Dimanche, à l'issu du second tour du scrutin législatif, 143 députés du Rassemblement national ont été élus. Ce mercredi, ils font leur rentrée à l'Assemblée nationale, à l'heure où le directeur général du parti, Gilles Pennelle, a démissionné, et où une enquête a été ouverte pour des soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2022. Sébastien Chenu, Vice-Président du RN répond aux questions d'Olivier Bost
Regardez L'invité de RTL avec Olivier Bost du 10 juillet 2024.
Regardez L'invité de RTL avec Olivier Bost du 10 juillet 2024.
Category
🗞
NewsTranscription
00:007h47, Olivier Bost, votre invité ce matin est donc député du Nord, Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement National.
00:09Sébastien Chenu, la justice a ouvert une enquête sur le financement de la campagne présidentielle 2022 de Marine Le Pen.
00:15Six chefs d'accusation notamment pour escroquerie, faux et usage de faux. Vous aviez connaissance de ces soupçons ?
00:22Non mais c'est une persécution supplémentaire. L'enquête qui est ouverte a été faite sur une dénonciation de possibles infractions.
00:29Ça existe d'ailleurs régulièrement. Nous, nous avons réglé le prêt bancaire qui était nécessaire pour le financement de notre campagne électorale.
00:39Donc évidemment, on s'apercevra dans quelques mois qu'il s'agit d'une énième persécution d'affichage.
00:45Vous parlez de persécution, vous faites référence également au procès qui s'ouvrira le 30 septembre, un procès de deux mois pour Marine Le Pen.
00:52Oui, bien sûr.
00:53C'est l'affaire des assistants parlementaires payés par le Parlement européen qui aurait en fait travaillé pour le parti.
00:58Est-ce que vous craignez une peine d'inéligibilité pour Marine Le Pen ?
01:02Pas plus que je ne l'imaginais pour François Bayrou qui en a été dispensé pour le même style de dossier.
01:08Donc vous voyez, oui, c'est une persécution parce qu'il se trouve que dimanche soir, nous avons multiplié par trois le nombre de voix d'électeurs qui nous ont fait confiance.
01:19Nous avons augmenté notre nombre de députés. Nous sommes désormais le premier groupe à l'Assemblée nationale.
01:25Et je pense que la volonté d'un certain système de nous persécuter et d'essayer de nous empêcher d'accéder au pouvoir par tous les moyens,
01:32même par ceux qui sont plutôt antidémocratiques, est en train d'être particulièrement visible aux yeux des Français.
01:37Alors sur la situation politique maintenant, que doit faire Emmanuel Macron ?
01:40Matignon doit revenir à la gauche ou à une grande coalition du centre ?
01:45Non mais Emmanuel Macron fera ce qu'il voudra.
01:47Il nous a démontré d'ailleurs l'étendue de ses capacités lorsqu'il s'agissait de parler stratégie politique
01:53puisque cette situation épouvantable dans laquelle il a plongé le pays ne résulte que de son fait.
01:59Il fera ce qu'il voudra. Moi, je dis simplement, la gauche est minoritaire. En réalité, c'est la minorité parlementaire.
02:04Je rappelle que M. Mélenchon parlait de la majorité présidentielle comme une minorité présidentielle.
02:10C'est donc une minorité parlementaire qui, aujourd'hui, réclame tous les pouvoirs.
02:16Je pense que ce n'est pas tenable, que ce n'est pas envisageable, pour le reste, que le Président...
02:20Est-ce que Gabriel Attal peut rester à Matignon ?
02:22Mais ça, c'est au Président de la République de le dire. C'est à lui de construire des coalitions, des unions...
02:27Donc, si Emmanuel Macron maintient Gabriel Attal à Matignon, ça ne vous dérange pas ?
02:31Non mais nous, on ne rentre pas dans leurs magouilles, dans leurs histoires.
02:34On les a vus s'allier contre nature au moment des législatives capables d'oublier toutes leurs convictions
02:39pour essayer d'empêcher le Rassemblement national de faire élire des députés.
02:43Aujourd'hui, ils sont capables de faire des coalitions avec des gens qui se sont déclarés comme étant des opposants à Emmanuel Macron.
02:49Il y a trois jours, je pense aux Républicains, à Xavier Bertrand. Il y a trois jours, ces gens-là étaient contre Emmanuel Macron.
02:53Mais là, ils veulent faire une coalition avec les amis d'Emmanuel Macron.
02:56On les laisse à leurs magouilles. Le problème, c'est que leurs magouilles, ce sont les Français qui vont payer le prix.
03:00Notre pays va prendre un retard incroyable. Notre pays a une image qui va être excessivement dégradée à l'international.
03:08Et notre pays est en panne sur les politiques de pouvoir d'achat, d'immigration, de sécurité.
03:13Si c'est la gauche qui gouverne et qu'elle propose de voter l'abrogation de la réforme des retraites,
03:18vous voterez avec la gauche ?
03:20Mais la gauche, d'ailleurs, n'a pas que cette priorité, puisqu'ils veulent aussi enlever la loi sur la baïa, la loi sur l'immigration, etc.
03:26Mais sur la réforme des retraites, bien sûr. Nous, on est pour l'abrogation de la réforme des retraites.
03:30Mais on est pour une autre réforme des retraites. On a eu l'occasion de l'expliquer.
03:33Mais quel qu'en soit le coût ?
03:35Ben non, justement, pas quel qu'en soit le coût, mais en tout cas, on est pour l'abrogation de cette réforme-là.
03:39Mais nous, on fera ce qu'on a toujours fait. Si on pense que ça va dans le bon sens, on le vote.
03:43Si on pense que ça ne va pas dans l'intérêt national, on ne le vote pas et on s'y oppose.
03:47Et une mesure, par exemple, sociale, le SMIC à 1600 euros ?
03:50Non, le SMIC à 1600 euros, on a déjà dit que nous, on considérait qu'il fallait augmenter les salaires dans le pays,
03:55notamment à hauteur de 10%, jusqu'à 3 fois le SMIC, en échange d'un gel des cotisations patronales.
04:00Parce qu'augmenter le SMIC a aujourd'hui deux inconvénients majeurs.
04:03Un, les PME, qui sont créatrices d'emploi, ne peuvent pas le supporter.
04:07Et deux, c'est inflationniste. Si votre boulanger augmente le SMIC d'un de ses employés,
04:11pour payer, il va devoir augmenter les produits qu'il vend.
04:15Et donc c'est le consommateur qui va le supporter.
04:17Donc on voit bien que ce n'est pas la bonne idée.
04:19On l'a expliqué pendant cette campagne électorale.
04:21On va voir ce que la gauche fait, si elle a les leviers pour le faire.
04:24Vous avez évoqué tout à l'heure la progression en nombre de voix et en nombre de députés pour le RN.
04:29Quand Jordan Bardella parle de défaite, est-ce que vous employez ce mot aussi ?
04:34Non, il y a une défaite dans le sens où on n'est pas majoritaire, ni en majorité relative, ni en majorité absolue.
04:40Mais on a 10 millions d'électeurs.
04:42Enfin, bien plus que le nouveau fonds populaire.
04:45Oui, mais vous avez toujours des problèmes au second tour.
04:47Mais d'accord, mais enfin, les électeurs ne cessent d'être de plus en plus nombreux à nous faire confiance.
04:51On a 50% de plus, je crois, de députés.
04:54Ils sont encore très nombreux à se mobiliser au second tour.
04:57Mais la vague monte, M. Bost.
04:59Elle n'a pas passé forcément l'obstacle cette fois-ci.
05:01La vague monte de façon incessante.
05:03Depuis 10 ans, Marine Le Pen dit que le barrage républicain est mort.
05:07Que dites-vous ce matin ? Il n'est pas mort, il a même été dimanche plus vivant que jamais ?
05:11Je ne sais pas ce que c'est, moi, que le barrage républicain.
05:13C'est quoi ? C'est des alliances contre la nature, en fait.
05:15C'est s'opposer à votre élection.
05:16C'est-à-dire que c'est des gens qui mettent de côté leurs idées, leurs convictions, leurs programmes,
05:20pour essayer de conserver leur synergie.
05:22Donc ça, la magouille continue sur le dos des Français.
05:25Elle a encore fonctionné.
05:27Parce qu'en fait, c'est une magouille qui est faite sur le dos des Français.
05:29Est-ce que vous avez le sentiment, depuis dimanche soir, d'être redevenu des pestiférés ?
05:33Non, pas du tout.
05:34Quand 10 millions de Français vous font confiance,
05:36quand Édouard Philippe dîne avec Marine Le Pen,
05:38non, je n'ai pas le sentiment que nous sommes des pestiférés.
05:40Je crois qu'au contraire, nous sommes reconnus comme étant de parfaits républicains.
05:42Après l'échec du plan Matignon,
05:44ce plan qui devait permettre à votre parti d'avoir 577 candidats présentables aux législatives,
05:50et puis un programme prêt, mis à jour,
05:52suite à cet échec, le directeur général du RN a démissionné.
05:55C'est le seul responsable ?
05:57Non, mais il assume ses responsabilités.
05:59Ça part de responsabilité.
06:00C'est, j'allais dire, plutôt à son honneur.
06:02Quand on considère qu'il y a eu des bugs,
06:04il y en a eu sur des choix de candidats, par exemple.
06:06Donc il démissionne bien à cause de cet échec ?
06:07Jules Penel en tire les conséquences.
06:09Et sincèrement, moi je salue plutôt quelqu'un qui assume ses responsabilités.
06:13Ça n'empêche qu'on va faire ce travail qui doit nous conduire
06:17à avoir des candidats impeccables partout,
06:19à avoir un programme sur lequel,
06:21puisque nous on ne nous loupe pas,
06:22si on ne donne pas le bon pourcentage, à la virgule près,
06:24si on ne donne pas,
06:25évidemment on a les gros titres de tout le monde.
06:28Donc il faut évidemment se servir de ce qui n'a pas fonctionné
06:32pour s'améliorer dans toutes les vies professionnelles.
06:34Qu'est-ce qui est le plus pénalisant pour vous ?
06:36C'est les postes de députés perdus à cause de ces candidats peu présentables ?
06:40Ou le fait qu'ils aient en partie brisé votre travail de normalisation ?
06:44Non, mais vous savez, je crois que la normalisation,
06:47elle est en réalité faite depuis longtemps.
06:50Il y a des bugs, on l'a vu et on va y remédier.
06:54Ce serait irresponsable de ne pas y remédier.
06:56Donc on va y remédier.
06:57Je pense que ce qu'il faut, c'est montrer la cohérence de notre capacité à gouverner.
07:00Ce n'est pas un vernis qui a craqué ?
07:02Non, pas du tout.
07:03Vous savez, quand on regarde les candidats du Front Populaire,
07:06il y a un fiché S qui a fait élire la Macronie.
07:08Les amis d'Emmanuel Macron ont fait élire un député qui est fiché S.
07:11Tout le monde trouve ça bien, pas de problème, ça ne fait pas les gros titres.
07:14Ils ont fait élire des gens qui sont antisémites.
07:17Est-ce que dans cette introspection ou examen de conscience
07:20qu'a évoqué notamment Louis Alliot au micro d'Ayrtel lundi,
07:23est-ce que vous vous demandez si l'entourage de Jordan Bardella est assez solide ?
07:28Oui, je pense qu'il n'y a pas de souci de ce côté-là.
07:31Ce n'est pas ça, je pense, le cœur du problème.
07:33Le cœur du problème, c'est que nous sommes...
07:35Jordan Bardella, ce n'est pas trop vu Premier ministre ?
07:38J'espère qu'il se projeterait comme Premier ministre.
07:40Il faut se préparer à assumer des responsabilités telles que celles-ci.
07:43On voit que la gauche ne s'est pas préparée.
07:45Vous n'avez pas de conseil pour Jordan Bardella ?
07:47Je pense que Jordan Bardella a fait une campagne européenne impeccable,
07:50a mené une campagne législative qui l'était tout autant,
07:53et s'est préparé.
07:54Si ce n'est pas cette fois-ci, c'est la fois d'après.
07:56Alors qu'il faut toujours regarder par miroir aussi ce qui se passe.
07:59Regardez la gauche qui est incapable de désigner aujourd'hui quelqu'un
08:02pour aller à Matignon.
08:03Nous, on se prépare.
08:04Comme je vous l'ai dit, ce n'est pas cette fois-ci,
08:06ce sera probablement la fois d'après.
08:08À nous de nous préparer et de travailler à convaincre les Français.
08:10Pour se projeter juste au niveau européen,
08:12parce que c'est peu commenté mais très important,
08:14le Rassemblement national est désormais associé à Bruxelles,
08:16à Victor Orban.
08:17Jordan Bardella va diriger ce groupe
08:19qui va devenir le troisième groupe de députés européens le plus important.
08:22Qu'allez-vous faire de cette force politique ?
08:25Est-ce que celle-ci, par exemple, va s'opposer au soutien à l'Ukraine, notamment ?
08:28C'est une force politique antifédéraliste
08:30qui souhaite lutter contre l'immigration.
08:32Il n'y a pas avec Victor Orban, d'ailleurs, qu'on agite ça.
08:34Ce n'est pas une force pro-russe, surtout ?
08:36Non, ce n'est pas du tout une force pro-russe.
08:37C'est ce qui vous distingue des autres groupes ?
08:38Non, pas du tout.
08:39C'est une force indépendante.
08:40Moi, je ne suis pas là pour faire le service à prévente
08:42de ce que les États veulent faire les uns et les autres
08:44de leur soutien ou pas à l'Ukraine.
08:46On a dit qu'il fallait continuer à soutenir l'Ukraine
08:48mais on associe aussi dans cette force politique.
08:50Et si toute votre famille politique ne s'est pas alliée à Bruxelles,
08:52c'est précisément parce qu'il y avait cette question
08:54de la position vis-à-vis de la Russie ?
08:56Si, notre famille politique, les 30 élus du Rassemblement National
08:59sont tous ensemble et siègent tous ensemble
09:01dans le même groupe politique, sans problème.
09:03Vous êtes sûr de votre coût, pour le coup,
09:05pour la dédiabolisation ?
09:07Parce qu'il y a quand même des élus qui sont
09:09xénophobes, homophobes, dans ce groupe ?
09:11Pas au Rassemblement National, pas dans les élus français.
09:13Pour le reste, l'organisation du groupe reste à faire.
09:15Jordan en est président.
09:17Et on sait quelles sont ses lignes rouges, justement, sur ces sujets-là.
09:19Sébastien Chenu, merci.
09:21Sébastien Chenu, Olivier Boss, l'entretien du matin.
09:23Retrouvez dès maintenant.