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Retour sur les derniers mois de la folle histoire du Brexit, qui a finalement vu Boris Johnson l'emporter et programmer une sortie de la Grande-Bretagne de l'Union Européenne le 31 janvier 2020.


L'ombre du Brexit a plané sur le Royaume-Uni et l'Europe tout au long de l’année 2019. En juillet dernier, Boris Johnson succède à Theresa May au poste de Premier ministre, déterminé à délivrer son pays des "chaînes" de Bruxelles par le biais d’un hard Brexit. Mais ses prises de position et sa méthode divisent jusqu'au cœur du parti conservateur. Deux mois après sa prise de fonction, Boris Johnson semble sur un siège éjectable. Pourtant, malgré plusieurs défaites devant les tribunaux et au Parlement, il ne cède rien. Tandis que le Parlement exige la prise en compte de la frontière irlandaise (afin d’éviter la mise en place de contrôles stricts entre République d’Irlande et Irlande du Nord), le Premier ministre présente à la Commission européenne des plans alternatifs à l'accord négocié par Theresa May et rejeté par la Chambre des communes à plusieurs reprises. En toutes occasions, il martèle que le Brexit ira à son terme, avec ou sans accord. Une stratégie qui se révèle payante lors des élections générales du 12 décembre, que Boris Johnson remporte largement. La voie est désormais ouverte pour une sortie de l'UE avant le 1er février 2020…

Patrick Forbes, qui a suivi le Brexit au plus près, revient sur ces derniers mois décisifs en compagnie de ses principaux acteurs – des conservateurs hostiles à un Brexit dur (Anna Soubry, sir Nicholas Soames, le petit-fils de Churchill), le souverainiste Nigel Farage, l'ancien ministre d'État pour l'Europe et les Amériques sir Alan Duncan, des Brexiteers dévoués (le parlementaire Andrew Bridgen, la secrétaire d'État au Numérique, à la Culture et aux Médias Nicky Morgan)… –, éclairant une crise sans précédent, dont les répercussions se font sentir bien au-delà du Royaume-Uni.

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00:00Ainsi donc, le Royaume-Uni quitte l'Union Européenne.
00:06A ce stade, la grande question n'est pas de savoir comment on en est arrivé là, mais
00:13étrangement, comment on s'en est sorti ? Ce film raconte de l'intérieur comment
00:18le pays est passé de ça, à ça.
00:29Mais ne vous y trompez pas, la saga du Brexit est loin d'être terminée.
00:35Dans 6 mois, même pas 6 mois, on sera de nouveau en pleine crise européenne.
00:41Début 2019, le processus du Brexit semble enlisé.
00:54La première ministre, Theresa May, ne parvient pas à faire adopter son plan de sortie de
00:59l'Union Européenne par le Parlement.
01:00Derrière une façade anonyme du quartier parlementaire de Westminster, un homme est
01:29à l'affût.
01:30Un homme qui a fait du Brexit le combat de sa vie et qui en a assez de voir les institutions
01:36dans l'impasse.
01:37Vers la mi-décembre 2018, j'ai compris qu'il fallait mettre en place un plan d'urgence
01:44au cas où.
01:45On a réussi à enregistrer le parti du Brexit auprès de la commission électorale et je
01:49m'en réjouis.
01:50Ce sera génial d'avoir des bulletins de vote portant le mot « Brexit ». Bref, on
01:56se prépare pour les élections européennes.
01:58On ne sait pas encore si le Royaume-Uni y participera, mais si c'est le cas et si je
02:04dois me jeter une fois de plus dans la mêlée, je suis prêt.
02:07Quelques mois plus tard, le nouveau parti de Nigel Farage est en ordre de bataille
02:15en vue des élections européennes.
02:17Lors du scrutin, le parti du Brexit remporte de nombreux sièges détenus auparavant par
02:46les Tories, c'est-à-dire les conservateurs.
03:17Si vous avez regardé son discours devant le 10 Downing Street sans verser une larme
03:22à la fin, c'est que vous avez un cœur de pierre.
03:25La course pour la tête du parti est ouverte et il y a déjà 11 candidats.
03:31C'est absurde.
03:32Vous allez soutenir Boris ? A quoi ressemblerait son gouvernement ?
03:38Qui c'est lui ? Ah oui, on va le coller là.
03:44Il ne connaît pas la moitié des conservateurs.
03:48Il vous dira le contraire, bien sûr, et il a commencé à les contacter, mais il ne s'intéresse
03:54ni au Parlement ni au parti.
03:56Qu'est-ce qui l'intéresse ? Lui-même.
03:59Le favori parmi les prétendants est très vite rejoint par une multitude de candidats.
04:09On en est à 11, le reste du monde doit se dire pas étonnant qu'il veuille des primaires
04:30de parti avec une telle pléthore de candidats.
04:32Comme à chaque élection pour la direction du parti conservateur, l'heure des règlements
04:43de comptes a sonné.
04:44Tout le monde se balance des vacheries et si on n'y prend pas garde, on se retrouvera
04:50avec une religieuse du fin fond des îles écossaises à notre tête parce qu'il ne restera personne
04:54d'autre quand cette foire d'empoigne sera finie.
04:57Ce n'est pas terrible comme exemple à donner.
04:59Et Boris ? Boris fait la course en tête.
05:04Il est apprécié par les membres du parti qui s'imaginent que ses pouvoirs magiques
05:08vont lui permettre de terrasser Jeremy Corbyn aux prochaines législatives.
05:12Ça me semble d'un optimisme excessif.
05:14Et Michael Gove ? S'il n'avait pas poignardé Boris dans le dos, Theresa May ne serait pas
05:25devenue première ministre.
05:27Et Matt Hancock ? Moi, on parle de lui mieux, c'est lui.
05:36On n'a pas besoin d'un ado prépubère.
05:38Rory Stewart ? En l'entendant, j'ai cru qu'il briguait la tête des libéraux-démocrates.
05:44Il aurait plus de chance chez eux.
05:46Voilà quatre jours que la guerre pour la tête du parti conservateur fait rage.
05:51Tout se joue désormais entre Boris Johnson et Jeremy Hunt ou Michael Gove.
05:56Si c'est Gove contre Boris, les semaines qui viennent vont être passionnantes.
06:10Regardez Gove à la tribune, c'est le meilleur candidat.
06:12S'il s'impose, Boris a de quoi se faire du souci.
06:16Il y a deux types de politiciens, ceux qui visent les titres et ceux qui visent la fonction.
06:20Boris appartient à la première catégorie.
06:23Il veut devenir premier ministre.
06:25C'est plus important pour lui que ce qu'il pourrait accomplir à ce poste.
06:28C'est tout l'enjeu pour lui.
06:30Visite à Nicholas Soames, petit-fils de Churchill et ancien élève comme Boris Johnson du prestigieux Eton College.
06:38On pourrait s'attendre à ce qu'il le soutienne.
06:40Et pourtant...
06:42Si Boris devient premier ministre, il est certain qu'il ne tiendra pas ses promesses parce qu'il n'en a pas les moyens.
06:52Et alors, la déception sera plus grande encore et attisera le pire des sentiments pro-Brexit.
07:04Il n'y a aucune gloire à dire « je vous avais prévenus ».
07:09Mais bon sang, je les avais prévenus dès le départ.
07:13On ne peut pas défaire en 10 minutes 47 années de travail patient et sincère
07:19le travail de toute une nation avec 27 autres pays.
07:49En vue du deuxième tour, les finalistes vont rencontrer les membres du parti aux quatre coins du pays.
08:19Aujourd'hui, ils sont dans les Midlands de l'Est, au cœur de l'Angleterre.
08:23Et il est clair que l'un des deux mène la danse.
08:49Que pense la députée locale de la victoire annoncée de Boris Johnson ?
08:56Nicola Morgan a longtemps été une farouche adversaire du Brexit.
09:00Si votre téléphone sonne fin juillet et qu'une voix bien connue vous propose un poste au gouvernement, que ferez-vous ?
09:08Ce serait étonnant et je ne crois pas que j'accepterais.
09:13Ce serait compliqué de travailler aux côtés de quelqu'un avec qui j'ai de tels désaccords.
09:17Mais on vit une époque pleine de surprises.
09:24Demain, on connaîtra le nom du nouveau chef des Tories.
09:27Tous les sondages donnent Boris Johnson gagnant.
09:30Pour le numéro 2 du Foreign Office, la pilule est amère.
09:34J'ai donné ma démission, ça me travaillait depuis un moment.
09:38La nouvelle a été tweetée à 9h30 et je vais mettre en ligne ma lettre de démission.
09:44Je n'ai rien contre Boris personnellement. Plutôt contre son entourage.
09:48Ces gens qu'il envisage de recruter pour son gouvernement, ce n'est pas l'idée que je me fais du Parti conservateur.
09:54On évoque le retour de personnalités qui, selon moi, ne devraient même pas siéger au Parlement.
09:59A fortiori être ministre.
10:02Qui ça ?
10:04C'est un scandale de rappeler Priti Patel.
10:07La secrétaire d'Etat au développement international la plus détestée et la plus incompétente de notre histoire.
10:15Parmi les soutiens de Boris Johnson figurent un certain nombre d'acteurs de la finance, ultra-riches et ultra-conservateurs.
10:22En échange de leur largesse, ils comptent sur un Brexit dur et un Parlement aux ordres.
10:27L'un de leurs porte-parole est Crispin Oddie, milliardaire à la tête d'un fonds spéculatif.
10:38Venez.
10:40Par ici ?
10:41Oui.
10:42D'accord.
10:43Salut.
10:44Asseyez-vous où vous voulez.
10:46Il fait sombre ici.
10:48Est-ce que ça reflète l'humeur de votre film ?
10:52Je dis toujours qu'il y a un Boris numéro un et un Boris numéro deux.
10:58Boris numéro un est un type délicieux qui use de son charme pour obtenir ce qu'il veut.
11:03Et puis il a la capacité de susciter l'enthousiasme là où il n'y en a pas, avec des formules comme...
11:09Vous voyez bien que c'est l'avenir.
11:12Ça, c'est le premier Boris.
11:14Le numéro deux, on ne l'a pas encore vraiment vu.
11:17C'est celui qui émerge quand Boris numéro un a échoué et doit se battre pour sa survie.
11:23Ce qui est intéressant, c'est que son absence de scrupule lui fait alors prendre tous les risques.
11:29Et c'est ce qui fait son génie.
11:32Parce que pour mener à bien le Brexit, il nous faut quelqu'un qui cherche des solutions à tout prix,
11:41quand on lui met des bâtons dans les roues.
11:50Le nom du nouveau chef des Tories va enfin être connu aujourd'hui.
11:55Le suspense est insoutenable.
12:03Derniers instants de doute.
12:16Puis l'alliée s'éclate.
12:19Boris Johnson est aux anges.
12:21Anna Sobry, ancienne députée conservatrice de Vaud,
12:26Il peut changer d'avis littéralement du jour au lendemain, voire en quelques heures,
12:31et retourner complètement sa veste.
12:34Notre nouveau premier ministre est un charlatan de première.
12:39Pour les citoyens de ce pays,
12:42c'est un grand charlatan de première.
12:45C'est un charlatan de première.
12:48C'est un charlatan de première.
12:52Pour les citoyens de ce pays, ce qu'ont fait les Tories devrait être impardonnable.
12:58En plus, ce parti vient d'élire Boris Johnson, ce qui défie l'entendement.
13:05Beaucoup d'électeurs vont se retrouver face à un dilemme en regardant ce que propose le parti travailliste.
13:11Quel choix dit donc ? Corbyn ou Boris Johnson ?
13:17Le nouveau chef du gouvernement exige que tous ses ministres s'engagent en faveur de la sortie de l'Union Européenne, avec ou sans accord.
13:27Je suis pragmatique et je veux qu'on passe à autre chose.
13:30Après tout, c'est le parti conservateur qui a voulu le référendum de 2016.
13:34J'adore la comédie musicale Hamilton et la chanson The Room Where It Happens.
13:39Il faut être là où les décisions se prennent pour peser sur le cours des choses.
13:44Les gens qui s'opposent à l'Union Européenne vont perdre leurs vêtements car nous restaurerons la confiance dans notre démocratie.
13:53Et nous réaliserons les promesses répétées du Parlement aux gens.
13:58Et nous sortirons de l'Union Européenne le 31 octobre. Pas de oui ou non.
14:05C'est la rentrée parlementaire après la pause estivale. Et l'atmosphère est tendue.
14:11Le Premier ministre veut faire advenir le Brexit à tout prix le 31 octobre.
14:16Pour passer outre ses députés frondeurs, il décide de suspendre la session parlementaire.
14:22Il évoque en outre des élections anticipées avant la fin octobre,
14:27espérant remporter une large majorité qui lui permettra de faire passer son Brexit au forceps.
14:33Furieux, les Tories partisans du Remain annoncent qu'ils ne soutiendront pas le gouvernement lors du vote de ce soir.
14:40Le parti du Brexit y voit une chance à saisir.
14:45Qu'est-ce qui se passe ?
14:47Plein de choses.
14:48Merci pour cette brillante analyse.
14:52Intéressant.
14:54Allez.
14:55Intéressant. Il va perdre, bien sûr.
14:57Il lui manquera dix voix.
14:59Dix voix ?
15:00Dix voix, ça peut m'intéresser.
15:02C'est vrai ?
15:03Faut voir. Je vais regarder où en est le marché.
15:09Est-ce qu'il y a un accord en vue ?
15:11Notre position est simple.
15:13Si le Premier ministre fait ce qu'il faut et opte pour un Brexit sans bavure, c'est eux qui nous proposeront un rapprochement.
15:23Quelles sont vos exigences ?
15:25On est très raisonnables.
15:29Et surtout pragmatiques.
15:32Les amis de Nigel Farage au sein des Tories se frottent les mains.
15:37J'appelle de mes voeux une alliance conservatrice pro-Brexit, parce qu'il serait regrettable de diviser le vote des eurosceptiques.
15:45L'invitation est lancée, comme dit l'araignée à la mouche.
15:50Contre toute attente, l'un des plus véhéments détracteurs du Premier ministre se rallie également à lui.
15:58La seule chose à faire, selon moi, c'est de rester solidaire avec le parti, de soutenir le système et le Premier ministre dans cet ultime numéro de corde raide.
16:07Les petits jeux tactiques politiciens ne nous apporteront pas plus que ce que le chef du gouvernement pourrait obtenir de Bruxelles.
16:17Et s'il n'y a pas d'accord, eh bien tant pis.
16:21Je ne suis pas sûr de comprendre. Vous ne lui faites pas confiance et vous ne pensez pas qu'il négocie de bonne foi avec l'Union européenne. Je me trompe ?
16:29Ce n'est pas le problème, même si beaucoup de gens sont de cet avis.
16:34On ne peut pas savoir ce qui se passe dans la tête de quelqu'un qui accède soudain aux responsabilités.
16:39Il est là, maintenant. Et oui, il s'agite beaucoup.
16:44Mais il n'y a que lui pour arriver à quelque chose. On est dos au mur.
16:52La loyauté a toujours été le ciment des Tories.
16:56Mais en envoyant le Parlement en vacances forcées sous l'influence de ses alliés de la finance, Boris Johnson prend le risque de voir exploser son parti.
17:07Tout ce qui compte, c'est la victoire.
17:11Et pour y parvenir, je crois qu'il doit hausser le ton envers le Parlement.
17:16S'il reste ferme et s'il continue à opposer le langage du peuple au Parlement, ça donnera l'image d'un gouvernement courageux et déterminé.
17:28À mon sens, ça augmente nettement ses chances d'obtenir une large majorité.
17:34Ce qui m'intéresse maintenant, c'est de voir comment il va façonner ses élections législatives de façon à remporter une centaine de sièges supplémentaires.
17:45Gina Miller, femme d'affaires et gestionnaire de portefeuille, a décidé de monter au créneau.
17:52Elle a saisi la haute cour de justice pour contester la légalité de la suspension du Parlement.
17:58Et elle sait quelle imminence grise se cache derrière la politique de Boris Johnson.
18:04Croyez-moi, il y a des gens qui ne pensent qu'à leurs propres intérêts financiers et politiques et qui veulent un Brexit sans accord s'il le faut, quel qu'en soit le coût.
18:15Ils sacrifieront tout sur l'autel du Brexit.
18:18C'est exactement ce qui est en train de se passer.
18:21C'est Crispin ?
18:23Crispin, oui.
18:25Que voulez-vous ?
18:27Seule la victoire compte.
18:29Je crois que c'est un point que notre camp n'a pas bien compris.
18:33Gagner est la seule chose qui les intéresse.
18:36Il faut réduire l'influence du Parlement dans cette histoire ou élire un nouveau Parlement dans lequel Boris pourra compter sur une majorité d'une centaine de voix si tout se passe bien.
18:48Le Parlement retrouvera alors sa fonction première même s'il se peut qu'une bonne partie du personnel politique soit sacrifiée au passage.
18:56Mais la classe politique a oublié depuis trop longtemps qui sont ses maîtres.
19:02Nous devons veiller à ce que les actions du chef du gouvernement n'aient pas pour seul objectif de museler le Parlement.
19:09Cette institution est le pilier de notre démocratie et personne ne peut avoir confiance dans un tel Premier ministre.
19:16Ce soir-là, à 22h, la stratégie de Boris Johnson s'écroule.
19:31L'un des députés conservateurs se rebelle et désavoue la ligne du gouvernement pour voter avec l'opposition.
19:38Non à un Brexit sans accord, non à des élections anticipées.
19:54Boris Johnson riposte sans attendre en expliquant qu'il n'y a pas d'élection.
20:00Boris Johnson riposte sans attendre en excluant les députés rebelles du parti.
20:09Vous êtes toujours là, vous ? Oh, ça va ! Vous allez bien ?
20:14Je navigue en eau inconnue. On m'a exclu de la majorité parlementaire ce soir.
20:19Ça fait 37 ans que je suis député, j'ai voté contre mon camp trois fois dans ma carrière et je ne peux pas dire que la situation est bonne.
20:27Les députés rebelles ont été expulsés du parti.
20:31Quand on chasse un rat, il faut lui laisser un endroit où aller.
20:35Là, ils sont dans la nature.
20:38Il faudrait promettre de les réintégrer s'ils votent à nouveau avec nous demain.
20:42Enfin, je ne sais pas.
20:45On perdrait sans doute de nouveau avec le même écart.
20:49Certains pensent que notre action va bénéficier à Boris Johnson.
20:53Je crois que c'était inévitable.
20:56Vous savez, j'ai passé deux heures avec le Premier ministre au cours des dernières 24 heures et je suis convaincu qu'il souhaite un accord.
21:02Mais l'accord qu'il veut est impossible à obtenir.
21:05Et puis, il avait l'air content ce soir en appelant à des élections législatives.
21:10Mais il prend le risque que Corbyn gagne ?
21:14Bien sûr, il y a un risque. C'est le principe des élections.
21:19Mais notre Premier ministre est un joueur farcené.
21:23Ce qu'il fait là est un pari énorme.
21:34Le projet de Brexit est-il donc voué à l'échec ?
21:38Alors que Boris Johnson semble avoir touché le fond, une mauvaise nouvelle supplémentaire tombe.
21:49En définitive, c'est la Cour suprême qui tranche.
21:53La décision du Premier ministre de suspendre les débats sur le Brexit est contraire à la Constitution.
21:59Il faut donc rappeler les parlementaires.
22:19Je n'espérais pas que les juges se prononcent à l'unanimité.
22:2311-0, c'est extraordinaire.
22:26Vous dites 11-0 ?
22:28Tout à fait.
22:30Le Premier ministre a voulu mettre à l'épreuve la Constitution
22:34comme aucun autre chef de gouvernement n'oserait le faire.
22:37Enfin, je l'espère.
22:39Et Crispin ?
22:41Les soutiens de Boris Johnson doivent être furieux à l'heure qu'il est.
22:45Parce que cette décision remet le Parlement au cœur du processus.
22:48L'éventualité d'une sortie sans accord ne sera pas une simple formalité.
22:52Est-ce qu'il doit démissionner ?
22:54Le Premier ministre ?
22:56Si vous ou moi étions reconnus coupables d'une infraction, il y aurait des conséquences.
23:00Il n'est pas au-dessus des lois, il devrait donc y songer.
23:15La session ayant repris, les députés ont bien l'intention d'exercer leur pouvoir.
23:27Juste avant la suspension, les deux chambres ont voté une loi
23:31prévoyant qu'en l'absence d'accord de sortie approuvée par le Parlement au 19 octobre,
23:36le Premier ministre doit réclamer un report du Brexit.
23:39Les parlementaires veulent à présent faire appliquer ce texte.
23:44Si l'Union Européenne dit non, ça veut dire qu'on va vers une sortie sans accord,
23:48ce qui déclenchera le vote d'une motion de censure contre le gouvernement.
23:52Les députés savent que Boris veut sortir coûte que coûte.
23:55La seule façon de l'arrêter, c'est de le démettre de ses fonctions.
24:05Mais pas si vite.
24:07Contre toute attente, Boris Johnson obtient un accord avec la Commission Européenne.
24:12Si le Parlement l'approuve, le Royaume-Uni sortira comme prévu au 31 octobre.
24:17Paradoxalement, cela n'arrange pas les affaires du parti du Brexit.
24:25Le problème, c'est qu'il n'y a pas de nouvel accord.
24:28C'est celui de Madame May qu'on nous sert échauffé.
24:31Ce n'est pas un vrai Brexit.
24:35On est reparti pour des années de conflits.
24:39Si la Chambre des communes vote le texte, je me demande si le grand public se dira
24:45« Enfin, c'est fini, il a négocié un accord, c'est super, on sort ».
24:50Ou alors « Oh non, c'est horrible, cet accord est désastreux ».
24:55C'est vraiment le point qui me semble très difficile à prévoir.
24:58Est-ce qu'on va lui en tenir rigueur ?
25:01Non, sans une certaine lassitude, les conservateurs décident de soutenir l'accord.
25:06On a perdu 7 votes sur 8 au Parlement.
25:09Une procédure en justice et 21 députés.
25:12Autant vous dire que c'est un peu, entre guillemets, la merde.
25:15Mais lui, il continue de foncer.
25:19La dernière fois que vous êtes venu me voir, je vous ai dit que je naviguais en eau inconnue,
25:24comme une ancre à la dérive.
25:27A vrai dire, on en est toujours au même point, à ne pas savoir où on va.
25:31Seulement là, on arrive en fin de partie.
25:34Est-ce que le Parlement va le suivre ? Aucune idée.
25:37Et les eurosceptiques ?
25:39On va voter cet accord.
25:41S'il y a la moindre chance d'obtenir un accord raisonnable, on votera tous pour.
25:46Personne ne souhaite une motion de censure contre le Premier ministre.
25:50J'ai déjà approuvé trois accords différents.
25:54Oui, vous me l'avez dit.
25:56Et on m'accuse encore de trahison.
26:00Mais la hache de guerre n'est pas enterrée entre le gouvernement pressé de régler la question du Brexit
26:05et le Parlement qui reste sceptique.
26:07Oliver Letwin, ancien conseiller politique de David Cameron, dépose un amendement
26:12obligeant Boris Johnson à faire ratifier en trois jours l'accord sur le Brexit qu'il a négocié avec Bruxelles.
26:18Sans quoi, il faudra demander un nouveau report à l'Union européenne.
26:24Le vote d'aujourd'hui sera décisif.
26:27Boris Johnson veut faire passer son accord et quitter l'UE au 31 octobre.
26:31Le Parlement réclame un délai supplémentaire aux Grandes Dames des conservateurs loyalistes.
26:36L'amendement Letwin est à mon sens très dangereux.
26:41Ce qu'il nous faut maintenant, c'est une impulsion claire pour sortir de l'impasse et tenir le cap.
26:47Je crains beaucoup pour notre réputation mondiale si nous ne sommes pas capables de prendre une décision aujourd'hui.
26:56Pour couronner le tout, une grande manifestation anti-Brexit envahit les rues de Londres.
27:10Nigel Farage semble se délecter du chaos ambiant.
27:15On va être obligés de demander un report aujourd'hui même. C'est sans fin.
27:22Je suis pour de nouvelles élections.
27:24C'est vrai ?
27:26Tout à fait.
27:28Ça lui donnerait l'occasion de faire table rase et de tout reprendre à zéro.
27:32S'il en a le courage.
27:44Et voilà.
27:47Le Parlement a remporté ce nouveau bras de fer.
27:50Une fois de plus, le Brexit est remis à plus tard.
28:10L'opposition au Brexit, qui subsiste au sein même des conservateurs, joue un rôle clé dans cette séquence politique.
28:17L'un des artisans inattendus de la défaite du gouvernement se nomme...
28:23...ancien ministre de la Justice de David Cameron.
28:31Quoi qu'il puisse déclarer en public, il sait qu'une sortie de crise rapide est nécessaire.
28:38Est-ce qu'on va encore reculer pour mieux sauter pendant 3, 4, 5, 6 mois ?
28:42À mon avis, non. Je crois que les 2 ou 3 semaines qui viennent vont être cruciales dans le dénouement du Brexit.
28:48Si on obtient la tenue d'un nouveau référendum, ça prendra un peu plus de temps, bien sûr.
28:53Mais je ne peux me résoudre à voir la crise actuelle se perpétuer éternellement.
28:57Je crois que, de l'avis général à Westminster, on a atteint le point de saturation et il est temps de trouver une solution.
29:12Pour tenter de mettre fin au conflit interminable qui l'oppose au Parlement, Boris Johnson fait un choix radical.
29:19Il appelle à de nouvelles élections législatives.
29:22Ce Parlement ne votera pas le Brexit. Il ne l'acceptera jamais.
29:26Il nous faut donc un nouveau Parlement avec une majorité conservatrice.
29:30Alors nous pourrons aller de l'avant.
29:32Mais les opposants au Brexit n'ont aucune envie de se plier à ce projet.
29:36Boris Johnson s'attire même les foudres d'un ancien ministre des Finances conservateur.
29:41Pour moi, un gouvernement qui tente de museler le Parlement est très dangereux.
29:47Le gouvernement ne tient sa légitimité que de sa capacité à obtenir la majorité au Parlement.
29:54Cet épisode pourrait avoir des répercussions à long terme sur le fonctionnement de notre démocratie.
30:02Le peuple a pris une décision à la majorité que la plupart des parlementaires estiment impossible à mettre en œuvre,
30:08ou alors préjudiciable et très coûteuse pour notre pays.
30:12Quant à parler de nouvelles élections, n'oublions pas que leur résultat est incertain.
30:17J'imagine que Boris Johnson espère faire élire une majorité conservatrice.
30:22Mais pour ma part, je n'ai aucune certitude.
30:25Si ces élections ont lieu, rien ne nous garantit qu'elles déboucheront sur une majorité taurie.
30:31Et alors, on se retrouvera à se poser exactement les mêmes questions que maintenant.
30:40Cette fois encore, c'est le Parlement qui l'emporte.
30:44Une loi de 2011 le protège contre les dissolutions intempestives.
30:49Il est élu pour 50, sauf si deux tiers des 650 parlementaires votent pour la tenue de nouvelles élections.
31:02Les projets de Boris Johnson semblent plus que jamais compromis.
31:06Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
31:09On a perdu 299 contre 70.
31:13Avec 299 voix, on avait la majorité.
31:16Mais c'était sans compter cette loi idiote sur le mandat de la majorité.
31:20On ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu une majorité.
31:23On ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu une majorité.
31:26On ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu une majorité.
31:29On ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu une majorité.
31:32Il ne nous reste qu'une possibilité pour organiser des élections.
31:36Passer par une procédure nécessitant une majorité simple au lieu d'une majorité des deux tiers.
31:43In extremis, les conseillers du Premier ministre trouvent un moyen de contourner l'obstacle.
31:48Une nouvelle loi permettant la tenue d'élections législatives anticipées est adoptée à la majorité simple.
31:54Cette fois, Boris Johnson bénéficie du soutien des opposants au Brexit.
31:58En particulier des libéraux, qui estiment soudain avoir de bonnes chances de remporter le scrutin à venir.
32:13L'ancienne députée conservatrice, Anna Subry, est bien moins catégorique.
32:20La vie politique britannique est extrêmement clanique.
32:23Et complètement imprévisible.
32:26J'ai entendu suffisamment de gens ces dernières années m'affirmer doctement que ceci ou cela allait se produire.
32:32Et ils se sont trompés à chaque fois.
32:37Boris Johnson fait un sacré pari avec ses élections.
32:57Face à la perspective de nouvelles élections, toute une génération de parlementaires taurise modérés se retirent.
33:03L'aile droite du parti a gagné.
33:06Ceux qui ont combattu Boris Johnson pendant trois ans baissent les bras.
33:14Si je m'en vais, c'est notamment parce qu'à mon avis, la prochaine législature va encore être dominée par la question du Brexit.
33:21Et personnellement, je n'en peux plus.
33:24Je fais de la politique pour essayer d'améliorer le sort des plus démunis.
33:28Nos relations diplomatiques ou nos politiques économiques.
33:32Ce Brexit qui n'en finit pas, c'est déprimant.
33:38À mes yeux, le fait même d'en être arrivé là dans notre existence au sein de l'Union Européenne,
33:44marque un échec historique.
33:46Je regrette que la fin de ma carrière de parlementaire coïncide avec cet événement.
33:53Boris Johnson va-t-il gagner son pari ?
33:58Il ne s'agit pas d'un affrontement entre la gauche et la droite
34:03qui déboucherait sur un basculement uniforme d'un côté ou de l'autre.
34:07Tout le monde est dispersé dans tous les sens.
34:10Et cette élection s'annonce extrêmement imprévisible.
34:18Le coup d'envoi de la campagne est donné.
34:21Boris Johnson réussira-t-il là où Theresa May a échoué ?
34:25Parviendra-t-il à clore le débat du Brexit ?
34:28Curieusement, les médias semblent surtout s'intéresser à Nigel Farage et aux partis du Brexit.
34:35L'homme qui a fait tomber le gouvernement précédent peut-il engranger suffisamment de sièges
34:40pour enrayer les plans de Boris Johnson et, paradoxalement, arrêter le Brexit ?
34:48Le président de l'Union Européenne, Emmanuel Macron,
34:51Monsieur Brexit affiche une certaine lassitude et semble ouvertement opposé à son ancien allié.
34:58Tout cela ne m'amuse pas.
35:00Vous plaisantez ?
35:02Mais non ! Sincèrement, ça ne m'amuse pas.
35:05Je vais jouer le jeu juste pour vous.
35:08Je vais jouer le jeu.
35:10Je vais jouer le jeu.
35:12Je vais jouer le jeu.
35:14Je vais jouer le jeu.
35:16Je vais jouer le jeu.
35:18Je vais jouer le jeu.
35:20Je vais jouer le jeu jusqu'au bout même si ça me pèse.
35:23Parce que même si on fait un très mauvais score, dans deux ans, les gens diront qu'il avait raison.
35:28Quant au soutien numéro un de Boris Johnson et de Nigel Farage, il semble encore plus pessimiste et amer.
35:36Alors, quand aura lieu le Brexit ?
35:41C'est une très bonne question.
35:44Alors ?
35:46Est-ce qu'on en aura fini un jour ?
35:48Vraiment ?
35:50Ça ne va pas fort, vous.
35:52Oui, ça ne va pas fort aujourd'hui.
35:54Eh bien ?
36:03Chez les Tories, le moral des troupes est résolument meilleur.
36:07Nigel me fait un peu pitié.
36:09Il a mal évalué l'état de l'opinion publique.
36:12On lui a tendu la main.
36:14Mais ses partisans sont favorables à cet accord et veulent en finir pour passer à la négociation d'un accord de libre-échange.
36:21Il s'est piégé tout seul.
36:23Et j'aimerais l'aider à trouver une porte de sortie honorable.
36:29J'ai peur que Nigel finisse comme ces soldats japonais fanatiques qui continuaient à défendre leur île des dizaines d'années après la fin de la guerre.
36:37Il faudra y aller avec un haut-parleur pour lui crier « Nigel, c'est fini, on a quitté l'UE ! »
36:41Et lui, « Non, pas comme je le voulais ! La population en a marre ! »
36:46La bonne humeur d'Andrew Bridgen n'est rien comparé à l'optimisme indéfectible des trois principaux chefs de parti.
36:53En ouverture de sa campagne, le leader des conservateurs martèle son slogan avec des accents de prédicateurs.
37:11Malgré son modeste groupe de douze parlementaires, Joe Swinson, à la tête des libéraux-démocrates, croit en la victoire.
37:42Quant au travailliste Jeremy Corbyn, il se jette dans la mêlée avec un discours plus agressif.
37:48Dans la confusion ambiante, le Labour choisit de s'en prendre aux plus riches, et à un riche en particulier.
38:08Dans la confusion ambiante, le Labour choisit de s'en prendre aux plus riches, et à un riche en particulier.
38:38Mais alors même que Jeremy Corbyn dénonce le rôle de conseiller de l'ombre de Crispin Audi, ce dernier pense que Boris Johnson lui a tourné le dos.
38:53« Un temps, on a vu Boris le leader. Dans les six semaines qui viennent, on va voir Boris le VRP.
39:03Et je crains que ce personnage-là manque de sérieux. Il se rapproche du Boris Samer, qui est toujours présent au fond, celui à qui on ne peut pas faire confiance, qui essaie de faire plaisir à tout le monde. »
39:23« Vous vous sentez trahi ? »
39:26« Oui, en quelque sorte. Ces trois derniers mois, j'espérais que Boris comprendrait ce qu'il avait à faire.
39:39Il doit en passer par un tunnel qui ne lui ressemble pas, pour atteindre la terre promise, où il pourra donner libre cours à son talent que l'on connaît. »
39:50La campagne est à présent sur les rails. Et pour l'instant, Boris le VRP ne s'en sort pas trop mal.
39:57Dans les Midlands de l'Est, une région décisive, la candidate Anna Sobry est très pessimiste sur ses propres chances.
40:04« Je ne peux pas gagner. Évidemment, je ne le dis pas en public. Ce serait démoralisant pour tous ces gens formidables.
40:16Il faut faire de notre mieux, engranger un maximum de voix et commencer à construire un mouvement pour l'avenir, quoi qu'il arrive. »
40:26La députée s'inquiète des conséquences de ces élections.
40:30« Tous les bons éléments ont quitté le navire. Tous. Tous, sans exception, sont partis. Soit de leur plein gré, soit parce qu'ils ont été exclus du Parti conservateur.
40:41S'il gagne sa majorité, il sera intouchable et il fera ce que bon lui semble, parce qu'il ne pense qu'à lui-même. »
40:50Au bout d'une semaine de campagne, les Tories se font soudain du souci.
40:55Craignant que Nigel Farage ne leur coûte la victoire, ils font pression sur lui pour qu'il réduise ses prétentions.
41:01Quelques jours après avoir annoncé que le parti du Brexit briguerait plus de 600 sièges,
41:06Nigel Farage désinvestit à contre-coeur la moitié de ses candidats.
41:24« En réalité, il ne veut pas que le parti du Brexit puisse s'exprimer au Parlement. Cette perspective le terrifie.
41:32Nous avons défini les circonscriptions à cibler dans tout le pays.
41:37Mais ça nous faciliterait la vie si on n'avait pas en face de nous un candidat conservateur à Hartlepool, par exemple, ou pour quelques autres sièges.
41:47Ils ne veulent pas faire de concessions. »
41:58Deuxième semaine de campagne.
42:01Les sondages sont inquiétants pour les conservateurs qui voient leur avance fondre.
42:06Dans les Midlands de l'Est en particulier, le scénario est loin d'être idéal.
42:12« Est-ce que Boris fait aussi du porte-à-porte ?
42:16Andrew ? »
42:19« Pour être franc, il n'est pas aussi universellement apprécié que je le pensais.
42:24Mais quand même beaucoup plus que Jeremy Corbyn.
42:28Pourquoi ? Je ne sais pas.
42:31Je m'attendais à ce qu'il soit beaucoup plus populaire.
42:34Je l'ai vu à Ashby et je crois que quand il est là en personne, son charisme opère.
42:40Il y a des endroits où sa réputation le précède, ou plutôt la réputation qu'on lui a faite, qui n'est pas forcément justifiée.
42:47Mais il faut faire avec. »
42:50Andrew Bridgen finit par trouver un électeur qui va voter conservateur.
42:55« Vous allez vraiment voter pour ce Vaurien ? »
42:58« Oui. »
42:59« Bon. »
43:04À une quarantaine de kilomètres, Anna Soubry arpente d'un pas dynamique le bastion travailliste de Beeston, en banlieue de Nottingham.
43:12« Ça vote Labour par ici, croyez-moi. »
43:15« C'est vrai ? »
43:17« Oui. En 2010, personne ne m'adressait la parole. Ce sera sans doute la même chose aujourd'hui.
43:23Vous allez voter Labour, comme à chaque fois ? »
43:26« Oui. »
43:27« Vous habitez où ? »
43:28« Ah, vous n'habitez pas ici. »
43:31« Vous avez voté quoi au référendum ? »
43:33« Pour la sortie. Mais si j'avais su ce que je sais maintenant, j'aurais voté pour rester. »
43:39« Ça, c'est bien. »
43:40« Vous savez pourquoi ? Il nous a baratinés. »
43:43« Je sais bien. »
43:44« En nous promettant que ce serait mieux. »
43:46« Je sais. On nous a bourré le mou. »
43:49« Personnellement, je ne sais pas pourquoi on sort de l'Europe. »
43:53« Ça, vous ne me l'avez jamais dit. »
43:54« Je ne comprends pas. »
43:56« J'ai discuté avec des pêcheurs de cornouailles. »
43:59« Ils remarquent déjà des changements. »
44:01« La paperasse qu'il faut remplir pour exporter le poisson, c'est de la folie. »
44:06« À qui ils le vendent, ce poisson ? »
44:08« 78% de ce qui passe par Newlyn est directement exporté. »
44:13« C'est incroyable. »
44:14« Et le reste arrive ici. »
44:17« Les meilleurs sont ici. »
44:19À Beaconsfield, circonscription plus opulente,
44:22l'un des chefs de file de la fronde Tory fait désormais cavalier seul.
44:27« Je me sens libéré. »
44:29« Je suis content de parcourir ma circonscription en présentant mon point de vue sur le Brexit. »
44:34« Et en expliquant pourquoi les électeurs auraient tout à gagner à choisir un candidat indépendant. »
44:39« Je me rends bien compte qu'il va être difficile, peut-être impossible, de réorienter ma propre majorité de 25 000 électeurs. »
44:46« Mais au vu des réactions, il est clair que mon discours fait mouche. »
44:49« Beaucoup de gens de tous horizons vont voter pour moi. »
44:57Et s'il était encore possible de rester dans l'Union ?
45:01Si les Tories perdaient ?
45:03Le jour des élections est arrivé et la partie ne semble pas gagner pour le Premier ministre.
45:08Malgré une météo exécrable, la participation s'annonce élevée dans les circonscriptions où les conservateurs sont en difficulté.
45:14On murmure que Boris Johnson lui-même pourrait perdre son siège.
45:18Alors faut-il enterrer le Brexit ?
45:20Pas si vite, analyse Nigel Farage peu avant la fermeture des bureaux de vote.
45:28« On parle d'une forte participation des étudiants. »
45:32« Ma fille m'a montré les messages qui circulent sur les réseaux sociaux de sa fac. »
45:36« Le Labour s'en tire étonnamment bien. »
45:39« Il a ressorti l'histoire du mensonge. »
45:40« Donc j'entends tout ça. »
45:43« Mais je regarde aussi les marchés parce que j'aime ça. »
45:46« Mais non. »
45:48« Je suis le cours de la livre depuis 40 minutes. »
45:51« Et alors ? »
45:53« Les achats de livres sterling et d'obligations sont à la hausse depuis trois quarts d'heure. »
45:57« Regardez ! »
46:00« Vous êtes impayable ! »
46:02« Voilà l'évolution sur les deux dernières heures. »
46:05« Oui. »
46:06Aujourd'hui, la livre était en baisse constante face au dollar.
46:11Tout ça parce qu'on pensait que Boris pourrait perdre sa circonscription d'Uxbridge
46:16parce que les étudiants faisaient la queue pour voter, etc.
46:20Mais regardez depuis 20h30.
46:24On a une remontée assez fulgurante de la livre.
46:29En pourcentage, ça ne fait que 1 %.
46:32Je me dis qu'il n'y a pas que la BBC qui fait des sondages sortis des urnes.
46:37D'autres grands acteurs économiques en font aussi.
46:40Et à l'heure actuelle, ils se disent
46:43« Pas la peine de paniquer. »
46:46« Boris va obtenir une majorité de 20 ou de 30 sièges. »
46:50« C'est ce que m'inspire cette courbe. »
46:53« Il n'y a pas besoin de paniquer. »
46:55« Il n'y a pas besoin de paniquer. »
46:57« Il n'y a pas besoin de paniquer. »
46:58« C'est ce que m'inspire cette courbe. »
47:02« Bien sûr, les marchés se trompent parfois. »
47:05« Mais là, j'ai le sentiment qu'ils ont raison. »
47:14Et en effet, les sondages sortis des urnes de la BBC
47:18annoncent une large majorité de plus de 80 sièges pour Boris Johnson.
47:23Nous retrouvons Alan Duncan légèrement euphorique
47:27à une soirée chic dans le quartier londonien de Mayfair.
47:31« Je suis épaté et ravi. »
47:34« Je dois passer sur la BBC. »
47:36« Il ne faut pas que je sois bourré. »
47:38« Si, un peu quand même. »
47:40« Parce que je vais me retrouver à côté de John Lansman. »
47:43« J'essaierai d'avoir la victoire modeste. »
47:47« Lord Duncan. Lord Duncan. »
47:50« Allez vous faire voir. »
47:53À 180 kilomètres de là, dans la commune d'Ashby-de-la-Zouche,
47:57l'humeur est joyeuse.
47:59« Des bulletins arrivent encore. Regardez. »
48:04« Tout à l'air pour moi. »
48:20Je crois que le pays va pousser un soupir de soulagement.
48:24Ce Noël, on fêtera un « Merry Brexmas ».
48:28Mais Andrew Bridgen adresse un avertissement au nouveau Premier ministre,
48:33prié de ne pas oublier ses anciens alliés sur sa droite.
48:37« Notre groupe de travail eurosceptique recrute parmi les nouveaux candidats aux élections.
48:42Boris n'a donc pas intérêt à nous lâcher. »
48:45« Pour l'instant, son projet nous convient.
48:46Mais nous restons la conscience eurosceptique du Parti conservateur. »
48:50Tandis qu'Andrew Bridgen fanfaronne,
48:53Anna Soubry se prépare à affronter un résultat catastrophique.
48:56« Vous avez gagné ? »
48:58« Ne soyez pas ridicule. Tout le monde sait que je ne pouvais pas gagner.
49:02J'étais lucide sur ce point.
49:05Mais quand on fait de son mieux, on espère toujours qu'un miracle se produise. »
49:10Une défaite teintée d'amertume.
49:12L'ancienne élue a le sentiment que le Brexit aurait encore pu être stoppé.
49:17« On était à ça d'obtenir un deuxième référendum et de le remporter.
49:22Allez savoir ce qui se serait passé. »
49:28Mais les libéraux ont joué la politique des clans.
49:31Et ils se sont montés le bourrichon en s'imaginant qu'ils pouvaient rafler 200 sièges.
49:46« Le candidat de la Parti conservatrice, 20 000. »
49:51« Le candidat de la Parti conservatrice, 21 000. »
49:59« Le candidat de la Parti conservatrice, 15 000. »
50:03« Le candidat de la Parti conservatrice, 19 609. »
50:07« Le candidat de la Parti conservatrice, 4 668. »
50:22« Je déclare que Daron-George Henry a été élu à l'administration de Brockstone. »
50:37Les libéraux ont voulu ces élections. Et ils se sont fait l'aminer.
50:44C'est un comble.
50:46Bon, Corbyn aussi d'ailleurs.
50:50Mais le mouvement centriste s'est fait complètement écraser.
51:07Dans ce moment de pré-déjeuner, avant qu'une nouvelle lumière ne s'ouvre sur un nouveau jour et un nouveau gouvernement,
51:17je veux d'abord remercier les bons collègues qui ont perdu leurs sièges, sans faute de leur propre, dans les élections qui ont juste commencées.
51:25Et bien sûr, je veux féliciter absolument tout le monde qui s'est engagé à assurer la plus grande majorité conservatrice depuis les années 1980.
51:33Tandis qu'une aube radieuse se lève sur un Boris Johnson comblé, un curieux sentiment s'installe que la guerre du Brexit n'est pas terminée.
51:45Dans six mois, même pas six mois, on sera de nouveau en pleine crise européenne.
51:52Croyez-moi, les gens seront atterrés. Ils se rendront compte qu'ils se sont fait rouler dans la farine.
51:58Et vous ?
52:01Vous savez ce que je vais faire après ce soir ? Je vais mettre le parti du Brexit au repos quelques temps.
52:06On va réduire la voilure, mais poursuivre nos activités. Et puis on va attendre, c'est tout.
52:15Nous avons tous notre moment de gloire. Je crois que Boris vient d'avoir le sien.
52:22Il a conquis un mandat qui va être intéressant et qui va lui permettre d'aborder tous les problèmes qui se poseront dans les années à venir.
52:32Mais ces problèmes vont lui exploser à la figure, vont nous exploser à la figure.
52:42Au terme de quatre années de querelles éreintantes, il y a fort à parier que ces deux analyses sont justes.
52:49Jusqu'à présent, le débat portait sur le bien fondé d'une sortie de l'Union européenne.
52:54Mais le Royaume-Uni va bientôt découvrir en quoi consiste concrètement le Brexit, alors qu'il entre dans le dur des négociations.
53:03Accrochez vos ceintures, ça va secouer.
53:18Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
53:48La vidéo n'a pas été réalisée sans l'accompagnement de SousTitreur.com

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