Viandes et produits laitiers
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00:00OK.
00:08Jean-Paul Simier, bonjour.
00:09Vous êtes directeur du pôle alimentaire
00:12aux Bretagnes Développement Innovation...
00:15Industrie, pardon.
00:16Non, Innovation.
00:18AREN.
00:19Je vous invite parce que vous avez été témoin de l'essor
00:22des besoins en produits agricoles et agroalimentaires en Chine
00:26lors de la visite de l'équilibrement du space
00:29de Rennes que vous avez visité en Chine
00:33et d'un salon agroalimentaire équivalent au Ciel en France.
00:37À cette période de croissance molle en France
00:41et d'embargo russe,
00:43qui est un petit peu vu comme vraiment une catastrophe
00:48pour les exportations agroalimentaires,
00:51quel autre regard portez-vous
00:54sur l'essor et le développement
00:57des exportations agroalimentaires françaises
01:00par rapport à ce que vous avez observé en Chine
01:02sur les besoins de ce pays,
01:03qui est le 1er pays mondial en termes de population
01:07et de consommation de produits agricoles et alimentaires ?
01:10Oui, effectivement.
01:14Si on fait une analyse économique de la Chine,
01:17c'est le plus grand pays du monde,
01:19où il y a 1,4 milliard d'habitants,
01:21qui est finalement revenu dans le monde marchand
01:25assez tardivement.
01:27L'ouverture de la Chine économique, ça date seulement de 35 ans.
01:30Et en particulier, tout cela s'est accéléré
01:32avec l'adhésion de la Chine à l'OMC en 2001,
01:34c'est-à-dire il y a plus de 10 ans.
01:36Et on a vu la Chine devenir le 1er atelier du monde industriel,
01:391re manufacture du monde.
01:41Et donc, avec ce développement économique,
01:43la Chine revient au 1er plan aussi alimentaire.
01:45Alors la Chine agricole,
01:49c'est à l'image et à la taille de la Chine.
01:52C'est-à-dire qu'il faut nourrir 1,4 milliard d'habitants.
01:56Sauf, le dilemme est très simple pour les Chinois,
01:59ils n'ont que...
02:00Pour 22% de la population mondiale,
02:02ils n'ont que 9% des terres cultivables.
02:03Donc, de toute façon, ils sont obligés
02:06d'aller chercher ailleurs une partie de leur alimentation.
02:09Ca, c'est le 1er point.
02:10En plus, il y a 2 phénomènes...
02:12C'est une alimentation de qualité que tu ne trouves pas en même temps.
02:14Voilà. Et puis, il y a 2 phénomènes
02:16qui sont en train d'accentuer ce 1er point.
02:18Donc, une demande alimentaire supérieure
02:20aux capacités de production interne à la Chine,
02:23qui est un vieux problème pour la Chine,
02:25qui est le développement économique.
02:26Avec ce développement de la croissance économique en Chine,
02:28les Chinois changent de régime alimentaire,
02:30notamment lorsque...
02:32Avec les classes moyennes.
02:33Les classes moyennes qui accèdent à des revenus supérieurs
02:37à environ 10 000 $ par an.
02:38Et par habitant, ils se mettent à manger plus de protéines
02:41et en particulier plus de protéines animales, lait et viande.
02:44Ca, c'est le 1er point.
02:45Donc, augmentation de la consommation
02:47et de la nature de la consommation.
02:48Et puis, le 2e phénomène aussi qui est très impressionnant
02:51lorsqu'on visite la Chine, c'est l'urbanisation de la Chine.
02:54J'appelle qu'aujourd'hui, la Chine est un pays
02:55qui est devenu majoritairement urbain depuis 2011.
02:59Donc, vous avez des très grandes villes, des mégalopoles.
03:01Il y a déjà plus d'une centaine de villes aujourd'hui en Chine
03:03qui en font plus d'un million d'habitants.
03:05Et ces gens-là changent totalement aussi leur mode alimentaire
03:08parce qu'ils accèdent à des modes de distribution moderne.
03:11On peut parler de Carrefour, par exemple,
03:13une entreprise de la distribution française
03:15qui est très présente en Chine, dans les grandes villes de Chine,
03:17mais aussi, évidemment, McDonald's, KFC, etc.,
03:20qui sont des enseignes qui développent une alimentation,
03:23je dirais, à l'occidentale
03:25qui était totalement reconnue en Chine il y a 30 ans.
03:28Alors, dans ce contexte,
03:30quels sont les traîneaux
03:33que l'industrie alimentaire française
03:35et agroalimentaire française et agricole française
03:37peut prendre pour satisfaire la demande chinoise
03:41et nous, pour développer des échanges
03:45qui sont saturés en Europe ?
03:48Effectivement.
03:49La Chine ne pourra pas se venir à tous ses besoins par elle-même.
03:52Elle est obligée d'importer.
03:53Elle loue éventuellement aussi des terres à l'étranger.
03:55Elle fait des investissements à l'étranger.
03:58Moi, je vois 3 types de collaborations et d'opportunités
04:01pour les entreprises agroalimentaires et agricoles,
04:04notamment de l'ouest de la France, de Bretagne,
04:05comme celles qui sont présentes ici, au SPAS.
04:08C'est d'abord vendre des produits, c'est le plus immédiat.
04:11C'est la fameuse poudre de lait.
04:14Les Chinois, aujourd'hui, sont les 1ers acheteurs mondiaux
04:16de poudre de lait infantile pour les bébés.
04:19Et en particulier, on fait dans l'ouest
04:21pas mal de poudre aujourd'hui pour la Chine,
04:23ici, en Bretagne, notamment,
04:24mais pas seulement, aussi en Normandie,
04:26dans tout l'ouest de la France.
04:28De la viande, parce que même si les Chinois
04:30sont parmi les 1ers producteurs de viande au monde,
04:32je rappelle qu'on produit 30% de la viande mondiale en Chine.
04:36Notamment, ils sont très forts dans le domaine du porc,
04:38puisqu'ils font 1 porc sur 2 et produisent en Chine.
04:40Mais malgré cela, ça ne suffit pas.
04:42Et donc, ils sont obligés d'importer de la viande.
04:44Les Chinois, ils sont 4e importateur
04:47de viande de porc et de volaille.
04:49Et ils sont déjà 3e importateur de viande bovine.
04:53Et chose plus étonnante, ils sont devenus
04:552e importateur de viande bovine.
04:57Donc ça, c'est la...
04:58Alors, sans parler du blé, par exemple.
05:00Ils étaient, l'année dernière, 2e importateur de blé,
05:031er importateur de soja.
05:05Donc ils sont aussi des concurrents potentiels
05:06pour les matières premières végétales.
05:08Alors ça, c'est le 1er point, donc les marchandises alimentaires.
05:11Le 2e point, c'est la vente de technologies.
05:14Et là, il y a beaucoup d'entreprises
05:16qui sont ici présentes au SPAS
05:18qui sont déjà présentes en Chine ou qui pourraient l'être.
05:22Donc les Chinois sont en train, notamment dans le domaine
05:25de l'élevage, de totalement transformer leur élevage.
05:27D'une agriculture familiale,
05:29de petite agriculture de subsistance,
05:31on dit qu'il y a encore plus de 200 millions d'éleveurs en Chine
05:34et qu'il en restera quelques dizaines de milliers dans 20 ans.
05:37On est en train de passer à des élevages de grande taille,
05:40plusieurs milliers de truies, plusieurs milliers de vaches.
05:43Et donc, effectivement, sous l'effet d'un plan chinois
05:46très bien organisé, gouvernemental.
05:49Et donc, pour cela, il faut vendre du matériel,
05:51des étapes, des porcheries, de la génétique.
05:53Alors très bien, mais dans ce contexte-là,
05:56vous avez aussi la France qui peut faire valoriser
05:58la qualité des produits et rendre marchande.
06:01C'était une contrainte chinoise.
06:02Il y a une qualité très enviable par les Chinois.
06:05Oui, tout à fait. Alors je reviens sur le 1er point.
06:07Effectivement, non seulement ils sont acheteurs
06:10en quantité de poudre de lait ou de viande,
06:12d'abord des produits plutôt pas chers.
06:14Par exemple, dans la viande porcine,
06:15aujourd'hui, ils importent plutôt des abats,
06:17des queues ou des oreilles.
06:19Ca, c'était le début du commerce.
06:21Mais demain, ils achèteront de la viande plus noble,
06:25voire de la charcuterie.
06:26Je rappelle que la France vient de tenir l'agrément
06:28pour plusieurs entreprises de charcuterie
06:30alors qu'elle ne l'avait pas encore en début d'année pour la Chine.
06:33Donc c'est un marché d'opportunités.
06:35Et donc, là, je dirais aussi l'image de marque de la France,
06:37de la qualité gastronomique de la France,
06:39de la qualité culinaire.
06:42Il y a plusieurs choses. Il y a, d'une part,
06:43l'image de la sécurité alimentaire.
06:45C'est donc l'exemple qu'on prend toujours,
06:47mais qui est totalement vrai,
06:49de la poudre de lait pour les bébés.
06:50Les mamans chinoises n'ont plus confiance
06:52dans la poudre de lait chinoise,
06:53donc elles préfèrent acheter de la poudre de lait étrangère.
06:55Et par exemple, Made in France,
06:57j'ai très bien vu au Sial de Shanghai,
06:59le Made in France sur la poudre de lait se vend très bien,
07:02comme le Made in Europe, d'une façon générale.
07:04Et les consommateurs cherchent le Made in France
07:06parce que sécurité alimentaire.
07:08Et puis, à mon avis, le cran d'après,
07:09ça sera peut-être l'image de marque,
07:11un certain raffinement sur les produits.
07:13Alors, on a aujourd'hui ça sur le vin et le champagne,
07:15mais on aura peut-être ça demain sur la charcuterie
07:17ou sur des produits, des viandes ou des produits de ce type-là.
07:20Alors, quels conseils vous pourriez donner aux entreprises
07:23pour contrôler davantage la Chine
07:25et donc un peu moins se larmonier sur la situation en France
07:31dont ils n'arrivent pas à sortir, quelquefois,
07:34pour accroître leur chiffre d'affaires ?
07:36Il faut d'abord bien imaginer que, vu l'échelle de la Chine
07:40et de l'ampleur de son défi alimentaire,
07:42c'est un marché important et pour très longtemps.
07:46Et c'est pas demain la veille que la Chine
07:47va pouvoir auto-subvenir à ses besoins.
07:49Donc elle est acheteuse et de produits et de technologies
07:52pendant des années, donc il y a beaucoup d'opportunités.
07:55En revanche, la Chine, c'est très grand, c'est immense.
07:59Et je pense qu'il faut que les entreprises s'organisent,
08:02qu'ils n'y aillent pas seulement individuellement,
08:05mais de façon collective.
08:07Et ça, c'est le travail qu'essayent de faire à la fois
08:10les autorités françaises au niveau national,
08:12mais aussi au niveau régional, ce que nous faisons, nous,
08:15en Bretagne, c'est essayer de faire en sorte...
08:17C'est pour ça que j'étais en Chine, d'ailleurs,
08:18aussi bien au Sial à Shanghai qu'au Cahay à Tsingtao,
08:23c'est de faire en sorte que les entreprises y aillent
08:25de façon groupée, coordonnée,
08:28parce que là, on a affaire à des marchés très importants.
08:31Très bien. Merci bien.
08:32Merci.