Avec le journaliste Karl Zéro
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NewsTranscription
00:00Les carottes font cuite.
00:02Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:05Dans tous mes états, je ne suis pas le seul quand on parle effectivement de cette pédocriminalité.
00:12Quoi de plus terrifiant, quoi de plus terrible, quoi de plus...
00:16Les mots manquent pour dire la manière dont on s'attaque, dont on viole, dont on tabasse et dont on tue des enfants.
00:24Et ce n'est pas, hélas, hélas, des entreprises individuelles.
00:28Mais c'est un peu trop souvent des trafics, des trafics collectifs et qui impliquent beaucoup, beaucoup de gens.
00:35On va en parler tout de suite avec Car Zero.
00:42Bercov dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:59Alertez les bébés, ouais, c'est une merveilleuse chanson de Jackie, je l'ai.
01:06Alertez les bébés, il faut le dire.
01:08L'envers des affaires, le magazine fondé et présenté par Car Zero, dans son numéro 12,
01:16donc c'est un trimestriel pour été 2024, vous titrez Car Zero, interview exclusive depuis sa prison,
01:23Marc Dutroux parle.
01:25Je voudrais d'abord rappeler, pour ceux qui, beaucoup évidemment s'en rappellent,
01:30mais rappeler un peu ce qu'a été l'affaire Dutroux.
01:33L'affaire Dutroux, c'est une succession d'enlèvements et d'assassinats de petites filles et de jeunes filles,
01:40et on va arrêter un mec, Marc Dutroux, et sa femme, Michèle Martin,
01:46et un autre, qui s'appelle Michel Nihoul, qui est un affairiste bruxellois,
01:52et un grand amateur de Partos devant l'Eternel,
01:56et puis on va attendre de nombreuses années avant de les juger,
01:59et finalement, bien qu'il semble, à l'époque, qu'il y ait un réseau derrière,
02:06et que Marc Dutroux ne soit que le commanditaire, pardon...
02:10L'exécutant.
02:11L'exécutant de commanditaires qui, eux-mêmes, passent des commandes à Michel Nihoul.
02:17On se retrouve avec un Dutroux condamné, Michel Martin condamné,
02:22un troisième larron, qui s'appelle Lelievre, condamné.
02:25En revanche, Nihoul, pour tout ce qui est enlèvements et viols d'enfants, est blanchi.
02:30Lui ne prendra que 5 ans de prison, et il fera 6 mois.
02:34Et il est mort en 2019.
02:35Et il est mort depuis.
02:37Alors que les faits remontent à quand, tous ces faits d'enlèvements, etc.?
02:41Là, c'était en 1995-1996.
02:45Et donc, l'affaire a fait énormément de bruit.
02:50On a nommé un juge, à l'époque, qui s'appelait le juge Conroth, en Belgique.
02:54Et ce juge a commencé à faire son travail.
02:57Il a mis des gendarmes, évidemment, très professionnels sur le coup.
03:02Et on a arrêté son enquête au bout de quelques semaines,
03:07parce qu'elle remontait trop haut.
03:10Ah oui, carrément.
03:11Il a été démis de l'enquête.
03:14Enfin, il a été écarté.
03:16Oui, pour une raison bidon.
03:18Parce qu'il avait participé à un dîner spaghetti,
03:21où on récoltait de l'argent pour les parents des petites victimes.
03:26Donc, il n'y avait pas de quoi le mettre dehors.
03:29Mais on l'a mis dehors.
03:30Et là, vous en souvenez, André,
03:33entre 3 et 400 000 Belges sont descendus dans la rue
03:36pour ce qu'on a appelé la marche blanche,
03:38en disant protéger nos enfants.
03:40Pourquoi est-ce qu'on arrête le travail de ce juge ?
03:43Et on a nommé un autre juge, le juge Langlois,
03:46qui s'est employé à transformer Marc Dutroux,
03:49qui était évidemment le contraire d'un prédateur isolé,
03:52puisque, pour rappeler ce que faisait Marc Dutroux dans la vie,
03:55il trafiquait des camions volés, des engins de chantier volés,
03:59des voitures, des pneus et des petites filles.
04:02Ça ne retire rien au fait que Marc Dutroux
04:05est effectivement un pédophile et une ordure.
04:09Véritablement, et qui violait les petites victimes.
04:12Mais il était chargé, lui, de les mettre au chaud,
04:15si j'ose dire, dans sa cache à Marcinelle,
04:18en attendant qu'elles soient livrées...
04:20En Vallonnie, Marcinelle.
04:21Oui, absolument.
04:22Au pays Vallon.
04:23Afin qu'elles soient livrées aux commanditaires,
04:26par l'entremise de Nihoul.
04:28Et donc, on en était resté là,
04:30et ça fait maintenant longtemps, presque 40 ans,
04:33et en discutant d'abord avec les anciens gendarmes,
04:36Aimé Bill et Michel Clippe,
04:39puis avec le procureur du roi Michel Bourlet,
04:42puis avec une des victimes du réseau de Michel Nihoul,
04:46Anne Que Lucas,
04:48que je me suis rendu compte que finalement,
04:50on n'avait jamais eu le fin mot de l'histoire,
04:52que Dutroux n'avait jamais parlé.
04:54Or, c'est très important finalement de demander à Dutroux,
04:57évidemment en prenant les précautions d'usage,
04:59parce qu'on sait que c'est un psychopathe,
05:01mais de lui dire, finalement, ces petites filles,
05:03elles servaient à quoi ?
05:05C'était pour qui ?
05:06Et donc, le travail a consisté à convaincre son avocat actuel,
05:12Maître Daies, qui est son cinquième ou sixième avocat,
05:15et qui aujourd'hui ne peut plus faire grand-chose.
05:17Dutroux est en prison, il ne sortira sans doute jamais.
05:20Pour qu'il sorte, il faudrait qu'un tribunal spécial de cinq juges
05:24donne son accord à l'unanimité.
05:26Il est probable qu'il mourra en prison,
05:29Est-ce qu'on a envie qu'il sorte ?
05:31On n'a pas spécialement envie qu'il sorte, en réalité.
05:34Et alors, justement, on arrive au cœur du problème,
05:38d'ailleurs qui s'est posé, aussi bien pour l'affaire Epstein
05:41que pour les trafics en Amérique du Sud,
05:43pour d'autres, on en parlera avec vous, Karl Zero.
05:46Au fond, quand on parle de commanditaire,
05:49parce que beaucoup de gens ont dit,
05:50mais non, c'est faux, il n'y a pas de commanditaire,
05:52vous parlez de réseau, ça remontait très haut en Belgique.
05:56Oui, ça remonte effectivement très haut.
05:58Il y a à la fois...
05:59Alors, il m'a donné un certain nombre de noms de magistrats,
06:03donc des procureurs, des juges, des avocats.
06:06J'ai juste mis la première lettre,
06:10parce que certains sont encore en vie.
06:13Et au-delà, en parlant avec d'autres témoins dans ce dossier,
06:18il y a quand même des noms qui sortent.
06:20Il y a celui qui, à l'époque, était Premier ministre Van den Beunends,
06:24il y a ce fameux baron noir qui revient constamment,
06:28qui était lié également à l'affaire des tueries du Brabant.
06:32Et derrière tout ça se dessine quelque chose d'assez intéressant,
06:38puisqu'on est en train d'aller sur le terrain du chantage sexuel,
06:41au travers de votre question.
06:43C'est qu'il y avait, à l'époque, à Bruxelles,
06:46où il y a le siège de l'OTAN,
06:48un organisme important qui s'appelait le Stay Behind.
06:52Le Stay Behind a été créé juste après-guerre,
06:56et était quelque chose créé par qui ?
06:58Par les Américains, par l'OTAN.
07:00Et qui était là pour rester derrière au cas
07:04où un ou plusieurs pays basculeraient dans le communisme,
07:08qui était à l'époque...
07:09L'Union Soviétique, la guerre froide, etc.
07:12Et ils utilisaient toutes sortes de techniques d'espionnage,
07:15mais ils utilisaient aussi, visiblement, le chantage sexuel.
07:20Comme dans l'affaire Epstein,
07:22on sait qu'il y a des États qui étaient derrière Epstein,
07:25et que, quand Epstein filmait les ébats de personnalités extrêmement importantes...
07:30Il y avait des caméras dans toutes les chambres, dans tous les salons, etc.
07:33Voilà !
07:34Et donc, il semble que c'était la même chose au sein de ce Stay Behind,
07:37où on retrouve les noms...
07:40Pour ceux que ça intéresse vraiment,
07:42Wikileaks a publié le dossier du trou en entier,
07:45et les noms des sommités sont noirs sur blanc.
07:48Donc, on se rend compte que ces gens-là, en fait...
07:50Je reviens au Stay Behind,
07:52ils avaient inventé ce qu'on appelle la stratégie de la tension.
07:55Mais alors, c'est quoi, juste, Karl Zero ?
07:56C'est très important, la mécanique.
07:58On a besoin de tenir un certain nombre de gens,
08:01qui ont des postes extrêmement importants,
08:04donc on va les faire tomber en les photographiant,
08:08ou en les filmant, dans des attitudes très coupables.
08:12Et avec des mineurs.
08:13Et avec des mineurs.
08:14André, on se connaît bien, je vous invite à une soirée,
08:17et puis au cours de la soirée, vous buvez un peu trop,
08:20ou vous fumez un joint, je ne sais pas si vous fumez des joints André,
08:22mais enfin bon, vous vous laissez un peu aller,
08:24et puis arrivent des jeunes femmes à cortes,
08:27et puis parmi elles, il y en a qui sont mineurs.
08:30Mais à ce moment-là, vous ne le savez plus,
08:32parce que vous êtes un peu fait.
08:33Vous êtes déjà drogué, saoulé, bourré...
08:35Terminé !
08:36Donc la fête, son plein,
08:38mais le lendemain, comptez sur moi pour vous passer un petit coup de fil André,
08:40pour vous dire André,
08:42tu étais bien en forme hier soir,
08:44sais-tu quel âge avait la petite ?
08:46Ce truc-là marche depuis la nuit des temps,
08:48et continue de marcher.
08:50Ce qui est très étonnant,
08:52c'est qu'en France, on n'ose pas en parler.
08:54Aux Etats-Unis, on en parle.
08:56Epstein, Puff Daddy,
08:58on a toute une enquête,
09:00toute une enquête sur la manière dont ils piègent,
09:03de la même façon les gens,
09:05dans ces différentes villas,
09:07270 caméras,
09:09avec des détails absolument délirants,
09:12où il va dans des sex shops,
09:14acheter des plug-ano,
09:16et ensuite il les met à Justin Bieber,
09:18enfin vous lirez ça, vous allez tomber de votre chaise.
09:20Mais on n'attend pas pour le dire.
09:22Notez bien, je vais faire un parallèle
09:24avec le dossier qui est en train de sortir,
09:26petit à petit, Libération,
09:28et qu'il faut saluer, pour une fois,
09:30qu'un média officiel, un média présentable,
09:32ose s'attaquer à une affaire de pédophilie,
09:34bon alors, ils le font 40 ans après.
09:36Surtout que dans le passé,
09:38ils n'avaient pas la même position.
09:40Ils publiaient des photos pleines pages,
09:42des enfants faisant des fellations,
09:44et ils appelaient à une libéralisation
09:46de la pédophilie,
09:48tout ça s'inscrivant dans un grand courant libertaire.
09:50C'est taillé il y a 40 ans,
09:52mais 40 ans après, ils tentent de se racheter,
09:54et ils balancent enfin une affaire
09:56dont on entend parler depuis 2-3 ans,
09:58qu'ils appellent la bande de la rue du Bac,
10:00pour ne pas dire le réseau de la rue du Bac,
10:02dans lequel on retrouve quand même,
10:04alors ça rappelle l'affaire du Hamel,
10:06ce ne sont que des membres du Club du Siècle,
10:08excusez-moi, Jean-François Revel,
10:10Claude Imbert,
10:12c'est des gens...
10:14Honnêtement, je suis tombé à l'inverse,
10:16ça me paraît tellement dingue pour Imbert et pour Revel,
10:18mais bon...
10:20Si Libé prend le risque
10:22de les sortir, vous pensez bien qu'ils sont
10:24largement bordés avant de les sortir.
10:26Donc là encore, il faut 40 ans.
10:28Donc je reviens à Dutroux.
10:30Marc Dutroux,
10:32c'est très intéressant,
10:34parce qu'il dit clairement les choses.
10:36Il dit que lui,
10:38il était la petite main,
10:40qu'il était là effectivement
10:42pour enlever les enfants,
10:44après il essaie de se dédouaner,
10:46alors ça je ne l'ai pas mis dans le journal,
10:48parce qu'à chaque fois il essaie de faire pleurer sur son sort,
10:50ou il dit des trucs absolument immondes
10:52en ne se rendant pas compte,
10:54parce que pour lui qui trafiquait des camions,
10:56trafiquer des enfants c'est pareil.
10:58Un enfant c'est un camion, c'est la même chose.
11:00Telle affaire, il y avait un problème des yeux,
11:02et là il y a un problème d'autre chose,
11:04pour lui c'est pareil.
11:06Mais ce qui est très important,
11:08dans cette affaire là,
11:10c'est qu'il reconnaît
11:12qu'il avait des commanditaires,
11:14même s'il ne frayait pas avec eux.
11:16Lui, il voyait Michel Nihoul,
11:18dont il avait une peur bleue,
11:20et qui menaçait directement,
11:22il ne faut pas oublier qu'il a deux enfants,
11:24ce Dutroux, et une femme,
11:26donc il avait peur pour sa femme et ses enfants,
11:28c'est quand même le monde à l'envers,
11:30et donc il n'osait pas broncher,
11:32et même à son procès,
11:34il a eu tendance à libérer sa parole,
11:36à son tour, je sais que c'est une ordure,
11:38et je sais que ça peut paraître bizarre
11:40d'interviewer Dutroux,
11:42mais en réalité c'est extrêmement important.
11:44On peut vous dire,
11:46mais Karl Zero, est-ce que vous ne faites pas du voyeurisme,
11:48vous n'encouragez pas le voyeurisme,
11:50comme ça, etc.
11:52Si je faisais du voyeurisme, j'aurais pu oublier
11:54les 100 pages qu'il m'a envoyées,
11:56là ça serait du voyeurisme.
11:58Mais qui sont horribles, qui sont absurdes,
12:00qui sont à la fois grotesques,
12:02de se déluder, ou de se dédouaner,
12:04ou de dire qu'il n'y est pour rien,
12:06et puis qui par moments sont illisibles,
12:08je pense évidemment aux familles des victimes,
12:10je pense aux parents de Julie et Mélissa,
12:12si ils lisent ça, ça ne va pas les amuser du tout.
12:14C'est elle qui l'a laissé
12:16mourir de faim, c'est Julie et Mélissa ?
12:18Oui, la femme Michelle Martin
12:20les a laissés mourir de faim,
12:22parce que
12:24elle avait peur, alors lui il dit,
12:26mais je crois que c'est vrai,
12:28elle avait peur de la bande de Courcelles
12:30et Michel Nihoul,
12:32et elle n'osait plus y aller.
12:34Ils avaient investi
12:36la fameuse maison de Marcinelle
12:38pour tout voler pendant que l'autre était en prison,
12:40c'est comme des voyous avant tout,
12:42c'est quand même des histoires de voyous,
12:44mais derrière il y a quand même du lourd,
12:46ce sont des gens, alors on va nous dire
12:48oui c'est encore le procès des élites,
12:50mais pas du tout, il se trouve que
12:52dans l'économie...
12:54Toutes les élites ne sont pas comme ça, loin de là.
12:56Bien sûr, c'est ridicule.
12:58Il y avait effectivement un groupe
13:00qui était spécialisé, alors à la fois par goût
13:02pédophile réel de la part de ces gens-là,
13:04et aussi pour faire chanter
13:06d'autres personnes.
13:08D'ailleurs la mécanique, comme vous l'avez dit
13:10Karl Zero, se retrouve
13:12un peu sous toutes les latitudes,
13:14en fait c'est du chantage, comment on va les tenir,
13:16et d'ailleurs, il y a ça
13:18comme vous le dites depuis des siècles,
13:20par exemple on mettait les prostituées
13:22dans le lit de quelqu'un, on photographiait,
13:24on disait maintenant,
13:26avec des enfants, et à l'époque,
13:28on disait maintenant vous vous tenez bien.
13:30Bien sûr, et c'était pareil en
13:32URSS avec le compromat,
13:34tout ça n'est pas nouveau,
13:36sauf qu'on l'a toujours caché
13:38en disant ça n'existe pas,
13:40et donc tout le combat depuis
13:42toutes ces années, c'est de dire si ça
13:44existe, et là maintenant
13:46vous ne pouvez plus venir nous dire que ça n'existe pas,
13:48vous avez concomitamment,
13:50vous avez cet article dans Libé, vous avez Dutroux
13:52qui dit la réalité, bon, qu'est-ce qu'il faut
13:54dire plus aux gens maintenant.
13:56Oui, mais alors justement, est-ce qu'à votre avis,
13:58vous qui suivez ça depuis des années,
14:00car zéro,
14:02est-ce qu'au fond, cette impunité,
14:04est-ce qu'il y a eu déjà
14:06un peu partout, est-ce qu'on a
14:08est-ce qu'on a
14:10puni, et à juste raison,
14:12les lampistes qui sont
14:14on l'a dit, des ordures,
14:16est-ce qu'au niveau
14:18de plus haut, est-ce que
14:20l'impunité
14:22tient toujours, que ce soit
14:24l'Amérique, en France ou ailleurs ?
14:26Généralement, elle tient, c'est extrêmement
14:28rare que le
14:30gratin paye, si j'ose dire.
14:32En vrai, parce que
14:34le gratin, justement, grâce
14:36à ce système de chantage, tient énormément
14:38d'autres personnes,
14:40et donc, que ce soit
14:42les personnes chargées de les juger,
14:44ou les personnes chargées de les arrêter,
14:46sont tenues,
14:48elles aussi, et donc on est dans un
14:50système qui est pourri,
14:52et si
14:54aujourd'hui, concernant les
14:56enfants, concernant ces trucs de pédo
14:58criminalité, la parole se libère, alors
15:00mon espoir, c'est que ça n'arrivera
15:02plus, un peu comme ça s'est
15:04produit pour les femmes avec MeToo,
15:06mais il faut qu'on arrive à un MeToo
15:08enfant, à un MeToo pédo,
15:10afin que tout ça s'arrête.
15:12Et c'est pour ça qu'il faut en parler,
15:14qu'il ne faut surtout pas...
15:16Il ne faut surtout pas
15:18mettre, vous savez, la poussière
15:20sous le tapis, et quelle poussière...
15:22Maintenant,
15:24c'est intéressant, parce qu'il y a eu des films,
15:26il y a eu des documentaires, vous le savez, il y en aura
15:28d'autres, il y a ce que vous faites,
15:30votre livre,
15:32l'envers des affaires, mais ce qui est intéressant,
15:34d'ailleurs, parce que j'ai trouvé au moins aussi intéressant
15:36que l'interview du Trou, les
15:38interviews que vous avez faites des policiers,
15:40des procureurs, des juges, qui disent,
15:42oui, on a été arrêtés, on n'a pas pu
15:44faire notre métier.
15:46Je dirais que c'est...
15:48Alors, Dutroux vient à la fin du dossier.
15:50C'est-à-dire que Dutroux, ça va...
15:52ça fait que tout
15:54ce que les autres disent,
15:56comme Dutroux le dit aussi,
15:58tout d'un coup, ça a un sens.
16:00C'est-à-dire, le procureur du Roi,
16:02il dit quoi ? Il dit, bon, moi,
16:04je suis procureur,
16:06et c'est quelqu'un d'extrêmement sérieux,
16:08et respectable. On ne peut pas
16:10dire que c'est un complotiste, un nébrius...
16:12C'est pas un petit
16:14lampiste. Non, c'est pas un lampiste.
16:16Il dit, bon, au cours du procès
16:18de Dutroux, en 2004, tout ce
16:20qui était un peu gênant, et qui
16:22n'allait pas dans le sens de Dutroux,
16:24prédateur isolé, on l'a mis de côté,
16:26on a dit, on fera un dossier bis.
16:28Notamment, dans ce dossier bis,
16:30il y a des traces ADN, et il y a
16:326000 cheveux. Des cheveux
16:34retrouvés dans la camionnette de Dutroux,
16:36et dans la cage de Marcinelle.
16:38Parmi ces cheveux, bien sûr,
16:40on va trouver ceux de Dutroux, ceux des
16:42malheureuses petites victimes.
16:44Mais on va peut-être trouver aussi d'autres cheveux.
16:46Or, ce dossier
16:48bis a été abandonné
16:50en 2010. Ils ont dit, ah ben non,
16:52on clôt l'affaire, terminé, circulé, il n'y a plus
16:54rien à voir. Donc, lui, demande
16:56la réouverture de ce dossier
16:58bis. Que les enquêtes soient faites.
17:00Sur ces quelques
17:026000 cheveux, ils en ont analysé
17:04800. Et puis,
17:06ils ont arrêté. Ils ont dit, ah ben,
17:08on n'est pas sûr, c'est
17:10une perte d'argent, une perte de temps.
17:12Parce qu'ils n'avaient pas les moyens de le faire en Belgique.
17:14Donc, ils envoyaient ça partout dans le monde.
17:16Ça mettait très longtemps à
17:18revenir. C'était pas évident.
17:20Enfin, bref. Il n'y avait pas une vraie volonté.
17:22Pareil sur les traces ADN.
17:24Ensuite, si on prend les gendarmes. Les gendarmes, eux,
17:26ils étaient de la brigade financière.
17:28Et ils ont commencé à regarder
17:30les curieux transferts d'argent sur les comptes
17:32de Dutroux. Et ils se sont rendus
17:34compte qu'à chaque fois qu'une petite disparaissait,
17:36PAM ! Dutroux recevait des sous
17:38sur son compte bancaire. Donc,
17:40ils se sont dit, là, il y a un truc. Et ils l'ont dit
17:42avant même que commence l'affaire Dutroux.
17:44Ils ont dit, ils ont signalé ce mec.
17:46Quelque chose ne va pas, ouais.
17:48Et le jour où on a viré le juge Conroth,
17:50on a viré en même temps
17:52les gendarmes. Et ils ont été salis
17:54et accusés de faux. Et le gendarme
17:56Aimébile sort aujourd'hui un livre aussi.
17:58Un livre formidable où il raconte par le menu
18:00cette enquête, ou comment il a été écarté.
18:02Et ensuite, roulé dans la farine
18:04pendant dix ans.
18:06Quand ils ont été virés les gendarmes,
18:08on a dit, oui, parce que c'était eux.
18:10Il faut revenir aux témoins X.
18:12Vous voyez ce que c'est ? C'est eux qui
18:14intervivaient les témoins X. Ces témoins X
18:16c'était le juge Conroth qui avait dit, si vous avez vu
18:18une affaire de pédophilie en
18:20Belgique, témoignez.
18:22Il y avait un numéro vert. Il a reçu
18:24700 appels.
18:26Ils ont entendu les gens.
18:28Le premier d'entre eux, c'était
18:30une femme, Régina Louf, le témoin X1.
18:32Elle a reconnu Dutroux.
18:34Elle a reconnu Nihoul.
18:36Et elle a cité des gens du Gotha.
18:38Cette personne-là a été
18:40entendue par ces gendarmes-là
18:42pendant un mois.
18:44Puis on a décidé d'arrêter définitivement
18:46et de ne plus croire à ce que racontaient
18:48les témoins X1, X2,
18:50X3. Cette femme a été
18:52traitée d'affabulatrice.
18:54Elle a été ensuite envoyée
18:56à l'asile.
18:58Alors qu'elle n'était absolument pas folle.
19:00Je viens de publier une interview d'elle
19:02récemment sur ma chaîne YouTube.
19:04J'invite les gens à aller regarder ce qu'elle raconte précisément.
19:06C'est inimaginable.
19:08Elle tombe enceinte à 10 ans.
19:10Et elle est ensuite obligée elle-même de tuer son propre enfant.
19:12Enfin non, mais des trucs comme ça.
19:14Pierre Barnerias l'a
19:16très bien raconté dans son documentaire aussi.
19:18Quand on l'avait reçue, vous savez,
19:20les survivantes. On en parle tout de suite.
19:22Avec carte zéro, on continue.
19:24Après, juste cette
19:26pause de publicité.
19:28Vous pouvez avoir la parole.
19:30On a 26 300 300.
19:32Vous nous appelez pour réagir, pour poser toutes vos questions
19:34à Carl Zero concernant l'affaire du trou.
19:36A tout de suite sur Sud Radio.
19:44Et je ne suis pas le seul.
19:46Carl Zero qui présente le numéro 12
19:48de l'envers des affaires. Son magazine
19:50trimestriel avec un dossier
19:52très fort sur
19:54cette affaire du trou. On en parle depuis
19:56quelques minutes déjà.
19:58Une demi-heure. Juste
20:00Carl Zero au fond.
20:02Aujourd'hui, on en parle et c'est très bien
20:04d'en parler. Vous le faites.
20:06Pierre Barnerias, Sound of Freedom.
20:08Il y a eu énormément de...
20:10La parole se libère et ça c'est une
20:12très très bonne chose. Mais
20:14est-ce qu'il y a des choses à faire
20:16du point de vue juridique, du point de vue commission
20:18d'enquête afin que la parole
20:20se libère, oui. Mais qu'on
20:22ne ferme pas comme ça
20:24le couvercle comme c'est arrivé trop
20:26souvent sur cette histoire immonde.
20:28Et puis je vous posais d'abord
20:30une autre chose.
20:32Est-ce que vous êtes pour l'imprescribilité
20:34que ce soit imprescriptible ?
20:36Parce qu'aujourd'hui, c'est encore
20:38mais ce n'est pas imprescriptible.
20:40C'est-à-dire que quelqu'un a dit oui mais ça fait 30 ans
20:42que ça s'est passé donc c'est fini d'en parler plus.
20:44Bien entendu. Je la
20:46réclame depuis 5 ans.
20:48Il est évident que, et là
20:50dans l'affaire dont on parle, ça serait
20:52extrêmement intéressant de pouvoir traduire
20:54en justice des gens dont
20:56on sait maintenant qu'ils étaient les commanditaires
20:58de Marc Dutroux ou
21:00dans l'affaire que vient de sortir l'IBE
21:02ça serait intéressant. Certains sont
21:04morts. Revelle est mort.
21:06Imbert est mort. Mais si j'ai bien compris, l'avocat
21:08Gibault n'est pas mort. Et donc
21:10ça serait intéressant de pouvoir aussi les traduire
21:12en justice. Alors, je reviens à votre
21:14première question. En France
21:16c'est un désastre. Macron
21:18avait dit suite au livre de
21:20Madame Springora sur Olivier Duhamel
21:22il avait dit, on vous croit, on vous
21:24écoute. Dans Vanessa Sprigora, c'était sur
21:26Gabriel Mazeneff. Ah pardon,
21:28je me trompe. Camille Kouchner.
21:30Voilà. L'un va avec
21:32l'autre finalement. On nous croit, on nous écoute.
21:34Donc très bien, allons-y. Il crée
21:36la civise. Il nomme le juge Durand.
21:38Le juge Durand, à la surprise générale,
21:40travaille. Du coup, on vire
21:42le juge Durand. Rapper civise, c'était
21:44commission contre l'inceste
21:46et les violences faites aux enfants.
21:48Ce juge Durand,
21:50il n'a plus de boulot, alors qu'il était
21:52vraiment bien. Et derrière, on nous
21:54a mis des gens qui démissionnent tous au bout
21:56de soit une semaine, soit deux jours.
21:58Donc, puisqu'il va y avoir des élections,
22:00espérons que ceux qui seront élus,
22:02si tant est que quelqu'un soit élu,
22:04prennent ça
22:06à cœur et fassent réellement
22:08quelque chose. Parce que ce qu'il faut faire bouger
22:10en premier lieu dans ce pays,
22:12dans ces affaires-là, ce sont les magistrats
22:14qui n'écoutent pas la parole des enfants.
22:16Quand un enfant vient se plaindre
22:18ou fait des dessins qui montrent
22:20qu'il est aux mains
22:22de gens extrêmement bizarres,
22:24on a tendance à lui dire non depuis
22:26l'affaire d'Outreau. Souvenez-vous
22:28qu'à Outreau, on a retourné
22:30l'histoire de façon à faire passer
22:32les pauvres victimes comme des menteurs
22:34et des affabulateurs. Et donc,
22:36tant qu'il y a cet état fait
22:38en France, on n'arrive pas à aller
22:40au bout. Le nombre de mamans qui
22:42sont désenfantées, il y en a
22:44dans le film de Barnerias.
22:46Parce qu'on a même cette
22:48Madame Sadoc que j'ai interviewée
22:50qui dit que ses enfants
22:52sont aux mains d'un réseau pédophile
22:54aujourd'hui en France.
22:56Alors concernant l'affaire d'Outreau, je vous dirais
22:58que ce qu'il faudrait, c'est soit rouvrir
23:00ce fameux dossier bis et analyser
23:02ses cheveux et ses traces ADN
23:04parce que la technique quand même de
23:06police scientifique a énormément évolué
23:08et on pourra avoir de bonnes surprises
23:10et trouver des coupables.
23:12Et d'autre part, on pourrait faire ce que réclame
23:14le gendarme Bill,
23:16faire une nouvelle commission d'enquête.
23:18Il y en a eu une à l'époque, mais elle a été bâclée
23:20puisque tout le volet protectionnel
23:22ce qui veut dire
23:24qui y avait derrière
23:26n'a pas été traité du tout.
23:28La commission s'est réunie
23:30pour dire, oh c'est pas bien, Dutroux est méchant.
23:32Bon, ça on le savait, merci. Donc ça serait bien
23:34qu'il y ait une nouvelle commission parlementaire en Belgique.
23:36Auront-ils les couilles si j'ose dire ?
23:38Ça m'étonnerait. Mais bon,
23:40c'est en gueulant, en ne lâchant pas
23:42qu'on finira par y arriver.
23:44C'est toujours comme ça, en réalité.
23:46Les cris de gueule sont là, il est là dans l'envers du décor.
23:48L'envers du décor, oui.
23:50C'est l'envers du décor aussi, l'envers des affaires.
23:52C'est aussi l'envers du décor et des affaires.
23:54Merci Carl Zerro, en tout cas
23:56à suivre, en tout cas il y a quelque chose
23:58de terrifiant derrière tout ça, encore une fois.
24:00Quelqu'un qui touche à un enfant
24:02de cette manière ou d'autre manière
24:04est quelqu'un qui, lui,
24:06mérite d'être éradiqué.