« De nombreux éleveurs peuvent encore réduire leurs charges opérationnelles »

  • il y a 3 mois
Flambée de l’alimentation animale

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Transcription
00:00Alors nous allons faire un focus sur la conjoncture actuelle, avec une question, est-ce que les
00:15éleveurs sont-ils mieux armés pour encaisser la hausse du coût alimentaire et des charges
00:21en général ? Les éleveurs ont subi une crise en 2009, tout le monde s'en souvient,
00:27a-t-on tiré les enseignements de cette crise ? Est-ce que les éleveurs sont mieux armés
00:34aujourd'hui pour parer à la crise actuelle par rapport à 2009 ? Est-ce que c'est d'abord
00:39la même crise ? Tout d'abord, il est intéressant de revenir
00:43sur le contexte 2009 et le contexte actuel. Depuis 2007, les éleveurs sont confrontés
00:50à ce qu'on appelle nous la triple variabilité, la variabilité du prix du lait, du prix des
00:55intrants et des volumes de lait à produire. En 2009, on avait ces trois indicateurs-là
01:02au plus bas, c'est-à-dire qu'en termes de prix du litre de lait, on avait une situation
01:06de marché mondial et marché intérieur qui était morose, qui a impliqué une nette baisse
01:13du prix du litre de lait. C'était enclenché depuis 2008 une hausse des matières premières
01:18qui impactait le prix des aliments, notamment matières premières, surtout au niveau des
01:23céréales qui avaient été suivies par les matières azotées. Et puis au niveau des
01:27volumes, on avait suite au plus 15% de 2008, 2009-2010, c'était traduit par une nette
01:33baisse des volumes produits pour les producteurs de lait.
01:37Donc cette crise laitière qui est restée marquée dans tous les esprits a touché de
01:43plein fouet les producteurs de lait puisqu'ils étaient touchés par ces trois indicateurs-là.
01:49Aujourd'hui, ce scénario-là, je dirais, au début du printemps, au début de l'été,
01:58on avait peur, enfin les éleveurs avaient peur à l'effet CISO, c'est-à-dire baisse
02:02du prix du litre de lait et augmentation des matières premières. Aujourd'hui, cet effet
02:06CISO-là est encore dans les esprits, dans le sens qu'on a une baisse du prix du litre
02:11de lait depuis le début de l'année qui tourne autour des moins 10, moins 15 euros
02:14au 1000 litres. Heureusement qu'il a tendance à s'atténuer aujourd'hui. Par contre, une
02:19poussée des matières premières et une flambée des matières premières qui est nettement
02:22plus importante que 2008-2009 dans le sens où on a une hausse des céréales mais on
02:27a surtout une explosion pour les éleveurs laitiers des matières azotées, colza, soja,
02:32dont ils sont assez consommateurs.
02:34On a donc plutôt une crise des intrants, une crise de l'alimentation animale ?
02:39Aujourd'hui, pour les éleveurs laitiers, le spectre de baisse ou de crise du prix du
02:46litre de lait s'écarte et on a plutôt aujourd'hui pour les éleveurs laitiers une crise du prix
02:52des intrants qui aura forcément un impact sur leur revenu mais qui sera différente
02:59de la crise de 2009 où on avait baisse du prix du litre de lait, augmentation des matières
03:03premières et aussi diminution des volumes produits par le système de quotas mais aussi
03:11les éleveurs qui avaient levé le pied et qui avaient indirectement concentré les charges
03:18de structure sur leur coût de production.
03:20D'un point de vue politique, est-ce qu'on a tiré les enseignements de cette crise de
03:242009 ? Ça fait trois ans. Est-ce que les pouvoirs publics ont mis en place des dispositifs
03:30Je pense notamment à la contractualisation qui a été promise de longue date. Bruno
03:37Lemaire l'a mise en place. Il disait à l'époque de sa mise en place en avril 2011 que ça
03:43permettrait aux éleveurs un meilleur revenu et un lissage du revenu. Aujourd'hui, est-ce
03:49que ça a apporté une solution aux éleveurs face à la situation actuelle ?
03:54Depuis 2009, beaucoup de choses sont passées au niveau des relations entre produits éleveurs
04:02et industriels laitiers à travers la contractualisation. Il est clair, de notre point de vue, la contractualisation
04:10est faite aujourd'hui pour gérer les volumes, même si on a encore une superposition du
04:14schéma jusqu'à 2015 des quotas laitiers qui régissent encore les droits à produire.
04:19De là, la gestion des volumes, la gestion des prix, ça n'a pas eu d'effet pour l'instant
04:26puisqu'on est encore sur l'accord interprofessionnel au niveau du prix du lait. De notre point
04:32de vue, c'est deux choses encore bien différentes. La contractualisation est là pour gérer
04:36les volumes. Est-ce qu'elle pourra gérer le prix ? Ça reste à voir.
04:40Il y a un autre dispositif qui a été mis en place en mai 2011, c'est le fameux accord
04:45du 3 mai. Or, aujourd'hui, il peut être appliqué en filière porcine, filière bovin-viande
04:55et en filière volaille, mais pas dans le secteur laitier.
04:58Cet accord du 3 mai, quand on voit la crise que traversent aujourd'hui l'élevage, si
05:06on élargit à toutes les filières, que ce soit bovine, porcine et volaille, c'est l'afflambé
05:13des matières premières. C'est vrai que l'accord du 3 mai, qui permet aux industriels
05:18de revoir les prix avec la grande distribution, en prenant en compte les indicateurs de coûts
05:25de production et autres, sont sur la filière porcine, volaille et viande bovine, notamment
05:33jeûne bovin. Si ça se passe dans ces filières-là, ça aura peut-être des répercussions sur
05:40la filière laitière et les produits laitiers en tant que tels, mais ce n'est pas écrit
05:45dans l'accord du 3 mai.

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