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Samedi 15 juin 2024, SMART @WORK reçoit Marline Weber (Chargée politique de l’achat durable, Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires) , Mustapha Elouajidi (Directeur adjoint achat et commande publique, Bordeaux Métropole) et Philippe Mallard (Directeur Général de la division Collectivités, Manutan Group)

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Transcription
00:00 Smart at Work, vous est présenté par Manu Tan.
00:04 Bonjour à tous, bienvenue dans Smart at Work, votre émission mensuelle autour du concept du bien travailler.
00:21 Alors ce mois-ci, je vous propose de nous replonger dans l'univers passionnant des achats responsables,
00:26 mais cette fois-ci du point de vue des collectivités. Où en sont-elles aujourd'hui ?
00:32 Quelles sont leurs obligations, leurs contraintes ?
00:34 Comment parviennent-elles à mettre en place une stratégie en matière d'achat responsable ?
00:38 Est-ce que les fournisseurs peuvent éventuellement les y aider ?
00:41 Autant de questions auxquelles on va tenter de répondre dans un instant avec mes invités dans Smart at Work.
00:52 Et pour commencer cette émission, j'ai le plaisir de recevoir Marlène Weber, bonjour.
00:56 Bonjour.
00:57 Marlène, vous êtes chargée de politique de l'achat durable au ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
01:02 Et c'est vrai que dans cette émission, on fait régulièrement des points sur les achats responsables,
01:05 mais je pense que tout le monde n'est pas encore très familier avec cette notion.
01:08 D'ailleurs, est-ce qu'on dit achat responsable, achat durable ? Comment est-ce qu'on définit cela ?
01:13 Alors, au ministère de la transition écologique, on parle plutôt d'achat durable,
01:18 mais on peut parler d'achat responsable. Pour nous, ça recoupe les mêmes notions.
01:22 Un achat durable, c'est un achat qui intègre les trois dimensions du développement durable,
01:26 donc l'environnement, le social et l'économique.
01:29 Et comme aujourd'hui, on parle plutôt d'achat public, de commande publique,
01:33 donc schématiquement, les achats de l'État, des collectivités territoriales et des établissements publics.
01:39 Il faut savoir que la commande publique, ça représente 10 % du PIB.
01:43 Donc c'est une dépense considérable, un levier économique d'un poids considérable.
01:50 Et donc on pense que c'est une dépense qui est publique, nécessaire, qui est induite chaque année.
01:59 Donc autant orienter cette dépense vers des produits plus durables,
02:03 c'est-à-dire plus robustes, plus réparables, avec des matériaux moins nocifs pour l'environnement,
02:09 qui respectent les droits humains, qui intègrent des matières recyclées.
02:13 Il y a beaucoup de notions, mais cette dépense, si elle est bien orientée,
02:18 elle envoie un signal fort aux acteurs économiques pour qu'ils fassent évoluer leur offre vers des produits plus rares.
02:24 Oui, ça peut être une sorte de locomotive, si j'entends bien ce que vous dites.
02:27 Pour nous, la commande publique, c'est vraiment un des premiers leviers à actionner pour la transition écologique.
02:33 Est-ce que cette commande publique est soumise à des contraintes, notamment depuis la loi AGEC ?
02:38 Tout à fait. Déjà, la commande publique, c'est un cadre réglementaire qui est assez contraint.
02:44 Les acheteurs publics ne peuvent pas sélectionner le fournisseur qu'ils veulent sur la base de critères discrétionnaires.
02:52 Et de plus en plus, le cadre réglementaire en matière d'achat durable se renforce considérablement en France.
03:00 La France a une politique assez ambitieuse en matière d'achat durable.
03:04 Il y a effectivement la loi AGEC que vous mentionnez. C'est la loi dite anti-gaspillage et relative à une économie circulaire.
03:14 Il y a aussi la loi EGalim. EGalim, c'est sur l'alimentation et la restauration collective.
03:22 Et puis, enfin, on a la loi Climat et Résilience qui impose à tous les marchés publics, à tous les acheteurs publics,
03:31 d'intégrer obligatoirement des considérations environnementales et sociales dans les contrats publics.
03:37 Ça veut dire que chaque collectivité individuellement doit définir une stratégie pour répondre à tous ces critères ?
03:43 À l'échelle de la collectivité, effectivement, pour les plus grosses d'entre elles, les collectivités doivent élaborer une stratégie d'achat responsable
03:55 qu'on appelle avec un nom un peu barbare de Spazer. C'est le schéma de promotion des achats socialement et écologiquement responsables.
04:03 Et donc, le fait d'élaborer une stratégie, ça permet déjà de faire un état des lieux, de se questionner sur les priorités politiques du territoire
04:16 en cohérence avec les autres politiques publiques, de se mettre d'accord avec les autres directions sur les objectifs qu'on se fixe
04:25 et puis d'avoir un appui politique qui est nécessaire selon nous pour mener une politique de transition, que l'acheteur ait cet appui politique pour mener ses actions.
04:37 Et enfin, c'est aussi envisager l'achat non seulement comme une fonction support, historiquement c'est une fonction support,
04:47 mais vraiment une fonction stratégique, politique au service de la politique du territoire.
04:53 Comment est-ce qu'on définit aujourd'hui un achat responsable durable ? Il y a des critères, il y a évidemment un label,
04:59 mais est-ce qu'il faut s'appuyer aujourd'hui sur des choses comme les labels par exemple ?
05:03 Alors, pour nous déjà, le ministère de la transition écologique, un achat responsable selon le ministère, c'est un achat qui répond effectivement aux besoins de l'acheteur.
05:15 Oui, ça me semble effectivement une bonne première prérequis.
05:19 Donc déjà, il faut se poser la question de, est-ce qu'on a réellement besoin d'acheter 400 nouvelles chaises ?
05:26 Ou est-ce qu'on a besoin de faire asseoir 400 agents ?
05:30 Ou encore, est-ce qu'on a besoin de leur permettre de travailler ?
05:35 Ce qui est différent, peut-être que certains ont des problèmes de dos, ont besoin de fauteuils plus ergonomiques,
05:40 d'autres préfèrent travailler debout, il y a le télétravail.
05:44 Donc il faut déjà faire cet état des lieux, de voir si ce matériel n'est pas disponible dans un autre service.
05:50 Donc il y a déjà cette adaptation aux besoins.
05:54 Ensuite, il faut que l'achat soit adapté au contexte local, ça dépend vraiment de chaque situation.
06:01 Donc il n'y a pas de liste de produits durables en tant que telle, ce n'est pas automatique.
06:09 Un achat, on ne peut pas dire que tel produit est durable, ça dépend vraiment aussi de chaque situation.
06:14 Néanmoins, il y a effectivement des questionnements à avoir.
06:18 Donc il y a effectivement des labels, des référentiels qui existent.
06:22 L'Observatoire économique de la commande publique, au sein du ministère de l'économie, travaille sur une grille de questionnements, justement.
06:30 Un kit des achats durables sur lequel on travaille aussi.
06:34 Mais dans tous les cas, ça nécessite de se former, ça nécessite de pouvoir appréhender ces enjeux.
06:40 Et c'est pourquoi au ministère, on travaille au ministère de la transition écologique,
06:45 dans le cadre du plan national des achats durables que l'on déploie, qu'on appelle le PNAD, de 2022 à 2025.
06:53 On met à disposition des outils, des formations en ligne, en présentiel, etc.
06:59 Des programmes d'accompagnement justement pour élaborer sa stratégie d'achat responsable
07:04 et avoir des conseils humains sur les territoires pour mieux appréhender ces enjeux qui sont complexes.
07:11 Merci beaucoup Marlène Weber, vous restez avec nous, on va poursuivre cette discussion avec nos deux autres invités dans quelques instants.
07:22 Et on poursuit cette émission toujours en compagnie de Marlène Weber, chargée de politique de l'achat durable au ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
07:31 Nous ont rejoint en visio avec nous Mustapha El Ouajidi, directeur adjoint achat et commande publique de Bordeaux Métropole.
07:38 Et sur ce plateau avec nous, Philippe Mallard, directeur général de la division collectivité de Manutangroupe.
07:43 Bonjour messieurs et merci à tous les deux de nous avoir rejoints.
07:46 Mustapha El Ouajidi, je voulais savoir au sein d'une collectivité aussi importante que Bordeaux Métropole, qui est en charge des achats responsables ?
07:56 Est-ce que c'est vous, votre service, une seule personne ou est-ce qu'il y a des points d'entrée, des points de contact à plusieurs endroits ?
08:02 Alors pour les achats responsables effectivement, en termes d'organisation, nous on a déployé une politique d'achat responsable dès 2006.
08:10 Donc elle est vraiment ancienne et effectivement pour avoir une vision globale transversale de tous nos achats, il fallait un seul point d'entrée.
08:19 Donc nous on a choisi une organisation centralisée et ensuite on apporte un support et un accompagnement au service opérationnel
08:26 pour intégrer la dimension environnementale, sociale dans la commande publique.
08:30 Parce qu'effectivement si elle est diluée au sein des directions, c'est compliqué de faire un accompagnement efficace.
08:37 Donc nous on a centralisé toutes les demandes, notamment les demandes d'achat et on accompagne dès la définition du besoin,
08:44 les services opérationnels dans le dimensionnement de la clause environnementale, la clause sociale en fonction bien sûr des marchés.
08:51 Philippe Mallard, dans votre expérience côté distributeur, quand vous êtes en contact avec les collectivités,
08:57 est-ce qu'elles sont toutes centralisées, organisées, vous n'avez qu'un seul point d'entrée ou est-ce qu'au contraire vous avez de temps en temps plusieurs points de contact ?
09:03 Alors de part notre métier de distributeur avec des gammes extrêmement larges, puisqu'on a plus de 300 000 références au sein de la division collectivité,
09:11 avec des expertises sur le mobilier, sur l'équipement de sport et également sur la fourniture scolaire,
09:17 on a deux types de contacts au sein de la collectivité.
09:22 Le premier c'est le responsable de service, donc le responsable des services des affaires scolaires, des sports, des services techniques,
09:29 sur lequel on a des échanges sur les sujets d'usage, de besoin de produits, d'expertise, de conseils techniques sur les produits avec les responsables de ces services-là.
09:42 Et ensuite on est en contact avec la direction des achats des marchés pour justement répondre aux critères indiqués dans les marchés publics,
09:52 dans les appels d'offres liés aux achats responsables, durables et les critères liés à la loi de la commande publique.
09:59 Quand j'entends ce que nous dit Mustapha à Bordeaux, ils ont une stratégie depuis longtemps,
10:05 j'imagine que peut-être sur une métropole aussi importante que Bordeaux c'est effectivement pris en amont,
10:11 mais sur des collectivités qui sont peut-être plus petites, est-ce que vous avez différentes typologies j'imagine d'organisation de ce point de vue-là ?
10:19 Eh bien on a un service des marchés publics qui sont experts de la commande publique pour bien répondre aux différents critères, aux dossiers, etc.
10:30 et à toutes les demandes qui sont faites par la collectivité.
10:34 Et puis ensuite il y a des communes et des villes qui sont plus petites et on est en direct avec les responsables des services pour répondre vraiment à leurs besoins de produits spécifiques.
10:44 Et ils ont tous cette notion quand même d'importance des achats responsables aujourd'hui ?
10:47 Alors on a fait une étude en partenariat avec la Gazette des communes sur l'achat responsable.
10:56 Et en fait dans cette étude-là ressort un chiffre qui est deux tiers choisissent encore comme premier critère le choix qualité prix.
11:07 Et on le voit d'ailleurs dans les appels d'offres, dans la plupart des appels d'offres, le prix représente encore entre 40 et 60% du critère du choix du fournisseur.
11:18 Et les aspects plutôt RSE, social, environnemental, environnementaux, etc. c'est plutôt entre 10 et 20%.
11:26 Marline, c'est quelque chose que vous constatez aussi l'importance du rapport qualité prix sur la commande publique aujourd'hui ?
11:32 Alors oui bien sûr et pour moi l'étude qui est très intéressante d'ailleurs montre des résultats très positifs selon moi.
11:41 Effectivement le rapport qualité prix sort en premier.
11:44 Mais pour moi des achats responsables c'est des achats de bonne qualité avec un rapport qualité prix intéressant.
11:52 Donc pour moi ce n'est pas du tout antinomique et c'est tout à fait complémentaire avec d'autres objectifs.
11:58 Et on voit que je crois que le deuxième résultat c'est bien la poursuite de la recherche de produits qui soient respectueux de l'environnement.
12:07 Donc pour moi ce sont des résultats très positifs.
12:11 Et quand on recherche des produits de seconde main par exemple ou des produits qui sont plus robustes, c'est des produits avec un bon rapport qualité prix.
12:21 Donc effectivement pour nous ce n'est pas un souci d'avoir cette recherche bien sûr d'avoir un juste prix avec de la qualité derrière.
12:31 Moustapha, une réaction là-dessus peut-être ?
12:34 Pour compléter un peu ce que vient de dire Marline, nous quand on a commencé à intégrer des critères environnementaux ou des écolabels,
12:41 effectivement les premiers produits qu'on a eu notamment sur le mobilier, sur les produits d'entretien, effectivement les prix étaient un peu plus élevés.
12:49 On demandait des écolabels, NF environnement etc. respectueux de l'environnement.
12:54 Ces produits étaient encore en phase test, dirons-nous, c'était les premiers marchés en 2006-2007, c'était avant industrialisation.
13:03 Mais une fois que le marché s'est emparé de ces produits à développer des produits écolabelisés, l'industrialisation fait que les coûts baissent mécaniquement.
13:15 Puisqu'on s'oriente, la norme devient le produit à forte valeur ajoutée environnementale.
13:21 On n'est plus sur des produits classiques mais on est sur une industrialisation.
13:25 Donc nous aujourd'hui sur certains produits, notamment les mobiliers de bureaux, les produits d'entretien, on ne met plus de critères, on impose.
13:32 C'est-à-dire que les fournisseurs doivent répondre avec des produits écolabelisés
13:37 parce qu'on sait que le secteur d'activité a atteint une maturité suffisante pour répondre au bon rapport qualité-prix.
13:45 Philippe, vous avez la même pression de la part de vos clients, c'est assez homogène là-dessus, on impose maintenant des critères d'éco-responsabilité ?
13:55 Oui, on le voit dans les cahiers des charges des appels d'offres.
13:58 Et sur l'aspect prix, en fait, dans l'étude ressort le sentiment assez fort que les prix sont beaucoup plus élevés sur les produits éco-responsables, etc.
14:09 Alors nous, on a regardé dans notre offre, c'est juste, ils sont un petit peu plus chers, de l'ordre de 5%
14:15 parce que la matière première recyclée coûte aujourd'hui un peu plus cher.
14:19 Ça va évoluer et ça reviendra à la normale.
14:22 Mais par contre 5%, ce n'est pas dingue comme différence en fait.
14:26 Mais par contre, dans les achats responsables, on peut regarder la notion du prix d'une manière différente.
14:33 Par exemple, si vous achetez des produits de seconde vie, la différence c'est entre 30% et 50% moins cher que le prix neuf.
14:43 Donc, la collectivité est gagnante.
14:46 Si vous achetez des produits de meilleure qualité ou qui ont une réparabilité...
14:53 Oui, ou qui ont une durée de vie plus longue...
14:56 Et donc, une durée de vie plus longue, même si vous l'achetez 10% plus cher au départ,
15:00 le prix sur la durée, parce que le produit va durer peut-être deux fois plus longtemps, au final, la collectivité est gagnante aussi.
15:07 Marlène ?
15:08 Oui, je pense que je vais aller dans le même sens.
15:12 Mais effectivement, déjà, les enquêtes, les études qui existent, moi que j'ai vues, de l'ADEME, l'Agence de l'environnement,
15:19 où 60 millions de consommateurs montrent plutôt que les produits avec l'écolabel européen,
15:27 donc le label écologique à l'échelle européenne, sont plutôt moins chers, selon les produits.
15:34 Mais sur ceux qui sortent, comme les produits ménagers, par exemple, c'est plutôt moins cher.
15:40 Effectivement, ça dépend de ce qui est recherché, mais comme je disais, se questionner sur le besoin,
15:45 donc déjà, acheter parfois moins, acheter d'occasion, acheter plus robuste,
15:51 et donc envisager vraiment l'achat sous l'angle de son coût global.
15:54 C'est-à-dire non seulement le prix à l'achat au moment de l'achat, mais également les frais de réparation,
16:01 de maintenance, de coût de stockage, de gestion des déchets, de renouvellement.
16:05 Lorsqu'on envisage ce coût global, c'est souvent moins cher sur ce spectre-là.
16:13 Et c'est pourquoi, au ministère, nous travaillons à la mise à disposition d'outils pour prendre en compte ce coût global.
16:21 C'est dans la loi Climat et Résilience pour le 1er janvier 2025 de prendre en compte ce coût global,
16:28 mais aussi les externalités environnementales, donc les coûts supportés par la société,
16:32 les émissions de gaz à effet de serre, la pollution de l'air, des sols, etc.
16:37 Pour nous, c'est important d'envisager l'achat sur toute sa durée de vie.
16:44 Et si je peux rajouter également le fait que dans un an et demi, la loi Climat et Résilience signe de toute façon la fin du critère unique du prix.
16:54 On ne pourra pas seulement prendre en compte le prix, il faudra forcément intégrer des considérations environnementales dans ses achats.
17:00 Donc il y a forcément ces deux données qui seront prises en compte d'ici un an et demi.
17:06 Moustapha, vous parliez tout à l'heure de produits avec des écolabels, donc là on est sur le côté très écologique,
17:12 mais est-ce que vous avez aujourd'hui des moyens de prendre en compte des critères sociaux ou de fournisseurs locaux
17:18 qui participent au développement économique de votre territoire par exemple ?
17:22 Le localisme en matière de commande publique est interdit bien sûr,
17:27 mais nous ce qu'on privilégie c'est de mettre à la fois des critères environnementaux mais aussi sociaux.
17:34 On a une politique RSE à destination des entreprises, on va s'interroger sur la capacité de l'entreprise à faire par exemple
17:45 mettre en place des actions sur l'égalité femmes-hommes, la lutte contre la discrimination, les personnes en situation de handicap.
17:52 Donc on va les challenger via des plans de progrès pour qu'ils mettent en œuvre et valorisent ces actions dans le cadre de leur marché.
18:00 On a aussi de la clause d'insertion sociale qu'on intègre dans nos marchés publics,
18:06 donc on réalise à peu près 500 000 heures d'insertion par an,
18:10 avec un accompagnement spécifique dédié aux entreprises qui ont ces clauses à réaliser dans leur marché.
18:16 On va aussi intégrer des marchés d'y réserver, qu'on réserve à des structures d'insertion par l'activité économique.
18:25 Le Code de la commande publique nous permet par exemple de réserver un marché à des structures qui vont employer des personnes en situation de handicap
18:33 ou des personnes très éloignées de l'emploi.
18:35 Donc on a toute une palette dans le Code de la commande publique pour améliorer notre responsabilité sociale dans notre commande publique.
18:47 Ça veut dire que potentiellement vous pouvez être amené à exclure certains fournisseurs avec qui vous aviez l'habitude de travailler s'ils ne rentrent plus dans ces critères demain ?
18:55 Si c'est des critères, ils vont avoir une moins bonne note par exemple sur le critère environnemental ou social,
19:03 donc ils seront moins bien notés, ça peut faire basculer.
19:08 Je donne une anecdote, la première fois où on a mis un critère environnemental à 5%,
19:13 c'était dans notre premier marché avec des écolabels, c'était en 2006.
19:16 On avait acheté 800 ordinateurs et le critère environnemental à l'époque, l'écolabel, on l'avait chiffré à 5%.
19:23 A égalité de prix, c'est le critère environnemental à 5%, pondéré à 5%, qui avait fait basculer l'offre du bon côté vers le fournisseur qui a décroché le marché.
19:33 Depuis on a évolué, on a des critères à 15, 20, 25, 30% parfois.
19:38 C'est pour vous dire que l'importance des critères environnementaux est sociaux dans la commande publique aujourd'hui.
19:45 J'imagine que côté fournisseur, côté distributeur, ça veut dire être en capacité de connaître suffisamment bien l'origine de ces produits
19:54 pour agréger l'ensemble de la data pour ensuite pouvoir répondre à des appels d'offres.
19:59 Tout à fait, et comme l'expliquait Mustapha, et c'est ça qui est intéressant dans notre métier de fournisseur
20:05 et d'essayer d'accompagner les collectivités dans leur mission sur ces achats durables responsables,
20:10 c'est qu'il y a des cahiers des charges, il y a des contraintes dans ces cahiers des charges.
20:14 Et ça nous challenge, mais ça nous challenge dans le bon sens, c'est positif.
20:18 Et pour ça, on essaye d'apporter des solutions, des aides.
20:23 Par exemple, on met des pictogrammes de repères sur nos produits dans nos catalogues.
20:31 On a des guides de conseils, on a des boutiques dédiées aux offres éco-responsables.
20:36 On a 65 000 produits éco-responsables.
20:39 Et sur notre site internet, vous avez la possibilité de filtrer les produits qui correspondent à la loi AGEC.
20:47 Nous avons aussi, et c'est ça qui est le plus important, un conseil de proximité,
20:53 un échange de proximité par nos conseils commerciaux qui sont formés sur ces directives des achats durables responsables,
21:00 en prenant en compte les différents cahiers des charges.
21:03 Et donc cette relation de proximité nous permet d'accompagner le client dans son besoin réel.
21:08 Et c'est de l'argent public, donc il y a une responsabilité qui est double.
21:12 Bien sûr, la collectivité, mais aussi de notre part en tant que fournisseur.
21:15 Et cet accompagnement-là, on va pouvoir conseiller sur ce produit-là.
21:20 C'est mieux d'acheter du neuf.
21:21 Et sur cet espace-là à équiper, peut-être qu'un produit de deuxième vie, c'est très bien et qui va coûter 30 à 50 % moins cher.
21:33 Et donc c'est ce partenariat de confiance qu'il faut mener et c'est ensemble qu'on doit travailler.
21:39 C'est marrant parce que je vous entends tous parler de seconde main.
21:43 Et c'est vrai qu'on a cette vision que la seconde main est encore très réservée pour le bitoussi, pour les particuliers.
21:49 Marline, aujourd'hui, même pour des collectivités, c'est possible de réaliser des achats en seconde main ? Il y a de l'offre ?
21:55 Non seulement c'est possible, mais c'est une obligation légale.
21:58 Depuis 2021, avec la loi AGEC, comme vous le disiez, c'est tout l'intérêt et toute la difficulté, je pense, d'une politique volontariste
22:10 qui est de stimuler l'offre justement par la demande de produits durables, donc par une demande artificielle, par la commande publique,
22:20 où on impose aux acheteurs publics d'acquérir des biens issus du réemploi ou intégrant des matières recyclées.
22:26 Ces secteurs, les produits qui ont été sélectionnés dans le décret, ont été sélectionnés en fonction de l'offre disponible,
22:35 mais aussi en fonction du potentiel d'offre disponible.
22:38 Donc parfois, l'offre n'existe pas à l'échelle souhaitée, à l'entrée en vigueur des dispositifs.
22:45 Mais c'est justement toute la difficulté d'une politique de transition.
22:49 Et ce qu'on trouve intéressant, et pour nous c'est un pari qui réussit, c'est que les fournisseurs, les acteurs économiques viennent nous voir,
22:58 justement, et s'organisent entre eux, discutent entre eux, alors qu'ils n'avaient jamais échangé, la chaîne de valeur n'avait jamais échangé ensemble,
23:06 pour justement se structurer et développer des filières de réemploi qui n'existent pas aujourd'hui.
23:11 Comme vous le disiez, sur les ordinateurs, par exemple les ordinateurs reconditionnés, ça existe beaucoup pour le B2C, pour le consommateur,
23:20 mais c'est encore en structuration pour le B2B, c'est-à-dire pour les entreprises, les collectivités.
23:26 Et notre ambition, c'est que cette offre soit également disponible ensuite, justement, pour les acteurs privés,
23:32 pour les entreprises qui souhaiteraient s'équiper en ordinateurs reconditionnés, avec un parc informatique qui soit avec les mêmes garanties de durée de vie,
23:43 les mêmes qualités, voilà, le même niveau de réparation, etc.
23:47 Moustapha, sur cette question de la seconde main, vous arrivez à sourcer des achats recyclés, reconditionnés ?
23:53 Alors nous, on travaille sur notre territoire avec la Chambre régionale de l'économie sociale et solidaire,
23:58 parce qu'il y a beaucoup d'acteurs du champ de l'ESS qui sont impliqués dans ce domaine-là,
24:04 mais aussi des entreprises, des TPE, PME.
24:08 L'objectif, comme l'a dit Marline, c'est l'organisation des filières.
24:12 Aujourd'hui, certains ne sont pas matures.
24:14 Autant sur l'informatique, la téléphonie, vous trouvez aujourd'hui des acteurs.
24:18 Le mobilier aussi, il y a des acteurs du songoman qui se professionnalisent et qui commencent à se mettre en place.
24:25 Nous, nous essayons de lancer des lots qui soient dimensionnés suffisamment sur le territoire pour avoir des réponses.
24:33 On va lancer prochainement un lot dans le domaine de l'informatique et la téléphonie, et un lot dans le mobilier.
24:39 Donc voilà, il faut aussi adapter techniquement les cahiers des charges,
24:45 parce que pour rédiger un cahier des charges du réemploi, ce n'est pas si facile que ça,
24:50 parce qu'entre le moment où il y a un engagement contractuel sur un bordereau par rapport à des prix et à des produits existants,
24:58 au moment où vous allez passer la commande, vous pouvez ne plus avoir le produit disponible.
25:03 Donc nous, on va travailler sur un système qui s'appelle le SAD, un système d'achat, système d'acquisition dynamique,
25:09 où on va référencer des fournisseurs au fur et à mesure pour pouvoir les consulter via des marchés subséquents au moment où survient le besoin.
25:18 Donc on est obligé aussi d'adapter nos techniques d'achat au secteur du réemploi,
25:23 lorsqu'on lancera nos marchés dans le domaine de la seconde main et de l'occasion.
25:28 C'est intéressant, j'ai l'impression que ça pousse à l'innovation des deux côtés,
25:32 c'est-à-dire du côté des collectivités qui s'adaptent, qui revoient peut-être leur manière de fonctionner,
25:37 et du côté des fournisseurs pour l'offre en fait, Philippe.
25:39 Très clair, j'ai même une bonne nouvelle à vous annoncer,
25:41 puisqu'on vient de créer un service de collecte de mobilier, matériel informatique, etc.
25:48 au sein de Manutent, au sein de la division collectivité, auprès des collectivités,
25:52 pour récupérer leur mobilier de bureau, leur mobilier scolaire, les équipements de sport, etc.
25:59 On les collecte, on les met dans notre atelier pour les remettre sur le marché, en seconde vie,
26:07 et proposer aux clients avec une différence de 30 à 50 % sur le prix de vente.
26:13 Donc on a regardé l'écosystème, et donc il y a plein d'acteurs,
26:18 qui sont des petits acteurs un petit peu partout dans le territoire,
26:20 et on a décidé chez Manutent d'investir sur ce service de collecte de mobilier, d'informatique, etc.
26:28 pour remettre aussi en état les produits, et c'est l'économie circulaire, c'est ça qui est vertueux, et ça c'est fantastique.
26:34 - Marlène, j'ai l'impression que ça revient à ce que vous disiez finalement au début,
26:37 la commande publique peut être une locomotive pour un changement qui soit évidemment ensuite à plus grande échelle.
26:43 - Oui, et c'est vrai que cet intérêt pour la commande publique, on le perçoit aujourd'hui dans toutes les politiques publiques,
26:50 tant au niveau national qu'européen, les politiques souhaitent s'appuyer sur le levier de la commande publique,
26:56 comme un levier qui existe de toute façon, ce n'est pas des subventions en plus,
27:00 en période de restrictions budgétaires aussi, et donc voilà, imposer des obligations,
27:06 malheureusement qui deviennent aussi nombreuses pour les acheteurs publics, pour pousser cette transition écologique.
27:13 - Merci beaucoup à tous les trois d'avoir été avec nous et d'avoir partagé vos expériences.
27:18 Marlène Weber, chargée de politique de l'achat durable, ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires,
27:24 Mustapha El Ouajidi, directeur adjoint achat et commande publique à Bordeaux Métropole,
27:29 et puis Philippe Mallard, directeur général de la division collectivité Manutten Group.
27:33 On se retrouve bien sûr le mois prochain pour un nouveau numéro de Smart at Work.
27:37 Smart at Work. Vous a été présenté par Manutten.
27:41 Sous-titrage Société Radio-Canada
27:43 [Musique]

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