Benjamin Lammert, président de la Fop et de Terres Univia, revient sur une année 2024 mitigée pour les cultures oléoprotégineuses, plaide pour un meilleur accès aux moyens de production, souligne les ambitions de la filière en termes de souveraineté, dénonce les importations frauduleuses d’huiles usagées sur le marché européen des biocarburants et s’inquiète des impacts de l’entrée de l’Ukraine dans l’UE.
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00:00Les oléoprothéases gineux sont assez inégales cette année, il y a des cultures qui s'en
00:08sortent plutôt bien et plutôt mieux que les autres cultures, je pense notamment aux
00:12colza et aux cultures de printemps, le pois de printemps, la févrole, le soja, qui ont
00:17des rendements qui sont plutôt bons, voire très bons pour la févrole notamment, ou
00:21dans la moyenne en tout cas, et avec des niveaux de prix qui sont corrects, voire très bons,
00:27donc c'est plutôt des cultures qui tirent leur épingle du jeu, je nuance tout de même
00:31pour le pois d'hiver, qui a connu une récolte, une année catastrophique, avec des parcelles
00:37qui n'ont pas pu être récoltées, des rendements divisés par deux parfois, donc des gros soucis
00:42sur cette production, donc on travaille à des améliorations évidemment, et puis le
00:47tournesol qui a été compliqué pour la récolte, avec des gros sujets de date de récolte,
00:52de délai de récolte, de séchage, de qualité, on a réussi à rentrer 90% de la récolte,
00:57de tournesol, ou 10% de la récolte rentrée, ce qui est dommageable, en revanche, il reste
01:05encore du travail à faire pour essayer d'améliorer les techniques de production pour les années
01:09qui viennent, pour éviter ce genre de problème.
01:11Pour la filière Oléoprothéagineux, notre objectif est de continuer à travailler sur
01:19la souveraineté en protéines et en énergie, on a un objectif à 2030 d'avoir 2 millions
01:25d'hectares de colza et de tournesol, on est autour de cet objectif-là aujourd'hui,
01:30et on voudrait passer de 500 000 hectares de protéagineux et de légumineuses à 1
01:35million d'hectares.
01:36Donc ça se prépare tout de suite, ça se prépare dès 2025, on a un programme très
01:41ambitieux sur la sélection génétique du poids, Before Ever, qui vient d'être lancé
01:46en 50 millions d'euros, qui a pour objectif de trouver des variétés qui résistent au
01:50mieux aux changements climatiques, aux attaques de champignons, à tous les problèmes qu'on
01:54peut rencontrer en culture.
01:55Alors on cherche tous les leviers pour réussir à atteindre ces objectifs, c'est d'abord
02:08l'accès aux moyens de production, les semences évidemment, la réglementation autour des
02:13VTH, la réglementation autour des NBT, il faut qu'on ait ces solutions techniques à
02:17notre disposition pour pouvoir nous adapter aux changements climatiques.
02:20Ensuite c'est l'accès aux produits phytosanitaires, il y a trop de distorsions de concurrence
02:24encore aujourd'hui entre la France et d'autres pays européens sur les produits qu'on a
02:29le droit d'utiliser en France et donc il faut qu'on corrige ces écarts et ces distorsions
02:34pour pouvoir gagner en compétitivité sur nos productions.
02:36Et après sur les débouchés, on a un problème majeur, c'est la fraude sur les huiles usagées
02:42importées de Chine qui viennent complètement détruire le marché des biocarburants en France
02:48et en Europe.
02:49Et donc on a besoin de faire cesser tout de suite cette fraude et de mettre en place des
02:52contrôles pour arrêter d'avoir des acteurs sur le marché qui ne jouent pas avec les
02:57règles du jeu qui sont légales.
02:59Les flux ukrainiens se sont calmés, aujourd'hui on n'a pas vu de déferlement de culture
03:11oléagineuse sur les marchés européens au moment d'Ukraine, mais c'est un sujet qui
03:17reste sous surveillance puisque la question de l'élargissement vers l'Ukraine va continuer
03:21à se poser et la question va être de savoir comment est-ce qu'on pourra vivre dans un
03:26monde avec l'Ukraine qui ferait partie de l'Union Européenne et comment on gère les
03:29marchés à ce moment-là.
03:30Donc là il y a vraiment des questions qui vont se reposer en termes de distorsion de
03:34concurrence, d'égalité de traitement de fraude éventuellement, donc on sera très
03:38vigilant sur ces questions-là.
03:39Alors non, on n'est pas directement concerné, puisqu'il n'y a aucun droit de douane qui
03:50existe, et ça depuis le début de la PAC, depuis 1962, sur les oléagineux et sur les
03:56protéagineux, ce qui crée une distorsion de concurrence, des difficultés de rentabilité
04:01et de compétitivité pour nos cultures depuis le début, qu'on essaie de combler par différents
04:05moyens.
04:06Mais surtout, ce qu'on voit arriver pour 2025, c'est le sujet de la déforestation
04:11importée et des questions de réglementation qui concernent le soja, et donc là il faudrait
04:17qu'on ait une réglementation qui soit efficace pour nous protéger de la déforestation importée,
04:22mais qui ne pénalise pas non plus les producteurs français et européens de soja, à qui on
04:28demande de prouver qu'ils sont non-déforestants, alors que ça paraît être incomble aujourd'hui.
04:35Pour plus d'informations sur la PAC, visitez www.pac.gc.fr