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Arnaud Bazire, président de la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau, répond aux questions de Victor Pourcher. Ensemble, ils s'intéressent à la diminution de la consommation d'eau potable. Une bonne nouvelle pour l'écologie mais qui a un impact sur les recettes de financement.

Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 - Chut ! Europe 1, il est 6h42. - Vous y faites peut-être plus attention qu'avant.
00:05 Ne pas laisser le robinet ouvert sous la douche, ne pas arroser son jardin à tout va,
00:09 arrêter de laver sa voiture à grands seaux.
00:12 On parle de la consommation d'eau potable en France ce matin.
00:15 Figurez-vous qu'elle a baissé de 3 à 4 % l'an dernier.
00:19 Tant mieux pour la planète, me direz-vous, et vous aurez raison.
00:22 Mais est-ce vraiment bon pour votre porte-monnaie ? Pas si sûr.
00:25 - Et vous en parlez avec votre invité ce matin sur Europe 1, Victor Pourcher.
00:28 Il s'agit de Arnaud Bazir, le président de la FP2E,
00:32 la Fédération Professionnelle des Entreprises de l'Eau.
00:34 - Bonjour Arnaud Bazir. - Bonjour.
00:35 - Et bienvenue sur Europe 1 ce matin.
00:37 Alors d'abord, cette baisse de 3 à 4 %, selon les premières remontées de terrain, elle est inédite ?
00:44 - Alors oui, elle est inédite.
00:45 Il s'est évidemment passé quelque chose autour de l'été 2022.
00:50 Vous vous souvenez ? - Oui, on rappelle ces sécheresses.
00:52 - Particulièrement secs, des épisodes d'incendie,
00:55 la dune du Pila qui flambe le week-end du 14 juillet.
01:00 Depuis, je pense qu'il y a eu une vraie prise de conscience dans la population.
01:03 Tout type d'usagers, à la fois ce qu'on appelle les usagers domestiques, vous, moi,
01:08 mais aussi les collectivités, mais aussi les industriels.
01:12 Tout le monde a pris conscience du fait qu'il fallait faire quelque chose,
01:15 que l'eau n'était pas un bien inépuisable et qu'il convenait de ne pas le gaspiller.
01:20 Alors comme vous le dites, c'est une très bonne chose.
01:22 Et sur le plan environnemental, en tant que citoyen, il faut s'en réjouir et souhaiter que ça continue.
01:27 Notre fédération appelait d'ailleurs depuis des années à plus de sobriété hydrique.
01:32 Simplement, il y a un mais.
01:33 C'est qu'en France, le fonctionnement,
01:36 le financement des services d'eau et des sainissements, il est fondé sur les volumes.
01:41 Donc d'un côté, si les consommations baissent, c'est une très bonne chose.
01:44 - Mais il y a moins de rentrées d'argent.
01:45 - Mais il y a moins de rentrées d'argent,
01:47 au moment même où l'on dit qu'il va falloir investir beaucoup plus,
01:50 parce que la réglementation se durcit.
01:53 Vous savez que Bruxelles a adopté une nouvelle directrice pour les sainissements
01:57 qu'elle va être mise en place dans les mois qui viennent en France.
02:00 Ça va contraindre les collectivités à devoir investir plus pour se mettre à niveau.
02:04 Et évidemment, s'il y a moins de recettes de financement, il faut peut-être repenser le modèle économique.
02:09 - Alors ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut augmenter le prix de l'eau ?
02:13 On rappelle qu'on est autour de 0,40 centime le litre. Est-ce que c'est suffisant ?
02:18 - Non, on est beaucoup moins que ça. En fait, en matière d'eau, on va plutôt parler en termes de mètre cube.
02:26 On est aux alentours, oui c'est ça, de 4,30 euros le mètre cube.
02:32 Si je vous donne une comparaison, parce que ça ne parle pas toujours beaucoup aux gens,
02:36 la facture d'eau, ça pèse environ 0,8% du budget d'un ménage moyen en France.
02:42 Si vous comparez ça à la téléphonie par exemple, la téléphonie c'est 2%,
02:47 où l'énergie que vous consommez pour le chauffage du logement, on est à 4,7, 4,8.
02:52 - Et donc sur l'eau, ça veut dire qu'il va falloir augmenter pour pouvoir, pour continuer de pouvoir entretenir le réseau ?
02:57 - Il est assez évident que pour entretenir pas seulement le réseau,
03:00 mais derrière le réseau, il y a des usines de production d'eau potable,
03:04 il y a des stations d'épuration pour traiter l'eau avant qu'elle revienne au milieu naturel.
03:09 Et puis il y a le fameux problème des fuites, dont on entend souvent parler.
03:13 Vous savez quand on dit qu'il y a 20% des eaux traitées qui partent à cause des fuites,
03:17 ça c'est un fait qui est réel, on imagine bien qu'il va falloir investir et investir plus,
03:23 parce que de facto, il y a eu beaucoup de retard pris dans les dernières décennies.
03:27 - Ça veut dire combien d'augmentation pour les français ?
03:30 - C'est très difficile à dire, parce que d'abord le prix de l'eau est très hétérogène d'un territoire à l'autre.
03:35 En France, on ne paye pas le prix du mètre cube au même montant d'une zone à l'autre du territoire,
03:43 et c'est complètement normal, ça dépend de la plus ou moins grande quantité d'eau que vous avez à proximité,
03:50 ça dépend aussi de sa qualité. - Mais on a une fourchette quand même ?
03:53 - Écoutez, il y a un certain nombre d'associations d'élus qui parlent d'une augmentation
03:57 qui devrait être peut-être entre 20 et 50% sur les 5 ans qui viennent, par exemple.
04:02 - Vous comprenez que pour les français, pour les auditeurs d'Europe 1 qui nous écoutent,
04:08 ils nous entendent et on leur a dit de faire attention, d'économiser,
04:12 et au final, on leur dit "parce que vous avez économisé de l'eau, vous allez payer plus le cher".
04:17 - Alors d'abord, pas forcément, puisque finalement ce que vous payez au travers de votre facture,
04:22 c'est le produit entre un prix et un volume.
04:26 Donc si vous consommez moins, même si l'eau a augmenté un peu,
04:30 à l'arrivée, le montant de la facture peut rester stable.
04:34 Mais je pense qu'il y a une idée de bon sens qu'il faut qu'on ait tous en tête,
04:37 c'est qu'on n'arrête pas de dire effectivement, à juste titre,
04:40 que l'eau est un bien de plus en plus rare.
04:42 On ne peut pas imaginer un bien économique dont la valeur est considérée comme de plus en plus importante,
04:47 dont la rareté progresse, et voir son prix baisser.
04:51 - Sur la rareté, justement, Arnaud Bazir,
04:54 la ville de Toulouse expérimente depuis samedi la tarification saisonnière de l'eau.
04:58 On paye plus cher entre juin et octobre quand l'eau est plus rare que le reste de l'année.
05:02 En deux mots, c'est ça l'avenir selon vous ?
05:04 - Alors c'est une des voies, il y en a plein d'autres.
05:07 Je pense qu'une des erreurs qu'il ne faut pas commettre,
05:09 c'est considérer qu'il y aurait une recette magique pour résoudre les problèmes d'eau en France.
05:13 C'est la mise en œuvre de beaucoup de solutions qui pourront être efficaces.
05:18 Celle-ci en est une.
05:19 C'est un peu tôt pour en tirer des conséquences,
05:21 puisque comme vous venez de le rappeler, la métropole de Toulouse et d'autres collectivités
05:25 qui vont probablement emboîter le pas, vient de le décider pour la saison à venir.
05:29 On verra à l'issue de cette saison ce que ça va donner.
05:31 C'est une initiative tout à fait intéressante qui faudra suivre.
05:35 - Merci Arnaud Bazir.
05:36 Je rappelle que vous êtes le président de la FP2E,
05:40 la Fédération Professionnelle des Entreprises de l'Eau.
05:43 Europain, il est 6h47.

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