• il y a 3 mois
Pac et polyculture-élevage

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour, bienvenue sur le plateau de l'espace Web TV, le plateau où j'accueille Jean-Marie
00:16Cerroni. Bonjour. Vous êtes responsable de la veille économique au CR France. Je voudrais
00:21parler de polyculture élevage et j'ai une question assez simple. Je voudrais voir votre
00:26analyse. Est ce qu'à l'échelle d'une exploitation, la polyculture élevage, au regard de la politique
00:32qu'entreprend Stéphane Le Foll et au regard des choix politiques qui vont être faits
00:37concernant la politique agricole commune? Est ce que la polyculture élevage a encore
00:40un avenir en France et notamment dans les zones intermédiaires?
00:44Alors, je pense que la polyculture élevage a un avenir. Et le premier élément, je crois
00:50sur lequel il faut être très clair, c'est que si on est sur les ruminants, on est aujourd'hui
00:58dans une situation normale. On n'est absolument pas dans une situation de crise. Les marchés
01:05en production en produits laitiers ou en viande bovine sont bons. En viande bovine, il y a
01:10plusieurs années que nous n'avons pas connu des revenus tels que ceux que nous sortons
01:13actuellement. Alors pourquoi il y a ce sentiment de crise? C'est tout simplement qu'en zone
01:20de céréales, en contexte céréalier, on vit actuellement une situation de rente économique
01:25avec des prix élevés, même si tout de suite sur la campagne, on a un petit peu baissé.
01:30Et c'est ce différentiel qui crée le problème. Ce n'est pas en soi la polyculture élevage
01:36qui est moins rentable qu'avant, même si une hausse des céréales correspond pour les
01:40éleveurs à une charge. Donc, c'est bien des conditions de marché. Alors, la polyculture
01:45et la politique de Stéphane Le Foll et la politique agricole commune visent précisément
01:52à soutenir cette polyculture dans ce contexte de prix de céréales élevées. Malgré tout,
02:00la végétalisation d'hectares hectares est un risque, selon vous, pour les territoires.
02:06Expliquez nous, c'est quoi? C'est une logique de déprise d'emploi? Le fait de transformer
02:14en céréales, terme que je préfère à la végétalisation, puisque de la prairie,
02:18c'est des végétaux. Quand on retourne une prairie, on transforme en céréales,
02:22mais on ne végétalise pas davantage. On était déjà en végétalisation.
02:28Pourquoi la polyculture élevage est intéressante en termes économiques?
02:32Je ne parlerai pas des questions environnementales, mais en termes économiques sur un territoire.
02:36C'est la question que vous me posez, Arnaud. C'est qu'en zone de culture, je vais en gros
02:42produire 1500 euros l'hectare. En élevage, en élevage laitier, je vais produire 2300,
02:512400, 2500 euros l'hectare. Donc, la valeur produite à l'hectare est bien plus importante.
02:57La valeur produite sur le territoire est plus importante. C'est le premier élément.
03:01Le deuxième élément en termes d'emploi. Si je suis bien organisé. Un producteur de
03:10céréales tient facilement tout seul 150 à 200 hectares par unité de main d'oeuvre.
03:17Et traduit en hectares, en situation laitière, avec une quarantaine d'hectares,
03:23je vais produire mes 200 mille litres de lait par unité de travail.
03:30C'est ce qu'il faut aujourd'hui pour être rentable. Donc, on a bien là en termes d'unité
03:34de travail, un rapport au territoire de 1 à 4 ou de 1 à 5.
03:40Et donc, d'une part, la politique de Stéphane Le Foll et d'autre part, les choix qui vont être faits
03:46et les choix qu'on peut laisser, qui vont apparaître très prochainement
03:53concernant la politique agricole. Est ce que ça va être de bons signaux pour la polyculture
04:00et pour l'élevage bovin, bovin, viande et élevage laitier?
04:06Alors, la question maintenant, c'est jusqu'où on est cohérent?
04:10C'est à dire que si on veut faire un transfert de fonds publics,
04:13il y a forcément des gens qui ont moins. Donc, après, c'est tout le courage du politique,
04:21à la fois de poursuivre les objectifs clairs, ce qui s'embête le cas et d'aller au bout de la décision.
04:28On est dans un contexte céréalier, de marché céréalier sur les 10 prochaines années,
04:34clairement favorable. Il y aura bien sûr des périodes où on va baisser un peu,
04:37mais globalement, on est favorable. Idem, d'ailleurs, en production laitière.
04:42Et qu'est ce qui se passe aujourd'hui en mettant des cultures dans beaucoup de territoires?
04:46On augmente considérablement nos coûts de production.
04:50Donc, on a aujourd'hui des producteurs qui, à 160 ou 170 euros tonne de prix de vente,
04:55ne sont pas rentables. Et ça, ce n'est pas normal.
04:57Un producteur qui n'est pas rentable à 140 ou 150 euros de tonne en céréales.
05:04Aujourd'hui, il ne faut pas orienter les soutiens publics pour que des producteurs
05:11soient rentables à 170, 180 ou 190 euros tonne. Donc, il faut les transférer.
05:16De même, en situation d'élevage, il faut qu'on soutienne l'élevage,
05:21mais qu'en même temps, on lui permette, et c'est là la cohérence de la politique,
05:24de s'adapter. Il faut, pour être rentable aujourd'hui, être comme avoir un prix
05:28d'équilibre au litre de lait à 320, 330 euros tonne.
05:33Si on est à 400 euros tonne, ça n'a pas de sens dans la compétitivité d'aujourd'hui.
05:38Donc, il faut soutenir la production, lui permettre de s'orienter,
05:43mais pas de la mettre sous perfusion. Et dernier élément sur la viande bovine.
05:47C'est un des éléments de réflexion tout de suite sur la politique qui est menée.
05:51C'est qu'on va favoriser fortement l'élevage extensif.
05:56Et en fait, on soutient non pas la production de viande bovine avec la prime,
06:00la vache à laitante. C'est une imposture de dire qu'on soutient la production de viande bovine.
06:03On soutient les vaches. La production de viande bovine,
06:07aujourd'hui, nos broutards sont exportés. Elle est faite dans la plaine du Pau.
06:11Et ça, ça ne crée pas de valeur chez nous. Donc, on ferait mieux de soutenir
06:15non pas les vaches, mais les kilos de viande. Et là, on soutient la production.
06:19Et malheureusement, ce n'est pas un choix.
06:20Je ne crois pas que ce soit. Je ne suis pas du tout dans les secrets des dieux,
06:23mais quand on regarde, on a là vraisemblablement une situation d'incohérence.
06:27Et donc, revenir sur une prime plus forte aux hectares dans la mesure où ces
06:31hectares sont porteurs de cultures fourragères permettrait d'équilibrer
06:35à peu près les choses pour les zones intensives.
06:37Jean-Marie Saloni, merci beaucoup.

Recommandations