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00:00Derrière l'image, on prend le temps de décrypter l'info à partir de photos qui font sens.
00:04C'est à moins d'une semaine, du coup, d'envoi des législatives anticipées.
00:07Forcément, on va vous parler d'un sujet cher aux Français, débattu par les candidats, c'est l'immigration.
00:13En soi, à ce propos, Charlotte Boîtiaud, d'Infomigrants, bonjour Charlotte.
00:16Vous allez revenir pour nous sur les programmes, programmes immigration des principaux partis politiques français.
00:22Sans surprise, c'est l'un des thèmes clés de la campagne de ces législatives,
00:25un thème au cœur de la campagne actuelle de l'extrême droite,
00:28mais aussi désormais un thème cher aux partis présidentiels et à la gauche.
00:33Alors, on va en parler avec une photo, un cliché qui parle de lui-même. Expliquez-nous.
00:38Oui, voilà, vous allez sûrement la voir apparaître tout de suite à l'écran.
00:40C'est une manifestation, vous la voyez, de sans-papier.
00:43La photo a été prise au mois de janvier par la rédaction.
00:46Vous allez me dire, quel rapport avec les législatives ?
00:48Alors, tout a un rapport avec les législatives, parce que sur cette photo, ce que vous voyez,
00:52ce sont des étrangers, des travailleurs sans-papier à qui nous parlons régulièrement.
00:56Ce sont des personnes qui étaient déjà très mobilisées contre la loi Asile et Immigration
01:02que le gouvernement a fait voter avec l'appui, je le rappelle, du Rassemblement national.
01:08C'était une loi qui était déjà jugée comme étant très ancrée à droite.
01:12Alors, évidemment, actuellement, avec le score du Rassemblement national aux élections européennes,
01:17avec les législatives d'ici quelques jours,
01:20ces personnes que vous voyez à l'écran s'inquiètent de la montée de l'extrême droite,
01:24s'inquiètent évidemment que Jordane Bardella, le président du Rassemblement national,
01:28puisse éventuellement accéder à Matignon.
01:31Oui, car l'extrême droite ne s'en est jamais cachée.
01:34Elle a d'ailleurs rappelé hier encore qu'elle veut favoriser les Français,
01:37ce qu'elle appelle depuis toujours la préférence nationale.
01:39Oui, c'est une vieille ligne politique du parti d'extrême droite, vieille de 40 ans.
01:44Il faut faire passer les nôtres avant les autres.
01:47C'était déjà le mot d'ordre de Marine Le Pen en 2022.
01:49C'est un mot d'ordre qui est repris à la lettre par Jordane Bardella.
01:53La priorité nationale est une simple question de bon sens.
01:56Il l'a encore rappelé hier lors de sa conférence de presse.
02:00Je vous propose de l'écouter.
02:02J'entends d'abord supprimer le droit du sol.
02:05L'acquisition automatique de la nationalité française ne se justifie plus dans un monde
02:10à 8 milliards d'individus alors que se multiplient sur notre sol
02:13les preuves quotidiennes de nos incapacités à intégrer et à assimiler.
02:19Je lèverai les obstacles à l'expulsion des délinquants et criminels étrangers
02:23pour permettre leur éloignement systématique du territoire de la République française.
02:27Je rétablirai le délit de séjour irrégulier car je considère qu'on ne peut pas violer
02:30en toute impunité les lois françaises et l'hospitalité de nos concitoyens.
02:35Voilà, vous l'avez entendu au début de cet extrait.
02:37L'ERN propose donc de supprimer le droit du sol.
02:40Alors qu'est-ce que c'est ? Je le rappelle en deux secondes.
02:43Le droit du sol pour le Rassemblement national, c'est le fait de pouvoir devenir français
02:47automatiquement à 18 ans quand on est né en France de parents étrangers.
02:52Pour l'extrême droite, la seule façon de devenir français ne se fera que selon deux possibilités,
02:58soit par le droit du sang si on a déjà un de ses parents français, soit par la naturalisation.
03:03On sait aussi que l'ERN veut s'attaquer à l'accès aux soins pour les sans-papiers,
03:08aussi appelé aide médicale d'État. Il veut donc la supprimer ?
03:12Oui, supprimer cette aide, comme vous l'avez dit, qui vient en aide aux étrangers en situation irrégulière.
03:19Il voudrait donc la supprimer pour la remplacer par un fonds qui couvrira, dit-il, les urgences vitales.
03:24Seulement voilà, ça existe déjà. Toute personne a déjà le droit d'être soignée en cas d'urgence vitale.
03:30Aucun médecin n'a jamais laissé un patient mourir au prétexte qu'il n'avait pas de papiers.
03:35Surtout aucun médecin n'a le droit de le faire. On serait face à une situation de non-assistance à personne en danger.
03:40Alors ce que vise Jordan Bardella, ce sont tous les soins qui sont compris dans ce panier AME
03:45et qui ne rentrent pas dans les urgences vitales.
03:47Ce sont des soins, par exemple, dentaires, ophtalmologiques, des soins qui sont, il est vrai, remboursés par l'État,
03:53mais pas à 100%, comme le laisse penser le Rassemblement National.
03:57En fait, l'AME rembourse juste une base tarifaire de la Sécurité Sociale.
04:01Je voudrais prendre un exemple très simple, parce qu'il y a beaucoup de contre-vérités à ce sujet.
04:05Prenons l'exemple d'un migrant, d'un sans-papier, qui voudrait se faire faire une courante dentaire à 500 euros.
04:09Oui, l'AME va lui rembourser une partie, à hauteur de 100% du tarif de la Sécurité Sociale, disons 100 euros.
04:16Il restera donc à charge 400 euros pour le migrant sans-papier à payer.
04:20L'AME rembourse donc non pas 100% de la dépense, mais 100% d'un tarif de la Sécurité Sociale.
04:26J'aimerais aussi dire que très peu de sans-papiers en France bénéficient de l'AME,
04:31selon un récent rapport de l'ONG Médecins du Monde, 8 étrangers sur 10 n'y ont actuellement pas recours.
04:37Enfin, dans le reste du paysage politique, le parti présidentiel veut lui aussi toucher à l'AME.
04:42Il ne veut pas le supprimer, mais réformer l'Aîné Médicale d'État.
04:45A contrario, il n'y a que l'Alliance de Gauche, le Front Populaire, qui ne veut pas y toucher.
04:50L'Alliance de Gauche considère que l'AME permet de soigner une population fragile,
04:54et qu'en protégeant une population fragile, on protège l'ensemble de la population.
04:57On empêche par exemple les épidémies de se développer, ou même la résurgence de certaines maladies
05:02qui avaient disparu en Europe, comme la rougeole ou la tuberculose.
05:05Ça a donc tout son sens.
05:06Le parti d'extrême-droite, qui l'a redit hier, il entend aussi inscrire dans la Constitution
05:10l'interdiction pour les binationaux d'accéder à certains emplois publics.
05:15Je crois que le cas du ministère de la Défense a été cité par Jordane Bardella hier.
05:20Tout à fait. La phrase avait été lâchée par le vice-président du RN, Sébastien Chenu, sur TF1.
05:25Elle a été donc confirmée par Jordane Bardella quelques heures plus tard.
05:29Je cite, vous le voyez à l'écran,
05:30« Les postes les plus stratégiques seront réservés aux citoyens français et aux nationaux français ».
05:35Donc le Rassemblement National souhaite donc empêcher les personnes avec deux nationalités
05:39d'accéder à des postes stratégiques, vous l'avez dit, comme la Défense ou la Sécurité.
05:44La liste de tous ces postes de la haute fonction publique serait définie par décret
05:48si un jour le RN accédait à Matignon.
05:51Alors un mot du programme du Front Populaire maintenant,
05:54programme qui prend une direction à l'opposé du RN.
05:57On parle davantage d'accueil de migrants que d'expulsion.
06:00Oui, d'ailleurs le mot expulsion n'apparaît même pas dans le programme du Front Populaire.
06:04Là où l'extrême-droite et où même l'exécutif parle de crise migratoire,
06:08de protection des frontières, d'expulsion de délinquants étrangers,
06:12le Front Populaire va user d'une sémantique quelque peu différente.
06:15Elle va se concentrer sur les mots « accompagnement des migrants »
06:19pour faciliter leur accès aux différents services publics.
06:21Alors dans le détail, il propose beaucoup de choses,
06:23mais j'aimerais revenir sur trois mesures phares dont on parle assez peu.
06:27La première, c'est la création d'une agence de sauvetage en mer.
06:31C'est une annonce très forte du Front Populaire à l'heure où,
06:34je le rappelle, les traversées en Méditerranée sont plus meurtrières que jamais.
06:38Il n'existe, à l'heure où je parle, aucune agence de sauvetage européenne en mer,
06:42alors que plus de 1000 personnes, dont des femmes et des enfants,
06:45sont mortes noyées depuis le début de l'année.
06:47On parle même de près de 30 000 personnes qui seraient mortes noyées en Méditerranée
06:51ces dix dernières années.
06:53Alors il y a bien quelques navires, des gardes-côtes et des navires de Frontex,
06:56l'agence européenne des gardes-côtes européennes,
06:58qui sillonnent les eaux internationales,
07:00mais leur rôle est donc de protéger les frontières et pas de secourir les migrants.
07:05Ces secours incombent à la société civile, aux ONG humanitaires qui sillonnent la mer,
07:10mais jamais aux États.
07:11Le Front Populaire qui veut aussi autoriser les demandeurs d'asile à travailler,
07:14c'est un point commun avec le parti d'Emmanuel Macron ?
07:16Oui, et c'est sans doute le seul.
07:18C'est vrai, le Front Populaire et l'exécutif souhaitent ouvrir l'accès au marché du travail
07:22à tous les demandeurs d'asile.
07:24Aujourd'hui, je le rappelle, les demandeurs d'asile pourraient travailler,
07:27mais dans les faits, c'est extrêmement compliqué.
07:28Il y a un cahier des charges à remplir très lourd.
07:31Il faut résider en France depuis plus de six mois.
07:34Donc, il est quasiment impossible d'accéder au marché du travail.
07:38Or, pour le Front Populaire, il est indispensable d'accéder au marché de l'emploi
07:41quand on est demandeur d'asile et on a besoin de gagner de l'argent,
07:44on a besoin de ne pas rester oisif pendant l'étude de son dossier.
07:47On a besoin de travailler pour s'intégrer, pour apprendre la langue française.
07:51Et enfin, le dernier point sur lequel j'aimerais revenir,
07:54c'est le statut de déplacé climatique.
07:56Le Front Populaire voudrait créer un statut de réfugié climatique.
08:00Alors, évidemment, la droite parle déjà d'une hausse énorme des demandes d'asile.
08:04C'est vrai, reconnaît le Front Populaire, il y aura fatalement une hausse des demandes d'asile.
08:08Mais est-ce que c'est le moment de faire la politique de l'autruche ?
08:11Absolument pas. Le Front Populaire le dit.
08:13Il y aura 1,2 milliard de déplacés climatiques sur la planète d'ici 2050.
08:18Et ça, ce sont les chiffres de la Banque mondiale.
08:21Un dernier mot, le parti présidentiel, Emmanuel Macron,
08:24qui entend poursuivre sa stratégie, adopter des mesures susceptibles de plaire
08:29à l'électorat du RN.
08:30Oui, tout à fait. Il fait déjà le lien assez régulièrement entre immigration et insécurité.
08:35Il essaye de décrédibiliser la gauche.
08:37Vous l'avez entendu, le 14 juin, Emmanuel Macron a ainsi accusé le Front Populaire de défendre,
08:43je le cite, un programme totalement immigrationniste.
08:46Une expression qui est chère à l'extrême droite, donc à l'instar de Jordan Bardella.
08:51Le président veut donc, lui aussi, réduire l'immigration irrégulière.
08:54C'était déjà une optique qu'il défendait au Parlement européen avec son parti.
08:58Je rappelle qu'il a voté le pacte Asile et Immigration.
09:01Un pacte qui accepte, en gros, ceux qui fuient les conflits et les guerres,
09:06mais qui rejette en masse toutes les personnes qui fuient des pays pauvres.
09:10Le parti présidentiel a notamment défendu ce qu'on appelle le filtrage des migrants
09:15et la création de ces énormes centres de rétention
09:18qui seraient construits aux frontières extérieures de l'Europe ces prochaines années.
09:21Voilà, il y a un fait nouveau quand même.
09:22Le président s'en est pris aux mineurs isolés étrangers,
09:25qui, je le cite, minent la cohésion nationale.
09:28Oui, alors on ne sait pas très bien de quoi il parle.
09:30C'est vrai qu'il a parlé de la montée de la violence de ces mineurs étrangers.
09:34Alors, est-ce qu'il parle des mineurs marocains,
09:35dont on a beaucoup parlé dans les médias ces derniers temps ?
09:38Vous savez, ces jeunes qui errent dans le nord de Paris,
09:40qui, il est vrai, sont très violents, polytoxicomanes.
09:43Ou est-ce qu'il vise tous les jeunes étrangers ?
09:45Alors, ce n'est pas vraiment détaillé.
09:46Ce qu'on sait, en revanche, c'est qu'il a souhaité différencier
09:49les mineurs isolés français des mineurs isolés étrangers.
09:52C'est-à-dire qu'il veut que l'État, via les préfectures,
09:55reprenne le contrôle, puisse prendre en charge ces mineurs étrangers.
10:01Comment ça va se matérialiser ?
10:02On n'a pas encore de détails.
10:03Ce qu'on sait, c'est que le sort de ces mineurs étrangers a été durci ces dernières années.
10:08Leurs empreintes sont désormais inscrites dans un fichier national.
10:11De plus en plus de départements demandent qu'il y ait une mise en place systématique,
10:14vous savez, des tests osseux pour déterminer, vérifier leur âge,
10:17au temps de mesure que les associations dénoncent.
10:20Elles rappellent que ces jeunes sont, au titre de l'enfance, des enfants
10:24et qu'ils doivent être donc protégés et non stigmatisés.