvernement affiche
43:47 ses ambitions en matière de souveraineté alimentaire,
43:49 cette chute de la pomme est un pépin.
43:51 La production nationale a baissé
43:53 de 40 % en 30 ans.
43:55 Si la France continue de produire
43:57 plus de pommes qu'elle n'en consomme,
43:59 la balance menace de s'inverser.
44:01 - Aujourd'hui, on parle beaucoup
44:03 d'environnement, de bilan carbone.
44:05 Aujourd'hui, on est capable, sur notre territoire,
44:07 de produire des pommes
44:09 pour les consommateurs français.
44:11 Donc faisons en sorte, aujourd'hui,
44:13 que les politiques puissent nous aider
44:15 à continuer à rester souverains
44:17 sur notre production de pommes.
44:19 - L'Europe, le ministère de l'Agriculture
44:21 et certaines collectivités locales
44:23 proposent des plans pour la rénovation des vergers.
44:25 Les aides peuvent aller jusqu'à 50 %
44:27 des coûts de préparation des terrains
44:29 et d'achat des plans.
44:31 Insuffisant aujourd'hui pour convaincre
44:33 les jeunes agriculteurs de se lancer dans la pomme.
44:35 - Alors, Bruno Milienne,
44:37 les pommes françaises ne sont plus rentables
44:39 alors que c'est pourtant le fruit préféré des Français.
44:41 Comment peut-on assurer notre souveraineté alimentaire
44:43 si, finalement, on est obligé de détruire des vergers
44:45 et si on n'est pas suffisamment compétitif ?
44:47 - Comme disait Jacques Chirac,
44:49 "mangez des pommes".
44:51 Non, plus sérieusement. Là, vous voyez,
44:53 il y a un problème de distorsion,
44:55 notamment avec la pomme polonaise,
44:57 mais pas que. Le problème de distorsion,
44:59 il est d'abord sur le coût de production.
45:01 Le coût salarial est beaucoup moins cher en Pologne.
45:03 Là, on ne peut pas faire grand-chose.
45:05 On ne peut pas imposer aux Polonais le même SMIC qu'en France,
45:07 donc il y a un problème, déjà, de coût de production.
45:09 Il y a un problème de normes,
45:11 mais ce n'est pas l'Europe, encore une fois.
45:13 Les Polonais respectent les normes européennes.
45:15 C'est nous, la France, encore une fois,
45:17 qui avons surtransposé, pour des questions
45:19 de santé alimentaire, qu'on veut bien comprendre,
45:21 mais vous voyez les dégâts que ça fait derrière
45:23 quand on est dans la surtransposition.
45:25 - C'est-à-dire qu'on en fait trop ?
45:27 - Oui, mais je vais prendre un exemple.
45:29 Quand, en 2016, on a arrêté le diméthoate
45:31 sur les cerises, notamment,
45:33 et on a bien fait de le faire,
45:35 c'est une saloperie, le diméthoate.
45:37 - Il n'y a plus de marché de la cerise en France.
45:39 - Trois ans après, l'Europe l'interdit,
45:41 mais trois ans après, on avait 50 % de producteurs
45:43 de cerises en moins. C'est aussi simple que ça.
45:45 - Mais on mange toujours des cerises
45:47 avec du diméthoate ? - Non, c'est fini.
45:49 Depuis 2019, c'est terminé. - Ah bon ?
45:51 - Parce qu'elles sont rentrées quand même en France.
45:53 - Mais voilà, il y a un moment où...
45:55 Moi, je veux bien qu'on soit toujours
45:57 les premiers de la classe en matière agricole,
45:59 et on est les premiers de la classe en Europe, honnêtement.
46:01 Mais si c'est pour qu'il y ait un agriculteur
46:03 qui se suicide tous les jours, en moyenne,
46:05 il y a un moment où on ne peut pas mettre autant de contraintes
46:07 à nos agriculteurs, alors que les autres pays sont dans les clous.
46:09 Quand vous allez voir un agriculteur polonais,
46:11 ou vous allez voir un agriculteur même ukrainien,
46:13 même s'ils ne sont pas dans nos normes,
46:15 ou quand vous allez voir un agriculteur même,
46:17 je ne sais pas, moi, italien, espagnol,
46:19 le mec, il vous dit,
46:21 "Mais qu'est-ce que vous me reprochez exactement ?
46:23 Qu'est-ce que je ne respecte pas
46:25 au niveau européen ?"
46:27 Il respecte tout au niveau européen,
46:29 sauf que nous, on a surtransposé.
46:31 Il aurait fait une proposition, moi,
46:33 à nos députés européens, un moment,
46:35 mais c'est infaisable. Je me rends bien compte que c'est infaisable.
46:37 C'était valable pour les produits agricoles
46:39 comme valable pour n'importe quel produit.
46:41 De dire que dès l'instant qu'un produit d'Europe
46:43 est mieux disant en termes de santé environnementale
46:45 ou de santé sanitaire,
46:47 et bien, même si le label est commun à tout le monde,
46:49 ceux des pays européens
46:51 qui voulaient exporter
46:53 dans ce pays-là, et qui n'avaient pas
46:55 les mêmes normes
46:57 d'excellence,
46:59 étaient obligés d'enlever le label
47:01 correspondant pour qu'on fasse
47:03 la différence entre l'excellence
47:05 et le moins bon.
47:07 - Imaginez, on a les mêmes normes, on ne surtranspose pas,
47:09 on arrête ça, il y aura toujours
47:11 un problème de coût de production,
47:13 la pomme de mer sera toujours moins chère.
47:15 - Ça, ça peut se gérer.
47:17 - Et qu'est-ce qu'on dit à ces producteurs qui sont obligés d'arracher ?
47:19 - Ça peut se gérer beaucoup plus facilement.
47:21 Parce que vous avez une qualité,
47:23 malgré tout, du produit,
47:25 une façon de cultiver en France qui est différente.
47:27 Mais prenez d'autres exemples. Vous parliez de compote.
47:29 On va parler de compote et de jus de pomme.
47:31 Les Polonais font un truc
47:33 qui est totalement interdit en France,
47:35 mais qui n'est pas interdit en Europe.
47:37 Une pomme qui tombe au sol, vous n'avez pas le droit de l'utiliser.
47:39 À la revente. En Pologne, ils le font.
47:41 Ils font de la compote, ils font...
47:43 - Une pomme qui est parfaite, on n'a pas le droit de la...
47:45 - Vous n'avez pas le droit de la transformer.
47:47 - Ça se fait à la transformation. Ils ne la vendent pas...
47:49 - Vous n'avez pas le droit de la transformer,
47:51 vous n'avez pas le droit de la mettre, évidemment,
47:53 sur un étal. Nous, en France, on n'a pas le droit.
47:55 La petite pomme
47:57 qui n'est pas bien calibrée
47:59 ou qui n'est pas arrivée à maturité,
48:01 vous n'avez pas le droit de l'utiliser.
48:03 En Pologne, ils l'utilisent.
48:05 C'est toutes des interdictions qu'on s'est mises.
48:07 - Vous dites "arrêtons d'être les premiers de la classe",
48:09 mais quand j'entends les députés écologistes,
48:11 j'ai l'impression qu'on est les derniers de la classe.
48:13 Il faut le savoir. On a un bon édat, nous ?
48:15 On est l'excellence ?
48:17 - Les écologistes, ne m'en parlez pas.
48:19 Ce sont des gens qui sont capables de remettre
48:21 des véhicules poloants sur la route.
48:23 - Ça, c'est pas à table. - Non, c'est pas à table.
48:25 Il y a 2 ans, ils les ont remis sur la route.
48:27 Donc, ils ont l'écologie à géométrie variable.
48:29 Et surtout, ils ne regardent pas...
48:31 - Le médium est énervé. - Non, mais ils ne regardent pas
48:33 ce qui se passe dans la réalité. Il y a un moment,
48:35 il faut être dans la réalité des choses.
48:37 Il y a d'autres scandales. Je pense qu'à un moment,
48:39 il va falloir dénoncer. Moi, j'ai cru comprendre,
48:41 j'ai appris. Je n'ai pas le nom
48:43 de la coopérative, mais certaines coopératives
48:45 de pommicultures,
48:47 de pommiculteurs
48:49 achètent des pommes polonaises.
48:51 - Et les revendent comme quoi ?
48:53 - Les revendent en promotion
48:55 dans la GMS. Non,
48:57 pas forcément. - Pas forcément.
48:59 - Et les revendent comme pommes pas chères, on va dire.
49:01 Après, l'origine, on se débrouille.
49:03 Comme pommes pas chères. Pourquoi ?
49:05 Parce que ça leur offre un accès au GMS
49:07 privilégié pour leurs pommes
49:09 françaises à eux. - Mais alors, on en revient
49:11 toujours au même point. La pomme française,
49:13 elle sera plus chère que la pomme polonaise.
49:15 Qu'est-ce qu'on dit aux Français ?
49:17 Parce qu'on dit "souveraineté alimentaire", mais
49:19 "souveraineté alimentaire", il faut accepter de payer
49:21 plus cher parce que nous, on a des propositions pour GV.
49:23 - Au lieu de manger deux pommes, mangez qu'une pomme,
49:25 mais de qualité française. - Voilà, c'est ça.
49:27 Donc, accepter de mettre plus cher,
49:29 mais tous les jours.
49:31 - J'ai vu le reportage hier sur le gaspillage alimentaire
49:33 en France qui est énorme. On jette
49:35 beaucoup. - Donc, jetons moins
49:37 et achetons les pommes françaises. - Jetons moins, achetons mieux.
49:39 - Et notre souveraineté
49:41 alimentaire, est-ce que
49:43 dans l'esprit, ça va pas à l'encontre
49:45 du libre-échange, à l'encontre
49:47 de l'idée qu'on a de l'Europe ?
49:49 - Non, je vais vous dire pourquoi.
49:51 Moi, ce qui me gêne dans le libre-échange,
49:53 c'est quand vous faites croiser deux produits,
49:55 quels qu'ils soient, qu'ils soient alimentaires ou pas,
49:57 au-dessus de l'Atlantique, alors qu'ils ont les mêmes caractéristiques.
49:59 Et qu'ils sont fabriqués de la même façon.
50:01 C'est quoi l'intérêt ? Il n'y a aucun intérêt.
50:03 Simplement parce qu'on veut donner un petit peu plus de poids
50:05 à telle ou telle industrie française,
50:07 dans le pays avec lequel on signe l'accord de libre-échange.
50:09 Pour moi, je vois pas l'intérêt.
50:11 Se faire croiser deux steaks hachés au milieu de l'Atlantique...
50:13 - Oui, mais par exemple, si on prend le CETA,
50:15 on vend du vin ?
50:17 On n'importe pas tellement de vin canadien.
50:19 - Non, non, non, mais bien sûr.
50:21 - On exporte aussi beaucoup de fromage ?
50:23 - Bien sûr, mais dans les clos-miroirs,
50:25 on devrait avoir quelque chose qui dirait...
50:27 Tu fais de la côte de bœuf, je fais de la côte de bœuf.
50:29 D'abord, c'est pas du bœuf, en général, c'est du veau.
50:31 C'est du veau, c'est de la vache.
50:33 Je fais de la côte de bœuf, tu fais de la côte de bœuf.
50:35 C'est les mêmes, c'est la même race.
50:37 On va pas faire d'accord de transfert de...
50:39 - Vous êtes contre le CETA ?
50:41 - Moi, je me suis abstenu sur le CETA,
50:43 parce qu'il n'y avait pas le vétoclimatique.
50:45 Le vétoclimatique, c'est un petit bout de papier
50:47 qui a été signé entre Justin Trudeau
50:49 et le président de la République
50:51 à l'issue de l'accord.
50:53 Mais je suis obligé de reconnaître que le CETA
50:55 est très bénéfique à la Ferme à France,
50:57 au moins pour ce qui est fromage,
50:59 tout le lait, le vin, les spiritueux.
51:01 Il faut reconnaître aussi qu'en termes de viande,
51:03 ce qui est rentré en France...
51:05 - Et c'est très rentable.
51:07 - Ce qui est rentré en France du Canada
51:09 c'est 9 tonnes depuis qu'on a signé,
51:11 depuis 7 ans. Enfin, sérieux.
51:13 Il faut être sérieux 5 minutes.
51:15 Et puis il y a tous ceux qui sont contre les accords
51:17 d'aéroéchange. Moi, je suis d'accord qu'il faille mieux les encadrer,
51:19 notamment sur la nourriture.
51:21 Mais franchement, si vous avez pas
51:23 le libre-échange, il n'y a pas de commerce.
51:25 Bien sûr qu'il y a du commerce. Régie par quoi ?
51:27 L'OMC, vous croyez que c'est le plus protecteur
51:29 des agriculteurs ? Je crois pas.
51:31 - Il n'y a pas une hypocrisie, parce que le mot
51:33 libre-échange est devenu presque un gros mot aujourd'hui,
51:35 où on a justement en toile de fond
51:37 le mécontentement des agriculteurs, la souveraineté,
51:39 en deux mots, parce qu'il faut qu'on passe au dessert.
51:41 - Non, mais le CETA, moi j'ai vu le vote
51:43 des Républicains au Sénat,
51:45 c'est juste un scandale.
51:47 Ils sont pour le libre-échange, ils ont fait une opération
51:49 purement électoraliste pour les Européennes.
51:51 C'est du clientélisme.
51:53 Moi, certains accords de libre-échange,
51:55 moi je regarde toujours la partie climatique,
51:57 mais si on parle simplement des produits,
51:59 certains accords et beaucoup d'accords du libre-échange,
52:01 notamment le CETA, sont bien plus protecteurs
52:03 pour la Ferme France
52:05 que ne peut l'être l'Organisation mondiale du commerce,
52:07 avec des échanges qui se font sans contrôle.
52:09 Il faut qu'on travaille effectivement
52:11 les closes-miroirs,
52:13 qu'on soit beaucoup plus vigilants là-dessus,
52:15 pour ne pas se retrouver en concurrence
52:17 sur des produits qui n'ont pas
52:19 les mêmes normes environnementales que nous,
52:21 mais ça, ça s'arrange, c'est une volonté européenne.
52:23 - Allez, on a fini la pastilla,
52:25 on passe à présent au dessert,
52:27 et c'est le péché mignon.
52:29 - Alors Brigitte, avec Bruno Mignagne,
52:33 il faut avoir de l'appétit parce qu'on enchaîne
52:35 une pastilla et une tarte au citron meringué,
52:37 chapeau ! Alors l'histoire de la tarte au citron
52:39 meringué n'est pas banale, c'est Elisabeth Goodwell,
52:41 une pâtissière américaine qui l'aurait
52:43 inventée en 1806, moi je ne savais pas, à Philadelphie,
52:45 en fait c'est un bien gros mot quand elle l'a inventée,
52:47 elle a réuni trois choses,
52:49 elle a pris la crème au citron qui était très britannique,
52:51 qui existait déjà au 18ème siècle,
52:53 le fond de tarte américain
52:55 pour leur fameuse "K-Lime Cake",
52:57 et puis elle est allée chercher
52:59 la meringue qui a été
53:01 inventée en Suisse, un verre 1600,
53:03 par un chef originaire d'Italie, Gasparini,
53:05 et qui a donné à ce mélange de blanc d'œufs
53:07 et de sucre le nom de la ville où il travaillait,
53:09 "meringue", "meringue",
53:11 "citron et fond de tarte", ça donne
53:13 ce dessert. - C'est votre dessert préféré ?
53:15 - Alors je vais vous faire un aveu,
53:17 je ne suis pas sucre, du tout.
53:19 - Mais ça c'est bien votre commande !
53:21 - Non mais c'est bien ma commande, et pourquoi c'est cette commande ?
53:23 Parce que c'est effectivement,
53:25 sur le fait que je ne sois pas sucre,
53:27 c'est le dessert qui me fait craquer.
53:29 - C'est votre petite
53:31 Madeleine de Proust alors ?
53:33 - Un peu, ouais. Parce qu'il y a ce côté
53:35 acidulé, qui se mélange
53:37 aussi un petit peu au côté sucré,
53:39 qui donc, moi, ne m'envahit pas
53:41 le côté sucré finalement, au fond de la bouche,
53:43 et j'aime bien ce mélange-là,
53:45 j'adore le citron, avec la meringue.
53:47 - Alors, goûtez-la.
53:49 - Alors j'ai consulté les archives de PAT,
53:51 il y a eu plein d'invités qui nous ont donné une tarte au citron,
53:53 mais alors, chaque fois, monsieur Mignan
53:55 est le seul à avoir voulu la meringue,
53:57 et je me suis dit, mais attention, sans meringue !
53:59 C'est un vrai débat clivant.
54:01 - Ah bon ? C'est un débat clivant ?
54:03 - C'est un peu comme Beatles, Rolling Stone,
54:05 on est meringue ou pas meringue ?
54:07 - Et bien là, ce sera Bob Marley,
54:09 c'est la chanson que vous avez choisie, vous et Noemilienne,
54:11 on l'écoute ensemble.
54:13 [Musique]
54:15 [Musique]
54:17 [Musique]
54:19 - C'est pas possible de parler de meringue.
54:21 - C'est bon ?
54:23 - Oui.
54:25 - Quelle est la chanson de Bob Marley ?
54:27 - Hum.
54:29 Parce que d'abord, ça me rappelle ma jeunesse,
54:31 mon enfance, je dois être un des privilégiés
54:33 qui a pu assister
54:35 à un des derniers,
54:37 si ce n'est le dernier concert de Bob Marley en Europe,
54:39 c'était à la Plaine du Bourget, en 79.
54:41 - Ah oui ? Génial.
54:43 - C'est un moment,
54:45 j'en ai les larmes aux yeux,
54:47 c'est un moment inoubliable.
54:49 Ce mec-là, pour les gens de ma génération,
54:51 ça a été
54:53 le porteur d'espoir,
54:55 le porteur de paix, le porteur des luttes,
54:57 des gens qui ont souffert.
54:59 Cette chanson m'exprime bien,
55:01 puisque c'est la lutte d'un régiment
55:03 de gens
55:05 de provenance d'Afrique noire,
55:07 pendant la guerre de sécession,
55:09 qui était évidemment du côté de l'Union
55:11 et pas du côté des sécessionnistes,
55:13 et qui voulait évidemment supprimer l'esclavage.
55:15 Moi, ma famille,
55:17 je vous apprends tout, finalement.
55:19 Quand on mange, on dit beaucoup de choses.
55:21 Ma famille est plutôt originaire de Martinique,
55:23 donc on est plutôt descendants d'esclaves.
55:25 Et tout ça,
55:27 je crois que c'est imprimé quelque part
55:29 dans les gènes.
55:31 Et ces histoires-là
55:33 de gens qui se battent pour la cause,
55:35 de gens qui vont chercher
55:37 de la justice sociale,
55:39 à travers aussi ce personnage
55:41 qui a été un personnage extraordinaire.
55:43 Je vous avoue, j'ai été voir le biopic, il n'y a pas longtemps,
55:45 de Bob Marley.
55:47 - Oui, parce qu'il y a un film qui vient de sortir.
55:49 En termes cinématographiques,
55:51 sûrement pas le film génial de l'année,
55:53 mais pour ceux qui ont pu
55:55 voir Bob Marley sur scène,
55:57 ou ceux qui ont suivi ses albums,
55:59 c'est exceptionnel. Il faut voir l'ambiance dans la salle,
56:01 sur le générique de fin.
56:03 Dans la salle, elle est transformée en boîte de nuit.
56:05 Tout le monde danse.
56:07 - Merci Bruno Milian de nous avoir fait partager
56:09 tous ses souvenirs. - Merci à vous.
56:11 - Merci à vous d'avoir accepté l'invitation de Politique à table.
56:13 Merci à vous tous de nous avoir suivis.
56:15 Et rendez-vous bien sûr la semaine prochaine
56:17 pour un nouveau numéro sur LCP.
56:19 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
56:22 ♪ Fighting an arrival ♪
56:25 ♪ Fighting for survival ♪
56:28 ♪ ♪ ♪
56:30 [Musique]

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