• il y a 7 mois
Découvrez le récit émouvant de Charlotte, une mère confrontée à la perte tragique de sa fille, décédée à seulement 9 ans. Cette vidéo explore les défis de santé de cette dernière dès sa naissance, les diagnostics erronés et les moments intenses à l'hôpital, jusqu'à son combat final contre une complication inattendue. Charlotte partage avec nous sa douleur, sa résilience, et le processus de deuil, offrant un témoignage poignant sur la force maternelle face à l'insoutenable.

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Amusant
Transcription
00:00 Je savais qu'ils allaient l'emmener dans ce frigo, là ça a été vraiment terrible pour moi.
00:05 Cette séparation a été vraiment...
00:08 J'avais tellement l'impression de l'abandonner dans ce frigo froid, je voulais pas qu'elle aille là-bas.
00:14 Vraiment, ça m'a fait très très mal.
00:16 Bonjour, je m'appelle Charlotte, je suis la maman de Naoël, une petite fille décédée à l'âge de 9 ans,
00:22 il y a maintenant 3 ans.
00:24 Je vais commencer par le commencement.
00:26 Je suis tombée enceinte en 2008 à l'âge de 19 ans, d'une petite fille, tout allait bien,
00:31 jusqu'à l'échographie des 6 mois, où là on a vu qu'elle avait un problème au niveau de son cerveau.
00:36 Au départ, on nous a annoncé qu'elle avait ce qu'on appelle une agénésie du corps caleux,
00:41 qui allait faire que clairement elle allait être un légume.
00:44 On m'a proposé une interruption volontaire de grossesse, une IMG,
00:48 pour moi c'est ce qui allait se passer, j'avais perdu mon bébé, c'était vraiment terrible.
00:53 On m'a quand même dirigée vers un grand hôpital, à une heure de chez moi,
00:57 pour faire des examens plus approfondis.
00:59 Et finalement, il s'est avéré que ce n'était pas ça, c'était moins grave que ce qu'on pensait.
01:03 Elle avait trop de liquide céphalorachidien au niveau de son cerveau,
01:06 en fait elle avait une hydrocéphalie, qui allait faire qu'elle allait sûrement avoir quelques retards,
01:10 mais c'était même pas sûr, c'était pas si grave.
01:13 On m'a annoncé qu'elle aurait sûrement un côté plus court que l'autre, qu'elle boiterait,
01:17 mais à côté de ce qu'on m'avait annoncé au départ, c'était vraiment pas grave pour moi,
01:21 c'est rien, y'a pas de soucis.
01:23 J'ai accouché aux 8 mois, jusqu'au dernier moment on m'a quand même proposé d'effectuer l'interruption de grossesse,
01:29 mais bien sûr, chose que j'ai refusée.
01:31 Donc elle est née dans cet hôpital, à une heure de chez moi, le jour des 37 semaines de grossesse,
01:37 et il s'est avéré petit à petit qu'elle avait beaucoup plus de soucis que prévu.
01:42 Au fil des jours et des semaines, on a découvert qu'elle avait beaucoup de soucis de santé,
01:47 et qu'elle avait une maladie très rare qui s'appelle la dysplasie septo-optique.
01:51 Donc c'est une malformation au niveau du cerveau qui fait beaucoup de soucis,
01:56 et surtout qu'elle avait tous les symptômes, elle avait la forme la plus grave on peut dire.
02:02 Donc voilà, elle est restée des semaines, des mois à l'hôpital, ça a été long,
02:06 se sont ajoutés des soucis de santé au fil des années.
02:10 Elle a fini par développer de l'épilepsie, assez rapidement d'ailleurs,
02:13 donc voilà, ça a été des années vraiment difficiles, elle a été souvent dans des états critiques,
02:17 mais elle s'en est toujours sortie, d'ailleurs on disait qu'elle allait tous nous enterrer,
02:21 tellement elle était incroyablement courageuse, même si elle ne parlait pas,
02:25 elle nous donnait beaucoup de force.
02:28 Jusqu'à ce jour, le 16 avril 2008, quand je l'ai réveillée, je me suis aperçue qu'elle avait des boutons
02:35 de varicelle sur son corps, et en fait ses trois soeurs avaient la varicelle.
02:39 Elle avait de la peine à respirer, elle n'arrivait pas à avaler ce que je lui donnais à manger,
02:44 donc j'ai tout de suite pensé à une complication de la varicelle, puisqu'elle était assez fragile.
02:49 Donc je l'ai tout de suite emmenée à l'hôpital, j'ai pris mon bébé de trois mois avec moi,
02:53 et j'ai filé aux urgences.
02:55 Et là, ils ont pensé aussi à une complication, mais la pédiatre a très vite vu que ce n'était pas ça,
03:01 c'est une forme d'épilepsie, elle tombait, je ne sais pas si ça se dit, dans une sorte de coma épileptique.
03:07 Donc plus la journée est passée, plus son état s'empirait, et en fait on attendait une place
03:13 dans un autre hôpital, parce que dans l'hôpital de notre ville, il n'y avait pas de réanimation pédiatrique,
03:18 et il fallait lui passer des médicaments plus forts, et pour ça il fallait la mettre sur un respirateur artificiel.
03:25 Et donc toute la journée, je voyais bien qu'ils cherchaient une place, mais il n'y avait de place nulle part,
03:29 en fait, dans les hôpitaux.
03:30 Donc on a attendu, ils ont fini par, ils n'allaient pas la laisser comme ça, bien sûr,
03:35 donc ils ont dû l'intuber, donc ils l'ont emmenée en salle de déchocage, on ne pouvait pas l'accompagner,
03:40 du coup en attendant on est partis prendre ses affaires, pour partir on ne savait pas où,
03:44 mais on est partis prendre ses affaires et les nôtres, et ensuite quand on est revenus aux urgences,
03:49 je me suis présentée à l'accueil, je leur ai dit "ma fille est en salle de déchocage,
03:52 je voudrais la rejoindre", et de là, elle a cherché son nom sur son ordinateur,
03:57 elle m'a dit "je ne trouve pas".
03:59 Et premier réflexe, je me suis dit "elle n'est pas morte quand même".
04:02 Donc elle est partie se renseigner, ils nous ont mis dans un bureau, avec la pédiatrie et l'interniste,
04:07 et là ils se sont mis à parler, à nous expliquer ce qui s'est passé,
04:10 mais je ne me souviens même plus ce qu'ils nous ont dit.
04:12 Au final on leur a demandé "mais elle est morte ?" et là la réponse était positive.
04:17 Et là le ciel tombe sur la tête en fait, vraiment, je me retrouve sur une autre planète,
04:25 ils nous emmènent jusqu'à la salle où elle est, et là je tiens à peine sur mes jambes,
04:32 en fait c'est indescriptible.
04:35 Donc là ils nous laissent quelques heures avec elle dans cette chambre d'hôpital au niveau des urgences.
04:39 Donc ça allait parce que quand elle était hospitalisée, elle dormait souvent,
04:44 donc j'avais l'impression qu'elle n'était pas morte, en fait j'étais avec elle,
04:48 elle dormait, elle était là, elle était belle, j'ai pleuré,
04:51 mais mon cerveau n'a pas assimilé tout de suite en fait.
04:55 Jusqu'à quand même lorsqu'on est parti des urgences pour rentrer, il devait être 23h,
05:00 il était tard le soir, je savais qu'ils allaient l'emmener dans ce frigo,
05:04 là ça a été vraiment terrible pour moi, cette séparation a été vraiment...
05:09 J'avais tellement l'impression de l'abandonner dans ce frigo froid,
05:13 je ne voulais pas qu'elle aille là-bas, vraiment ça m'a fait très très mal.
05:17 Donc on est rentrés, le lendemain ça s'est enchaîné, les papiers bien sûr,
05:23 tous les papiers pour la faire venir au funérarium.
05:27 Donc au funérarium ça s'est bien passé, comme lorsqu'on était à l'hôpital,
05:32 j'avais l'impression qu'elle dormait sur le lit, Dieu m'a beaucoup facilitée,
05:37 j'ai effectué le lavage mortuaire, j'en suis très contente,
05:41 et vraiment Dieu m'a facilité pour cette épreuve.
05:46 Sur le coup, ça a été...
05:48 Mentalement, j'appréhendais vraiment cette mise en terre,
05:51 de voir le cercueil descendre, déjà que la mise en bière a été difficile.
05:55 La mise en terre, j'appréhendais beaucoup,
05:57 et la personne qui m'a emmenée au cimetière, je lui ai indiqué la route,
06:01 et inconsciemment, c'était vraiment pas fait exprès,
06:04 on s'est retrouvés dans un autre cimetière qui n'était pas le bon,
06:07 je lui ai dit "mais il n'y a personne, pourquoi personne n'est venu ?"
06:10 Après je lui ai dit "mais c'est pas là, en fait, mais c'est pas ce cimetière !"
06:13 Du coup, on a été au bon cimetière ensuite, et la mise en terre était terminée.
06:18 Elle était terminée, et je me dis vraiment, c'est Dieu qui a fait que ça se passe comme ça,
06:26 pour pas que je voie l'insoutenable, peut-être que je me serais évanouie, je sais pas.
06:30 Déjà ça a été terrible quand même de voir cette terre,
06:33 de savoir qu'elle était là, en dessous,
06:36 mais j'ai été vraiment beaucoup facilité.
06:41 Ensuite est venu le moment où je suis rentrée chez moi seule, sans elle.
06:45 Et c'est là que le pire commence, je pense.
06:49 Finalement, je pouvais pas dormir la nuit,
06:53 je mettais la télé nuit et jour, enfin toute la nuit,
06:57 je regardais la télé toute la nuit,
07:00 dès que je fermais les yeux, je revivais tous ces moments
07:04 qui se sont passés assez bien pour moi,
07:07 parce que je riais même beaucoup, je m'en suis voulue,
07:10 enfin quand elle était au funérarium et tout,
07:13 j'avais besoin de ça, je sais pas, mais je m'en veux,
07:16 parce que c'est vraiment de l'inconscience.
07:19 Et en fait, je revivais toute cette scène comme si je les voyais de dans haut,
07:23 je fermais les yeux, je revivais tous les moments,
07:26 l'hôpital, le funérarium, l'enterrement,
07:29 comme si ça se passait au moment pendant lequel j'y pensais.
07:32 Ça a été vraiment des semaines ensuite difficiles,
07:35 mais je suis pas quelqu'un qui me laisse à bac,
07:38 qui me laisse mourir, qui me laisse déprimer, c'est pas possible.
07:42 Surtout que j'avais trois autres enfants à m'occuper,
07:45 donc je suis vite relevée, et essayé de donner le meilleur de moi à mes enfants,
07:50 pas qu'ils voient une maman déprimée, ça serait vraiment pas leur rang de service.
07:54 Donc on a surmonté ça, et il y a des moments de tristesse,
07:58 même si je croise un enfant en dehors, en fauteuil roulant,
08:01 ça me fait terriblement mal au coeur.
08:04 Il y a des moments comme ça tous les jours, c'est en moi,
08:07 ça partira jamais, c'est de la tristesse au fond.
08:10 Ceux qui ont vécu le deuil d'un enfant me comprendront.
08:15 Donc voilà, ensuite un an après, j'ai eu un petit garçon.
08:19 Après avoir eu quatre filles, j'ai eu mon petit renom de soleil.
08:24 Donc aujourd'hui je suis maman de quatre enfants.
08:28 Et je suis très heureuse de les avoir, aussi.
08:32 Mon oxygène, vraiment, je les aime tellement.
08:38 Donc voilà, bonne histoire.
08:40 Et aujourd'hui je suis moi-même malade, mais rien à voir avec ma fille,
08:45 rien de grave, rien de mortel, vraiment pas...
08:51 C'est totalement différent, mais je souffre de maladies auto-immunes.
08:54 Et voilà, je mène ce combat-là, aussi.
08:57 Et ça me replonge dans cette solitude, vraiment, quelle maladie.
09:02 J'ai tellement ressenti cette solitude avec ma fille, en fait.
09:05 A l'instance que personne ne pouvait nous comprendre, la famille est là,
09:09 mais c'est vraiment difficile, et là je me retrouve encore face à ça.
09:13 Comme avec ma fille, exactement, en fait.
09:15 Elle a envie d'en parler, mais pas envie de saouler les gens.
09:19 Quand on raconte des choses aux gens,
09:21 ils peuvent très vite être mal à l'aise et ne pas savoir quoi dire,
09:24 et nous donner l'impression qu'ils s'en fichent.
09:26 Bon, je ne suis pas bête, je ne pense pas que les gens s'en fichent,
09:29 mais du coup, de tout garder pour soi,
09:33 c'est vraiment une grande solitude qu'on peut ressentir au quotidien.
09:37 Et je pense que ceux qui souffrent de maladies auto-immunes me comprennent.
09:40 Je leur souhaite plein de courage,
09:42 ainsi qu'à ceux qui ont perdu un enfant ou un proche.
09:44 Et la vie continue, tout ça c'est des épreuves qui nous font avancer,
09:48 qui nous font être meilleures.
09:50 Moi, je sais que ma fille est au paradis, est heureuse.
09:54 Après toute cette vie de souffrance,
09:56 elle a ce qu'elle mérite, vraiment, elle a vraiment ce qu'elle mérite.
10:00 Et c'est un moteur pour moi.
10:03 Malgré son départ, ça reste un moteur qui me pousse à œuvrer pour le bien,
10:07 pour pouvoir la rejoindre au paradis.
10:09 J'ai beaucoup de chance d'avoir des croyances, à mon sens.
10:14 Je pense que je vois les gens qui perdent un enfant ou un être proche
10:19 qui n'ont rien à quoi se raccrocher,
10:22 qui croient en rien, qui pensent qu'il n'y a rien.
10:25 Après, il y en a qui se retrouvent même sans enfant.
10:27 C'est vraiment terrible.
10:28 Et je suis très reconnaissante de croire en Dieu
10:31 et de m'accrocher, d'avoir cette chance,
10:33 d'avoir cette envie d'être la meilleure possible.
10:36 Quand je suis en forme, de pouvoir m'occuper de mes enfants,
10:39 sortir les gâtés, qu'ils aient de merveilleux souvenirs.
10:43 Voilà.

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