Présidentielle 2012/Grand débat agricole :
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00:00Bonjour, dans le cadre de la préparation de l'élection présidentielle de 2012, nous
00:10avons souhaité organiser trois débats qui permettent d'éclaircir auprès des agriculteurs
00:17les grandes lignes des programmes des deux candidats encore en lice pour le second tour
00:22de la présidentielle.
00:23M. Perrault, vous représentez M. Hollande, vous êtes député d'Ordogne et secrétaire
00:29nationale du Parti Socialiste, M. Antoine Herde, vous êtes député du Barin et vous
00:34êtes secrétaire nationale en charge des questions agricoles à l'UMP.
00:38Dans cette émission, nous allons aborder un petit peu le volet national de cinq ans
00:44de politique agricole, cinq ans qui sont caractérisés par le bilan de santé de la PAC, la mise en
00:51oeuvre au niveau français, par l'ALMA, par la mise en place de l'environnement, les
00:59négociations du projet PAD de 2014 et puis le G20 agricole.
01:04Ce sont les cinq grandes thèmes qui ont occupé ces cinq dernières années la politique agricole
01:10en dehors des questions de crise évidemment et de conjoncture.
01:13Aujourd'hui, l'agriculture ne vit pas la même crise que l'ensemble de l'économie française.
01:20Elle a connu une crise de matières premières liée à des bouleversements sur le marché
01:26des premières et à des problèmes de régulation et ses revenus se sont redressés alors même
01:31que l'ensemble de l'économie française s'effondre.
01:33Paradoxalement, vous avez des revenus qui sont redressés mais avec jamais autant d'inégalité
01:40entre les secteurs.
01:41Ce qui ne se voyait pas il y a dix ans.
01:43Et puis en 25 ans, on a perdu à peu près 25% de l'exploitation agricole et peut-être
01:49il y en aura vers 300 000 d'ici cinq ans.
01:52J'aurais une question à vous poser.
01:54Est-ce que c'est la situation actuelle ? Est-ce que c'est le bilan d'une politique agricole
01:58nationale ? Est-ce que c'est le bilan de la PAC ? Ou bien est-ce que c'est les conséquences
02:02de la conjoncture ? Sachant qu'en même temps, en 2011, jamais l'excédent commercial n'a
02:08été aussi élevé avec 11,6 milliards d'euros.
02:10Petit commentaire, M. Hertz.
02:14Merci de me laisser la primeur sur ce sujet qui est extrêmement intéressant.
02:21C'est très intéressant dans la mesure où vous embrassez l'ensemble des cinq années
02:24qui sont écoulées, qui ont été des années difficiles pour l'agriculture parce qu'on
02:29a finalement la suite d'une politique de l'Union européenne qui avait été entamée
02:34il y a dix ans de dérégulation de l'organisation des marchés.
02:38Et la difficulté à laquelle l'actuelle majorité a été confrontée, c'est de trouver
02:45des modes d'organisation de la production qui permettent de faire face à cette installabilité
02:50des marchés.
02:51Et c'est en définitive le fil conducteur qui a guidé l'ensemble de l'action du gouvernement
02:56au cours des cinq dernières années.
02:58C'est le cas par exemple pour l'organisation des interprofessions qui a été un des éléments
03:04forts de la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche, également avec son corollaire
03:10qui est le contrat qui permet finalement de stabiliser la relation entre le producteur
03:15et le transformateur et plus généralement avec l'aval.
03:19Et puis la question de la compétitivité de l'agriculture française qui était également
03:24au centre des préoccupations, la question de distorsion sociale, la question de la capacité
03:30à exister dans une Europe à l'intérieur de laquelle, dans la zone euro en tout cas,
03:35la concurrence entre agricultures européennes est très très forte.
03:38Mais la conjoncture n'a pas aidé à résoudre des crises ? La force de la loi suffit pour
03:44remédier à des situations de crise et à redresser des revenus ?
03:48D'un côté la loi a deux fonctions, la loi a une fonction d'organisation, c'est le cas
03:52des lois d'orientation agricole qui donne un cadre général, c'est le cas par exemple
03:56du grenelle de l'environnement qui finalement permet de donner de la visibilité à moyen
04:01long terme sur des problématiques auxquelles les agriculteurs seront immanquablement confrontés
04:07à travers une demande sociale vers plus d'environnement, à travers tout simplement le choc énergétique
04:13auquel ils sont confrontés.
04:15Après il y a un deuxième travail qui consiste à gérer au quotidien, et ça c'est du travail
04:22en finesse qu'il faut faire dans l'application des textes de loi pour accompagner au mieux
04:26les besoins et les demandes des agriculteurs.
04:27Le redressement du marché du lait aide probablement à la contractualisation, même si vous êtes
04:32opposé, je suppose qu'aujourd'hui, je sais que vous n'êtes pas favorable à certaines
04:38formes de contractualisation, mais probablement la contractualisation se passe bien parce
04:44que le marché du lait se redresse, ce n'est pas la loi qui a permis de redresser le marché
04:49du lait.
04:51Moi je vous répondrais que c'est un ensemble de choses qui interfèrent sur l'économie
04:58de l'agriculture, vous l'avez dit, il y a le marché mondial, il y a la politique de
05:03la PAC, il y a aussi les politiques nationales, et si je devais dresser le bilan des cinq
05:09dernières années, on voit bien qu'on a traversé des situations de crise extrême dans le domaine
05:15du lait, dans le domaine de la viande, mais on a surtout connu la disparition d'un très
05:21grand nombre d'exploitations agricoles.
05:23Vous l'avez dit vous-même, en dix ans, la France a perdu 26% des exploitations agricoles,
05:28et bon nombre d'agriculteurs connaissent des difficultés de revenus.
05:32On a aujourd'hui 56 000 foyers agricoles qui ont fait une demande de RSA, donc ça veut
05:39dire que 10% des exploitations agricoles de notre pays connaissent des difficultés extrêmement
05:44sérieuses.
05:45Nous, nous reprochons aux gouvernements de droite qui se sont succédés pendant cinq
05:50ans, et même pendant dix ans, d'avoir accompagné la désorganisation de l'économie agricole,
05:56pas seulement au niveau national, mais au niveau européen.
06:00On est totalement persuadés, par exemple, que la disparition du contrôle des volumes
06:08en matière de production laitière va nous conduire à la catastrophe.
06:11Je suis totalement persuadé que nous connaîtrons une prochaine crise du lait sans tarder, parce
06:18qu'à partir du moment où les producteurs pourront produire autant qu'ils voudront,
06:24et bien le prix du lait baissera à nouveau, et on risque d'assister à une concentration
06:32de cette production qui, jusqu'à présent, était répartie sur le territoire européen
06:37et sur le territoire national grâce aux quotas, on risque d'assister à une concentration
06:40de cette production dans la moitié nord de la France, ou disons dans un quart ouest
06:45de la France.
06:46Donc je crois que...
06:47Une concentration ou une disparition ? Parce que quand on regarde...
06:49Les deux.
06:50Au bout de 10 ans, 20 ans, on voit aussi la disparition de nombreux secteurs de production
06:56en France.
06:57Parce que c'est normal, alors que la France est le pays qui dispose de plus grandes réserves
07:02agricoles, le plus grand potentiel de production agricole, se retrouve avec des déficits
07:06énormes en fruits, en légumes, en produits de la viande, de transformés.
07:13Voilà.
07:14C'est un commerce extérieur qui est porté beaucoup par les centres commerciaux des boissons.
07:19François Hollande a mis l'agriculture en sixième position de ses 60 engagements et
07:24il l'a placée au cœur de l'économie et le maître mot dans ses engagements en matière
07:30économique, c'est la production, parce que nous sommes convaincus que notre pays ne pourra
07:35pas se redresser, que nous ne sauverons pas notre modèle social si nous continuons à
07:40nous dévaluer en termes de production, que ce soit en termes de production industrielle.
07:45Tout le monde sait que la production industrielle représentait 30% de la richesse nationale
07:51dans les années 80, aujourd'hui c'est 12,8%.
07:53Et en matière de production agricole, je crois aussi qu'il faut veiller à ne pas
07:57perdre les parts de marché en termes de production.
07:59On importe aujourd'hui la moitié de nos fruits et légumes dans ce pays.
08:03On importe 56% de la viande d'auvine dans ce pays.
08:06Donc je crois qu'il faut travailler à relancer la production agricole et dans le même temps
08:12à maintenir les exploitations agricoles.
08:14Et de ce point de vue, je me souviens parfaitement de 2002, au moment de l'alternance politique,
08:21quand la droite est revenue au pouvoir, ou est venue au pouvoir, n'a eu comme premier
08:26acte, disons, que de supprimer les fameux CTE, les contrats territoriaux d'exploitation,
08:30que la loi de 1999 avait mise en place, et qui reconnaissait la multifonctionnalité
08:36des agriculteurs.
08:37Nous, nous avions la préoccupation de maintenir le plus grand nombre possible d'exploitations
08:41dans ce territoire.
08:42À l'époque des CTE, il y avait une volonté de maintenir les exploitations, mais pas
08:46une énorme volonté de production.
08:48Oui.
08:49Moi, je suis totalement convaincu que si l'Europe ne se met pas d'accord pour contrôler ces
08:57volumes de production, que ce soit en matière laitière et en matière viticole, parce qu'on
09:03ira vers la même catastrophe dans quelques années, eh bien, l'économie agricole ne
09:07subsistera pas.
09:08Au-delà d'une volonté d'une politique de production, est-ce qu'il ne faudrait pas aussi
09:13rendre l'agriculture moins vulnérable ? Parce que, là aussi, le commerce extérieur et le
09:20field sont impressionnants, alors qu'on a 70 milliards de déficit, mais bon, elle est
09:23sensible à la moindre épidémie.
09:25Par exemple, Schmalenberg, qui est en train de ravager certains élevages, on a connu,
09:32comment se dit-il, l'agriculture est sensible au gel, donc cette année, il y a eu le gel,
09:37la sécheresse.
09:39Est-ce qu'il y a cette politique de production d'être accompagné d'éléments de sécurité ?
09:44Ce que je disais tout à l'heure au sujet de l'environnement, il y a la partie environnementale,
09:48mais aussi la prise en compte du changement climatique qui est importante et qui fait
09:52qu'à l'échelle planétaire, il se passe des choses considérables en matière de tension
09:57sur l'accès aux ressources naturelles et la course finalement aux matières alimentaires
10:05qui fait que les marchés sont très, très fluctuants.
10:08Donc, si on revient chez nous au niveau national, on se rend bien compte que nous avons des
10:13crises de sécheresse qui se succèdent, des crises climatiques de plus en plus fréquentes
10:19et qui nécessitent la mise en place d'outils qui permettent aux agriculteurs de passer
10:25ces périodes de crise pour continuer à rester producteurs, à être des acteurs économiques
10:32dans le territoire rural.
10:34C'est évidemment un sujet au niveau européen.
10:36Ça fait partie des discussions qui seront sur la table dans le cadre de la politique
10:41agricole commune, mais c'est également la volonté, à travers des mesures nationales,
10:45de faire face à cette nouvelle situation.
10:48Je prends l'exemple de la proposition de Nicolas Sarkozy de relancer le programme de
10:54stockage des eaux de surface pour avoir des réserves disponibles lors des séquences
11:00de sécheresse pour passer ce cap difficile et permettre à nos producteurs d'être
11:04à rendez-vous de la production qui est attendue tous les ans.
11:08Monsieur Perrault ?
11:10Oui, sur les filets de sécurité, je crois qu'on ne peut être qu'en d'accord.
11:15Moi, ce que j'ai observé, c'est qu'on est passé au cours des dernières années
11:19de filets de sécurité qui étaient collectifs à des filets de sécurité qui deviennent
11:23individuels parce qu'en vérité, c'est le système assurantiel privé qui a été
11:29préconisé et qui est aujourd'hui mis en place.
11:34Le système assurantiel ne créerait pas de la valeur ajoutée pour vous ?
11:38Non, mais il est nécessaire, c'est absolument nécessaire.
11:42Vous savez, avec M. Hertz, il se trouve qu'on connaît bien une filière qui est la filière
11:49du tabac, puisqu'il y a du tabac en Alsace et du tabac en Périgord.
11:52Mais c'est une filière qui avait su très tôt, elle-même, mettre en place sa caisse
11:57de réassurance pour indemniser les agriculteurs quand, malheureusement, au mois d'août,
12:05juste avant la récolte, il y avait des orages de grêle qui détruisaient l'agricole.
12:09Mais je pense quand même qu'on n'échappera pas à la régulation et à l'organisation
12:16de la production agricole en Europe, parce que sinon, je pense qu'on ira vers des difficultés.
12:22Je crois qu'il faut réaffirmer aussi le fait que nous voulons que l'Europe assure
12:29et accède à la souveraineté alimentaire.
12:31Je ne parle pas que de la sécurité.
12:32La sécurité, les consommateurs la demandent.
12:35Mais la souveraineté alimentaire, c'est-à-dire que nous, nous disons, on l'a écrit dans
12:38nos textes, nous disons qu'il faut que chaque pays ou chaque groupe de pays puisse assurer
12:44sa souveraineté alimentaire, c'est-à-dire ait le droit de protéger sa production agricole.
12:48Parce que derrière la production agricole, il y a un sujet beaucoup plus important qui
12:52est celui de la faim, qui est celui de l'alimentation.
12:54Mais la France est en voie de… Vous pensez que la France assure sa souveraineté alimentaire
13:02en ce moment ? Est-ce que la désorganisation des marchés la rend encore plus vulnérable
13:07dans ce point-là ?
13:08Oui.
13:09Oui.
13:10Mais moi, je remarque qu'on abandonne beaucoup de SAU et on gaspille de la SAU, c'est un
13:15point sur lequel on sera d'accord, pour l'urbanisation.
13:18Mais n'oubliez pas qu'on a aussi beaucoup de SAU qui retournent à la forêt et elles
13:23retournent à la forêt parce qu'elles n'est pas utilisées.
13:25On parlait des moutons il y a quelques minutes, mais parce que ce sont des hectares à des
13:30hectares qui ne sont plus utilisés.
13:33Il faut penser à autre chose aussi, c'est que nous aurons à gérer, à un moment donné,
13:36le problème de la concurrence entre la production d'agrocarburants et la production alimentaire.
13:42Et il faudra, à ce moment-là, faire des choix.
13:44OK.
13:45Justement, à propos du foncé, le foncé est un des volets de la loi de modélisation
13:48d'agriculture.
13:49J'ai une petite question à vous poser avant de poser une question purement sur le foncé.
13:53Est-ce que c'est une loi qui a vraiment servi à moderniser l'agriculture ou bien
13:57c'est une loi qui sert à compenser des désengagements de l'Europe, dans certains domaines ?
14:05Par exemple, sur la contractualisation.
14:07Première question, est-ce que c'est une loi qui sert vraiment à moderniser l'agriculture
14:12en France ou bien c'est une loi de pansement, un petit peu, qui compense des plais par rapport
14:17à un désengagement de l'Europe sur certains points ?
14:20Sans vouloir être inconvenant, nous avons considéré que l'ALMA n'apportait pas
14:26grand-chose, en vérité.
14:27Et on le voit bien sur des sujets cruciaux.
14:30Sur le sujet de la contractualisation, mis à part réaffirmer un principe qui est une
14:35évidence, on voit bien que ce contrat n'amène rien.
14:39En matière foncière, c'est pareil.
14:41On va revenir sur la matière foncière tout à l'heure.
14:43Tout à l'heure.
14:44En matière de contractualisation, on voit bien que ça n'amène pas grand-chose, si
14:48ce n'est de réaffirmer le principe qu'il faut un contrat entre un vendeur et un acheteur,
14:51ce qui nous paraît être un minimum.
14:53Je pense que ce qu'il faut d'abord regarder en face, c'est la réalité.
14:57C'est-à-dire que dans la zone euro, il y a un marché des échanges qui se sont multipliés,
15:03des pays qui ont joué de leur avantage compétitif.
15:06Je suis bien passé pour le savoir, député du Barin, juste à côté de l'Allemagne,
15:09j'ai vu l'agriculture allemande, contre toute attente, développer de façon exponentielle
15:15ses productions de fruits et légumes, parce que le facteur déterminant de la compétitivité
15:20en fruits et légumes, lorsqu'il faut ramasser des fraises pour les mettre en barquette,
15:24c'est le coût de la main-d'oeuvre.
15:25Donc sur la base d'un certain nombre de différences, de compétitivité, nos voisins ont pu prendre
15:33des positions très fortes, et au détriment, il faut le reconnaître, de l'agriculture française.
15:39La loi de modernisation agricole, justement, est un signal, est un cadre juridique pour
15:44inverser la donne, pour permettre à nos agriculteurs de retrouver cette compétitivité, de retrouver
15:48la place naturelle à laquelle ils peuvent aspirer sur les marchés, en particulier les
15:53débouchés nationaux, pour valoriser leur savoir-faire.
15:57Mais justement, il a fallu compléter l'ALMA avec des mesures sociales, ce n'était pas
16:04dans l'ALMA les générations sociales.
16:07Il y a, à côté de l'ALMA, des mesures très fortes qui ont été prises par l'actuelle
16:12majorité, qui concernent la compensation en partie du surcoût pour la main-d'oeuvre
16:18saisonnière.
16:19Nous avons maintenant le dispositif de TVA compétitivité qui est engagé, et d'ailleurs
16:25le président Sarkozy a annoncé qu'il étendrait aux exploitants agricoles lorsque son élection
16:30sera acquise.
16:31Parce que là, il n'a pas fallu commencer par les cherches sociales avant de faire l'ALMA.
16:34Mais il y a plusieurs directions dans lesquelles il faut se battre.
16:37On ne peut pas dire, voilà, il y a un seul problème à régler, il y en a plusieurs et
16:42il y a plusieurs outils dans la caisse à outils, c'est comme dans n'importe quel atelier,
16:45il y a des pinces, il y a des clous, il y a des marteaux, il faut tout.
16:48Au niveau, concernant la pétition foncière justement, là, si on fait les calculs, d'ici
16:54le 6 mai, on va perdre à peu près 3 000 hectares.
16:57Est-ce que vous pensez que la pétition foncière est à la fois, je pense, fait unanimité
17:04en termes de débats agricoles au niveau de la société, c'est-à-dire qu'à peu près
17:08toute la société est consciente de ce que c'est que le foncier, et aussi une idée
17:14reprise à travers tous les candidats, là, les dix candidats ont mis sur la table la
17:18pétition foncière.
17:19Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire pour atteindre, on va peut-être prendre l'objectif
17:24d'Eva Jolie qui n'est plus candidate, d'atteindre 0% d'artificiation d'ici 2025 ? Est-ce que
17:29c'est un objectif que vous pourriez reprendre à votre compte ?
17:32Moi, je crois qu'il faut éviter à tout prix les gaspillages parce qu'on voit des
17:38choses contradictoires en matière de foncier.
17:39Moi, je suis un maire rural, il y a 29 ans que je suis maire d'une petite commune de
17:43465 habitants, et quand je parle avec mes collègues à des communes rurales, ils veulent
17:48pouvoir accueillir des nouvelles populations, ils veulent aussi accueillir des nouvelles
17:52familles, ils n'ont pas envie que leur village soit figé, ils ont envie que les commerces
17:56fonctionnent, que l'école ne ferme pas, etc., donc manifestement, on va dépenser
18:02du foncier.
18:03Moi, je crois qu'il faut trouver un juste équilibre et il faut arriver à prendre des
18:09mesures nationales qui pourraient s'appliquer.
18:11Quand je regarde les parkings, par exemple, de la grande distribution, il y a beaucoup
18:17de pays où les parkings sont en souterrain ou à étage, etc.
18:20Il y a un gaspillage très important.
18:23Ça ne réglera pas tout, mais je pense qu'on peut faire beaucoup.
18:26Et je finis sur une chose, je crois qu'il faut aussi freiner la spéculation sur les
18:32terres agricoles.
18:33Aujourd'hui, et ça vient souvent du monde agricole, qui viennent nous voir en tant que
18:37maire en nous disant qu'on veut avoir des terrains constructibles, en particulier parce
18:41que nos retraites sont très faibles.
18:43Là-dessus, François Hollande, j'en profite de l'occasion, propose un plan quinquennal,
18:47c'est le seul candidat à le faire pour reprendre à nouveau une revalorisation des retraites
18:52des agriculteurs, mais beaucoup, quand ils arrivent à l'âge de la retraite, préfèrent
18:56vendre des terrains pour s'assurer une fin de vie plus confortable.
19:00Je crois qu'il faut arriver à taxer, plus que la LMA l'a fait, et elle a commencé
19:06à le faire, il faut arriver à taxer le changement de nature de sol.
19:10Il y a aujourd'hui des gens qui spéculent, qui achètent des exploitations agricoles
19:14à bord des villes, non pas pour l'exploitation agricole, mais parce qu'ils savent que dans
19:185 ans, dans 10 ans, dans 15 ans, dans 20 ans, les terrains deviendront constructibles.
19:22Eh bien ça, ce n'est pas acceptable, il faut que la société puisse le taxer.
19:25Ce n'est pas au 0% d'artificialisation qu'un objectif serait possible pour 2027.
19:310% ça veut dire qu'on ne fait plus rien dans ce pays, il n'y a plus un seul lotissement
19:36qui se crée, il n'y a plus un seul permis de construire qui est accordé, il n'y a plus
19:40aucune route qui est aménagée, non, ça me paraît totalement utopique.
19:43Et M.
19:44Hertz ?
19:45La question du foncier est une question évidemment qui intéresse beaucoup les agriculteurs,
19:50les jeunes agriculteurs d'ailleurs la portent très fort dans leur discours, mais paradoxalement
19:55je dirais que c'est plus une question de société et les réponses à cette problématique,
20:00il faut les chercher, pas forcément dans des textes agricoles, alors il y a certes
20:03la LMA qui a créé cet axe à la mutation, mais dans d'autres textes, je pense en particulier
20:09à un texte sur la réforme des collectivités, parce que s'il y a aujourd'hui en France,
20:13dans chaque communauté de communes, voire dans chaque commune une zone d'activité
20:16qui souvent est vide, mais qui était une zone agricole hier, c'est parce qu'aussi
20:21on n'a pas su réformer nos collectivités pour qu'elles s'entendent entre elles, pour
20:25mutualiser leurs besoins en matière de zone d'activité, en matière de parking, d'installation
20:31commerciale, d'infrastructure que sais-je, pour économiser les fonciers, c'est cette
20:35mutation de la société aujourd'hui qui est engagée, ce n'est pas qu'une question
20:40agricole, c'est une question pour l'ensemble de l'organisation, une autre façon de penser
20:44pour notre société, et c'est d'ailleurs ce qui est inscrit dans les principes du
20:48Grenelle de l'environnement qui a fixé des objectifs extrêmement ambitieux.
20:51Aujourd'hui les maires commencent d'ailleurs à se les appliquer à travers les documents
20:55d'urbanisme, je pense au Scott, qui progressivement se met en place et qui fixe des contraintes
21:01très très fortes en matière de taille des terrains à construire, en matière d'utilisation
21:06du foncier qui est programmé à travers le PLU ou les autres documents d'urbanisme,
21:12donc les choses se mettent en place, je pense qu'il faut effectivement se donner une visibilité
21:16sur 20 ans, une génération, pour en avoir les résultats concrets, on ne peut pas en
21:21claquant des doigts changer les comportements comme ça.
21:24Juste avant de répondre, vous allez répondre aussi à une question pour finir en même
21:27temps la discussion, est-ce qu'au gouvernement vous allez entreprendre une nouvelle loi
21:31d'orientation agricole qui détricoterait éventuellement ce qui a été fait pendant
21:355 ou 10 ans ?
21:36Le but du prochain gouvernement, on ne peut pas anticiper sur le choix des français,
21:45je ne veux pas dire qui gagnera, même si j'ai une idée, en tout cas une préférence,
21:50qui gagnera le 6 mai prochain, on ne peut pas anticiper, mais je crois qu'il ne s'agit
21:54pas de détricoter, il s'agit de mieux faire et de mieux organiser.
21:58Et je crois qu'on ne peut pas parler du foncier sans parler de l'installation des jeunes
22:02agriculteurs.
22:03Moi, ce que je remarque aujourd'hui au niveau national, c'est qu'il est très difficile
22:08et de plus en plus difficile à des jeunes agriculteurs de s'installer, surtout quand
22:12ils sont hors du cadre familial.
22:15Il y a plusieurs raisons.
22:16D'abord, quand les exploitations deviennent trop grandes, elles deviennent quasiment
22:20intransmissibles.
22:21Il y a une question de moyens, elles deviennent transmissibles.
22:25Et ensuite, la PAC avec les DPU à l'hectare et la prochaine réforme qui prévoit là
22:31aussi d'accorder des aides égales à l'hectare, eh bien, contribue à détruire des exploitations
22:37agricoles.
22:38Et aujourd'hui, dans la majorité des cas, dans la très grande majorité des cas, quand
22:42des terres agricoles se libèrent, elles vont à l'agrandissement.
22:45Nous nous disons, nous nous disons, si François Hollande était élu président de la République
22:50et si les Français donnent une majorité de gauche à l'Assemblée nationale, nous
22:53voterons un texte pour donner plus de pouvoir aux collectivités locales pour maîtriser
22:58leurs fonciers.
22:59D'abord, nous voulons aider les affaires.
23:02Aujourd'hui, les affaires n'ont plus les moyens de faire leur travail.
23:05Elles n'ont pas les moyens financiers de faire du stockage de terres.
23:09Il y a des collectivités, l'Auvergne, Poitou-Charentes, l'Aquitaine, qui aujourd'hui ont mis des
23:14systèmes en place où on aide les affaires à stocker des terres réservées à l'installation.
23:18Mais nous disons aussi, ce problème du foncier agricole, il concerne les communes, les communautés
23:24de communes.
23:25Il faut leur donner du pouvoir pour qu'elles puissent préempter sur des terres agricoles
23:29et les réserver à de l'installation.
23:32Sinon, ça ne se fait pas.
23:33Monsieur, un dernier mot de la fin ?
23:35Oui, c'est d'ailleurs une ligne de fond du programme de François Hollande puisque chaque fois qu'il y a une réforme à faire,
23:41c'est aux collectivités de la porter.
23:43C'est comme ça pour le billot dans les cantines.
23:45Donc, c'est le budget des collectivités qui va porter pour le stockage du foncier.
23:48J'ai compris que ça allait être la même chose.
23:50Moi, je pense que ce n'est pas de travail législatif qui sera le plus urgent après les échéances électorales,
23:57mais c'est ça surtout de réduire la complexité finalement dans les décrets d'application,
24:01dans les différentes modalités auxquelles l'administration localement est confrontée
24:06pour que les agriculteurs en particulier, mais ça touche l'enchant de la société,
24:11puissent avoir une réponse simple et claire lorsqu'ils font une demande,
24:14lorsqu'ils ont besoin de faire une démarche administrative.
24:16Il y a énormément de travail à faire et s'il y a une loi qui est nécessaire,
24:19c'est une loi de simplification de l'administration.
24:21Ok, merci bien.
24:22Nous allons poursuivre en débattant sur le projet de la politique agricole commune pour 2014.
24:29Au revoir.