SMART JOB - Le sportif de haut niveau, une richesse pour l'entreprise

  • il y a 3 mois
On vante beaucoup les valeurs du sport de haut niveau dans l’entreprise, pourtant, les sportifs intégrés dans les organisations restent assez rares. Mireille Blaess, docteure en sciences de gestion, plaide pour qu’on leur ouvre grand les portes.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 [Générique]
00:12 Les sportifs de haut niveau, que peuvent-ils apporter à une entreprise ?
00:16 Leur qualité, leur valeur, leur engagement, leur capacité à s'entraîner, à résister à la souffrance.
00:22 On en parle avec Myriel Blesse.
00:24 Bonjour Myriel.
00:25 Bonjour.
00:25 Vous êtes docteur en sciences de gestion, autrice de ce livre "Le sportif de haut niveau, une richesse pour l'entreprise".
00:32 On va découvrir votre livre.
00:34 Il est sorti chez l'Armatan.
00:37 D'abord, un petit mot quand même parce que j'allais dire c'est presque à la mode aujourd'hui.
00:41 On recrute des militaires et on recrute des sportifs de haut niveau.
00:44 On se dit ça va être génial parce qu'avec eux, il y aura la rigueur, l'organisation.
00:48 C'est vrai ou c'est pas vrai ça ?
00:50 Déjà, on ne recrute pas des sportifs de haut niveau.
00:53 On fait intervenir des sportifs de haut niveau dans les séminaires de management pour démontrer,
00:59 pour présenter leur expérience, pour faire rêver les équipes de management.
01:02 Et ce qui m'a interpellé, c'est que je suis justement allée regarder sur deux Olympiades,
01:08 enfin pas successives puisque j'ai regardé chez Rio 2016 en me disant c'est 8 ans après la fin de leur carrière.
01:14 Que sont-ils devenus ?
01:15 Que sont-ils devenus ?
01:16 La même chose avec Sydney en me disant là ils sont plutôt vers la dernière étape de carrière,
01:21 en me disant qu'est-ce que ces gens-là ont fait dans les entreprises après.
01:26 Donc j'ai fait un focus, alors on va dire il y a peut-être un biais qui est le focus sur les médaillés.
01:30 J'ai pris les médaillés olympiques uniquement pour avoir un champ qui soit pas trop large quand même,
01:34 en me disant qu'ils ont réussi dans le sport et donc il n'y a pas de raison qu'ils ne réussissent pas dans d'autres choses dans les entreprises
01:40 puisque chaque fois les entreprises les font venir.
01:42 Et en fait on s'aperçoit qu'il y en a très très très peu qui vont vers l'entreprise pour de multiples raisons.
01:48 Et c'est ce que j'ai essayé de faire à travers cet ouvrage, c'est de dire mais un, qu'est-ce qui se passe, pourquoi ?
01:53 Essayer de comprendre le sport, les sports, expliquer aussi aux sportifs ce qu'est une entreprise parce qu'ils sont toujours loin de ces mondes-là.
02:01 Et donc leur montrer effectivement qu'il n'y a pas une entreprise mais des entreprises,
02:05 tout comme il n'y a d'ailleurs pas un sport mais des sports avec des particularités, essayer de faire ce match entre les deux.
02:11 Mais c'est assez intéressant ce que vous dites parce que l'entreprise ne la connaît souvent qu'à travers le filtre de leurs sponsors.
02:17 Ces coupes de champagne, on discute, c'est très sympathique mais objectivement ils ne la voient pas l'entreprise de l'intérieur
02:22 avec ses galères, ses tensions, les difficultés de la vie quotidienne dans une entreprise.
02:27 C'est ça que vous racontez aussi.
02:29 Concrètement, on transpose quoi ? Vous nous dites on ne transpose pas le sportif, on transpose ses valeurs
02:35 parce que finalement à travers ces séminaires, il apporte quelques éléments, le courage, je suis valeureux, je m'entraîne.
02:43 C'est ça qu'il apporte dans l'entreprise ?
02:45 Je pense qu'avant tout, il fait rêver comme on est tous devant notre télé, sportif etc.
02:51 On le voit en vrai et il raconte son histoire qui est forcément passionnante parce que derrière le sport, il y a forcément de la passion.
02:57 Donc je pense qu'il transmet cette passion, il transmet cette énergie, il transmet ce qui fait la différence et qui fait forcément rêver les managers.
03:06 Mais après, il ne rejoint pas plus ces entreprises-là que d'autres.
03:10 En fait, on se leurre parce que votre livre, c'est aussi un petit pas de côté sur le monde merveilleux des sportifs qui vont retrouver un emploi.
03:18 Qu'est-ce qu'ils deviennent d'ailleurs ces sportifs qui finalement ne rentrent pas dans l'entreprise ?
03:21 Ils rentrent dans leur FEDE et ils deviennent consultants techniques ?
03:23 Alors l'analyse montre qu'il y en a un peu près de 30 à 40% qui font des études dans le sport.
03:31 Donc ils font quand même des études hors sport et là on a un sujet en France aussi sur l'importance systématique du diplôme.
03:37 Pourquoi est-ce qu'on ne considère pas qu'un sportif de haut niveau, finalement sa carrière de sportif du haut niveau, c'est une première expérience professionnelle ?
03:45 J'ai vu des tas de choses sur l'INSEP, sur des référentiels de compétences dans tous les sens.
03:50 Mais pourquoi est-ce qu'à un moment donné, on ne valide pas l'expérience sportive comme un diplôme plutôt que de les faire repartir après vers un diplôme ?
03:58 Ça n'a pas été fait, ça aujourd'hui. C'est une première remarque.
04:01 Et ayant fait finalement pour 30-40% des études sportives, ils sont néanmoins quasiment 70% à travailler ensuite dans les métiers du sport.
04:11 Donc il n'y a que 30% qui vont dans autre chose.
04:14 L'autre chose étant la fonction publique, les sociétés type SNCF, EDF, etc.
04:20 Ce type d'entreprise, les douanes, les carrières militaires ou ce genre de carrières.
04:26 Mais l'entreprise plus classe, le pur privé, il y en a très très peu.
04:30 Mais c'est intéressant de le voir des deux côtés.
04:33 Il y a le sportif qui découvre que le monde de l'entreprise, ce n'est pas le monde merveilleux des bisounours.
04:37 Le jour où on reçoit la coupe et le cocktail.
04:39 Et puis il y a peut-être aussi l'entreprise qui se dit après tout, c'est quand même des forces très individuelles.
04:43 C'est des gros caractères. C'est des gens qui ne lâchent rien.
04:46 Et que quelque part, un sportif de haut niveau, ça peut faire peur.
04:49 Alors deux choses. C'est vrai que pour pouvoir échanger avec beaucoup d'entre eux depuis, ils disent de toute façon on ne retrouvera jamais ce qu'on a vécu dans le sport.
04:57 Je ne suis pas tout à fait d'accord avec eux et j'ai eu des discussions assez solides avec certains en leur disant mais arrêtez, il y a plein d'autres choses que vous pouvez faire dans la vie.
05:05 L'adrénaline n'est pas la même.
05:06 C'est une autre adrénaline, je suis d'accord.
05:08 Mais il y a quand même des choses sympas à faire dans les entreprises de manière générale.
05:12 Encore faut-il savoir ce qu'on aurait envie de faire d'autres.
05:14 Quelles sont nos autres passions hors du sport.
05:17 Et côté entreprise, c'est vrai que je me suis posé beaucoup de questions sur les schémas organisatifs des entreprises.
05:23 Un sportif, il est évalué en permanence.
05:25 Donc quels sont les systèmes d'évaluation, il y a des récompenses, il y a de la récupération.
05:29 Il se passe énormément de choses finalement dans son mode opératoire qui est très différent de celui d'entreprise.
05:35 Et peut-être que les DRH de manière plus générale ont un travail à faire pour préparer les entreprises sur ces sujets-là en disant si je veux accueillir un sportif de haut niveau, qu'est-ce que je dois faire.
05:44 Ce qui m'avait un peu déclenché ça, c'est qu'au départ, moi j'avais recruté il y avait plus de 20 ans un sportif de haut niveau dans mon équipe et je me disais ça ne marche pas.
05:52 Ça ne marchait pas pourquoi ? Parce que ça ne collait pas quoi ?
05:55 Alors ça ne marchait pas parce qu'il avait l'habitude d'avoir un entraîneur, un coach, un ancien football professionnel derrière lui tout le temps.
06:04 C'est des enfants gâtés.
06:05 Je ne dirais pas qu'il était enfant gâté mais je pense qu'il y a un besoin, ils sont accompagnés dans leur planning, dans ce qu'il y a à faire.
06:14 Et finalement en entreprise, selon le niveau de subyarité qu'on met ou pas, ils peuvent se retrouver assez isolés ou assez perdus.
06:21 Trop d'autonomie par rapport à ce qu'ils connaissaient dans le cadre d'un plan d'entraînement.
06:25 Pour lui en l'occurrence.
06:26 Il sait qu'à 10h il a muscu, à 11h il va faire ci et que tout ça est très millimétré.
06:30 Et l'entreprise laisse un peu...
06:32 Ce livre est très intéressant parce qu'il prend un peu le contre-pied de toutes les idées reçues qu'on peut avoir sur cette relation entre sport de haut niveau et le monde de l'entreprise.
06:41 Ce n'est pas aussi merveilleux que cela cette rencontre.
06:44 Merci Mireille Blaise de nous rendre visite, auteure de ce livre "Les sportifs de haut niveau, une richesse pour l'entreprise".
06:51 A très très bientôt.
06:52 Et tout de suite le cerclérage et on accueille la DRH de Lidl.
06:56 Ça bouge c'est Lidl et j'accueille mon invité.

Recommandée