Dans son édito du 18/06/2024, Gauthier Le Bret revient sur le poids d'Emmanuel Macron sur la campagne des élections législatives.
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00:00Et oui Romain, comme vous le disiez si bien avant la pub,
00:02caché ce président que je ne saurais voir.
00:04Il fait figure de repoussoir pour son camp.
00:07Sur les affiches de campagne,
00:09ils ont demandé à Emmanuel Macron de ne pas s'afficher tout simplement.
00:12C'est Gabriel Attal qui est mis en avant.
00:14Emmanuel Macron voulait mener campagne.
00:16Il voulait être le chef de la campagne des législatives.
00:19C'est pour ça qu'il a organisé une conférence de presse la semaine dernière.
00:23C'est sans compter sur les députés de la majorité
00:25qui ont bien compris que ce scrutin,
00:27comme celui des européennes d'ailleurs,
00:29se transformait en plébiscite pour ou contre Emmanuel Macron
00:32et donc en vote sanction.
00:34Il faut dire aussi que les députés lui en veulent beaucoup
00:36d'avoir fait le choix de dissoudre l'Assemblée nationale.
00:39Ils savent pertinemment qu'il y en a une centaine
00:41qui ne reviendra pas à l'Assemblée.
00:43Pour montrer qu'ils ont raison,
00:45quelque part il y a une preuve.
00:47Sur le terrain, on voit bien qu'Emmanuel Macron
00:49fait figure de repoussoir.
00:51C'était hier dans le Val-de-Marne.
00:53Gabriel Attal se déplace, le Premier ministre,
00:55en soutien à un député sortant, Mathieu Lefebvre.
00:57Et lui, quelque part, il est épargné
00:59par ce passant qui va l'alpaguer.
01:01Et vous allez voir, le passant, il s'en prend à qui ?
01:03Il s'en prend à Emmanuel Macron.
01:05Parce que vous, vous êtes bien.
01:07Mais il faudra dire au Président qu'il ferme sa gueule.
01:09C'est tout.
01:11C'est une élection législative.
01:13On vote pour le Premier ministre.
01:15Comprenez-moi. Vous, vous êtes bien.
01:17Vous avez été même très bien dans l'éducation nationale.
01:19Pour l'instant, ça va bien.
01:21Mais alors, le Président,
01:23c'est lui qui nous fout dans la merde.
01:25Bon courage.
01:27Quand on est dans la rue, la parole se libère.
01:29On est face à des gens qui vous disent
01:31exactement ce qu'ils pensent.
01:33La vérité, c'est qu'Emmanuel Macron a beaucoup parlé.
01:35Et la semaine dernière encore,
01:37son entourage nous disait
01:39qu'il allait faire trois interventions par semaine.
01:41D'ailleurs, la semaine dernière, il les a faites.
01:43Allocution pour dire jeudi sous l'Assemblée nationale,
01:45interview au Figaro, et donc conférence de presse.
01:47Mais c'était encore une fois, sans compter
01:49sur les députés de son camp, sa majorité qui lui a dit
01:51« Restez discret, Monsieur le Président, s'il vous plaît.
01:53Arrêtez d'intervenir de manière incessante.
01:55On a besoin que vous soyez discret
01:57pour mener cette campagne. »
01:59Il y a aussi une vérité, c'est qu'il a sacrifié
02:01tout le monde, Emmanuel Macron.
02:03Il lui en veut beaucoup, je vous le disais,
02:05parce qu'il a sacrifié ses députés,
02:07mais il a sacrifié aussi l'ensemble de son gouvernement
02:09et surtout l'avenir de sa majorité et de son camp,
02:11à savoir le plus jeune Premier ministre
02:13de l'histoire de la Ve République, Gabriel Attal.
02:15Entre Gabriel Attal et Emmanuel Macron,
02:17on dit que la rupture est actée. On en est où ?
02:19Déjà, Gabriel Attal n'a pas du tout été mis
02:21dans la boucle de la dissolution.
02:23Il l'a appris au dernier moment.
02:25On sait qu'il y a eu un échange téléphonique
02:27entre les deux hommes avant de se retrouver à l'Elysée
02:29où Gabriel Attal, depuis matin,
02:31demande à Emmanuel Macron de ne pas faire ce choix,
02:33de ne pas dissoudre en lui disant
02:35« Je suis le fusible », et Emmanuel Macron
02:37lui dit « Non, tu n'es pas un fusible,
02:39tu vas servir pour la campagne
02:41des législatives ».
02:43Mais la vérité, c'est qu'en cas de mauvais résultat
02:45le 7 juillet prochain,
02:47Gabriel Attal servira de fusible.
02:49Et on l'a bien vu, Gabriel Attal n'est pas rejeté
02:51par les Français, contrairement
02:53au chef de l'État. Il reste assez populaire,
02:55ce Premier ministre qui est là depuis
02:57quelques mois. Le paradoxe,
02:59c'est que le 8 juillet, après les élections
03:01législatives, Emmanuel Macron
03:03restera sur son siège, alors que Gabriel Attal,
03:05en cas de défaite, devra quitter
03:07Matignon. C'est tout le paradoxe
03:09de cette affaire. Donc voilà,
03:11on voit bien qu'il y a un désamour
03:13pour Emmanuel Macron,
03:15à la fois dans son camp, mais aussi
03:17chez les Français, et que
03:19cette dissolution, au fond,
03:21prise un peu sur un coup de tête avec
03:23un petit groupe autour de lui, sans
03:25concerter à la fois la présidente
03:27de l'Assemblée nationale qui s'y est opposée
03:29et son Premier ministre, pourrait finalement
03:31se retourner contre lui.