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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour et bienvenue sur RistreTV, notre émission "Idées de placement".
00:13 Je sais qu'un certain nombre d'entre vous investissent ou envisagent d'investir dans les œuvres d'artistes contemporains.
00:21 Et je me suis dit qu'il serait intéressant de faire un tour d'horizon de ce marché en s'appuyant sur la deuxième édition
00:28 du top 100 des artistes contemporains les plus vendus que réalise Iscox.
00:33 Et j'ai pour cela invité Hugues, la responsable marché art chez Iscox.
00:42 Julie, bonjour. Peut-être deux mots sur votre maison Iscox ?
00:46 Oui bien sûr. Alors Iscox, on est un assureur spécialiste.
00:49 On a été fondé en 1901 et on est présent en France depuis 30 ans.
00:54 On est assureur historique avec des branches sur l'art qui nous intéressent aujourd'hui,
00:58 ou le kidnapping et le rançon. Et plus récemment, on s'est spécialisé dans l'assurance professionnelle
01:04 avec plus de 500 métiers de services qui sont couverts.
01:07 D'accord. Alors déjà, comment définit-on un artiste contemporain ?
01:12 Alors, il y a la définition classique de l'artiste contemporain.
01:16 C'est toute la production, pas la naissance de l'artiste, mais la production de l'artiste post-deuxième guerre mondiale, donc 1945.
01:23 Cependant, pour les besoins du rapport qu'on a édité avec Iscox aujourd'hui,
01:27 on s'est concentré sur ce qu'on peut appeler l'ultra contemporain,
01:30 donc toutes les productions d'œuvres qui sont post-2000, année 2000.
01:34 Donc en fait, on étudie la production du 21e siècle.
01:37 La production, ce n'est pas la date de naissance des artistes, mais c'est la date de production, sinon ils seraient vraiment très très jeunes.
01:41 Alors, quels sont les critères que vous avez utilisés pour réaliser ce classement, cette cote, cette étude ?
01:49 Alors, on a utilisé les maisons de vente, les résultats des maisons de vente.
01:53 On s'est concentré sur les ventes aux enchères et non pas les ventes en galerie, qui sont plus compliquées d'accès.
01:59 Et donc, on a sélectionné trois maisons, qui sont les trois principales, sans surprise, Christie, Sotheby's et Phillips.
02:06 Et ensuite, on a donc étudié la production du 21e siècle, comme je le disais,
02:10 avec des productions qui peuvent être soit d'artistes assez âgés,
02:16 qui sont donc sur leur fin de vie et leur dernière production,
02:19 soit sur des artistes qui sont montants, la jeune création, avec des productions qui datent de 2000, 2020, 2021, etc.
02:26 D'accord. Alors, quelles tendances avez-vous observées dans cette édition ?
02:31 Et y a-t-il des changements notables par rapport aux années précédentes ?
02:35 Oui. Alors, c'est la deuxième édition du rapport. Il y a déjà des tendances qui se dessinent.
02:41 La première, qui est intéressante, c'est un repositionnement, un rééquilibrage géographique, on peut appeler,
02:46 avec la percée de l'Asie et de la place de Hong Kong, qui était jusqu'à présent troisième,
02:53 et qui passe désormais deuxième, donc devant Londres, qui est une place historique,
02:58 sachant que New York reste la première, bien sûr, et pour les Français que ça intéresse,
03:03 Paris est toujours à 5% de parts de marché, à peu près, donc la quatrième place.
03:09 C'est la première tendance géographique. On a une deuxième tendance plus sociétale, on va appeler,
03:14 avec la percée de la production des artistes femmes, qui ont toujours été représentées,
03:19 mais qui là, on voit, prennent une place prédominante. Pour la petite anecdote,
03:24 la base Joconde, qui est la base des musées, ressent 6% d'artistes femmes.
03:29 Dans notre rapport, nous, aujourd'hui, du top 100, on a 30% de femmes, donc une percée.
03:36 Mieux représentées et aussi mieux classées, puisqu'il y a trois femmes dans le top 100 aujourd'hui,
03:40 contre deux l'année dernière.
03:42 - Alors, quel est l'artiste numéro un, quels sont les plus emblématiques que l'on retrouve dans ce classement ?
03:47 - Alors, effectivement, ça fait une belle transition, parce que l'artiste numéro un, cette année,
03:51 c'est assez exceptionnel, c'est Yayoi Kusama, donc une artiste japonaise,
03:57 qui est la première du classement, avec 81 millions de ventes cumulées,
04:02 et en revanche, l'ancien numéro un, David Hockney, qui n'a, lui, que 50 millions, donc loin derrière.
04:08 Donc c'est assez intéressant de voir cette percée, à mettre en relation aussi avec la place de Hong Kong,
04:13 qui a pris de plus en plus de place.
04:15 - C'est quel style ?
04:17 - Alors, vous avez sûrement vu, si vous êtes à Paris, c'est très contemporain,
04:23 beaucoup de sculptures, les citrouilles avec les petits points, si vous les avez déjà vues.
04:28 C'est une collaboration assez remarquée avec Louis Vuitton, pour la marque de sac à main, donc très...
04:33 - D'accord, ça m'aura échappé, j'ai peut-être des sans doute aperçus, mais...
04:36 - En tout cas, il y avait sa grande statue, qui était sur le pont 9, pendant un moment,
04:41 et c'est une artiste qu'on voit assez régulièrement, si vous tapez "art contemporain" sur Google,
04:45 c'est quasiment la première qui se voit en ce moment.
04:47 - D'autres artistes emblématiques ?
04:49 - Oui, alors si on peut parler un peu de la scène française, on a des artistes comme Claude Lalanne,
04:55 de François-Xavier Lalanne, qui tous les deux se classent 25e et 35e à peu près,
05:00 et après on a la scène plus classique, on va dire, plus attendue, qui est toujours dans le top 20,
05:06 Richard Prince, Jeff Koons, évidemment, Damien Hirst, Takeshi Murakami, qui sont d'ailleurs,
05:13 je le citais tout à l'heure, des artistes qui ont fait beaucoup de collaborations avec des marques de luxe connues,
05:19 et on a des nouveaux entrants qui sont intéressants aussi, avec des médiums plus originaux,
05:26 comme les NFT, donc Dimitri Tcherniak, qui se classe 28e, avec une belle performance,
05:32 plus de 6 millions de montants d'oeuvres vendues.
05:35 - Ça reste une valeur, les NFT, je croyais que c'était un peu passé de mode, non ?
05:38 - Alors on est sur les résultats de 2023, et preuve en est que non, pour l'instant,
05:43 les télémodes ne se dissipent pas, donc c'est justement ce qui va nous occuper pour la suite,
05:48 de voir comment ça évolue.
05:50 - D'accord. Pour notre audience, vous pouvez nous donner un ordre de prix des oeuvres de ces artistes ?
05:55 - Oui, bien sûr. Alors, les ordres de prix, on peut parler du record, déjà, de cette année,
06:00 qui n'est pas détenu par Yayoi Kusama, c'est intéressant.
06:03 L'oeuvre record, elle a été vendue à 17 millions par C. Tombly.
06:08 Yayoi Kusama, son maximum vendu, par exemple, c'est 10 millions.
06:13 Ça, c'est la fourchette très haute, en fait, des ventes. Il y a des choses plus traditionnelles, plus accessibles.
06:19 Si on prend l'exemple de Abou Dia, qui est un artiste ivoirien, qui se classe 87e,
06:26 il a une quarantaine de lots vendus pour 2 millions, donc ça veut dire que ses oeuvres, en moyenne,
06:30 elles sont à 50 000 euros, donc je mets des guillemets, mais relativement accessibles sur le marché.
06:36 Donc il y a une très grande disparité. Ce qui est intéressant aussi sur cette édition,
06:41 et c'est en lien et conforme à ce qu'on observe sur les tendances du marché au global, pas que du contemporain,
06:48 c'est qu'on n'a pas d'explosion de record, pas de record exceptionnel.
06:53 On est plutôt sur un ralentissement et un tassement du marché qui est lié à la conjoncture économique actuelle.
07:00 Qu'est-ce qui influe le plus sur le succès commercial de ces artistes ?
07:03 C'est les grandes galeries, les foires d'art, les ventes aux enchères, les critiques, les réseaux sociaux, maintenant ?
07:10 Un peu tout ça à la fois. C'est intéressant. Les acteurs historiques, on va dire, c'est les galeries,
07:16 qui sont les agents des artistes, et leurs moyens d'expression, là où ils font le plus de chiffres d'affaires,
07:23 c'est les foires. C'est vraiment le tandem foire/galerie. Mais il y a des influences qui sont notables
07:29 par les musées publics ou fondations privées, et les monographies de toutes les expositions.
07:38 Plus on a une exposition, plus elle prend de la valeur. Donc il faut acheter et prêter ses œuvres.
07:42 C'est ça qui est intéressant. Il faut les faire circuler, les montrer. Il y a des collectionneurs aussi
07:47 qui ont une très grande place, une très grande influence sur le marché. Un grand collectionneur, il peut...
07:52 Il est suivi. Il est suivi, et il a une fence de frappe qui permet de faire monter ou descendre
07:58 artificiellement une cote avec, en jouant sur l'effet de rareté, en achetant beaucoup la production
08:04 qui vient d'être réalisée par l'artiste. C'est très proche de la bourse. Il y a beaucoup de spéculation
08:11 et de coûts à faire sur l'art. - C'est vrai qu'on pourrait considérer que François Pinault,
08:16 dans le domaine, est un peu le Wilde Buffet de la Concordia. - Exactement. Je n'ai pas donné de nom,
08:20 mais voilà, Pinault, Arnaud, tous ces collectionneurs qui créent leurs propres fondations,
08:25 c'est aussi dans ce but-là. Et ce que vous disiez aussi, pour terminer sur ce sujet, il y a les artistes
08:33 qui ont des réseaux sociaux qui reprennent pas mal le pouvoir, en tout cas la parole, puisqu'il y a moins
08:39 d'intermédiations, il n'y a plus de galeries, il n'y a plus d'intermédiaires. Ils parlent directement
08:42 à leurs acheteurs, à leurs collectionneurs, et ils ont même des e-shops qui leur permettent de vendre
08:47 directement à leurs collectionneurs. Donc il y a un peu un paysage qui se redessine aussi.
08:52 - Alors justement, est-ce que vous observez une nouvelle génération de collectionneurs ?
08:55 - Oui, ça va avec l'émergence d'Instagram. C'est toute la génération Y qui, en fait,
09:02 recherche des œuvres qui lui parlent, donc des œuvres d'artistes plus jeunes et qui sont aussi plus
09:08 accessibles, forcément. Évidemment, ils vont rechercher dans ces œuvres-là quelque chose qui leur parle,
09:17 qui leur parle à leur quotidien, à leurs préoccupations. Je peux faire le parallèle avec les véhicules
09:22 de collection. Quand on est un collectionneur de la génération Y, on va collectionner les véhicules
09:28 dans lesquels on a grandi, de sa jeunesse, de son père, de son grand-père. Donc sur la partie art,
09:32 c'est la même tendance qu'on observe, et notamment parce que c'est aussi, de fait, comme c'est des jeunes
09:37 artistes, plus accessible que les grands ponts qu'on a cités précédemment.
09:41 - Quelles sont les prochaines grandes évolutions du marché de l'art que vous anticipez ?
09:48 - Question difficile à répondre. On ne sait pas, et c'est ça un peu la magie de ce marché, c'est qu'il est
09:57 très sensible à la conjoncture économique, je l'ai déjà dit, mais il peut réagir de manière inattendue.
10:01 Pendant le Covid, par exemple, on se serait dit, repli sur soi, incertitude, il y aura très peu d'investissements.
10:07 C'est là où on a vu le plus d'investissements. On agit comme des mécènes et on sponsorise l'art.
10:13 On ne sait pas. Ce qu'on regarde avec attention, c'est toute la partie digitale, aussi bien pour le canal
10:19 de distribution que pour la production, parce que ça révolutionne un peu aussi, pour nous, le marché
10:25 de l'assurance. On regarde aussi l'intelligence artificielle. Vous avez vu peut-être le collectif français
10:31 Obvious, qui a fait une oeuvre 100% produite par une intelligence artificielle et qui a été vendue à sauce-bise
10:38 il y a quelques années, plus de 500 000 euros. C'est des tendances qu'on observe. A la fin, c'est une oeuvre physique,
10:44 mais il y a le digital qui s'insère, c'est à suivre.
10:50 - Pour conclure, quel conseil donneriez-vous à quelqu'un qui veut se lancer sur la collection,
10:55 l'investissement dans les oeuvres d'art contemporaines ?
10:58 - D'abord, achetez avec le cœur. Achetez ce qui vous plaît, parce que c'est un marché qui n'est pas très stable
11:05 et il y a beaucoup de spéculations. Donc avant tout, ce ne sera jamais un investissement sûr.
11:10 - D'abord, se faire plaisir et puis, c'est sur le gâteau si on gagne de l'argent.
11:14 - On peut faire un bon coup. Il faut aussi diversifier. Je trouve que c'est intéressant d'acheter dans l'art
11:19 un moyen de diversifier ses actifs. Et à l'intérieur de l'art, d'acheter un peu d'anciens, de valeurs sûres,
11:25 des contemporains plutôt sympathiques et sur lesquels on peut aussi faire des affaires.
11:30 Et puis, le troisième maillon qui est le plus important aussi, c'est sécuriser cet investissement.
11:37 L'assurer correctement avec un assureur spécialiste, puisque par exemple, pour les oeuvres d'art,
11:43 j'en ai parlé tout à l'heure, les oeuvres d'art voyagent beaucoup, elles sont prêtées.
11:48 - Ça coûte cher justement d'investir ? C'est un budget important ?
11:50 - Pour l'assurance ? Non, parce que typiquement, si vous décidez d'acheter de l'art et de ne pas l'assurer,
11:56 on a fait le calcul, vu les primes et les taux qui sont très bas en ce moment, qu'il faudrait économiser pendant 500 ans,
12:02 ne pas avoir de sinistre, ne pas payer de primes pendant 500 ans, pour être rentable.
12:06 - Ok, d'accord. Vous ne voulez pas prendre risque.
12:09 - Non, c'est accessible et surtout, en plus, typiquement chez nous, chez East Cox,
12:14 les risques qu'on a sont des cas accidentels, des dommages en cours de transport ou autre,
12:18 qui ne sont pas couverts par les contrats traditionnels et qui peuvent avoir des impacts très importants.
12:23 Une oeuvre endommagée, elle perd de la valeur, elle est dépréciée, il faut indemniser.
12:27 - Julie, un grand merci pour ce tour d'horizon passionnant.
12:30 Merci à tous de nous avoir suivis. Je vous rendez-vous très vite sur InvestirTV avec de nouvelles idées de placement.
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12:45 [Silence]