• il y a 4 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari reçoit l'ancien premier ministre Manuel Valls pour parler de l'actualité.
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00:0018h40, on se retrouve en direct d'Amponshine sur CNews et sur Europe 1.
00:03Bonsoir Manuel Valls, merci beaucoup d'être avec nous, ancien Premier Ministre,
00:06pour évoquer la situation politique actuelle.
00:08On vient d'avoir la fin du dépôt des candidatures pour le second tour des législatives,
00:12plus de 210 désistements, 126 du côté de la gauche, 78 du côté du camp macroniste,
00:20des accords dans tous les sens, des consignes de vote qui sont données aux électeurs.
00:24Qu'est-ce que ça vous inspire ce soir ?
00:26Je crois que les Français sont intelligents.
00:29Michel Rocard disait qu'ils étaient d'une intelligence confondante.
00:33Ils savent faire le choix et je pense qu'ils n'ont pas besoin de consignes.
00:36Chacun d'entre nous, responsable politique, chef de parti,
00:40peut être amené à donner son sentiment et à dire vers quel sens il faut aller.
00:45Mais il faut que nous soyons lucides sur le fait que les Français décrivent très bien
00:49le système politique, le système médiatique et qu'ils sauront faire, comme avait dit l'autre,
00:55le bon choix dimanche prochain.
00:57Mais sur ces acteurs de gauche, ces candidats de gauche,
00:59notamment qui se désistent en faveur de candidats de la France insoumise,
01:02est-ce que ça, ça vous pose question, vous, l'homme de gauche ?
01:05Nous sommes en train de vivre le choc, la réplique de la dissolution
01:12qui, évidemment, provoque un véritable séisme dans le pays.
01:19Et donc il y a aujourd'hui une crainte que je peux comprendre et que je partage
01:24vis-à-vis de ce que représenterait, et éventuellement nous en parlerons,
01:27une victoire du Rassemblement national.
01:31Mais face à cela, il faut tenir les principes.
01:35Quand on a considéré qu'un parti, en l'occurrence la France insoumise,
01:40était une formation antisémite ou tenait un discours antisémite,
01:46propageait la haine des Juifs et d'Israël,
01:50a fait quelque chose qui n'avait jamais été fait en démocratie
01:54depuis l'affaire Dreyfus, c'est-à-dire faire de la figure de Juif
01:58l'élément central de la campagne électorale des élections européennes
02:03pour avoir des votes.
02:04Et d'une certaine manière, l'image de Jean-Luc Mélenchon dimanche soir,
02:09avec à ses côtés la candidate désormais eurodéputée
02:14qui a représenté ça, Mahatham, avec un keffier palestinien,
02:17ça donnait toute la signification.
02:19Donc, quand on a considéré que cette formation était antisémite
02:22ou tenait un discours antisémite,
02:24il ne peut pas y avoir le moindre accord, direct ou indirect,
02:29de retrait vis-à-vis de cette formation.
02:33Pour moi, je ne suis pas candidat, je ne suis pas chef de parti,
02:36je suis libre, mais cela me choque profondément
02:40qu'on puisse changer d'avis sur ce que je considère des valeurs essentielles.
02:46Et moi, je m'en tiens à ce que j'ai dit dans une tribune
02:50avant le premier tour avec Elisabeth Ballinter,
02:54avec Bernard Cazeneuve, avec François Zimré, avec bien d'autres.
02:57Nous avons dit ni Rennes, ni LFI.
03:01Et je ne change pas de position quand l'essentiel de mon point de vue est en jeu.
03:06Donc, vous fustigez Gabriel Attal qui change d'avis complètement
03:10sur ces désistements, qui dit que finalement, ce n'est pas grave de se désister,
03:14ce n'est pas se rallier. Il y a une nuance ou pas ?
03:18Demain soir, à la mutualité, j'interviens dans une grande réunion
03:23organisée par Agir ensemble autour d'un livre qui est le manifeste
03:28sur le 7 octobre et l'idée qu'on cherche à effacer le crime terrible
03:33perprété contre des Israéliens, mais aussi contre des compatriotes
03:37le 7 octobre, il y a quelques mois.
03:40Vous vous rendez compte si j'allais là-bas et dire non, j'ai changé
03:43parce que pour des raisons politiques, parce qu'il faut faire des alliances,
03:49il faut empêcher le Rassemblement national de l'emporter.
03:53Je change d'avis sur ce qui me paraît être un élément essentiel.
03:56Ceux qui n'ont pas compris, nous en avons parlé souvent,
03:59Laurence Ferrari ici, ce qui s'est passé le 7 octobre et ses conséquences
04:03en Europe ou en Amérique, c'est-à-dire cette vague effrayante
04:07de haine contre les Juifs et d'Israël.
04:09Moi, je ne change pas sur des sujets essentiels.
04:12Évidemment, parce que je suis un responsable politique,
04:14donc je ne me cache pas, j'appelle à voter pour les candidats
04:19de la majorité, des candidats LR qui n'ont pas suivi Éric Ciotti,
04:23des candidats socialistes ou dissidents, peu importe,
04:26qui sont confrontés aux...
04:29Vous allez jouer aux écologistes, pardon ?
04:30Oui, je ne sais pas.
04:32Les communistes aussi ?
04:33J'ai suffisamment critiqué le nouveau Front populaire
04:37et l'Alliance sur le plan économique,
04:40notamment pour pouvoir dire que face à ce que je considère,
04:44sur le plan économique aussi, mais sur le plan européen,
04:46comme un risque, parce que c'est l'ERN qui peut gagner,
04:49ce n'est pas le nouveau Front populaire,
04:51je peux comprendre cet existement et cette volonté de battre l'ERN.
04:55Mais je dis, attention, on ne peut pas combattre l'ERN
05:01au nom du passé ou d'un certain nombre de valeurs,
05:04avec une formation qui a tenu des discours antisionistes
05:11et qui a proposé la haine des Juifs et d'Israël.
05:13C'est impossible, c'est impossible.
05:16Je n'oublie pas que le 12 novembre dernier,
05:20lors d'une grande manifestation convoquée par le président du Sénat,
05:22la présidente de l'Assemblée nationale,
05:24en présence de deux anciens présidents de la République,
05:26de beaucoup d'anciens premiers ministres, et j'y étais,
05:30le Rassemblement national était une manifestation contre l'antisémitisme
05:33et la France insoumise a refusé de s'y rendre
05:37parce que c'était une manifestation qui soutenait les massacres commis à Gaza.
05:43J'ouvre et je ferme les guillemets.
05:45Moi, je n'ai pas la mémoire courte, encore une fois, sur des sujets essentiels.
05:51Donc, honte à ceux qui soutiennent ces candidats.
05:52Honte, c'est vous qui le dites.
05:54Vous vous appréciez au Manuel Valls.
05:55Ce n'est pas une question de honte et je ne cherche pas la punchline,
06:01mais je ne le comprends pas.
06:02Je ne le comprends pas.
06:03C'est-à-dire que quand on a une question aussi essentielle
06:07pour notre histoire, pour l'histoire de la République,
06:11mon engagement jeune, très jeune, y compris contre le Front national à l'époque,
06:16c'était sur la question de l'antisémitisme,
06:19des racines collaborationnistes du Rassemblement national.
06:23Mais il y a une partie de la gauche qui ne pourra pas se regarder
06:27dans le miroir sur cette question-là et qui a tourné le dos à l'histoire.
06:31Oui, il y a une formidable interview de Dominique Régnier aujourd'hui dans Le Point,
06:36politologue, responsable d'une grande fondation qui réfléchit
06:39sur la crise de la politique de notre pays, qui le dit très bien.
06:43C'est-à-dire qu'il y a quand même...
06:45C'est des choses qui ont fait basculer la République.
06:48Je sais bien que l'histoire, ce n'est plus très important,
06:50mais l'affaire Dreyfus, c'est un moment fondamental.
06:53À l'époque, d'ailleurs, déjà, il y avait ce débat.
06:56Est-ce que la question économique et sociale est plus importante que l'antisémitisme ?
06:59Écoutez, Clémenceau, Zola et Jaurès y avaient répondu en soutenant un officier innocent
07:05qui était accusé de traiterie, c'est parce que juif.
07:07Donc, dans ces moments-là, on ne se trompe pas.
07:10Je le dis par rapport à ceux qui donnent des leçons en disant
07:13« Vous êtes face à l'histoire et donc vous n'avez pas d'autre choix
07:16que de vous plier et de soutenir des candidats LFI face au RN. »
07:20Non, non.
07:22Cette formation est sortie de l'arc républicain.
07:25On ne peut pas la soutenir pour ces raisons.
07:27Est-ce que, Manuel Valls, tout est permis dans une campagne électorale ?
07:30Il y a un clip qui est sorti d'un collectif de rappeurs
07:34dans lequel on entend Jordan Temor.
07:37Je propose un octogone à Bardella.
07:39Vive la Palestine, la Seine, Jourdain et des allusions antisémites sur Netanyahou.
07:44Tout est permis ?
07:46Non.
07:46L'art permet tout ?
07:47J'ai l'impression qu'ils font campagne pour le...
07:51Pardon de le dire en souriant, pour le RN.
07:54Ils font la démonstration que l'abus de langage,
07:59que la grossièreté, que l'insulte, que la menace,
08:02en l'occurrence, verbale et physique,
08:07sont nécessaires aujourd'hui pour combattre le RN.
08:11Je peux combattre le RN, je le combats.
08:14Je considère son programme économique, notamment ce qu'il propose sur les retraites,
08:17est une folie.
08:18Je les trouve bien ambiguës toujours sur la question de la Russie.
08:22Et je pense que Jordan Bardella s'est trompé lourdement en ouvrant le débat il y a quelques jours,
08:27même si ça concernait, dans son propos, sur quelques postes,
08:31que sur la binationalité, oui.
08:33Du coup, un de ses députés ne l'a pas compris.
08:36Et donc, il voulait s'en prendre à des anciens ministres,
08:39à Jadwalo Benkassem, Rachida Dati.
08:41J'en ai de l'ancien député.
08:42Et même à moi.
08:43Et même à moi, parce que je n'aurais pas dû être Premier ministre,
08:45puisque, naturalisé.
08:46Oui, Marine Le Pen a été obligée de démentir.
08:50Mais ça veut bien dire qu'il y a quand même, sur la question de la nationalité,
08:53de ce que c'est être français, beaucoup d'ambiguïté.
08:55Mais moi, je le dis tranquillement,
08:56je pense qu'on peut combattre les idées et les propositions du Rassemblement national,
09:02mais il faut le faire,
09:04mais à une condition essentielle que vous évoquiez tout à l'heure avec vos invités,
09:10c'est de comprendre pourquoi les Français ont émis ce vote.
09:159 millions de voix de nos compatriotes.
09:1811 millions, si on règle ce titre et ses alliés.
09:22Sur des questions essentielles, bien sûr, le pouvoir d'achat,
09:24l'insécurité, l'immigration.
09:27Qui répond à ces questions aujourd'hui, Marine Le Pen ?
09:29Un tiers des Français ont considéré que sur ces questions-là,
09:32le Rassemblement national avait des réponses.
09:37Mais un tiers, ce n'est pas la majorité.
09:39Et un tiers, ce n'est pas la totalité des Français.
09:40Donc, dans cet espace démocratique qui est le nôtre,
09:44il nous faut, je crois, avec beaucoup de responsabilité,
09:46dans les semaines qui viennent, dans les mois qui viennent,
09:48essayer de les traiter.
09:49Parce que la question n'est pas seulement la victoire de tel ou tel,
09:52c'est qu'on voit bien qu'il y a une forme de désarrégation
09:54qui peut arriver de notre champ politique,
09:56même si je me réjouis que les Français soient allés voter massivement.
10:00Vous pourriez participer à un gouvernement de coalition, Manuel Valls.
10:02Avec qui ? Avec quoi ?
10:04Non, mais c'est l'idée du jour, de la coalition,
10:08de la Macronie jusqu'au Parti communiste.
10:11Il est possible, il est probable,
10:13je me garderais bien de faire des pronostics,
10:15que le Rassemblement national et ses alliés n'aient pas la majorité absolue.
10:18Nous verrons bien, notamment, vous l'indiquez, à travers les désistements.
10:24Qu'est-ce qui se passera après ?
10:25Cette question, elle est tout à fait légitime.
10:28Il faut faire très attention à donner le sentiment de combinaison,
10:33pour uniquement empêcher le Rassemblement national de gouverner.
10:37D'ailleurs, lui-même ne voudrait pas gouverner.
10:39Il l'a dit, s'il n'a pas la majorité absolue ou quasi-absolue.
10:42Donc, il faudra quoi qu'il arrive.
10:44Ce sera la responsabilité du chef du gouvernement,
10:47mais aussi des assemblées, l'Assemblée et le Sénat.
10:51Tous les deux auront un rôle important à jouer,
10:53au moins de se mettre d'accord sur l'essentiel.
10:56Les engagements de la France au niveau mondial et européen,
10:59la politique économique, la question des déficits,
11:02les sujets que vous avez évoqués,
11:04comment on lutte efficacement contre la violence dans notre société
11:07et qu'on régule les flux migratoires.
11:08Il faudra répondre à ces sujets.
11:10Si on ne le fait pas et si c'est uniquement pour gagner du temps,
11:13dans un an, dans deux ans, dans trois ans,
11:16mais alors le mouvement sera d'une violence inouïe.
11:19Donc, ça sera le vote des Français.
11:21Il faut le respecter les uns et les autres.
11:24À partir de la semaine prochaine,
11:25il faudra beaucoup de responsabilité politique
11:29et un langage de clarté vis-à-vis de nos compatriotes.
11:32Ce n'est pas parce qu'il y a les Jeux olympiques,
11:34l'Euro de foot, les vacances, que les Français ne regardent pas ça.
11:38Il faudra beaucoup de responsabilité
11:41et se trouver d'accord sur des sujets essentiels.
11:44Les questions d'une union nationale puissante,
11:47elles dépassent les combinaisons pour essayer d'échapper à quelque chose.
11:53Non, non, c'est beaucoup plus grave que cela, beaucoup plus lourd que cela.
11:56Manuel Valls, vous l'avez dit,
11:59s'il n'y a pas de majorité et qu'on est dans un jeu de combinaisons,
12:03c'est d'une certaine manière reculer pour mieux sauter.
12:06Est-ce qu'il ne serait pas plus utile finalement au pays
12:11que le Rassemblement national et sa majorité,
12:14qu'il y ait une cohabitation, comme le prévoient les institutions,
12:17plutôt qu'on soit dans une situation de blocage ?
12:20Et ensuite, deuxième question,
12:21mais qui d'une certaine manière rejoint la première.
12:24Vous avez indiqué vos différences avec le Rassemblement national
12:27qui sont importantes,
12:29mais est-ce que ce sont des différences
12:30qui vraiment mettent le Rassemblement national hors du champ républicain ?
12:35Moi, je viens de le dire pour la France insoumise.
12:40Chacun a ses convictions, mais...
12:41Ce n'est pas les mêmes, comme vous l'avez indiqué.
12:43La première et la deuxième.
12:44Je prends acte du choix des Français,
12:49et nous prenons tous acte du choix des Français, Dimanche prochain,
12:52dans un système à deux tours, ce n'est pas la proportionnelle,
12:55qui permet les désistements, qui permet les maintiens ou non,
12:58au second tour, et on verra bien ce qui se passera.
13:02Et on verra bien ce qui se passera demain, ça va tellement vite.
13:05Le président de la République a provoqué un tel séisme
13:08que peut-être il faut regarder les choses étape par étape.
13:12Et c'est ça qui me paraît tout à fait essentiel aujourd'hui.
13:15Respectons surtout nos institutions.
13:19Vous écoutez tout à l'heure.
13:20Mais dans un moment important, je comprends tous les débats
13:24qu'il peut y avoir sur le poids de l'Europe, du Conseil constitutionnel,
13:26mais c'est très important dans ce moment-là.
13:28Il faut respecter d'abord le rôle du président de la République,
13:33ça me paraît important dans ce moment-là.
13:36Le rôle de l'Assemblée nationale, qui va être tout à fait essentiel,
13:38parce que c'est peut-être de l'Assemblée nationale,
13:41nous ne sommes pas habitués à cela,
13:42que viendront les solutions qui trouveront une voie.
13:48Respectons le Conseil constitutionnel, bien sûr,
13:50l'ordre juridique, l'indépendance des pouvoirs.
13:53Et enfin, ce n'est pas une institution, c'est l'essentiel.
13:55Respectons le peuple français.
13:58Proposé par Alexandre de Vécu, la cohabitation avec le RN.
14:02Mais là, je ne souhaite pas que le RN l'emporte.
14:08Si je ne souhaite pas,
14:09je comprends la situation compliquée dans laquelle on est.
14:12C'est soit le RN à la majorité absolue,
14:15soit c'est trouver des voies nécessaires.
14:18C'est ça, il n'y a pas de troisième solution.
14:20Nous sommes bien d'accord.
14:23Donc du coup, il faudra trouver, il faudra inventer quelque chose.
14:26Mais inventer quelque chose, ça veut dire respecter les institutions,
14:30respecter les Français et surtout agir.
14:33Parce que si c'est pour avoir un an, deux ans, trois ans
14:35où on n'agit pas sur des sujets tout à fait essentiels,
14:38alors qu'il y a la guerre en Ukraine,
14:39qu'il y a cette vague d'antisémitisme,
14:41qu'il y a les risques de terrorisme
14:43et qu'il y a des dossiers économiques et sociaux majeurs,
14:45alors là, on sera totalement aux côtés de la plainte.
14:47Vous voyez bien la configuration dans laquelle on va être.
14:49Avec à gauche, beaucoup d'insoumis,
14:52des gens en désaccord surtout, on peut vraiment agir.
14:56Je pense qu'il faut agir dans l'intérêt supérieur de la nation.
14:59Merci beaucoup d'être venu, Emmanuel Valls,
15:01ancien Premier ministre dans Punchline sur CNews et Europe.

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