Lettre de Emmanuel Macron - Aux législatives «son propre parti a subi une énorme défaite» affirme Jean-Christophe Cambadélis

  • il y a 3 mois

Tous les soirs à 19h15, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, Jean-Christophe Cambadélis, ancien Premier secrétaire du PS, président de "Nouvelle Société".
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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Transcription
00:00Jusqu'à 21h Europe 1 Soir, première partie et cette lettre aux Français, chères Françaises, chers Français, écrit Emmanuel Macron.
00:13Je salue cette mobilisation, signe de la vitalité de notre République.
00:18Il demande une coalition, un dialogue sincère et loyal, pour bâtir une majorité solide, au-delà des ambitions, au-delà des partis.
00:29Je déciderai ensuite de la nomination du Premier Ministre, cet esprit de dépassement que j'ai toujours appelé de mes voeux.
00:37J'appelle à une invention d'une nouvelle culture politique française.
00:42Bonsoir Jean-Christophe Cambadélis.
00:44Bonsoir.
00:44On va essayer d'y voir plus clair avec vous, si vous le voulez bien, avec Louis Dragnel que je salue également.
00:50Bonsoir Pierre.
00:52Chef du service politique d'Europe 1 et Catherine Day, bonsoir Catherine.
00:54Bonsoir Pierre.
00:55Cette lettre du Président qui est restée muet depuis le second tour, comment vous l'avez, j'allais dire, réceptionnée ?
01:02Bien, d'abord c'est une lettre tardive, c'est juste avant de s'envoler pour l'OTAN, il ne pouvait pas ne rien dire car à l'étranger on lui aurait posé un certain nombre de questions.
01:17Mais c'est ponce pilate, je vous ai mis dans la difficulté, le pays a failli avoir un gouvernement d'extrême droite, il y a eu un front républicain où les gens ont voté pour des députés dont ils ne partageaient rien.
01:34Aujourd'hui il n'y a pas de majorité, mais surtout, rassemblez-vous, inventez une nouvelle culture.
01:42Donc je pense que c'est se laver les mains de la situation.
01:46Il fallait avoir le courage de reconnaître qu'il y avait le nouveau Front Populaire en tête et leur demander de trouver une équation qui dépasse leur propre camp.
01:58Donc vous êtes d'accord avec Jean-Luc Mélenchon qui dit que le Président refuse de reconnaître le résultat des urnes qui a placé le nouveau Front Populaire en tête des votes et des sièges à l'Assemblée,
02:08c'est le retour du droit de veto royal sur le suffrage universel.
02:13C'est du Jean-Luc Mélenchon, mais on constate que le Président de la République ne veut pas reconnaître.
02:19Mais pourquoi il ne veut pas reconnaître ? C'est ça qui est intéressant.
02:21Il ne veut pas reconnaître parce que son propre parti a subi une énorme défaite.
02:25Quand même, on devrait entendre qu'il a perdu plus de 100 parlementaires, c'est une saignée.
02:32Et il n'a pas fait ça pour perdre des parlementaires.
02:36Il a fait ça pour en gagner, pour avoir une majorité absolue.
02:41Donc il faut quand même en tirer un bilan.
02:44Le premier tour était quand même un référendum pour ou contre le Président de la République, si le deuxième tour a été un référendum pour ou contre le Rassemblement National.
02:55Vous dites qu'il aurait dû prendre quelqu'un du nouveau Front Populaire pour diriger le pays, mais encore faudrait-il s'entendre dans le nouveau Front Populaire ?
03:05Souvenez-vous, le 9 septembre 2023, ici même, dans ce studio, vous appeliez Olivier Faure à écouter.
03:14C'est le moment où jamais, je ne comprends pas la position d'Olivier Faure, réunissons toute la famille,
03:21fenons venir tous les prescripteurs politiques autour et dans le Parti Socialiste, et essayons de remettre le Parti Socialiste à sa place, c'est-à-dire la première, en dépassant les 10, 12, 13, 14, 15 % dans cette élection.
03:40Merci Jean-Christophe Cambadélis, en espérant qu'Olivier Faure nous a entendus dans cet entretien.
03:44Écoute-moi, Olivier.
03:45Écoute-moi, Olivier. C'était il y a presque un an qu'il vous a écouté ?
03:50Il a fini par m'écouter, il s'est affirmé.
03:51Il s'est affirmé, mais il y a encore l'LFI qui est là.
03:55Il s'est affirmé, mais maintenant il faut qu'il s'émancipe.
03:58Catherine Ney.
03:59Oui, parce que c'était le soir de l'élection, à 20h, on avait les résultats, la gauche en tête, et puis à 20h05, Jean-Luc Mélenchon arrivait,
04:10demandait ordonner au président de l'appeler, en quelque sorte à Matignon, pour ne faire que le programme, rien que le programme, donc absolument hostile au compromis.
04:19Alors, expliquez-nous ce que veut exactement Jean-Luc Mélenchon, aujourd'hui ?
04:26C'est quoi ? Parce qu'il a un projet personnel à long terme, un projet politique, il veut quoi ?
04:33Jean-Luc Mélenchon veut être au deuxième tour de l'élection présidentielle face à Marine Le Pen.
04:37Donc il fait tout pour cela.
04:39Et être un moment où un temps Premier ministre participe de l'installation de Jean-Luc Mélenchon dans la gauche, pour pouvoir après profiter du front républicain qui a fonctionné lors des élections législatives.
04:54Qui t'a piétiné ses amis de gauche, et en l'occurrence les socialistes, les communistes, les écologistes ?
04:59Il ne s'embarrasse pas de cela, il est au-dessus de toutes ces contingences matérielles.
05:03Ça va mieux en le disant, on va peut-être le...
05:05Aujourd'hui, il estime qu'entre lui et Marine Le Pen, d'ailleurs Marine Le Pen pense la même chose, entre lui et Marine Le Pen, il n'y a rien.
05:13Il n'y a qu'une poussière de personnalité, plus ou moins affolée, qui court dans tous les sens, et que lui, il est le pilier de la République à défendre.
05:25Donc coalition à gauche impossible avec LFI.
05:27Donc c'est LFI d'un côté, avec Mélenchon, et d'ailleurs certains sont sortis de LFI, je parle de Corbière, Garrido, Simonet, etc.
05:35Et puis une coalition possible entre les socialistes, les frondeurs de LFI, et les écologistes, qui d'autre ?
05:42Est-ce que ça va tenir, ou est-ce qu'il faut prendre justement exemple sur ce que dit le Président en disant qu'il faut aller jusqu'à la droite républicaine ?
05:50Très difficile, très difficile.
05:52C'est la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui, c'est-à-dire qu'on n'arrive pas trop à voir comment les coalitions peuvent se constituer.
05:59Mais je reviens au Président de la République pour expliquer ma position.
06:02Le Président de la République dit, rassemblez-vous, et pendant ce temps-là, on sait, aujourd'hui, que de l'Elysée, on discute avec la droite.
06:12Donc il y a un accord ensemble.
06:14Et avec la réalité de Gérald Darmanin.
06:16Avec personne dans la gauche.
06:18Ah si, il y a des discussions à gauche.
06:21Non, non, mais ce n'est pas des discussions avec des personnalités qui sont, comme prescripteur, comme je le disais, il y a un an.
06:30Non, on discute avec telle ou telle personnalité pour essayer de les ramener.
06:37On fait son marché, on va dire, il n'y a pas de discussion.
06:41Parce que la culture de la coalition, c'est la culture de discussion, de formation politique, pas du débauchage.
06:46C'est là ce que ne comprend pas le Président de la République.
06:48Mais bon, le Président de la République, au moins qu'il dit quelque chose de juste, c'est qu'il y avait un front républicain qui s'est constitué.
06:58Et par ailleurs, il sait qu'il y a ce front républicain, il en joue pour dire que le vote du deuxième tour n'est pas un vote d'adhésion.
07:06C'est un vote de décistement.
07:09Mais en même temps, il est en train de préparer une alliance avec la droite pour essayer de trouver une majorité.
07:19Et on le verra le 18 juillet dans la répartition des postes.
07:23C'est de la discussion, là je peux vous le dire, en ce moment entre Ensemble et la droite.
07:30Donc, on s'apprête à remettre en cause l'esprit du deuxième tour.
07:37Et par exemple, si Mme Braun-Pivet, la sortante, serait élue, ça voudrait dire quoi selon vous ?
07:43Si elle est élue avec les voix de LR, cela veut dire qu'il y a potentiellement une majorité qui ne serait pas celle du Nouveau Front Populaire.
07:51C'est ça que veut le Président. C'est avoir la démonstration le 18 juillet qu'il y a autre chose que le Nouveau Front Populaire.
07:57C'est pour ça qu'il ne reconnaît pas sa défaite et qu'il ne l'appelle pas le Nouveau Front Populaire à former quelque chose.
08:02Mais je vais jusqu'au bout de mon raisonnement. Le Président est en train de préparer la trahison du deuxième tour de l'élection présidentielle
08:09en ne prenant pas en compte ce Front Républicain, mais il peut le faire à cause de Mélenchon.
08:17Parce que Mélenchon ne veut pas de Front Républicain. Il veut, comme vous l'avez indiqué, le Nouveau Front Populaire, rien que le Nouveau Front Populaire, tout le Front Populaire.
08:28C'est-à-dire qu'il interdit une équation politique gagnante.
08:33Donc ce que vous dites, c'est que Jean-Luc Mélenchon, pardon de vous interrompre, ne veut pas le pouvoir.
08:38Oui, mais il veut le pouvoir.
08:40A cause de son intransigeance.
08:42Non, non, non.
08:43Pas tout de suite, je parle d'aujourd'hui là.
08:44Non, non.
08:45Peut-être pas le devant en 2020.
08:46Il veut le pouvoir, mais il ne veut pas être dans une coalition qui le minorerait.
08:54Je suis d'accord avec vous, mais s'il ne veut pas cette équation de la coalition qui le minorerait, de fait, il n'y a pas d'autre possibilité.
09:02Donc il est conscient qu'en ayant cette rigidité-là, il ne peut pas arriver à Matignon, il ne peut pas proposer un gouvernement à Emmanuel Macron.
09:11Je ne suis pas dans les négociations, malheureusement.
09:13Non, mais vous connaissez ça par cœur.
09:15Je connais ça par cœur et je n'aurais pas commencé par le Premier Ministre.
09:19J'aurais commencé par la présidence de l'Assemblée.
09:22Parce que sachant que le 18, le Président attend le fait que le nouveau Front populaire sur son candidat soit minoritaire par rapport à une autre équation, il a là le prétexte de ne pas.
09:36Et donc il fallait penser d'abord parlementaire puisqu'on est parlementaire et qu'on nous dit qu'il faut réfléchir en tant que parlementaire dans une nouvelle culture politique de parlementaire.
09:44Donc la question, c'était la présidence.
09:45Il fallait savoir qui pouvait avoir quelle était la candidature qui permettait d'aller au-delà du nouveau Front populaire.
09:52Et selon vous, pourquoi ce n'est pas ce choix-là qui a été privilégié par le nouveau Front populaire ?
09:56Tout simplement, toujours pareil.
09:57Parce que rien que le Front populaire, que le Front populaire.
10:00Mais bien sûr, c'est la position.
10:02Ce n'est pas une question de méthode, c'est une question de fond.
10:04Non, mais bien sûr, parce que Jean-Luc Mélenchon veut être Premier Ministre sur ce périmètre-là.
10:12Il ne veut pas être Premier Ministre dans un Front républicain.
10:15Et il veut pouvoir être battu sur des questions de principe qu'il lui permettrait après de continuer à prospérer, le pense-t-il.
10:26Donc là-dedans, c'est sympathique, mais ça ne répond pas aux problèmes des Français,
10:31qui sont des problèmes d'insécurité, des problèmes de salaire, des problèmes de pouvoir d'achat, des problèmes de l'école et ainsi de suite.
10:40Oui, je perdais un peu la question que je voulais vous poser.
10:44Mais quand Mélenchon arrive en premier à 20h05, il imite Bardella qui vainqueur des Européennes,
10:52a parlé de premier et a dit je demande au Président d'organiser des élections législatives.
10:56Et le Président lui dit, un quart d'heure après, Banco dit solution.
11:01Là, en apparaissant le premier, en partant le premier, ça lui permet d'être un dictateur qui ordonne.
11:08Enfin, il commandait au Président de l'appeler lui, parce qu'il se vivait comme le grand gagnant de cette...
11:16Je ne sais pas si c'est dictatorial d'aller à un micro pour dire on a gagné les élections, il faut nous appeler.
11:23Rien que le truc que ça...
11:25Bien sûr, mais en disant ça, il fixe un périmètre qui est, non pas la victoire,
11:32il fixe un périmètre qui empêche d'aller au Front républicain.
11:36Donc, conclusion, parce que le temps nous manque Jean-Christophe Cambadélis,
11:39et sachant que Laurent Wauquiez est de l'autre côté, de la droite,
11:43il a dit ne participerons pas à des coalitions gouvernementales.
11:46On est d'accord pour un pacte législatif, donc une majorité de textes comme il y avait eu sous Mme Borne,
11:51mais pas de coalitions gouvernementales.
11:53Donc, conclusion, vous avec les forces politiques qui vous tiennent à cœur et les socialistes, comment on fait dans tout ça ?
12:00On cherche à imposer à la fois un Premier ministre qui soit socialiste...
12:06Mais ça va marcher ça ?
12:08Regardez, on est obligé de rentrer dans les mécaniques,
12:11mais s'il y a un pacte législatif avec LR,
12:15cela veut dire que le Premier ministre procédera de ce pacte législatif.
12:20Donc, de fait, c'est un habillage de l'alliance avec LR.
12:24Wauquiez, pour des raisons qu'on peut comprendre, ne veut pas rentrer dans le système,
12:28mais il ne veut pas non plus en être exclu.
12:32Donc, à ce moment-là, vous avez une nouvelle équation.
12:34Vous avez l'équation Ensemble plus LR qui a sa correspondance au Sénat,
12:40ce qui n'est pas rien pour le président de la République, pour le travail parlementaire.
12:45Et donc, à partir de là, ça va bouger à l'intérieur d'Ensemble.
12:50Vous allez avoir des gens qui ne vont pas suivre cette orientation.
12:54Donc, la question du nouveau front populaire, acteur d'un nouveau front républicain, est toujours posée.
13:02Merci beaucoup Jean-Christophe Cambadélis de nous avoir éclairé sur cette situation
13:06qui est bien plus difficile, je pense, que d'autres le pensaient.

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