Germinal Peiro (PS): « Il faut des aides Pac réorientées vers l’emploi ! »

  • il y a 3 mois
Election présidentielle 2012

Category

🗞
News
Transcription
00:00Germinal Perrault, merci beaucoup de répondre aux questions des agriculteurs-lecteurs de Ternet Média, et à nos questions également.
00:12Nous en avons quelques-unes sur différents sujets importants pour les agriculteurs, et à commencer par la PAC qui se négocie actuellement.
00:21Nicolas Sarkozy compte réduire, ça vient de sortir entre guillemets, compte réduire de 600 millions d'euros la contribution de la France pour maintenir à son niveau actuel le budget européen.
00:33Est-ce un bon signal, un bon signe pour aborder les négociations budgétaires de cette politique agricole commune pour 2014-2020 ?
00:40C'est une disposition que tu filioues dans son programme, des 32 propositions.
00:44Non, moi je considère que c'est un mauvais signal. Je considère que globalement, le budget agricole de l'Union Européenne doit être maintenu.
00:55C'est une nécessité pour notre continent. C'est soutenir l'économie agricole, c'est soutenir la sécurité alimentaire des Européens, c'est soutenir leur souveraineté alimentaire,
01:09et c'est aussi soutenir l'emploi, soutenir l'aménagement du territoire, préserver l'environnement, surtout l'ensemble du territoire européen.
01:17Donc je crois qu'il faut donner des signaux, au contraire, qui demandent à l'Europe de se concentrer sur cette politique et de continuer à la soutenir comme elle le fait.
01:27Et c'est un mauvais signal, donc ?
01:28Oui, moi je considère que c'est un très mauvais signal.
01:31Est-ce que vous pensez que c'est une démarche qui pourrait être favorisée des tracteurs de la PAC, justement ?
01:37Elle va dans ce sens. Vous savez, au cours des dernières années, on a entendu certains pays, je ne vais pas les citer, mais des pays du nord de l'Europe,
01:46qui remettaient en cause le bien-fondé même de la PAC. Je crois qu'il y a suffisamment de libéraux en Europe qui disent aujourd'hui qu'on pourrait se passer d'une politique publique
01:56pour soutenir le secteur de l'économie agricole. Et moi je considère qu'au contraire, il faut soutenir cette économie-là, on aura l'occasion d'en parler,
02:05en réorientant les aides, en les faisant, en les répartissant d'une matière plus juste, d'une façon plus juste.
02:10Mais en tout cas, dans ces principes, il faut soutenir la politique agricole commune, qui est d'ailleurs la seule politique intégrée en Europe.
02:18Et aujourd'hui, on voit bien comment nos concitoyens peuvent se détourner de l'idée européenne, parce qu'ils considèrent que l'Europe n'a pas suffisamment de poids sur le plan politique.
02:30Elle n'est pas suffisamment unie, elle n'est pas assez efficace, elle n'arrive pas à harmoniser ses systèmes sociaux, fiscaux, etc.
02:39Alors justement, il y a les aides PAC qui sont en jeu. Il y a la question des références historiques, la place des régions.
02:47Quelle est la position de François Hollande sur ces questions-là, dans le cadre de la négociation ?
02:52Dans le cadre de la convergence des aides. Il y avait des débats chez vous.
02:55Oui, il y a des débats, parce que sur le principe de la convergence des aides, d'abord au niveau européen, nous disons d'accord pour que ce soit fait à terme.
03:08Mais nous disons qu'il faut profiter de cette occasion pour qu'on aille aussi vers d'autres convergences, au point de vue européen.
03:16Et je pense en particulier aux convergences sociales, aux convergences fiscales, aux convergences environnementales, aux convergences sanitaires,
03:25qui feraient que sur l'ensemble du territoire qui est aujourd'hui un territoire de libre-échange, on puisse exercer une concurrence qui soit loyale.
03:34Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Et on voit bien les différences qu'il y a sur le plan social, ne serait-ce qu'entre la France et l'Allemagne.
03:41Donc je crois qu'il faut profiter de l'idée de la convergence des aides européennes pour aller vers plus de convergences.
03:48Là encore, je remarque que les libéraux ne le font pas, et qu'ils combattent cette idée depuis de nombreuses années.
03:53Mais au niveau national, cette convergence, comment vous la voyez ? Parce qu'il y a des débats au sein des régions de France sur ce sujet-là.
03:58Alors, au niveau national, moi je vous dirais...
04:01En fait, l'enjeu le plus important, c'est le traitement au niveau national pour les agriculteurs, vu qu'il y a plus de différences à l'intérieur même de la France qu'avec ses partenaires.
04:10C'est exact. Nous, nous souhaitons que les aides européennes soient réorientées vers l'emploi.
04:16C'est-à-dire qu'on soutienne véritablement l'économie agricole, qu'on soutienne la production, mais qu'on soutienne aussi l'emploi.
04:24Je vous rappelle que l'emploi, c'est le problème prioritaire dans notre pays.
04:28On a 4,5 millions de personnes qui n'ont pas d'emploi.
04:31On a 8 millions de Français qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.
04:35Et cet exemple de la France, on peut le répéter quelquefois en pire dans la plupart des pays européens.
04:40Donc, il faut soutenir l'activité et l'économie agricole dans sa production, mais aussi dans l'emploi.
04:46Et de ce point de vue, les choses ne sont pas égales.
04:49Si nous donnons la même aide à l'hectare sur tout le territoire national, on s'achemine vers ça, sans tenir compte de l'emploi,
04:58eh bien, on va aider des secteurs d'activité où il faut 4 à 5 heures par an pour cultiver un hectare.
05:06Je pense aux céréales, aux grandes cultures.
05:09Vers des secteurs où il faut entre 200 et 250 heures par an pour ce qui concerne la vigne,
05:16ou où il faut entre 40 et 50 heures par an pour ce qui est, par exemple, de la production laitière,
05:24si on le ramène à une vache et à un hectare.
05:27Donc, on voit bien la disparité qu'il y a.
05:29Moi, je ne souhaite pas et nous ne souhaitons pas qu'on reproduise à travers la nouvelle PAC les injustices qu'on a laissées perdurer au cours des dernières années.
05:40Il faut soutenir ceux qui travaillent le plus dans le monde agricole.
05:44Alors, il y a la convergence d'un côté, il y a le verdissement de l'autre.
05:47Aujourd'hui, la Commission européenne fait une proposition de 30% de verdissement.
05:52Est-ce que c'est un taux qui est accepté par François Hollande et par son équipe ?
05:59Est-ce que ce 30% de verdissement est compatible avec les enjeux qu'on assigne aujourd'hui à l'agriculture et aux agriculteurs ?
06:07Oui.
06:08Ça, c'est un 30% de l'enveloppe budgétaire.
06:10Oui, oui. Nous considérons que cette proposition est une proposition correcte.
06:16Mais la question du verdissement, elle va bien au-delà de la répartition des aides.
06:21Il s'agit de savoir sur quel modèle agricole on veut engager la France et l'Europe pour les prochaines années.
06:29Est-ce que l'Europe va être une des régions du monde où on va employer le plus de pesticides, par exemple ?
06:35La question mérite d'être posée.
06:37Est-ce qu'on peut continuer avec un modèle qui aura pollué quasiment toutes les nappes phréatiques de notre pays ?
06:44Est-ce qu'on peut continuer avec un modèle qui, certes, a beaucoup produit, mais qui, d'un autre côté, montre aujourd'hui des inconvénients ?
06:53Sur l'appauvrissement des sols, par exemple.
06:55Donc je crois que derrière l'idée du verdissement, il y a la question de l'agriculture durable.
07:01Quelle agriculture voulons-nous ?
07:03Nous, nous souhaitons que l'agriculture soit durable, à tout point de vue.
07:07Sur le plan économique, sur le plan social et sur le plan environnemental.
07:10Et de ce point de vue, préserver l'environnement, ce n'est pas une charge pour les agriculteurs, ça doit être un atout.
07:17Parce que l'excellence de l'agriculture française et l'excellence de ses produits, on doit la retrouver du moment de la production jusqu'à la mise en vente.
07:27Et il faut que ce soit un atout pour notre pays.
07:29Oui, mais vous parlez d'agriculture durable, mais on n'imagine pas d'agriculteurs ne pas rentrer dans cette logique, parce que ça voudrait dire qu'ils détruiraient leur taux de production.
07:38Durable, c'est leur intérêt que ce soit durable.
07:41Tout le monde a intérêt, mais ce n'est pas ce qui a été fait au cours des 30 ou 40 dernières années.
07:46Je crois qu'on a trop cru que la terre était un support et que si on avait des entrants, si on avait de l'eau, si on avait des produits phytosanitaires,
07:56on pourrait mettre en place pendant des décennies une agriculture qui allait durer.
08:01Et aujourd'hui, je vous dis, on en voit les limites.
08:07Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations