• il y a 4 mois

Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Europe 1 reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 18h30 à 19h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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Transcription
00:00Europe 1 Soir Week-end, 18h-19h, Victor Pourcher.
00:0618h30 sur Europe 1, vous êtes bien dans Europe 1 Soir Week-end, de l'info et du débat.
00:12Le débat, on y vient justement, beaucoup de choses à voir ce soir.
00:16Pour cela, j'accueille dans ce studio Raphaël Stainville, bonsoir.
00:20Bonsoir Victor.
00:21Directeur adjoint de la rédaction du journal du dimanche.
00:24Lou Frittel, bonsoir.
00:25Bonsoir Brad.
00:26Journaliste politique à Paris Match.
00:28Je voulais qu'on commence par cette annonce, cette nouvelle ce matin.
00:32Gabriel Attal, élu président du groupe Renaissance à l'Assemblée Nationale.
00:38Il faut dire qu'il était le seul candidat.
00:40Est-ce que, Raphaël Stainville, ça dénote une unité ou plutôt une unité de façade,
00:45cette seule candidature de Gabriel Attal pour présider le groupe Renaissance à l'Assemblée ?
00:50C'est précisément parce qu'un certain nombre de ceux qui prétendaient également à cette présidence
00:56avaient compris que le rapport de force leur était très défavorable.
00:59Je pense notamment à Gérald Darmanin qui avait vite fait les comptes
01:03et qui, plutôt que de souffrir d'une humiliation, a préféré se retirer.
01:08De la même manière qu'Elisabeth Borne et quelques autres
01:11qui ne pouvaient pas rivaliser avec l'actuel Premier ministre, toujours pas démissionnaire.
01:17Oui, toujours.
01:18Mais qui a permis à un certain nombre de députés de sauver leur siège.
01:23En tout cas davantage que ce que les sondages prédisaient pour cette ancienne majorité présidentielle.
01:29Et donc c'est vraiment lui qui s'est imposé, d'autant plus qu'il en avait la volonté
01:33parce qu'il a compris que l'Assemblée Nationale allait être le cœur de la vie politique
01:38dans les prochains mois et jusqu'à la prochaine dissolution.
01:42Lou Fritel, on sait du côté de la Macronie, on sait éviter un psychodrame
01:47en envoyant seulement Gabriel Attal comme candidat pour cette élection.
01:50Est-ce que ça règle toutes les dissensions en interne ?
01:53Il y a quand même un paradoxe, et ça cette situation est quand même née sur plein de plans,
01:58c'est qu'on a un camp présidentiel qui fait l'inventaire de son président en exercice.
02:04Gabriel Attal, c'est quelqu'un de très apprécié au sein du groupe Renaissance.
02:08Donc de l'envoyer tout seul ou que Gérald Darmanin se soit retiré
02:12parce qu'effectivement c'était compliqué pour lui, ça montre qu'il est presque le leader incontesté.
02:20En tout cas, de Renaissance, Gérald Darmanin, il faut pas oublier qu'il est plutôt dans l'écurie Édouard Philippe.
02:25Édouard Philippe, c'est horizon, donc on peut parler des alliés,
02:28on peut parler d'Édouard Philippe qui veut se positionner pour 2027,
02:31on peut parler d'un François Bayrou, mais pour Renaissance très spécifiquement,
02:37Gabriel Attal, c'est un bébé Macron, c'est un produit Renaissance, il est très représentatif.
02:43Même si l'Assemblée s'en écartait quelque peu au moment où il a présenté sa démission,
02:49notamment sur la question de la dissolution.
02:51Justement, c'est en ça que c'est intéressant, c'est-à-dire que le macronisme est mort, vive le macronisme,
02:56ou vive l'attalisme peut-être.
02:58Gabriel Attal, en prenant ses distances et en assumant, quand il dit
03:02cette dissolution, je ne l'ai pas voulu, mais j'ai refusé de la subir,
03:06il a assumé de prendre le leadership dans cette campagne,
03:10il est allé au front pour sauver les soldats Renaissance,
03:14dont même pas une centaine ont été rescapés,
03:17et qui lui doivent finalement, ils ont dû leur élection à Emmanuel Macron en 2017 et certains en 2022,
03:23là, ils doivent leur réélection à Gabriel Attal.
03:26Raphaël Stainville, vous êtes d'accord avec Lou Frittel, on voit les débuts de l'attalisme là ?
03:31On voit surtout, et je pense que c'est la première chose que soulignait Lou,
03:36c'est que le macronisme est mort, qu'un certain nombre de députés ont déjà tourné la page
03:41du macronisme tel qu'il existait, c'est-à-dire avec la figure tutélaire
03:46du chef de l'état qui s'imposait et qui définissait à lui seul le macronisme,
03:51aujourd'hui est en train de députer une nouvelle page avec, oui,
03:56Gabriel Attal qui, progressivement, est en train de mettre la main
04:00sur les ruines du macronisme finissant.
04:04Vous êtes d'accord tous les deux sur ce constat, le macronisme est mort,
04:07mais ça veut dire quoi ? Ça veut dire que Renaissance, maintenant, c'est un groupe
04:10d'opposition au Président de la République ?
04:13Non, on ne peut pas dire ça, mais c'est un groupe qui va se construire en autonomie.
04:18C'était, je crois, Édouard Philippe qui notait au lendemain de la défaite
04:24que l'allégeance au Président s'était terminée.
04:28Donc il va y avoir une autonomie, parce que la vérité c'est que ça va se passer à l'Assemblée,
04:33et donc le Président n'a plus à sa main le calendrier des réformes
04:39qu'il voudrait pouvoir faire passer. Donc ça va être vraiment à l'initiative de l'Assemblée,
04:44en fonction de ces pactes législatifs qui pourraient éventuellement se créer,
04:50que va se faire et se fabriquer la vie politique pendant cette parenthèse,
04:56parce qu'on ne sait pas combien de temps cette période très incertaine,
04:59très provisoire va durer, et donc c'est pour ça d'ailleurs que Gabriel Attal
05:04s'est employé avec toute son énergie et un certain talent à investir l'Assemblée
05:10et à prendre ce groupe.
05:13Lou Fritten, oui.
05:14Je pense qu'une partie des députés pensent que le macronisme est mort,
05:19mais en tout cas pas à l'esprit de 2017, et qu'il peut s'épanouir en Gabriel Attal.
05:23Je pense qu'Emmanuel Macron, et on voit du coup que le macronisme est toujours frémissant,
05:27ne croit pas du tout que le macronisme est mort.
05:29Au contraire, quand on lit sa lettre aux Français,
05:31il parle bien de l'esprit de dépassement qu'il aurait toujours prôné,
05:35et finalement quand on regarde la coalition qui pourrait émerger de cette nouvelle Assemblée,
05:41selon les décomptes, le seul moyen d'avoir une majorité absolue,
05:44c'est d'aller de LR jusqu'au communiste.
05:46Ce qu'il a toujours voulu, plus ou moins.
05:48Et en fait, quand on parle des clivages qui ont pu être mis en place depuis 2017,
05:53on a beaucoup mis en avant celui de mondialistes contre nationalistes,
05:58ou souverainistes, donc Macron contre Le Pen,
06:00mais finalement, Emmanuel Macron, le premier clivage qu'il essaye d'imposer,
06:04et il le dit dans son discours au moment de son élection,
06:07en disant, je ne veux plus jamais que les Français se tournent contre les extrêmes,
06:10en fait c'est celui de républicains contre antirépublicains, selon ses critères.
06:15Et aujourd'hui encore, après avoir créé un mouvement autour de sa personne,
06:18devenu un parti, ensuite une coalition, ensemble, à partir de 2022.
06:22Aujourd'hui, il va forcer ceux qui ont refusé de s'allier,
06:27à se fondre dans une coalition que Marine Le Pen pourrait qualifier du MPS.
06:32Vous parliez de ce clivage républicain contre antirépublicain, selon le chef de l'État.
06:38En excluant LFI et le Rassemblement National.
06:41Évidemment, mais tout le monde n'a pas la même définition de ce clivage,
06:44au sein même de la Macronie.
06:46Le clivage que pourrait entrevoir un Gérald Darmanin,
06:49n'est pas forcément celui d'un Gabriel Attal.
06:51Comment ils vont s'en sortir avec ça, Raphaël Stainville ?
06:54Vous avez raison, Gabriel Attal, finalement, exclut du champ des républicains
06:59d'autres formations politiques, à commencer par les écologistes,
07:03parce qu'il les a vus à l'œuvre, notamment, il y a un an,
07:07lors des manifestations contre les bassines de Saint-Céline.
07:11Et la violence qui s'est exercée,
07:14les attaques répétées à l'encontre des forces de l'ordre
07:18et des gendarmes qui étaient en première ligne,
07:20ont achevé de convaincre le ministre de l'Intérieur
07:23que les écologistes qui n'ont pas dénoncé ces violences,
07:26qui s'y sont presque associées,
07:29étaient arrangés dans le même panier que la France Insoumise.
07:33Mais c'est là qu'on voit qu'entre Gérald Darmanin et Gabriel Attal,
07:37et avec la dimension qu'a prise ces derniers mois Gabriel Attal,
07:42aujourd'hui, le macronisme finissant
07:46et rené avec Gabriel Attal,
07:53tangue probablement plus à gauche qu'il ne l'était ces derniers mois.
07:57Ce qui est intéressant, c'est que la figure de Gabriel Attal,
08:00bien évidemment, il vient du Parti Socialiste,
08:02il a fait partie des premiers marcheurs,
08:05mais lorsqu'il est devenu Premier ministre,
08:08il a su parler à la droite, parce que son passage à l'éducation nationale,
08:12son décret interdisant la baïa,
08:16avait été une musique assez douce à l'oreille de la droite.
08:20Aujourd'hui, et notamment cette campagne d'initiative,
08:23l'a ramené finalement dans son camp d'origine.
08:27On voit qu'il a un attrait plus grand pour la gauche,
08:33et qu'aujourd'hui s'il cherche à créer des coalitions,
08:37c'est davantage vers les écologistes,
08:40les socialistes et peut-être les communistes,
08:43qu'il parviendra à y parvenir.

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