L'interview de 9h20, avec Marine Jacquemin, ancienne reporter de guerre

  • il y a 4 mois
Léa Salamé reçoit Marine Jacquemin, ancienne reporter de guerre et auteure du livre "Mes guerres - Confidences d'une grand reporter" (Editions de l'Observatoire).

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Transcript
00:00 - Et Léa, ce matin vous recevez l'une de nos consoeurs, grand reporter.
00:04 - Bonjour Marine Jacquemin.
00:05 - Bonjour Léa.
00:06 - Merci d'être avec nous ce matin.
00:08 Si vous étiez un pays, une chaîne de télé et un homme d'État, ou une femme, vous seriez qui ?
00:13 Vous seriez quoi ?
00:14 - Alors, un pays, je serais la Birmanie parce que c'est le premier grand voyage que j'ai effectué dans ma vie.
00:19 J'avais 17 ans et c'est un pays d'une beauté inimaginable.
00:24 Quand on remonte ce fleuve, les Rarouadis, jusqu'à Pagan, 3000 temples.
00:29 C'est une respiration.
00:31 Et parallèlement, c'est un pays dirigé par une dictature la plus sanglante et la plus abominable du monde.
00:39 Et voilà comment les contraires arrivent à se rencontrer malheureusement.
00:44 - La Birmanie, donc une chaîne de télé ?
00:46 - Ah ben une chaîne de télé...
00:48 - Vous êtes obligée ?
00:49 - Non, je ne suis pas obligée.
00:51 J'ai le plaisir de vous dire que oui, je serais...
00:54 Enfin, j'aime TF1.
00:56 J'y ai passé une grande partie de ma vie, j'ai rencontré des gens magnifiques.
01:02 Et puis, j'ai rencontré Martin Bouygues, qui a été un homme extrêmement important dans ma vie,
01:09 pour ce que vous savez, pour l'hôpital de Kaboul.
01:11 Donc, pour toutes ces raisons, elle a été très critiquée cette chaîne.
01:15 Et pourtant, c'est une chaîne magnifique.
01:18 - Voilà.
01:18 - Et même si ça s'est mal terminé pour vous, ce que vous racontez dans le livre,
01:21 les dernières années à TF1 ont été difficiles.
01:24 On va en parler dans un instant.
01:25 Et si vous étiez un homme ou une femme d'État ?
01:28 - Alors, c'est difficile.
01:29 Je dirais une Mandela ou une Gandhi.
01:34 Mais en fait, je suis allée récemment dans un pays qui s'appelle l'Estonie,
01:38 qui est un tout petit pays dans les Pays Baltes.
01:41 Et là, j'ai rencontré, j'ai vu une femme qui s'appelait Kaya Kalas.
01:47 Personne ne la connaît.
01:48 - La première ministre.
01:49 - La première ministre de l'Estonie et qui, aujourd'hui, se bat contre l'ogre russe,
01:54 toute seule, avec son petit pays, ses petits moyens.
01:56 Et là, c'est un espoir formidable pour les femmes d'aujourd'hui,
02:01 qui, à mon avis, un jour dirigeront le monde.
02:04 - Le monde, justement.
02:06 Le monde est dangereux à vivre, non pas tant à cause de ceux qui font le mal,
02:10 mais à cause de ceux qui regardent et qui laissent faire.
02:13 Pourquoi avez-vous choisi cette citation d'Albert Einstein en exergue de votre livre, Marine Jacmin ?
02:18 - Parce que c'est toute l'ambiguïté d'une vie de reporter.
02:21 C'est-à-dire qu'on essaie de faire ce qu'on peut,
02:24 mais quand on est face, par exemple, au Rwanda, face à un génocide,
02:28 face à des gens qui vous appellent au secours, qui vous disent que vous êtes les seuls à pouvoir nous sauver,
02:33 et qu'on est là, seule, avec son petit micro à l'heure tendre,
02:37 et ça laisse un goût amer.
02:38 Les retours sont difficiles dans notre pays où on a tout.
02:43 Et on se demande toujours, mais qu'est-ce que je pourrais faire ?
02:45 Qu'est-ce que je pourrais faire ?
02:46 Et moi, évidemment, j'ai eu une vie, à départ, assez difficile,
02:51 ne pas pouvoir avoir d'enfant,
02:53 et cette impuissance que j'ai constatée en permanence sur le terrain,
02:58 un jour, je me suis dit, je ferais quelque chose de grand, je ne savais pas quoi.
03:02 Et un jour, l'opportunité se présente, elle s'est présentée pour moi.
03:06 - Et ça a été l'hôpital de Kaboul.
03:07 - Voilà, elle s'est présentée pour moi avec Muriel Rebin, qui m'a dit "Qu'est-ce qu'on peut faire ?"
03:11 Et je lui ai répondu "Je ne sais pas quoi."
03:12 - Vous avez donc ouvert cet hôpital de Kaboul, qui fait partie du livre, qui est une grande partie du livre.
03:18 Effectivement, cet hôpital de Kaboul que vous avez pu ouvrir grâce au fonds de Martin Bouygues,
03:21 mais d'autres donateurs, en 2005, il y a 20 ans.
03:25 Est-ce qu'aujourd'hui, avec le retour des talibans, il fonctionne toujours cet hôpital ?
03:28 - Alors, une fois de plus, je dirais que, moi j'étais allée voir les talibans
03:34 avant la construction de cet hôpital, pour leur dire qu'il y avait beaucoup d'attentats à ce moment-là,
03:38 il n'était plus au pouvoir, et les yeux bandés, j'étais arrivée pour voir un des mollahs,
03:44 et je lui avais... Vous savez, les mollahs ne vous regardent pas dans les yeux en général.
03:48 - Et vous deviez avoir les yeux bandés quand vous leur avez rencontré ?
03:51 - Non, non, non, non.
03:52 - Pour arriver jusqu'à lui ?
03:53 - Pour arriver jusqu'à lui, oui. Et je les regardais droit dans les yeux, et je lui ai dit
03:57 "C'est un pays qui est en guerre depuis si longtemps, laissez-nous construire un hôpital,
04:02 et surtout ne le détruisez pas, parce que c'est pour vos femmes, vos enfants, vos familles."
04:07 Et aujourd'hui, il se passe un peu la même chose. C'est-à-dire qu'ils ont l'autre jour...
04:13 Ils sont rentrés dans l'hôpital de Kaboul, et il y a une femme là, enfin il y avait parce qu'elle vient de partir,
04:19 malheureusement, Sonia Cotin, qui les a raisonnés, qui leur a dit "Cet hôpital ne peut pas fonctionner sans les femmes."
04:27 Parce qu'on a encore dans cet hôpital un potentiel, la chaîne de l'espoir qui dirige cet hôpital médicalement,
04:33 et ce sont les gens de l'Aga Khan qui la dirigent financièrement.
04:38 Donc dans cet hôpital, il y a encore des femmes, et les talibans ont conçu de ne pas les empêcher de travailler,
04:49 et surtout, à présent, ils envoient leurs familles, enfin c'est dingue !
04:54 Pour soigner leurs enfants, les enfants des talibans, donc ils fonctionnent toujours, votre hôpital.
04:57 Et c'est le phare de la France en Afghanistan, j'en suis très fière.
05:01 Marine Jacquemin, vous êtes une des grands reporters françaises les plus connues et les plus reconnues.
05:05 Vous racontez donc dans ce livre "Mes guerres" aux éditions de l'Observatoire,
05:09 40 ans de conflits armés que vous avez couverts pour TF1, du Liban à Sarajevo, en passant par l'Irak, la Tchétchénie, le Rwanda.
05:16 Des conflits armés mais aussi, et c'est sans doute ce qui fait la singularité de votre livre par rapport à d'autres mémoires de grands reporters,
05:22 des guerres plus intimes. Celles que vous avez menées contre l'endométriose qui vous a empêché d'être mère, vous l'avez dit.
05:27 Celles contre le cancer du colon qui vous a frappé, celles contre le harcèlement morel d'un de vos patrons à TF1 à la fin.
05:32 Et aussi les combats d'une femme reporter dans un monde d'hommes à l'époque, parce que des femmes il y en avait très peu.
05:38 Quand vous commencez dans les années 80, des femmes grands reporters il y en avait très peu.
05:42 Et qui plus est une femme blonde, vous dites, non c'est pas anecdotique, vous dites que vous avez pris encore plus cher dans le machisme
05:48 parce que vous étiez blonde que si vous aviez été brune.
05:51 C'est-à-dire, femme et blonde, épulpeuse, c'était mal barré.
05:55 Très mal barré.
05:57 Quand j'obtenais par exemple l'interview de Chirac, il y a même une femme qui avait dit "bah oui, évidemment, avec le physique on obtient tout".
06:06 Ça m'avait vraiment choquée.
06:08 On vous soupçonnait d'avoir couché même pour obtenir vos interviews exclusives.
06:11 Oui, des choses comme ça, alors que c'était Chloé Chirac qui parmi un monde d'hommes m'avait choisie.
06:16 Ensuite, quand je n'étais pas Mata Hari, j'étais mère Teresa.
06:20 Vraiment, c'était terrible.
06:22 Je ne me souviens plus de votre question.
06:27 Non, c'est la blondeur.
06:29 La blonde, oui, voilà, c'est anecdotique.
06:31 C'est une anecdote, mais c'est aussi ça ce livre-là, c'est le mélange.
06:35 C'est aussi votre vie en fait.
06:37 Il y a des guerres intimes, des guerres de femmes.
06:39 J'avais pas envie d'écrire ce livre et c'est vraiment le hasard.
06:43 Vous avez lu...
06:45 C'est une lettre d'enseignante en 2019.
06:47 Toujours vous avez refusé d'écrire vos mémoires.
06:49 Et puis une lettre d'enseignante qui vous demande de venir expliquer aux jeunes ce que c'est d'être grand reporter.
06:53 Là, vous dites "Allez, j'y vais, je me mets à écrire".
06:56 Oui, elle s'appelle Mélanie Freinet et pendant le Covid, elle m'avait contactée avant le Covid.
07:00 Et pendant le Covid, elle a exhumé 2000 de mes reportages.
07:03 Et ensuite, elle est arrivée après le Covid et elle m'a dit "Alors, qu'est-ce qu'on fait de ça ?
07:07 Vous allez vous retourner un peu sur votre passé ? Arrêtez d'avancer ?"
07:12 C'est vrai que je ne m'étais jamais retournée sur mon passé.
07:15 Et sur ces entrefaits, maman est partie et je vais un jour dans la cave avec cette archiviste,
07:23 qui est prof au demeurant, et elle voit un carton "Maman pour Marine".
07:27 Et elle me dit "Mais c'est quoi ça ?" parce que je lui dis "J'ai besoin de ranger ma cave à deux secondes et tout".
07:32 Et qu'est-ce qu'il y a dans ce carton ?
07:33 Et dans ce carton, il y a des lettres de téléspectateurs.
07:35 Mon appartement a brûlé.
07:36 Il y a des tas de lettres de téléspectateurs, des photos, des papiers qui avaient été écrits sur moi, etc.
07:42 Votre mère avait tout archivé ?
07:45 Tout sur vous.
07:46 Et la conjonction de ces deux femmes a fait que j'ai voulu écrire ce livre pour une forme de transmission.
07:52 Tout de suite, on entre dans votre baptême de feu face à la guerre.
07:55 La première fois que vous avez vu la mort en face, c'est au Liban en 1985.
07:59 Le Liban est alors en pleine guerre civile.
08:00 Vous partez dans le sud avec votre caméraman et votre preneur de son.
08:04 Et là, vous avez un char de l'armée israélienne qui était entré au Liban à ce moment-là,
08:07 qui vous vise, vous écrivez "Sans sommation, le char nous vise et tire un éclair blanc.
08:13 Sous mes yeux, le caméraman est projeté en l'air, il implose.
08:16 La tête du preneur de son est scalpée.
08:19 Ici, au bout de cette route, ma vie vient de basculer pour toujours."
08:24 Il y aura un avant et un après le Liban.
08:26 Parce que moi, j'étais allée au Liban par amour, rejoindre l'homme que j'aimais,
08:31 qui n'en pouvait plus de cette mère en deuil à répétition, et qui était parti pour un an vivre à...
08:37 Il était lui-même reporter de guerre.
08:40 Et oui, ma vie a basculé.
08:43 Et puis, ce même jour où ma vie a basculé, le soir même, il y a une fête.
08:49 Alors vous savez, mieux que personne, les Hac, cette ville était séparée en deux, l'Est et l'Ouest.
08:55 Et donc...
08:56 Les chrétiens et les musulmans.
08:57 Les chrétiens et les musulmans.
08:59 Et donc je suis invitée chez une jeune femme qui s'appelle Amal Mogheisel,
09:03 qui est une femme formidable, dont la mère était une des dix femmes de l'ONU,
09:08 et le père ministre.
09:10 - Qu'est-ce que vous aimez être ? Les disgressions ?
09:13 - Oui, j'adore les disgressions, parce que c'est important, toutes ces disgressions.
09:17 Et je tombe sur un monde...
09:20 Je viens de voir trois hommes mourir sous mes yeux, on est en pleine guerre,
09:23 et j'arrive, ils font la fête.
09:26 Elle arrive vers moi, elle me dit "si tu fais cette gueule-là toute la soirée,
09:29 c'est pas la peine de rester.
09:31 Tu vois, nous ici, on sombre en rigolant, en picolant, en baisant.
09:36 On a besoin de ça.
09:37 Tu peux comprendre, toi qui arrives d'un monde de paix ?"
09:40 Et elle me dit "moi, vraiment, je ne comprends pas".
09:43 Puis le lendemain, elle revient et elle me dit "tu sais, tu m'as fait réfléchir cette nuit".
09:47 En fait, je n'ai que 22 ou 23 ans à l'époque.
09:50 Et elle me dit...
09:52 Et en fait, je me suis dit "et si c'était cette femme qui avait raison ?
09:55 Et si c'était nous dans la déraison ?
09:57 Si on s'était laissé faire par la guerre ?"
09:59 Et elle me dit "tu sais quoi ? J'ai rêvé que j'arrivais en France,
10:02 et je voulais toutes les cartes.
10:04 Les cartes vertes, les cartes bleues, les cartes vitales.
10:06 Je voulais être enfin en paix."
10:08 Et elle est venue.
10:10 Quelques temps plus tard.
10:11 Je ne sais pas quoi vous faire raconter tellement il y en a des souvenirs.
10:15 Il y aura Sarajevo plus tard, la guerre en ex-Yougoslavie.
10:17 Vous faites un reportage qui sera très remarqué.
10:19 A Djakovika, ville martyr du Kosovo, mise à feu par les serbes.
10:23 Toutes les maisons sont détruites, sauf une miraculeusement préservée.
10:27 Et là, vous entendez une mélodie jouer au piano.
10:29 C'est le thème du film "Love Story".
10:32 Et vous vous rapprochez.
10:33 Qu'est-ce que vous voyez ? Qu'est-ce que vous entendez ?
10:35 Alors c'est quelque chose d'assez incroyable.
10:38 Dans ce monde en guerre précisément.
10:39 Et merci de me donner la parole là-dessus.
10:42 J'arrive dans une maison avec mon équipe.
10:45 La maison est à moitié en ruines.
10:47 Et en montant très doucement l'escalier,
10:50 en suivant avec le preneur de son la musique,
10:52 on arrive, c'est une jeune fille qui a des anglaises.
10:55 Et une robe impeccable.
10:57 Et elle joue au piano, de dos.
10:59 Et je dis à mon équipe, enfin au caméraman,
11:03 je lui dis "écoute, restons discrets, filme-la".
11:05 Son père est en face d'elle, il est assis sur le canapé.
11:08 Et puis tout d'un coup la musique s'arrête.
11:11 Il nous voit, je m'approche de lui,
11:13 et je lui dis "qu'est-ce qu'il se passe ?"
11:15 Et il me dit "ma femme, ce matin, a été violée
11:20 sous les yeux de ma petite fille,
11:22 et tuée.
11:24 Et mes fils ont été emmenés comme otages.
11:29 Et depuis, la petite ne parle plus,
11:33 elle n'a plus dit un mot, elle est allée au piano,
11:35 elle s'est habillée, elle est allée au piano.
11:37 Et alors, l'histoire ne s'arrête pas là.
11:41 C'est tellement dur à vivre.
11:44 Tellement oppressant que je monte sur la terrasse,
11:46 et de loin, je vois dans cette ville,
11:49 qui est en feu,
11:51 un oradour sur glane pire,
11:53 puisque c'est tout le village qui est en feu,
11:56 et je vois un petit carré de verre.
11:59 Et je dis à mon cameraman "tu ne peux pas me faire
12:01 le doubleur de focale, j'ai l'impression
12:03 qu'il y a des apiculteurs".
12:05 Il me dit "ce n'est pas possible, regarde,
12:07 ce sont des apiculteurs".
12:09 Et on va les voir.
12:11 Et les ruches ont été sauvées.
12:13 Et l'homme parle avec ses abeilles.
12:15 C'est toutes ces anecdotes, ces incidents de guerre,
12:18 ces beautés dans l'horreur de la guerre que vous racontez.
12:21 Il y a aussi la guerre près de chez vous.
12:23 En 1986, décidément, vous êtes poursuivie
12:25 par les tourments du monde.
12:26 Vous venez en répit entre deux guerres.
12:28 En 1986, à Paris, vous prenez un café
12:30 en rue de Rennes.
12:32 Sauf que, juste à côté de vous,
12:34 aura lieu l'attentat du Hezbollah
12:36 contre le magasin Tati, rue de Rennes.
12:39 Sept morts, des dizaines de blessés.
12:41 Et là, alors que vous prenez votre café,
12:43 vous avez la guerre qui vient dans votre pays,
12:45 chez vous.
12:47 - Ah, à Paris, ça a existé.
12:49 Ce n'est pas d'aujourd'hui que ça existe.
12:51 Et curieusement, une fois de plus,
12:54 je rentre du Liban,
12:56 et la première jeune fille blessée que je vois,
12:59 parce que c'était terrible, c'était une boucherie.
13:03 Et la première jeune fille à laquelle je tombe au micro,
13:06 elle me dit "je suis libanaise, je viens d'arriver à Paris".
13:09 Et elle a les deux mollets explosés.
13:11 Elle dit "mes parents m'ont envoyée parce qu'ici, c'est la paix".
13:14 - Le Proche-Orient, vous parlez du Liban,
13:17 mais vous y êtes allée tant de fois.
13:19 Vous avez interviewé Yasser Arafat,
13:21 vous avez couvert les Intifadas,
13:23 vous êtes allée à Gaza.
13:25 Qu'est-ce que cette guerre encore et toujours,
13:27 la répétition du même dans ce Proche-Orient,
13:29 tant de morts encore aujourd'hui,
13:31 qu'est-ce que cela vous inspire ?
13:33 Et évidemment, à Lone, je suis obligée de vous poser la question,
13:36 parce que c'est l'actualité de la décision du procureur d'hier,
13:40 qui met en accusation et qui lance un mandat d'arrêt
13:42 contre Netanyahou, mais aussi contre les dirigeants du Hamas.
13:45 - C'est 76 ans d'un conflit, vous le connaissez tous,
13:48 ce conflit qui n'a pas de fin.
13:50 La Cour pénale internationale,
13:54 moi, j'accepte ce qu'elle demande,
14:00 parce qu'on ne peut pas avoir deux poids, deux mesures,
14:03 si elle veut être crédible, cette Cour internationale.
14:06 Elle doit justement essayer de voir la vérité
14:13 entre ce qui se passe, deux poids, deux mesures, comme d'habitude.
14:17 Alors aujourd'hui, c'était Netanyahou d'un côté,
14:20 le Hamas de l'autre.
14:22 Bien sûr, le 7 octobre est dans nos cœurs,
14:24 c'est une horreur absolue, ce qui s'est passé.
14:27 Je pense encore à tous les otages qui sont là-bas.
14:31 Mais je me suis dit, lorsqu'il y a eu le 7 octobre,
14:35 parce que j'ai rencontré Yitzhak Rabin,
14:38 et je me suis dit, qu'est-ce que cet homme ferait
14:40 pour répondre à ce massacre ?
14:43 Moi, je ne m'attendais pas à ce qu'Israël puisse
14:46 être attaqué de cette manière.
14:48 J'avoue que vraiment, ça a été un choc.
14:50 Et qu'est-ce que ferait Rabin qui disait
14:53 "Nous sommes destinés à vivre sur cette terre
14:56 et sur ce sol, ensemble".
14:59 Il était pour la paix, cet homme.
15:01 Qu'est-ce qu'il ferait ? Et je ne pense pas,
15:03 et beaucoup d'Israéliens avec moi,
15:05 et beaucoup de Palestiniens avec moi,
15:07 parce que moi je suis sur les deux bords,
15:09 et j'ai des amis très chers sur les deux bords,
15:11 qui pourraient être amis.
15:13 Ce n'est pas en répondant à l'horreur, par l'horreur,
15:16 qu'on arrivera à un dialogue et qu'on arrivera à une paix.
15:19 Et c'est terrible d'avoir répondu de cette manière.
15:23 Bien sûr qu'il fallait répondre,
15:26 mais pas avec cette ampleur-là.
15:28 Marine Jacquemin, on arrive à la fin de cet entretien.
15:30 Malheureusement, j'ai envie de vous dire,
15:32 que j'ai vraiment aimé vous faire aussi parler
15:34 des guerres intimes que vous avez menées
15:36 contre l'endométriose à 37 ans.
15:38 Les pages sur le fait, ce gynécologue qui va vous dire
15:41 que vous n'aurez pas d'enfant sont déchirantes.
15:43 Vous racontez la blessure que ça a été
15:45 de ne pas pouvoir avoir d'enfant.
15:47 Vous racontez votre cancer également.
15:49 Vous racontez le harcèlement moral que vous avez subi
15:51 les dernières années à TF1 par un de vos patrons,
15:53 parce que vous prenez la défense d'un caméraman
15:55 qui a été licencié et il vous fera vivre l'enfer.
15:58 Et surtout, vous comprendrez qu'on vous dira à 50 ans...
16:01 C'est très important de parler du harcèlement moral
16:03 parce qu'on parle de beaucoup de harcèlement aujourd'hui.
16:05 Oui, et puis quand on vous dit à 50 ans,
16:07 en gros, laisser la place aux jeunes, ça fait partie.
16:09 Le harcèlement moral, c'est dangereux.
16:11 C'est dangereux, on peut se suicider.
16:13 Moi, j'en ai fait un cancer probablement.
16:15 Le deuxième cerveau, le cancer du colon.
16:17 Protégez-vous !
16:19 Et donc, oui, bon...
16:21 Il y a tout ça, mais il faut acheter le livre pour le lire.
16:24 Vous racontez aussi votre amitié longue et profonde
16:26 avec François Mitterrand qui vous conseille des livres.
16:28 Virginie Aoul, Faragon, Chardonne.
16:30 Vous racontez tout ça dans ce livre-là.
16:32 On va terminer juste par des petites questions légères,
16:34 comme à chaque fois.
16:36 Instagram ou Twitter, Marine Jacmin ?
16:38 Instagram.
16:40 Albert Lond ou Joseph Kessel ?
16:42 Kessel, parce qu'il a écrit un livre,
16:44 l'un de mes livres préférés,
16:46 "Les mains du miracle".
16:48 Full Metal Jacket ou Apocalypse Now ?
16:50 Peut-être Apocalypse Now,
16:52 c'est plus de ma génération.
16:54 Vous auriez aimé présenter un 20h ?
16:56 Pas du tout, j'ai présenté un 23h,
16:58 j'ai détesté.
17:00 Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
17:02 Liberté.
17:03 Et Dieu dans tout ça ?
17:05 Alors Dieu...
17:07 En 10 secondes, Marine !
17:09 Dieu en 10 secondes !
17:10 Je parle avec mes parents tous les jours.
17:15 Et ils m'envoient des signes.
17:17 Et parce que je suis plus dans la spiritualité,
17:20 je n'aime pas les religions
17:22 qui ont fait tant de morts.
17:24 Ou non.
17:26 Vous avez fait la guerre,
17:28 confidence d'une grande reporter à l'Observatoire,
17:30 où vous parlez aussi de spiritualité,
17:32 de vos retraites, notamment en Inde.
17:34 Il y a tout ça dans ce livre,
17:36 j'espère que ça a donné envie aux auditeurs de l'acheter.
17:38 Merci beaucoup Marine Jacquemin.

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