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Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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Transcription
00:00Vous écoutez Céline Giraud sur Europe 1 de 13h à 14h, et aujourd'hui vous êtes accompagnée de vos deux chroniqueurs du jour, Céline, pour décrypter l'actualité.
00:08Charlotte Dornelas, journaliste au Journal du Dimanche, et Alexandre Malafaille, président fondateur du think tank Synopia.
00:14Et vous, chers auditeurs d'Europe 1, si vous nous rejoignez, 0180 29 21, si vous souhaitez réagir, bien sûr.
00:20On va continuer à décrypter les enjeux de cette campagne pour les législatives anticipées.
00:25Alors, dix jours après sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron assume et y croit encore.
00:33Hier, il était sur l'île de Sein pour une commémoration à l'appel du 18 juin, et face à une habitante de l'île,
00:39désemparée après cette dissolution, il ne s'est pas échappé.
00:42Sans dissolution, dit-il, cela aurait été la chienlit.
00:46La solution que j'ai prise, c'est la plus lourde, la plus grave, mais la plus responsable.
00:51Il y a une majorité silencieuse qui, comme vous, ne veut pas que cela soit le désordre des extrêmes.
00:56A-t-il rassuré ? N'ayez pas peur.
00:58En attendant, Gérald Darmanin, en premier ministre, le ministre de l'Intérieur, en bon soldat, reconnaît ses erreurs.
01:05Écoutez, on s'est remis en cause. Tout n'est pas parfait.
01:08On doit beaucoup changer de choses, peut-être d'ailleurs être beaucoup plus proche des gens.
01:13C'est un mea culpa que vous faites ce matin là-dessus ?
01:15Mais quand le peuple a parlé et qu'il nous a désavoués, comme c'était le cas aux élections européennes, bien sûr qu'il veut faire des mea culpa.
01:20Le président de la République et la majorité aujourd'hui est dans une période d'écoute et d'essai de convaincre qu'il ne faut pas aller vers l'aventure.
01:28Essayer quelque chose qui peut apparaître intéressant, apparaître rêveur, si j'ose dire apparaître sexy,
01:34pour casser finalement ce que nous avons construit ensemble, pour aller vers l'aventure.
01:38La France insoumise, ce sera l'aventure et la ruine. Le Rassemblement national, ce sera l'aventure et la ruine.
01:43Alexandre Malafaille, une réaction par rapport à ce qu'on vient d'entendre.
01:46Gérald Darmanin, en bon soldat, qui mouille le maillot pour Emmanuel Macron, qui y croit encore.
01:50Il a raison de faire le job et heureusement qu'il le fait. C'est son boulot.
01:54Ce sont des hommes politiques, des femmes politiques qui sont quand même motivées par ce qu'ils essayent de faire.
01:58C'est compliqué, la tâche du ministre de l'Intérieur dans un pays comme la France, avec l'héritage qui est le sien, est très compliquée.
02:03Après, il est bien dans son rôle, le président n'est pas dans son rôle.
02:05Le président de la République, lui, il a pris ses responsabilités, il les assume.
02:08Là encore, constitutionnellement parlant, on peut lui donner raison, on peut commenter la dissolution, mais ça a été largement fait.
02:13Je pense en revanche que sa position dans la campagne aujourd'hui, elle n'est pas crédible pour beaucoup de Français.
02:19Parce que quand vous êtes le président qui finalement a un bilan de plus de 1000 milliards,
02:23le président, vous le mentionnez dans votre journal rapide, qui effectivement se voit épinglé par Bruxelles pour procédures de déficit excessif.
02:30Merci Bruxelles au passage, le timing n'est peut-être pas le meilleur.
02:33Président qui se rend compte peut-être un peu tard, comme l'a dit son ministre de l'Intérieur, que sur le régalien, tout n'a pas été parfait.
02:38Sur la laïcité, il y a pas mal de choses qui devaient être faites.
02:41Il y avait cette fameuse grande conférence, tout ça a été un peu repoussé à chaque fois.
02:45Et on voit bien que tout ça, ce sont des sujets qui étaient essentiels, qu'il aurait fallu traiter.
02:48Et en plus de ça, le président de la République, il a beaucoup de qualités, mais il a réussi sur sa personne à cristalliser un niveau de haine.
02:54De rejet, de repoussoir.
02:56C'est-à-dire que tous les présidents sont rejetés régulièrement, on le voit bien.
02:58Mais les mots ne sont pas les mêmes. Là, pour le coup, on a quelqu'un qui a franchi des lignes, peut-être par sa posture, son attitude.
03:03C'est dommage, c'est regrettable, mais c'est la réalité.
03:06Et donc il devrait être arrêté, parce qu'il est le président de la République, il est le président de tous les Français.
03:10Il faudra qu'il gère la France, en tout cas qu'il assume ce qui va se passer après le 7 juillet.
03:14Et donc voilà, les Français sont les électeurs, il faut les respecter.
03:17Alors il avait promis de ne pas rentrer en campagne, il n'a pas pu s'empêcher finalement sur l'Île-de-Sein,
03:21interpellé par cette promeneuse, de répondre et de dire, il y a une majorité silencieuse,
03:26qui ne veut pas le chaos, le désordre. Il y croit en fait encore.
03:29Oui, c'est-à-dire que s'il nous avait dit, de toute façon je n'y crois plus et je pense que vous allez choisir autre chose,
03:35ça aurait été assez étonnant, voire inquiétant pour les semaines à venir.
03:39Mais moi ce qui me frappe, et d'ailleurs dans les deux déclarations, on voit Gérald Darmanin développe le mea culpa,
03:46on peut l'appeler comme ça, c'est-à-dire qu'il explique qu'évidemment quand vous êtes désavoué comme ça dans les urnes,
03:51vous êtes obligé de vous remettre en cause.
03:53Mais quand on voit dans une période de campagne, le président de la République renvoyer toutes les oppositions en présence,
04:01donc celles qui ont été choisies par les Français, en les qualifiant d'extrêmes et en expliquant qu'elles apporteront le désordre,
04:07et de l'autre côté Gérald Darmanin qui fait la même chose, en expliquant que c'est l'aventure et le chaos, je ne sais plus ce qu'il dit,
04:17l'aventure et le risque.
04:19Et en réalité les deux forces, c'est-à-dire le Nouveau Front Populaire d'un côté, qui est promis dans les sondages avec des scores assez forts,
04:27et le Rassemblement National de l'autre qui a gagné les élections européennes et qui pourrait avoir un score extrêmement haut aussi aux législatives.
04:35C'est-à-dire que soit on comprend le message, on essaye de le comprendre, celui des électeurs, quitte évidemment à développer les désaccords avec ces deux forces politiques,
04:44soit on les renvoie à l'extrémisme et donc à la volonté de ne pas discuter et d'éviter le chaos,
04:50et alors là vraiment démocratiquement vous empêchez la campagne de se tenir sur les sujets de fond sur lesquels les Français demandent des réponses,
04:58que ce soit d'un côté ou de l'autre.
04:59D'ailleurs, ça exprime évidemment un malaise qu'il faudrait analyser un peu plus qu'en le renvoyant simplement hors du champ de la raison,
05:10puisque c'est exactement ce que veut dire Emmanuel Macron.
05:13Moi c'est vraiment ça qui m'inquiète, c'est que là, deux ou trois semaines de campagne sur le seul terrain moral du rejet des uns et des autres,
05:21ça va être vraiment très long. On pensait que la campagne allait être courte, si elle se résume à ça, ça va être très long.
05:25Ça va être très long en attendant cette déclaration qu'il a faite sur l'Île-de-Sein,
05:29en parlant de la solution la plus lourde, la plus grave, mais la plus responsable,
05:33a fait réagir le patron des socialistes, Olivier Faure. On l'écoute.
05:38On attendait Jupiter, on a eu Néron. C'est assez incompréhensible ce qu'il fait.
05:45Et quand je le vois hier, y compris accumuler les fake news, être dans la transphobie,
05:51je me dis que ce président est en train d'épouser, y compris, tous les propos les plus populistes qu'il a dénoncés pendant si longtemps.
05:59Comment est-il possible que cet homme, qui a été élu et réélu pour faire face à l'extrême droite,
06:04enchaîne, en réalité, les reprises du discours de l'extrême droite ?
06:09Je me dis que, décidément, cet homme-là n'a aucune colonne vertébrale,
06:13rien ne le guide, sinon ses intérêts propres, et c'est ce qui est dramatique,
06:18et c'est ce que ce pays lui reproche aujourd'hui.
06:20Voilà, Olivier Faure, on attendait Jupiter, on a eu Néron, Alexandre Valafaille...
06:25Je pense que si Olivier Faure avait eu une colonne vertébrale,
06:27il n'aurait sans doute pas signé le pacte politique du Nouveau Front Populaire,
06:33parce que, très sincèrement, il y a quand même un certain nombre de reniements du fond,
06:37des valeurs de la gauche traditionnelle, qui est assez choquant.
06:40Il ne devrait pas non plus oublier qui a finalement amené Emmanuel Macron aux affaires,
06:44c'est comme dans la dynamique du quinquennat de François Hollande que c'est arrivé,
06:47et le PS a joué un rôle, à l'époque, relativement, je crois, important.
06:50Après, il se trompe aussi quand il dit qu'on espérait ou on attendait Jupiter, on a eu Néron,
06:56parce qu'en fait, non, on n'espérait pas, on n'attendait pas Jupiter.
06:59Emmanuel Macron n'a pas été élu sur la promesse d'être Jupiter.
07:02Il a été, justement, élu sur la promesse du renouveau démocratique,
07:05c'est-à-dire de faire autrement, de gouverner autrement.
07:08En rupture, au lieu de faire du top-down, pardonnez-moi pour l'expression, c'est-à-dire du vertical,
07:13plutôt faire du bottom-up, c'est-à-dire de prendre en compte l'avis des Français.
07:16Ce qu'il a fait, semble-t-il, enfin, ce qu'il a fait semblant de faire, peut-être,
07:19avec cette fameuse campagne, avec les marcheurs qui allaient rencontrer les Français
07:22pour faire un vrai travail de compréhension des attentes des Français,
07:25bâtir un programme, et après il a fait tout l'inverse.
07:27Et puis après, la comparaison avec Néron, quand on fait un peu d'histoire,
07:30quand on regarde la réalité de Néron, voilà, c'est niflateur pour Néron, niflateur pour Emmanuel Macron.
07:35Et puis sa prophétie a un suicide, il termine suicide dans son palais,
07:40après avoir été trahi et démis du pouvoir.
07:42Voilà, c'est facile, c'est des bons mots...
07:44Tous les coups sont permis, on a la sensation que...
07:46C'est des bons mots de l'establishment politique, qui se croient intelligents,
07:48mais je pense qu'ils passent à côté du vrai sujet.
07:50Oui, et puis dans la déclaration, outre en effet cette image,
07:54qui en plus pourrait être prise à rebours, parce que Néron,
07:56on comprend qu'il est en train de nous expliquer, qu'il joue de la lire,
07:58pendant qu'il y a l'incendie,
08:00mais l'histoire un peu plus précise explique que Néron n'a précisément pas fait ça à ce moment-là,
08:05donc je ne suis pas sûre que l'image soit la meilleure,
08:07on comprend évidemment ce qu'il veut dire,
08:08et c'est une image qui est souvent utilisée ces derniers jours,
08:10notamment depuis l'annonce de la dissolution.
08:12Au-delà de ça, vous voyez, ce que je vous disais tout à l'heure,
08:15l'invectif permanente, alors en effet, Olivier Faure,
08:17je pense que très largement dans la classe politique,
08:20beaucoup de gens, et même parmi ses électeurs,
08:22et Raphaël Glucksmann l'évoquait,
08:24il y a une incompréhension par rapport aux six mois qui viennent de se passer,
08:28de cette alliance aussi rapide et du passage sur certains sujets,
08:31Raphaël Glucksmann répond très simplement,
08:33il hiérarchise les menaces.
08:35Rien n'est au-dessus de la menace de l'extrême droite.
08:38Et que nous dit Olivier Faure ?
08:40Il reproche ce qu'on lui reproche à Emmanuel Macron,
08:43tout en expliquant qu'il marche sur les terres du RN,
08:46mais quand est-ce que le personnel politique va comprendre que cet argument,
08:49d'abord on ne sait pas exactement ce qu'il recouvre,
08:51est-ce qu'il y a des sujets politiques aujourd'hui
08:54qui appartiennent au RN, suivant l'immigration, la sécurité,
08:58auquel cas, excusez-moi,
09:00mais ils veulent absolument donner le pouvoir au RN,
09:04ils le souhaitent, ce n'est pas possible.
09:06Parce que si la sécurité et l'immigration,
09:08et je ne sais pas ce que visent très exactement,
09:10mais en général c'est ces sujets-là dont on parle,
09:13si ces sujets appartiennent au RN,
09:15alors ne vous étonnez pas devant la situation,
09:18les drames que l'on voit jour après jour,
09:20que le débat politique soit mort et que le RN l'emporte.
09:23S'il est seul à pouvoir les traiter,
09:25alors il faut le dire tout de suite, ça sera beaucoup plus clair.

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