Les positions de Corinne Lepage sur les grands enjeux agricoles

  • il y a 2 mois
Tchat élection présidentielle 2012

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00:00Vous dites dans votre programme que vous voudriez favoriser l'installation et en particulier augmenter les DJA.
00:13Est-ce que vous ne pensez pas que plutôt que de donner priorité aux DJA, il ne faudrait pas plutôt attirer une politique sur la reprise tout simplement de l'outil de production ?
00:22Et a-t-il des plans de financement adaptés ? Parce que vous savez très bien que paradoxalement, c'est les systèmes les plus écologiques aujourd'hui qui sont les plus chers à reprendre.
00:35En Beauvain-Virgne par exemple. Donc voilà, là je lisais votre programme, vous parliez beaucoup de DJA et de dotations générales agriculteurs, mais je n'ai pas vu de programme de financement de reprise.
00:46Non, je n'ai pas effectivement, pas directement traité la question des financements de reprise. Par contre, j'ai mis beaucoup de choses sur l'épargne de proximité, sur les fonds de dotation,
01:00notamment à usage local qui pourraient être destinés à l'activité économique et donc aussi à l'activité économique agricole.
01:07Autrement dit, sur l'aspect reprise ou exploitation et leur financement, je n'ai pas fait de sort à part pour les exploitations, pour les activités agricoles par rapport à d'autres activités de petites entreprises locales.
01:22Mais pour moi, elles peuvent en bénéficier comme les autres, évidemment.
01:26Alors un autre sujet, le verdissement des ZPAC. Est-ce que vous pensez que le verdissement tel qu'il est proposé va pénaliser les éleveurs en système herbagé ?
01:41Ou alors, est-ce que ce verdissement est bénéfique aujourd'hui ?
01:48Parce qu'en fait, le verdissement n'est pas pris dans l'assolement, paradoxalement.
01:51Écoutez, la PAC n'est pas encore fixée en totalité. Pour l'instant, on est aux grandes orientations.
01:57L'objectif, ce n'est pas de pénaliser l'élevage. L'objectif, c'est d'avoir un élevage qui soit effectivement...
02:04Mais ça, ça ne ressort pas vraiment dans le projet.
02:07Oui, mais enfin, à mes yeux, en tout cas, c'est l'objectif. Ce n'est pas de pénaliser l'élevage, même si, quand on regarde les choses du point de vue de Sirius, on peut se demander si encourager la consommation de la viande, ça ne pose pas un problème à l'échelle de l'humanité.
02:20Ça en pose certainement un, mais je ne crois pas qu'on puisse aujourd'hui être, au niveau européen, sur une politique consistant à dire qu'on va réduire l'élevage.
02:27En tout cas, j'ai vu ça nulle part. Donc, ce n'est pas l'objectif.
02:30Par contre, ce dont on a besoin, c'est les qualités de l'élevage, c'est-à-dire, effectivement, le système herbagé, le bien-être des animaux, qui pour les anglo-saxons est un sujet majeur.
02:40Nous, en France, on traite ça un peu par le mépris, mais il ne faut pas s'y tromper. Au niveau européen, c'est un sujet très important. Très, très important.
02:48J'espère que ça ira dans le bon sens. En tout cas, c'est dans ce sens que je vais me battre.
02:55Vous parliez dans votre programme de priorité pour le développement herbagé, mais vous parliez aussi d'augmenter les 20 premiers états, d'attribuer aux 20 premiers états d'exploitation, de majorer les aides.
03:09À la rigueur, je vais me faire un petit peu l'avocat du diable. Est-ce qu'il y a encore des exploitations de 20 états ? En France, en tout cas, est-ce qu'il y a encore beaucoup d'exploitations de 20 états qui peuvent vivre de 20 états ?
03:20Mais surtout, est-ce que la priorité n'est pas au prix ? Je ne pense pas avoir vraiment beaucoup vu dans le programme que la priorité est d'abord le prix avant les aides.
03:29Parce que c'est aujourd'hui très difficile, monsieur, d'agir sur les prix dans le système qui est le nôtre. Vous savez qu'on a perdu sur les quotas. Moi, je m'étais battu sur les quotas laitiers. Bon, on a perdu. On a voté il y a quelques jours à Bruxelles...
03:42Le paquet lait ?
03:43Le paquet lait, le petit paquet lait qui permet d'une meilleure contractualisation, un rapport de force plus équilibré entre producteurs et acheteurs. Mais c'est très difficile d'agir sur les prix. Cette proposition, bon, je l'ai fait sur 20 hectares.
03:59On peut en discuter et dire que c'est peut-être 30 hectares ou 40 hectares. Je n'en sais rien. C'était une proposition destinée à permettre de rétablir un équilibre entre grandes et petites exploitations puisqu'aujourd'hui, c'est très déséquilibré.
04:10Juste une question.
04:11Juste un petit mot sur l'international et sur le G20 agricole. Est-ce que le G20 agricole n'annonce-t-il pas une nouvelle organisation du commerce pour les produits agricoles ou une alternative de sortir de l'OMC ?
04:26L'agriculture de l'OMC ?
04:27Oui, je sais que c'est un grand sujet. Moi, je vais vous dire que pour l'agriculture, je suis pour revenir à une régionalisation. C'est-à-dire, non pas au niveau interne d'un pays, une régionalisation par zone continentale.
04:42À l'échelle de l'Europe ?
04:43Oui, à l'échelle de l'Europe, à l'échelle de l'Amérique, à l'échelle de l'Afrique. Tout simplement parce que le coût du transport, le coût du carbone, tout cela, ce n'est pas raisonnable de penser autrement. Et du reste, quand vous regardez la réalité, 95% de notre agriculture aujourd'hui, elle est à usage intracommunautaire.
05:02Quelles mesures concrètes envisagez-vous pour réduire l'artificialisation du foncier ?
05:07L'artificialisation ?
05:08L'artificialisation du foncier. Ça fait partie de vos programmes.
05:11Vous parlez du prix ?
05:12Non, l'artificialisation, la transformation de terre agricole en terre...
05:15Ah oui, d'accord, d'accord, très bien, oui, tout à fait.
05:17Est-ce que, bon, il y a une mesure forte dont M. Le Maire a fait beaucoup de publicité sur la fameuse taxe sur les plus-values. Est-ce que c'est une mesure incitative pour lutter pour vous contre l'artificialisation ou bien vous avez des mesures plus fortes à imposer ?
05:33Moi, je pense très franchement que le mitage de l'espace rural est un sujet qu'on n'a pas traité. On a commencé à en parler, on n'a pas traité. Dans la loi Grenelle, et notamment par l'usage des plans d'urbanisme, des plus et des scott, déjà, on pourrait avancer.
05:49Tout simplement par le zonage qui interdit d'autres usages qu'un usage agricole et la Mercedes, c'est terminé. C'est un outil qui est simple à utiliser, qui ne coûte rien, mais c'est peut-être pour ça qu'on ne l'utilise pas trop.
06:01Le mitage, il continue toujours, plus que jamais même.
06:05Oui, mais justement, je pense que c'est très simple, si on veut, s'il y a une vraie volonté politique, c'est très simple à faire. Ça, c'est la juriste qui vous parle, ça se met dans les règles de PLU et c'est fini.
06:15Vous dites que telle zone est une zone rurale dans laquelle il ne peut y avoir que des habitations à usage rural, c'est terminé, avec un vrai contrôle de ce qui est rural et de ce qui ne l'est pas, parce que là aussi, il y a des exploitations rurales qui n'en sont pas vraiment.
06:29Donc moi, je suis vraiment pour une politique assez draconienne à ce niveau-là, voir la reconquête d'espaces naturels à proximité des villes.
06:41Donc je suis même pour aller essayer d'aller dans l'autre sens. Je vous donne un exemple. Nous allons aller très probablement vers une réduction des hypermarchés, parce que la mode est de nouveau retour au commerce de centre-ville, etc.
06:55Ce sont des espaces énormes en entrée de ville, qui ont du reste totalement défiguré nos entrées de ville. Pourquoi ne pas les reconquérir en espaces naturelles ? Là, on va avoir des zones très importantes.
07:06Mais là, vous parlez des grandes villes, mais dans les petits villages, les pressions sont énormes par rapport aux intérêts divergents, où c'est des fois, c'est même les agriculteurs eux-mêmes, dans les concitoyens municipaux, qui décident la transformation de terre agricole en terre pavillonnaire.
07:20On a des agriculteurs qui partent en retraite, qui n'ont personne pour reprendre leur exploitation et qui ont besoin de vendre pour leur retraite. C'est quelque chose que je peux comprendre.
07:29Donc nous avons besoin de mécanismes compensateurs. Le système des plus-values est un système intéressant. Je pense qu'on en a d'autres à imaginer, parce qu'il est fondamental.
07:42La France a la chance d'avoir un grand espace naturel. On est un des espaces les plus denses en Europe avec la Pologne. C'est un avantage concurrentiel très important. Il est impératif de le garder.
07:54Et on voit l'effort que l'Allemagne a fait. Alors c'est beaucoup plus dense que nous. Mais en termes de désartificialisation de l'espace rural, considérable. Il faut que nous nous donnions des objectifs contraignants en termes de non-grignotage de l'espace rural.
08:11— Ça passerait éventuellement par l'augmentation des retraites agricoles, alors ? — Ça peut passer par là. Ça peut passer par là.
08:17— On va terminer sur votre programme de manière plus générale. Votre programme, il est très riche et dense. Et pourtant, à la différence de vos concurrents, vous ne dites pas que vous voulez changer la France.
08:29Est-ce pourtant que votre programme est un programme de « mutation » ?
08:36— Vous n'employez pas le terme « changer », mais on a l'impression en lisant le programme, en tout cas. — C'est celui qui probablement change le plus la France.
08:42— Voilà. Voilà. — Mais pourtant, c'est pas dit clairement. — Je ne dis pas « changeons » pour employer le mot « changer ». Le titre de mon programme...
08:49— Non, il n'y en a pas. — Si, il y en a un. Le titre de mon programme, c'est « Des énergies nouvelles pour la France ». — Non, c'est un terme « changer ».
08:55— Et le programme commence par « Nous avons changé de monde ». Donc en fait, mon programme est un programme d'adaptation. — De mutation.
09:05— Et de mutation du Nouveau Monde. Je parle de transition. — D'accord. — C'est pas le mot « changer » qui m'intéresse. C'est changer pourquoi ?
09:12Eh bien, je propose une transformation profonde de la France pour s'adapter à ce Nouveau Monde qui est déjà là. Et tout ce que je propose dans ce programme, ça existe déjà.
09:22Il n'y a pas une mesure utopiste. Ce que je propose, que ce soit pour le monde agricole, que ce soit pour le monde des PME, que ce soit pour l'économie sociale et solidaire,
09:30tout cela, il y a déjà dans notre pays des gens qui ont mené à bien des expérimentations ou des entreprises qui marchent avec ce que je propose.
09:39Donc c'est un changement très profond. Mais je suis pas sûre que c'est ceux qui disent qu'ils changent le plus qu'ils proposent le plus de changements.
09:45— C'est bien pour ça qu'on vous pose la question ? Et est-ce que, dans la continuité de votre programme, est-ce que votre programme est négociable par rapport à vos concurrents ?
09:54— Monsieur, ça dépendra du sort que nos concitoyens font à ce programme. S'il vaut 1%, c'est pas la même chose que s'il vaut 5%, 7%, 8%.
10:03— Mais bon, des idées ne valent plus que des pourcents, peut-être ? — Si je suis dans cette campagne, c'est bien pour les défendre, ces idées.
10:10C'est bien parce que j'ai un projet original et que ce que je propose, mes concurrents ne le proposent pas. Cette transformation profonde, mes concurrents ne le proposent pas.
10:17Donc ensuite, en fonction du score que je ferai, eh bien... — Mais vous pensez pas que vous êtes écoutée par... ?
10:23— Ben, j'espère que je le serai. Maintenant que je commence à avoir un peu le droit à la parole, j'espère être un peu écoutée. J'ai présenté mon programme hier.
10:31On en a quand même un peu parlé. Ensuite, je compte beaucoup sur vous, sur nos concitoyens pour le faire circuler, pour en discuter, pour avoir le débat sur des propositions qui figurent et qui ne figurent nulle part ailleurs.
10:43— Très bien. Très bien. Merci beaucoup.
10:46Sous-titrage Société Radio-Canada

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