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Marché de la viande bovine

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00:00Bonjour et bienvenue à tous sur webagri.fr. On va faire un point ensemble sur la conjoncture de la filière viande bovine.
00:13J'ai avec moi Jean-Paul Simier. Bonjour.
00:15Bonjour.
00:16Vous êtes directeur agriculture et agroalimentaire à Bretagne Développement Innovation.
00:20Alors comment vous analysez la conjoncture, un petit peu difficile quand même, de la filière viande bovine française ?
00:27D'abord je voulais signer un paradoxe. Le marché de la viande bovine dans le monde l'année dernière a été très bon,
00:32voire avec des records de prix inégalés, notamment aux Etats-Unis. On a eu des augmentations de prix de 20-25%.
00:38Je m'arrête là. On a eu très fortement ce marché international qui tranche totalement avec la morosité du marché européen.
00:46Alors si on revient au marché européen, le marché de la viande bovine c'est un marché relativement stable finalement,
00:52puisque l'Europe produit globalement 7 millions de tonnes par an. Elle en produit moins qu'il y a 10 ou 15 ans,
00:59puisqu'on n'a pas bougé en termes de production par rapport à une Europe qui ne constate que 15 pays.
01:03On est toujours à 7 millions de tonnes face à une consommation qui stagne, voire qui régresse, sauf pour les produits élaborés,
01:09notamment le steak haché. Donc c'est une conjoncture difficile, une offre stable face à une consommation qui stagne, voire qui régresse.
01:19Alors après, à l'intérieur de ça, il y a plusieurs types de viande bovine. Il y a des viandes bovines, parce qu'on parle toujours de la viande bovine,
01:25mais il faut reparler des viandes bovines. Sur le marché français, la première viande consommée, c'est une viande issue du troupeau laitier.
01:3040% de la consommation, c'est du steak haché, essentiellement de la vache de réforme et de la viande issue du troupeau laitier.
01:37Pourquoi ? Tout simplement parce que c'est une viande pas chère, 10 euros environ à la consommation dans la grande surface,
01:44et surtout, en plus, une viande produit élaboré. Et puis, vous avez une viande de meilleure qualité, bouchère, de qualité bouchère,
01:53avec des différents morceaux et qui a des prix beaucoup plus élevés, 20, 25 euros le kilo.
01:57Évidemment, c'est celle-là qui souffre aujourd'hui, parce que pouvoir d'achat, récession économique depuis 2008.
02:02Il est évident qu'elle est soumise directement à la concurrence par les prix, non seulement du steak haché, mais surtout des autres viandes, voire d'autres produits.
02:10C'est un élément structurel du marché. En plus, on pourrait ajouter la viande de veau, etc.
02:17Et puis, il y a l'exportation. L'exportation de viande, proprement dit, notamment vers l'Italie ou vers la Grèce, pour des produits de moindre qualité,
02:25ou la Turquie. Et puis, l'exportation de bovine. Autrement dit, le marché de la viande bovine, c'est un marché des viandes bovines.
02:34Effectivement, on avait connu, en termes de conjoncture, sur les 10 dernières années, une bonne conjoncture jusqu'en 2013.
02:40On a quand même eu des prix qui ont augmenté entre 2010 et 2013 de 33% sur la viande bovine en Europe.
02:46Ce qui était relativement bon, supérieur à l'inflation, 3% par an. Et malheureusement, depuis 2013-2014, les prix ont fortement chuté d'environ 10%.
02:54Et face à l'augmentation des charges, il est évident que pour les producteurs, c'est assez difficile.
03:00– Vous me parliez, en préparant cette émission, que la filière doit se poser la question de l'engrassement.
03:06Aujourd'hui, sur la question des coûts de l'engrassement.
03:09– Voilà, tout à fait. La filière doit se poser des questions à plusieurs niveaux.
03:12D'abord, si je reviens sur la consommation, donc la concurrence par les prix et les différentes viandes,
03:18sur la qualité des produits, surtout sur leur valorisation.
03:22Je pense qu'avant de diminuer les coûts de production, une des meilleures issues pour le producteur et pour l'ensemble de la filière,
03:28c'est d'essayer de mieux valoriser les produits.
03:30Alors, je vous ai cité l'exemple du bœuf angus écossais, qui arrive aujourd'hui dans certaines boucheries ou certains magasins en France.
03:38On voit bien que ce n'est pas une question de prix, parce qu'il est relativement cher,
03:40mais c'est plus une question de valorisation et d'attractivité du produit par un phénomène de marketing, de différenciation.
03:46Et j'allais dire, la viande bovine française, même si elle a fait beaucoup d'efforts,
03:49il y a énormément d'efforts de faits de la part de l'interprofession depuis très longtemps,
03:52le centre d'information des viandes, etc.
03:54Il y a peut-être encore aujourd'hui, de nouveau, à se poser des questions sur le marketing des viandes,
03:57notamment des viandes les plus chères, face à ces nouvelles viandes ou des bovines ou autres.
04:02Alors ça, c'est l'élément consommation.
04:05Mais vous prenez l'exemple de la viande angus, par exemple.
04:08Ça veut dire que la filière française n'a pas su prendre ce créneau-là, par exemple ?
04:14Non, je ne dis pas ça. Elle a fait un très bon travail.
04:16Il y a des très bonnes races à viande en France, un très bon troupeau, une très bonne condition de production.
04:20Simplement, la concurrence est là. Elle existe.
04:23Et il y a d'autres producteurs, notamment européens, qui arrivent avec aussi des produits.
04:26Et c'est le jeu de la concurrence.
04:27Et simplement, je pense qu'on ne peut pas vendre une viande chère,
04:30parce que la viande de race bouchère sur des morceaux de qualité est chère,
04:34relativement à d'autres produits, à d'autres viandes.
04:36Et donc, il faut absolument, effectivement, marketer peut-être encore davantage cette viande qu'aujourd'hui.
04:41C'est tout ce que je dis.
04:42Donc ça, c'est la meilleure issue pour les producteurs.
04:45Pour regagner du prix, c'est quand même créer de la valeur dans le système de distribution.
04:50Alors, c'est le marketing, mais c'est aussi les circuits de distribution.
04:52C'est peut-être travailler encore plus de main avec les bouchers détaillants,
04:55qui valorisent très bien les produits de l'élevage français.
04:59Donc, c'est tout ça qu'on peut faire.
05:00C'est aussi des produits peut-être plus élaborés.
05:02Alors là aussi, loin de moi l'idée de dire qu'il n'y a rien qui a été fait.
05:05Au contraire, il y a énormément de choses qui ont été faites.
05:06Il y a aujourd'hui des très grandes marques en France dans la viande bovine qui n'existaient pas il y a 20 ans.
05:10On pourrait les citer, mais il y en a plusieurs.
05:13Il y a quand même un gros, gros travail de marketing qui a été fait aussi sur des produits de grande consommation en GMS,
05:18d'unités de vente consommateurs, du VC, de produits emballés qu'on connaît bien.
05:23Les pubs partent régulièrement sur les ondes, notamment télé.
05:28Donc, il y a eu un gros, gros travail de fait.
05:30Mais il faut encore, à mon avis, le faire davantage.
05:33Alors, pour revenir sur votre question sur les coûts de production et sur l'engraissement.
05:37Le coût de production, c'est classique.
05:39L'engraissement, effectivement, il y a une question structurelle qui se pose à la filière viande bovine française depuis très longtemps.
05:44Moi, j'étudie cette filière depuis très longtemps maintenant.
05:48C'était déjà vrai dans les années 80, 90.
05:51C'est la question de, est-ce qu'on s'arrête au naissage, donc au commerce de broutards ?
05:57Je rappelle qu'aujourd'hui, on a 4 millions de vaches allaitantes en France.
06:00Donc, près d'un million de broutards qui partent à l'étranger.
06:03Compte tenu de la fragilité de ces marchés, notamment en Italie ou en Grèce ou ailleurs.
06:08En Espagne, surtout.
06:09Est-ce qu'on ne peut pas se poser la question de reconsolider une filière d'engraissement ?
06:13Sur la base de contractualisation, il y a un grand groupe français industriel bien connu parmi les leaders
06:18qui est en train de faire un projet en creuse avec une quarantaine d'éleveurs
06:22pour engraisser des broutards dans un centre commun d'engraissement.
06:251400 têtes par an.
06:27Ça, c'est une bonne réponse ?
06:29Oui, c'est une réponse d'abord de sécurisation pour les éleveurs.
06:32Parce qu'il y a une incertitude quand même sur l'issue du marché du broutard à terme.
06:36Compte tenu en plus des évolutions des règles de la politique agricole commune.
06:39Bon, c'est très trop long à expliquer là.
06:41Mais en gros, on est quand même le seul pays qui a fortement recouplé sur la viande bovine.
06:45Alors que beaucoup d'autres ont recouplé sur l'engraissement ou pas recouplé du tout.
06:48Donc, c'est clair qu'il faut sécuriser davantage par l'engraissement peut-être notre filière bovine.
06:54Et puis aussi en travaillant sur la traçabilité des produits dans la filière.
07:00Vous avez parlé aussi en préparant cette émission de filets de sécurité.
07:05Ça veut dire que la segmentation, c'est une chose. Il faut davantage travailler la segmentation.
07:10Mais il faut aussi consolider des filets de sécurité pour la filière.
07:14Oui, on peut avoir le même raisonnement que dans le lait dont on a parlé tout à l'heure.
07:17C'est-à-dire qu'il y a des réponses à plusieurs niveaux.
07:20Il y a encore ce qui s'appelle aujourd'hui une politique agricole commune.
07:23Et qui avait encore des instruments de gestion de marché.
07:27Certes, beaucoup affaibli depuis les dernières réformes et qui existent encore.
07:30Notamment dans le secteur de la viande bovine.
07:32La secteur de la viande bovine avait notamment été éligible au système de l'intervention.
07:36Il le reste. Simplement en cas de crise aujourd'hui ou à niveau très bas.
07:40Mais ça, c'est quand même des instruments sur lesquels on peut agir.
07:44Effectivement, on est dans une situation très difficile.
07:46Pour l'instant, ce n'est pas évoqué dans les discussions à Bruxelles.
07:49On parle surtout du lait et du porc.
07:51Mais demain, peut-être, ça pourrait être un niveau d'instrument qui pourrait être davantage utilisé.
07:55Et puis après, c'est ce qu'on disait. C'est la contractualisation au niveau des filières.
07:59C'est ce qu'on évoquait précédemment.
08:01Et puis aussi le travail sur à la fois les prix de vente par la valorisation du produit et le travail sur les charges.
08:08Compte tenu des investissements très importants qu'on a dans cette filière et des faibles rotations de capitaux.
08:14Compte tenu de la longueur du cycle de production.
08:17Jean-Paul Simier, merci beaucoup.
08:18Merci.
08:19Et je vous invite à retrouver d'autres analyses sur la filière viande bovine sur webagri.fr

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