Les 4 vérités - Clément Beaune

  • il y a 2 mois
Thomas Sotto reçoit Clément Beaune, ancien ministre et ancien député Renaissance de Paris, sur le plateau des 4 vérités. 

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00:00Bonjour et bienvenue dans l'EKV Clément Beaune, merci d'être là car vous avez été battu dimanche dès le premier tour et joué pour commencer qu'on mette un peu d'humain dans la politique, si vous le voulez bien, comment on vit ces moments-là, même quand on est un politique aguerri comme vous ?
00:15Vous savez, je ne suis pas venu me plaindre ni faire une psychanalyse, il n'y a plus grave. Honnêtement, quand on voit la situation du pays, ce ne sont jamais des moments agréables, ce sont des moments d'une certaine brutalité.
00:23Moi je suis encore un jeune politique donc je n'en ai pas connu tant que ça, j'ai connu une victoire en 2022, cette dissolution surprise conduit dimanche soir à une défaite contre le nouveau Front populaire que j'ai combattu, ça n'a pas fonctionné.
00:37Voilà, écoutez, on rebondit dans la vie.
00:39Vous rebondissez et vous tweetez, vous avez tweeté hier « mieux vaut perdre son élection que perdre son âme », paraphrasant Michel Noir quand il était maire de Lyon et qu'il avait refusé dans les années 90 toute alliance avec le Front National à l'époque.
00:49Qui perd son âme aujourd'hui ? Il est pour qui ce message ?
00:52Il est d'abord pour dire à des électeurs que j'ai essayé de convaincre, à des Français auxquels j'ai essayé de parler modestement ces dernières années en politique, que je pense avoir à chaque fois mené les combats que j'estimais justes.
01:04Parfois je l'ai désaccord avec la ligne de mon propre camp, de mon propre gouvernement sur la loi immigration, sur des propos homophobes qu'avait tenus une de mes collègues de gouvernement.
01:12Je ne vais pas faire un retour en arrière ni une autobiographie, ce n'est pas le sujet, mais je veux dire qu'il faut avoir une certaine conception de la politique.
01:20Et aujourd'hui le risque, parce que regardons devant, c'est effectivement celui d'une majorité absolue ou relative, j'allais dire peu importe, c'est déjà très grave, du Rassemblement National de l'extrême droite française à l'Assemblée au Parlement.
01:32Et ça je veux l'éviter et je salue le courage de beaucoup de parlementaires, y compris de la majorité, de beaucoup de parlementaires de toute sensibilité, à gauche notamment, qui se sont déjà désistés.
01:42Qui ont déjà pris parfois le risque, qui ont eu le courage devant leurs militants, devant leurs proches, qui ont combattu, de dire j'arrête le combat parce que je préfère éviter tout risque d'élection d'un député, d'une députée Rassemblement National.
01:55Il ne faut pas se tromper, c'est l'extrême droite qui est en passe d'accéder aux plus hautes fonctions, personne d'autre a dit le chef de l'État hier soir, ça c'est pour les mots.
02:01Mais sur le fond, est-ce que le chef de l'État a joué avec le feu ? Est-ce qu'il a fait la courte échelle à l'extrême droite Emmanuel Macron ?
02:06Non je ne crois pas, on pourra revenir sur tout ça et soyons honnêtes, l'extrême droite malheureusement, elle existe dans notre pays depuis plus de 4 décennies.
02:14Elle est montée régulièrement, ce qui est vrai.
02:16Pardon mais par la dissolution, par la loi immigration que vous avez combattue et qui vous a coûté votre poste de ministre, parce qu'il n'a pas aimé que vous ne soyez pas d'accord avec lui.
02:23Par l'obsession sécuritaire dans tous les discours et pas toujours dans les actes, est-ce que tout ça, ça n'a pas armé l'extrême droite ?
02:30Non mais je vais vous dire, on a tous une responsabilité, le président de la République, nous, moi j'ai été ministre, je ne vais pas dire que c'est les autres.
02:35J'ai été ministre pendant presque 4 ans, j'ai été engagé dans ce combat politique auprès d'Emmanuel Macron et d'autres pendant 7 ans.
02:41Donc on a une responsabilité tous quand on a été au pouvoir, c'est clair.
02:45Sauf qu'il y a 4 jours, il mettait encore dos à dos les deux extrêmes.
02:48Je vais être très clair Thomas Sotéo, moi je l'ai toujours dit, je l'ai dit 15 jours avant le premier tour, qu'il ne faudrait pas avoir le nid, qu'il ne faudrait pas avoir un langage compliqué.
02:56Qu'il faudrait dire très clairement, avant, le soir même, encore maintenant, pas une voix, pas un député Rassemblement National.
03:02Parce qu'il y a le sujet moral de l'extrême droite de notre pays, il faut connaître son histoire.
03:06Vous n'avez pas d'ambiguïté, vous dites qu'il faut voter contre l'ORL, c'est-à-dire voter Nouveau Front Populaire, y compris quand c'est un candidat LFI.
03:13Contrairement à Bruno Le Maire, contrairement à Édouard Philippe, contrairement à ce que disait Emmanuel Macron il y a quelques jours.
03:17Je le redis, mais c'est je crois ce qu'a dit le président de la République hier, c'est ce que j'ai compris des mots du Premier ministre.
03:22Parce qu'on ne peut pas se permettre l'ambiguïté et on ne peut pas se permettre l'hésitation.
03:25Parce que le risque, il existe encore, je voyais les réactions des marchés, mais soyons sur le plan citoyen.
03:30Il existe encore que dimanche soir, il y ait une majorité d'extrême droite dans le Parlement, et donc un gouvernement d'extrême droite.
03:36Et je le dis simplement parce que moi je n'aime pas LFI, je considère qu'elle a aussi fait monter le Rassemblement National par son comportement politique.
03:43J'ai combattu LFI, j'ai gagné contre eux en 2022, j'ai combattu le Front Populaire, cette alliance, parce que je la considère indigne, parce qu'il y a l'alliance avec LFI.
03:50Très bien, d'accord, mais le risque concret, c'est qu'on ait une majorité RN.
03:54Et donc une voix de plus pour un député RN, un député RN élu en plus, c'est un député qui peut composer cette majorité d'extrême droite.
04:00C'est clair, simple, concret.
04:02Et quand on prend un cas précis, le porte-parole de Renaissance, du parti de l'ex-majorité présidentielle, Loïc Signor, il est arrivé troisième dans le Val-de-Marne.
04:09Il a décidé de se maintenir, c'est à n'y rien comprendre.
04:12Il se maintient alors qu'il y a un candidat LFI pour le coup, et il y a un candidat RN.
04:17Oui, je comprends que dans ce cas-là, il faut regarder les situations individuelles.
04:21Je comprends que dans ce cas-là, le risque au Rassemblement national est faible.
04:23Pardon, on y comprend plus. Vous donnez une consigne qui est extrêmement claire, après vous dites qu'il faut regarder les comportements individuels.
04:28Il faut éviter à chaque fois le risque RN. Le risque RN, pour le coup, il s'apprécie.
04:32Donc est-ce que Loïc Signor, qui n'est pas n'importe qui, c'est le porte-parole de Renaissance, il a raison de se maintenir ?
04:36Écoutez, moi je pense qu'il ne faut prendre aucun risque.
04:38Donc je préfère que tous nos candidats, ils se désistent quand il y a le moindre risque.
04:41Je vais être clair, je ne peux pas être plus clair. Je ne suis pas à leur place.
04:43C'est une décision individuelle. Moi, vous me demandez ma conviction.
04:47Elle n'a jamais changé. Je l'avais dit dès 2022, au soir du premier tour législative de 2022.
04:51Donc il faut ne prendre aucun risque.
04:53Il y a quelqu'un comme Patrick Vignal, par exemple, qui s'est retiré alors que le risque était faible.
04:57Bon, il l'a fait. Et je le dis aussi parce que j'entends un certain nombre de personnes, y compris dans mon camp, qui disent LFI.
05:03Oui, moi aussi, je les ai combattus. Moi aussi, j'ai perdu même contre le Front populaire dimanche soir.
05:07Donc là, je n'ai pas de sympathie.
05:09Mais on a parfois des retraits de candidats LFI qui nous bénéficient.
05:13Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, il a un duel avec le Rassemblement national.
05:17Il y a une députée, une candidate LFI qui se retire.
05:19Donc ça va bien bénéficier aussi à notre camp.
05:21Entre un candidat LFI et Gérald Darmanin, il y a la mer quand même, idéologiquement, on est d'accord.
05:25Bien sûr. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a des retraits de candidats du nouveau Front populaire,
05:28y compris LFI, à notre profit, dans des duels avec le Rassemblement national.
05:32Donc il faut qu'on soit cohérent. Je fais simple.
05:34Quand il y a un risque Rennes, on se retire.
05:36Quand il y a un risque Rennes, on vote pour l'autre.
05:38– Est-ce que vous diriez, comme Laurent Berger,
05:40que Jean-Luc Mélenchon est devenu l'idiot utile de tous ceux qui ne veulent pas se désister ?
05:43– Mais bien sûr, parce que Jean-Luc Mélenchon, il est dans la provocation.
05:47J'allais dire, il faut être plus intelligent que Jean-Luc Mélenchon.
05:49Parce que Jean-Luc Mélenchon, quand il fait sa déclaration dimanche soir,
05:52dès 20h10 ou 20h15, au nom, dit-il, du nouveau Front populaire,
05:56qu'il est sur l'estrade avec Rima Hassan et un keffier,
05:59bon, il sait très bien ce que c'est.
06:01Il sait très bien qu'il jette de l'huile sur le feu.
06:03Il sait très bien qu'il empêche les électeurs modérés du centre de la droite
06:06de voter pour le nouveau Front populaire.
06:08Parce que qu'est-ce qu'il voit ? Il voit Jean-Luc Mélenchon.
06:10Bon, tout ça est vrai, les comptes devront être réglés
06:13et la responsabilité de la montée du Rennes, elle est aussi là,
06:15quand on voit les images de Jean-Luc Mélenchon.
06:17Néanmoins, écartons d'abord le risque Rennes, après il faudra reconstruire.
06:21Il faudra qu'on reconstruise avec les Républicains,
06:23Jean-Luc Mélenchon n'en fait pas partie.
06:25– À quoi jouent Bruno Le Maire et Edouard Philippe si je vous suis ?
06:27C'est là que je n'arrive pas à comprendre la cohérence du pays.
06:29– Ecoutez, je ne peux pas être leur porte-parole ce matin.
06:31– C'est une faute de leur part ? C'est une faute politique ?
06:33– Mais je pense que c'est une erreur de ne pas être clair
06:36et je pense que c'est une erreur de risquer d'avoir un député Rennes en plus.
06:40Après, je comprends la réticence sur la fiche,
06:42ce que je dis simplement c'est qu'on ne peut pas se permettre ce luxe.
06:45C'est que quand il y a des moments de résistance politique,
06:48de clarté politique, il faut qu'on soit simple, basique, net.
06:52– Vous deviez réconcilier le pays, Clément Beaune,
06:54en arrivant au pouvoir en 2017, il est plus divisé que jamais.
06:56Qu'est-ce que vous avez raté ? Qu'est-ce que vous n'avez pas vu ?
07:00– Beaucoup de choses et malheureusement c'est un phénomène ancien,
07:03malheureusement c'est un phénomène européen, on voit ces fractures,
07:05un sentiment de déclassement.
07:06Moi je vais vous dire quelque chose, je pense qu'encore plus
07:08que la question de l'insécurité ou de l'immigration,
07:10qu'on met parfois un peu à toutes les sauces,
07:12c'est la question de nos grands services publics.
07:14Quand on attend 8 heures aux urgences, quand on a des aires médicaux,
07:17quand la poste a fermé, quand l'école a fermé des classes,
07:21ça on n'a pas toujours réussi, ce n'est pas que nous.
07:23– C'était une erreur de faire une grande loi sur l'immigration
07:26et sur les services publics par exemple.
07:27– Il y a des choses qui ont été faites, moi je n'aime pas non plus
07:29qu'on efface tout, qu'on ait dédoublé les classes.
07:31– Oui mais on voit bien, où est-ce qu'un pouvoir en place met le curseur ?
07:33– Oui, je pense que sur ces questions sociales de services publics,
07:36même si des choses ont été faites, on n'est pas allé assez loin.
07:38Je l'ai vécu, je prends un seul exemple très concret,
07:40comme l'île des transports, on a massivement investi dans la grande vitesse,
07:44le TGV c'est formidable, on le prend tous, c'est un peu cher,
07:46mais c'est formidable.
07:47Les trains du quotidien, l'intercité, le corail, le TER,
07:51les régions parfois réinvesties, on a quand même négligé cela.
07:53Et ce sont 15, 20 millions de Français qui habitent dans les zones rurales,
07:56dans des zones qui sont mal desservies, qui en souffrent aujourd'hui
07:59et qui le disent.
08:00Moi j'avais un peu réorienté ça quand j'étais ministre des transports,
08:02mais c'est un boulot énorme et ça on ne l'a pas fait.
08:04On a investi dans la médecine de pointe, pas assez dans nos urgences du quotidien.
08:07– Qu'est-ce que vous attendez du chef de l'État aujourd'hui Clément Beaune ?
08:10– Si on a lundi, la moindre possibilité d'avoir une majorité alternative
08:16au Rassemblement national, il faudra deux acteurs,
08:18les forces politiques de l'Assemblée diverses,
08:21des républicains modérés qui sont en rupture avec Éric Ciotti,
08:24aux socialistes et peut-être même à certains députés LFI,
08:26des gens comme François Ruffin qui sont des gens constructifs,
08:29qui se mettent d'accord autour de la table, j'en ferai pas partie,
08:31mais j'encouragerai autant que je le peux,
08:33pour créer un gouvernement de responsabilité
08:36et puis que le Président de la République,
08:38qui nommera un Premier ministre, c'est sa prérogative,
08:40appelle, facilite cette coalition.
08:43– Quitte à ce que Macroniste ne soit pas le leader dans cette coalition
08:46parce qu'en projection, il y aura le deuxième tour, on verra bien,
08:48mais en projection aujourd'hui…
08:49– Soyons clairs, ce qui est déjà, on ne va pas interdiverser,
08:51ce qui est déjà le cas, c'est que la majorité sortante
08:53ne sera pas une majorité.
08:54– Donc il faudra accepter d'être une force d'appoint pour Emmanuel Macron ?
08:56– Il faudra sauver l'essentiel là aussi,
08:58accepter d'être une force dans une coalition républicaine,
09:00même si on n'est pas majoritaire, même si on ne domine pas,
09:03c'est ça sauver l'essentiel.
09:04– Vous l'avez parlé Emmanuel Macron,
09:05vous avez échangé avec lui depuis dimanche ?
09:07– Non.
09:08– Vous auriez aimé ? Un message, un signe ?
09:10– On en parlera plus tard.
09:11– Merci beaucoup Clément Beaune, d'être venu dans les 4V.
09:13Bonne journée à vous.