Témoignage de Mauritz Quaak (77)
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00:00Bonjour, je suis Maurice Coquac, exploitant agricole à Chaumont-Brie installé avec mon
00:08frère Jacques Pierre. Nous sommes sur une exploitation familiale de polycultures
00:13élevages, cultures de blé, orge, pétrave, colza et d'élevage bovins allaitants de race limousine.
00:21Nous avons pris le parti de nous lancer dans la méthanisation car nous souhaitions développer
00:30une troisième activité sur notre site afin de trouver un revenu complémentaire et d'éclater
00:36les risques. Et donc la méthanisation était pour nous une activité qui avait tout son sens puisqu'elle
00:41permettait de travailler en synergie avec à la fois la culture et l'élevage. Nous avons initié
00:47ce projet à la suite de visites d'installation en Allemagne puisque la méthanisation là-bas avait
00:54déjà un fort ressort. Pour exploiter un méthaniseur, une journée type se présente de la manière
01:03suivante. La première étape c'est bien évidemment le contrôle, s'assurer que tout a bien fonctionné
01:08pendant les dernières heures et puis vient le moment de l'incorporation. La méthanisation
01:12est une activité qui s'apparente à celle de l'élevage, ce qui veut donc dire que quotidiennement
01:16il faut alimenter ce méthaniseur. Donc nous élaborons notre ration et nous remplissons ce
01:22fameux incorporateur qui va alimenter le méthaniseur pour 24 heures. Après cette étape et bien nous
01:27surveillons différents éléments de contrôle, de pression, de température pour s'assurer de la
01:33bonne viabilité de la production du biogaz. La méthanisation a un intérêt c'est qu'elle rentre
01:38en synergie à la fois avec la culture et l'élevage. Avec l'élevage parce que je peux traiter mes
01:44effluents d'élevage en les incorporant dans le méthaniseur et donc en aval pour les cultures,
01:49l'avantage de ce méthaniseur c'est qu'il produit non seulement du biométhane mais également du
01:55digesta qui permet d'amender nos terres en lieu et place de l'endroit chimique que nous avons
01:59l'habitude d'utiliser. Notre projet a été nommé projet pilote pour le développement de la
02:08méthanisation et la production du biométhane sur le réseau national. Donc un groupe de travail a
02:13été mis en place avec l'ADN et GRDF. Le travail de ce groupe a permis la sortie de quatre arrêtés
02:21et quatre décrets ministériels en novembre 2011. Une fois ces quatre arrêtés et ces quatre décrets
02:27nous avions donc la possibilité de produire du biométhane et l'injecter sur le réseau.
02:32Restait-il encore à élaborer l'ensemble des contrats. Donc en 2012 nous avons travaillé
02:38toujours avec ce groupe de travail sur l'élaboration d'un contrat type d'injection,
02:42d'un contrat de raccordement ainsi que d'un contrat d'achat. Et à partir de 2012,
02:49une fois ces contrats établis, nous avons pu lancer la phase opérationnelle à savoir la
02:53construction de cette unité de méthanisation et la mise en place de ce prototype dépurateur
02:59avec air liquide. Et donc tout ceci a pu être fait avec le financement de l'ABPI en cofinancement
03:06avec notre banque historique qui nous a permis de débloquer les fonds et de réaliser cette
03:11installation. Les travaux ont duré à peu près un an et nous avons pu injecter le biométhane
03:16à partir de août 2013. Aujourd'hui quand on regarde ce bilan et après avoir lancé cette
03:28première unité de méthanisation qui effectue l'injection de biométhane dans le réseau,
03:32le bilan est plutôt positif puisque d'autres nous ont suivi et puis à notre échelle on s'est
03:37aperçu que ça a été positif pour nos sols, pour notre microbiologie grâce à ce fameux Digesta
03:42qui est notre nouvel engrais. Ça a été aussi positif dans l'aspect environnemental puisque
03:47on a aussi pu traiter nos effluents d'élevage de façon rationnelle et logique. Et puis ça a
03:54un aspect social et sociétal en termes d'acceptabilité du territoire. Maintenant on
03:59communique sur cette nouvelle activité et on explique aux gens que l'agriculteur peut non
04:04seulement nourrir les hommes mais également apporter l'énergie du territoire. Je conclurai
04:09sur l'aspect économique. Aujourd'hui la méthanisation est une activité forte sur la
04:13ferme Narcy puisqu'elle nous a permis de doubler nos chiffres d'affaires et dans des années de crise
04:18comme celle que l'on vient de connaître, nous sommes très contents d'avoir cette nouvelle
04:22activité qui nous apporte un complément non négligeable. Nous avons également créé en 2010
04:27cette association, l'association des agriculteurs méthaniseurs de France. Nous étions peu nombreux
04:32au démarrage, nous sommes plus de 200 maintenant et c'est un moyen pour nous agriculteurs de nous
04:37fédérer autour de la méthanisation. Alors le conseil que je pourrais apporter pour un futur
04:46porteur de projet c'est d'une part de s'impliquer pleinement dans ce projet parce qu'on ne peut pas
04:52faire ces choses sans y être impliqué à 100% et puis il faut également bien s'entourer que ce
04:57soit pour le constructeur, que ce soit pour le financement, que ce soit pour le conseil, il faut
05:01vraiment des personnes compétentes et aujourd'hui force est de constater qu'on a la chance d'avoir
05:06une filière qui commence à acquérir des compétences donc c'est quelque chose qui est parfaitement
05:10faisable. Les principaux freins sont souvent liés au financement et ou à l'acceptabilité. Pour nous
05:19nous avions en plus le côté innovant puisque c'était la première unité à produire du biométhane
05:25injecté dans le réseau en France. Tout ceci est parfaitement faisable. La préparation passe par
05:31la visite donc ce que je peux conseiller à l'ensemble des porteurs de projet c'est d'aller
05:35voir des sites en France, à l'étranger avec des technologies différentes, des technologies
05:40d'épuration différentes mais au moins de se former, de voir ce qu'il est bon de faire et ce
05:43qu'il est bon de ne pas faire. Ce que je conseille à tout porteur de projet c'est s'assurer d'avoir
05:48la maîtrise de quatre éléments. La première c'est la capacité du réseau de gaz et pour ça bien
05:53souvent l'interlocuteur c'est GRDF. Le deuxième point c'est la maîtrise foncière c'est à dire
05:59s'assurer d'avoir la propriété ou la capacité à produire et à construire une unité sur un
06:06emplacement défini. La troisième c'est de s'assurer des gisements puisqu'un méthaniseur
06:12a besoin de matières pour fonctionner donc d'avoir ces gisements et de s'assurer de leur
06:16présence pendant le temps. Et le dernier élément c'est le plan d'épandage puisque pour répandre ce
06:22digesta il faut un minimum de surface et donc maîtriser ce plan d'épandage qui est rarement un
06:26souci quand on est exploitant à l'école.