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Ensilage

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00:00Bonjour. Aujourd'hui, on va parler d'ensilage et pour cela, je suis en compagnie d'Anthony
00:13Huiteval. Anthony, bonjour. Bonjour. Alors, tu es ingénieur Arvalis et tu vas me parler
00:17de conservateurs d'ensilage. Alors, quel type de conservateurs existe-t-il actuellement
00:22sur le marché ? Oui, alors, il existe plusieurs types de conservateurs qui vont avoir des
00:27actions différentes. On va essentiellement distinguer finalement, on va dire, trois
00:31familles. D'abord, les bactéries lactiques. On distinguera ensuite les différents types
00:37qui peuvent y avoir. Les acides organiques, les enzymes qui souvent accompagnent les bactéries
00:43lactiques et puis également les tannins. D'accord. Alors, comment ils agissent ? Parce
00:47qu'on a principalement du coup les bactéries et l'acide propionique, c'est ça ? Oui,
00:53on va avoir les conservateurs dits biologiques, les bactéries lactiques et puis les acides.
01:00On va attendre les conservateurs sur deux actions en particulier. La première, c'est
01:04la chute du pH à la fois en termes de cinétique, de vitesse et puis de pH final dans l'ensilage.
01:10Et on va également attendre les conservateurs sur de la stabilité aérobie, ce qu'on va
01:14pouvoir qualifier d'action anti-échauffement. Alors justement, Arvalis a un peu à étudier
01:21leurs actions sur l'ensilage d'herbe. Du coup, tu as un petit peu de recul. Quelle
01:24est leur utilité ? Quelle rentabilité on peut attendre de ces conservateurs sur l'ensilage
01:28d'herbe ? Oui, alors sur l'ensilage d'herbe, finalement, on attend une action qui se déroule
01:32essentiellement sous la bâche. Et le défaut majeur qu'on va pouvoir retrouver sur un
01:38ensilage d'herbe, c'est qu'il s'acidifie insuffisamment parce qu'il y a beaucoup de
01:41substances tampons qui s'opposent à la baisse du pH. C'est d'autant plus vrai que l'ensilage
01:45d'herbe est de bonne qualité finalement. Et donc, on va pouvoir laisser de la place
01:50au développement de micro-organismes indésirables que les éleveurs laitiers connaissent bien,
01:54les bactéries butyriques. Et leurs actions combinées aux enzymes de la plante naturellement
01:59vont conduire à ce qu'on appelle la protéolyse, donc en fait, la prédigestion de la protéine,
02:04ce qui est plutôt une mauvaise chose en termes de valorisation ensuite par les ruminants.
02:07Donc pour finalement, pour prendre tout le monde un petit peu de vitesse, on va pouvoir
02:12recourir, avoir recours aux bactéries lactiques dites homofermentaires.
02:16Celles-ci vont transformer les sucres solubles que contient naturellement la plante en acide
02:21lactique, qui est un acide assez fort et qui va finalement baisser le pH plus vite que
02:26si on n'avait pas traité, mais aussi atteindre un pH final plus bas.
02:29De sorte que quand on regarde dans la bibliographie en France, où c'est de
02:34l'attitude très proche, on s'aperçoit que le témoin non traité, il perd de l'ordre
02:39de 8% de sa matière organique.
02:41Alors que quand on inocule, on est de l'ordre de 4%, donc on économise 4% de
02:45matière organique en ayant inoculé le fourrage.
02:47Parce que ça a quel coût à peu près à un conservateur ?
02:50Il faut compter combien ?
02:51Alors les coûts, en tout cas, si je donne une fourchette pour les bactéries
02:58lactiques, y compris pour les acides organiques d'ailleurs, sur lesquels on
03:00reviendra, on est de l'ordre de 4 à 6 euros par tonne de matière sèche.
03:05Et quand on dit qu'on a économisé 4% de matière organique, comme l'exemple que
03:09je donnais tout à l'heure, si on applique un fourrage à un coût où on
03:12estime un coût de l'ordre de 100 à 150 euros tonne rendu silo, 4% fois 100 ou
03:18150 euros, ça fait également entre 4 et 6 euros la tonne.
03:20Donc globalement, il y a un retour sur investissement, ne serait-ce que par la
03:23perte quantitative.
03:24D'accord, OK. Du coup, on va passer au maïs fourrage.
03:29Donc c'est les mêmes conservateurs qu'on applique en maïs fourrage ?
03:33Oui, alors ça va être les mêmes conservateurs.
03:35Du moins, on va pouvoir les appliquer sur le maïs fourrage.
03:37Mais en fait, finalement, sur le maïs fourrage, on ne traite pas tout à fait
03:40les mêmes symptômes.
03:41Le principal souci rencontré par les éleveurs, ça va être des problèmes
03:45de stabilité aérobie, donc d'échauffement au front d'attaque.
03:48Et pour traiter, j'allais dire, ce symptôme en particulier, il y a
03:51plutôt deux conservateurs qui sont fréquemment utilisés.
03:56Le plus utilisé, ça va être les bactéries lactiques hétérofermentaires.
04:00Donc elles vont, à partir de sucres solubles, là encore, transformer en
04:04acides lactiques et acétiques.
04:06Et puis, dans une seconde transformation, produire également du 1,2-propanediol,
04:09peu importe pour les termes, en tout cas l'acide acétique.
04:12Et 1,2-propanediol, ces deux molécules ont des propriétés antifongiles,
04:16donc elles vont retarder, voire inhiber, le développement et la croissance
04:19des levures et des moisissures qui génèrent l'échauffement.
04:22D'accord.
04:23Mais on peut aussi retrouver, donc là, j'ai décrit le cas des additifs
04:25biologiques, on peut aussi retrouver l'action de l'acide propionique
04:28en tant que conservateur, en tant que tel, et qui va être appliqué,
04:32là aussi, à la récolte et avoir des effets directs anti-échauffement.
04:36Après, ça dépend quand même principalement de la qualité de
04:39l'ensilage de maïs le jour du chantier, en fait.
04:42Oui, complètement.
04:43Si on prend l'exemple où l'utilisation d'un conservateur serait absolument
04:47inutile, c'est par exemple une situation où on garantit une entrée
04:50au silo d'un maïs à 32 ou 35% de matière sèche plante entière
04:54maximum, où on a une qualité de tassage qui fait qu'on réduit très
04:58fortement la porosité.
05:00Et puis, ce qui va venir surtout faire une grosse différence,
05:03ça va être la vitesse d'avancement au front d'attaque.
05:05Un éleveur qui garantit du 1er janvier au 31 décembre d'avancer
05:09à plus de 20 ou 25 centimètres par jour dans le front d'attaque,
05:12il est quasiment sûr de se retrouver sans problème d'échauffement
05:15et donc, dans ces situations, l'utilisation du conservateur
05:17n'est pas justifiée.
05:19Et pour des cas particuliers, si on est sur des maïs très secs
05:23à l'ensilage, des maïs desséchés, là, le conservateur a une utilité
05:26ou pas ?
05:27Oui, il peut avoir une utilité.
05:30En tout cas, ce qui est sûr, c'est que tous les additifs
05:33biologiques que j'ai décrits tout à l'heure ont une efficacité
05:36technique, c'est-à-dire qu'ils agissent, on voit qu'ils agissent,
05:38on voit qu'ils produisent les différentes molécules.
05:40C'est aussi vrai pour les acides.
05:43Mais le retour sur investissement, du coup, va être différent.
05:45Dans ce cas précis, sur le maïs fourrage, on sait très bien
05:48décrire les modes d'action, mais on est beaucoup moins à l'aise
05:51pour parler de retour sur investissement, parce que
05:53finalement, toute situation est un peu particulière.
05:56Dans ces situations-là, ça peut justifier techniquement les
06:00risques qui sont doubles.
06:01Quand on a un appareil végétatif très desséché, on risque d'avoir
06:03souvent une teneur en matière sèche élevée, d'avoir des difficultés
06:07à compacter, de se retrouver avec finalement une insuffisance
06:10d'acidification, même si le maïs fourrage est plutôt bien doté
06:13de ce point de vue-là.
06:14Le risque n'est pas nul, et puis surtout des problèmes
06:17d'échauffement si on n'est pas capable d'avancer suffisamment
06:19au front d'attaque.
06:20Dans ces situations, on aura recours à la fois à des conservateurs
06:24qui vont apporter une action sur la vitesse de baisse du pH,
06:27bactéries lactiques homofermentaires, acides formiques,
06:30jamais la combinaison des deux.
06:32Et puis, on va aussi renforcer l'action avec un additif anti-échauffement
06:37comme les bactéries lactiques hétérofermentaires ou alors
06:40l'utilisation d'acides propioniques.
06:41Et du coup, on se retrouve dans le même cas, dans les situations
06:45où on manque de fourrage et où on a besoin d'ouvrir le silo assez
06:48rapidement.
06:49C'est la même situation du coup ?
06:50Alors, pas complètement, mais c'est vrai que ces situations
06:52peuvent se poser.
06:54Je peux en tout cas rappeler, même s'il y a encore, c'est plus
06:57facile à dire qu'à faire, qu'un stock de report est toujours
07:01préférable dans le sens où il permet à la fois de bénéficier,
07:04de faire des transitions en douceur avec le nouveau millésime
07:09de maïs fourrage,
07:10mais aussi de bénéficier de l'effet d'amélioration qu'on a sur
07:14la digestion de l'amidon.
07:15Et puis, troisième point qu'on néglige aussi, c'est le fait que
07:19finalement, cet encilage là, il va avoir le temps, enfin on va
07:22laisser le temps, pardon, en consommant un silo annexe,
07:25on va laisser le temps aux silos principaux de fermenter et de
07:27se refroidir et de faire qu'ils seront moins sensibles aux échauffements.
07:31Il n'empêche, si on est confronté à cette situation là, qu'on a
07:35besoin de consommer très rapidement après récolte, voire même le jour
07:39même ou le lendemain, on va avoir deux problèmes.
07:42C'est que l'encilage, il est encore chaud, puis il va s'échauffer
07:44du fait des fermentations.
07:46Et puis, il va être du coup très, très instable parce qu'il ne sera
07:50pas assez acidifié.
07:52Donc là, la solution efficace, j'allais dire techniquement et un
07:56peu partout, tout le temps, c'est l'application d'acides formiques
07:59et propioniques.
08:00On va avoir un double effet, acidifier fortement et puis avoir
08:03un effet anti-échauffement.
08:06Pour les bactéries lactiques homofermentaires, leur usage peut
08:09se justifier, même si on risque d'être un petit peu court en termes
08:11de vitesse d'action.
08:12Et les bactéries lactiques hétérofermentaires, bien qu'elles
08:15pourraient apporter un effet anti-échauffement, finalement,
08:17elles sont trop lentes d'action pour bénéficier pleinement de leur
08:21effet et donc de justifier leur coût dans ces situations là.
08:24Et dans le cas où on achète du coup du maïs qui est déjà encilé
08:28pour le ré-enciler derrière quand on manque de fourrage,
08:30est-ce que là, c'est pareil ?
08:31Il faut mettre un conservateur ou pas ?
08:34Alors, la question est légitime.
08:36On peut se la poser, mais on reviendra sur les conditions
08:40d'utilisation tout à l'heure.
08:42Tous les conservateurs dont on a parlé depuis le début, tous
08:46s'appliquent de manière homogène sur le fourrage.
08:50Et donc, le seul moyen de le faire, c'est de le disposer dans
08:55les réservoirs qui sont prévus à cet effet sur les encileuses,
08:59qu'ils soient de bas volume, de l'ordre de 30 litres ou de grands
09:01volumes, pour les appliquer de manière très homogène sur la masse
09:05de fourrage, ce qu'on est incapable de faire lorsqu'on va déplacer
09:08une masse de fourrage.
09:09Donc, mieux vaut reporter l'investissement en temps, en coût
09:13sur une logistique de chantier qui fait qu'on déplace le plus
09:16rapidement possible ce fourrage là, qu'on le tasse à nouveau et
09:20que, sitôt, on le referme.
09:21Sitôt après l'avoir déplacé, on referme hermétiquement pour
09:26éviter finalement de laisser trop longtemps à l'oxygène.
09:30Et si on peut maîtriser aussi la date à laquelle on intervient,
09:33on choisira plutôt de faire ça dans une période froide pour,
09:38on ne va pas compter sur cet effet refroidissement du fourrage,
09:40mais en tout cas, on serait à une température qui sera moins
09:43favorable au développement des levures et des moisissures.
09:44Autant mettre toutes les chances de son côté.
09:46Justement, tu as parlé de quelles sont les bonnes pratiques
09:49d'utilisation du conservateur.
09:51Comment ça se dose ?
09:52Comment ça s'applique ?
09:53Autant sur l'herbe que sur le maïs, en fait.
09:56On va commencer peut-être par des conditions de stockage.
09:59Pour les acides, finalement, c'est assez inerte.
10:02On n'est pas sur des bactéries, donc on n'est pas sur des êtres
10:06vivants.
10:07Les conditions de stockage, j'allais dire, sont un peu plus
10:09souples.
10:10En revanche, pour tout ce qui est bactéries lactiques,
10:13il y a une date de péremption qui est assez courte.
10:15Il s'agit de bien vérifier qu'on est encore avant cette période-là,
10:19avant cette date-là.
10:21On va éviter à tout prix les à-coups, les variations de
10:24température.
10:25Ce sont des êtres vivants, donc ils sont capables de supporter
10:27des températures basses ou un peu élevées, au-delà de la
10:30température ambiante.
10:31Sous réserve, d'y accéder progressivement.
10:33Attention aux à-coups de température.
10:35On évitera aussi les chocs thermiques au moment de la
10:37dilution, par exemple.
10:38Si on prend l'exemple des bactéries, ils se présentent sous
10:41une forme de poudre.
10:44Du coup, on choisira une eau qui est à température ambiante,
10:47en tout cas proche de la température des bactéries au moment
10:49de leur mélange.
10:50Il faut bien les homogénéiser.
10:51Pour ça, les fabricants ont travaillé sur des technologies
10:53qui font qu'il y a assez peu de grumeaux.
10:55C'est assez facile, mais non moins, il faut procéder à une
10:58dilution assez énergique du produit et puis l'appliquer,
11:02le mettre ensuite, comme je le disais, dans les réservoirs
11:05qui sont prévus à cet effet.
11:06On distingue selon les constructeurs les dispositifs sur
11:09les encileuses, des dispositifs avec des technologies assez
11:12concentrées.
11:13Il y a assez peu de litrages appliqués par heure ou des
11:15dispositifs plutôt de grands volumes, de l'ordre de 200 à
11:17plus de 300 litres qui sont présents sur les encileuses.
11:21Et on les applique, on va remplir le réservoir par demi-journée
11:24de chantier pour éviter les phénomènes de sédimentation dans
11:28la cuve, mais aussi pour éviter, en cas de surdosage, d'avoir
11:32consommé 100% du conservateur du chantier alors qu'on n'a fait
11:35qu'une demi-journée de travail.
11:36Oui, parce que ça peut vite coûter cher quand même.
11:38Absolument.
11:39D'accord.
11:40Merci beaucoup, Anthony, pour tous ces conseils.
11:42Merci à vous.
11:43Et retrouvez d'autres articles à ce sujet, notamment des conseils
11:46d'Arvalis sur WebAgri.

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