• il y a 6 mois
Marylise Léon, secrétaire nationale de la CFDT, était l'invitée du Face à Face sur BFMTV et RMC.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:09 8h32 sur BFMTV et RMC. Bonjour Marie-Lysélène.
00:12 Bonjour.
00:13 Vous êtes la secrétaire générale de la CFDT, le premier syndicat de France.
00:16 Merci d'être avec nous ce matin.
00:18 On va évidemment revenir sur l'événement hier sur BFMTV et RMC,
00:23 le débat entre les 8 principales têtes de liste aux européennes.
00:26 Et vous me direz qui vous avez trouvé le plus convaincant
00:28 ou la plus convaincante sur la question sociale.
00:30 Mais avant cela, je voudrais vous entendre sur la nouvelle réforme de l'assurance chômage.
00:34 Vous nous réservez ce matin la primeur de la réaction de la CFDT.
00:38 À ce micro hier, la ministre du Travail, Catherine Vautrin,
00:42 dévoilait les contours de cette réforme.
00:45 Réduction de la durée d'indemnisation,
00:47 durcissement des conditions pour être éligible à une indemnisation.
00:51 Il faudra désormais avoir travaillé 8 mois sur 20
00:55 au lieu de 6 mois sur 24 mois.
00:58 Pour Catherine Vautrin, il s'agit de s'aligner sur ce qui est fait ailleurs en Europe.
01:03 J'ai regardé, la CFDT a toujours été pro-construction européenne.
01:07 Cet alignement, cette convergence européenne, c'est une bonne chose pour vous ?
01:11 Cette réforme, c'est une énième réforme,
01:14 c'est la troisième ou quatrième réforme de l'assurance chômage depuis 2019.
01:18 Moi, elle me met en colère.
01:21 Je me mets vraiment en colère parce qu'elle suppose un ensemble d'éléments
01:26 qui vont à l'inverse de tout ce qu'on a pu construire, nous,
01:31 organisation syndicale et patronale, depuis un certain nombre d'années.
01:34 L'assurance chômage, ça existe depuis 1958.
01:36 On a toujours agi en responsabilité.
01:38 Et aujourd'hui, on assiste à un détricotage en règle
01:41 d'un certain nombre d'éléments, de protections.
01:44 L'assurance chômage, ça porte bien son nom.
01:46 C'est une assurance.
01:47 Et je trouve que...
01:48 La raison pour laquelle je suis en colère, c'est que je trouve que c'est honteux
01:51 que le gouvernement, aujourd'hui, se cache derrière,
01:54 soit disant, le plein emploi pour faire, en fait, une réforme
01:56 qui est purement budgétaire.
01:58 Ce sont plus de plusieurs milliards d'euros qui vont être faits
02:01 sur les droits des chômeurs.
02:02 Et là où l'Europe est souvent montrée en exemple,
02:06 c'est que c'est extrêmement compliqué, en fait, de comparer
02:09 des régimes d'assurance chômage en Europe.
02:11 Vous dites que cet argument ne tient pas.
02:12 Cet argument ne tient pas du tout parce que,
02:14 quand on veut comparer des systèmes de protection sociale,
02:16 il faut prendre l'ensemble des éléments.
02:18 L'assurance chômage toute seule, ça ne veut rien dire.
02:21 Et si on compare avec la Belgique, l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie,
02:25 il faut regarder de façon beaucoup plus globale
02:28 le régime de l'ensemble du système de protection sociale.
02:32 Donc, quand ça les arrange, ils vont chercher des exemples
02:35 pour faire des comparaisons.
02:37 Mais quand il s'agit des droits...
02:39 Là, je pense que la question fondamentale, c'est qu'on a un gouvernement
02:42 qui veut uniquement faire une réforme budgétaire.
02:44 On va y revenir sur les arbitrages budgétaires, Marlise Léon,
02:47 mais pas convaincue par l'argument de l'alignement européen,
02:49 pas convaincue davantage que c'est une réforme
02:51 qui permettra d'aller vers le plein d'emplois.
02:53 Dans les arguments de Catherine Vautrin, c'est aussi dire
02:55 que l'emploi ou le chômage, ce n'est pas que l'indemnisation,
02:57 c'est aussi accompagner ceux qui cherchent un emploi.
03:00 Et de ce point de vue-là, la réforme, plus globalement,
03:04 aidera à les y accompagner.
03:05 Non, parce que l'accompagnement, il va être plus difficile
03:08 lorsque les personnes en situation de recherche d'emploi,
03:11 elles vont savoir qu'elles auront moins de temps,
03:13 qu'elles auront un niveau d'indemnisation qui sera moindre.
03:16 - Qu'est-ce que vous craignez qu'elles acceptent des jobs moins bien payés,
03:19 moins bien qualifiés ?
03:20 - Ce que je crains, c'est la bascule vers la pauvreté.
03:22 Clairement, aujourd'hui, on nous dit qu'on veut faire une réforme
03:25 pour aller vers le plein emploi.
03:27 Le durcissement des régles d'assurance chômage
03:29 n'ont jamais créé des emplois.
03:32 On a aujourd'hui une réforme qui est purement budgétaire,
03:35 on a une réforme d'incitation retour à l'emploi,
03:38 soit disant, ce qui veut dire, et je trouve ça purement honteux,
03:41 c'est de considérer que tous les chômeurs sont des profiteurs
03:44 et des personnes qui ne recherchent pas d'emploi.
03:47 Or, on sait exactement, quand on fait des contrôles
03:50 sur les recherches d'emploi, qu'il y a 91% des personnes
03:53 qui recherchent un emploi qui sont au chômage,
03:55 qui le font réellement.
03:57 Et je trouve que c'est honteux de considérer
04:00 que quand on est au chômage, on est privilégié.
04:03 Et ça, c'est un message que l'on porte fortement.
04:07 Et j'alerte tous ceux qui nous écoutent et qui nous regardent.
04:10 Le chômage, ça ne concerne pas que les autres.
04:13 Une personne sur deux dans sa carrière professionnelle
04:16 va avoir un moment où il va passer au chômage.
04:18 Donc, ça concerne tout le monde, potentiellement.
04:21 Ça concerne déjà des millions de personnes
04:23 qui vivent extrêmement mal cette situation.
04:25 Et je trouve ça honteux de les stigmatiser comme ça
04:29 et de considérer qu'on va aller comme ça vers le plein emploi.
04:33 En fait, le vrai motif, il n'est pas sur la table.
04:35 Le vrai motif, il est budgétaire uniquement.
04:37 - Marie-Léon, pour bien vous comprendre,
04:38 quand vous dites budgétaire, c'est-à-dire,
04:39 vous essayez par exemple de rassurer les agences de notation.
04:41 On sait que vendredi, Standard & Poor's doit dire
04:44 si la dette est soutenable.
04:45 C'est ça ce que vous voulez dire par "c'est budgétaire" ?
04:47 - C'est budgétaire.
04:48 C'est considérer qu'en faisant la poche des chômeurs,
04:51 on va récupérer de l'argent.
04:53 Le régime d'assurance chômage est en excédent depuis 2023.
04:58 - Mais endetté.
04:59 - Il va dégager encore plus.
05:00 - Mais endetté, on dirait Élise Léon.
05:01 - Oui, il est endetté, mais on va procéder.
05:03 Mais pourquoi il est endetté ?
05:04 Le régime d'assurance chômage, il est endetté
05:06 parce que ça a été un amortisseur social extrêmement important
05:10 au moment de l'activité partielle pendant le Covid.
05:12 Ce sont des milliards d'euros.
05:14 On appelle ça d'ailleurs la dette Covid.
05:16 Le régime d'assurance chômage a été solidaire.
05:18 Il a été solidaire pour maintenir les emplois, les compétences.
05:22 Et donc aujourd'hui, on fait payer aux chômeurs cette solidarité.
05:25 Je trouve ça honteux.
05:27 - Marie-Lyséon, est-ce que vous avez une évaluation à la CFDT
05:30 du nombre de personnes indemnisées sous les règles actuelles
05:33 et qui ne le sauront plus à partir du 1er décembre ?
05:35 - On est en train de faire chiffrer.
05:36 Ce n'est pas la CFDT qui va le faire toute seule.
05:39 On a un outil qui est extrêmement important
05:41 qui s'appelle l'UNEDIC, qui est en fait un organisme paritaire
05:44 où il y a les organisations syndicales et patronales
05:46 et qui va faire ce chiffrage.
05:48 Mais ce qui est fou, c'est que ce chiffrage,
05:50 il va être fait après que les décisions soient prises.
05:52 - Vous dites qu'on fait les choses à l'envers ?
05:53 - On fait les choses à l'envers.
05:54 C'est-à-dire que le gouvernement a regardé un centableur Excel.
05:57 Il a mis les curseurs là où il pouvait dégager
05:59 un maximum de milliards d'euros.
06:01 Et après, on va regarder quels seront les impacts.
06:04 Moi, ce que déjà je peux dire, c'est que les personnes
06:06 qui seront impactées en premier, ce sont les jeunes.
06:10 - Pour quelles raisons ?
06:11 - Parce qu'en fait, ce sont eux qui ont besoin
06:13 de quelques mois de travail pour rentrer
06:15 dans le régime d'assurance chômage.
06:17 Aujourd'hui, on est à 6 mois.
06:18 Il va falloir travailler 8 mois pour rentrer.
06:21 - 2 mois de plus, c'est vraiment la mer à boire, Marie-Lyse Léon.
06:23 - Oui, c'est difficile.
06:24 Vous savez, il y a des chômeurs,
06:25 ils comptent chaque jour de travail pour pouvoir s'en sortir
06:28 et faire en sorte de pouvoir retourner vers l'emploi.
06:31 - L'exemple que prenait Catherine Vautrin,
06:32 ministre du Travail hier, c'est de dire au fond,
06:34 8 mois sur 20 mois, c'est pour un saisonnier,
06:36 2 fois 4 mois.
06:37 - Oui, mais je prends un exemple,
06:39 la récolte de la canne à sucre à La Réunion,
06:41 c'est une période de 5 mois.
06:43 Comment ils vont pouvoir compléter leur activité ?
06:46 Il va falloir travailler 3 mois de plus.
06:48 Il y a dans certains secteurs, certains territoires,
06:51 pour certaines activités, c'est très compliqué.
06:54 Oui, c'est très compliqué.
06:55 Vous savez combien il y a de contrats de moins d'un mois ?
06:58 4,7 millions de contrats de moins d'un mois
07:00 ont été signés en 2023.
07:02 Ça a explosé.
07:04 C'est-à-dire qu'on est sur des contrats courts,
07:06 voire très courts.
07:07 On voit aussi augmenter le nombre de contrats
07:09 de moins d'un jour.
07:11 Donc oui, 2 mois de plus de travail pour quelqu'un
07:15 pour pouvoir accéder au chômage, c'est beaucoup.
07:18 - Mais là, Marie-Lise Léon, l'argument du gouvernement
07:20 est tout trouvé, il vous dit "bonus malus".
07:22 On va sanctionner les entreprises
07:23 qui multiplient ces contrats courts.
07:25 - Vous avez entendu les annonces sur le bonus malus ?
07:27 - Moi, je n'ai rien entendu.
07:28 - C'est une réflexion.
07:29 Ce n'est pas des raisons, ce n'est pas des annonces.
07:31 - C'est "cache" pour les chômeurs.
07:32 - On verra plus tard pour les entreprises.
07:34 - Vous soupçonnez le gouvernement de renvoyer plus tard
07:36 et de ne jamais le faire, au fond ?
07:37 - Je pense qu'ils n'ont pas la main qui tremble
07:41 quand il s'agit de diminuer les droits des chômeurs.
07:43 J'aimerais qu'ils aient la main un peu plus ferme
07:45 quand il s'agit de demander des comptes aux entreprises.
07:48 Et ce sont les entreprises qui sont responsables
07:50 de la durée des contrats, de la nature,
07:52 du contenu du travail, de l'activité, des salaires.
07:55 Donc il ne faut pas non plus considérer
07:57 que les salariés décident de tout.
07:59 - Mais le bonus/malus pour sanctionner les entreprises
08:01 qui abusent des contrats courts, c'est une bonne idée ?
08:03 - La question n'est pas de la sanction,
08:05 la question c'est de diminuer les contrats courts
08:07 et le recours à ces contrats.
08:08 On a aujourd'hui des secteurs d'activité...
08:09 - Des contrats plus chers, de fait, si les entreprises...
08:11 - Oui, c'est les rentes plus chères.
08:12 Il y a des secteurs d'activité qui, aujourd'hui,
08:14 se moquent complètement des conditions d'emploi,
08:16 des conditions de travail.
08:17 Les entreprises qui, notamment,
08:19 utilisent beaucoup de contrats courts.
08:21 Le secteur du social et du médico-social,
08:24 ils ne sont pas dans le bonus/malus.
08:25 Aujourd'hui, ce sont les plus gros consommateurs
08:27 de contrats courts.
08:28 On est sur des activités non délocalisables.
08:31 On est sur des emplois extrêmement locaux, territoriaux.
08:35 C'est incompréhensible qu'aujourd'hui,
08:38 le gouvernement n'aille pas vers une généralisation
08:40 du bonus/malus.
08:41 - Marie-Élise Léon, je rappelle que vous êtes
08:43 secrétaire générale de la CFDT,
08:44 le premier syndicat en France.
08:46 Est-ce que, dans cette réforme,
08:48 vous saluez quelques avancées sur les seniors,
08:51 par exemple, les plus de 57 ans ?
08:52 Le gouvernement annonce la possibilité,
08:55 s'ils acceptent des emplois un peu moins bien payés
08:58 que leurs derniers contrats,
08:59 de pouvoir bénéficier de leur salaire
09:02 et de l'indemnité chômage pendant un an.
09:04 - Oui, mais ce qu'ils n'ont pas dit,
09:06 c'est une ados-retour à l'enfant.
09:07 - Oui, c'est une ados.
09:08 Mais qu'est-ce qu'on leur demande, en fait ?
09:11 Quels sont les efforts que les entreprises
09:13 vont devoir faire ?
09:14 Moi, je n'ai rien trouvé de ce côté-là,
09:17 en termes d'implication des employeurs
09:20 à devoir prendre leur part.
09:22 Un, éviter de licencier les seniors.
09:24 Deux, favoriser leur retour à l'emploi.
09:26 - Ils réclament par exemple un CDI senior.
09:28 - Ce sont les seniors qui, sur leur droit,
09:30 vont payer le factualité de pouvoir retourner à l'emploi.
09:34 Pour moi, c'est totalement déséquilibré.
09:36 - Les entreprises, par exemple,
09:37 ce qu'elles mettent sur la table,
09:38 c'est l'idée d'un CDI senior.
09:39 Je crois que les organisations syndicales
09:40 sont plutôt réservées.
09:41 - Oui, réservées, parce qu'il y a un moment...
09:43 Il va falloir bientôt que les employeurs
09:45 vont demander à être payés pour embaucher les gens.
09:47 C'est ça, en fait.
09:48 Ils veulent des contrats aidés sur tout.
09:50 Surtout sur les jeunes, sur les seniors.
09:52 Mais je pense qu'on a un vrai sujet
09:54 d'engagement des entreprises
09:56 et de prise de responsabilité.
09:57 J'aimerais que les employeurs
09:59 rendent un peu plus de comptes
10:01 sur l'ensemble des aides qui leur sont octroyées.
10:03 Je prends l'exemple du crédit d'impôt recherche, par exemple.
10:06 Aujourd'hui, c'est 7 milliards d'euros par an,
10:09 avec extrêmement peu de comptes à rendre
10:11 de la part des entreprises qui le touchent.
10:13 Je pense à Sanofi, par exemple.
10:15 1200 postes sont visés aujourd'hui.
10:18 On en est au troisième plan social en 5 ans.
10:23 Ils touchent énormément d'argent,
10:25 des millions d'euros,
10:27 avec ce crédit d'impôt recherche.
10:29 Et ils peuvent mener des restructurations,
10:31 comme ils l'entendent.
10:32 Moi, je trouve ça profondément injuste.
10:34 C'est un enjeu extrêmement démocratique.
10:36 Et aujourd'hui, je pense que les entreprises
10:38 doivent être contraintes à rendre plus de comptes
10:40 sur ce qu'elles font de ces aides publiques.
10:42 - Marie-Lise Léon, je vous ai rarement entendu aussi en colère.
10:44 Quel débouché va avoir cette colère ?
10:46 Je sais que vous allez vous voir entre organisations syndicales.
10:49 - On va faire le point entre organisations syndicales.
10:51 - Tout est sur la table. Le mot "grève" n'est pas tabou.
10:53 - Non, ce n'est pas tabou.
10:54 Après, ça ne va pas forcément être l'alpha et l'oméga
10:56 de l'action syndicale.
10:57 Moi, ce qui me préoccupe, c'est la situation des personnes
10:59 qui vont être impactées par cette réforme.
11:02 Aujourd'hui, ils sont invisibles.
11:04 Aujourd'hui, on considère qu'ils sont tranquillement
11:06 assis tous dans leur canapé,
11:08 à ne pas faire d'efforts pour retourner à l'emploi.
11:10 Il y a une pétition qui est en ligne,
11:12 qui concerne Alain, qui est un senior,
11:14 qui a 58 ans, qui décrit extrêmement bien
11:16 sa situation et ses difficultés de retour à l'emploi.
11:19 J'encourage tous ceux qui sont sensibles à cette question,
11:23 qui trouvent que c'est injuste de signer cette pétition.
11:25 Elle est sur change.org.
11:27 C'est un premier engagement et un premier témoignage
11:30 de cette solidarité.
11:31 - Je reviens sur les modes d'action.
11:33 On voit, par exemple, que sur les Jeux olympiques,
11:36 la menace de grève par un certain nombre de syndicats
11:38 a fait bouger des entreprises, des primes sont accordées.
11:41 Il y a des annonces tous les jours.
11:43 Est-ce que sur l'assurance chômage, la grève est une option ?
11:46 Parmi les autres options que vous avez, c'est quoi ?
11:48 C'est boycotter les futures discussions avec le gouvernement ?
11:51 - On verra.
11:52 On va attendre le texte du décret 2,
11:55 avoir l'étude d'impact pour voir quels sont les effets directs.
11:58 Les recours juridiques seront potentiellement aussi sur la table.
12:02 Après, je ne mélange pas tous les sujets.
12:05 Les Jeux olympiques, c'est une chose.
12:07 Les Jeux olympiques et paralympiques,
12:09 il y a cet enjeu pour la réussite de cet événement.
12:13 - Pour être très clair, la réforme de l'assurance chômage
12:15 ne vous a pas convaincue de vous mettre en grève ?
12:17 - Je ne vais pas prendre la menace de faire une action
12:20 pendant les JO ou menacer les JOP
12:23 parce qu'il y a une réforme de l'assurance chômage qui est sur la table.
12:26 Ça serait pénaliser l'ensemble des Français,
12:30 des citoyens du monde qui ont envie de suivre cet événement festif,
12:34 alors que c'est le gouvernement qui emporte la responsabilité,
12:37 qui les assume.
12:38 - Marie-Lise Léon, vous le disiez hier sur BFMTV et RMC,
12:41 c'est le grand débat des têtes de liste pour les Européennes.
12:44 Pendant un peu plus de trois heures,
12:46 les huit principaux candidats ont échangé,
12:48 notamment sur la question du pouvoir d'achat des salaires et du travail.
12:51 Est-ce que parmi ces huit principaux candidats,
12:53 il y en a un, il y en a une,
12:55 qui vous semble plus crédible sur la question sociale
12:57 et sur la défense des travailleurs ?
12:59 - Il y a des candidats et des candidates plus crédibles que d'autres ?
13:02 - Certainement pas de nom,
13:03 puisque ça ne fait pas partie de mon job.
13:08 J'invite tous ceux qui s'intéressent à ces questions-là
13:12 à aller voir sur le site cfdt.fr.
13:14 Nous avons fait, nous, une audition des candidats
13:16 et on a retransmis, on a auditionné six candidats.
13:20 Voilà, donc on avait les six candidats qui ont un projet pour l'Europe
13:24 et qui n'ont pas un projet caché de détruire l'Europe de l'intérieur.
13:30 L'URN Reconquête n'a pas été sollicité par la CFDT.
13:34 Je pense qu'ils n'ont pas besoin d'être invités à la CFDT
13:36 pour pouvoir s'exprimer.
13:38 Et deuxièmement, ce sont des formations politiques
13:40 qui ont intrinsèquement comme projet politique
13:43 la création d'inégalités de droit entre les citoyens.
13:48 - Et pourtant dans ce cas, moi j'enlève un paradoxe immédiat.
13:51 Dans notre dernière enquête Elabe pour BFM TV et La Tribune Dimanche,
13:55 non seulement Jordane Bardella, le candidat d'URN,
13:57 surclasse absolument tous ses adversaires,
14:00 mais surtout il est en tête auprès de toutes les catégories
14:03 socio-professionnelles, à l'exception des cadres.
14:06 Le candidat qui aujourd'hui recueille le plus de voix des travailleurs,
14:09 c'est la tête de liste du Rassemblement National.
14:12 Et vous dites "on ne lui parle pas".
14:14 - Non, on ne lui parle pas, mais après ça ne veut pas dire
14:16 que nous ne parlons pas à ses électeurs.
14:18 Tous les travailleurs et les travailleuses qui se font duper
14:20 et qui pensent que voter pour ces extrêmes,
14:22 c'est voter pour du progrès, ils se trompent.
14:25 Donc moi, mon travail en tant que responsable de l'organisation syndicale,
14:28 c'est d'aller à leur rencontre et de leur dire en quoi c'est du mensonge.
14:32 - Est-ce que vous vous expliquez pourquoi ils construisent votre RN ?
14:35 - Ça fait partie d'un ensemble.
14:37 Je pense qu'il y a la question d'une forme de délitement
14:40 d'un ensemble de formations politiques qui ont été moins en proximité.
14:44 Moi, je pense que la question du travail et de l'emploi
14:46 a été abandonnée par un certain nombre aussi de formations politiques.
14:49 Ça fait longtemps qu'on parle beaucoup d'emploi.
14:52 La question du travail, la question des conditions de travail,
14:55 comment je peux bien faire mon travail, comment je suis reconnue,
14:57 comment je suis respectée, ça fait partie des choses
15:00 dont les formations politiques et les partis doivent beaucoup mieux mettre en avant.
15:06 - Est-ce qu'il y a une part ou une forme de part de responsabilité d'Emmanuel Macron ?
15:10 Je vous dis ça parce qu'il y a pile un an, pendant la réforme des retraites,
15:14 votre prédécesseur Laurent Berger mettait en garde
15:16 contre une crise sociale qui se transformait en crise démocratique.
15:19 Et lui disait "attention, ce sont les extrêmes qui vont en profiter".
15:24 - Qui vont en profiter, oui.
15:25 - Est-ce que vous faites le lien entre la réforme des retraites,
15:28 la réforme de l'assurance chômage et un vote des travailleurs pour Jordane Bardella ?
15:32 - Moi, je fais le lien entre cette tentation d'être séduit par des discours,
15:37 parce que je pense que ce sont des discours uniquement pour accéder au pouvoir,
15:40 que ce qui va être fait réellement sera extrêmement différent.
15:44 On regarde les votes à l'Europe par exemple,
15:47 le Rassemblement national vote contre l'égalité entre les hommes et les femmes,
15:51 il vote contre la transparence salariale, il vote contre le devoir de vigilance,
15:55 c'est-à-dire la responsabilité des entreprises de l'honneur d'ordre vis-à-vis des sous-traitants.
15:59 Donc c'est un projet antisocial, c'est clair.
16:02 Après, qui en est responsable ?
16:04 - Vous ne faites pas le lien direct entre Emmanuel Macron et la montée du Rassemblement national ?
16:07 - Non, mais ça, c'est pas mon boulot.
16:09 Ma préoccupation, c'est de savoir comment on construit du progrès social,
16:12 comment on peut mettre les enjeux de travail, de pouvoir d'achat,
16:16 les enjeux de protection, la façon dont on peut vraiment amener les travailleurs
16:21 à se dire "demain, demain peut être meilleur".
16:24 Nous, c'est ce qu'on fait au quotidien.
16:26 On défend les salariés, les travailleurs de casinos par exemple,
16:29 qui sont menacés d'être vendus ou de perdre leur boulot.
16:34 C'est ça, moi, mon boulot.
16:36 - Et vous leur dites ?
16:37 - C'est ça, mon boulot.
16:38 - Le Rassemblement national ne répond pas à vos...
16:40 - C'est une impasse. Voter pour les extrêmes, voter pour l'extrême droite,
16:42 c'est voter contre les droits sociaux.
16:43 Le message est clair et limpide.
16:45 Après, chacun fera son opinion en fonction des listes et il faut aller voter.
16:50 - Il est passé Marie-Lise Léon.
16:52 Je voulais vous entendre aussi sur une actualité internationale.
16:55 La CFDT s'est positionnée sur la reconnaissance par trois pays européens
17:00 de l'État palestinien, l'Espagne, l'Irlande, la Norvège,
17:03 qui aujourd'hui vont officiellement reconnaître l'État palestinien.
17:06 Est-ce que la France doit leur emboîter le pas ?
17:09 - Moi, je pense que oui.
17:10 Mon organisation y est favorable.
17:12 Je pense qu'on est à un moment de tension extrême.
17:15 La CFDT est favorable.
17:17 Bien entendu, il faut libérer les otages, il faut un cessez-le-feu
17:20 et il faut la reconnaissance de deux États
17:22 qui doivent avoir la capacité de vivre en sécurité, chacun.
17:26 Je pense que c'est une initiative qui doit inspirer le gouvernement français,
17:31 la reconnaissance de l'État palestinien.
17:32 - Cette reconnaissance, pour vous, doit arriver tout de suite ?
17:34 Ça veut dire que les appels au cessez-le-feu ne suffisent pas ?
17:37 - Ça peut être...
17:38 Il faut le mettre sur la table dès aujourd'hui
17:41 pour pouvoir au moins enclencher la mécanique.
17:44 Je pense qu'on est sur des dispositifs qui vont prendre un peu de temps.
17:47 Donc, le faire aujourd'hui, c'est aussi envoyer ce signal
17:51 que pour la suite, il faut se tenir prêt.
17:53 - Pour l'instant, la position de la France, c'est de dire
17:55 ce n'est pas un tabou, mais pas tout de suite.
17:58 La reconnaissance doit intervenir au bon moment.
18:00 Il se pose la question, quel est le bon moment ?
18:02 Moi, si j'ai bien lu le communiqué de la CFDT,
18:05 c'est de dire le bon moment, c'est tout de suite.
18:07 Je pense qu'il faut mettre ce point-là sur la table dès maintenant.
18:11 Et bien entendu, comme je l'ai dit précédemment,
18:14 être également extrêmement ferme et claire
18:16 sur le besoin et la nécessité de libération des otages
18:19 et le cessez-le-feu.
18:20 - L'un des arguments qui était hier amené par le candidat
18:23 des Républicains, François-Xavier Bellamy,
18:25 c'était de dire "oui, mais attention, parce que si cette question
18:27 de la reconnaissance de la Palestine intervient maintenant,
18:29 si il y a un changement de pied de la diplomatie française,
18:32 cela laisserait entendre que l'on donne raison
18:34 à ceux qui ont déclenché l'attaque du 7 octobre".
18:37 - Non, je ne pense pas.
18:39 Je pense qu'on est à un moment de tension extrême
18:42 et il faut pouvoir débloquer cette situation
18:45 et aller dans ce sens-là.
18:46 Je pense que c'est une bonne façon d'avancer
18:49 et de trouver une issue à ce terrible conflit.
18:52 - Vous faisiez partie des manifestants ?
18:54 Il y avait des manifestants de la CFDT hier
18:56 dans le rassemblement parisien ?
18:58 - Pas à ma connaissance, mais il y en a certains
19:01 qui avaient envie d'en être.
19:03 C'est tout à fait leur liberté.
19:05 - Il y avait notamment un mot d'ordre qui était
19:07 de mettre un peu plus de pression, de sanctions
19:09 contre le gouvernement de Benyamin Kenyatta.
19:11 - Nous, on reste toujours à notre juste place
19:13 en tant qu'organisation syndicale.
19:15 On s'est exprimé via ce communiqué.
19:17 On est extrêmement clair sur les messages.
19:19 Le fait d'avoir besoin de décoincer cette situation
19:22 et de trouver une voie de déblocage,
19:24 ça me semble extrêmement important.
19:26 - Marie-Lise Léon, secrétaire générale de la CFDT,
19:28 merci d'être venue à ce micro ce matin.
19:31 Vous soutenez l'assurance chômage,
19:33 vous êtes très en colère.
19:35 Pas de grève pendant les JO, mais il y aura une mobilisation.
19:37 C'est bien ce que j'ai compris.
19:39 Les syndicats décideront d'une forme de mobilisation.
19:41 Dans les prochains jours ?
19:43 - On va se réunir prochainement.
19:45 L'important, c'est de savoir exactement
19:47 ce qui est dans le texte.
19:49 On va aussi attendre d'avoir le projet de décret
19:52 sur lequel on devrait avoir notre mot à dire.
19:54 Je pense que tout le monde aura compris
19:56 ce que j'en pense.
19:58 - Merci beaucoup à vous.
20:00 Marie-Lise Layon et bonne journée à tous.

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