« De nombreux éleveurs peuvent encore réduire leurs charges opérationnelles »

  • il y a 2 mois
Flambée de l’alimentation animale

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00:00Bonjour et bienvenue à tous sur le plateau de la SPACE TERNET WEB TV.
00:12Nous allons parler de conjoncture laitière avec Xavier Beaufils.
00:16Xavier Beaufils, vous êtes directeur du conseil agricole au CER France de la Manche.
00:22Alors en l'absence, j'ose dire, de dispositifs nationaux
00:26qui auraient pu être mis en place pour aider les éleveurs à passer des caps difficiles,
00:32notamment en matière de hausse du coût de l'aliment comme on l'observe aujourd'hui.
00:37Quelles solutions les éleveurs ont aujourd'hui ?
00:41Ils sont obligés de se débrouiller un peu tout seuls.
00:44A l'échelle de l'exploitation, qu'est-ce qu'un éleveur peut faire pour limiter un peu la casse en matière de charge et de coût de l'alimentant ?
00:52Il est clair qu'aujourd'hui, la plupart des solutions pour les éleveurs se passent sur leur système d'exploitation.
00:57Aujourd'hui, beaucoup d'éleveurs, quand ils regardent en arrière les cours des matières premières, se disent
01:04on aurait pu se couvrir ou mieux se couvrir.
01:08Aujourd'hui, ils sont devant le fait accompli avec des prix d'aliments ou de soja au colza qui sont, pour faire simple,
01:16quasiment deux fois plus élevés que l'année dernière, notamment pour le soja, si on retourne six mois en arrière.
01:22Il faut qu'ils réfléchissent à leur système, à économiser de la matière azotée.
01:29A court terme, ça passe par vraiment bien caler leur ration, valoriser au mieux les fourrages de base qui sont présents sur l'exploitation
01:36et puis à raisonner coût marginal, c'est-à-dire de bien regarder si tous les litres de lait produits par leur vache laitière sont rentables.
01:49C'est-à-dire qu'un éleveur peut très bien lâcher un peu le pied sur sa production laitière
01:54car, par exemple, les derniers litres de lait lui coûtent trop cher à produire.
01:58Il va diminuer un peu la concentration en azote de sa ration pour économiser du concentré.
02:05Après, il faut être vigilant à ne pas trop lever le pied non plus et il faut que la ration soit quand même toujours équilibrée.
02:14Ça passe aussi par l'incorporation d'ensilage d'herbe ou de fourrage plus riche en azote dans la ration.
02:23En matière de charge opérationnelle, il y a des écarts, par exemple dans la manche, entre les différents éleveurs, il y a des écarts de performance ?
02:32Pour faire simple, il y a des écarts de 50 euros assez fréquents.
02:38Les charges opérationnelles sur l'atelier lait, tous les intrants de l'atelier lait en dehors des charges de structure,
02:47on a une fourchette, les plus bas sont aux alentours de 150-160 euros et on va à plus de 230-240 dans certains élevages.
02:58Ce qui fait des écarts types à l'extrême des fois même de 100 euros, même si on prend en moyenne un écart de 50 euros,
03:04sur un élevage de 400 000 litres de lait, ça fait 20 000 euros d'écart.
03:07Il y a des ajustements de ration à faire, des évolutions à plus moyen terme ou à long terme, des évolutions de système aussi,
03:17sans tout réformer mais rechercher plus d'autonomie, que ce soit fourragère, pour limiter aujourd'hui le problème des éleveurs laitiers.
03:26C'est le coût des concentrés mais surtout de la matière azotée.
03:31Est-ce qu'on peut aussi construire ou faire évoluer les systèmes d'exploitation vers des systèmes plus flexibles ?
03:36C'est-à-dire qu'un éleveur pourrait plus facilement encaisser une hausse de l'alimentation, produire moins, mettre un peu le frein, réaccélérer sur la production un peu plus tard ?
03:50C'est clair aujourd'hui qu'un éleveur qui a de la flexibilité, que ce soit en termes de fourrage ou en termes de cheptel,
03:56pour lui la flambée actuelle va être plus facile à gérer, dans le sens que s'il en avance en production laitière,
04:02parce qu'il a une disponibilité de vaches et autres, ça va être plus facile pour lui de lever le pied en production,
04:07tout en assurant sa production, qu'un éleveur qui est très limité en place de vaches ou en nombre de vaches, en disponibilité de vaches.
04:18Au-delà de ça, suite à la crise 2009, dans les élevages, on conseille de mettre en place aussi des marges de manœuvre,
04:30on peut appeler de la flexibilité, que ce soit au niveau technique, en termes d'alimentation, de cheptel, de places et autres,
04:40et également aussi en gestion de trésorerie et dans les provisionnels d'investissement.
04:44Quand c'est possible ?
04:45Quand c'est possible, mais je dirais que depuis 2007, avec les fluctuations qu'on a, il est important que les éleveurs puissent en mettre de côté
04:58les années favorables pour les années un peu plus néfastes.
05:03Est-ce que d'un point de vue national, on a vu au milieu des années 2000-2005,
05:10on a beaucoup parlé d'assurance récolte pour les producteurs de grandes cultures.
05:15Est-ce qu'il n'y aurait pas des dispositifs similaires à mettre en place qui pourraient profiter ?
05:21Ça fait partie des pistes de réflexion.
05:23C'est vrai qu'aujourd'hui, on parle beaucoup des évolutions sur le système de fiscalité des pays et des PAs,
05:30qui est certainement aménagé pour que les éleveurs utilisent mieux ce dispositif-là.
05:36L'annonce de François Hollande sur ce SPAS est une bonne chose en matière de réforme de la fiscalité agricole ?
05:42Il y a des choses à faire et des choses à faire évoluer pour que les éleveurs en bénéficient et inciter à créer des réserves.
05:49C'est vrai que pour déposer une réserve, il faut avoir généré de la trésorerie avant, mais il y a des choses à faire pour inciter dans ce sens-là.
05:58Et en termes assuranciels ?
06:01On était sur l'assurance. Depuis 2005, l'assurance récolte est mise en place en système culture et chez nous aussi avec les systèmes fourragés,
06:12sauf les prairies qui sont écartées du système.
06:15Mais il y a certainement des choses à aller chercher sur une assurance revenu ou marge brute, comme on voit dans d'autres systèmes ou dans d'autres pays à ce niveau-là.
06:27Xavier Bofis, merci beaucoup pour cette interview.
06:30Merci à vous.

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