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La conférence Nourrir la planète s'adresse à des responsables et des dirigeants d’entreprise du secteur, mais aussi des pouvoirs publics et de tous ceux qui souhaitent mieux comprendre les grands enjeux de notre souveraineté alimentaire.

Successivement, la crise covid, la guerre en Ukraine et les grandes manifestations agricoles, ont jeté une lumière crue sur la crise d’identité et les fragilités du modèle agricole européen. Les grandes politiques publiques comme la PAC ou celle, à venir, du Green deal appliqué à l’agriculture, font désormais l’objet de questions. Les orientations choisies peuvent-elles permettre de produire suffisamment pour assurer la souveraineté alimentaire de l’Europe et le rôle stabilisateur des exportations, sans ruiner l’environnement et les perspectives des agriculteurs ?

Il y aura 10 milliards d’humains sur la planète à nourrir en 2050. C’est aujourd’hui que le réarmement productif doit être mené. L’Europe veut-elle être actrice de la mutation ? Ou la subir ?

https://www.lopinion.fr/evenements/nourrir-la-planete-comment-rearmer-la-ferme-france

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00:00Je vais accueillir tout de suite sur scène les trois prochains intervenants.
00:08Emily Hall, responsable de l'approvisionnement durable chez Sepol, Nicolas Chaban, fondateur
00:14de Séquille, patron, et Arnaud Montebourg, ministre entrepreneur.
00:18Vous pouvez les applaudir.
00:19Prenez place, prenez place, merci à tous les trois d'être avec nous pour parler d'un
00:36sujet fondamental dont on parle en permanence quand on parle d'agriculture, c'est le sujet
00:40de la rémunération, comment mieux rémunérer les agriculteurs et on a décidé de mettre
00:46en avant des initiatives, des projets qui vont dans ce sens avec vous, mais on va entrer
00:51en vif du sujet parce que j'ai envie qu'on prenne le temps avec vous.
00:55On va parler d'abord, Emily Hall, de Sepol, simplement en quelques chiffres clés, est-ce
01:01que vous pouvez nous rappeler un petit peu le positionnement de Sepol, filiades d'Avril,
01:05l'ampleur du groupe ?
01:06Alors bonjour à tous, donc Avril, aujourd'hui notre mission c'est nourrir les hommes et
01:13les animaux et préserver la planète, donc on est plutôt sur des sujets d'actualité
01:17au vu des discussions de ce matin et Sepol, donc au sein du groupe, est le leader de la
01:23transformation des graines oléagineuses, colza et tournesol en France.
01:28On est aujourd'hui 700 collaborateurs répartis sur 5 sites plutôt ancrés dans le territoire
01:35agricole français et on a trituré, on triture habituellement chaque année 3 millions de
01:41tonnes de graines.
01:42On a aussi une démarche parmi les pionniers sur tout ce qui est autour du bas carbone
01:48et de la durabilité, on a lancé il y a maintenant 5 ans un outil qui s'appelle Oléose, donc
01:53en fait qui est une plateforme digitale de sourcing des graines de colza et de tournesol
01:58bas carbone et des pratiques vertueuses des agriculteurs qui sont du coup tracées et
02:04valorisées sur des marchés.
02:07Alors justement on va rentrer dans le but du sujet, Oléose c'est une démarche là
02:11qu'on veut mettre en avant concrètement, je suis agriculteur, je produis du colza,
02:15du tournesol et ça m'intéresse, je veux être mieux rémunéré, j'ai des pratiques
02:19de production vertueuse sur le plan environnemental, comment je m'y prends ?
02:21Alors comment ça marche ? Ce qui se passe c'est qu'aujourd'hui dans la chaîne de
02:26valeur l'agriculteur va livrer ses graines auprès de sa coopérative ou de son négoce
02:32l'organisme Stoker et c'est l'organisme Stoker qui va collecter les données, les
02:37informations des pratiques des agriculteurs.
02:39Quand on parle de pratiques, on en a parlé pas mal ce matin mais on revient sur la forme
02:44d'azote et la quantité d'azote apportée, la mise en place de couverts végétaux, l'apport
02:47de matières organiques, je ne vais pas vous faire toute la liste mais en fait on va collecter
02:51toutes ces données, elles sont ensuite transférées sur notre plateforme Oléose qui permet de
02:57calculer une intensité carbone, un impact environnemental et à partir de là nous sommes
03:03capables de valoriser en euros par tonne de produits la performance environnementale de
03:09l'agriculteur et donc on va lui acheter ses graines avec un bonus d'IGES, émission
03:15de gaz à effet de serre, en complément de sa graine standard.
03:18C'est du déclaratif, il y a un audit qui est fait pour s'assurer que les datas sont
03:23fiables, qu'il n'y a pas d'erreurs ?
03:24Alors exactement, on est sur une première phase en déclaratif pour que l'agriculteur
03:28puisse tester le système et voir à combien il va prétendre en termes de bonus GES et
03:33à partir du moment où il y a une contre-actualisation, alors là il y a un audit, c'est un audit
03:37qui est d'abord documentaire où on va demander l'ensemble des éléments permettant de prouver
03:41les données qui ont été renseignées auparavant.
03:43C'est un peu le titre de cette table ronde, qui paye la facture ? Au final, qui paye cette
03:47rémunération plus attractive ?
03:49Alors qui paye ? Cette filière qu'on a construit, elle est d'abord basée sur un contexte réglementaire.
03:56L'Union Européenne fixe un cap au travers de la Directive des énergies renouvelables
04:00avec des mandats d'incorporation pour les biocarburants qui sont traduits au niveau
04:04des Etats membres et on a deux formes de traduction de ces mandats.
04:08Un mandat qui est plutôt quantitatif dans la majorité des pays et c'est aussi le cas
04:12pour la France, où là il s'agit d'incorporer un volume constant de biocarburants dits standards
04:18où en fait il suffit qu'il soit 50% d'émissions de réduction de gaz à effet de serre par
04:24rapport à un diesel fossile dans le cas du biodiesel.
04:26Et on a ensuite des mandats plutôt qualitatifs où là l'objectif est d'abattre les émissions
04:35de gaz à effet de serre du transport en l'occurrence et on est du coup à la recherche de biocarburants
04:41dits premiums ou en tout cas le plus efficace possible en termes d'intensité carbone et
04:46là on va sur des 70-80% de réduction des émissions par rapport au diesel fossile.
04:52Donc les pétroliers dans des pays avec des mandats qualitatifs qui recherchent des biocarburants
04:57premiums, on parle des pays comme l'Allemagne ou la Suède, sont fortement intéressés
05:03par cette performance environnementale et sont prêts à payer une surprime pour ces
05:08biodiesels qui permettent d'atteindre la performance et c'est cette surprime que nous sommes capables
05:13de capter et de recascader vers l'amont agricole.
05:16Et alors ça rapporte quoi à l'agriculteur ?
05:18Ça rapporte quoi ? Alors déjà tout déband en fait puisque ça dépend de la performance
05:22de l'agriculteur et aujourd'hui on a imaginé un système plutôt sur mesure où en fonction
05:26de la déclaration de chacun des agriculteurs et de son étape dans le processus de la transition,
05:32nous y associons une prime qui est aussi dépendante du marché.
05:35Maintenant pour être un peu plus concrète, depuis les 5 ans qu'on a derrière nous, la
05:42prime moyenne payée à l'agriculteur elle est autour de 30€ la tonne, sachant que si
05:47on veut comparer ça au prix du colza c'est 400€ la tonne de graines.
05:51Donc voilà on est entre 8 et 10% en fonction des variations du marché de surplus payé
05:58à l'agriculteur.
05:59Peut-être aussi pour vous donner quelques chiffres supplémentaires, au global sur ces
06:045 dernières années ça a représenté 20 millions d'euros remontés à notre amont.
06:08Donc si on fait un calcul assez rapide, ce sont 700 000 tonnes de graines de colza et
06:14de tournesol qui ont pu bénéficier d'un bonus GES et ces 700 000 tonnes en fait elles
06:19se répartissent sur 11 000 exploitations agricoles partout sur le territoire français.
06:23Donc on le voit ça arrive, c'est intéressant, attractif pour les agriculteurs.
06:29Ça va dans le bon sens, ça se développe, est-ce que ça suffit toujours à les convaincre
06:32parce que ces pratiques de production vertueuses elles peuvent être contraignantes, plus coûteuses
06:36en tout cas en amont, est-ce qu'il y a des freins à lever à ce niveau-là ?
06:39Alors c'est vrai qu'on a eu une très belle dynamique au lancement, le fait d'apporter
06:43de la transparence sur la rémunération a permis d'engager de nombreux agriculteurs.
06:47Maintenant en toute transparence, depuis un an on est face à un marché qui est un peu
06:53plus compliqué.
06:55Donc c'est sûr qu'il y a des incitations à l'incorporation de biocarburants et ça
06:58c'est bien mais on a aussi des incitations à la réutilisation et au recyclage et on
07:05a des produits comme les huiles usagées de cuisson qu'on peut collecter dans des fameux
07:09fast-food dont je tairai le nom et des effluents d'huileries de palme qui ont un statut de
07:15déchet.
07:16Ce statut de déchet leur confère deux avantages principaux, le premier ça va être un avantage
07:22fiscal pour les pétroliers qui achètent ces matières, qui les incorporent dans leur
07:26mix de biocarburants et le second c'est leur score en termes de performance environnementale
07:31où quand je vous parlais tout à l'heure de 50% pour une valeur standard, 70-80 pour
07:36un colza avec des bonnes pratiques, on est à 90% de réduction des émissions sur des
07:43carburants issus d'huiles usagées.
07:44Donc vous imaginez l'intérêt d'un pétrolier pour sourcer ce type de matière sauf qu'en
07:51face de ça c'est quand même des filières qui sont difficilement traçables et maîtrisables.
07:55Je vous cache pas que ça a été assez facile, il y a quelques petits malins qui ont flairé
07:59le bon coup, on a une filière qui est plus avantageuse économiquement et qui n'est pas
08:04tracée.
08:05Aujourd'hui nous sommes face à une fraude notoire d'import massif d'huiles dites usagées
08:10en provenance d'Asie, du Sud-Est notamment, qui se révèlent être de l'huile de palme.
08:16En termes de chiffres, en 2023 c'est 20% de la consommation des biocarburants en France
08:21qui sont suspectés, frauduleux et issus de ces huiles usagées.
08:25Quand vous importez 20% en plus dans un marché, l'équilibre de l'offre et la demande est
08:29complètement perturbé.
08:30En termes d'impact, sur le prix de la graine de colza on a dévissé de 30%, sur le prix
08:37du bonus GES on a perdu 50%.
08:40Donc en fait là où on se dit le colza c'est quand même une culture hyper intéressante,
08:45le fait de rotation d'un point de vue agronomique ça fait sens, on parle d'allongement des rotations,
08:50on peut se poser la question de comment va réagir l'agriculteur face à un marché qui
08:53aujourd'hui est déprimé et comment l'agriculteur va prendre le risque de mettre en place des
09:01nouvelles pratiques ou de les maintenir quand la rémunération qu'on pouvait lui proposer
09:05n'est plus garantie.
09:06Donc aujourd'hui ce que nous on espère c'est que l'ensemble des alertes qu'on envoie seront
09:11entendues de nos pouvoirs publics et qu'on va pouvoir passer d'une phase d'observation
09:15où on constate tous ces importations massives d'huiles usagées à une phase d'action pour
09:21essayer de préserver directement le revenu des agriculteurs français.
09:24Et on y reviendra effectivement à comment aller plus loin encore dans la démarche.
09:30L'approche de ces pôles c'est une réponse au producteur d'Oléagineau, Arnaud Montebourg
09:34c'est à l'entrepreneur que je m'adresse, vous dirigez Bleu Blanc Ruche, la compagnie
09:39des amandes et la compagnie laitière des glaces paysannes, donc vous ciblez le miel,
09:42les amandes, le lait bio, tout d'abord pourquoi ces filières en particulier ?
09:46D'abord, merci de votre invitation, il y avait d'abord un goût personnel.
09:53Le miel, les amandes et le lait ce sont les trois ingrédients qu'on trouve dans les trois
09:58religions monothéistes, donc on pouvait se dire qu'il y avait une manière de réconcilier
10:03l'humanité.
10:04Mais ce n'était pas du tout ça, je préfère vous le dire, c'était pour vous distraire,
10:10je dis ça, mais c'était surtout des filières en difficulté ou inexistantes qui avaient
10:15disparu, c'est le cas des amandes, le miel tout le monde le sait maintenant, et le lait
10:22vous connaissez la situation, donc notre ami Chaban qui a fait beaucoup pour la filière
10:27en parlera encore mieux que moi.
10:29Donc on avait eu l'idée de changer le modèle pour essayer de remonter des filières qui
10:35avaient disparu pour des raisons climatiques, des raisons de savoir-faire disparues et des
10:41raisons commerciales aussi, planter des arbres qui ne donnent des fruits qu'au bout de cinq
10:47ou six ans, ça demande beaucoup de travail non payé et ça demande des risques techniques
10:53quand on ne sait plus maîtriser le savoir élevé l'arbre, ça demande aussi, et puis
10:58c'est le risque commercial, pourquoi je vais me diversifier alors que dans ce secteur,
11:02alors que je ne sais pas s'il y a un marché, donc nous avons imaginé de transformer le
11:08modèle et dérisquer l'agriculteur, y compris sur le terrain de la rémunération, c'est
11:12ça je crois votre question, mais aussi sur le terrain technique, sur le terrain commercial
11:19aussi et de la transformation, donc c'est une forme en quelque sorte d'inversion du
11:25modèle puisque le modèle habituel c'est la grande distribution achète le moins cher
11:29possible au transformateur, le transformateur va voir le producteur et se venge sur lui
11:34parce qu'il est coincé avec son client et c'est comme ça que l'agriculteur travaille
11:38gratuitement et qu'on s'est tous mis à accepter ça, bon c'était pas du tout, donc il n'y
11:44a plus d'agriculture, voilà, ou en tout cas les difficultés qu'on connaît, donc notre
11:49idée était de dire nous sommes transformateurs, nous avons des projets de transformation,
11:52un peu grossisses, donc un petit peu distributeurs, donc nous allons nous associer avec les agriculteurs,
11:58donc en fait nous alignons les intérêts de Laval sur Lamont en nous associant ensemble,
12:04alors évidemment c'est un effort pour un agriculteur de voir arriver un investisseur,
12:09un transformateur, quelqu'un d'autre que quelqu'un appartenant à sa corporation, ça a été
12:15un effort, moi je me souviendrai toujours quand on est arrivé dans le Vaucluse avec nos premières
12:20slides devant la section cantonale de la FDSEA, les gars nous ont dit, Monsieur Montebourg,
12:27flairant peut-être le boniment du politicien en moi, Monsieur Montebourg, je fais sans
12:33accent, la Marie est un peu trop belle, il doit y avoir un loup, et en fait il n'y a
12:39pas eu de loup puisque nous avons bâti des vergers en association avec des agriculteurs,
12:46des arboriculteurs dans le Midi de la France, nous nous associons sur sa terre, nous n'achetons
12:53pas la terre jamais, la terre doit appartenir aux paysans qui l'exploitent, c'est la terre,
12:57c'est une conquête de la révolution française, néanmoins nous travaillons sur sa terre et
13:02selon ses vues à lui, c'est lui le patron, et nous, nous dérisquons financièrement,
13:07nous finançons les investissements, nous finançons le fonds de roulement, nous payons son travail
13:14pendant le temps où l'arbre doit être élevé ou il ne récolte pas, depuis le néolithique
13:18l'agriculteur est payé à la récolte, avec nous on a décidé de payer le travail
13:24comme quand on monte une start-up, on paye les gens qui travaillent jusqu'à temps qu'on
13:28ait le résultat, donc c'est là que les gens du Vaucluse m'avaient dit, mais c'est incroyable
13:33votre histoire, je dis, ben oui, parce qu'on a besoin d'amendes, on a un marché de l'amende
13:38qui fonctionne, on a de la croissance, des volumes, des prix et des importations médiocres,
13:42donc on peut les substituer en partie, la partie premium, on va dire, allez 20% du marché,
13:49c'est pas vraiment premium, c'est du made in France, c'est du made in Provence, c'est
13:52du made in Occitanie, du local, alors évidemment un paysan qui se dit, qui c'est ces gens-là
13:57avec qui je vais m'associer ? Vous dites à un paysan, vous allez vous associer avec
14:02des investisseurs, il sort les scopettes et vous dites à un financier, est-ce que vous
14:05allez investir chez cet agriculteur ? Il dit voilà, non jamais ! Donc nous avons construit
14:10une sorte de tiers de confiance, où nous dérisquons l'agriculteur contre l'excès
14:15de gourmandise de l'investisseur, on va dire, et nous dérisquons l'investisseur contre
14:21le risque investisseur chez l'agriculteur. Et donc cette alliance-là, entre deux mondes
14:26qui ne se parlaient pas, nous a permis de susciter 6500 hectares de déclarations de
14:32candidature, lever 15 millions d'aides comprises, d'avoir la première coopérative du Midi
14:39de la France venue dans notre capitale qui est Arteris, filiale d'Invivo, salut Thierry
14:42Viendigny, qui est entrée dans notre capitale avec qui nous travaillons, parce que planter
14:47ces arbres-là qui n'existaient plus, presque plus, je vous donne les chiffres, on consomme
14:5345 000 tonnes d'amandes par an, en snacking, en pâtisserie, en cosmétique, c'est énorme,
14:58c'est un marché de 350 millions d'euros quand même chaque année, c'est pas un petit
15:01truc, mais on en produisait, il y a encore 3 ans, 800 tonnes sur les 45 000. Donc là
15:08nous, si on met 3000 tonnes sur le marché, ce sera déjà bien, on voudrait aller un
15:11tout petit peu plus loin, avec les prix qui sont valorisés 3 fois le cours mondial. Et
15:17donc le couple prix-volume nous permet de garantir un partage de la rémunération à
15:2450-50 avec l'agriculteur. Donc quand je vois un arboriculteur qui se demande s'il va planter
15:28des amandiers à la place de ses abricotiers parce qu'il ne peut plus les récolter, parce
15:32qu'il a la chacra, parce qu'il n'a plus de moyens d'oeuvre pour récolter en temps
15:37et en heure, il dit qu'est-ce que vous me proposez ? Je dis écoutez, on vous propose
15:43d'abord de planter ensemble, de gérer techniquement le verger avec vous, puisque nous avons l'INRA
15:50avec nous et nos ingénieurs, et d'aller gagner de l'argent ensemble. C'est pas moi qui vous
15:57achète selon le prix du marché, on va gagner de l'argent ensemble. Donc on travaille nos
16:02rendements ensemble, et les débouchés on les construit ensemble vis-à-vis de la grande
16:07distribution mais pas seulement la pâtisserie.
16:08Alors quels sont les canaux justement pour le miel, pour les amandes ?
16:11Ecoutez, il y a une demande importante chez les pâtissiers, vous savez les chocolatiers
16:17régionaux, il y en a partout dans toute la France, qui consomment entre 5 et 10 tonnes
16:21par an d'amandes pour les pralinés à Noël, à Pâques, déjà ça c'est un marché considérable,
16:26ils importent, ils ne trouvent pas, donc ils veulent de l'amande locale française. Je prends
16:32l'exemple, faisons un peu de publicité, l'Occitane en Provence, ils ont une ligne
16:35de cosmétiques d'amandes, ils ont 2000 points de vente dans le monde, mais il n'y a pas d'amandes
16:39de Provence, l'Occitane en Provence, donc maintenant il n'y a rien à voir. Les nougratiers,
16:44Chabert et Guillot, qui sont à Montélimar, ils commercialisent 2000 tonnes de nougats
16:50par an, ils nous demandent des amandes locales, mais quitte à les payer plus cher, parce
16:56qu'elles sont meilleures, je tiens à le dire, elles sont meilleures.
17:00Et la grande distribution ?
17:01Et la grande distribution prend nos prix, ils ne discutent même pas, ils disent, écoutez,
17:06de toute façon il n'y a que nous. Alors pourquoi ils ne discutent pas ? Parce que
17:11nous avons construit le processus autour d'une casserie, d'une usine, qui nous permet de
17:17maîtriser la traçabilité, la garantie de stockage et la certification du produit pour
17:24la mise sur le marché. Il y a beaucoup de petits producteurs d'amandes, d'un hectare,
17:28deux hectares, que nous ne pouvons pas financer, c'est trop petit, ça ne vaut pas le coup
17:33d'investir dans le machinisme agricole pour deux hectares, ça ne marche pas. Nous on
17:38commence à partir de dix hectares, et on fédère les vergers. Eh bien vous avez aujourd'hui
17:45sur cet outil-là, à la fois la qualification pour tous les producteurs indépendants, et
17:53on fait du négoce pour eux, et en même temps nos propres vergers, avec nos associés agriculteurs
17:58avec qui nous sommes des associés dans l'Aude, dans le Gard, dans les Bouches-du-Rhône,
18:04dans les Alpes-de-Haute-Provence, dans le Vaucluse, et ces arboriculteurs avec qui nous
18:09travaillons ensemble, on a construit une sorte de famille coopérative en quelque sorte.
18:12Nous sommes les Messieurs Jourdain de la coopération finalement, mais on la refait sans le statut,
18:18en coopérant pour arriver à maintenir des prix élevés et défendre le pouvoir d'achat
18:25ou plutôt la rémunération de ceux qui travaillent la terre.
18:28Est-ce que ce modèle permet une rentabilité ? Est-ce que les sociétés peuvent être
18:31à l'équilibre avec ce modèle économique ?
18:33Je veux bien, oui, on n'a pas fait tout ça pour perdre de l'argent, oui, évidemment,
18:39et dans de bonnes proportions. Alors l'avenir nous dira à partir de quand les prix vont
18:43commencer à baisser, mais pour nous, nous sommes extrêmement confiants parce que pour
18:48le moment on est très au-dessus de nos plans d'affaires, nos BP, vous voyez. Mais ce qui
18:54est intéressant, c'est que vous avez d'autres filières qui sont venues nous voir.
18:56Lesquelles ?
18:57Dans l'horticulture, dans les herbes aromatiques, dans ceci, dans cela, dans la truffe, là
19:03où il y a beaucoup d'importations et où il n'y a pas suffisamment d'initiatives et
19:10qui cherchent à se fédérer autour des outils de valorisation du travail de l'agriculteur.
19:16Donc je pense que, si vous voulez, alors évidemment les journées n'ont que 24 heures, néanmoins
19:22et je dis souvent avec tous mes associés, mes amis, nos amis agriculteurs, on dit, nous
19:27on reconstruit petitement, de façon très modeste, petit bout par petit bout, l'agriculture
19:32par le bas, vous voyez, il y a les grandes décisions et puis il y a les petites initiatives
19:37qui permettent de donner de l'espérance sur le terrain à de nombreuses familles agricoles
19:42qui se posent des questions. Mais ça passe par des remises en question de modèles. On
19:47craque les modèles. D'ailleurs, payer l'agriculteur pendant qu'il entretient ses arbres, avant
19:51qu'il ne récolte, ça a été une mini-révolution, vous voyez, culturelle. S'associer avec des
19:59gens comme nous, c'était compliqué au début et maintenant c'est naturel. Donc ces évolutions-là,
20:05je crois que c'est Sébastien Abysse qui le disait tout à l'heure, elles permettent,
20:10je pense, de construire des parcours de rentabilité, de compétitivité aussi, parce que servir
20:16le marché local, il faut d'abord être prophète en son pays avant de penser à aller à l'extérieur
20:21et puis franchement, c'est inadmissible de voir que si vous enlevez les vins spiritueux
20:27sur la balance commerciale, si vous enlevez les céréales, nous sommes ultra-déficitaires.
20:34C'est eux, les céréales et les vins spiritueux qui nous sauvent, et de peu d'ailleurs, de
20:40plus en plus. Donc notre sujet, ça va être comment ? Produit par produit, on va remonter
20:45l'agriculture, au moins reprendre les 20-30% dans chaque produit, la fraise, la framboise,
20:51l'huile d'olive, le saumon, les fermes à coa-col, etc. C'est un boulot de titan, mais
20:57qui peut être fait par chaque filière avec des initiatives de ce type-là. C'est pour
21:02ça que j'ai plaisir et honneur à venir le partager avec vous, et je vous remercie encore
21:06de m'avoir donné la parole. Merci à vous d'être avec nous. Alors c'est bien sûr,
21:14ça fait écho Nicolas Chaban à Coopérative, c'est qui le patron ? D'ailleurs vous l'avez
21:18dit, l'agriculteur, c'est lui le patron, qui fédère 15 000 sociétés, entre 14 et
21:2316 millions d'acheteurs. On connaît maintenant la fameuse brique de lait, et pas que, vous
21:27allez nous le dire, qu'on voit dans beaucoup de points de distribution. Par hasard, j'en
21:30ai une dans le sac aujourd'hui. Pour tous ceux qui n'auraient pas encore en tête la
21:34brique de lait, ça va être concret dans deux secondes. C'est plus facile de décrire notre
21:38histoire avec cette brique de lait. Allez-y, allez-y. Voilà, la fameuse que vous trouvez
21:44dans la plupart des enseignes. Je le dis au nom des consommateurs, on est une coopérative,
21:50parce que vous avez cette brique de lait là. Il n'y a pas de pub à la télé, il n'y a
21:54pas de commerciaux dans les magasins, mais hors MDD, les classements se font hors MDD.
21:59C'est la brique de lait aujourd'hui la plus vendue en France, et elle est solidaire. Ce
22:04n'est pas la plus vendue parce qu'elle est la moins chère, c'est la plus vendue parce
22:08qu'elle est solidaire. Voilà, donc je la pose ici. Et justement, ma voix au bout. Merci
22:12pour les producteurs.
22:13Et alors sur cette brique de lait, comme sur d'autres produits équipatrons, le beurre,
22:19la liste s'élargit, comment sont fixés les prix ? Comment ça fonctionne ?
22:25Le point de départ de l'initiative en 2016, je vois Audrey Bourleau qui était conseillère
22:30d'Emmanuel Macron et qui a connu ses premières heures. Tout le principe, ça a été de nous
22:36dire en tant que consommateur, j'essaye d'insister là-dessus, vous avez en face de vous un représentant
22:42des consommateurs. C'est une coopérative. Il y a trois structures mais elles fonctionnent
22:46toutes de la même manière. Il n'y a pas de dividende, il n'y a pas de sortie d'argent,
22:50il y a une possibilité de revendre la structure. On est dans une vraie aventure de consommateur.
22:56Il faut le comprendre parce que quand au début on crée la brique de lait, on va voir les
23:01grandes marques d'abord, on dit messieurs, sans les citer, Lactalis, Scandia, est-ce
23:06que vous pouvez faire une brique de lait ? On découvre que les producteurs sont en train
23:09de mourir en France, c'est toujours le cas encore, et il leur manque 8 centimes. Parce
23:16qu'on avait fait cette petite, tout est parti d'une discussion avec un conseiller du ministère,
23:22je me rappelle une discussion avec des faiseurs d'huile aussi en France où quand nous consommateurs
23:26on a dit mais combien il manque sur le Colza pour que le producteur gagne sa vie ? Personne
23:32n'avait une réponse à cette question et encore aujourd'hui ce n'est pas aussi simple.
23:36Une fois que vous avez la réponse, 8 centimes par litre pour qu'un producteur change ses journées
23:43et ses nuits. Combien on boit de litres ? Deuxième question, 50 litres par an et par habitant. Et là
23:48devant nous, je me rappelle, est apparu ces fameux 50 litres x 8 centimes, 4 euros par an. Si on
23:55rajoute 4 euros par an sur notre consommation de lait, on sauve des familles à l'autre bout et
24:00donc nous consommateurs, on a décidé de créer cette brique de lait. Pour répondre à votre
24:04question, on n'avait pas de budget, on n'avait rien, on n'avait pas d'agence, on n'en a toujours pas
24:09aujourd'hui et on s'est dit on va faire un questionnaire. Donc est apparu le prix qui existait
24:14à l'époque, c'était 69 centimes en rayon. Donc la brique de lait est sur internet et là il y a
24:19huit questions toutes simples. Est-ce qu'on paye au cours mondial le producteur de lait ? Il y avait
24:26marqué pas rentable pour lui mais si vous choisissiez ce cours finalement trop bas, le prix ne bougeait
24:32pas, 69. Est-ce qu'on met les 8 centimes ? Ah bah ok, 8 centimes, vote massif, la brique passe à 77 centimes.
24:39Est-ce qu'on enlève les EGM de l'alimentation animale ? 5 centimes, 77,82. Est-ce que pour le bien-être
24:46animal, on a des vaches qui pâturent ? 1 à 3 mois, 2 centimes, 3 à 6 mois, 4 centimes. Voilà comment le prix
24:54qui ensuite a augmenté avec évidemment les événements récents, est apparu et a été inscrit. Alors là,
24:59c'est assez incroyable, c'est un sociétaire qui nous a dit, si vous... les prix sont libres évidemment en
25:05France, bien évidemment, mais mettez-le. Prix voté, conseillé par finalement les votes, le bon sens, la
25:11bienveillance des consommateurs et donc le prix est apparu et là il y a eu un effet complètement
25:16inattendu, c'est que la grande distribution qui finalement se retrouvait avec le consommateur,
25:21lui disant à ce prix là je l'achèterai, ce que j'ai présenté tout à l'heure, a montré que c'était
25:26une réalité. Et bien il n'y a plus eu de négo, voilà. Est-ce qu'il y a eu une perplexité quand même quand vous êtes allé les voir au début en vous disant c'est temps, vous allez voir ça va se vendre ?
25:34C'était incroyable parce qu'il faut imaginer, nous on n'est pas une start-up, c'est très important, on est une COP, on va avec des consommateurs,
25:40alors il y a une équipe, il y a Marie qui est là, il y a une équipe de salariés, mais quand vous prenez votre
25:45journée, que vous vous retrouvez en face du grand patron de Carrefour ou d'Intermarché et que vous êtes
25:49comptable à Brest ou bonjour j'ai pris ma journée, voilà, voyez on a voté un prix M. Carrefour
25:55ou Intermarché, nous on va l'acheter à ce prix-là. Il y a un bloc de marge, vous avez votre argent, ne venez pas mettre une
26:00pression sur le producteur. On a, nous, fait le chemin jusqu'au bout. On vous a épargné, on vous donne une merveilleuse occasion de ne pas faire
26:09votre incroyable métier d'acheter le moins cher possible puisqu'on vous dit qu'à ce prix-là on l'achètera. Et d'ailleurs je donne
26:15cette autre information, je ne veux pas que ce soit des chiffres pour des podiums, mais cette équation-là qui semble-t-il, vous en avez
26:24parlé peu, peut tout changer pour les producteurs. Une brique de lait dont le prix est fixé par le producteur, personne d'autre,
26:31même pas un représentant des producteurs. Les représentants, quand ils sont face à la grande distribution, ils disent à leurs
26:37copains, écoute, on ne peut pas faire mieux que ça. Ça c'est terrible ce moment-là. Alors que quand le producteur vote en se donnant
26:44à mes consciences individuellement, nous consommateurs, on est sûr que ce n'est plus du marketing. On peut aller le voir les yeux
26:49dans les yeux. On fait ces visites le lundi matin à la gare de Lyon, personne ne se connaît. Michel-Édouard Leclerc, qui est venu dans une
26:56visite, a tenu à le faire dans l'anonymat. Je ne vais pas lui demander, mais vous connaissez Chaban ? Non. Vous ne vous connaissez pas ? Non.
27:04Il y a vraiment des consommateurs qui, les yeux dans les yeux, disent au producteur, ça a changé votre vie. Cette phrase, vraiment, elle est vraie.
27:11Et quand un producteur gagne ses 8 centimes de plus sur ses 500 000 litres annuels, vous avez 40 000 euros de revenus mensuels et sa vie change.
27:20Voilà comment le bon sens et la bienveillance s'est emparé de l'histoire. Et après, il y a autre chose. Le bric de lait, c'est la plus vendue. Mais Nielsen,
27:28qui est un organisme que sans doute vous connaissez, qui mesure dans son rôle de métier toutes les sorties de caisse des produits, nous a appelé un jour en disant,
27:37on a le classement des dix dernières années et la marque, elle est très très bien classée, la marque des consommateurs. Alors on a dit, on est dans les 100 premiers.
27:46Ben non, on est, nous consommateurs, et s'il y a des sociétaires, on a créé la première marque solidaire et c'est la marque la plus vendue depuis 10 ans en tant que
28:00nouvelle marque. Pas une marque en France, dans ce grand monde économique, toutes les marques créées par les grands groupes, n'est plus vendue que cette brique,
28:08solidaire, pas la moins chère, mais solidaire. Voilà.
28:11Et bravo, bravo à vous. Est-ce qu'il y a quand même... Parce qu'on apprend aussi, on tâtonne, on essaye, etc. Donc il y a le lait, il y a le beurre,
28:22il y a plein d'autres produits. Est-ce qu'il y a eu des produits sur lesquels ça n'a pour l'instant pas fonctionné ? Pour quelles raisons ?
28:28Parce que ça peut être intéressant aussi de savoir pourquoi ça ne marche pas.
28:30Ça ne marche pas, par exemple, quand le steak haché, c'est 4 jours en rayon. C'est un monde, la viande, vraiment très particulier, avec des codes assez complexes.
28:414 jours, c'est trop court. Là, on n'est pas assez costaud pour amener tout le monde au moment où le steak haché, qui a 4 jours en rayon, ça ne passait pas.
28:51Il y avait de la casse. Et nous, il y a un indicateur qui s'allume, c'est le gaspillage. Dès qu'il y a du gaspillage, on n'aide pas le producteur et on crée du gaspillage.
29:00Ce n'est pas possible. Les fraises, on les avait mises au bon prix. On a enlevé le plastique. Et finalement, le carton un peu souple marquait la fraise.
29:08Donc il y avait aussi du gaspillage. Mais tout ça, c'est des évolutions. Et comme on est consommateur, on n'est pas une marque.
29:14On va chercher les fameux loups, les problèmes, partout où ils sont. On n'a pas de communication. On veut que ce soit toujours en transparence ce qu'on rêverait d'avoir dans toute la consommation.
29:30Ce sont des produits dont on sait tout. L'enjeu aujourd'hui, c'est où va notre argent ? Il est compliqué à gagner. À quoi il sert ?
29:37Je crée derrière ces petites impulsions des actes d'achat. Vous l'avez peut-être dit ce matin, les producteurs en France, 1,5 million en 1970, aujourd'hui, 395.100.000 ont fermé en 10 ans.
30:02On parle de gens qui nourrissent les autres. 27 par jour, 200 par semaine. Et récemment, j'étais avec des enfants et j'ai essayé de leur expliquer les enjeux pour la suite.
30:11Et ce n'est pas une image la plus heureuse du monde. Quand on la ramène, finalement, on doit avoir autre chose que les enfants, quoique.
30:20J'aurais dû imaginer un peuple qui vient d'une autre planète et il découvre le fonctionnement de notre terre et il découvre qu'il y a notamment une famille de gens qui nourrit les autres.
30:33Et nous, on ne peut pas vivre sur cette terre si on ne se nourrit pas trois fois par jour. Est-ce que vous pensez que c'est une famille de gens qui va être protégée ou en difficulté ?
30:43C'est extraordinaire. Donc, ces gens qui nous nourrissent tous les jours, qui sont durs au mal, qui ne demandent pas grand-chose, il faut que nous, consommateurs,
30:51on aille se connecter à eux, qu'on arrête cet étonnant tour de magie où il y a plein d'intermédiaires qui nous créent un monde entre eux et nous.
30:59Et finalement, on le voit. Lorsqu'on est sûr que notre argent va vraiment aux producteurs. Là, l'inflation a fait baisser tout le rayon du lait.
31:08Et cette brique de lait, elle est encore à plus 14% au moment où tout baisse. Donc, il y a trop de signaux qui montrent que c'est un autre chemin possible qui aidera beaucoup les producteurs
31:18et qui tiendra compte de la pertinence de nos actes d'achat.
31:23En quelques mots pour chacun d'entre vous, parce qu'on arrive déjà à la fin. C'était passionnant. On n'a pas vu le temps passer. C'est qui le patron ?
31:29Je reste avec vous, Nicolas Chaban. C'est quoi le coup d'après pour aller plus loin et continuer à soutenir les filières, à les relancer, à protéger cette population qui devrait l'être ?
31:36Alors, on va racheter Candia, déjà.
31:40On change de modèle alors, du coup.
31:41Non, non, non, non, non. Et un petit bonjour à son président qui est parti après de nombreuses années.
31:48Non, le coup d'après, c'est assez génial chez nous. C'est que les stratégies, elles font pas mal à la tête dans notre aventure, puisque c'est le vote collectif.
31:56Donc, je pourrais vous parler de ce qu'on va faire à partir du moment où on aura mis les différentes pistes sur la table.
32:02Et ensuite, les 15.000 sociétaires, vous pouvez devenir sociétaires, ça coûte un euro, c'est très rapide.
32:09Et les 16 millions d'acheteurs, parce que ces deux familles sont finalement très proches, vont décider de ce que deviendra cette aventure qui, je le rappelle, et c'est important, n'a pas de fonds.
32:22On n'est pas contre les fonds, mais il n'y a pas de banque. On n'a pas de dette. On n'a personne qui vient nous dire il faut faire du résultat.
32:28Et bizarrement, quand vous n'avez pas de pub à la télé, je finirai là-dessus, pas de commerciaux dans les magasins, pas de stratégie, pas de business plan,
32:35et que vous laissez une place immense à la bienveillance et au bon sens collectif, ça marche.
32:41On va suivre ça avec attention pour la suite. Emily HAL chez CEPOL, comment faire pour accélérer encore cette démarche bas carbone qui est essentielle ?
32:51Oui, nous, l'ambition est d'aller plus loin, d'engager toujours plus d'exploitation et d'agriculteurs dans le chemin du bas carbone.
33:00Je le rappelle, d'ailleurs, c'est un des leviers qui a été identifié par le GIEC.
33:04C'est le quatrième levier, le stockage du carbone dans le sol pour la lutte contre le changement climatique.
33:09Ça, c'est notre ambition. Pour aller plus loin, c'est d'aller sur l'ensemble des débouchés qu'on peut avoir.
33:15Je vous ai tout à l'heure cité l'exemple des biocarburants, mais on travaille aussi sur la valorisation des bonnes pratiques, des pratiques vertueuses sur nos huiles alimentaires.
33:24Nous avons rejoint Transition qui nous a été présentée par Christophe Buren. Le Sieur, alors je n'ai pas ramené la bouteille,
33:29mais vous pourrez trouver en rayon la bouteille des huiles engagées de chez Le Sieur qui rémunèrent aussi les agriculteurs.
33:37Je peux vous citer aussi le travail sur la glycérine et la cosmétique et plein d'autres débouchés.
33:42Je m'arrête là. L'idée, en fait, pour nous, c'est bien de valoriser la graine, la production de l'agriculteur avec l'ensemble des services rendus
33:52pour l'ensemble des débouchés et d'accorder une valeur environnementale clé dans le revenu de l'agriculteur et clé dans la transition pour qu'il puisse prendre ce risque.
34:01Et c'est au travers de cette valeur qu'on considère que l'agriculture est un des piliers pour la lutte contre le changement climatique.
34:08Merci beaucoup, Arnaud, pour vos mêmes questions. Comment aller plus loin ? Est-ce que ça passe aussi par le cadre réglementaire ?
34:16Écoutez, je pense qu'on a besoin que la nation tout entière se remette à, comme ça a été dit précédemment, à produire d'abord pour nos besoins.
34:28Donc il y a des choix politiques très importants à faire. On permettrait cette intrusion dans le champ politique un instant.
34:36On a délaissé l'agriculture. On a abandonné les agriculteurs à eux-mêmes. On les a mis sur le marché mondial et on a dit « débrouillez-vous, adaptez-vous ».
34:47Bon, on voit le résultat. Pendant ce temps-là, regardez ce que les ménages consomment ou mettent comme argent dans le logement, qu'on soit locataire ou propriétaire,
34:56et ce qu'ils mettent dans l'alimentation. Il y a des préférences collectives qui n'ont pas été guidées de ce point de vue-là.
35:01Donc on a fait tout marcher avec de la déflation économique pure pour l'agriculture et on a stimulé fiscalement dans tous les sens un secteur avec de l'inflation,
35:16de la bulle spéculative en veux-tu en voilà, qui a appauvri finalement tout le monde. Donc on s'est planté. Rien que dans ces deux préférences-là.
35:24Donc là, ça demande quand même une révision assez sérieuse. Ça ne va pas se faire par le génie d'un seul homme. C'est un travail collectif d'une nation qui décide de choisir,
35:36de défendre la fonction nourricière de sa société. Et ça, oui, il va falloir faire des colloques, des symposiums, des think-tanks. Oui, il va falloir travailler,
35:46mais il va falloir travailler en confiance et aligner tout le monde pour qu'on puisse redécouvrir, retrouver le sens de notre agriculture.
35:57Un grand merci à vous trois pour ces éclairages inspirants. Merci beaucoup.

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