Depuis des années, la Suède est le théâtre d’affrontements violents entre bandes rivales. En Europe, le pays détient le triste record mensuel des victimes d’armes à feu. En 2021, "ARTE Regards" avait rencontré à Helsingborg des membres des gangs et des travailleurs sociaux de cette cité portuaire. Trois ans plus tard, les fusillades et les attentats à la bombe continuent de secouer le pays. Et les auteurs sont de plus en plus jeunes.
Peu avant le début du tournage, en avril 2024, deux hommes ont été abattus en pleine rue à Helsingborg. Parmi les suspects figure Ali (son nom a été changé), un adolescent de 17 ans soupçonné d’avoir participé à l’enlèvement puis à l’exécution de l’une des victimes. Après quatre nuits en garde à vue, Ali s’empresse d’appeler Omar El-Mali. Pour de nombreux jeunes du quartier sensible de "Söder", Omar est le seul interlocuteur en cas de difficultés. Ces jeunes, il les a vus grandir et il connait leurs parents. Des liens de confiance qu’il entend bien mettre à profit pour venir en aide à Ali et essayer de construire avec lui un projet d’avenir. Après des études en criminologie, Omar est retourné dans sa ville natale de Helsingborg en 2021. Depuis, il est "médiateur de rue". Lutter contre la violence chez les jeunes n’a rien d’anodin pour lui. Omar a en effet perdu un ami proche tué par balle. Désormais, il exerce cette activité uniquement à titre bénévole. Il a transformé la salle attenante à une mosquée en lieu de rencontre pour les gamins de 13 à 18 ans, histoire d’éviter que leur vie sociale ne se déroule exclusivement dans la rue. Car c’est là qu’ils sont en danger. Notamment quand ils sont sous l’influence de frères ou de cousins qui ont déjà sombré dans la délinquance. N’étant pas encore pénalement responsables, les plus jeunes sont alors recrutés. Âgé d’à peine 15 ans, un membre d’un gang livre sous couvert d’anonymat un témoignage glaçant : les "grands frères" commencent par donner des bonbons aux plus petits, et un beau jour, ils exigent d’eux qu’ils abattent quelqu’un pour de l’argent...
Peu avant le début du tournage, en avril 2024, deux hommes ont été abattus en pleine rue à Helsingborg. Parmi les suspects figure Ali (son nom a été changé), un adolescent de 17 ans soupçonné d’avoir participé à l’enlèvement puis à l’exécution de l’une des victimes. Après quatre nuits en garde à vue, Ali s’empresse d’appeler Omar El-Mali. Pour de nombreux jeunes du quartier sensible de "Söder", Omar est le seul interlocuteur en cas de difficultés. Ces jeunes, il les a vus grandir et il connait leurs parents. Des liens de confiance qu’il entend bien mettre à profit pour venir en aide à Ali et essayer de construire avec lui un projet d’avenir. Après des études en criminologie, Omar est retourné dans sa ville natale de Helsingborg en 2021. Depuis, il est "médiateur de rue". Lutter contre la violence chez les jeunes n’a rien d’anodin pour lui. Omar a en effet perdu un ami proche tué par balle. Désormais, il exerce cette activité uniquement à titre bénévole. Il a transformé la salle attenante à une mosquée en lieu de rencontre pour les gamins de 13 à 18 ans, histoire d’éviter que leur vie sociale ne se déroule exclusivement dans la rue. Car c’est là qu’ils sont en danger. Notamment quand ils sont sous l’influence de frères ou de cousins qui ont déjà sombré dans la délinquance. N’étant pas encore pénalement responsables, les plus jeunes sont alors recrutés. Âgé d’à peine 15 ans, un membre d’un gang livre sous couvert d’anonymat un témoignage glaçant : les "grands frères" commencent par donner des bonbons aux plus petits, et un beau jour, ils exigent d’eux qu’ils abattent quelqu’un pour de l’argent...
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00:00 Depuis des années, la Suède est le théâtre de violents affrontements entre bandes rivales.
00:09 Explosions, fusillades et règlements de comptes font partie du quotidien,
00:13 dans un pays où il est devenu très facile de se procurer des armes à feu.
00:17 Ce sont des cartouches de calibre 9. Elles sont compatibles avec la plupart des armes.
00:23 Quand on fait partie d'un gang, on ne sait jamais quand on va pouvoir dormir.
00:27 Il faut tout le temps être sur ses gardes. C'est très stressant. Ce n'est pas une vie.
00:33 Deux ans après cette interview, le frère de M a été assassiné.
00:38 Une méprise, la balle était destinée aux gangsters.
00:42 En Suède, la guerre des gangs s'intensifie.
00:45 En avril, l'assassin présumé du frère de M a survécu à un attentat à la bombe.
00:50 C'était la troisième fois qu'il était la cible d'une tentative de meurtre.
00:54 Le sang appelle le sang.
00:57 Voilà des années qu'Omar El Mali se bat pour mettre fin à cette spirale de la violence. En vain.
01:02 Le pays a beaucoup changé.
01:04 Quand vous êtes immigré, ça vous encourage presque à vivre dans le crime.
01:08 L'honnêteté ne paye plus.
01:11 ...
01:34 -Lui-même fils d'immigrés libanais, Omar a fait des études de criminologie et de sociologie
01:39 avant de travailler dans les services sociaux à Helsingborg, sa ville natale.
01:44 Depuis, son poste a été supprimé.
01:48 Pour autant, il ne chaume pas et continue de se mobiliser pour les jeunes délinquants de son quartier.
01:54 ...
02:02 -J'ai reçu un appel.
02:06 Les jeunes m'appellent quand il se passe quelque chose.
02:10 Pour eux, je suis une sorte de grand frère.
02:14 Je les ai vus grandir et je connais leur famille.
02:17 Alors ils me font confiance. Et c'est ce qui me permet de les aider.
02:21 -Omar se rend au point de rendez-vous du gang,
02:24 où l'auteur de l'appel, un adolescent de 17 ans, l'attend avec ses anciens acolytes.
02:30 Certains de ces jeunes ont déjà livré de la drogue ou des armes.
02:35 En effet, les bandes recrutent des mineurs qui ne sont pas responsables sur le plan pénal
02:40 pour faire leur sale besogne, jusqu'à tuer.
02:44 -Ca fait longtemps.
02:46 -Oui, j'étais en prison.
02:48 -En prison ?
02:50 -Oui. -Qu'est-ce qui s'est passé ?
02:53 -J'ai été arrêté. Mais je n'ai rien fait. Je suis innocent.
02:58 -De quoi ils t'accusent ? -D'un meurtre.
03:02 -Zed a été arrêté il y a 3 semaines dans le quartier d'Adolfsberg.
03:08 La victime, un homme de 35 ans, soupçonnait de fournir des informations à la police.
03:16 -Les flics pensaient que c'était les types avec qui j'étais qui avaient fait le coup.
03:25 Alors ils nous ont arrêtés.
03:31 C'était un groupe d'intervention rapide.
03:35 -L'adolescent, qui n'a pas son permis de conduire, se trouvait au volant du véhicule.
03:43 Il a tenté de prendre la fuite et a été rattrapé par les forces de l'ordre.
03:49 -Un flic est arrivé par en haut avec son flingue.
03:56 Il hurlait "à terre, à terre".
03:59 Je me suis dit "si je me lève, il va tirer. Et si je m'allonge, il va tirer aussi".
04:05 Alors je me suis couché sur l'escalier.
04:09 Il m'a tiré par le pied et il m'a mis son genou sur mon visage.
04:14 Puis ils m'ont passé les menottes.
04:17 -Un grand frère en prison, un père à l'étranger et une mère dépassée.
04:22 Zed est livré à lui-même. Omar est le seul adulte auquel il puisse se référer.
04:28 -Il faut que tu arrêtes de te mettre dans ce genre de situation.
04:33 Trouve un boulot normal. Fais du sport après tout, c'est bientôt l'été.
04:39 Ou bien épouse une jolie fille. Concentre-toi sur ton avenir, sur toi.
04:44 -C'est ce que je fais.
04:46 -Ne les aide pas s'ils veulent tuer quelqu'un. Pense à toi.
04:51 -Elsinborg, dans le sud de la Suède, est aujourd'hui une plate tournante du trafic de drogue.
04:57 Rien qu'en 2023, près de 10 tonnes de cocaïne y ont été saisies.
05:02 Et cette évolution s'accompagne d'un bain de sang.
05:06 15 kg de dynamite explosent dans le jardin d'un rappeur à Stockholm.
05:22 Une voiture saute à Elsinborg.
05:25 Les auteurs de cet attentat, des jeunes de 16 et 19 ans, voulaient faire chanter un commerçant.
05:31 Un adolescent de 16 ans fait irruption dans une salle de sport à Stockholm...
05:36 ...avec pour mission d'abattre un membre d'un gang rival.
05:40 Il se trompe et tue un innocent.
05:43 Le 9 avril 2024, un homme est ni plus ni moins exécuté en pleine rue à Elsinborg.
05:49 Et ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d'autres ces deux dernières années.
05:55 En Suède, le nombre de meurtres par arme à feu est de 4 pour 1 million d'habitants et ne cesse d'augmenter.
06:02 Dans le reste de l'Europe, ce chiffre est de 1,6 et seul l'Albanie bat le triste record de l'Etat scandinave.
06:09 Aux quatre coins du pays, et plus particulièrement à Elsinborg, le climat se dégrade.
06:15 Il y a trois ans, Omar espérait encore infléchir la tendance dans le quartier de Söder où il réside.
06:21 Mais aujourd'hui, il doit se rendre à l'évidence.
06:24 Le secteur est devenu le repère des gangsters.
06:27 Ce n'est pas nouveau. Il y a toujours eu des fusillades entre bandes de motards.
06:32 Mais là c'est différent. La ségrégation a empiré.
06:36 Beaucoup de gens se sont installés dans le quartier.
06:40 La police parle de société parallèle.
06:43 On n'a rien fait pour enrayer le problème. On a laissé faire.
06:48 De jeunes garçons qui ont encore toute la vie devant eux s'entretuent pour 500 ou 1000 couronnes,
06:54 pour une histoire de drogue ou de dette qui n'a pas été remboursée.
06:58 Il faut se rendre à l'évidence, il y a un vrai problème.
07:02 Moi je reste là et s'ils viennent me voir, je les envoie balader.
07:11 Trois ans après cette interview, la situation ne s'est pas améliorée.
07:16 Aujourd'hui je ne pourrais plus me balader comme ça dans le quartier.
07:20 Je ne pourrais plus interroger les habitants.
07:23 Les gens sont devenus paranoïaques. Ils se méfient les uns des autres.
07:28 Les relations se sont dégradées.
07:31 Pendant des années, j'ai essayé de faire changer les choses.
07:36 Mais parfois, plus on en fait, plus on se met en danger.
07:40 Et c'est exactement ce que je veux éviter.
07:44 Je ne veux pas faire courir de risques à ma famille.
07:47 Et je ne veux pas prendre de risques.
07:50 Or malheureusement, c'est souvent ce qui se passe.
07:54 Il y a trois ans encore, Omar pouvait saluer une amie policière dans la rue.
07:59 Aujourd'hui ce serait inimaginable et perçu comme une trahison.
08:03 Les gangs ont des yeux partout.
08:06 C'est difficile d'expliquer pourquoi il y a autant de violence.
08:10 Moi, je crois que c'est un ensemble de facteurs.
08:13 La loi qui ne punit pas les mineurs.
08:16 Une mauvaise politique d'intégration.
08:19 Il y a beaucoup de quartiers malfamés, comme Söder.
08:23 Et ça s'ajoute aux problèmes.
08:26 On a tous besoin d'appartenir à un groupe.
08:29 Et quand les gens ne s'identifient pas à la société dans laquelle ils vivent,
08:33 ils se tournent vers d'autres milieux.
08:37 Il y a trois ans, un officier de police a été abattu à Göteborg, la deuxième ville du pays.
08:43 Martin Argdahl, son collègue, patrouille alors tous les jours dans le quartier de Biskopsgården.
08:49 En général, les fusillades ont lieu dans les quartiers à problème.
08:54 Évidemment, c'est terrible pour la localité.
08:58 Mais ça a aussi un impact sur la société entière.
09:02 La criminalité grimpe en flèche, le trafic de drogue augmente,
09:07 les fraudes aux prestations sociales sont nombreuses.
09:11 Ça influe sur l'ensemble de la population et sur la confiance en notre système.
09:16 Les policiers, qui, il y a trois ans encore, dénonçaient la situation, n'osent plus parler ouvertement.
09:23 Il y a dix ans, un suspect de meurtre par arme à feu sur quatre avait entre 15 et 20 ans.
09:30 En 2022, un sur deux se trouvait dans cette fourchette d'âge.
09:35 Un délinquant de 15 ans accepte de se livrer à visage couvert.
09:41 J'ai commencé à vendre de la drogue à l'âge de 11 ou 12 ans.
09:46 Ça a commencé par de petites choses.
09:49 Au début, on vole des bonbons, puis on se met à fumer des cigarettes, et ensuite des joints.
09:55 C'est l'escalade. Et au bout d'un moment, tu te retrouves avec une arme dans la main et tu dois tuer pour de l'argent.
10:03 Moi, j'ai déjà tiré sur quelqu'un, mais heureusement, il n'est pas mort.
10:10 Je ne sais pas ce que c'est que de tuer.
10:14 Dans l'univers des gangs, pas de place pour l'empathie et la peur.
10:19 Un adolescent qui ne ressent rien est plus malléable.
10:24 J'ai été arrêté plein de fois avec de la drogue ou une arme sur moi.
10:30 Mais à chaque fois, je recommençais.
10:34 Et j'étais envoyé dans une maison de détention pour mineurs.
10:39 J'ai été impliqué dans beaucoup de fusillades.
10:43 Je me suis fait tirer dessus, et j'ai tiré sur d'autres personnes.
10:47 La rue, ce n'est pas un jeu.
10:51 Coumela, à environ 5 heures de voiture d'Elzingborg.
10:56 C'est la plus grande prison de Suède, mais aussi la plus sécurisée.
11:00 Ici, l'escalade de la violence est particulièrement flagrante.
11:18 Jacques Mouepu, 60 ans, est un expert de renommée internationale.
11:23 Le directeur pénitentiaire a inspecté et conseillé des maisons d'arrêt
11:27 aux quatre coins du monde pour le compte de l'ONU.
11:31 Pour lui, la prison est un lieu qui permet aux individus de changer.
11:35 Comme chaque matin, le personnel carcéral se réunit pour faire le point
11:39 sur la journée de la veille.
11:42 - Tous les besoins sont couverts et on a assez de personnel.
11:46 - Aujourd'hui, un détenu va réintégrer le service psychiatrique.
11:50 On ne sait pas du tout dans quel état on va le trouver.
11:54 - Il a essayé de se suicider.
11:58 - On a mis un détenu à l'isolement parce qu'on a été informés
12:02 qu'il risquait d'être agressé par ses co-détenus.
12:06 - Il y a eu un bruit.
12:10 - C'est un bruit de la porte.
12:14 - La larme s'est déclenchée.
12:18 - On a dû repousser la promenade et un détenu s'est mis en colère
12:22 parce qu'on refusait de le laisser sortir.
12:26 - Il y a encore des questions ? Alors je vous souhaite une bonne journée.
12:30 La maison d'arrêt, qui compte près de 800 fonctionnaires pour 720 détenus,
12:34 est le plus grand employeur de Koumela.
12:38 - On sait ce qu'ils ont fait, on sait pourquoi ils sont là.
12:42 Mais plus ils sont jeunes, plus la réinsertion a de chances de réussir.
12:46 Je suis persuadé qu'on peut encore faire quelque chose pour eux.
12:50 Si ce n'était pas le cas, je ne serais pas assis dans ce fauteuil.
12:54 On est des thérapeutes.
12:58 Notre rôle, c'est de les soigner, de leur donner espoir
13:02 et de leur montrer qu'ils peuvent changer.
13:06 - En prison, les individus issus de l'immigration sont plus représentés
13:10 que dans la société suédoise.
13:14 Pour le directeur de l'établissement, il y a un lien direct
13:18 entre la montée de la violence et l'échec de la politique d'intégration.
13:22 - C'est dû à une mauvaise intégration des immigrés,
13:26 un sujet extrêmement complexe.
13:30 Je suis moi-même un produit de l'immigration.
13:34 A l'époque, les étrangers avaient beaucoup de mal à trouver du travail.
13:38 J'ai eu de la chance.
13:42 A leur arrivée, beaucoup sont parachutés dans une banlieue
13:46 déjà touchée par des problèmes de logement et d'emploi.
13:50 Et ça ne fait qu'aggraver la situation.
13:54 - Autre conséquence de la vague de criminalité,
13:58 des prisons surpeuplées.
14:02 L'établissement de Koumela, initialement prévu pour loger 420 détenus,
14:06 est prévu double.
14:10 Toutes les cellules individuelles sont occupées par deux condamnés.
14:14 - On ne cesse de répéter que la Suède traverse une crise
14:18 en matière de sécurité intérieure.
14:22 Mais le système carcéral et les conseillers pénitentiaires
14:26 d'insertion et de probation font bien leur travail,
14:30 qu'il s'agisse de soins, d'emplois ou de sécurité.
14:34 Chaque jour, Jacques Mwepu effectue sa tournée
14:38 pour jauger l'état d'esprit général.
14:42 - Est-ce que beaucoup de détenus signalent des erreurs de tri ?
14:46 - Parfois, il y a des demandes spécifiques, mais jamais de réclamations.
14:50 Après le sport, ils ont trop de linge sale,
14:54 alors ils donnent leur T-shirt au personnel.
14:58 Mais ça atterrit tout de même chez nous, et on s'en occupe.
15:02 - Les détenus sont toujours en coopération.
15:06 Mais Jacques Mwepu voit le verre à moitié plein.
15:10 70% ne récidivent pas, et cela grâce à son travail.
15:14 C'est l'heure du jour fixe, son rendez-vous quotidien
15:18 avec un groupe de détenus.
15:22 Parmi les sujets abordés, les conditions de détention,
15:26 l'accès aux installations sportives et à la formation,
15:30 et la sécurité de la police.
15:34 - Avant, tu ne pouvais pas être condamné à la perpétuité
15:38 quand tu avais moins de 21 ans.
15:42 Alors c'était ceux qui avaient entre 18 et 20 ans qui tuaient.
15:46 Aujourd'hui, tu peux prendre perpète à 18 ans.
15:50 Alors les gangs recrutent les 15-17 ans.
15:54 - On utilise toujours quelqu'un d'autre.
15:58 C'est facile, ils ont tous envie de faire leur preuve.
16:02 - La guerre des gangs est un sujet récurrent en prison.
16:06 Car c'est ce qui a mené un grand nombre de détenus ici.
16:10 Le système de recrutement des bandes, ils le connaissent d'expérience.
16:14 - Il y a un effet d'entraînement.
16:18 Il ne faut surtout pas avoir l'air faible.
16:22 On veut montrer qu'on est dur, alors c'est la surenchère.
16:26 - Toute personne qui commet un crime
16:30 finit par en répondre devant la justice.
16:34 Mais aujourd'hui, les criminels sont de plus en plus jeunes.
16:38 Parfois, il s'agit d'enfants qui ont entre 10 et 16 ans.
16:42 Et c'est très difficile de combattre ce phénomène.
16:46 - Situé à proximité du centre-ville d'Elzingborg,
16:50 ce deuil est un des plus grands en France.
16:54 A l'époque, c'était un quartier multiculturel et très prisé.
16:58 Depuis 2022, la Suède est gouvernée par une coalition minoritaire
17:02 de tendance conservatrice et libérale
17:06 qui s'allie souvent à l'extrême droite pour obtenir la majorité.
17:10 Le ton à l'encontre de la population issue de l'immigration s'est durci.
17:14 Et les budgets alloués à la politique d'intégration ont été coupés.
17:18 Ainsi, à Söder, les jeunes n'ont plus d'endroit où se retrouver.
17:22 Les seuls lieux qui les accueillent encore, ce sont les mosquées.
17:26 Omar a trouvé le chemin de la foi il y a quelques années.
17:30 Ses voyages au Liban, le pays de ses racines
17:34 et ses échanges avec ses proches l'ont poussé à la réflexion.
17:38 Dans un monde de plus en plus dysfonctionnel à ses yeux,
17:42 la prière constitue un refuge.
17:46 Après ce moment de recueillement, les jeunes passent
17:50 dans un bâtiment adjacent pour s'adonner à des activités plus temporelles.
17:54 Un match de foot et quelques sucreries ont le mérite
17:58 de les maintenir à l'écart de la rue.
18:02 Il n'y a pas d'autre endroit pour nous accueillir.
18:06 Le seul lieu où on peut se retrouver, maintenant, c'est la mosquée.
18:10 Il y a trois ans, il y avait plus d'argent et plus de mesures sociales.
18:14 On n'a plus le financement pour poursuivre le travail qu'on a commencé.
18:18 Et pourtant, ce serait vraiment nécessaire pour mettre un terme
18:22 aux fusillades et aux guerres de gang.
18:26 Le gouvernement prétend investir beaucoup d'argent dans les projets sociaux,
18:30 mais nous, on n'en voit pas la couleur.
18:34 Le temps d'un match de foot, ils oublient la violence.
18:38 Ici, les dangers de la rue paraissent loin.
18:42 - L'islam nous enseigne qu'il ne faut pas tuer, qu'il ne faut pas voler
18:46 et qu'il faut être une bonne personne.
18:50 Ici, les jeunes obéissent à une force supérieure.
18:54 Pas à la police, pas au pouvoir public, non.
18:58 À un Dieu qu'ils craignent.
19:02 Et ça leur évite de faire des bêtises.
19:06 - Tant qu'ils sont là, car tous ont déjà été approchés
19:10 par les gangs qui recrutent à tour de bras.
19:14 - Tout le monde peut avoir accès à une arme.
19:18 Tout le monde peut acheter un Glock 19, un AK-47 ou même un M16.
19:22 C'est très facile.
19:26 - Il y a toujours beaucoup de criminalités.
19:30 Mais la plupart des jeunes veulent trouver un travail sérieux.
19:34 Ils veulent pouvoir se regarder dans un miroir.
19:38 - Ces derniers temps, il y a eu plusieurs fusillades.
19:42 Des types se sont fait abattre, poignardés, tabassés.
19:46 Et parfois, ceux qui commettent ces crimes ont à peine 12 ans.
19:50 C'était le cas à Oupsala.
19:54 Ce sont des gamins de moins de 15 ans qui ont tiré.
19:58 - Ici, chacun a des amis ou des proches qui font partie d'un gang.
20:02 Difficile, voire quasiment impossible dans ces conditions
20:06 de vie.
20:10 - Et lorsque l'on franchit le pas de la grande criminalité,
20:14 il est quasiment impossible de faire marche arrière.
20:18 Cet adolescent de 15 ans n'est pas seulement dans le collimateur
20:22 de la police, mais aussi des gangs.
20:26 - Je n'ai pas envie de faire tout ça.
20:30 Si j'avais un projet, si on proposait une porte de sortie,
20:34 je ne pense pas à l'avenir.
20:38 Je sais qu'un jour ou l'autre, je finirai dans un fossé ou en prison.
20:42 - Le cimetière musulman.
20:52 Omar s'y réfugie lorsqu'il a besoin de calme et de recueillement.
20:56 Nombre de ses amis et de ses proches, victimes de la guerre des gangs,
21:00 y sont enterrés.
21:04 - Younes et Lamine Haifi avaient à peine 22 et 26 ans
21:08 lorsqu'ils ont été abattus. Leur meurtrier a été condamné
21:12 à la perpétuité au début du mois de mai.
21:16 - C'est la tombe d'un ami d'enfance et de son frère.
21:20 C'était quelqu'un de bien. Je ne sais pas exactement
21:24 ce qui s'est passé.
21:28 Mais il était jeune et c'était un bon gars.
21:32 - C'est un problème qui touche tout le monde,
21:36 pas seulement les immigrés. Tous ceux qui vivent
21:40 dans un quartier violent subissent la guerre des gangs.
21:44 - Parler de la violence, c'est déjà prendre des risques.
21:48 Surtout lorsque des amis d'amis, des frères,
21:52 comme on s'appelle dans le milieu, interprètent mal vos propos.
22:00 - Je ne connais pas leur histoire à tous.
22:04 Mais c'est une honte de voir autant de tombes,
22:08 autant de jeunes assassinés.
22:12 C'est l'échec de la politique gouvernementale
22:16 et de la société.
22:20 C'est vraiment triste. Beaucoup de mes amis sont morts trop tôt.
22:24 - Esmail Haddi venait d'avoir 20 ans.
22:28 Il a été l'un des premiers jeunes à être pris
22:32 dans le rouleau compresseur de la guerre des bandes.
22:36 Le jeune homme a cherché à jouer les médiateurs dans une querelle
22:40 et l'a payé de sa vie.
22:44 Depuis 7 ans, son père vient tous les jours
22:48 sur sa tombe pour prier.
22:52 - Tout ceci méritait mieux que ça.
22:56 Il serait peut-être marié et il aurait des enfants à l'heure qu'il est.
23:00 On se serait peut-être rencontrés dans d'autres circonstances,
23:04 dans un autre environnement, pourquoi pas au travail.
23:08 On aurait fait une belle carrière.
23:12 - Aujourd'hui, des centaines de familles pleurent leur fils.
23:16 Et la vague de violence fait tâche d'huile en Suède.
23:20 Omar, lui, refuse de se laisser intimider
23:24 par ses trois chemins. C'est le cas de Youssef Shama,
23:28 qui a développé une passion pour la boxe thaï.
23:32 - Ils ont besoin qu'on soit là.
23:36 Il y a des jours où ils n'ont pas envie d'aller à l'entraînement,
23:40 alors il faut les pousser.
23:44 Je sais que c'est difficile, j'ai eu leur âge.
23:48 Alors je me dis que si moi je n'essaie pas de les aider,
23:52 je vais les aider.
23:56 - Au sud-ouest de la mer du Liban, Youssef est arrivé
24:00 dans le pays en 2019. Il a découvert cette discipline
24:04 à l'âge de 8 ans et a remporté le championnat de Suède junior
24:08 à l'âge de 16 ans.
24:12 - Il paraît que tu t'es blessé au genou.
24:16 - Oui, au premier combat. Mais il faut que je tienne.
24:20 - Cette activité est un modèle positif au sein de leur propre
24:24 environnement culturel. Contrairement à un nombre
24:28 de ses camarades qui ont succombé aux sirènes des rappeurs
24:32 gangsta, Youssef a fait de la boxe un exutoire et s'entraîne
24:36 tous les jours pour réaliser son rêve.
24:40 Bien souvent, les jeunes qui pratiquent un sport de combat
24:44 trouvent dans leur entraîneur la figure paternelle qui fait défaut
24:48 de se montrer violent, mais dans un cadre bien défini.
24:52 ...
25:06 - Je devrais avoir un avenir en Suède, mais ce n'est pas le cas.
25:10 Et je ne veux pas tomber dans la criminalité.
25:14 Il y a des types qui sont plus vieux que moi et qui essaient
25:18 de me pousser à faire des choses illégales.
25:22 Mais Heureusement, Omar m'a présenté à Mustapha Aboutaka,
25:26 champion du monde de boxe taille et qui m'a pris sous son aile.
25:30 Aujourd'hui, je suis champion de Suède.
25:34 Mon prochain objectif, ce sont les Mondiaux.
25:38 - Mustapha Aboutaka, dont la médaille est récente,
25:42 a fait sa première course en Suède.
25:46 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
25:50 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
25:54 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
25:58 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:02 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:06 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:10 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:14 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:18 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:22 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:26 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:30 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:34 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:38 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:42 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:46 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:50 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:54 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
26:58 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
27:02 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
27:06 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
27:10 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
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27:34 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
27:38 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
27:42 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
27:46 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
27:50 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
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28:02 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
28:06 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
28:10 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
28:14 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
28:18 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
28:22 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
28:26 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
28:30 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
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28:46 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
28:50 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
28:54 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
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29:10 Il a fait sa première course en Suède en 2015.
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