Tensions dans le camp présidentiel, les candidats à la présidence du groupe Renaissance convoqués à l'Elysée ce matin

  • il y a 3 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:00Jusqu'à 14h sur Europe 1, on décrypte l'actualité avec vous Céline Giraud et vos invités.
00:07Aujourd'hui, l'écrivain et philosophe Nathan Devers et le chroniqueur politique Jean-Michel Salvatore.
00:12Le standard Europe 1 reste ouvert évidemment pour les auditeurs qui souhaitent réagir au 01.80.20.39.21.
00:19Bonjour les amis, bienvenue à bord.
00:21Ravis de vous retrouver pour ce décryptage toujours précieux.
00:25Je compte sur votre sagacité pour décrypter ce qu'il se passe.
00:28Il se passe beaucoup de choses, notamment du côté de l'Elysée.
00:32Gabriel Attal est le seul candidat en lice à la présidence du groupe Renaissance à l'Assemblée.
00:38Le premier ministre a été reçu ce matin à l'Elysée avec d'autres ténors du groupe, Gérald Darmanin et Elisabeth Borne.
00:45Et donc Gabriel Attal est le seul candidat pour la présidence de ce groupe.
00:49Mais pourtant, ce n'est pas le fils préféré d'Emmanuel Macron.
00:52Par contre, ce qu'en pense Karl Olive, c'est le député Renaissance des Yvelines.
00:56Il était ce matin sur Europe 1.
00:57Gabriel Attal, s'il est président du groupe, je sais qu'il fera le boulot comme il a fait le boulot pendant la campagne électorale,
01:03pendant la campagne législative.
01:05Ce n'est pas le sujet, il a montré ce qu'il savait faire.
01:08Gabriel Attal, c'est quelqu'un qui entraîne et qui est capable de rassembler.
01:12Il n'en demeure pas moins que dans notre groupe, il y a plusieurs sensibilités.
01:15Et je souhaite, quel que soit le président ou la présidente, que ces sensibilités...
01:18Et lui est plutôt le représentant de la sensibilité de gauche.
01:20Oui, et qu'on puisse retrouver en tout cas l'ensemble des sensibilités de notre groupe.
01:24Et surtout que le logiciel change.
01:26Les Français, ce n'est pas ça qui les intéresse.
01:28Les Français, c'est ce qu'on va faire demain pour améliorer notre quotidien.
01:31Gabriel Attal, donc, changé de logiciel.
01:34Alors qu'effectivement, il penche plutôt à gauche.
01:37Oui, je pense qu'il y a un changement de logiciel.
01:39Parce qu'en fait, Gabriel Attal, ce n'est pas du tout le choix d'Emmanuel Macron.
01:44Et Emmanuel Macron ne voulait pas de Gabriel Attal à ce poste-là.
01:47Lui, son schéma, c'était plutôt de prolonger Sylvain Maillard si c'était possible.
01:52En tout cas, ce n'était pas Gabriel Attal.
01:55Et en fait, finalement, si vous voulez, cette élection annoncée,
02:01elle révèle que Gabriel Attal s'autonomise par rapport à Emmanuel Macron.
02:07S'émancipe.
02:08S'émancipe.
02:09Et que finalement, il impose au Président de la République son propre agenda et ses propres intérêts.
02:19Son propre agenda.
02:21Je pense que Gabriel Attal sait bien que la présidentielle, elle est pour 2027.
02:25Mais elle peut intervenir beaucoup plus vite.
02:27Et si lui veut jouer un rôle très important et s'il veut être candidat à la présidentielle de 2027
02:33ou à une présidentielle qui pourrait intervenir en 2024 ou 2025 ou 2026,
02:37il a intérêt à tenir le groupe.
02:39Et donc, c'est ça qu'il fait aujourd'hui.
02:41Et donc, ça ne fait pas les affaires du Président de la République.
02:45Oui, qui aurait préféré un profil comme Gérald Darmanin.
02:47Exactement.
02:48Voilà, c'était Nathan Devers.
02:49Comment est-ce que vous voyez ce qui se joue actuellement pour cette présidence du groupe Renaissance ?
02:55Il me semble déjà que tous les ténors du camp présidentiel ont un point commun.
02:58Enfin, l'exception du Président de la République, c'est qu'ils sont plus que déçus et plus qu'en colère
03:02pour une raison très simple.
03:03C'est que dans l'histoire de la Ve République, il n'est jamais arrivé qu'un président décide d'une dissolution
03:08dont il savait qu'elle allait mettre en péril, voire en danger de mort politique,
03:12ce n'est pas arrivé mais c'était envisageable, son propre camp.
03:15Donc si vous voulez, il y a un sentiment là de trahison qui est extrêmement fort
03:20et qui est à mon avis le dénominateur commun de Gabriel Attal, de Gérald Darmanin et de tous les autres.
03:26Oui, c'est ce qu'il dit d'ailleurs.
03:27On entend, il nous méprise, il fait comme il veut, il ne tient absolument pas compte de notre avis.
03:32Exactement.
03:33Et donc à partir de là, ce qui se passe, surtout dans une logique d'une guerre de succession larvée
03:36qui avait commencé depuis un certain temps mais qui là va s'accélérer pour les prochaines années,
03:40c'est que le surmoi a sauté.
03:42Et si vous voulez, dans cette logique d'émancipation,
03:45le respect qui était dû ou la servilité qui était due au président de la République jusqu'alors,
03:50à partir de maintenant, elle n'est plus de mise.
03:52Alors le grand danger, c'est que, surtout dans un parti assez hétéroclite,
03:55c'est de voir plein de voix très très dissemblables
03:58qui vont, si vous voulez, effriter le camp présidentiel sur les trois prochaines années.
04:01Oui, c'est ça qui est en train de se déliter totalement ce bloc central.
04:04Et c'est vrai que si Gabriel Attal ne respecte pas Emmanuel Macron, pour aller dans votre sens,
04:10il faut quand même bien voir que dans la séquence récente,
04:12Emmanuel Macron n'a pas respecté Gabriel Attal.
04:16Il faut quand même bien voir que...
04:18Parce qu'il avait critiqué tout de suite, très vite, la dissolution.
04:20Oui, mais surtout que la dissolution, elle a été préparée par un groupe de quelques-uns,
04:26dont faisait partie Gérald Darmanin, mais dont ne faisait pas partie Gabriel Attal.
04:32Gabriel Attal a appris finalement la dissolution le dimanche soir à 18h30,
04:37c'est-à-dire une demi-heure après Pascal Praud.
04:40Un peu vexé.
04:42Pascal Praud, assis à 18h.
04:44C'est un véritable affront.
04:46Je crois que c'est l'article 12 de la Constitution
04:48qui prévoit que lorsque le président souhaite dissoudre l'Assemblée,
04:52il doit consulter les présidents des deux chambres et le Premier ministre.
04:55Il ne les a pas consultés, il ne les a qu'informés.
04:58C'est un camouflet, absolument.
05:00Évidemment que Gabriel Attal ne pardonne pas à Macron.
05:03Et Macron disait l'autre jour que Attal était son petit frère.
05:06Je n'ai pas l'impression que c'est comme ça que Attal voit les choses.
05:08En tout cas, plus le fils préféré, Nathan.
05:10Oui, et la situation est d'autant plus rocambolesque si on considère que depuis 2017,
05:15Emmanuel Macron a eu la chance d'avoir des majorités
05:18qui ont été extrêmement, si vous voulez,
05:20je ne sais pas si le mot docile convient,
05:22mais vous voyez ce que je veux dire,
05:23qui ont été extrêmement respectueuses,
05:25qui n'ont jamais cherché, si vous voulez, à lui faire de l'ombre,
05:27qui ne l'ont jamais menacée.
05:28Oui, il avait des bons soldats autour de lui, c'est vrai.
05:30Lors de sa réélection, il avait des super bons soldats.
05:32Et donc je pense qu'il y a, chez tous les gens qui se sont battus,
05:35c'était ce que disait M. Le Gendre hier,
05:37des gens qui, en 2017, ont abandonné leur métier,
05:39ont sauté dans le vide de la politique.
05:41Ont mouillé le maillot pour lui, vraiment, oui.
05:43Exactement, et qui pendant 7 ans, 8 ans,
05:45si on compte les campagnes présidentielles de 2016-2017,
05:47se sont consacrés corps et âme
05:49au projet du Président de la République,
05:51et même, en quelque sorte, à sa personne.
05:53Je pense que là, il y a un sentiment
05:55de dépossession, de trahison, très très forte.
05:59Alors, si les présidents de groupe, Gabriel Attal,
06:01peut-il rester Premier ministre ?
06:03C'est possible, oui oui. Écoutez Benjamin Morel,
06:05le politologue, il était ce matin sur Europe 1.
06:07On est à mi-chemin entre le droit constitutionnel
06:09et le spiritisme. En fait, il faut comprendre
06:11qu'on pourrait avoir un gouvernement zombie.
06:13En d'autres termes, qu'est-ce que ça signifie un droit ?
06:15Un gouvernement démissionnaire, c'est un gouvernement
06:17qui ne fait que gérer les affaires courantes
06:19et les urgences. Mais il faut bien comprendre qu'en droit,
06:21ça donne quand même une large marge de manœuvre.
06:23Et donc, en d'autres termes, vous maintenez votre gouvernement,
06:25vos ministres ne sont plus ministres.
06:27Ils font office de ministres.
06:29Et ça change tout, parce que leur statut n'est plus un statut de ministre,
06:31donc ils peuvent en même temps être députés
06:33et faire office de ministre,
06:35même si juridiquement, ils ne le sont plus.
06:37Ils ont quand même les compétences qui demeurent.
06:39Et donc, vous pouvez traîner pendant
06:41plusieurs semaines, plusieurs mois, avec un gouvernement
06:43qui n'est plus responsable devant le Parlement.
06:45Et c'est ça le truc, c'est-à-dire que
06:47vous ne tuez pas un mort-vivant. Juridiquement,
06:49ça peut tenir la route. Politiquement et démocratiquement,
06:51on va dire que c'est peut-être un peu plus discutable.
06:53C'est intéressant cette analyse de Benjamin Morel.
06:55Gouvernement zombie ?
06:57Alors, c'est vrai qu'on dit que, évidemment,
06:59comme la situation est totalement inédite
07:01et que tout n'est pas prévu dans la Constitution,
07:03le Président de la République consulte
07:05des professeurs de droit constitutionnel
07:07pour savoir jusqu'où ne pas aller trop loin.
07:09Mais il faut quand même bien voir
07:11que c'est une situation qui est quand même totalement
07:13baroque et qui donne l'impression aux Français
07:15que le Président de la République
07:17ne respecte pas la parole.
07:19Il joue à la montre.
07:21Il finasse avec le suffrage universel.
07:23Parce que si on refait un petit peu le film,
07:25en quelques mots,
07:27vous avez les élections européennes
07:29et le premier tour des législatives qui ont donné la victoire
07:31au Rassemblement National.
07:33Vous avez le deuxième tour des législatives
07:35qui ont donné, sinon la victoire,
07:37en tout cas l'avantage au nouveau Front Populaire.
07:39Et que dit le Président de la République ?
07:41Je ne veux ni des uns,
07:43ni des autres.
07:45Je vais m'arranger avec tout ça et je vais maintenir
07:47le système pour essayer de trouver une solution
07:49avec un cartel de perdants.
07:51Franchement, je pense que pour les Français,
07:53il ne s'y retrouve pas.
07:55En parlant des analyses politiques,
07:57on voit quand même aujourd'hui que
07:59ce Parlement est à l'image de la France.
08:01Vous avez trois blocs
08:03qui non seulement n'ont aucun dénominateur commun,
08:05qui non seulement ne veulent pas travailler ensemble,
08:07j'entends là travailler sur le fond,
08:09mais qui ne veulent pas faire de concessions les uns vis-à-vis des autres.
08:11Parce qu'en quelque sorte, on a trois blocs extrêmes.
08:13On a l'extrême droite
08:15qui n'a jamais été aussi puissante.
08:17On a une gauche qui est, si vous voulez,
08:19dans le centre de gravité située
08:21à l'extrême gauche. Et puis on a, entre les deux,
08:23ce que le politologue Alain Gérard Slama
08:25appelait l'extrême centre. Et si vous voulez,
08:27aucun de ces trois blocs ne pourra mener sa politique
08:29parce que si les macronistes
08:31voulaient faire l'équivalent d'une réforme des retraites
08:33demain, évidemment qu'ils seraient bloqués de partout,
08:35motion de censure, pareil pour
08:37le programme du nouveau Front Populaire
08:39et pareil pour le Rassemblement National.
08:41Donc ce qui est en train de se passer,
08:43c'est que non seulement
08:45on a des politiques qui ne veulent pas
08:47s'allier ou qui vont
08:49former des coalitions extrêmement fragiles,
08:51non seulement on a un président qui refuse de donner
08:53raison à un des trois blocs, mais on a surtout une France
08:55qui est fragmentée en trois. Comme disait
08:57le Jules César au début de la guerre des Gaules,
08:59la Gaule est toujours divisée en trois parties.
09:01On va rester là-dessus, Nathan Devers, et nous on reste
09:03ensemble, bien sûr. Dans quelques instants, on poursuit
09:05ce décryptage passionnant avec vous,
09:07chers auditeurs d'Europe 1.01, 80.20,
09:0939.21. On va s'intéresser à la gauche maintenant,
09:11après une première semaine de
09:13négociations. Alors on a quatre candidats
09:15du côté de la France Insoumise, mais
09:17toujours pas de candidat commun.
09:19Qu'est-ce que ça va donner tout ça ? Eh bien on va en parler
09:21dans quelques instants.

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